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RECONNAISSANCE
A(J
M A R O C
TYPOGRAPHIE FIRMIN-R1DOT. — MESNIL (EURE).
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Getty Research Institute
https://archive.org/details/reconnaissanceaufouc
TIKIRT._ DEMEURE DU CHIKH.
VICOMTE CM. DE FOÜCAUED.
RECONNAISSANCE
A I
MAROC
1883-1884
OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 4 PHOTOGRAVURES ET DE 101 DESSINS
D’APRES LES CROQUIS DE L'AUTEUR
TEXTE
DAMS
GH ALLAMEL IC T G 1 ' , É D I T E U R 8
I.lISliAlHIK COLONIALE
O, lui K JACOB, ET HUE FURSTENBEKG, 2
1 888
Au moment de livrer au lecteur le récit de mon voyage, lorsque les événements
qui l’ont rempli, les travaux qui l’ont accompagné, passent ensemble devant mes
yeux, que de noms, que de choses, que de sensations montent en foule à mon es¬
prit! Parmi les souvenirs, ceux-ci agréables, ceux-là pénibles, que cet instant évoque,
il en est un d’une douceur infinie, un devant lequel tous les autres s’effacent. C’est le
souvenir des hommes en qui j’ai trouvé bienveillance, amitié, sympathie, de ceux
qui m’ont encouragé, protégé, aidé, dans la préparation de mon voyage, dans
son accomplissement, dans les occupations qui l’ont suivi. Les uns sont Français, les
autres Marocains; il en est de chrétiens, il en est de musulmans. Qu’ils me permettent
de les unir en un seul groupe pour les remercier tous ensemble et les assurer d’une
gratitude trop vive pour que je puisse l’exprimer comme je la sens.
Que celui dont les savantes leçons ont préparé mon voyage, dont les conseils l’ont
dirigé, dont la prudence en a organisé l’exécution, que M. O Mac Cartliy, président
de la Société de Géographie d’Alger, protecteur-né de quiconque travaille pour la
science ou pour la grandeur de notre colonie, reçoive le premier l’hommage de ma
profonde reconnaissance.
MM. Maunoir et Duveyrier m’ont encouragé avant mon départ, accueilli à mon
retour. Je leur dois la brillante distinction qu’à peine revenu, me décernait la Société
de Géographie de Paris. Je ne saurais assez les remercier de leur bienveillance.
Hadj Bou Rhim, Bel Qasem el Hamouzi, qui m’avez, au risque de vos jours, pro¬
tégé dans le danger, vous à qui je dois la vie, vous dont le souvenir lointain me
a
UECONNAlSSVNCi: AU M Ut OC.
VI
RECONNAISSANCE AU MAROC.
remplit d’émotion et de tristesse, où êtes-vous à cette heure? Vivez-vous encore? Vous
reverrai -je jamais? Comment vous exprimer ma reconnaissance et mon regret de ne
pouvoir vous la prouver?
Enfin que tous ceux que je ne mentionne pas, non par oubli, mais parce que leur
liste serait trop longue, reçoivent l’hommage de toute ma gratitude.
Vle Cn. de FOUCAULD.
Paris, octobre 1887.
RAPPORT
*
FAIT A LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE PARIS,
DANS LA SÉANCE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1885,
TAU
M. HENRI DUVEYRIER,
SUR LE VOYAGE
DE M. LE VICOMTE CHARLES DE FOUCAULD AU MAROC.
Il est un Etat, limitrophe d’un département français, où le voyageur européen en général , et le voya¬
geur français en particulier, n’a jamais été très bien vu. Cet État est le Maroc. Nos cartes et nos ma¬
nuels de géographie nous montrent bien un vaste territoire qu’ils attribuent comme domaine au sultan
du Maroc. Les géographes européens ont cherché ainsi l’expression la plus simple pour rendre un état
de choses incertain, variable, embrouillé; sans s’en douter, ils ont été depuis cent et tant d’années les
complices d’une fiction. Car le sultan du Maghreb, cet empereur d’Occident des musulmans, n’est pas,
beaucoup près, le souverain temporel de tout le pays marqué à sa couleur sur nos atlas. Prenons-nous,
au contraire, sa souveraineté sous le jour du spirituel , alors non seulement les cartes ont raison, mais
il faudrait tellement élargir les limites de son diocèse que personne, ni à Paris ni à Constantinople , ne
consentira à reconnaître que le sultan du Maroc peut juger comme d’abus sur un mandement pastoral
ou sur une décision juridique rendus à Alger, à Tunis, à Tripoli ou à Ben-Ghâzi, villes dont il est pour¬
tant juge suprême et le pape, et où la logique voudrait que l'imam de chaque mosquée , lors du service
public du vendredi, appelât les bénédictions du ciel non pas sur le président de la République française
ou sur le padichàh de Constantinople, mais bien sur le sultan du Maroc, qui est en même temps le
grand imàm de tous les musulmans mâlekites.
Mais le Maroc d’aujourd'hui n’est plus, à beaucoup près, celui d'il y a deux cent cinquante ans, alors
que (de 1590 à 1660 environ) le souverain de Fàs envoyait ses armées et dictait sa loi jusque sur les
rives du Niger et dans le Bâguena et le Tagânt, au nord et assez près du Sénégal. Cette ère-là s'est éva¬
nouie, et quiconque connaît bien la situation actuelle du Maroc ne comprendra pas le rêve de son gouver¬
nement qui songerait maintenant à faire valoir ses droits périmés sur Timbouktou et sur Djinni. Sans
être resté indifférent au progrès ni insensible aux événements , l'héritier des souverains de Fàs , à la lin
du xixe siècle, est dominé par une situation, la résultante d’un long passé; et, tandis que chez nous le
chef de l’État sait bien qu’il commande non seulement aux préfets de nos quatre-vingt-dix départements ,
mais aux gouverneurs de notre Inde, de la Cochinchine, du Sénégal, de nos Antilles, etc.. Sa Majesté
chérifienne est parfois forcée de faire parler la poudre quand elle veut prélever l’impôt, et cela jusque
dans des cantons qui sont visibles, sans télescope, de l'une quelconque de ses capitales.
VIII
RECONNAISSANCE AU MAROC.
A côté de provinces ou de banlieues réellement soumises à l’administration du sultan, quelquefois
même enclavées dans ces provinces, qui forment le beled el makhzen, ou « pays des bureaux », on trouve
des territoires aussi sevrés des bienfaits de la bureaucratie marocaine que sont le Transvaal ou la répu¬
blique d’Andorre.
Dans un Étal comme celui-là, inutile de parler d’ordre et de sécurité.
C’est là pourtant qu’un jeune Français, M. le vicomte de Foucauld, soucieux de nous révéler ce
qui touche à nos portes, avait résolu de faire un voyage d’exploration. 11 l’a accompli, sans l’aide du
gouvernement, à ses frais, et en faisant avec le sacrifice de son avenir dans la carrière militaire un autre
sacrifice plus grand encore, si possible. 11 s’est résigné à voyager sous le travestissement du juif, au mi¬
lieu de populations qui considèrent le juif comme un être utile, mais inférieur. Prenant bravement ce
rôle, il a fait abnégation absolue de son bien-être, et c’est sans tente, sans lit, presque sans bagages,
qu’il a travaillé pendant onze mois chez des peuples qui , ayant plus d’une fois démasqué l’acteur, l’ont,
à deux ou trois reprises, placé en face du châtiment qu’il méritait, c’est-à-dire de la mort.
Nous avions déjà vu un étudiant musulman, René Caillié, et deux derviches musulmans, Richard
Burton et Arminius Vambéry, faire de très beaux voyages d’exploration; leurs cartes pourtant prêtaient
à la discussion, parce qu’un faux étudiant ou un faux derviche musulman doit rester fidèle à son rôle
sous peine d’expier de sa vie un écart, un simple oubli... Le voile qui abrite le juif pendant sa prière
a servi à cacher le baromètre et le sextant de M. de Foucauld! C’est un véritable miracle qu’il ait pu
rencontrer partout et toujours des caravaniers aussi complaisants ou aussi indifférents ! Mais le fait est
qu’il vient placer sous nos yeux des itinéraires et des observations astronomiques exécutés d'après les
principes enseignés à l’Ecole de guerre.
Ajoutons tout de suite que le rabbin Mardokhaï Abî Souroùr, celui-là même dont vous connaissez déjà
l’histoire et les travaux, a été le compagnon constant du vicomte de Foucauld. Cette association, qui
dans l’espèce était un passe-partout nécessaire, a coûté à l’explorateur bien autre chose que les 270 francs
dégagés mensuels convenus ; les défauts de caractère prennent des proportions inouïes quand on se
trouve dans l’isolement, et vous permettrez à votre rapporteur de déclarer, à la louange de M.de Fou¬
cauld, expérience faite en Seine-et-Oise, que le rabbin Mardochée n’est pas toujours un auxiliaire
agréable et commode.
Voilà donc le voyageur dans son bien humble équipage. Voyons maintenant où en était la connais¬
sance géographique du Maroc au moment où il commençait son exploration. En 1845, un géographe
aussi savant que consciencieux, M. Émilien Renou, avait donné une première carte générale du Maroc,
au 1/2,000,000% qui a encore sa valeur aujourd’hui; trois ans plus tard, le capitaine Beaudoin, dispo¬
sant de renseignements nouveaux, refaisait, pour le Dépôt de la guerre, le même travail à l’échelle du
1/1, 500, 000e. Utilisant tous les documents et tous les renseignements qu’ils avaient pu se procurer, ces
deux géographes français avaient livré les modèles de toutes les cartes générales qui ont été publiées
pendant les trente-cinq années suivantes. Mais le nombre des itinéraires et des déterminations de posi¬
tions s’est accru entre temps, et le 20 juin 1883, quand M. le vicomte de Foucauld commençait à Tanger
son voyage d exploration, les cartographes avaient à leur disposition 12 208 kilomètres d’itinéraires ja¬
lonnés de bien rares déterminations de latitude et de déterminations de longitude plus rares encore; on
n’avait fait de géographie astronomique que sur une vingtaine de points dans l’intérieur de l’empire.
Ajoutons qu’ici la France ne s’était laissé distancer par personne et que, des vingt el un auteurs d’i¬
tinéraires au Maroc, seize étaient des Français ; que, sur le nombre des kilomètres levés, 9232 l’avaient
été tant par nos propres compatriotes que par deux étrangers patronnés et subventionnés par le gou¬
vernement français (Badia y Leblich) ou par la Société de géographie de Paris (Mardochée).
En onze mois, du 20 juin au 23 mai 1884, un seul homme , M. le vicomte de Foucauld, a doublé pour
le moins la longueur des itinéraires soigneusement levés au Maroc. Il a repris, en les perfectionnant,
089 kilomètres des travaux de ses devanciers, et il y a ajouté 2230 kilomètres nouveaux. Pour ce qui est
RAPPORT FAIT A LA SOCIETE DF GEOGRAPHIE DE PARIS.
i\
de la géographie astronomique, il a déterminé quarante-cinq longitudes et quarante latitudes; et, là où
nous ne possédions que des altitudes se chiffrant par quelques dizaines, il nous en apporte trois mille.
C’est vraiment, vous le comprenez, une ère nouvelle qui s’ouvre, grâce à M. de Foucauld, dans la con¬
naissance géographique du Maroc, et on ne sait ce qu’il faut le plus admirer, ou de ces résultats si
beaux et si utiles, ou du dévouement, du courage et de l’abnégation ascétique grâce auxquels ce jeune
officier français les a obtenus.
Jetons un coup d’œil rapide sur ces résultats, en envisageant séparément les travaux de M. de Foucauld
au nord de la chaîne de l’Atlas, puis ceux qu’il a faits dans l’Atlas même, et, enfin ce qu'il ajoute à notre
connaissance des contrées au sud de cette chaîne.
Partant de Tanger le 20 juin 1883, il fait d’abord une pointe, par Tétouàn, au sud-ouest, jusqu’ à
Chichawân, où commence le territoire des Berbères indépendants du Rîf, populations guerrières dont
les tendances fanatiques sont excitées, ici dans l’ouest du pays, par les chorfà (pl. de cherîf) marocains.
11 est là, déjà à 60 kilomètres de Tétouàn, sur un terrain nouveau pour la géographie. Le projet de
M. de Foucauld d’atteindre Fàs directement en partant de Chichawân, et en levant un itinéraire des plus
précieux, échoue devant l’impossibilité même pour les indigènes musulmans de traverser les territoires
de tribus pillardes indépendantes, les Ghezâwa, les Beni-Hamed et les Rehôma. Il revient à Tétouàn et
relie directement cette ville à El Qaçar El-Kebîr par un chemin nouveau, traversant un pays dont la po¬
pulation nomade, de race arabe, est assez dense.
De là à Fàs et à Sefero, il ne fait que compléter les observations topographiques de scs devanciers.
11 y a de cela quatre ans, un officier anglais, le capitaine Colville, accompagné de sa jeune et coura¬
geuse épouse, faisait le voyage de Fàs à Oudjeda et rapportait le premier itinéraire détaillé fait dans cette
partie du Maroc qui touche à l’Algérie , car son prédécesseur, le célèbre Espagnol Badia y Leblich, s’était
appliqué principalement aux déterminations astronomiques. A son tour, M. de Foucauld s’enfonce dans
le dangereux pays à l’est de Fàs, et il trace jusqu’à Tâza deux itinéraires qui fixent pour la première fois
la configuration du cours et du bassin de l'Ouàd Jennawen. Sans doute le voyageur voudra bien vous
communiquer lui-même les observations qu’il a faites dans cette contrée , où les tribus arabes des Ghiâta
et même des Hiyaïna ne laissent guère d’autre liberté au représentant du sultan , le gouverneur de Tâza ,
que celle de végéter prisonnier dans sa citadelle.
Mentionnons pour mémoire le trajet de Fàs à Meknâs (Méquinez), route tant de fois parcourue qu’à
peine un explorateur aussi sérieux pouvait-il y compléter les notions acquises.
Mais à Meknâs précisément commence une des parties les plus nouvelles et les plus intéressantes du
voyage de M. de Foucauld ; de là jusqu’à près de cinq degrés plus au sud , son itinéraire est à proprement
parler celui d’un voyage de découverte dans la province de Tâdela (ici déjà l’expression administrative
est illusoire), et plus au sud, dans R territoire parfaitement indépendant des Berbères. Pour rester fidèle
à notre programme, nous considérerons maintenant le pays jusqu’à Qaçba Beni-Mellâl (aussi nommée
Qaçba-Bel-Kouch) , où commencent les premiers plis du soulèvement de l’Atlas. Il se présente d’abord
avec une surface accidentée, puis il devient montagneux et ici les montagnes sont boisées. A 20 kilomè¬
tres de Boû-El-Dja’d, le voyageur entre dans la plaine pierreuse et aride de Tâdela, qui s’étend au sud,
montrant des signes de fertilité quand on se rapproche de l’Ouàd Ou mm Er-Rebîa’, sur lequel est bâtie la
Qaçba de Tâdela, à l’intérieur des murs de laquelle le sultan est obéi par un qâïd si désœuvré, par suite
de l’insoumission de ses prétendus administrés, qu’il passe ses journées à réciter son chapelet. Entre
la Qaçba de Tâdela et la Qaçba Bel Koûch, ou Qabça Béni Mellâl , bâtie au pied d’une première chaîne
dépendant de l’Atlas, on passe dans un pays bien arrosé , couvert de cultures, de jardins et de villages.
— Toute cette partie du voyage est entièrement nouvelle.
Beaucoup plus à l’est, au retour, en rentrant en Algérie, M. de Foucauld a relevé, entre Dcbdou et
Oudjeda, une autre partie de la même zone naturelle.
Nous arrivons à l’Adràr-n-Deren , à la chaîne du seul véritable grand Atlas, et à scs contreforts. Qui-
X
RECONNAISSANCE AU MAROC.
conque a jelé une fois seulement les yeux sur la carte d’Afrique a vu son attention éveillée par les forts
coups d’estompe qui y accusent avec fermeté la chaîne de l'Atlas. Pour qui n’est pas bien au courant de
l’histoire moderne de la géographie, la sûreté du dessin rassure l’esprit, et on se croit là en terrain à
peu près sinon complètement connu. Il n'en est pourtant rien. De l'Iguir Oufrâni, du cap Cuir de nos
cartes, à la frontière de l'Algérie, le soulèvement du grand Atlas mesure, vous le savez, une longueur
de 700 kilomètres. Eh bien , sur ce long développement de la chaîne , les itinéraires de tous les voyageurs
européens n’avaient encore traversé et lixé que quatre cols, en comprenant le col qui touche au rivage de
l'Océan : Tizînt El-Rioût, Tagherot, Onq El-Djemel et le col sur l’Iguir Oufrâni (cap Cuir). Après René
Caillié et Gérard ltohlfs , M. le vicomte de Foucauld, lui aussi, a passé par le Tizînt El-Rioût; il est le
premier explorateur qui ait franchi et mesuré le Tîzi-n-Guelâwi , à l’est-sud-est de Merâkech. Ses obser¬
vations du baromètre nous apportent donc les altitudes de deux cols dans T arête maîtresse de l’Atlas;
ces chiffres sont les premiers que nous possédions , ni ltohlfs ni Lenz, qui avaient pourtant des baromè¬
tres, n’ayant fait d’observations sur les points culminants de leurs deux itinéraires dans le Maroc. De
plus, sur une longueur de 300 kilomètres au moins, les itinéraires de M. le vicomte de Foucauld passent
à une distance de l’Atlas qui permettait de déterminer sur la carte la direction de la chaîne.
Mais à 50 kilomètres dans le nord , à 150 et à 200 kilomètres dans le sud , cette arête maîtresse est flan¬
quée de chaînes parallèles dont le tracé sur la carte de M. de Foucauld est toute une révélation. Malgré le
soin apporté par les géographes les plus habiles, aucun d’eux jusqu'ici n'avait trouvé dans les observa¬
tions et les renseignements des voyageurs assez de données pour débrouiller ce qui était resté souvent
un chaos, un enchevêtrement presque fantastique de sierras anastomosées. M. de Foucauld rectifie
et simplifie tout cela d’après ce qu'il a vu et observé, et les géographes ne seront peut-être pas seuls à
s'en réjouir, les géologues, eux aussi, en éprouveront de la satisfaction. Au nord de l'Atlas, court, nous le
savons maintenant, une chaîne de 300 kilomètres, qui prend les noms de Djebel Ait Seri et de Djebel Béni
Ouaghaïn; au sud, c’est d’abord le petit Atlas, l’Anti-Atlas de la carte de Lenz, avec son prolongement
oriental, le Djebel Sagherou, et enfin, encore plus au sud, le Djebel Banî, dont le rabbin Mardochée
nous avait appris le nom, et que Lenz a coupé sans s’inquiéter de ce nom.
Votre rapporteur devine que vous voudriez bien entendre aujourd’hui autre chose que le résumé aride
des découvertes purement géographiques de M. de Foucauld , que l’état des populations au sein desquelles
il a voyagé vous intéresse aussi, car l’homme se préoccupe toujours d’abord de son semblable. Sur ce
point, la moisson de M. de Foucauld est extrêmement riche; mais mieux vaut lui laisser, à lui qui a
vu , qui a senti , qui a souffert, l’honneur de satisfaire votre légitime curiosité. A lui donc , dans une autre
séance, de vous peindre les mœurs et la politique des Imazighen, de ces montagnards berbères de l’At¬
las, avec lesquels jusqu'à ce jour personne n'a fait une connaissance aussi intime. Il vous montrera les
Ait Alla d’Amelou , et tous les Imazighen à l'est de Tizi-n-Guelà\vi , vivant dans des villages dont chacun
est dominé par un château fort où les villageois emmagasinent leurs récoltes (cette coutume existe aussi
dans le Djebel Nefousa, en Tripolitaine, où j’ai pu l’observer); il vous montrera au contraire les Imazi¬
ghen de la région entre Tizî-n-Guelâwi et l’Océan groupant leurs villages autour d'un centre fortifié qui
reçoit les récoltes de tout un canton. Au point de vue de l’administration que se sont donnée ces tribus
berbères indépendantes, il vous fera distinguer deux groupes de population : celles du nord, organisées
en démocraties et ennemies de la centralisation, où chaque fraction de tribu obéit, et obéit exclusivement,
à l’assemblée de ses notables; celles du sud, qui ont adopté un régime mixte entre celui des communes
et celui de la féodalité , et qui se sont donné des cheikhs héréditaires , dont quelques-uns bravent le
sultan et pourraient fort bien s’approprier la ûère devise d'un haut baron français du temps passé :
Roi ne suis, ne duc, ne comte aussi/;
Je suis te sire de Coucy.
Ces sires de Tikirt, de Tazenakht, etcætera, ont des résidences fortifiées, aux murs flanqués de quinze
XI
RAPPORT FAIT A LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE PARIS.
à vingt tours. Leurs vassaux aussi sont loin d’inspirer la pitié, car ils vivent dans des maisons à un ou
deux étages, construites en pisé épais et solide, et dont les murailles extérieures sont ornées de mou¬
lures.
Un peu au sud et au nord du 30° degré de latitude, l’arête du petit Atlas marque une division tran¬
chée. Au nord de cette chaîne, nous apprend M. de Foucauld, on est encore dans la zone tempérée; la
flore dans ses traits généraux rappelle celle du midi de l’Europe. Le versant sud du petit Allas est déjà
dans la zone saharienne caractérisée par un climat à extrêmes. Ici , le dattier et les acacias à gomme rem¬
placent le figuier, l’amandier, le grenadier, l’olivier et même le noyer du versant septentrional et de la
région plus au nord. Le dattier, il est vrai , cet arbre cultivé , n’existe que dans les vallées que la fonte des
neiges et les pluies de l’Atlas viennent mouiller de temps en temps; l’acacia à gomme se trouve de loin
en loin sur les plaines d’un sable blanc. Quant à l’eau, on est réduit à celle de sources cachées sous le
sable.
Au milieu de cette plaine M. de Foucauld trace , d’après ses observations , une bien singulière montagne,
longue de 500 kilomètres, le Djebel Bani, dont je mentionnais tout à l’heure l’alignement parallèle avec
l’Atlas. C'est, dit le voyageur, une simple arête rocheuse, tranchante au sommet , épaisse d’un kilomètre
à la base , et haute de 200 à 300 mètres , au sud de laquelle court la partie inférieure de l’Ouâdi Dhera’a,
le fleuve le plus important de ce que nous appelons le Maroc, si l'on ne mesure que la longueur du cours,
mais malheureusement fleuve sans eau. Une arête rocheuse, un long tesson, comme le Djebel Bani, ne
peut naturellement pas fournir une quantité appréciable d’eau à un fleuve; aussi les trois affluents nord
de l’Ouâdi Dhera’a, que M. de Foucauld a relevés, descendent-ils du petit Atlas et traversent-ils le Djebel
Bani par autant de brèches de cette étrange digue naturelle. Au sud de chacune de ces brèches (le mot cassure
serait peut-être plus exact) on trouve, sous la montagne, de belles oasis : c’est Tissint, c'est Tatta, c’est
Aqqa, patrie du rabbin Mardochée. Et M. de Foucauld ne nous fait pas attendre l'explication du phéno¬
mène : les affluents nord de ce fleuve mort, l'Ouàdi Dhera’a, sont de belles rivières d'eau courant à pleins
bords. Telle est la puissance du climat du Sahara I Le lit de l’Ouàdi Dhera’a, large de 4 kilomètres, a
tellement soif que l'apport permanent de ces rivières ne sert qu’à lui conserver de la fertilité. Pour que
cette vallée redevienne le fleuve que les Romains ont connu sous le nom de Darat, lorsque venaient s’y
désaltérer et s’y baigner les éléphants dont les figures sont gravées sur le Djebel Tabayoudt , excroissance
dans la chaîne du Bani , il faut ou bien une fonte subite des neiges du Djebel Dàdès et du Djebel Guelàwi ,
ou bien des pluies torrentielles continues dans les parties de l’Atlas que nous venons de nommer. Alors ,
pendant deux ou trois jours, la vallée est entièrement inondée, et le voyageur assez heureux pour que son
passage coïncide avec une de ces crues aurait sous les yeux un cours d’eau de 3 ou 4 kilomètres de large.
Au mois de décembre 1883, le vicomte de Foucauld touchait le Dhera’a, au sud de Tatta. Quelque
temps après, il le revoyait, loin dans le nord-est de ce point, dans le district de Mezguîta, el là, sous le
Djebel Sagherou, c’est un beau et large fleuve permanent, coulant avec une rapidité moyenne au milieu
de plantations de dattiers; je ne résiste pas au plaisir de vous faire part d’une découverte que M. de Fou¬
cauld m’a fait faire. Son itinéraire reporte d’un degré plein, vers l'ouest, le tracé de celle partie du cours
du fleuve telle qu’elle est indiquée sur la carte du docteur Rohlfs, et, bien que les deux voyageurs n’aient
pas touché le même point de l’Ouâdi Dhera’a, la correction si importante que je signale pourra sans doute
être utilisée pour redresser l'itinéraire même du docteur allemand.
Toute la partie haute de l’Ouâdi Dhera’a est constellée de villages . peuplés d’Imazlghen et de subé¬
thiopiens, de ces noirs, indigènes du Sahara et parlant aujourd'hui la langue berbère.
Plus haut encore en remontant vers le nord , le voyageur français arrive dans le canton populeux de
Dàdès, arrosé par un affluent du Dhera’a. Ici déjà on entre dans le domaine des Ait Attà, 1 un des deux
grands groupes formant la fameuse confédération des Berâber, dont le nom dispense d ajouter qu ils sont
de race berbère. De toutes les tribus de cette expression géographique , le Maroc, les Berâber sont la
plus nombreuse, la plus belliqueuse et à la fois la plus riche, ce qui indiquerait qu'ils ne méprisent ni
XII
RECONNAISSANCE AU MAROC.
les travaux des champs et de l’industrie, ni le commerce , car chacun sait que la guerre et le pillage ne
sonl jamais les sources d’une fortune durable pour un peuple.
Toujours en terrain neuf, M. de Foucauld continue sa route sur Todegha , Ferkela et Gherîs , trois oasis
qui, dans son langage imagé, « s’allongent comme trois tronçons de serpent » dans les lits de cours d’eau
affluents du Zîz. Il entre donc là dans le bassin hydrographique à l’extrémité sud duquel s’épanouit le
Tafilelt, le berceau de la dynastie marocaine régnante, le lieu d’exil pour ceux de la famille impériale
qui pourraient devenir des prétendants, le groupe d’oasis célèbre, dans une vaste partie de l’Afrique,
pour les cuirs qu'on y prépare avec une grande perfection.
Plus loin encore, notre hardi et méritant explorateur atteint, à Qeçar Es-Soûq, le cours supérieur
de l’Ouâd Ziz, séparé de ses premiers affluents par un désert des plus arides. Qeçar Es-Soûq touche
l’oasis de Medghàra ou Medâghra, où M. de Foucauld tombe sur les traces de René Caillé et du deuxième
voyage du docteur Rohlfs, qu'il ne quittera qu'au col de Telghemt, ou Tissint Er-Rioùt , comme l'appelle
Itohlfs, au moment où il traversera une dernière fois le grand Atlas. C’est ici seulement que finit dans
la direction du nord-est le territoire des Berâber, et que commence celui des Ait Ou Afella, tribu d’Ima-
zighen que nous aurons la surprise de compter parmi les loyaux sujets du sultan du Maroc. Du col de Tel¬
ghemt, où l’Atlas n’accuse que 2182 mètres d’altitude, M. de Foucauld peut laisser planer sa vue sur la
vaste plaine de la Moloûya, de ce fleuve qui aurait formé une frontière si commode et si naturelle de
l’Algérie, si l’État voisin, du côté de l’ouest, avait la puissance voulue pour la faire respecter de ses
nationaux.
M. de Foucauld touche la Moloûya à Aqçâbi Ech-Chorfâ (c'est-à-dire les citadelles des chéri fs), où un
qâïd marocain est gardé par une centaine de soldats avec deux canons. Grâce à cette force, le représentant
du sultan se fait obéir dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres, au delà desquels on retrouve,
comme presque partout , des tribus bel et bien libres de toute attache gouvernementale.
Avec le bassin de la Moloûya, notre vaillant explorateur trouve, sur le versant nord de l’Atlas, d’abord
une région dont la flore rappelle la nature des hauts plateaux d’Algérie. Bientôt des groupes de villages,
des forêts d’oliviers et de pommiers et de splendides cultures accusent une transition rapide à la région
de Tell , autrement dit aux conditions naturelles qui font, de l'autre côté de la Méditerranée , la richesse
de notre Provence.
J’abrège, car il y a beaucoup à garder dans les résultats de la dernière partie du voyage, chez les
Oulàd El llâdj et de là à la ville algérienne de Làlla Maghnîa en passant par Debdou et Oudjeda, c’est-à-dire
sur un terrain qui touche aux dernières reconnaissances faites lors de l'expédition du général deMartim-
prey contre les Boni Senâsen (1859). Le 21 mai 1881, M. le vicomte de Foucauld mettait le pied en Algérie
après avoir traversé le Maroc du nord au sud et du sud-ouest au nord-est. Sacrifiant bien autre chose que
ses aises, ayant fait et tenu jusqu’au bout bien plus qu’un vœu de pauvreté et de misère, ayant renoncé,
pendant près d’un an , aux égards qui sont les apanages de son grade dans l’armée, et s’étant consolé en
recueillant les seuls et rares témoignages de bienveillance auxquels un caractère heureux pouvait lui
donner quelque droit, même chez des peuples sauvages, il nous avait conquis des renseignements très
nombreux, très précis, qui renouvellent littéralement la connaissance géographique et politique presque
tout entière du Maroc. C’est là, disons-le hautement, un mérite peu ordinaire, que ne récompenserait pas
trop , à 1 avis de votre rapporteur , la plus haute distinction que nous ayons à décerner. Mais notre Société
ne doit jamais oublier son caractère universel et international; elle a dû tenir compte des mérites d’autres
lutteurs qui venaient concourir à scs récompenses, et, forcée cette année-ci de ne pas choisir entre trois
concurrents qu elle estime être égaux en mérites , elle a transformé cette récompense en plusieurs mé¬
dailles d or, dont elle attribue la première à M. le vicomte de Foucauld.
AVANT-PROPOS.
A la veille d’entreprendre mon voyage au Maroc se dressaient deux questions :
quel itinéraire adopter? quels moyens prendre pour pouvoir le suivre?
La première question se résolvait naturellement : il fallait, autant que possible, ne
passer que par des contrées encore inexplorées et, parmi celles-ci, choisir les régions
qui, soit par leurs accidents physiques, soit parleurs habitants, paraissaient devoir
présenter le plus d’intérêt. Partant de ce principe, je me décidai pour l’itinéraire sui¬
vant :
Tanger, Tétouan ; de là gagner Fâs par une route plus orientale que celles suivies
jusqu’alors ; de Fâs aller au Tâdla en traversant le massif montagneux occupé par les
Zemmour Chellaha et les Zaïan ; parcourir le Tâdla, gagner l’Ouad el Abid, passer à
Demnât; franchir le Grand Atlas à l'est des cols déjà explorés, gagner le Sahara Ma¬
rocain et en reconnaître autant que possible la vaste portion encore inconnue, c’est-
à-dire le versant méridional du Petit Atlas et la région comprise entre cette chaîne,
l’Ouad Dra et le Sahel; puis voir le haut bassin du Dra et les affluents de droite du
Ziz; de là revenir vers la frontière algérienne en franchissant une seconde fois le
Grand Atlas et en explorant le cours de l’Ouad Mlouïa : comme dernières étapes,
Debdou, Oudjda, Lalla Marnia.
Tel fut le but que je me proposai. Restait la seconde question : quel moyen em-
d’un déguisement? Il y avait lieu d’hésiter; d’une part, me donner pour ce que je n’étais
pas me répugnait; de l’autre, les principaux explorateurs du Maroc, René Caillé,
XIV
RECONNAISSANCE AU MAROC.
MM. Rohlfs et Lenz, avaient voyagé déguisés et déclaraient cette précaution indispen¬
sable : c’était, aussi l’opinion de nombreux Musulmans marocains que je consultai
avant mon départ. Je m’arrêtai au parti suivant : je partirais déguisé; une fois en
route, si je sentais mon travestissement nécessaire, je le conserverais; sinon , je n’au¬
rais qu’à le jeter aux orties.
Ce premier point arrêté, restait à faire un choix parmi les déguisements qu’on pou¬
vait prendre. Il n’y a que deux religions au Maroc. 11 fallait à tout prix être de l’une
d’elles. Serait-on Musulman ou Juif? Coifferait-on le turban ou le bonnet noir? —
René Caillé, MM. Rohlfs et Lenz avaient tous opté pour le turban. Je me décidai au
contraire pour le bonnet. Ce qui m’y porta surtout fut le souvenir des difficultés
qu’avaient rencontrées ces voyageurs sous leur costume : l’obligation de mener la
même vie que leurs coreligionnaires, la présence continuelle de vrais Musulmans
autour d’eux, les soupçons même et la surveillance dont ils se trouvèrent souvent
l’objet furent un grave obstacle à leurs travaux. Je fus effrayé d’un travestisse¬
ment qui, loin de favoriser les études, pouvait y apporter beaucoup d’entraves; je
jetai les yeux sur le costume israélite. Il me sembla que ce dernier, en m’abaissant,
me ferait passer plus inaperçu, me donnerait plus de liberté. Je ne me trompai pas.
Durant tout mon voyage, je gardai ce déguisement et je n’eus lieu que de m’en féli¬
citer. S’il m’attira parfois de petites avanies, j’en fus dédommagé, ayant toujours
mes aises pour travailler : pendant les séjours, il m’était facile, dans l’ombre des
mellahs(l), et de faire mes observations astronomiques et d’écrire des nuits entières
pourcompléter mes notes; dans les marches, nul ne faisait attention, nul ne daignait par¬
ler au pauvre Juif qui, pendant ce temps, consultait tour à tour boussole, montre, ba¬
romètre, et relevait le chemin qu’on suivait; de plus, en tous lieux, j’obtenais par mes
« cousins », comme s’appellent entre eux les Juifs du Maroc, des renseignements
sincères et détaillés sur la région où je me trouvais. Enfin j’excitais peu de soupçons :
mon mauvais accent aurait pu en faire naître; mais ne sait-on pas qu’il y a des
Israélites de tous pays? mon travestissement était d’ailleurs complété par la présence
à mes côtés d’un Juif authentique : le rabbin Mardochée Abi Serour, connu par
son séjour au Soudan. Je l’avais pris à mon service et le gardai durant tout mon
(1) Dans les localités marocaines où se trouvent des Israélites, ils sont confinés dans des quartiers spéciaux;
ces quartiers uniquement habités par des Juifs portent le nom de mellah.
AYANT- fltOPOS.
xv
voyage; parti d’Alger avec moi, il y revint de même. Son office consistait, d’abord,
à jurer partout que j’étais un rabbin, puis à se mettre en avant dans toutes les
relations avec les indigènes, de manière a me laisser le plus possible dans l’om¬
bre; enfin à me trouver toujours un logis solitaire où je pusse faire mes observations
commodément, et, en cas d’impossibilité, à forger les histoires les plus fantastiques
pour expliquer l’exhibition de mes instruments.
Malgré tant de précautions, je ne prétends pas que mon déguisement ait été im¬
pénétrable. Dans les quatre ou cinq points où je séjournai longtemps, ni mon bonnet
noir, ni mes nouâders (1), ni les serments de Mardochée ne servirent de rien : la
population juive s’aperçut tôt ou tard que j’étais un faux frère; mais une seule fois,
et pour des raisons toutes particulières, cela pensa me mettre en un sérieux péril;
en général, les Juifs marocains, tous commerçants, appelés fréquemment par leurs
affaires soit dans des ports où ils trouvent nos consuls, soit en Algérie, ont avantage
à être en bonnes relations avec les Chrétiens, surtout avec les Français. Aussi gar¬
daient-ils religieusement le secret qu'ils avaient découvert; rien ne transpirait hors
du mellah ; même avec moi, ils étaient fort discrets; rien ne changeait dans leurs
manières, sinon qu’ils devenaient plus prévenants encore et pins disposés à fournir
tous les renseignements que je demandais. Quant aux Musulmans, il ne m’arriva
que bien rarement de leur inspirer des soupçons.
Il y a une portion du Maroc où l’on peut voyager sans déguisement, mais elle
est petite. Le pays se divise en deux parties : l’une soumise au sultan d’une ma¬
nière effective (blad el makhzen) , où les Européens circulent ouvertement et en
toute sécurité; l’autre, quatre ou cinq fois plus vaste, peuplée de tribus insoumises
ou indépendantes {blad es sîba) (2), où personne ne voyage en sécurité et où les
Européens ne sauraient pénétrer que travestis. Les cinq sixièmes du Maroc sont donc
entièrement fermés aux Chrétiens; ils ne peuvent y entrer que par la ruse et au
péril de leur vie. Cette intolérance extrême n’est pas causée par le fanatisme reli¬
gieux,' elle a sa source dans un autre sentiment commun à tous les indigènes : pour
(1) Les nouâder sont Jeux longues mèches de cheveux que les Israélites marocains laissent pousser au¬
près des tempes.
XVI
RECONNAISSANCE AU MAROC.
eux, un Européen voyageant dans leur pays ne peut être qu’un émissaire envoyé
pour le reconnaître; il vient étudier le terrain en vue d’une invasion; c’est un es¬
pion. On le tue comme tel, non comme infidèle. Sans doute la xieille antipathie de
race, la superstition, y trouvent aussi leur compte; mais ces sentiments 11e viennent
qu’en seconde ligne. On craint le conquérant bien plus qu’on 11e hait le Chrétien.
RECONNAISSANCE
AU MAROC.
PREMIÈRE PARTIE.
VOYAGE.
I.
DE TANGER A MEKNAS (0.
1°. — DE TANGER A TÉTOUAN.
Je débarquai à Tanger le 20 juin 1883, accompagné du rabbin Mardochée.
N’ayant aucune chose nouvelle à voir en cette ville, qui est connue par maintes
descriptions, j’avais hâte de la quitter. Ma première étape devait être Tétouan. Je
m’informai, aussitôt, arrivé, des moyens de m’y rendre. Il y avait une journée de
marche; de petites caravanes partaient quotidiennement de Tanger; la route était
sûre : inutile de prendre d’escorte. Je décidai le départ pour le lendemain.
Malgré le peu de temps que je passai à Tanger, c’en fut assez pour que le ministre
(1) Les trois villes que les Français appellent inexactement Fez, Mequinez et Maroc s’appellent Fris, Meknris
et Merrrikech. Nous écrirons tous les noms propres marocains avec leur orthographe véritable, à l’exception de
trois auxquels nous conserverons celle qui depuis longtemps est adoptée en France : Tanger, Tétouan , Mogador.
Pour la transcription des mots arabes, nous suivrons en général la méthode suivante : I, a, e — b C,',
t — O, t et rarement ts — dj — h — £, kh — J, d — -U d — i, r — j, z — s — ch — ç —
d, — -E t — h, d — £, a et quelquefois o — r — s _ $, f — q, g — sJA, k — J, 1 — ç, m — n — 3, h j,
ou, o — i — ï, a.
Quant aux mots appartenant à la langue tamazirt, qui ne s’écrit plus au Maroc, nous nous attacherons à les
reproduire comme nous les aurons entendus, nous servant pour cela des lettres de notre alphabet et de cinq
lettres arabes, le b, le kh, le d, le t et le r.
Dans les noms imaziren comme dans les noms arabes, toutes les lettres devront se prononcer : ainsi, Seli-
man , Zaian, Taourirt, Demnrit, Ibzâzen , etc., sC liront comme s'il y avait, Selirnane , 7a liane , 1 aouvirtc ,
MECONNAISSANCE \U MAROC.
RECONNAISSANCE ALI MAROC.
9
de France, M. Ordéga, à qui M. Tirman, gouverneur général de l’Algérie, avait
bien voulu me recommander, me fit, avec une bienveillance et une bonne grâce sans
égales, préparer des lettres pour ses agents, m’en fit donner une de Moulei Abd es
Selam, le célèbre cherif d’Ouazzàn, ordonnant à quiconque était son ami de me
prêter aide et protection, enfin me munit de toutes les recommandations qui pou¬
vaient m’être utiles au cours de mon voyage. Il n’en fut pas une qui ne me servît
par la suite; aussi eus-jc plus d’une fois à me souvenir, avec reconnaissance, de
la sollicitude dont j’avais été l’objet.
21 juin 18813.
Je quitte Tanger à 3 heures de l’après-midi : ma caravane se compose de six
on sept hommes, Israélites la plupart, et d’une dizaine de bêtes de somme. Nous
traversons d’abord une série de vallons bien cultivés, séparés entre eux par des
côtes couvertes"de palmiers nains. Vers le soir, on s’engage dans la vallée de l’Ouad
Merah : nous y cheminons durant le reste de la journée, au milieu de superbes
champs de blé qui la couvrent tout entière. Nous nous arrêtons à 9 heures un quart
auprès de quelques huttes : nous passons la nuit en ce lieu. La route, sûre
le jour, cesse de l’être au crépuscule. C’est le moment où les maraudeurs se
mettent en campagne. Aussi ai-je vu, au coucher du soleil, des vedettes, armées
jusqu’aux dents, se poster à l’entrée des villages, auprès des troupeaux, sur des
tertres d’où elles surveillaient les récoltes. Les rôdeurs, surtout en blad el makhzen,
font une terrible guerre au pauvre paysan; leurs rapines d’une part, les exigences
du fisc de l’autre, lui laissent à peine, au milieu de ces belles moissons que je viens
de traverser, de quoi vivre misérablement.
22 juin 1883.
A 4 heures du matin on se remet en marche. Nous ne tardons pas à entrer
Demnâte, Ibzâzene. La lettre g sera toujours dure : ainsi on prononcera Agerd , A g in an , comme s’il y avait
Aguerd, Aguinan.
Nous nous servirons dans le courant de cette relation de plusieurs mots étrangers tels que qa'id, taleb , tir-
remt, agadir , cherif, qçar, etc. : le singulier seul en sera employé, afin de faciliter la lecture. Pour le pluriel
on se bornera à y ajouter une s. Nous dirons des qaïds, des talehs , des tirremts, des qçars, et non des qiad,
des tolba , des tir rematin , des qçour. Nous ne ferons exception à cette règle que pour trois mots appelés à re¬
venir très souvent; l’un, nom de race; les deux autres, appellations par lesquelles les étrangers désignent des
fractions de cette race : ce sont, d’abord, Amazir; puis Chleuh , qui veut dire Amazir blanc, et Ilartâni, qui veut
dire Amazir noir. Nous dirons un Amazir , une Tamazirt, des Imaziren, un Chleuh, une Clileuha, des Chel-
laha, un Ilartâni, une Ilartania, des Ilaratin.
L'arabe qui se parle au Maroc est à peu de chose près celui de l’Algérie : il n’en diffère que par une corrup¬
tion un peu plus grande : les mots étrangers y sont plus nombreux. L'accent présente quelques différences
dont la plus importante et la plus générale est que le se prononce simplement J : ainsi l’on dit, Jza'ir, Alger,
c
Oujda, Oudjda. Quelquefois la même lettre se prononce CL; exemple : ga'iz, passant.
DE TANGER A MEKNAS.
3
dans la montagne. Nous nous élevons -d’abord par des pentes douces couvertes de
bois ou de broussailles; ce sont surtout des oliviers et des lentisques; beaucoup de
gibier : lièvres, perdreaux, tourterelles. A partir d’un fondoq (1) devant lequel nous
passons, le terrain change : le sol devient rocheux,
les côtes raides, le chemin difficile; les arbres s’éclair¬
cissent et sont remplacés par le myrte et la bruyère.
A G heures et demie, nous atteignons le col.
Voici le profil du versant que nous venons de gravir.
La descente, rocheuse d’abord, nous ramène en¬
suite dans une région boisée où la culture réapparaît
dans les fonds. Peu à peu les ravins s’élargissent;
leurs flancs s’abaissent. Enfin nous voici en plaine. Jusqu’à Tétouan, ce ne sont que
larges vallées toutes couvertes de grands champs de blé s’étendant à perte de vue;
au milieu, des rivières roulent paisiblement leurs eaux limpides. A 9 heures et
demie nous voyons la ville. Elle se dessine en ligne blanche sur un rideau de hautes
montagnes bleuâtres; à 11 heures, nous y entrons.
Aujourd’hui comme hier, j’ai rencontré beaucoup de passants sur le chemin, surtout
en plaine : c’étaient presque tous des piétons, paysans qui se rendaient aux champs;
peu étaient armés : il y avait un assez grand nombre de femmes; la plupart ne se voi¬
laient pas. Hier, j’ai vu une grande quantité de troupeaux, beaucoup de bœufs; ces
derniers m’ont frappé par leur haute taille. Dans toute la route, un seul passage dif¬
ficile, les environs du col. Sol en général terreux. Un seul cours d’eau important,
l’Ouad Bon Çfiha (berges escarpées de 5 à 6 mètres de haut; eau claire et courante de
6 à 8 mètres de large et de 0,30 à 0,40 centimètres de profondeur; lit de gravier).
On le franchit sur un pont de deux arches en assez bon état. 11 ne faudrait pas con¬
clure de là que les ponts soient au Maroc le moyen de passage ordinaire des riviè¬
res : ils sont, au contraire, fort rares : je ne pense pas en avoir vu plus de cinq ou six
dans mon voyage. Je citerai en leur lieu ceux que j’ai rencontrés. Habituellement
c’est à gué qu’on traverse les cours d’eau.
Il est inutile, je pense, de dire qu’il n’y a point de routes au Maroc : on n’y trouve
qu’un très grand nombre de pistes qui s’enchevêtrent les unes dans les autres, en
formant des labyrinthes où l’on se perd vite, à moins d’avoir une profonde connais¬
sance du pays. Ces pistes sont des chemins commodes en plaine, mais très difficiles
et souvent dangereux en montagne.
Deux choses surtout m’ont frappé dans cette première journée de voyage : d’abord
l’eau fraîche et courante qui, malgré la saison, coule dans la multitude de
(1) Les fondoq sont des sortes d'hôtelleries.
4 RECONNAISSANCE AU MAROC.
sources, de ruisseaux, de petites rivières que j'ai rencontrés; puis la vigueur extraor¬
dinaire de la végétation : de riches cultures occupent la majeure partie du sol et
les endroits incultes eux-mêmes sont couverts d’une verdure éclatante : pas de plan¬
tes chétives, pas de places sablonneuses ni stériles : les lieux les plus rocheux sont
verts : les plantes percent entre les pierres et les tapissent.
2°. — SÉJOUR A TÉTOUAN.
Tétouan s’élève sur un plateau rocheux qui se détache du flanc gauche de
la vallée du même nom et qui la barre en grande partie. Dominée au nord et au
sud par de hautes montagnes, ayant à ses pieds les plus beaux jardins du monde,
arrosée par mille sources, elle a l’aspect le plus riant qu’on puisse voir. La ville est
assez bien construite et moins sale que la plupart des cités du Maroc : ses fortifica¬
tions consistent en une qaçba (1), s’élevant au nord-ouest de la ville, et en une enceinte
en briques de 5 mètres de haut et de 30 ou 40 centimètres d’épaisseur ; quelques
canons hors d’usage grimacent en manière d’épouvantails aux abords de chaque porte.
Tétouan est grande, mais les quartiers excentriques en sont peu habités et en partie
ruinés : beaucoup de mosquées : pas de bâtiment remarquable, si ce n’est le massif
donjon du mechouar. Le quartier commerçant est animé, surtout le mercredi,
jour de marché. Il y a un grand mellah, le plus propre et le mieux construit que
j’aie vu au Maroc. Tétouan peut avoir 20000 à 25000 habitants, dont environ 6000
Jardins
de Tétouan.
Revers nord des monts Béni Hasan.
Extrémité de la vallée
de l’O. Mehadjra.
Revers nord des monts Béni Hasan. (Vue prise à 2 kilomètres de Tétouan, du chemin de Tanger.)
Croquis de l’auteur.
Israélites. Elle a pour gouverneur un qaïd nommé directement par le sultan. L’auto¬
rité de ce magistrat s’étend sur le territoire situé entre la mer et les tribus indépen¬
dantes du Rif d’une part, et les provinces de Tanger et d’El Araïch de l’autre. Les
environs de la ville sont -d’une grande fertilité; les fruits de ses immenses jardins
sont renommés dans tout le nord du Maroc : on les exporte à El Qçar et à Fâs. La
vallée de 1 Ouad Tétouan, après s’être resserrée en face de la ville au point d’y for¬
mer un véritable khoneg, reprend aussitôt au-dessous d’elle une grande largeur :
(1) Citadelle.
DE TANGER A MEKNAS.
5
en même temps, les montagnes qui la bordent, et qui étaient très hautes jusque-là,
s’abaissent et deviennent des collines. Dès lors la vallée n’est plus, jusqu’à la mer,
qu’un immense champ de blé semé de fermes et de jardins.
Je demeurai dix jours à Tétouan; ce n’est pas que ce long séjour entrât dans mes
projets; bien au contraire. Mon désir était de partir le plus tôt possible pour Fàs :
mais je tenais à y aller par un chemin déterminé, passant par les territoires des
Akhmâs, des Béni Zerouâl, des Béni Hamed (1). Je me mis donc, dès mon arrivée,
en quête d’un guide qui me conduisit par cette voie. Je rencontrai de graves obsta¬
cles. Les tribus dont je voulais traverser les terres étaient insoumises, et de plus cé¬
lèbres par leurs brigandages; les caravanes évitaient avec soin leurs territoires; les
courriers n’osaient y passer : on leur prenait leurs lettres et leurs vêtements; les ta-
lebs mêmes ne s’y aventuraient qu’à condition d’être à peu près nus. — Bref, malgré
mes recherches, malgré mes offres , je n’avais encore, après huit jours, pu trou¬
ver personne qui se chargeât de me conduire. Je fis une dernière tentative : je m’a¬
dressai à des cherifs, à des marabouts de Tétouan : peut-être avaient-ils de l’influence,
des amis, dans ces régions, et pourrait-on les traverser avec leur protection : partout
la réponse fut négative; mais, me disait-on en même temps, ce qui était impossible
d’ici devenait aisé de Fâs; là se trouvaient des personnages pour qui me faire voyager
en ces tribus serait chose facile. Ces dernières paroles, que je reconnus plus tard être
la vérité, me décidèrent à ne pas m’obstiner davantage. Je résolus de partir pour
Fâs par le chemin ordinaire, celui d’El Qçar.
Auparavant je consacrai deux journées à une excursion à Chechaouen, petite ville
du Bit' située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tétouan.
3°. — EXCURSION A CHECHAOUEN.
2 juillet.
Je sors de Tétouan à 8 heures du matin; un guide musulman est mon unique
compagnon. D’ici à Chechaouen, nous avons à traverser les territoires de trois tri¬
bus, les Béni Aouzmer, les Béni Hasan , les Akhmâs : les deux premières sont sou¬
mises : on y voyage seul en sécurité; la dernière ne l’est pas : quand nous en
approcherons, nous aviserons à prendre nos précautions.
Durant toute la route le chemin est aisé. On est continuellement en montagne: par
conséquent beaucoup de montées, beaucoup de descéntes, un terrain généralement
pierreux; mais de passage difficile, point. Au début, dans la basse vallée de l’Ouad
Mehadjra, le pays a un aspect sauvage : la rivière est encaissée entre deux hauts
(1) Cet itinéraire est le suivant : Tétouan, Béni Aouzmer, Boni Hasan, Akhmâs, Boni Zerouâl, Béni Hamed ,
Rahôna, Cherâga, Fâs.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
fi
talus tout couverts de broussailles; myrte, bruyère, palmiers nains, et surtout
lentisques : au delà de ces talus on ne voit, à l’ouest , que de longues croupes
boisées se succédant les unes aux autres; à l’est, que la haute muraille rocheuse
qui couronne le Djebel Béni Hasan. Cette dernière se dresse toute droite au-dessus
de nos tètes : à peine se trouve-t-il entre elle et les lentisques une étroite bande
de cultures : quant à l’ouad, c’est un torrent aux eaux vertes et impétueuses. Mais
après quelque temps le paysage se modifie : la bande de cultures s’élargit ; des
troupeaux paissent dans les broussailles; on rencontre des villages. On marche
encore : la rivière prend un autre nom : un palmier solitaire croissant sur sa rive
la fait appeler Ouad en Nekhla. A ce moment s’opère un changement complet : len¬
tisques et palmiers nains disparaissent : les talus s’arrondissant deviennent des côtes
assez douces, que garnissent des cultures. Le Djebel Béni Hasan présente maintenant
un aspect enchanteur : des champs de blé s’étagent en amphithéâtre sur son flanc
et, depuis les roches qui le couronnent jusqu’au fond de la vallée, le couvrent d’un
tapis d’or : au milieu des blés, brillent une multitude de villages entourés de
jardins : ce n’est que vie, richesse, fraîcheur.
Des sources jaillissent de toutes parts : à chaque pas on traverse des ruisseaux : ils
coulent en cascades parmi les fougères, les lauriers, les figuiers et la vigne, qui
poussent d’eux-mêmes sur leurs bords. Nulle part je n’ai vu de paysage plus riant,
nulle part un tel air de prospérité, nulle part une terre aussi généreuse ni des habi¬
tants plus laborieux.
D’ici à Chechaouen, le pays reste semblable : le nom des vallées change, mais pa¬
reille richesse règne partout ; elle augmente même encore à mesure que l’on s’avance.
J’arrive dans la vallée de l’Ouad Arezaz : les villages maintenant se succèdent sans
interruption : le sentier, bordé d’églantiers en fleurs, ne sort plus des vergers; nous
cheminons à l’ombre des grenadiers, des figuiers, des pêchers et de la vigne, dont
les rameaux couvrent les arbres : les ruisseaux sont si nombreux que l’on marche
presque constamment dans l’eau. C’est ainsi que je parviens non loin du confluent
où finit, avec le territoire des Béni Hasan, le blad elmakhzen. Au delà commencent
les Akhmâs : c’est le blarl es sîba. Nous ne pouvons aller seuls plus loin. D’ailleurs
il est 7 heures du soir. Nous nous arrêtons dans un beau village où l’on nous donne
l’hospitalité.
Ici les habitations sont bien différentes des huttes que l’on voit près de Tétouan :
ce sont des maisons, les unes de pisé, les autres de briques, toutes bien construites;
la plupart sont blanchies; elles sont couvertes de toits, soit de chaume, soit de
tuiles; point de terrasses. Auprès de toute demeure est un clos de gazon; des murs
bas l’entourent, de vieux figuiers l'ombragent. : là rentrent chaque soir les trou¬
peaux qui, le jour, paissent dans la montagne. Des ruisseaux courent en tous les
DE TANGER A MEKNAS. 7
sentiers du village; ils apportent l’eau devant chaque porte. Tout est propre, frais,
riant .
Toute la journée, il y avait des passants sur le chemin, dans les champs une foule
de travailleurs. Ainsi que nous l’avons dit, la plupart des cultures consistent en blé;
cependant on rencontre aussi de l’orge et, de loin en loin, quelques champs de
maïs. Deux cours d’eau importants : l’Ouad Tétouan (berges de terre presque à pic de
4 ou 5 mètres de haut; lit de 12 mètres de large, rempli d’eau courante et assez claire,
de 50 à 60 centimètres de profondeur; fond de sable); et l’Ouad Mehadjra
(voici ce qu’il est dans sa partie inférieure : berges à peine marquées; eaux vertes,
de 6 à 8 mètres de large et de 30 ou 40 centimètres de profondeur, serpentant dans
un lit de galets beaucoup plus large; courant très rapide). Le Djebel Béni Hasan
est un massif extrêmement remarquable : le versant
occidental en affecte, dans sa partie nord , la forme
suivante : a; dans sa région sud, celle-ci : D ; les plus
hauts sommets, dont les cartes marines nous don¬
nent les altitudes, 1410 mètres, 2 210 mètres, 1 818
mètres, en sont invisibles du fond de la vallée; une
haute muraille de pierre grise, à crête dentelée, le
couronne de ce côté et lui donne l’aspect le plus
étrange : on dirait une série de rochers de Gibraltar
juxtaposés sur un piédestal de montagnes : quelque chose
comme ceci : y. La crête supérieure de cette muraille me pa¬
rait être à une altitude à peu près uniforme pouvant varier
entre 1200 et 1500 mètres. Au-dessus, quelques cultures entrevues en deux ou
trois points semblent révéler l’existence d’un plateau.
P
a juillet.
A 3 heures et demie du matin, nous nous mettons en route; un jeune homme
du village où nous avons passé la nuit nous accompagne : son père, qui, moyennant
une faible rétribution, nous a accordé son anaïa, nous le donne pour nous servir
de zetat (1). 11 est sans armes, comme toutes les gens qu’on rencontre de Tétouan
(l)LÜaj, pluriel iLLLj. Dans toutes les tribus indépendantes du Maroc, ainsi que dans celles qui sont impar¬
faitement soumises, la manière de voyager est la même. On demande à un membre de la tribu de vous ac¬
corder son anaïa, « protection », et de vous faire parvenir en sûreté à tel endroit que l'on désigne : il s'y
engage moyennant un prix qu'on débat avec lui, zctata : la somme fixée, il vous conduit ou vous fait conduire
par un ou plusieurs hommes jusqu’au lieu convenu; là on ne vous laisse qu'en mains sûres, chez des amis
auxquels on vous recommande. Ceux-ci vous mèneront ou vous feront mener plus loin dans les mêmes condi¬
tions : nouvelle anaïa , nouvelle zetata , et ainsi de suite. On passe de la sorte de main en main jusqu a 1 arrivée
au terme du voyage. Ceux qui composent l'escorte sont appelés zelal; Jour nombre est extrêmement variable,
8
RECONNAISSANCE AU MAROC.
à Chechaouen. Nous descendons d’abord les dernières pentes du Djebel Béni Hasan ;
puis, suivant le fond de la vallée qui se déroule à son pied, nous ne tardons pas à
entrer sur les terres des Akhmâs. C’est toujours la même prospérité, la même ri¬
chesse : l’Ouad el Hechaïch roule ses eaux paisibles à l’ombre d’oliviers séculaires;
sa vallée est couverte de beaux champs de blé où travaillent gaiement une foule de
moissonneurs. Ce n’est que sur les premières pentes du Djebel Mezedjel , prolon¬
gement du Djebel Béni Hasan, trop raides ici pour recevoir de culture, qu’on re¬
trouve pendant quelque temps les palmiers nains. Encore cela dure peu : le premier
talus franchi, les côtes deviennent plus douces, et au milieu de champs dorés, en
traversant des ruisseaux innombrables, je monte à Chechaouen.
La ville, enfoncée dans un repli de la montagne, ne se découvre qu’au dernier
moment : on a gravi tous les premiers échelons de la chaîne; on est parvenu à
la muraille rocheuse qui la couronne; on en longe péniblement le pied au milieu d’un
dédale d’énormes blocs de granit où se creusent de profondes cavernes. Tout à coup
ce labyrinthe cesse, la roche fait un angle : à cent mètres de là, d’une part adossée à
des montagnes à pic, de l’autre bordée de jardins toujours verts, apparaît la ville.
Il était 6 heures du matin quand j’y arrivai : à cette heure, les premiers rayons
du soleil, laissant encore dans l’ombre les masses brunes des hautes cimes qui la sur¬
plombent, doraient à peine le faîte de ses minarets : l’aspect en était féerique. Avec
son vieux donjon à tournure féodale, ses maisons couvertes de tuiles, ses ruisseaux
qui serpentent de toutes parts, on se serait cru bien plutôt en face de quelque bourg
paisible des bords du Rhin que d’une des villes les plus fanatiques du Rif. Che¬
chaouen, dont la population compte un grand nombre de cherifs (1), est en effet re¬
nommée pour son intolérance : on se raconte encore le supplice d’un malheureux Es-
je l’indiquerai toujours : on verra qu’un seul homme suffit parfois, lorsque ailleurs, souvent très près, quinze ne
suffisent pas. L’usage de l’anaïa, appelé aussi mezrag , forme une des principales sources de revenu des familles
puissantes. C’est à elles, en effet, que les voyageurs s’adressent de préférence, la première condition chez un
zetat étant la force de faire respecter son protégé. Il y a une seconde qualité non moins essentielle qu’il faut
chercher en lui : c’est la fidélité. En des lieux où il n’y a ni lois ni justice d’aucune sorte, où chacun ne
relève que de soi-même, des zetats peuvent piller, égorger, chemin faisant, les voyageurs qu'ils avaient promis
de défendre; nul n’a un mot à leur dire, nul n’a un reproche à leur faire; c’est un accident contre lequel rien
au monde ne peut garantir : une fois en route avec des zetats, on est entièrement à leur merci. Aussi faut-il
les choisir avec la plus grande prudence et, avant de demander à un homme son anaïa, s’informer minutieu¬
sement de sa réputation. D’ailleurs, quoiqu’on en voie un très grand nombre qui trahissent, soit ouvertement en
vous pillant eux-mêmes, soit par stratagème en vous faisant dépouiller par un parti plus nombreux auquel ils
donnent le mot; quoiqu’il y en ait d’autres qui vous abandonnent, chemin faisant, après s’être fait payer d'a¬
vance, ou bien qui ne consentent à vous accompagner jusqu’au bout qu’à condition d’augmenter leur salaire,
malgré ces genres divers de trahison, genres que j’ai expérimentés tous sans exception, on trouve aussi des
hommes honnêtes qui, les uns par sentiment d’honneur, les autres pour garder intacte une réputation source
de nombreux bénéfices, non seulement vous conduisent fidèlement jusqu’à la fin, mais montrent même un
dévouement qui va jusqu’à risquer leur vie pour vous défendre.
(1) Parmi ces cherifs, se distingue au premier rang la famille des Oulad El Maddjich; ils font partie de la
r -
y
CHE CHAQUE N
DE TA Mil: Il A MEKNAS.
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pagnol qui, il y a une vingtaine d’années, voulut y pénétrer : même les Juifs,
qu’on tolère, sont soumis aux plus mauvais traitements; parqués dans leur mel-
lah, ils ne peuvent en sortir sans être assaillis de coups de pierres : sur tout le terri¬
toire des Akhmàs, auquel appartient la ville, personne ne passa près de moi sans
me saluer d’un Allah iharraq bouk , la. el Ihoudi (1), ou de quelque autre injure
analogue. Chechaouen a 3 ou 4 000 habitants, parmi lesquels une dizaine de familles
israélites. Le marché s’y tient le dimanche. C’est une ville ouverte. Derrière elle
s’élève à pic la haute muraille de roche qui couronne le Djebel Mezedjel; en avant
commencent de superbes jardins qui, s’étendant sur le flanc de la montagne,
couvrent un espace immense; les fruits qu’ils produisent, leurs raisins surtout,
sont célèbres dans tout le nord du Maroc. Chechaouen est renommée aussi pour
l’excellence de son eau.
Pendant cette dernière partie de ma route, j’ai encore rencontré beaucoup de.
personnes sur le chemin. Celui-ci ne cesse pas d’être bon : une seule côte un peu raide,
aucun passage difficile. Sol terreux, peu de pierres. .J’ai traversé deux cours d’eau
assez importants : l’Ouad Arezaz (berges de terre d'un mètre; eau claire et courante
de 60 centimètres de profondeur; 8 mètres de large; lit de galets), et l’Ouad el
Hechaïch (il coule à pleins bords dans un lit de gravier de 10 mètres de large; eau
claire et courante de 60 centimètres de profondeur). Le Djebel Mezedjel, identique
au Djebel Béni Hasan, n’est que la continuation de celui-ci sous un autre nom : on
le voit se prolonger bien loin encore dans le' sud, appelé alors Djebel el Akhmàs.
Vers 7 heures du matin, je quitte Chechaouen pour reprendre la direction de
Tétouan. Le chemin qui m’a conduit me ramène. Pas de nouvelles remarques à
faire. Je ne me lasse pas d’admirer cette merveilleuse quantité d’eau courante qu’on
rencontre le long de la route : si ce n’est dans les hautes vallées de la Suisse, je
n’ai vu nulle part un aussi grand nombre de sources, de ruisseaux grands et petits,
tous pleins d’eau douce et limpide. La population sait tirer parti de tant de
bienfaits; aucune place cultivable qui ne soit ensemencée : on voit des champs sus¬
pendus en des points qui paraissent presque inaccessibles. — Chemin faisant, je
rencontre un hadj (2), qui suit la même direction que nous; apprenant que je
suis étranger, il me salue en français et nous causons. J'avais remarqué déjà , et
descendance de Sidi Abd es Selam ben Mechich, célèbre saint marocain mort en 1227 de .1.-0. et enterré non
loin de Tétouan , au Djebel el Alain.
C’est à l'obligeance de M. Pilard, ancien interprète militaire, qui d'ailleurs m'a, ainsi qu’on le verra, fourni
la matière de plusieurs autres notes, que je dois ce renseignement. Le Djebel el Alain, où se trouve le mausolée
de Sidi Abd es Selam ben Mechich, est situé à une journée de marche de Tétouan, dans le Djebel Béni Hasan.
Il fait partie de cette chaîne. Il s’élève sur son versant oriental.
(1) Que Dieu fasse brûler éternellement le père qui t,'a engendré, Juif!
(2) Musulman (pii a fait le pèlerinage de la Mecque.
RECONNAISSANCE \L M UlOC.
10
RECONNAISSANCE Al MAROC.
c’est un fait que je 11e cesserai de constater dans la suite, que les hadjs étaient géné¬
ralement plus polis et affables que les autres Musulmans. C’est à tort qu’on se
figure parfois qu’ils reviennent de la Mecque plus fanatiques et intolérants qu’ils
n’étaient; le contraire se produit : leur long voyage, les mettant en contact avec les
Européens, leur fait voir d’abord que ceux-ci ne sont pas les monstres qu’on leur avait
dépeints; ils sont surpris et reconnaissants de ne point trouver chez nous d’hostilité;
puis nos bateaux à vapeur, nos chemins de fer, les frappent d’admiration : au retour,
ce n’est pas le souvenir de la kaba qui liante leur esprit , c’est celui des merveilles
des pays chrétiens, celui d’Alexandrie, de Tunis, d’Alger. La plupart du temps, le
Pèlerinage, loin d’augmenter leur fanatisme, les civilise et leur ouvre l’esprit.
Quelle que pût être notre célérité, il n’était pas possible d’arriver à Tétouan le jour
même : nous passâmes la nuit dans un village des Béni Hasan. Le lendemain, nous
repartîmes de très bonne heure; à 0 heures du matin, nous étions dans la ville.
Les Béni Hasan, sur le territoire desquels j’avais marché pendant la plus grande
partie de cette excursion, sont de race et de langue tamazirt. Ils sont dits Qebaïl (1).
Tout le massif montagneux auquel ils ont donné leur nom leur appartient.
Cette tribu me paraît riche et nombreuse, à voir la quantité et l’importance des
villages, la fertilité du pays, les belles cultures qu’il renferme, le monde qu’on
y rencontre sur les routes. Elle est fort dévote, à en juger par la grande pro-
(1) Les expressions de Qebaïl, Chellaha, llaralin , Berâber , sont autant de mots employés par les Arabes pour
désigner une race unique dont le nom national, le seul que se donnent ses membres , est celui d 'Amazir (féminin
Tamazirt, pluriel Imaziren). Au Maroc, les Arabes appellent Qebaïl les Imaziren de la partie septentrionale,
ceux qui habitent au nord du parallèle de Fàs; ils donnent le nom de Chellaha à tous les Imaziren blancs ré¬
sidant au sud de cette ligne (A); celui de llaralin aux Imaziren noirs, Leucaethiopes des anciens; enfin celui
de Berâber est réservé à la puissante tribu tamazirt dont il est proprement le nom. M. le colonel Carette ne
s’était pas trompé en disant que le mot de Berâber, appliqué par les généalogistes arabes à toute la race
tamazirt, devait être celui de quelque tribu importante de ce peuple, tribu dont on avait par erreur étendu
le nom à toutes les autres. Cette tribu des Berâber existe toujours : c’est encore aujourd’hui la plus puissante
du Maroc ; elle occupe toute la portion du Sahara comprise entre l’Ouad Dra et l'Ouad Ziz , possède presque
en entier le cours de ces deux fleuves, et déborde en bien des points sur le flanc nord du Grand Atlas; elle
est jusqu’à ce jour restée compacte, et elle réunit chaque année en assemblée générale les chefs de ses nombreuses
fractions : nous donnerons ailleurs sa décomposition. Dans le Sahara, dans le bassin de la Mlouïa, on est près
de la tribu des Berâber : on la connaît; on n'a garde d’appliquer son nom à d’autres qu'à elle. Mais qu’on
s’éloigne vers le nord, qu’on aille à Fàs ou à Sfrou, on trouve déjà la confusion. On entend généraliser le nom
de la célèbre tribu du sud et l’appliquer indifféremment à toutes celles des environs qui parlent la même
langue, comme les Ait loussi, les Béni Ouaraïn, les Béni Mgild, les Zaïan, etc., tribus que, mieux informés,
les Arabes de Qçàbi ech Cheurfaou des Oulad el Hadj auront soin de n’appeler jamais que du nom général de
Chellaha. Pour nous, suivant l'exemple des tribus limitrophes des Berâber, nous donnerons le nom de Qebaïl
aux Imaziren que l'usage fait désigner ainsi, aux autres celui de Chellaha ou de Haratîn, réservant celui de
Berâber pour la seule tribu à laquelle il appartient.
(A) En d autres termes, et plus exactement, les Imaziren du massif Rifain sont appelés Qebaïl et ceux du
massif Atlantique Chellaha. La ligne de démarcation entre les deux noms est la large trouée qui sépare les deux
massifs, celle qui conduit de Lalla Marnia à Fàs et de là à l'Océan par la vallée du Sebou.
DK TANGER A MEKNAS.
u
portion de îiadjs qui s’y trouve, par le nombre de ses qoubbas et de ses zaouïas,
à en juger aussi par les immenses détours qu’on me faisait faire à travers champs,
chaque fois qu’on approchait d’un de ces lieux vénérés, de peur de le souiller par¬
la présence d’un Juif.
Dans cette tribu, aussi bien que cirez les Akhmâs, les costumes sont les suivants :
pour les hommes de condition aisée : caleçons étroits s’arrêtant au-dessus du genou,
courte chemise sans manches, en laine blanche, descendant jusqu’à mi-cuisse, enfin
djelabia brune; comme chaussure, la belra (1) jaune; comme coiffure, une calotte
rouge. Cette dernière se supprime souvent : dans tout le Maroc, les populations
des campagnes ont d’habitude la tête nue, quelque soleil qu’il fasse, et bien que
la plupart se rasent les cheveux. Les pauvres n’ont qu’une chemise de laine blan¬
che et une djelabia ou un court bernons de même étoffe; rien sur la tête, ou bien
quelque chiffon blanc ou rouge noué autour, laissant le crâne à découvert; les pieds
nus ou chaussés de sandales. Ici, par exception, peu de cheveux sont rasés : on se
contente de les porter très courts. Rien de particulier dans le costume des femmes :
elles ont celui qu’elles portent dans les campagnes du Tell algérien; il est uniformé¬
ment en laine ou en cotonnade blanches; toutes laissent leur visage découvert; pour
travailler aux champs, elles s’enroulent autour des jambes un épais morceau de cuir
fauve fixé sur le devant par une agrafe : c’est, quelque chose comme les cnémides
que mettait Laërte pour jardiner.
En général, les hommes sont assez beaux et surtout vigoureux, les femmes laides
et communes. Bien que le tamazirt soit leur langue habituelle, les Béni Hasan
savent la plupart l’arabe; mais ils y mêlent diverses expressions étrangères : telle
est la particule </, dont ils font précéder les noms au génitif : ainsi ils disent Ouad
d en Nekhla, Djebel d el Akhmâs, etc. Cet emploi du d se retrouve d’ailleurs dans
le Maroc entier, avec le même sens, celui de notre préposition « de »; mais nulle
part avec autant d’excès qu’aux environs de Tétouan.
4
4°. — DE TÉTOUAN A PAS.
4 juillet.
Pendant cette première journée de marche, je me borne à gagner le fondoq devant
lequel j’étais déjà passé, entre Tanger et Tétouan. La route a été décrite; je n’en
reparlerai pas. J’ai fait prix, pour me conduire àFâs, avec un muletier musulman :
c’est en sa compagnie que je suis parti ce matin; notre caravane est peu nombreuse :
dix bêtes de somme; le muletier, son fi 1 s et un domestique; voilà, avec Mardochée el
(1) La belra est une sorte de pantoufle très large, en cuir souple, à semelle mince, sans talon. C est la seule
chaussure qu’on voie au Maroc.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
12
moi, tout ce qui la compose. D’ici à Fàs, par la route que nous allons prendre, il
n’y a rien à craindre; nous serons constamment en blad el makhzen et en pays
peuplé : inutile de prendre d’escorte.
Le fondoq où nous passons la nuit est une vaste enceinte carrée dont le pourtour
est garni, à l’intérieur, d’un hangar : les voyageurs s’installent sous cet abri; les
animaux restent au centre : le maître du lieu perçoit une légère rétribution sur bêtes
et gens; de plus, il vend de l’orge et de la paille. Les établissements de ce genre,
rares au Maroc dans la campagne, y sont très nombreux dans les villes : le hangar
se surmonte alors d’un étage où sont disposées de petites cellules fermant à clef
qu’on loue aux étrangers : ce sont les seules hôtelleries qui existent. Le fondoq où
nous sommes paraît très fréquenté : vers le soir, près de cinquante voyageurs s’y
trouvent réunis; la cour est pleine : chevaux, ânes, mulets, chameaux, s’y pressent
pêle-mêle avec des troupeaux de bœufs et de moutons.
5 juillet.
A 4 heures du matin, nous quittons le fondoq. La caravane s’augmente de trois
personnes : un homme se rendant à Fàs; il porte à la main une cage contenant six
canaris; c’est pour les vendre qu’il entreprend ce voyage; il compte sur un bénéfice
d’environ trente francs. Puis une femme et sa petite fille, allant je ne sais où. Au¬
jourd’hui, la route traverse deux régions fort différentes : durant la première partie
de la journée, je suis dans un pays montueux, très arrosé, souvent boisé : ce sont les
dernières pentes du revers occidental des montagnes du Rif. Puis, vers midi, après
avoir passé un col aux abords rocheux et difficiles, je débouche dans une immense
plaine légèrement ondulée où je marche jusqu’au gîte. Cette plaine, couverte tantôt
de champs de blé et de maïs, tantôt de pâturages, tantôt de nouara hebila (1), s’é¬
tend à perte de vue dans les directions de l’ouest et du sud; au nord et à l’est, elle
est bornée par une longue ligne de hauteurs bleuâtres, au flanc desquelles on distin¬
gue de blancs villages et les taches sombres de vergers. La nouvelle région où je viens
d’entrer et où je demeurerai jusqu’à l’Ouad Sebou présente le contraste le plus com¬
plet avec celle que je quitte : là on ne voyait que des villages, ici presque que des
tentes; là une foule de jardins, ici pas un arbre; là tous les ruisseaux, toutes les
rivières avaient de l’eau courante, tous étaient bordés de lauriers-roses; ici bien des
lits sont à sec, d’autres ne contiennent qu’une eau croupissante et le laurier-rose a
disparu. Cependant, sans être riante comme la première, c’est encore une riche
(1 Les nouara hebila sont de larges fleurs blanches portées par des tiges raides qui atteignent jusqu’à lm,20
à 1 m ,40 de hauteur; elles poussent sans culture, très serrées, formant comme de vastes champs 'blancs ; les
tiges ont en moyenne 1 mètre à lm, 20 d’élévation; elles servent, une fois sèches, à allumer le feu et à faire des
huttes grossières. Cette plante n’est propre à aucun autre usage : les animaux ne la mangent point.
DE TANGER A MEKNAS.
13
contrée : le sol, terreux partout, est entièrement cultivable; de beaux champs de
blé, d’orge et parfois de maïs, en couvrent une grande partie et en prouvent la fé¬
condité. D’ailleurs, si elle n’a pas ces ondes fraîches et limpides que j’admirais près
de Tétouan , les rivières pourtant y sont nombreuses et l’eau est loin d’y manquer,
malgré la saison.
Nous nous arrêtons à 4 heures du soir, dans un douar des Bdaoua (1) , en un lieu
où se tient un marché hebdomadaire, Souq el Arbaa el Bdaoua. Pendant cette journée,
je n’ai rencontré sur la route qu’un passage difficile : les environs du col signalé
plus haut. Parmi les cours d’eau traversés, trois avaient quelque importance :
POuad el Hericha (berges escarpées de 2 ou 3 mètres de haut; G mètres de large;
eau claire de 50 centimètres de profondeur, qui coule sur un lit de gros galets; cou¬
rant rapide); POuad el Ivharroub (berges de terre escarpées de 2 ou 3 mètres de haut;
5 mètres de large; eau claire et courante de 50 centimètres de profondeur; lit
de gravier); POuad Aïcha (6 mètres de large; eau de 50 à 60 centimètres de pro¬
fondeur ; courant insensible). En général, peu de monde sur le chemin, mais sur
quelques points beaucoup de travailleurs dans les champs : partout, de Tétouan à
Fàs, on moissonne. Souvent les douars qu’on rencontre sont grands, mais ils ont
l’aspect misérable : les tentes, petites et mauvaises, ne descendent qu’à 0,80 centi¬
mètres de terre, laissant un vide mal fermé par une cloison de nouara hebila.
Encore tout n’est-il pas tentes; celles-ci sont mêlées la plupart du temps de huttes
en nouara hebila. Huttes et tentes sont groupées sans ordre, formant un ensemble
qui rappelle peu le sens primitif du mot douar. Ainsi sont tous les campements de
Tétouan à Fàs.
6 juillet.
Départ à 5 heures du matin. Toute la journée, je continue à marcher dans la plaine
ondulée décrite hier; rien n’y change : même terrain, mêmes habitants, même
- —
El Qçar el Kebir, ses jardins, le Djebel Sarsar.
(Vue prise à 2 kilomètres de la ville, du chemin de Tétouan.) Croquis de l’auteur.
Asn n-Vt .
horizon; seulement, à partir de 1 1 heures, j’ai en vue le Djebel Sarsar. Sa croupe
massive apparaît à l’est, dominant les hauteurs qu’on aperçoit de ce côté. El Qçar est
située au milieu de la plaine. Nous entrons dans la ville à 1 heures du soir.
(1) La tribu des Bdaoua fait partie de la province d'El Araïch, province gouvernée par un qaïd résidant à
El Araïch. Les Bdaoua, ainsi que toutes les populations que je rencontrerai d’ici à Fàs, ne parlent que l’arabe.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
14
Plus de voyageurs aujourd’hui qu’hier sur la route. Le principal cours d’eau
traversé est l’Ouad el Mkhâzen (berges de terre à 1/2 de 4 à 5 mètres de haut; 10 à
12 mètres de large; belle eau courante de oO centimètres de profondeur).
Un événement se produit ce soir dans notre caravane : en entrant à El Qçar,
l’homme aux canaris nous fait part de son mariage : en marche, il a fait con¬
naissance avec notre compagne de route; elle lui a plu; il lui a offert sa main;
elle a accepté; ils vont se marier à El Qçar : on vendra les canaris comme on
pourra; le prix en servira au don nuptial et aux frais de la noce.
7 juillet.
*
C’est aujourd’hui samedi : force m’est de rester ici pendant 24 heures. De tous
les ennuis auxquels m’a soumis ma condition de Juif, je n’en connais aucun qui
approche de celui-là : perdre cinquante-deux jours par an. Certains Israélites du
Maroc sont d’avis que c’est le point le plus admirable de leur religion. Je n’y ai rien
trouvé de plus dur : on voudrait se mettre en route, on ne peut pas : on est en
voyage, il faut s’arrêter. Encore si l’on pouvait profiter de ce retard pour rédiger ses
notes, mais c’est presque toujours impossible. Se trouve-t-on seul? On barricade sa
porte, on bouche les fentes, et on se met au travail. Mais il est si difficile d’être seul
ce jour-là ! Et il ne faudrait pas qu’on vous surprît à écrire : votre secret serait trahi;
on saurait que vous n 'êtes pas Israélite. A-t-on jamais vu au Maroc Juif écrire durant
le sabbat? C’est défendu au même titre que voyager, faire du feu, vendre,
compter de l’argent, causer d’affaires, que sais-je encore? Et tous ces préceptes
sont observés , avec quel soin ! Pour les Israélites du Maroc, toute la religion est là : les
préceptes de morale, ils les nient; les dix commandements sont de vieilles histoires
bonnes tout au plus pour les enfants; mais quant aux trois prières quotidiennes
quant aux oraisons à dire avant et après les repas, quant à l’observation du sabbat
et des fêtes, rien au monde, je crois, ne les y ferait manquer. Doués d’une foi très
vive, ils remplissent scrupuleusement leurs devoirs envers Dieu et se dédommagent
sur les créatures.
Encore ici ne suis-je pas très à plaindre : je profiterai de cette journée pour visiter
la ville. Celle-ci a pu mériter autrefois son nom de El Qçar el Kebir (1), mais aujour¬
d’hui elle n’est plus ni grande ni fortifiée. Très mal construite, avec ses maisons non
blanchies qui lui donnent un air de saleté et de tristesse, c’est la plus laide des villes
que j’aie vues au Maroc : elle manque d’eau; on est obligé d’en aller chercher dans
des outres à l’Ouad el Qous, à près d’une demi-heure de distance. La population peut
être de 5 ou 6 000 habitants, dont un millier d’Israélites : ceux-ci étaient autre-
(1) Le grand château.
DK TANDIS K A MEKNAS.
15
fois enfermés dans un mellah; comme il est devenu trop étroit, on leur permet
aujourd’hui d’habiter dans toute la ville. Malgré cela, il est difficile de se lo¬
ger : j’ai eu toutes les peines du monde à trouver une chambre, et quelle chambre!
Je n’aurais jamais cru qu’une telle quantité d’araignées et de souris pût tenir en
un si petit espace. Quant aux anciennes fortifications, on en retrouve peu de tra¬
ces : quelques pans de murs ruinés, de pisé extrêmement épais, se dressant çà et là
aux abords fie la ville, voilà tout ce qu’il en reste. 1 ne des choses remarquables de
ce lieu est la quantité innombrable des cigognes : point de maison sans un nid de ces
oiseaux; il y en a, je pense, presque autant que d’habitants. El Qçar est la résidence
d’un gouverneur, lieutenant du qaïd d’El Araïch (1).
Auprès de la ville, sont de grands vergers : j’y ai remarqué de belles piaulai ions
d’orangers, entretenues avec soin et arrosées par des norias. Mais ce sont dos excep¬
tions : en général, ces jardins sont plus vastes que florissants; ils produisent peu de
fruits; la plupart de ceux qu’on consomme ici viennent de Tanger ou de Tétouan.
8 juillet.
Départ à 5 heures du matin. Je marche dans la même plaine : telle elle était avant-
hier au nord d’El Qçar, telle elle- sera encore toute cette journée. Il n’y a qu’une
différence : la ligne de hauteurs qui la bordait vers l’est disparait et fait place aux
Djebel Sarsar.
(Des pallies ombrées sont boisées.)
(Vue prise du chemin d’El Qçar à Fâs,
à 22 kilomètres d’El Qçar.)
Croquis de l’auteur.
Djebel Kourt. (Vue prise du chemin d’El Qçar
à Eàs, à l’ouest-sud -ouest et à environ 12 kilomètres
de la montagne.) Croquis de l’auteur.
lourds massifs du Djebel Sarsar et du Djebel Kourt. A 3 heures de l’après-midi, nous
arrivons à Chemmaha, petit douar où nous devons passer la nuit.
Je n’ai traversé aujourd’hui qu’une seule rivière, mais elle est importante : c’est
l’Ouad el Qous (berges de terre à 1/1 de 7 à 8 mètres de haut; eau courante de 60 à
70 centimètres de profondeur et de 20 à 25 mètres de large; lit de gravier).
Une caravane qui chemine en ces pays arrive toujours plus nombreuse qu’elle
(1 ) Le qaïd d’El Araïcii est le chef de la province du même nom. De Tanger à I- as , je traverse cinq provinces :
celles de Tanger, de Tétouan, d’El Araïch, du Rarb, et de Eàs. Les quatre premières sont gouvernées chacune
par un qaïd; dans la dernière l’autorité est partagée entre trois hachas. Ces sept fonctionnaires relèvent tous
directement du sultan. La province du Rarb est très étendue : je vais y entrer, et j y resterai jusqu auprès de
Eàs. Les tribus des Tegaga, des llejaoua, des Oulad Aïssa, des < heraga, en tout partie.
RECONNAISSANCE AC MAROC.
n’était partie. En marche, elle se grossit de tous les isolés qu’elle rencontre et qui
suivent la même route. A chaque gîte, elle s’accroît de quelques personnes qui profi¬
tent de l’occasion. El ctmara mliha , « la société est bonne », dit-on : la société est
une sûreté et souvent une économie. Cinq au départ, nous sommes déjà une douzaine :
nous arriverons quinze ou vingt à Fàs.
9 juillet.
Départ à 4 heures et demie du matin. Nous reprenons notre marche au travers
du même pays. A 2 heures, nous parvenons au bord de l’Ouad Ouerra. Le fond
de la vallée, très large ici, est limité des deux côtés par un talus de terre presque à
pic d’une dizaine de mètres de hauteur. L’aspect de la
vallée est riant : c’est une grande prairie où paissent
de nombreux troupeaux ; quelques bouquets d’arbres
l'ombragent; des jardins, des douars s’y voient en grand nombre. Au milieu, la
rivière, large de 80 mètres, aux eaux vertes, coule claire et rapide sur un lit de
galets. Ce lit est bordé de berges de terre à pic, de 4 à 5 mètres de haut; la largeur
de la rivière atteint près de 100 mètres au gué où nous la traversons; en ce point,
elle a environ 00 centimètres de profondeur; au-dessous, son cours se rétrécit,
mais elle devient profonde de lm,50. Nous nous arrêtons sur la rive gauche de l’ouad,
dans un petit douar ombragé de figuiers : c’est là que nous passerons la nuit.
Avant d’arriver à l’Ouad Ouerra, j’avais franchi un cours d’eau assez important,
l’Ouad Relût (berges de terre de 4 à 5 mètres de haut; eau claire et courante de 50 cen¬
timètres de profondeur; 15 mètres de large ; lit de gravier). Aujourd’hui , un peu
moins de monde sur le chemin que les jours derniers. Les cultures semblent aussi
un peu moins nombreuses et moins soignées. Les pâturages augmentent.
D’ici on voit, tout à fait dans le lointain, bornant l’horizon vers l’est, une longue
série de crêtes grisâtres très découpées; elles pa¬
raissent appartenir à des massifs élevés; un som¬
met se distingue par ses formes escarpées : c’est le
Djebel Oulad Aïssa. Plus près de moi, dans la
direction du sud, j’aperçois le Djebel Tselfat. - —
L’Ouacl Ouerra renferme beaucoup de poissons;
des hommes de la caravane pêchent , et en pren-
Djebcl Tselfat. (Vue prise du chemin
d’El Qçar à Fàs, à environ 10 kilomètres de la
montagne.) Croquis de l’auteur.
lient une quantité étonnante. 11 contient aussi des tortues, comme la plupart des cours
d’eau entre Tanger et F as.
10 juillet.
DE TANGER A MEKNAS.
17
les jours précédents; mais le terrain se modifie un peu. Il commence à changer
vers 9 heures et demie, à la frontière des Oulad Aïssa. Jusque-là c’était toujours
la même plaine à ondulations légères, succession de plateaux peu élevés, coupés de
vallées sans profondeur. A partir de là, les rides se creusent, les reliefs se pronon¬
cent. Cependant les mouvements sont encore peu accentués, et la région d’ici à l’Ouad
Sebou peut se considérer comme appartenant à celle où je suis entré le 5 juillet.
Mais, par divers côtés, elle annonce la contrée qu’on trouvera sur la rive gauche
du fleuve : déjà les flancs des vallées se couvrent de jardins; déjà apparaissent
sur les côtes des plantations d’oliviers, de vignes et de figuiers; déjà les collines
se couronnent de villages. De plus, la nouara hebila, plante curieuse qui couvre
une partie de la plaine que je finis de traverser, et que je n’ai jamais rencontrée
ailleurs, devient rare : par contre, le jujubier sauvage commence à se montrer;
depuis que je suis chez les Oulad Aïssa, j’en vois çà et là des buissons poussant
dans la campagne. On rencontre plus de passants qu’hier; le pays parait plus
habité et plus riche. Vers 3 heures et demie, nous atteignons la vallée du Sebou :
moins large que celle de l’Ouad Ouerra, elle est aussi nettement dessinée. Un
double talus à pente très raide en limite le fond de chaque côté. Ce fond est en
partie sablonneux : on y voit peu de«cultures, mais il y a des
pâturages avec plusieurs grands douars; au milieu coule, en
serpentant beaucoup, l’Ouad Sebou. La largeur moyenne
paraît en être de 00 mètres, la profondeur d’un mètre; il coule entre deux berges de
terre de 3 à 4 mètres de haut; les eaux en sont moins claires que celles de l’Ouad
Ouerra, mais le courant en est extrêmement rapide : nous profitons, pour le passer,
d’un gué où il prend une grande largeur et se divise en trois bras : dans les deux
premiers je trouve une profondeur de 50 centimètres environ; dans le troisième,
large de 50 mètres, une profondeur de 70 centimètres : le lit est formé de gros ga¬
lets. Nous faisons halte dans un douar, sur la rive gauche du fleuve, tout près d’un
rocher isolé, Iiadjra ech Chéri fa , qui donne son nom à ce lieu. Ici encore mes
compagnons font une pêche abondante. De l’Ouad Ouerra à l’Ouad Sebou, je n’ai
traversé que des ruisseaux.
1 1 juillet.
Départ à 5 heures du matin. Après nous être élevés par degrés en franchissant
une succession de côtes coupées de ravins assez profonds, nous arrivons à 10 heures
au cœur même du massif du Gebgeb. Nous nous mettons à gravir cette mon¬
tagne : le sol reste terreux, mais le chemin, en pente très raide, devient difficile. La
fatigue de la route est compensée par la beauté du paysage : autour de soi on ne
ISFCONNVlSSVNf.E AU MAROC. 3
IS
RECONNAISSANCE AU MAROC.
voit que vastes plantations de vignes et d’oliviers, s’étendant sur tout le liane de la
montagne et en couronnant le faîte; puis,
de temps en temps, on aperçoit vers la
droite la haute cime du Terrats, ou bien,
dans le lointain, la silhouette grise du
Zerhoun. A midi, j’atteins le col, situé
presque au niveau des sommets du mas¬
sif. De là on jouit d’un spectacle merveil¬
leux : à droite, le Terrats et le Zerhoun;
à gauche, l’arête rocheuse du Zalar; en avant, bornant toute l’étendue de l’horizon,
une ligne confuse de montagnes lointaines que dominent la haute cime du Djebel
Riata et les crêtes neigeuses du Djebel Béni Ouaraïn : au milieu de cette ceinture
grandiose, au pied même du Gebgeb, apparaît Fâs, émergeant comme une île
blanche de la mer sombre de ses immenses jardins.
Du col, la descente est aisée : à 2 heures, j’arrive à Bah Segma et j’entre dans
l’antique cité de Moulei Edris.
Pendant cette journée, une foule de voyageurs n’a cessé de sillonner le chemin :
«
Portion orientale du Djebel Zalar. Aqba el Djemel.
Partie orientale de Fâs el Bâli. (I.e reste de la ville est caché
par des collines couvertes de vergers.) (Vue prise à un kilomètre du mollah de Fâs, du chemin de Sfrou.)
Croquis de l’auteur.
Djebel Gebgeb et Djebel Terrats. (Vue prise
an nord-ouest de ces montagnes, du chemin d’EI Qçai vi Fâs.)
Croquis de l’auteur.
de Hadjra ech Cherifa à Fâs, le pays est d’une richesse extrême; ce ne sont que
cultures, villages, jardins, plantations de vignes et d’oliviers; quelques ravins sont
boisés; peu de places incultes, celles qu’on voit sont couvertes de jujubiers sauvages
et de palmiers nains : la nouara hebila a entièrement disparu. Peu d’eau courante,
mais des sources et des puits. Vers 7 heures et demie, j’ai passé au milieu de l’Arbaa
des Oulad Djema; malgré l’heure matinale, il était animé : il s’y trouvait 300 ou
400 personnes, et on venait de toutes parts.
DE TANGER A MEKNAS.
5U. — SEJOUR A FAS.
A mon passage à Tanger, M. Benchimol, dont le nom est connu en France
par les importants services que, depuis plus d’un siècle, sa famille 11e cesse de
rendre à notre pays, m’avait donné une lettre pour un des principaux négociants de
Fâs, M. Samuel Ben Simhoun. Je me fis immédiatement conduire à la maison de ce
dernier. Je reçus de lui le meilleur accueil. Je lui demandai aussitôt de m’aider à
•trouver les moyens de gagner le Tâdla; il me promit de le faire, et il m’offrit si
cordialement l’hospitalité que je n’hésitai pas à l’accepter. D’ailleurs je comptais 11e
passer que peu de temps à Fâs : cette ville étant décrite dans plusieurs ouvrages en
grand détail et mieux que je n’eusse pu le faire, je n’avais pas à l’étudier; il 111e
tardait, au contraire, de la quitter pour entrer enfin en pays inconnu. Je priai donc
M. Ben Simhoun de hâter mon départ pour le Tâdla : je tenais à y aller en coupant
au court, à travers le massif inexploré qu’occupent les Zemmour Chellaha et les
Zaïan.
Ce que je désirais n’était pas chose aussi facile que je l’avais cru. Nous n’obtinmes
d’abord que les renseignements les plus décourageants : le chemin que je voulais
prendre était impraticable, jamais on ne le suivait; les Zaïan et les Zemmour Chel¬
laha étaient des tribus sauvages chez lesquelles il était impossible de voyager; il ne
fallait pas songer à une route pareille; d’ailleurs n’en avait-on pas une autre, aussi
sûre que celle-ci l’était peu? celle qui se prenait toujours, et qui passait par Rebat
et Dar Beïda. On eut beau chercher, questionner, s’informer, ce fut tout ce qu’on
put obtenir. Au bout de huit jours, force fut de s’avouer qu’il n’y avait rien à es¬
pérer à Fâs. Mon hôte fit alors une dernière tentative : il écrivit à Meknâs, priant
un de ses amis d’y continuer les recherches qui jusque-là avaient si peu réussi. La
réponse ne se fit pas attendre : il existait à Meknâs un cherif, homme honorable, qui
connaissait le chemin que je demandais; il l’avait suivi lui-même plusieurs fois :
comble de bonheur, il avait l’intention d’aller à Bon el Djad dans quelque temps;
je pourrais partir avec lui , il se faisait fort de me faire passer partout. Mais il 11e
voyagerait qu’à la fin du Ramdân. Or le Ramdân commençait à peine. 11 était dur
d’être arrêté un mois à Fâs; d’autre part, l’occasion qui s’offrait était unique : il fallait
ou l’attendre, ou se résigner à suivre la route ordinaire. Je ne balançai pas, j’acceptai
la proposition du cherif. — Quant à mon séjour à Fâs, je m’efforcerais de l’em¬
ployer le plus utilement possible, j’en profiterais pour aller visiter Tâza et Sf 1*011.
Je 11e puis dire combien de zèle montra M. Ben Simhoun en ces négociations. Cest
lui qui fit toutes les démarches, toutes les recherches. Jusqu’au moment ou la dur-
mère disposition fut prise pour mon départ, il quitta ses occupations, négligea ses
20
RECONNAISSANCE AU MAROC.
affaires, pour se consacrer en entier à ce que je lui avais demandé. Il montra en tout
une intelligence, une activité, une discrétion dont je ne devais pas trouver d’autre
exemple au Maroc parmi ses coreligionnaires.
La population de Fâs est d’ordinaire estimée à 70000 habitants, dont 3000 Israé¬
lites : ces chiffres ne sont, je crois, pas loin de la vérité. Fâs fait un commerce
considérable; elle est le centre où affluent d’une part les marchandises européennes
Djebel Terrats.
Palais d’élé du sultan. Djebel Gebgeb. Djebel Zalar.
Monls Terrats, Gebgeb et Zalar et plaine du Sais. (Vue prise du chemin de Sl'rou à Fàs.)
Croquis de l’auteur.
Djebel Terrats. (Vue prise du mellah de Fàs.)
Croquis de l’auteur.
El Belialil. Djebel El Behalil. Portion orientale du revers nord du Djebel Béni Mtir.
Djebel El Belialil, portion orientale du revers nord
du Djebel Béni Mtir et plaine du Sais. (Vue prise du mellah de Fàs.)
Croquis de l’auteur.
venant par Tanger, de l’autre les cuirs du Tafilelt, les laines, la cire et les peaux de
chèvre des Ait Ioussi et des ffeni Ouaraïn, parfois même les plumes du Soudan. Les
laines, les peaux, la cire, sont expédiées par grandes quantités en Europe; les plus
beaux cuirs restent à Fàs où, travaillés par d’habiles ouvriers, ils servent à faire ces
boiras, ces coussins, ces ceintures, objets de luxe qu’on vient y acheter de tous les
points du Maroc du nord (1). Les objets d’origine européenne arrivant dans la ville
sont nombreux : velours, soieries, passementeries d’or et d’argent venant de Lyon;
sucres, allumettes, bougies de Marseille; pierres lines de Paris; corail de Gènes; co-
(1) Le Maroc se divise politiquement et commercialement en deux régions distinctes et presque sans rapports
l’une avec l’autre : la première a Fàs pour centre; on peut l’appeler Maroc du nord ou royaume de Fàs. La
DE TANGER A MEKNAS.
21
tonnades ( meriqan , shen, indiennes), draps, papier, coutellerie, aiguilles, sucres,
thés d’Angleterre; verrerie et faïences d’Angleterre et de France. Une portion de
ces marchandises, tout ce qui est passementeries, pierres ttnes, coutellerie, reste à
Fâs. Le reste, c’est-à-dire la plus grande part de beaucoup, va alimenter des mar-
Djebel Zerlioun. (Vue prise du chemin de Fàs à Sfrou, à un kilomètre du mellah de Fis.)
Croquis de l’auteur.
chés de Fàs au Tafilelt. Les grands négociants de la capitale envoient des agents,
munis de cotonnades et de bel ras, sur les marchés des Hiaïna et des Béni Mgild ;
de plus, ils ont des correspondants échelonnés depuis Sfrou jusqu’au Reteb : ils leur
expédient du sucre, du thé, des cotonnades, qui s’écoulent de lâchez les Béni Ouaraïn,
les Ait Ioussi, les Ait Tsegrouchen , et chez toutes les tribus de la haute Mlouïa et de
l’Ouad Ziz. D’un autre côté, les caravanes qui viennent du Tafilelt , apportant des
cuirs et des dattes, s’en retournent chargées de cotonnades, de sucre, de thé, de
riches vêtements de drap et de belras fines, pour lesquels Fâs est renommée, et
d’une pacotille de parfums, de papier, d’aiguilles, d’allumettes, de verres et de faïen¬
ces. Fâs fournit ainsi non seulement une partie du Maroc central, mais encore la
plus grande portion du Sahara oriental, toute celle qui dépend commercialement
de l’Ouad Ziz. Un commerce aussi étendu serait la source de richesses immenses
dans un autre pays; mais ici plusieurs causes diminuent les bénéfices : d’abord le
prix élevé des transports, tous faits à dos de chameau ou de mulet, prix que doublent
au moins les nombreux péages établis sur les chemins du nord de l’Atlas et les
escortes qu’il est indispensable de prendre au sud de la chaîne; ensuite, dans une
région dont la plus grande partie est peuplée de tribus indépendantes et souvent en
guerre entre elles, dont l’autre n’est qu’à moitié soumise et se révolte fréquemment,
il arrive sans cesse qu’une caravane est attaquée, qu’un convoi est pillé, qu’un agent
seconde a pour centre Merràkech : elle peut se désigner sous le nom de Maroc méridional ou royaume de
Merrâkech. Ces deux régions ont chacune leur capitale, chacune leurs ports, cha¬
cune leur commerce. Elles sont séparées par une longue ligne de tribus indépen
dantes, les Zaïr, les Zemmour Chellaha, les Zaïan, les Ichqern, les Ait Seri, les
Beràber, et par les régions montagneuses qui s’étendent entre les bassins de
l'Oumm er Rebia et du Dra d'une part, et ceux du Sebou, de la Mlouïa et du Ziz
de l'autre. Il n'y a que deux points par où communiquent ces deux contrées; ils
se trouvent aux extrémités opposées de la ligne qui les sépare; ce sont : au
nord-ouest, le bord de la mer; au sud-est, la plaine qui, par le Todra, le Ferkla
et le Reris, s’étend entre l'Ouad Dàdes et l’Ouad Ziz. Les deux chemins qui suivent, l’un cette plaine,
l’autre le rivage de l’Océan, sont les seuls qui mettent en relation le Maroc du nord et le Maroc du sud.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
22
est enlevé. Le commerce a donc ses risques, et plus d’un motif vient en amoindrir
les gains. Enfin il est entravé encore par le manque de crédit et par l’usure. Le taux
de l’intérêt atteint au Maroc des limites fantastiques, ou plutôt il n’en a pas. Voici
le taux auquel prêtent à Fâs des Israélites qui se respectent : 12 0/q pour un coreli¬
gionnaire d’une solvabilité certaine ; 30 Ü/o pour un Musulman d’une solvabilité éga¬
lement assurée; 30 0/o pour une personne de solvabilité moins sûre, mais qui fournit
un gage; 60 0/o dans les mêmes conditions sans gage (1).
Dans les diverses villes du Maroc que j’ai vues, le costume des Musulmans de
condition aisée est le même; je le décrirai ici une fois pour toutes : linge de coton;
(1) Il faut aussi compter parmi les obstacles au commerce l’absence d’un système monétaire uniforme. Il y a
bien une unité monétaire, lemitqal, se divisant en dix ouqia. Mais c’est une valeur toute théorique; il n’existe
point de monnaie la représentant : on se sert de pièces étrangères et de quelques rares pièces du pays, les
unes et les autres changeant de valeur dans chaque ville", dans chaque tribu. Les pièces en usage sont :
Le real (pièce de 5 francs, française ou espagnole) : il a cours partout; c'est la monnaie principale, l’unité
dont on se sert pour tous les comptes , toutes les évaluations.
La peceta (pièce de 1 franc; 5 valent un real) : toutes les pièces d’un franc françaises ou espagnoles passent
dans les grandes villes ; hors de là n’ont cours que les vieilles pecetas espagnoles du siècle dernier ou des dix
premières années de celui-ci.
Diverses monnaies marocaines en argent. Il yen a d’une foule de modèles, les unes anciennes, les autres
neuves ; les plus fortes sont un peu plus grosses qu’une pièce de 0 fr. 50 : on ne leur donne pas d’autre nom
que celui de leur valeur en ouqias, valeur qui change en chaque lieu. Elles passent dans tout le Maroc, mais
avec une valeur relative moindre que celle des pièces européennes.
Les pièces de 2 francs, de 0 fr. 50 et de 0 fr. 20, n’ont cours que dans les grandes villes; il en est de même
de toute la monnaie d’or. Les populations des campagnes et des petites localités , n'ayant pas le moyen de la
contrôler, refusent de l’accepter, craignant d’en prendre de fausse.
Comme monnaie de cuivre, on se sert d’une monnaie nationale dont l’unité est la mouzouna. On compte
quatre mouzounas dans l’ouqia et 40 dans le mitqal. Cette monnaie est en usage dans tout le Maroc; sa valeur
y est uniforme : c'est la seule pour laquelle il en soit ainsi. Il n’y a pas de pièces d’une mouzouna; il y en a
de 2/3 de mouzouna, de 1/6 de mouzouna, etc.
La pièce de 5 francs, seule unité pratique, a une valeur qui diffère en chaque lieu; de plus, en un
même point, cette valeur n’est pas fixe, elle oscille sans cesse entre certaines limites. Voici ce qu’elle valait en
divers endroits, aux époques où je les ai traversés : Tanger, Tétouan, El Qçar, Fàs, Meknâs, 10 mitqals; — de
Meknàs à Demnàt, 8 à 9 mitqals; — Demnât, Zaouïa Sidi Rehal, 10 mitqals; — Tazenakht, 10 à 11 mitqals; —
Zenàga, 8 à 9 mitqals; — Tisint, 4 mitqals 1/2 à 5 mitqals; — Tatta, Aqqa, Isaffen, Ilalen, Chtouka, Agadir
Irir, partie méridionale de la tribu des Haha, tout le Sahel marocain, de 3 mitqals 1/2 à 4 mitqals 1/2; — Ilir
(sur l’Ouad S. Mohammed ou Iaqob), 12 mitqals; — Taroudant, Houara, Menàba, 12 mitqals 1/2; — partie sep¬
tentrionale de la tribu des Haha, Mogador, 12 à 13 mitqals; — Mezgita, Ait Seddrât, 11 mitqals 1/2; — Tinzou-
lin , 8 mitqals; — toute la partie du pays de Dra située au sud du Tinzoulin, Tazarin, Todra, Ferkla, Tafilclt,
4 mitqals: — Dàdes, 4 mitqals 1/2; — Qçâbi ech Cheurfa, Misour, Outat Oulad el
lladj, 9 mitqals; — Debdou, 2 mitqals 1/2 (c’est-à-dire 100 mouzounas : on a adopté
cette valeur pour pouvoir compter d’après la règle française; dans ces conditions
chaque mouzouna vaut 5 centimes; on compte à Debdou par douros, francs, sous).
— Qaçba el Aïoun , 3 mitqals.
Ainsi qu’on le voit, la pièce de 5 francs ou real vaut de 8 à 12 mitqals dans le
nord et dans le centre du Maroc. Cette valeur baisse brusquement et tombe à 4 mit¬
qals, parfois même à moins, dans le Sahel (nom de la région qui horde l’Océan au
sud de l'Ouad Sous) et dans le Sahara. De même, à Debdou et aux environs de la frontière française, la néces-
DE TANGER A MEKNAS.
23
comme principal vêtement, soit un costume de drap brodé à la mode algérienne,
soit un long cafetan de drap de couleur très tendre, soit plus souvent encore la fara-
zia , sorte de cafetan de coutil blanc cousu au-dessous de la ceinture, comme la
gandoura, et se fermant du haut par une rangée de petits boutons de soie; sur la tête,
un large turban en étoffe très légère de coton blanc; par-dessus le tout, un léger haïk
de laine blanche unie; aux pieds, jamais de bas : de simples belras jaunes. Au Maroc,
la couleur des belras a la plus grande importance : le jaune est réservé aux Musul¬
mans, le rouge aux femmes, le noir aux Juifs : c’est une règle rigoureuse, observée
même. dans les campagnes les plus reculées. Les citadins portent rarement le ber-
nous : il ne fait pas partie de leurs habits ordinaires; on ne le met que lorsqu’il fait
froid. Les marchands, les individus de condition secondaire, remplacent volontiers
le costume algérien, le cafetan, la farazia, par la djelabia en laine blanche ou en
drap bleu foncé : avec la djelabia on ne porte pas le haïk. Quant aux pauvres, ils n’ont
qu’une chemise et une djelabia grossière. Les Musulmans de Fàs ont la peau d’une
blancheur extrême; ils sont en général d’une grande beauté; leurs traits sont très
délicats, efféminés même, leurs mouvements pleins de grâce; passant leur vie dans
les bains, ils sont la plupart, même les pauvres, de cette propreté merveilleuse qui
distingue les Musulmans des villes.
Si dans les cités la mode est invariable, c’est tout le contraire dans les campagnes.
A chaque pas, je la verrai changer. Je signalerai, chemin faisant, ces différences : elles
sont telles qu’on peut dire, à la vue du costume et des armes d’un Marocain , à quelle
région il appartient. De TétouanàFâs, l’habillement est uniforme*: c’est, pour les gens
dans l’aisance, une chemise de coton on de laine, une djelabia blanche, un haïk;
les pauvres portent des djelabias de couleur ou des lambeaux d’étoffe blanche dont
ils se couvrent comme ils peuvent. Les uns et les autres sont pour la plupart tête nue :
quelques-uns s’enroulent autour de la tète un turban étroit et mince qui en laisse
le sommet découvert. En fait d’armes, on a le fusil à un coup, à pierre; canon long,
large crosse triangulaire de bois noirci : la. crosse est très simple, sans autres orne-
sité (le se rapprocher de notre système a fait, dans une zone restreinte, tomber le real à 2 mitqals 1/2 et
3 mitqals.
Dans ces monnaies de valeur si variable, il circule beaucoup de pièces fausses : il en existe parmi les reals;
il en existe surtout parmi les pecetas espagnoles, qui sont la monnaie la plus commune. Ces anciennes pièces,
à empreinte souvent effacée, sont d’une imitation facile; aussi dans celles qui servent actuellement s en trouve-
t-il plus de fausses que d'authentiques. Ce sont les Juifs , les talebs, les cherifs , qui les confectionnent, tous
ceux, en un mot, qui ont quelque instruction : la plupart d entre eux s occupent d alchimie et, en attendant qu ils
découvrent la pierre philosophale, font de la fausse monnaie. Dans ces conditions, on ne reçoit d argent
qu'avec les plus grandes précautions; le moindre payement exige, dans les campagnes surtout, un temps infini ;
on n'accepte une pièce qu’ après l’avoir tournée , examinée , montrée a deux ou trois personnes, fait voir à un
Juif, s’il s’en trouve. Quant aux monnaies d'or, on n'en veut point, tant on craint d en prendre de fausses.
Enfin il n’y a pas jusqu’à celles de cuivre qui ne soient souvent falsifiées.
24
RECONNAISSANCE AU MAROC.
ment s que de légères incrustations de fil d’argent. Ces fusils se fabriquent surtout à
Tétouan. La poudre se porte dans des boîtes de bois en forme de poire : elles sont
toutes couvertes de gros clous de cuivre et de sculptures coloriées. Les sabres sont
rares dans cette région; les cavaliers seuls en ont. Les lames en sont courtes (70 à
80 centimètres), droites ou peu recourbées, très flexibles; les poignées, de corne ou
de bois, avec gardes et branches de fer; les fourreaux, de bois couvert de cuir, avec
garnitures en cuivre : ce type de sabre est le seul en usage au Maroc. Enfin , ici
comme ailleurs, tout le monde, hors des villes, porte habituellement le poignard,
même étant désarmé; il sert au besoin de couteau. Il y a deux modèles de poignards
au Maroc : l’un court et à lame courbe, seul usité dans le massif du Grand Atlas et
au sud de cette chaîne; l’autre plus long et à lame droite, en usage dans le nord,
où l’on rencontre aussi quelquefois, mais rarement, le poignard recourbé. Les har¬
nachements des chevaux sont au Maroc les mêmes qu’en Algérie; mais les housses
de selles sont de drap rouge, au lieu d’être de cuir, et les poitrails et les brides sont
brodés de soie d’une seule couleur, rouge d’ordinaire.
La ville et la province de Fâs sont administrées par trois bachas, commandant cha¬
cun à une portion de la ville et à un certain nombre de tribus de la campagne (1).
Il n’y a point de grand commandement dans le blad el makhzen. Jamais plusieurs
tribus considérables, plusieurs villes, ne sont réunies sous l’autorité d’un seul : chaque
tribu de quelque importance, chaque cité, chaque province a son qaïd, nommé direc¬
tement par le sultan et ne relevant que de lui. Bien plus, dans les capitales, à Fâs et
à Merrâkech, et dans les grandes tribus telles que les Haha, les Chaouïa, etc., l’auto¬
rité est répartie entre plusieurs gouverneurs. Ils portent le titre de hacha dans les
résidences impériales, Merrâkech, Fâs, Meknâs, celui de qaïd partout ailleurs. Cette
(1) Voici comment ils se partagent l’autorité :
1° Le bacha Sidi Abd Allah. Il a deux lieutenants, khalifa , nommés directement par le sultan. Relèvent de
lui : Fâs Qedîm; les gens du Rif habitant le Gebgeb et le Lemta; le Djebel Zerhoun, avec Zaouïa Moulei Edris,
dont il nomme le qaïd (il y a un qaïd à Zaouïa Moulei Edris, et des chikhs dans les autres villages du Zerhoun) ;
les Oulad el Hadj habitant autour du pont du Sebou.
2° Le bacha Ould Ba Mohammed. Il est assisté d’un lieutenant nommé par le sultan. Sont sous son autorité :
le mellah de Fâs; les Oulad Djema (deux marchés dans la tribu); les Behalil; les Oulad el Hadj habitant sur
la route de Fâs à Sfrou; les Chedja (à quelques heures de Fâs); les Hamian, les Mhaïa, les Oulad Sidi Chikh,
les Doui Mnia (campant tous dans le Sais); les Romera (près des Chedja). Toutes ces tribus sont dites de
« plaine ». Voici maintenant les tribus de « montagne » : les Fichtàla (sur le chemin du Rif, à une demi-
journée de Fâs; les Béni Ouriarel (sur le chemin du Rif, au delà des Fichtàla). Dans ces diverses fractions,
c’est le bacha qui nomme les chefs. Ceux de la plaine sont appelés khalifa es souq , « lieutenants du marché »,
parce que c’est sur les marchés qu’ils rendent la justice; les petites tribus en ont un, les grandes en ont
plusieurs. Dans la montagne, ils portent le nom de chikh : les Fichtàla et les Béni Ouriarel en ont un chacun.
3° Le hacha Hadj Saïd. Son commandement se compose de Qaçba Cherarda, redoute faisant partie de
l’enceinte de Fâs Djedid, au nord de Bab Segma; Sfrou (où il nomme le qaïd ainsi que le chikh des Juifs); les
gens du Sous et les nègres résidant aux environs de Fâs; les Cherarda (habitant entre Fâs et Sfrou dans la
partie appelée Bou Rejouan). Hadj Saïd est secondé par un khalifa.
Page 24.
1. — Fusil en usage au nord du Grand Atlas.
2. — Sabre.
3. — Corne à poudre en usage dans les bassins de
rOunim er Hebia, du Sous et du lira, et
sacs à balles.
4. — Sac à poudre en usage dans le bassin du Ziz
et chez les Ait Seddrât.
— Poignard à lame courbe,
ti. — Fusil en usage au sud du Grand Allas.
7. — Boite à poudre en usage dans le Sahel marocain.
DE TANGER A MEKNAS.
25
extrême division du pouvoir a pour but d’empêcher les révoltes. Le soin constant du
sultan est de veiller à ce que personne dans ses États ne devienne trop riche, ne
prenne trop d’influence. 11 suffirait de si peu pour renverser son trône chancelant!
6°. — VOYAGE A TAZA.
Il y a deux chemins principaux pour aller à Tàza : l’un, plus court, mais que l’on
ne prend jamais, remonte l’Ouad Innaouen par les tribus des Hiaïna et des Riata;
l’autre, généralement suivi, traverse les Hiaïna, les Tsoul, les Miknâsa, évitant le
plus longtemps possible le territoire des Riata et n’y entrant qu’à la porte de Tàza.
Les Hiaïna, les Tsoul, les Miknâsa font partie du blad el makhzen; mais ils n’obéis¬
sent qu’à demi; leur pays est peu sûr; les caravanes y circulent sans escorte, mais
les étrangers n’y voyagent guère isolés. Quant aux Riata, sur le territoire desquels
est Tàza, ils sont indépendants, et de plus célèbres par leurs violences et leurs brigan¬
dages. On ne saurait faire un pas sur leurs terres sans l’anaïa d’un membre de la
tribu; encore faut-il choisir un homme puissant et sûr, ce qui, pour un étranger sur-
♦
tout, n’est pas facile. Pour moi, je vais partir dans les conditions les plus favo¬
rables. En ces lieux où le sultan n’a aucun pouvoir, il est un homme tout-puissant :
c’est le moqaddem de la grande zaouïa de Moulei Edris de Fàs, Sidi Er Râmi (1).
Son influence, immense sur les Hiaïna, sur les Riata, s’étend plus loin encore;
tout le Rif, des Iiomera aux Béni Iznâten, toutes les tribus entre Fàs, Tàza et la Mé¬
diterranée, obéissent à ses moindres volontés : ont-elles des affaires à Fàs, c’est lui
qui s’en charge; le sultan désire-t-il quelque chose de l’une d’elles, il s’adresse à lui.
(1) Le chef de la zaouïa de Sidi Edris, qui porte le titre de moqaddem de cette zaouïa, n’est ni un descen¬
dant de Sidi Edris ni un cherif. C’est le chef d’une maison où la dignité de moqaddem de la zaouïa se perpétue
de père en fils depuis un temps très reculé. Il y a deux principales zaouïas de Sidi Edris : l’une au Djebel
Zerhoun, où est enseveli Sidi Edris le père, celui qui vint d’Orient s’établir au Maroc; l’autre à Fàs, où est
enterré le fils du pi'écédent, Sidi Edris, fondateur de Fâs. Cette dernière est la plus importante de beaucoup.
C’est là que réside le grand moqaddem. Un de ses parents dirige la zaouïa du Zerhoun. Le moqaddem est,
nous venons -de le voir, plus puissant en bien des lieux que le sultan : c’est un homme de grand poids au
Maroc. Sa famille est depuis longtemps plus vénérée que celle des descendants mêmes de Moulei Edris. Ce¬
pendant il donne à ces derniers une partie des offrandes qu’apportent les pèlerins à la zaouïa. Les cadeaux en
nature , grains , tissus , etc. , ainsi que ce qu’on lui remet personnellement, demeurent sa propriété particulière.
Mais outre ces dons il existe deux troncs où les dévots glissent des offrandes : le contenu de ces troncs est
distribué intégralement par lui entre un certain nombre de familles descendant de Moulei Edris. La postérité
de ce dernier est fort nombreuse; mais ne sont admises à participer à ce revenu de la zaouia que deux classes :
1° les familles résidant à Fàs et à Meknàs, au nombre d'une soixantaine; 2° celles qui font partie de la descen¬
dance de Moulei Abd es Selam ben Mechich, et qui demeurent soit dans les environs de Fàs, soit dans le Rif,
soit dans la région de Tétouan. C’est le moqaddem qui remet à chaque maison la part à laquelle elle a droit.
Le moqaddem actuel est un homme d’âge moyen. Il se nomme Sidi Er Râmi. Mais dans le peuple on ne 1 ap¬
pelle que Sidi Edris. Depuis longtemps on désigne de ce nom tous les moqaddems successifs de la zaouïa.
Sur la zaouïa de Moulei Edris, voir Ali Iley , t. I, chap. xi.
REGONNA1SS VNCE AU MAROC. 1
»
*
RECONNAISSANCE AC MAROC.
211
C’est à l’abri de cette puissante protection que je vais partir : à la prière de M. Ben
Simhoun, Sidi Er Râmi nie donne un de ses esclaves de confiance pour me con¬
duire à Tàza; nous prendrons le chemin le plus court, ce chemin que jamais on
n’ose prendre : où ne passerait-on pas sous une pareille sauvegarde? — Avec la même
facilité, avec la même sécurité que je vais aller à Tàza, on pourrait, par Sidi Er
Râmi, aller de Fâs à Chechaouen et à Tétouan par le chemin que j’avais voulu pren¬
dre et qui, dans le sens inverse, était si difficile. Ce qu’on m’avait dit à Tétouan
était donc exact.
20 juillet.
A 8 heures du matin, je suis à la porte de Fâs; un superbe cavalier noir y attend :
c’est mon guide; nous partons. Après avoir, sur un pont de huit arches, traversé
l’Ouad Sebou, nous nous mettons aussitôt à gravir le flanc droit de sa vallée, haute
croupe aux pentes assez raides, au sol jaune et nu : point 'de végétation, si ce n’est
çà et là de rares et maigres cultures. D’ailleurs le terrain est doux, sans une pierre;
le chemin bon et facile : cette côte, Aqba el Djemel, la seule qu’il y ait entre Fâs
*
et Tàza, est donc un faible obs¬
tacle. Nous la franchissons àquel-
que distance du sommet, et nous
descendons ensuite par son ver¬
sant est : il est semblable à l’autre,
mais en pente plus douce. A son
pied s’étend un plateau : sol dur,
terre semée de beaucoup de pier¬
res, nue dans quelques parties, le
plus souvent couverte de palmiers
nains et de jujubiers sauvages;
une série de ravins parallèles, parfois assez profonds, le coupe. C’est là que nous che¬
minons jusqu’au moment où nous atteignons l’Ouad Innaouen. Cette rivière a ici
25 mètres de large et 60 centimètres de profondeur moyenne : ses eaux, vertes et
limpides, coulent sur un fond de gravier, au milieu d’un lit de 50 mètres dont elles
n occupent que la moitié; le reste est couvert d’un fourré de lauriers-roses et de ta-
marix. Des berges de terre de 2 à 3 mètres bordent ce lit. L’Ouad Innaouen n’a pas
un courant régulier, comme celui de l’Ouad Sebou. Tantôt ses eaux sont assez pro¬
fondes, alors il a peu de courant; tantôt elles le sont très peu, et son courant est ra¬
pide : je ne crois pas que leur profondeur atteigne plus d’un mètre dans les parties
que je verrai. La rivière serpente beaucoup; aussi, sans en quitter les bords, la tra¬
verserai-je un grand nombre de fois d’ici à Tàza.
Djebel Zcrhoun.
F à s Djedid. Fâs el Bâli. Djebel Terrats.
Fâs. (Vue générale de la ville
et de ses jardins, prise du haul d’Aqba el Djemel.)
Croquis de l’auteur.
DE TA NI i EU A MEKNÀS.
Nous nous engageons dans cette vallée et nous y marchons jusqu’au soir. Le
fond, de bonne terre, inculte d’abord, se remplit ensuite, en partie, de champs, de
jardins et de bouquets d’arbres. Les lianes, talus de terre brune au sud, blanche
ou grise au nord, sont longtemps sans cultures, tantôt nus, tantôt couverts de pal¬
miers nains; ce n’est que vers la fin de la journée que quelques plantations nous
apparaissent sur leurs pentes. A 5 heures, nous faisons halte : nous sommes sur la
rive gauche de l’Ouad Innaouen, dans un petit douar où nous passerons la nuit.
La rivière a ici I 5 mètres de large et environ 50 centimètres de profondeur. Les
champs qu’on voit dans la vallée produisent du blé, de l’orge, du maïs; les jardins,
des melons, des pastèques, des courges, des oignons; les arbres sont des oliviers
et des figuiers.
L’Ouad Sebou, sous le pont où nous l’avons traversé, a 35 mètres de large et
80 centimètres de profondeur; il coule au milieu d’un lit moitié vase, moitié gra¬
vier, d’une largeur de 00 à 80 mètres : courant extrêmement rapide; eau jaune,
chargée de beaucoup de terre. Le pont est jeté au-dessus d’un gué ; .en amont et en
aval, le fleuve se rétrécit et prend une profondeur plus grande. Le fond de la vallée
est occupé partie par des cultures, partie par des roseaux. — Du haut d’Aqba el
Djemel, on aperçoit le pays au nord de l’Ouad Innaouen, jusqu’à une grande dis¬
tance : c’est, d’abord une large étendue de collines grises très ravinées; puis, en ar¬
rière, dans le lointain, s’échelonne une série de chaînes de montagnes qui paraissent
rocheuses.
30 juillet.
Départ à 5 heures du matin. Nous continuons à remonter l’Ouad Innaouen. Le
d’être calcaire ou glaiseux. Le flanc gauche change c
de peu de temps, les cultures en disparaissent, le sol
s’y hérisse de pierres; les pentes se raidissent, les
crêtes s’élèvent et se couvrent d’arbres; enfin le flanc
se confond avec une haute chaîne de montagnes,
rocheuse et boisée; au milieu d’elles se dresse la cime
majestueuse du Djebel Riata (1).
A 11 heures et demie, j’arrive à un accident de
terrain des plus curieux : devant moi, la vallée est
barrée par une ligne de collines
Djebel Iliata.
(l.cs parties ombrées sont boisées.)
(Vue prise au cou Huent de l*Ouad Innaouen
avec l’Ouad Amclloul.)
Croquis de l’auteur.
28 RECONNAISSANCE AU MAROC.
les monts Riata : ces collines sont peu élevées; un col est au milieu. La rivière, au
lieu de s’ouvrir un passage au travers de ce faible obstacle, passe plus au sud,
par une étroite et profonde coupure à hautes murailles de roc, creusée a pic dans
le liane du Djebel Riata. Cette brèche, qui n’a au fond que la largeur du cours d’eau,
verse tout le Marreb de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-èst, sortant de l'Océan a Agadir Irir, plongeant dans
la Méditerranée à Tunis. Il se divise naturellement en trois parties : Atlas Marocain, Atlas Algérien, Atlas lu-
nisien. Aux deux dernières on ne donne
que l'appellation générale d'Atlas. Dans
l’Atlas Marocain, au contraire, on dis¬
tingue le Grand Atlas, le Moyen Atlas
et le Petit Atlas. Ce sont trois chaînes pa¬
rallèles qui forment, dans ce pays, la par¬
tie essentielle du massif.
Le Grand Allas commence à l’Océan,
dans la tribu des Haha, et expire dans le
Dahra. C’est de beaucoup la plus haute
des trois chaînes; c’est aussi la plus longue
et c’est l’arête centrale.
Le Moyen Atlas est parallèle au Grand
et situé au nord de celui-ci. Commençant
non loin de Demnât, il expire dans le
Dahra, à l’est de Debdou. C’est la seconde
chaîne en hauteur.
Le Petit Atias , parallèle aux deux pre¬
miers, mais moins haut qu'eux, est situé
au sud du Grand Atlas : il commence à l'Océan, entre les embouchures du Sous et du Dra, et paraît expirer
entre le Dra et le Ziz, dans les plateaux qui avoisinent ce dernier fleuve.
Telles sont les trois chaînes fondamentales de l’Atlas Marocain. Il y en a d’autres secondaires, toutes paral¬
lèles aux premières. Parmi elles, la plus importante est celle devant laquelle nous sommes : commençant à
l’ouest d’Oulmess, elle passe au sud de Sfrou, a un de ses points culminants au Djebel Riata et se continue
par les monts Béni Bou Zeggou, Zekkara, etc., jusqu’en Algérie, où elle passe au sud de Tlemsen.
Je franchirai cette dernière chaîne à Oulmess, le Moyen Atlas entre Qaçba Béni Mellal et Ouaouizert, le Grand
Atlas à Tizi n Glaoui et à Tizi n Telremt, le Petit Atlas un grand nombre de fois.
Chaque fois que je dirai : « au nord de l’Atlas » , « au sud de l’Atlas » , ce sera toujours de l’arête principale
du massif que j’entendrai parler : il faudra donc comprendre : « au nord, au sud du Grand Atlas ».
Le nom de Djebel Riata, qu’on vient de lire plusieurs fois, s'emploie également pour désigner l'ensemble de
la région montagneuse occupée par les Riata et pour indiquer le pic remarquable qui en est le point dominant.
Ce pic est célèbre à plus d’un titre : très élevé, il se voit d’une grande distance; ses flancs passent pour ren¬
fermer des minerais de plusieurs métaux ; enfin son sommet est le lieu où se produit une particularité unique au
Maroc: chaque année, après la fonte des neiges, ses plus hautes pentes se couvrent d’une foule de chenilles à
longs poils; elles sont aussi froides que la glace, et c'est, disent les indigènes, la neige qui les enfante. On les
/
appelle des iakh (^j). Les chèvres mangent avidement ces chenilles, qui disparaissent bientôt. Il n'y ad'iakhs
au Maroc que sur le Djebel Riata. C’est à ces insectes qu'il est fait allusion dans ce dicton de Fâs :
« Deux ridicules sont plus froids que l'iach : le vieillard qui fait le jeune, et le jeune homme qui fait le
vieux. »
DE TANGER A MEKNAS.
21)
et dont les parois sont presque aussi rapprochées dans le haut que dans le bas, a ses
bords supérieurs bien au-dessus du sommet de la chaîne qui barre la vallée. Le che¬
min franchit cette chaîne en suivant une ligne elle-même remarquable : sur Lun et
l’autre versant, on marche dans le fond d’une petite ravine dont Ja ligne de thalweg
marque la place exacte où se sont rejoints les deux massifs pour former la digue; à
Coupure ou passe l'Ouad Inuaouen ,
à 17 kilomètres en aval de Tâza.
(Vue prise au point où la rivière entre dans la coupure.)
Croquis de l’auteur.
Coupure où passe l’Ouad Inuaouen ,
à 17 kilomètres en aval de Tâza.
(Vue prise au point où la rivière sort de la coupure.)
Croquis de l’auteur.
gauche de cette ligne, le terrain est entièrement calcaire, ce ne sont que côtes blan¬
ches s’étendant à perte de vue; à droite, il est tout roche, ce ne sont qu’énonnes
blocs de grès allant se confondre avec ceux du Djebel Riata.
Je me retrouve dans la vallée de l’Ouad Innaouen au moment où celui-ci, sortant
de sa coupure, y réapparaît aussi. Telle était la vallée ce matin , telle elle se retrouve
ici et telle elle restera jusqu’au bout : seulement, à partir de maintenant on n’y verra
plus ni arbres ni jardins; par contre, les cultures la couvriront presque entièrement.
Nous ne la quittons qu’à l’approche de Tâza. Nous coupons
alors au court à travers les premières pentes des montagnes
des Riata : sol rocheux, sources nombreuses, bois d’oli¬
viers et de figuiers, foule de jardins et de hameaux. A 3 heu¬
res et demie, nous atteignons un col : Tâza apparaît. Une
haute falaise de roche noire se détachant de la montagne et
s’avançant dans la plaine comme un cap; sur son sommet,
la ville, dominée par un vieux minaret; à ses pieds, d’im¬
menses jardins : tel est l’aspect sous lequel se présente ce lien. Bientôt nous entrons
Tâza.
(Vue de la ville,
prise du chemin de Tas.)
Croquis de l’aulour.
dans les jardins , jardins superbes qu’égalent à peine les plus beaux du Maroc. Us
couvrent le flanc gauche et le fond du ravin de l’Ouad Tâza; à l’ombre d’arbres
séculaires auxquels se suspendent de longs rameaux de vigne, nous franchissons ce
torrent et nous gravissons, au milieu des rochers, le chemin raide et difficile qui
conduit à la ville. A 3 heures et demie, j’atteins la porte de la première enceinte : j ôte
mes chaussures et j’entre.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
.‘JO
L’Ouacl Innaouen, au moment où je l’ai quitté, aune heure et demie de Tàza, n’a¬
vait plus que 5 à 0 mètres de large et environ 30 centimètres de profondeur. En aval
de la coupure qu’il traverse, au point où il en sort, sa largeur était encore de 8 mètres.
L’Ouad Tàza n’est qu’un torrent; ses eaux, se précipitant par cascades sur un lit de
roche, sont d’une limpidité extrême; il a 2 mètres de large. On le franchit sur un
pont d’une arche en fort mauvais état. De F as à Tàza, nous avons rencontré très peu
de monde sur la route : point de caravanes; comme voyageurs, quelques cavaliers
portant tous fusil et sabre; personne dans les champs; à quatre ou cinq reprises,
j’ai remarqué des vedettes en armes postées auprès du chemin : elles étaient là pour
veiller sur les moissons, et à l’occasion pour détrousser les étrangers. Pas une per¬
sonne, le long de la route, qui n’ait témoigné du plus profond respect pour mon
guide : tous le saluaient, lui adressaient la parole; la plupart lui baisaient la main.
Le pays que nous avons traversé est peu habité et mal cultivé; les tentes qu’on y
rencontre sont assez belles; mais les villages ont un aspect misérable, ils sont
composés de huttes plutôt que de maisons. Dans les douars, un grand nombre de
chevaux bien soignés, signe d’une population belliqueuse.
VILLE DE TAZA.
Elle est située sur un rocher, à 83 mètres au-dessus du lit de l’Ouad Tàza, à
130 mètres au-dessus de celui de
l’Ouad Innaouen. Adossée au
sud à une haute chaîne de mon¬
tagnes, bordée de précipices au
nord et à l’ouest et d’un talus
très raide au nord-est, elle n’est
facilement accessible que d'un
côté, le sud-est. Le plateau où
se trouve la ville est en pente
douce, vers Test d’une part,
vers l’ouest de l’autre. Tàza est
entourée de murs, doubles en
plusieurs endroits; autrefois ces
fortifications étaient plus con¬
sidérables encore, témoin les
ruines éparses aux abords de la
ville. Les murailles actuelles
fort minces et très vieilles; chose
<1*2 000
n’ont aucune valeur militaire : elles sont en pisé.
DE TANGER A MEKNAS.
31
rare, elles sont basses. Toute la surface close par la partie sud de l’enceinte est occu¬
pée par des jardins; au delà vient un deuxième mur, puis commence la ville pro¬
prement dite : là même tout n’est pas constructions; certaines parties du plateau,
vers l’est et vers l’ouest, sont couvertes de cultures. Tâza paraît avoir 3 à 4000
habitants, dont 200 Juifs fort à l’étroit dans un très petit mellah. Il y a quatre
mosquées, deux grandes et deux petites; deux ou trois fondoqs spacieux et bien
YYY, Chaîne rocheuse
à plusieurs kilomètres de Tàza.
Monts des Riata.
Enceinte extérieure de Tàza et campagne environnante. (Vue prise du mellah.)
Croquis de l’auteur.
installés, mais vides et tombant en ruine. La ville est construite moitié en pierres,
moitié en briques; les maisons sont peintes de couleur brun-rouge, ce qui leur
donne un aspect triste; elles sont, comme dans toutes les villes que j’ai vues au
Maroc, excepté Chechaouen et El Qçar, couvertes en terrasse. La plupart des habi¬
tations possèdent des citernes dont l’eau est délicieuse et glacée; mais c’est insuf¬
fisant. aux besoins des habitants et surtout à ceux des bestiaux : on va puiser ce qui
manque au torrent. Des jardins superbes entourent Tàza de tous côtés; l’Ouad Tàza
d’une part, de l’autre une foule de ruisseaux descendant de la montagne les arrosent :
c’est une épaisse forêt d’arbres fruitiers, d’une élévation extraordinaire, sans exem-
Cours de l’Ouad Innnoucn et campagne au nord-est de Tàza. (Vue prise du mellah de la ville.)
Croquis de l'auteur.
pie peut-être au Maroc; couvrant la plaine tout autour de la ville, ils se pressent
jusque sur le raide talus qui la borde à l’ouest et, atteignant là le pied de ses mu¬
railles, ils élèvent leur haute ramure au-dessus du faite des maisons.
©
RECONNAISSANCE AU MAROC.
:V2
HABITANTS.
Tâza est sous la domination nominale du sultan. De fait elle est au pouvoir de
la puissante tribu des Riata, qui en font la ville la plus misérable de la terre. Le
sultan y entretient un qaïd et une centaine de mkhaznis (1); ils vivent enfermés
dans le mechouar, d’où ils n’osent sortir par peur des Riata. L’autorité du qaïd est
nulle, non seulement au dehors, mais dans la ville même : ses fonctions se bornent
à rendre la justice aux citadins et aux Juifs dans les différends qu’ils ont entre eux.
Quant aux Riata, sur le territoire desquels se trouve Tâza, ils traitent cette cité en
pays conquis, y prenant de force ce qui leur plaît, tuant sur l’heure qui ne le leur
cède pas de bonne grâce. Au dehors, ils tiennent la ville dans un blocus continuel;
nul n’ose sortir des murs sans être accompagné d’un Riati : quiconque s’aventure¬
rait sans zetat, ne fût -ce qu’à 100 mètres, serait dévalisé, maltraité, peut-être
tué : c’est au point que les habitants ne peuvent pas aller seuls remplir leurs
cruches à l’OuadTâza; les Riata ont ainsi le monopole de l’eau, qu’ils apportent
chaque jour moyennant salaire. Au dedans, la ville est encombrée de Riata; on en
voit sans cesse un grand nombre flânant dans les rues, un grand nombre assis soit
devant les portes, soit à l’intérieur des maisons, soit sur les terrasses : on les recon¬
naît à leur sabre et à leur fusil, qui ne les quittent pas; ils s’installent où bon
leur semble, se font donnera manger; s’ils aperçoivent une chose qui leur plaise,
ils la prennent et s’en vont. Le jour du marché, où ils sont plus nombreux encore
que d’ordinaire, nul n’ose passer dans les rues avec une bête de somme, de peur de
se la voir enlever. En outre, de temps en temps ils mettent la ville en pillage
réglé; aussi, dès qu’un habitant a quelque argent, il se hâte de l’envoyer en lieu
sûr, soit à Fâs, soit à Qaçba Miknâsa. C’est un spectacle étrange que celui de ces
hommes se promenant en armes dans la ville, et y agissant toute l’année comme
ils pourraient faire dans une ville ennemie le jour de l’assaut. Il est difficile d’ex¬
primer la terreur dans laquelle vit la population. Aussi ne rêve-t-elle qu’une chose,
la venue des Français. Que de fois ai-je entendu les Musulmans s’écrier : « Quand
les Français entreront-ils? Quand nous débarrasseront-ils enfin des Riata? Quand
vivrons-nous en paix comme les gens de Tlemsen? » Et de faire des vœux pour que
(1) Les mkhaznis sont des miliciens irréguliers, plutôt gendarmes que soldats. Ils ne forment point de corps
constitués. Les principaux qaïds, ceux des villes surtout, en ont un certain nombre auprès d'eux; ils s’en
servent pour faire la police, et surtout pour pressurer le pays. Quand ils en ont 100, comme celui de Tâza, c'est
beaucoup. Il y a des mkhaznis à pied et à cheval : ils se montent et s’arment à leurs frais et à leur fantaisie :
leur solde est fort irrégulière; suivant l’exemple de leurs maîtres, ils vivent sur le peuple en extorquant de
l’argent, çà et là. Je pense qu'en estimant à 2000 le chiffre des mkhaznis ainsi disséminés dans les provinces
on aura un chiffre au-dessus de la vérité. Il y en a un plus grand nombre auprès du sultan, ne quittant pas
sa personne.
■»
DE TANGER A MEKNAS.
ce jour soit proche : l’arrivée n’en fait point de doute pour eux; ils partagent à cet
égard l’opinion commune à une grande partie de la population du Maroc oriental
et à presque toute la haute classe de l’empire, savoir : que dans un avenir peu éloi¬
gné le Marreb el Aqça suivra le sort d’Alger et de Tunis et tombera entre les mains
de la France. — Le commerce de Tâza est nul; les denrées européennes sont à un
prix double de celui de Fâs, résultat naturel de la difficulté des communications.
— Hélas! ces beaux jardins eux-mêmes, où Ali Bey se plaisait à entendre roucouler
pigeons et tourterelles, 11e sont plus aujourd’hui aux habitants qu’une source d’a¬
mers regrets : on les voit toujours aussi verts qu’au temps de Badia, les mêmes ruis¬
seaux y murmurent, les rossignols y chantent encore dans les arbres, mais les Biata
les ont tous pris.
RI ATA.
Les Biata sont une grande tribu tamazirt indépendante, occupant le revers nord
du haut massif montagneux dont l’un des points culminants porte son nom, et s’éten¬
dant jusqu’à la vallée de l’Ouad Innaouen. Elle est bornée à l’est par les Houara, au
nord par les Miknâsa et les Tsoul, à l’ouest par les Hiaïna, au sud par les Béni
Ouaraïn. Elle se subdivise en six fractions :
Aliel ed Boula (dans la montagne, du côté de la Mlouïa).
Béni Bon Iahmed (dans la montagne, à l’ouest d’Abel ed Boula).
Béni Bon Qitoun (dans la montagne, à l’ouest des Béni Bon Iahmed et à l’est de
Tàza) .
Béni Oujjan (dans la montagne, à l’ouest de Tàza et des Béni Bon Qitoun).
Aliel el Ouad (dans la montagne, sur les bords de l’Ouad el Khel (1), à l’ouest des
Béni Oujjan et au sud-est de la zaouïa de S. Abd er Rahman).
Aliel Tahar (dans la montagne, à l’ouest des Abel el Ouad et au sud-ouest de
la zaouïa de S. Abd er Rahman).
Ainsi qu’011 le voit, les Biata sont essentiellement montagnards. La partie de leur
territoire située en plaine est peu habitée, peu cultivée même, quoique fertile :
('lie a d’ailleurs peu d’étendue, comparée à l’épais massif montagneux qui forme
leur quartier principal : là sont leurs villages et leurs cultures,. sur de hauts pla¬
teaux, dans de profondes vallées presque inaccessibles; ces vallées sont, dit-on, d’une
fécondité extrême, ombragées d’oliviers, et produisant de l’orge en abondance. Les
lianes de la montagne contiennent , parait-il , divers minerais, d’argent , de fer, d an-
(1) L’Ouad cl Khel se jette sur la rive gauche de l’Ouad Innaouen : son cours, m’a-t-on assuré, est souterrain
sur une certaine longueur; sa vallée, très profonde, très étroite, d’abord très difficile, est d une richesse ex¬
trême. Ce n’est qu’un long jardin où s’échelonnent des villages nombreux.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
U
RECONNAISSANCE AC MAROC.
timoine et de plomb. Ce dernier métal est le seul qu’on sache extraire et travailler.
La fabrication des balles et celle de la poudre sont la principale industrie de la
tribu : il y a 80 maisons où l’on s’y livre. Les Hiata peuvent, je crois, mettre en ligne
environ 3000 fantassins et 200 chevaux. C’est une tribu belliqueuse et jalouse de son
indépendance. Ses six fractions sont journellement en guerre entre elles, mais elles
s’unissent toujours contre les ennemis communs. 11 y a environ sept ans, Moulei
El Hasen voulut la soumettre; il marcha contre elle à la tête d’une armée : ses trou¬
pes furent mises en déroute; lui-même eut son cheval tué dans la mêlée; il s’enfuit
à pied et non sans peine du champ de bataille (1). Depuis, il n’essaya pas de venger
cet échec. Les Itiata sont fort peu dévots : « ils n’ont ni Dieu ni sultan; ils ne con¬
naissent que la poudre » ; le fait est devenu proverbial. Cependant nous avons vu
quelle immense influence possède sur eux Sidi Edris; ils ont encore, mais à un de¬
gré moindre, du respect pour trois ou quatre autres cherifs, tels que Moulei Abd er
Rahman et Moulei Abd es Selam, dont nous verrons au retour les zaouïas. Ils n’élisent
parmi eux ni chiklis ni chefs d’aucune sorte; c’est l’état démocratique dans toute sa
force : chacun pour soi avec son fusil. Cependant, là comme partout, quelques hom¬
mes possèdent, par leur fortune, par leur courage, une influence particulière : de
nos jours, l’homme le plus considérable des Iiiata est un personnage du nom de Del
Khadîr, habitant le village de Negert. Les Hiata sont Imaziren (Chellaha) de race,
et le tamazirt est leur langue habituelle; mais, par suite de leur voisinage avec
plusieurs tribus arabes, telles que les Iliaïna, les Oulad el Hadj, etc., un grand
nombre d’entre eux parlent l’arabe. Ils sont de très haute faille; leur costume ne
diffère pas de celui que nous avons vu de Tétouan à Fâs, si ce n’est par la coiffure :
tous ont la tète nue, avec un mince cordon de poil de chameau ou de coton blanc
lié autour. Ils ne marchent jamais qu’armés, et ont sabre et fusil : ce dernier est de
forme analogue à ceux qu’on a décrits plus haut, mais plus grossier; quelques-uns
ont des fusils européens à capsule. Les femmes ne se voilent point. On en voit un
grand nombre en ville le jour du marché : de taille élevée, portant leur jupe re¬
troussée au-dessus du genou, elles ont l’air si martial que, ne fût l’absence d’armes
et de barbe, on pourrait les prendre pour des hommes. Les Hiata sont grands fumeurs
de kif ; de plus, il existe chez eux une coutume que j’ai rarement vue ailleurs : tous,
hommes et femmes, prisent. Si l’usage de fumer le kif (2) est, à des degrés divers,
(1) Le combat eut lieu dans la montagne, sur les bords de l’Ouad Bou Gerba. Les Hiata avaient, dit-on,
construit des barrages qu'ils rompirent tout à coup : les eaux du torrent se précipitèrent avec fureur et em¬
portèrent une partie de l'armée du sultan.
(2) On appelle ainsi le chanvre indien, connu ailleurs sous le nom de hachich. On ne le désigne au Maroc
que sous celui de kif. Il s’en fait en ce pays une grande consommation. Dans les villes, l'usage en est extrême¬
ment répandu : la plus grande partie des classes moyenne et pauvre, les petits marchands, tout ce qui est
mkhazni , soldat, la plupart des esclaves l'y fument. Le tabac est moins à la mode; s'en sert-on. c'est presque
DE TANCEE A MEK N A S.
.'15
répandu dans tout le Maroc, celui de fumerie tabac l’est très peu et ne se trouve que
dans quelques tribus du Sahara; quant à celui de priser, il' est encore plus rare :
assez commun dans les villes, je ne l’ai vu aux gens de la campagne que chez les
Riata, chez les Oulad el Hadj et à Misour.
G août.
C’est aujourd’hui que je quitte Tàza, cette ville si florissante et si heureuse, il y a
quatre-vingts ans, qu’Ali Bey la trouvait alors la plus agréable du Maroc, et que l’anar¬
chie a réduite maintenant à en être de beaucoup la plus misérable. Je n’ai plus pour
m’en retourner ma puissante protection de l’aller, aussi prendrai-je un autre chemin;
voici la combinaison qui est adoptée : deux cavaliers Riata, me servant de zetats, me
conduiront à la zaouïa de Moulei Abel er Rahman. Là je demanderai au cherif de me
faire mener au Tlâta Hiaïna : c’est demain mardi, je trouverai au marché maintes
caravanes allant à Fàs; il n’y aura qu’à se joindre à l’uiie d’elles.
Départ à 7 heures du matin. Outre mes deux zetats, un Juif de Tàza m’accompagne,
précaution indispensable pour assurer la fidélité de l’escorte. A 11 heures et demie,
nous parvenons à la zaouïa. Ici, comme dans la plus grande partie du Maroc, on
étend ce nom à toute demeure de cherif ou de marabout un peu marquant; telle est
la zaouïa où nous venons d’arriver : point d’enseignement , point de khouan ni de
corps de talebs, mais une famille de cherifs, vénérée par les tribus environnantes, et
vivant des dons à peu près réguliers qu’elles lui apportent et qu’au besoin elle va
chercher. C’est ici que je passerai la nuit : demain matin, un neveu de Moulei Abd
er Rahman me conduira au Tlâta. Le hameau où je suis a, malgré son titre pom¬
peux, un aspect des plus misérables : maisons très basses, murs de pisé ou de pier¬
res sèches, terrasses grossières chargées de terre. Dans les villages des Riata, les habi-
toujours mélangé au kif. Les Juifs seuls ont l’habitude de la cigarette. La consommation du kif et du tabac est
assez importante pour que le sultan se soit réservé le monopole de leur introduction dans les villes, monopole
qu’il afferme soit à des compagnies, soit à des particuliers. A Fàs, c’est une société de vingt Israélites qui le
possède en ce moment. Sfrou et Tàza dépendent de cette même société. La plus grande partie du kif et
du tabac qui pénètrent dans" ces villes vient du Rif; plusieurs tribus y vivent presque exclusivement du revenu
de cette culture : parmi elles on cite les Ketâma, petite tribu voisine des Béni Zerouàl; ses produits sont les
plus renommés du nord du Maroc.
La difficulté de se procurer du kif dans les campagnes fait (pie l'usage de le fumer y est bien moins répandu
que dans les villes : le prix en étant plus élevé, il y devient un luxe; au lieu d’être, comme dans les cités, la
consolation de la classe pauvre, il y devient la distraction des riches . et surtout des cherifs et des marabouts.
Ces derniers sont à peu près les seuls qui l’y fument : on peut presque partout les reconnaître au double usage
du kif et de l’eau-de-vie (rnahia) , qui forme un de leurs caractères distinctifs. Quant au tabac, une fois sorti des
villes, je le verrai disparaître complètement jusqu’au Sahara; mais là je trouverai vers Tisint, Tatta, Aqqa, une
vaste région où tout le monde le fume du matin au soir : les tabacs à la mode y sont ceux du l’ouat, du Dra, et
surtout d’Ouad Noun.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
3 fi
tâtions sont couvertes en terrasse; au contraire, chez les Hiaïna, ainsi qu’entre Fâs
et Tanger, on voit partout des toits de chaume.
7 août.
.Te pars à 4 heures du matin, escorté par le jeune cherif mon zetat et deux de ses
domestiques. Le chemin traverse une région accidentée, mais sans relief important :
collines calcaires : peu de pierres; les vallées et les pentes douces cultivées; le reste
couvert de chardons. À 5 heures, nous arrivons à la limite des Riata. Ici notre cherif
déclare à Mardochée qu’il n’ira pas plus loin avant d’être payé : le prix, convenu d’a¬
vance, était de deux reals. Mardochée les lui remet : « Donne-m’en encore deux au¬
tres. — Mais... — Tais-toi et donne! — Voilà... — Maintenant donne un demi-real à
chacun de mes domestiques. — Mais... — Tais-toi et donne! — A présent, un de mes
hommes va te mener jusqu’au marché. — Comment, après tout ce qu’on t’a donné,
tu ne nous conduis pas toi-même? — Accompagner de vilains Juifs comme vous! A ta
mère ! » A ces mots il fait demi-tour, et nous nous estimons heureux qu’en nous
abandonnant il nous ait laissé un de ses serviteurs : celui-ci du moins est fidèle et
nous amène au Tlàta. Pour y parvenir, on franchit un massif assez haut, le Djebel
Oulad Bon Ziân. Au pied de son versant ouest, sur
un plateau, se trouve le marché. Nous y arrivons à
0 heures du matin. Le terrain jusque-là était cal¬
caire; les cultures consistaient en blé, orge et maïs;
les portions incultes étaient parfois nues, parfois
couvertes de palmiers nains, le plus souvent de
chardons. Pendant une partie du chemin, j’aper¬
çois dans le lointain, à ma droite, le Djebel Béni Ouaraïn; il est encore tel que je
le vis du Gebgeb; les mêmes sillons de neige brillent sur ses flancs.
Le marché est animé au moment où nous arrivons; il s’y trouve 500 ou 000 per¬
sonnes : tout le monde est armé, sabre au côté et fusil sur l’épaule. On vend des
grains, des bêtes de somme, du bétail, des cotonnades, des belras, de l’huile, du su¬
cre, du thé; de plus, on abat sur place des bœufs, des moutons et des chèvres qu’on
dép )èce et débite à mesure au détail. Vers midi et demi, la dispersion commence :
chacun reprend le chemin de son douar ou de son village. J’ai trouvé une petite
caravane allant à Fâs; à 1 heure, je pars avec elle. Nous marchons toute l’après-
midi en terrain accidenté : succession de collines calcaires, de vallons, de ravines; de
même que ce matin, il y a de longues côtes, mais il est rare quelles soient très rai¬
des, et elles ne sont jamais difficiles. Pendant une grande partie de la route, on dis¬
tingue le cours de l’Ouad Innaouen et le Djebel Riata; le Djebel Béni Ouaraïn se
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Djebel Déni Ouaraïn.
(Les parties ombrées sont couvertes de neige.)
(Vue prise
du col du Djebel Oulad Bou Ziân,
sur le chemin de Tâza à Fâs.)
Croquis de l’auteur.
«r
DE TANGER A MEKNAS.
37
voit au commencement; vers le soir, le Zalar et le Terrats apparaissent. Peu de
champs; nous cheminons au milieu d’étendues incultes couvertes de palmiers nains,
de jujubiers sauvages et de chardons; ces plantes, si vivantes d’habitude, sont ici flé¬
tries et jaunies par le soleil : c’est la première fois que je les vois en cet état, et ce sera
la dernière. A 6 heures et demie, nous faisons halte dans un petit village où nous
passerons la nuit.
Pendant la matinée, ainsi que le soir jusqu’à 2 heures et demie, il y avait une
foule de monde sur le chemin, gens allant au marché ou en venant; à partir de
2 heures et demie, nous n’avons rencontré presque personne. Nous n’avons traversé
aujourd’hui aucun cours d’eau de quelque importance : l’Ouad Amelloul n’est qu’un
gros ruisseau dont les eaux avaient à peine, au point où nous l’avons passé, 3 mètres
de large et 20 à 30 centimètres de profondeur.
8 août.
Départ à 4 heures du matin. Nous descendons vers l’Ouad Innaouen ; après en
avoir traversé la vallée, nous nous engageons sur le plateau qui forme le flanc
gauche : là nous retrouvons le chemin que nous avons pris en venant. Nous le sui¬
vons jusqu’à Fâs, où nous arrivons à midi.
7°. — EXCURSION A SFROU.
La route de Fâs à Sfrou est sûre dans ce moment : il n’en est pas toujours ainsi.
Les tribus des environs de Fâs sont tantôt obéissantes, tantôt en révolte : suivant
ces deux états, les chemins de Sfrou et de Meknâs sont tantôt sans danger, tantôt
périlleux. A l’heure qu’il est, on circule sans le moindre risque sur l’un et l’autre.
20 août.
Départ de Fâs à 5 heures du matin. Pendant la première portion du trajet, je
traverse la partie orientale du Sais : plaine unie, sans ondulations; sol dur, assez
pierreux, couvert de palmiers nains. Vers 8 heures, le pays change : fin du Sais;
j’entre dans une région légèrement accidentée : collines très basses, à pentes douces
séparées par des vallées peu profondes; sol souvent pierreux, parfois rocheux; terre
rougeâtre; à partir d’ici, on voit une foule de sources, de ruisseaux, dont les eaux,
courantes et limpides, sont bordées de lauriers-roses. A 9 heures, je passe à hauteur
d’un très grand village, El Behalil (1) : il porte, dit-on, ce nom parce que ses habi¬
tants prétendent descendre des Chrétiens. Quelle que soit son origine, son état actuel
(1) Les sots.
R E CO NN A ISS ANC K AU MAROC.
38
est prospère; les maisons y sont bien construites et blanchies : autour s’étendent au
loin de beaux et vastes vergers qui, avec ceux de Sfrou et du Zerhoun, forment cette
longent à nos pieds en masse sombre; une pente douce y conduit : la ville est au
milieu; mais, cachée dans la profon-
’eur des grands arbres, nous ne l’a-
ercevrons qu’arrivés à ses portes. A
heures et demie, j’entre dans les
jardins, jardins immenses et merveil¬
leux, comme je n’en ai vu qu’au Maroc :
Jardins de Sfrou
et Djebel Ait loussi. (Vue prise du chemin de Fàs à Sfrou.)
Croquis de l’auteur.
grands bois touffus dont le feuillage épais répand sur la terre une ombre impéné¬
trable et une fraîcheur délicieuse, où toutes les branches sont chargées de fruits,
où le sol toujours vert ruisselle et murmure de sources innombrables. Chechaouen,
Tàza, Sfrou, Fichtâla, Béni Mellal, Demnât, autant de noms qui me rappellent ces
lieux charmants : tous sont également beaux, mais le plus célèbre est Sfrou. A
10 heures, j’arrive à la ville : de grands murs blancs l’entourent, elle a l’aspect
propre et gai.
C’est surtout en la parcourant qu’on est frappé de l’air de prospérité qui y
règne : on ne le retrouve en aucune autre ville du Maroc. Partout ailleurs on ne
voit que traces de décadence : ici tout est florissant , et annonce le progrès. Point de
ruines, point de terrains vagues, point de constructions abandonnées : tout est
habité, tout est couvert de belles maisons de plusieurs étages, à extérieur neuf et
propre; la plupart sont bâties en briques et blanchies. Sur les terrasses qui les
surmontent, des vignes, plantées dans les cours, grimpent et viennent former des
tonnelles. Une petite rivière de 2 à 3 mètres de large et de 20 à 30 centimètres de
profondeur, aux eaux claires, au courant très rapide, traverse la ville par le milieu :
trois ou quatre ponts permettent de la franchir. Sfrou a environ 3 000 habitants,
dont 1000 Israélites. 11 y a deux mosquées et une zaouïa; celle-ci renferme de nom¬
breux religieux appartenant aux descendants de Sidi El Hasen el loussi (1). On
remarque aussi beaucoup de turbans verts, insigne des Derkaoua.
(1) Sidi El Hasen el loussi est un célèbre marabout marocain qui naquit dans la première moitié du xi® siècle
de l'hégire (entre 1502 et 1040, environ). Voici quelques notes concernant sa personne : elles sont extraites
d’un ouvrage écrit par lui-même, Mohadarat Chikh Kl Hasen el loussi; elles m'ont été communiquées par
M. Pilard, ancien interprète militaire : « Je suis El Hasen ben Mesaoud ben Mohammed ben Ali ben Iousefben
« Ahmed ben Ibrahim ben Mohammed ben Ahmed ben Ali ben Amar ben Iahia ben Iousef (et celui-ci est
« l'ancêtre de la tribu) ben Daoud ben Idracen ben Ietatten. Voilà quelle était la généalogie (de Iousef) lors-
« qu'il vint se fixer à Hara Aqlal, bourgade du Ferkla encore bien connue aujourd'hui... Quant au qualificatif
« de loussi, on disait originairement el lousfi, et ce nom rappelait l’ancêtre de notre tribu. Mais, dans leur
* idiome, les gens de notre pays suppriment 1T... Mon maître fut le Chikh el Islam Abou Abd Allah Sidi
« Mohammed En Nacer ed Draï. »
DE TANGER A MEKNAS.
39
Sfrou tire sa richesse de plusieurs sources : ce sont : 1° le commerce qu’elle fait
avec les tribus des environs, Ait Ioussi, Béni Ouaraïn, etc. ; elle leur vend les produits
européens et prend en échange des peaux, et surtout de grandes quantités de laines :
ces dernières, parmi lesquelles celles des Béni Ouaraïn sont les plus estimées, sont
lavées et nettoyées à Sfrou, où ce travail occupe une grande partie de la population;
puis on les vend à Fûs, parfois même directement à Marseille; 2° le passage des
caravanes du Tafilelt et le commerce qu’elle fait avec Qçâbi ech Cheurfa et le sud ;
3° ses jardins : elle exporte à Fàs une multitude énorme de fruits : olives, citrons,
raisins, cerises, etc.; le raisin est si abondant qu’on en fait d’excellent vin à
10 francs l’hectolitre; 4° les poutres et les planches qu’elle reçoit du Djebel Ait Ioussi
et qu’elle expédie dans les villes du nord : elles sont toutes de bois de cèdre; chaque
tronc donne, en poutres, 4 ou 5 charges de mulet : ces cèdres poussent sur le terri¬
toire des Ait Ioussi. D’autres tribus voisines, telles que les Béni Mgild (1), en possè¬
dent aussi de grandes forêts, mais les exploitent peu.
La ville n’est sur le territoire d’aucune tribu ; elle a un qaïd spécial et dépend de
la province de Fàs : c’est ici que finit cette dernière; au point où s’arrêtent, vers le
sud, les jardins de Sfrou, commence le territoire des Ait Ioussi.
. 21 août.
Je reviens à Fàs en passant, au retour, par le même chemin qu’à l’aller. Aujour¬
d’hui comme hier, je rencontre beaucoup de passants sur la route : àniers et chame¬
liers conduisant des convois de fruits et de planches, voyageurs isolés allant à Sfrou,
caravanes partant pour le Sahara. Personne n’est armé : les femmes ne se voilent
pas.
8°. — DE FAS A MEKNAS.
Parti de Fàs le 23 août, à ô heures du matin, j’arrive le même jour vers 4 heures
et demie du soir à Meknâs. Entre ces deux villes s’étend une vaste plaine, le Sais.
Bornée au nord par les monts Outita, Zerhoun, Terrats et Zalar, à l’est par le flanc
droit de la vallée du Sebou, au sud par les monts El Behalil et Béni Mtir, elle s’é¬
tend à perte de vue vers l’ouest. Cette plaine se divise en deux parties de niveaux
differents : l’une plus basse, où est Fàs, l’autre plus haute, où est Meknàs ; elles sont
unies par un talus en pente douce situé à environ moitié chemin entre les deux
villes. Le Sais reste le même sur toute son étendue : terrain très plat couvert de pal¬
miers nains; pas la moindre trace de culture, bien que le sol soit très arrosé. <hi
(1) Sur le territoire des Béni Mgild se trouve, au milieu des forêts, une source célèbre, Ain el Louh : elle
est, dit-on, à deux journées de marche de Sfrou, dans la direction du sud-ouest.
40
RECONNAISSANCE AU MAROC.
traverse, outre une quantité de gros ruisseaux d’eau courante, quatre rivières :
l’Ouad Nza (gué au-dessous d’un pont de 5 arches; 10 à 12 mètres de large; 40 à
50 centimètres de profondeur; eau très claire; courant rapide); l’Ouad Mehdouma
(10 mètres de large; 40 à 50 centimètres de profondeur; eau claire; courant ra¬
pide); l’Ouad Djedida (8 mètres de large; 30 à 40 centimètres de profondeur;
eau limpide et courante); l’Ouad Ousillin (8 mètres de large; 30 à 40 centimètres
de profondeur; eau claire et courante). Durant toute la route, nous avons soit devant
nous, soit à notre droite, le Djebel Zerhoun : ce massif, sans autres arbres que ceux
de ses jardins, est d’une fertilité extraordinaire; ses pentes, ainsi que le plateau qui
Djebel Oulila.
Djebel Zerhoun.
Djebel Zerhoun, Djebel Oulila cl i*laine du Sais. (Vue prise à 13 kilomètres de Meknàs, du chemin de Fâs.)
Croquis de l’auteur.
le couronne, sont couverts de vergers et de cultures; il est renommé pour ses olives,
ses raisins, ses oranges, ses fruits de toute espèce. La population y est très dense;
du chemin, on distingue à son flanc les masses blanches d’un grand nombre de villa¬
ges : ceux-ci renferment, dit-on, des maisons aussi belles que les plus belles de Fâs.
Les habitants du Zerhoun, comme les nomades du Sais, ne parlent que l’arabe.
Je p asse quelques jours ici, attendant que Sidi Omar, le cherif qui doit me mener
à Bou el Djad, achève ses préparatifs. 11 faut de plus, chose aussi nécessaire pour le
cherif que pour moi, chercher des zetats qui nous protègent sur les territoires des
Gerouân et des Zemmour Chellaha, où nous aurons à marcher dès le premier jour :
ces tribus sont toutes deux insoumises. Le blad es siba, pays libre, commence aux portes
de Meknàs, et le chemin y demeurera jusqu’au Tàdla ; le Tàdla en fait lui-même
partie. Nous quittons donc pour longtemps les États du sultan, le blad el makhzen,
triste région où le gouvernement fait payer cher au peuple une sécurité qu’il ne
lui donne pas; où, entre les voleurs et le qaïd, riches et pauvres n’ont point de répit;
où l’autorité ne protège personne, menace les biens de tous; où l’État encaisse tou¬
jours sans jamais faire une dépense pour le bien du pays; où la justice se vend, où
l’injustice s’achète, où le travail ne profite pas; ajoutez à cela l’usure et la prison
pour dettes : tel est le blad el makhzen. On travaille le jour, il faut veiller la nuit :
ferme-t-on l’œil un instant, les maraudeurs enlèvent bestiaux et récoltes; tant que
l’obscurité dure, ils tiennent la campagne : il faut placer des gardiens; on n’ose
sortir du village ou du cercle des tentes; toujours sur le qui-vive. A force de fatigues
et de soins, a-t-on sauvé les moissons, les a-t-on rentrées, il reste encore à les
dérober au qaïd : on se hâte de les enfouir, on crie misère, on se plaint de sa ré-
DK TANGER A MEK N AS.
il
coite. Mais des émissaires veillent : ils ont vu que vous alliez au marché sans y
acheter de grains : donc vous en avez; vous voilà signalé : un beau jour une ving¬
taine de mkhaznis arrivent; on fouille la maison, on enlève et le blé et le reste;
avez-vous des bestiaux, des esclaves, on les emmène en même temps : vous étiez
riche le matin, vous êtes pauvre le soir. Cependant il faut vivre, il faudra ensemen¬
cer l’année prochaine : il n’y a qu’une ressource, le Juif. — Si c’est un honnête
homme, il vous prête à 00 0/o, sinon à bien davantage : alors c’est fini; à la première
année de sécheresse, viennent la saisie des terres et la prison; la ruine est consom¬
mée. Telle est l’histoire qu’on écoute à chaque pas; en quelque maison que l’on
entre, on vous la répète. Tout se ligue, tout se soutient pour qu’on ne puisse échap¬
per. Le qaïd protège le Juif, qui le soudoie; le sultan maintient le qaïd, qui apporte
chaque anpée un tribut monstrueux, qui envoie sans cesse de riches présents, et qui
enfin n’amasse que pour son seigneur, car tôt ou tard tout ce qu’il possède sera con¬
fisqué, ou de son vivant, ou à sa mort. Aussi règne-t-il dans la population entière
une tristesse et un découragement profonds : on hait et on craint les qaïds; parle-
t-on du sultan, tema bezzef , « 11 est très cupide, » vous répond-on : c’est tout ce qu'on
en dit, et c’est tout ce qu’on en sait. Aussi combien ai-je vu de Marocains, reve¬
nant d’Algérie, envier le sort de leurs voisins : il est si doux de vivre en paix! qu’on
ait peu ou qu’on ait beaucoup, il est si doux d’en jouir sans inquiétude! Les routes
sûres, les chemins de fer, le commerce facile, le respect de la propriété, paix et justice
pour tous, voilà ce qu’ils ont vu par delà la frontière. Que leur pays, si misérable
quoique si riche, serait heureux dans ces conditions!
RECONNAISSANCE ALI MAROC.
f)
42
RECONNAISSANCE AU MAROC.
IL
DE MEKNAS A QAÇBA BENI MELE AL.
1°. — DE MEKNAS A BOU EL DJ AD.
27 août 1883.
Enfin je quitte Meknâs. Nous partons plus nombreux que je ne pensais : plusieurs
personnes veulent profiter de la société de mon chérit, et se joignent à nous : ce
sont d’abord six ou huit Musulmans pauvres qui se rendent dans le Tàdla, puis deux
Juifs de Bon el Djad qui regagnent leur pays. De plus, nous faisons route jusqu’à
Tlâta ez Zemmour avec une caravane d’une cinquantaine de marchands qui vont à ce
marché. Nous sommes ainsi près de soixante-cinq : un seul zetat nous protège tous;
c’est un homme des Zemmour, Moulei Ez Zaïr.
Partis à 11 heures du matin, nous arrivons vers 5 heures et demie du soir à un
petit douar où nous passerons la nuit. Le terrain ne présente aucune difficulté durant
le chemin : on est d’abord en plaine; beaucoup de cultures; de là on passe à un ter¬
rain accidenté, sans reliefs importants, région très arrosée, peu cultivée, couverte de
lentisques assez hauts, de jujubiers sauvages et de palmiers nains. C’est le pays des
Zemmour Chellaha; la plaine appartenait aux Gerouân. Les deux tribus sont de
race tamazirt (chleuha) et insoumises; nous ne tardons pas à nous en apercevoir.
Les Gerouân ont, avec les voyageurs, le système de quelques tribus limitrophes
du blad el makhzen : elles ne pillent ni ne donnent d’anaïa, mais, à chaque
douar devant lequel on passe, on vous arrête et il faut payer un droit arbitraire, la
zetata : une troupe de cavaliers et de fantassins vient se mettre en travers du chemin
et se la fait donner les armes à la main. En deux heures, nous avons eu cinq fois af¬
faire à des députations de ce genre. Ce sont les seuls êtres humains que nous ayons
rencontrés sur notre route.
Du douar où nous campons, on ne voit de tous côtés que montagnes; au sud, le
haut talus formant le flanc gauche de la vallée de l’Ouad Beht; partout ailleurs, des
successions de croupes couvertes de palmiers nains ou de broussailles; en somme,
pays fort montueux : c’est le massif des Zemmour Chellaha.
DE MEK NAS A QAÇBA BENI MELEAL.
43
28 août.
•»
Départ à 3 heures et demie du matin. Nous traversons presque aussitôt l’Ouad Beht
(berges basses et en pente douce; eau claire de 20 mètres de large et de 50 centimè¬
tres de profondeur; courant très rapide; lit de gravier); puis une longue côte, facile
mais assez raide, nous conduit au plateau où est situé le marché. Durant la montée,
on est soit sous des bois de lentisques, soit dans des palmiers nains : beaucoup de
gibier, perdreaux, pigeons, lièvres. Sur le plateau, on entre dans une région toute
différente, aussi habitée et aussi florissante que la précédente était déserte et sau¬
vage : sol couvert de cultures; foule de ruisseaux au milieu des champs; quantité de
beaux douars, à l’aspect prospère, entourés de frais jardins. C’est au milieu de cette
riche campagne, dont la fertilité proverbiale a fait donner au pays des Zemmour le
surnom de Doukkala du Rarb (1), qu’est situé le Tlàta. Nous y arrivons à 7 heures
du matin.
Nous passons la plus grande partie de la journée au marché : il est très animé;
on y voit plus de 30 tentes de marchands. Les denrées qui se vendent sont les mêmes
qu’au Tlàta Hiaïna; mais il faut y ajouter des monceaux de fruits superbes, des raisins
surtout, qu’on apporte des douars du voisinage.
Vers 4 heures, nous quittons Moulei Ez Zaïret la caravane des marchands, et nous
nous remettons en route avec l’anaïa d’un homme des environs. A 6 heures, on fait
halte; nous sommes arrivés au douar de notre conducteur. En quittant le marché,
nous avons d’abord cheminé sur le riche plateau où il se lirnt; puis, arrivés au bord
de son talus sud, nous nous sommes mis à descendre : à partir de là, plus de cul¬
tures; une côte boisée de lentisques, semblable à celle de ce matin. Depuis Meknâs,
le sol a été constamment terreux.
2'J août.
Nous avons, au sortir d’ici, à traverser une région très dangereuse. Il nous faudra,
pour la parcourir, une escorte de 6 ou 8 cavaliers : on ne peut la trouver aujourd’hui;
les tentes sont vides; toute la population est à un marché, l’Arbaa des Zemmour, qui
se tient aux environs. Eorce est donc d’attendre à demain pour continuer la route.
Le douar où nous sommes est fort riche : belles et grandes tentes; auprès de la
plupart, un ou deux chevaux de selle; dans chacune on voit des femmes occupées a
tisser tlicljs, tellis, bernons et Uu-hall (couvertes multicolores à dessins variés), ou bien
(1) Les Doukkala sont une grande tribu dont le territoire est célèbre par sa fertilité; il fait partie du Maroc
du sud. Celui des Zemmour, au contraire , est compris géographiquement dans le Maroc du nord, que les gens
du pays appellent plus particulièrement Rarb. Le surnom qu'on lui donne signifie donc : « la province la plus
fertile, le Doukkala, du royaume de l’às ».
RECONNAISSANCE AU MAROC.
à tresser des nattes qu’on brode ensuite de laines aux couleurs éclatantes. Ces nattes
brodées sont, avec les tarhalts, la spécialité des Zemmour, des Zaïan et des Béni
Mgild. Les Zemmour, ainsi que les Zaïan, chez qui nous entrerons ensuite, se dis¬
tinguent des autres tribus que j’ai vues au Maroc par le primitif de leur costume :
hommes et femmes y sont fort peu vêtus; leur habillement est le suivant : pour les
hommes riches, point de chemise ni de caleçon, une simple farazia, et par-dessus un
bernous; les pauvres n’ont que le bernous : en marche, ils le plient, le jettent sur
l’épaule, et vont nus. Les premiers ont sur la tète soit un turban de cotonnade blan¬
che, soit un mouchoir blanc et rouge; les pauvres sont tète nue. Les uns et les
autres se rasent les cheveux; mais, chose que je n’ai également vue que là, ils
conservent au-dessus de chaque oreille une longue mèche semblable aux nouader
des Juifs (1). Les Zemmour les portent toutes deux, les Zaïan n’en ont qu’une : c’est
la seule différence de mode entre les deux tribus. Cette mèche est, pour les jeunes
élégants, l’objet de soins minutieux : ils la peignent, la graissent, puis, la tressant,
en forment une petite natte. Le même usage existe, m’a-t-on dit, chez les Cliaouïa.
Le costume des femmes est aussi des plus légers : c’est une simple pièce d’étoffe
rectangulaire, de cotonnade ou plus souvent de laine, dont les deux extrémités sont
réunies par une couture verticale; il y a trois manières de le porter : 1° en le
retenant par des broches (grosses boucles d’argent, khelal) ou de simples nœuds au-
dessus de chaque épaule; 2° en retroussant et attachant le bord supérieur au-dessus
des seins, les épaules et le haut de la gorge demeurant découverts; 3° en laissant re¬
tomber la partie supérieure, le corps restant nu jusqu’à la ceinture. Dans les trois cas,
le vêtement est retenu à la taille par une bande de laine; il est assez court : il ne
descend guère au-dessous du genou. On le porte de la première façon pour sortir, de
la seconde pour travailler hors de la tente, de la troisième à l’intérieur. Les femmes
s’entourent plus ou moins la tête de chiffons; jamais elles ne se voilent.
30 août.
Départ à 5 heures du matin. Une escorte de 0 cavaliers et de 4 fantassins Zemmour
nous accompagne. Aussitôt après avoir franchi l’Ouad Ourjelim, qui passe au pied de
notre douar, nous nous engageons dans une vaste région, déserte en ce moment,
mais parcourue au printemps parles troupeaux des Zemmour; on la nomme la Ta-
foudeït : c’est une succession de côtes et de plateaux s’élevant par échelons et sillon¬
née de nombreux ravins. Au début, tout est boisé : lentisques, caroubiers, pins de di-
(1) Ces nouader sont d’épaisses mèches de cheveux que les Israélites marocains laissent pousser au-dessus
de chaque oreilie, et qui leur pendent le long des joues jusqu'au niveau du menton ou de l’épaule.
DE MEKNAS A (JAÇBA BENI MELLAL.
45
verses espèces, forment un fourré épais; après quelque temps les arbres diminuent;
laissant à nu les crêtes et les parties supérieures, ils se réfugient au fond des ravins
et sur les premières pentes de leurs flancs. Plus on s’avance, plus on s’élève, plus
les troncs deviennent rares. Le sol est terreux et jaunâtre; nu en ce moment, il se
couvre au printemps de riches pâturages. A 10 heures, nous atteignons un col : ici
finit la Tafoudeït. Nous descendons par un chemin rocheux et difficile dans une région
nouvelle : pays accidenté, terrain semé de gros blocs d’ardoise, sol boisé de grands
arbres, ruisseaux qui coulent de toutes parts. C’est ainsi, à l’ombre de lentisques et
d’oliviers séculaires, que nous marchons jusqu’à 1 heure ; à ce moment nous apercevons
un douar, premier vestige d’êtres humains qui apparaisse depuis le départ : nous nous
y arrêtons; c’est là qu’on passera la nuit. Ces tentes appartiennent à un très haut
personnage, Moulei El Feçlil, cherif profondément vénéré par les Zaïan et tout-puis¬
sant sur la plus grande partie de cette tribu. Je suis ici en pleine montagne : le douar
est au fond d’un ravin étroit; de tous côtés se dressent au-dessus de ma tète de hautes
cimes escarpées aux flancs rocheux et boisés. Les panthères abondent, dit-on, dans
cette région sauvage.
Je n’ai traversé aujourd’hui qu’une rivière de quelque importance, l’Ouad Ourjelim,
encore était-elle à sec (lit de galets de 25 mètres de large, sans eau). Pendant la route,
nous n’avons rencontré personne, si ce n’est une troupe d’une vingtaine de Zaïan qui
se sont joints à nous dans la Tafoudeït et nous ont suivis jusqu’à la frontière de leur
tribu : c’étaient des pauvres; la plupart n’avaient qu’un bernons pour tout vêtement,
rien sur la tète, à la main un grand sabre de bois : ils m’ont paru gens fort irasci¬
bles; à chaque instant ils se prenaient de querelle entre eux, et c’étaient aussitôt de
grands coups de sabre; ils y mirent tant d’ardeur qu’il fallut en emporter deux tout
sanglants dans leurs bernous.
31 août.
Nous sommes ici en territoire zaïan : nous abandonnons nos zetats Zemmour;
nous n’avons pas eu à nous louer d’eux : hier, au milieu du trajet, quand ils nous
virent bien engagés dans le désert, ils nous déclarèrent qu’ils n’iraient pas plus loin
si l’on n’augmentait le salaire convenu; force fut d’en passer par là. Aujourd’hui
un seul homme suffit pour nous escorter : il n’est même pas armé.
On part à 5 heures du matin. Nous marchons dans un pays très montagneux :
succession de ravins profonds et de talus escarpés; chemins la plupart du temps
difficiles; une fois même, le sentier est si rapide qu’il faut mettre pied à terre. Sol
rocheux, hérissé de blocs d’ardoise et entièrement boisé; arbres élevés, serrés, formant
une forêt épaisse; beaucoup d’eaux courantes, bordées de lauriers-roses, de mûriers
et parfois de vigne sauvage. Ainsi est la région où, tantôt montant, tantôt descen-
*
ilî
RECONNAISSANCE AU MAROC.
dant, nous cheminons avec peine et lenteur jusqu’à 8 heures et demie. A cet instant,
après avoir gravi une dernière côte, nous nous trouvons enfin au sommet du haut
massif montagneux qui a commencé à l’Ouad Beht : un plateau le couronne, nous
nous y engageons; le sol y est un sable dur et nu semé de loin en loin de petits
fragments d’ardoise; dépouillé maintenant, il se tapisse, aux pluies printanières,
d’une herbe verdoyante; un grand nombre de sources et de ruisseaux limpides l’ar¬
rosent. C’est au milieu de ce plateau , appelé Oulmess, que nous faisons halte. Nous
nous y installons, à 9 heures et demie, dans le douar des Ait Omar. Il y a plusieurs
autres groupes de tentes dans le voisinage; de grands troupeaux sont dispersés aux
alentours : j’y remarque des chameaux, les premiers que je rencontre depuis Meknâs.
Aujourd’hui, en passant sur l’adjib (1) de Moulei El Feçlil, nous avons rencontré
une fraction de tribu en voyage. Les bœufs, chargés des tentes et des bagages, mar¬
chaient au centre, en longue colonne; les femmes les poussaient : derrière leurs
mères étaient les enfants, les plus petits juchés par trois ou quatre sur le dos des
mulets. Sur un des côtés cheminaient moutons et chèvres, conduits par quelques ber¬
gers. Les hommes, à cheval, formaient l’avant-garcle et l’arrière-garde et veillaient
sur les flancs. Les troupeaux étaient très nombreux; il y avait surtout une grande
quantité de bœufs.
1er septembre.
C’est aujourd’hui sabbat; force est de passer la journée à Ait Omar. Ce douar est
de tous points semblable à celui où je me suis arrêté chez les Zemmour : même air
de richesse, même luxe de tentes, même quantité de chevaux. Les Zaïan, quoiqu’ils
ne cultivent presque pas, sont loin d’être une tribu pauvre; si leur pays produit peu
de moissons, il nourrit des troupeaux immenses, chèvres, moutons, chameaux, che¬
vaux, et surtout bœufs d’une taille remarquable : l’abondance des bêtes à cornes
ne se trouve au Maroc que dans leur tribu : de là un commerce important et des
gains considérables. Il y a toujours ici des agents de maisons de Meknâs occupés
à acheter des peaux et des animaux sur pied ; ces derniers sont ensuite expédiés
sur Tanger.
Les Zaïan sont nomades et de race tamazirt (chleuha). Ils forment une tribu très
nombreuse, la plus puissante qu’il y ail au nord de l’Atlas. Leur territoire est borné
par ceux des Zaïr, des Zemmour Chellaha, des Béni Mgild, des Ichqern et parle
Tàdla.
Ils se composent de quatre fractions :
(I) Le mot ( u/jii > s’emploie au Maroc avec le sens de « domaine agricole »
DU MERNAS A QAÇBA BENI MELLAL. \~
Beni Hessousen (campant du côté de Moulei Bon Iazza; ils peuvent mettre en
ligne 3000 chevaux).
Ait Harkat (campant du côté des Khanifra; 6000 chevaux).
Hebbaren (campant du côté des Béni Zemmour; 1000 chevaux).
Ait Sidi Ali ou Brahim (campant du côté des Béni Mg'ild; 8000 chevaux).
En se réunissant, ils pourraient donc armer environ 18000 cavaliers (1). Les
Zaïan, comme tous leurs voisins, sont libres. A la vérité, le sultan a un qaïd chez
eux; mais c’est un magistrat inpartibus. Il est le seul de la tribu à se douter qu’il
est qaïd et à savoir qu’il y a un sultan. Jamais ne lui viendrait l’idée de demander
un sou d’impôt ni un soldat; il est trop heureux qu’on le laisse vivre en paix.
Nous trouverons souvent, dans les fractions les moins soumises, des qaïds de
ce genre; la population tolère leur présence avec la plus grande bonhomie, l’in¬
différence du mépris : on sait que ni eux ni leur maître ne peuvent devenir une gêne.
Le personnage influent chez les Zaïan est le cherif dont il a déjà été parlé, Moulei
El Fedil; son adjib, que j’ai traversé, est situé sur leur territoire, non loin des fron¬
tières des Zemmour Chellaha et des Béni Mgild : il a une grande puissance sur les
portions de ces trois tribus voisines de sa résidence, mais aucune d’elles n’est tout
entière dans sa main; les Zaïan s’étendent très loin vers le sud-est, dans ces ré¬
gions ils le connaissent moins. Une autre famille de cherifs possède aussi, mais à
un degré moindre, du crédit dans cette contrée : c’est celle des Amràni. Origi¬
naire de Fâs, elle est aujourd’hui dispersée en divers lieux et compte de nombreux
alliés chez les Zaïan (2). Le sultan a grand soin de rechercher l’amitié de ces re¬
doutables maisons, qui, du haut de leurs montagnes inaccessibles, pourraient à tout
moment précipiter des torrents d’envahisseurs sur le blad el makhzen, dont plusieurs
sont si fortes que leur haine pourrait renverser son trône, leur bon vouloir le sou¬
tenir. Aussi n’est-il pas d’avances qu’il ne leur fasse, pas de moyens qu’il n’emploie
pour s’assurer leur amitié : cadeaux, honneurs, tout est pour elles; il leur offre
jusqu’à des alliances dans sa famille : c’est ainsi qu’il a donné une de ses sœurs en
mariage à S. Mohammed el Amràni, chef de la maison de ce nom. 11 est aussi dans
les meilleurs rapports avec Moulei El Fedil. Grâce à cette politique, il peut, tout
insoumis que soient les Zaïan, avoir parfois l’aide de leurs armes : ainsi, dans sa
campagne de cette année contre le Tâdla et les Zaïr, M. El Fedil est venu à son so-
(1) Ce chiffre nous parait fort : il nous a cependant été donné de plusieurs côtés différents.
(‘2) Les Amràni, ainsique M. El Fedil, sont des cherifs edrissides, ou plus correctement Dr min. Tous les che¬
rifs du Maroc se divisent en 2 familles. 1° Les Drisiin , ou descendants de Moulei Edris, enseveli au Zerhoun.
Sont Drisiin : Moulei Abd es Selam el Ouazzâni et toute la postérité de Moulei Tib; Moulei El Fedil, dont
nous venons de parler; Moulei El Madani, personnage tout-puissant chez les Béni Mtir, etc. 2° Les .Un ou) a ,
ou descendants de Moulei Ali, venu de Ianbô et mort au Tafilelt. Sont Alaouïa : la dynastie du sultan» actuel,
Chikh Mohammed El Arabi el Derkaoui, les cherifs de Qcàbi ech Cheurfa, etc.
48
RECONNAISSANCE AU MAROC.
cours avec un corps assez fort. Les Zaïan, ainsi que les Zemmour Chellaha, parlent
le tamazirt; mais l’arabe est très répandu parmi eux : tout ce qui est de condition
élevée a l’habitude de s’en servir, même les femmes et les enfants; les pâtres, les gens
de la dernière classe, ignorent seuls cette langue.
2 septembre.
Départ à G heures du matin. Un cavalier d’Aït Omar nous sert de zetat. Nous
gagnons d’abord le bord méridional du plateau d’Oulmess, puis commence la des¬
cente : elle est longue et difficile, il faut mettre pied à terre. Ce ne sont que roches
entassées, escarpements, précipices. Les crêtes sont nues et toutes de pierre; au fond
des ravins et sur leurs premières pentes poussent quelques arbres. Il nous faut deux
heures et demie pour parvenir au pied du talus que nous descendons. Arrivés là, nous
trouvons un petit ruisseau ombragé de lentisques, de caroubiers et de pins; après
en avoir suivi quelque temps le cours, nous le laissons au nord et nous nous engageons
sur un plateau montueux sillonné de ravins; vers 11 heures, les reliefs deviennent
moins accentués, les coupures moins profondes; bientôt nous nous voyons dans une
vaste plaine où nous resterons jusqu’au soir : elle est pierreuse et fortement ondulée;
le sol y est nu, sans autre végétation que de rares jujubiers sauvages; mais, dit-on,
il se couvre d’herbe au printemps: l’eau y est abondante; sources et ruisseaux. A
3 heures , nous faisons halte : nous sommes arrivés au douar Aït Mouloud , où
nous passerons la nuit. Mon cherif, Sidi Omar, m’abandonne ici; en partant,
il me recommande avec chaleur au principal personnage du douar; celui-ci me
donne l’hospitalité et se charge de me procurer un zetat.
Peu de temps avant d’arriver ici, j’ai traversé l’Ouad Ksiksou (lit de galets de
15 mètres de large, à moitié rempli d’une eau peu courante de 00 centimètres de
profondeur) : il coule dans un petit ravin à flancs de roche escarpés, coupure au mi¬
lieu de la plaine; l’Ouad Ksiksou se jette plus bas dans l’Ouad Grou; la réunion de
ces deux rivières forme le Bon Regreg. Nous n’avons rencontré aujourd’hui personne
sur la route. Comme les jours précédents, tout ce qui était roche se composait d’ar¬
doises mêlées d’un peu de pierre blanche. Depuis le col par lequel nous sommes
descendus de la Tafoudeït jusqu’à la crête du Djebel Hecaïa, où commence la plaine
du Tâdla, on ne rencontre que ces deux espèces de pierres.
3 septembre.
Je suis ici près de la limite des Zaïan; à très peu de distance commence le Tâdla :
je ne saurais aller plus loin sans un zetat de ce pays; la journée se passe à le cher¬
cher, je ne pourrai partir que demain.
DE MEKNAS A QAÇBA BENI MELLAL.
40
4 septembre.
Je me mets en route à 5 heures du matin , accompagné d’un cavalier des Béni
Zemmour, la tribu du Tàdla la plus rapprochée. Aujourd’hui je n’irai que jusqu’à
la tente de mon zetat, située au douar des Ait El Mati. Nous y sommes à 8 heures
du matin. Le terrain jusque-là est toujours la plaine d’avant-hier; cependant elle se
modifie : ses ondulations s’accentuent et elle se couvre, vers les hauteurs, d’un assez
grand nombre de lentisques; le sol reste pierreux.
Le Tàdla, où je suis entré aujourd’hui, n’est point une tribu : c’est une contrée,
peuplée de plusieurs tribus distinctes. Elle est bornée : au nord, par les Zaïan et les
Zaïr; à l’est, par les Zaïan et les Ichqern; au sud, par les Ait Seri, les Ait Atta
d Amalou, les Ait Bou Zid, les Ait Aïad, les Ait Atab; à l’ouest, par les Entifa, les
Srarna, les Chaouïa. Elle se compose, au sud, d’une immense plaine, arrosée par
l’Ôumm er Rebia et s’étendant jusqu’au pied du Moyen Atlas; au nord, d’une
région montueuse moins vaste. Les tribus qui l’occupent sont au nombre de neuf :
cinq se trouvent dans la partie septentrionale, quatre dans la portion méridionale : ce
sont, en allant de l’est à l’ouest : au nord , les Béni Zemmour, les Smala, les Béni Khiran,
les Ourdirra, les Béni Miskin; au sud, les Qetaïa, les Béni Madan, les Béni Amir,
les Béni Mousa. Ces diverses tribus sont à peu près de même force, pouvant mettre,
me dit-on, environ 3 000 hommes à cheval chacune. Elles parlent, les unes l’arabe,
la plupart le tamazirt. Toutes sont nomades et ne vivent que sous la tente. Elles
sont riches , possèdent d’immenses troupeaux de chameaux et de moutons , un
grand nombre de chevaux, et cultivent les rives fertiles de l’Oumm er Rebia. Elles
sont insoumises, à l’exception d’une seule, les Béni Miskin. Celle-ci fait partie du
blad el makhzen; elle est commandée par un qaïd résidant dans une qaçba. Les au¬
tres sont blad es siba. Elles ne reconnaissent qu’une autorité, celle de Sidi Ben
Daoud, le marabout de Bou el Djad. L’influence de ce saint personnage s’étend
même sur une part des Zaïan : depuis le douar des Aït Mouloud, je n’entends plus
parler que du Sid.
A partir d’ici, il y a une modification à noter dans les costumes : sans changer
complètement, ils présentent quelques différences avec les précédents. Les hommes
ne laissent plus pousser les longues mèches qui distinguent les Zemmour Chellaha,
les Zaïan et les Chaouïa. Les femmes conservent h‘ même vêtement, mais elles ne le
portent que d’une manière, attaché par des broches ou des nœuds au-dessus des
épaules; de plus, il leur couvre les jambes jusqu’à la cheville. Ce costume, (el qu’on
le voit ici, est celui de toutes les femmes du Maroc; excepté dans les grandes villes
et chez les Zemmour Chellaha et les Zaïan, nulle part je ne leur en ;ii vu ni ne leur
RECONNAISSANCE U MAROC
50
MECONNAISSANCE AU MAROC.
en verrai d’autre : il peut être fait de divers tissus : soit de laine, comme ici, soit
de cotonnade blanche, soit de guinée, mais partout la forme reste la même; par¬
tout aussi les femmes ne portent que cette unique pièce d’étoffe pour tout vête¬
ment : rien dessous, rien dessus : quelquefois un petit voile couvre la tête et le
buste; rien de plus.
5 septembre.
Je pars à 4 heures du matin, en compagnie de mon zetnt d’hier. Le terrain est
légèrement accidenté; le sol pierreux et nu; on n’y voit que de petits lentisques clair¬
semés et quelques jujubiers sauvages. Au bout de deux heures de marche, nous tra¬
versons l’Ouad Grou : c’est, ai-je dit, le second cours d’eau dont est formé le Bon
Regreg (1) : il n’est encore qu’une faible rivière : lit de galets; 12 mètres de
large; point d’eau courante; quelques
flaques de distance en distance. A
partir de là, nous montons, par une
côte qui ne devient un peu raide qu’en
approchant du sommet, vers la crête
du Djebel Ileçaïa; en chemin, nous
franchissons plusieurs chaînes de collines basses, ses contreforts. Jusqu’au bout le
sol reste le même qu’au départ, seulement les arbres sont plus serrés à mesure que
l’on s’élève.
a* —
Djebel Heraïa. (Vue prise d’Aït El Mali.)
Croquis de Pauleur.
A 10 heures et demie, j’arrive à un col; devant moi se développe une immense
plaine, blanche et nue, dont la côte que je viens de gravir n’était que le talus : cette
plaine est celle du Tàdla; vers l’est et vers l’ouest, elle s’étend à perte de vue; au
sud, dans le lointain, des montagnes majestueuses dressent haut, malgré la distance,
leurs crêtes sombres au-dessus de l’horizon, et la bornent sur toute sa longueur :
ces montagnes sont la première des trois grandes chaînes dont se compose l’Atlas. A
quelques pas du col est une petite enceinte, Qçar Béni Zemmour. Nous nous arrê¬
tons là aujourd’hui. Nous entrons en même temps qu’une caravane assez nombreuse,
armée jusqu’aux dénis, qui a fait route avec nous depuis l’Ouad Grou.
Je ne suis ici qu’à trois heures de marche de Bon el Djad, pourtant je suis loin
d’être arrivé. Il y a autant de danger dans le peu de chemin qu’il me reste à faire
qu’il y en avait dans toute la route que j’ai franchie jusqu’à ce jour. Ici plus d’a-
naïa, plus de zetats : tout ce qui passe est pillé. Le pays, en cette saison surtout , est
(1) L’Ouad Grou, qui porte ce nom dans sa portion supérieure, et ceux de El Amgaz et de Bou Regreg dans
son cours inférieur, prend sa source dans la tribu des Zaïan ; de là il traverse les territoires des Béni Zem-
mour, des Smala et enfin des Zaïr.
UE MKKNAS A (J A (AJ A BENI MEEEAL.
ol
désert. Des troupes de pillards de toutes les tribus du Tâdla, parfois d’icliqern,
viennent s’y embusquer par 40 et 00 chevaux , prêtes à fondre sur quiconque
s’y aventurerait. Les caravanes, même de 50 fusils, n’ôsent s’y hasarder. Cependant,
au milieu de tant de périls, il est une voie de salut : ceux qui ne respectent rien res¬
pectent Sidi Ben Daoud; là où les armes ne préservent point de l’attaque, le paci¬
fique parasol d’un membre de la famille sainte suffit à écarter tout danger. Ainsi,
qu’un voyageur isolé, qu’un nombreux convoi veuillent aller à Bon el Djad, ils n’ont
qu’un moyen : prier Sidi Ben Daoud de les faire chercher par un de ses fils ou petits-
fils : cela coûte plus ou moins cher suivant le nombre de voyageurs et la composition
de la caravane. Hâtons-nous de dire que les çalih (saints) de la zaouïa sont loin d’être
exigeants : ils profitent avec une extrême modération de ce monopole, et déplorent
l’état de choses qui le leur assure. Leur influence, quelque grande qu’elle soit, a été
impuissante à le faire cesser ; ils ne peuvent rien contre cet antique usage de la
razia, partout en honneur chez les nomades.
Je dépêche donc à Sidi Ben Daoud la lettre de recommandation que j’ai pour lui,
avec prière de m’envoyer chercher. Un messager fait cette commission : il ne part
qu’après s’être dépouillé de presque tous ses habits, seul moyen de passer en sûreté.
Qçar Boni Zemmour est une enceinte carrée, en mauvais murs de pisé de 3 mètres
de haut; à l’intérieur se dressent pêle-mêle une trentaine de tentes, petites et misé¬
rables. Les habitants sont très pauvres; ils ne vivent que du commerce de bois :
le coupant dans le Djebel Heçaïa, ils le vendent aux gens de Bon el Djad qui vien¬
nent le prendre. Point d’eau au Qçar : chaque jour, à heure fixe, tous les hommes
prennent leurs fusils et vont en troupe en chercher à des puits éloignés. Il est dif¬
ficile d’imaginer une existence plus misérable. Encore la muraille qui protège ce
lieu ne date-t-elle que de deux ans : elle est un bienfait du Sîd, comme on appelle
communément Sidi Ben Daoud.
0 septembre.
Mon messager revient à 10 heures et demie du matin; un des petits-fils de Sidi
Ben Daoud l’accompagne : c’est un beau jeune homme d’environ dix-neuf tins;
il arrive monté sur sa mule, le parasol à la main; un seul esclave le suit. Nous
partons aussitôt.
D’ici à Bon el Djad, nous marchons dans l’immense plaine du Tâdla, plaine à on¬
dulations- légères, tantôt nue, tantôt couverte de champs, en ce moment moissonnes
et déserts; çà et là poussent, maigres broussailles, quelques jujubiers sauvages; le
sol est blanchâtre, dur, pierreux. A I heure et demie, nous entrons dans la ville.
RECONNAISSANCE AL' -MAROC.
02
2°. — SÉJOUR .V ROU EL DJ AD.
V
« Ici, ni sultan ni makhzen; rien qu’Allah et Sidi Ben Daoud. » Ces paroles, que
m’adressait un Musulman à mon entrée à Bou el Djad, résument l’état de la ville :
Sidi Ben Daoud y est seul maître et seigneur absolu. Son pouvoir est une autorité
spirituelle qui devient, quand il lui plaît, une puissance temporelle, parle prix qu’at¬
tachent les tribus voisines à
ses bénédictions. Cette souve¬
raineté s’étend à la ronde à
environ deux journées de mar¬
che. De tous les points situés
dans ce rayon, on accourt sans
cesse à Bou el Djad apporter
une foule de présents : la ville
est toujours remplie de pèle¬
rins : ils viennent chercher la
Bou el l)jad.
(Vue de la ville prise du chemin de Qçar lien i Zemmour.)
Croquis de l’auteur.
bénédiction du saint et gagnent, en échange de cadeaux, les grâces attachées à ses
prières. C’est surtout le jeudi, jour de marché, que les fidèles sont nombreux;
la semaine dernière, les offrandes, en blé seulement, se montaient à deux cents
charges de chameau; la précédente, à quatre cents : de plus, il y avait eu de grands
dons d’argent, de bétail, de chevaux. Ce ne sont pas seulement les particuliers qui
remplissent ces pieux devoirs. Chaque année, les tribus environnantes arrivent, les
unes après les autres, fraction par fraction, recevoir en masse la bénédiction du
Sid et lui présenter leur tribut. Cette redevance régulière lui est servie par toutes
les tribus du Tâdla, presque tous les Cbaouïa, quelques fractions des Ait Seri, une
petite portion des Ichqern.
Quelle est la source de ce prestige? Sidi Ben Daoud n’est point un chef d’ordre re¬
ligieux; il n’est point non plus un cher-if, petit-fils de Mahomet; mais son origine
n’en est pas moins auguste : il descend du kalife Omar ben El Khattab. Ses ancê¬
tres, établis depuis trois siècles et demi au Maroc, y acquirent vite, autant par leurs
vertus que par leur sainte et illustre naissance, la vénération et la puissance dont
nous voyons Sidi Ben Daoud jouir aujourd’hui. D’ailleurs, point d’ordre, point de
khouân, point de prières particulières : il n’y a ici que le chef d’une grande et sainte
famille, le rejeton d’une longue lignée de bienheureux, objet des grâces spéciales du
ciel accordées aux prières de ses ancêtres. On honore en lui un sang sacré; on a foi
en sa bénédiction, qui en ce monde fertilise la terre et fait prospérer les troupeaux, et
DE MEKNAS A QAÇBA BENI MELLAL.
53
dans l’autre vie ouvre aux hommes les portes du paradis et leur assure, au jour du
jugement dernier, l’intercession d’Omar et de tous les saints ses descendants.
Voici la généalogie de Sidi Ben Daoud, depuis l’époque à laquelle sa maison s’est
établie au Maroc :
Sidi Hammou (c’est lui qui vint d’Orient dans ces pays) ,
Sidi Zari ben S. Hammou,
Sidi Bel Qasem ben S. Zari (il habitait Qaçba Tâclla, où se trouve son 'mausolée) ,
Sidi Mohammed Ech Cliergi ben S. Bel Qasem (c’est lui qui fonda la ville de Bon
el Djad, à l’emplacement de laquelle ne s’élevaient alors que des bois),
Sidi Abd el Qader ben S. Mohammed Ech Chergi,
Sidi Abd el Qader ben S. Abd el Qader,
Sidi El Mati ben S. Abd el Qader,
Sidi Caleh ben S. El Mati ,
Sidi El Mati ben S. Caleh,
Sidi El Arbi ben S. El Mati,
Sidi Ben Daoud ben S. El Arbi.
Depuis la fondation de Bon el Djad par S. Mohammed Ech Chergi, cette ville
n’a pas cessé d’être la résidence de ses descendants (1). Sidi ben Daoud ben Sidi El
Arbi, leur, chef actuel, a près de quatre-vingt-dix ans; malgré son grand âge, il jouit
de la plénitude de ses facultés : c’est un beau vieillard, au visage pâle, à la longue
barbe blanche; ses traits ont une rare expression de douceur et de bonté. Il marche
avec difficulté, mais circule chaque jour sur sa mule. Quelle que soit la maison où il
(1) Voici ce qu’écrivait Ali Bey, en 1804, au sujet de la puissance de la zaouïa de Bou el Djad et de Sidi El
Arbi , qui en était alors le chef :
« Je parlerai ici des deux plus grands saints qui existent maintenant dans l’empire du Maroc : l’un est Sidi
« Ali Bçnharnèt, qui réside à Wazen; et l’autre, qui se nomme Sidi Alarbi Benmàle , demeure à Tedla.
« Ces deux saints décident presque du sort de l’empire, parce que l'on croit que ce sont eux qui attirent les
« bénédictions du ciel sur le pays. Dans les districts où ils habitent, il n’y a ni pacha, ni kaïd, ni gouverneur
« du sultan, et on n’y paie aucune espèce de tribut; le peuple est entièrement gouverné par ces deux saints
« personnages, sous une espèce de théocratie et dans une sorte d’indépendance. La vénération dont jouissent
« ces personnages est si grande que, lorsqu’ils visitent les provinces, les gouverneurs prennent leurs ordres
« et leurs conseils...
« Je n’ai pas vu Sidi Alarbi, qui était à Tedla; mais je connais un de ses neveux, qui est venu me voir en son
« nom. Il est fort rouge, et tellement gros que sa respiration est fatigante. On assure (pie Sidi Alarbi est encore
« plus grand et plus gras. On voit que les jeûnes et les macérations sont loin de porter atteinte à la vigueur
« et à la santé de nos saints. Malgré sa grosseur, on ajoute que Sidi Alarbi monte légèrement à cheval et qu’il
« tire très bien un coup de fusil, ce qui est une nouvelle faveur de la divinité. Malheureusement quelques dis-
« cuisions se sont élevées entre lui et le sultan Muley Seliman. Ce dernier ayant fait construire une mosquée
« dans le territoire de Tedla et ayant sans doute manqué à certains égards, Sidi Alarbi crut devoir la convertir
« en écurie. Muley Seliman fit alors présent de mille ducats à Sidi Alarbi pour l’apaiser. Le vénérable saint
« envoya en échange mille moutons au sultan. 11 faut espérer que cet acte de repentir gagnera la miséricorde
« de Dieu par la recommandation du saint. » (Voyages d'Ali Bey al Abbasi en Afrique et eu Asie pendant les
années 1803, 1804, 1S0Ü, 1806 et 1807; t. I, chap. XV.)
RECONNAISSANCE AU MAROC.
oi
se trouve, les abords en sont toujours entourés de plus de cent individus accroupis
au pied des murs, attendant le moment de sa sortie pour baiser son étrier ou le pan
de son liaïk. 11 est non seulement vénéré, mais profondément aimé. Chacun vante sa
justice, sa bonté, sa charité.
La famille de Sidi ben Daoud est nombreuse : il a, me dit-on, au moins trente en¬
fants, tant de ses femmes que de ses esclaves. L’aîné de ses fils s’appelle S. el Hadj
El Arbi : il est en ce moment auprès du sultan; le second est S. Omar, homme de
55 à (30 ans : ce dernier passe pour très intelligent et fort instruit. Outre ses descen¬
dants directs, il a un grand nombre de frères, de neveux : la ville entière n’est
peuplée, à part les Juifs et quelques artisans, que des parents proches ou éloignés
du Sid, de leurs esclaves et de leurs serviteurs. Tous les membres de la famille de
Sidi ben Daoud participent à son caractère de sainteté, et cela à un degré d’autant
plus élevé qu’ils lui tiennent de plus près par le sang.
Qui sera 1 héritier de S. Ben Daoud? Nul ne le sait : il n’y a point d’ordre de suc¬
cession ; chaque Sid, lorsqu’il sent la mort approcher, choisit un de ses enfants et,
lui donnant sa bénédiction, fait passer par là sur sa tête les faveurs divines dont est
sans cesse comblé le chef de la maison d’Omar; l’élu recueille l’héritage de tous les
biens spirituels et temporels de son père. Rien ne peut faire prévoir d’avance qui
doit l’être; l’ordre de naissance n’est point suivi : S. Ben Daoud était un des plus
jeunes fils de S. El Arbi.
Le Sid est en bonnes relations avec le sultan; jamais, malgré leur puissance, ni
lui ni ses ancêtres n’ont montré d’hostilité au gouvernement des cherifs. Moulei El
Hasen envoie chaque année de riches présents à Bon el Djad; en échange, toutes
les fois qu’il va de Fàs à Merrâkech, le Sid ou un de ses fils l’accompagne depuis
Dar Beïda jusqu’à l’Oumm er Rebia ou l’Ouad el Abid. C’est ainsi que Hadj El Arbi
est en ce moment auprès du sultan.
Inutile de dire que la zaouïa est riche : chaque année y voit entrer des offrandes
immenses, tant en argent qu’en nature, tributs réguliers des régions environnantes,
dons apportés de loin par des pèlerins isolés, cadeaux envoyés de Fàs et de Merrâ¬
kech par les grands de l’empire. Sidi ben Daoud possède une fortune énorme. Les
autres membres de sa famille participent aux aumônes des fidèles comme ils parti¬
cipent à leur dévotion, suivant leur degré de sainteté. Quelques-uns sont fort riches,
d’autres le sont moins; mais tous ne vivent que des offrandes qu’ils reçoivent.
Les çalihs de Bon el Djad sont loin d’ètre des hommes fanatiques, intolérants,
d’esprit étroit. La plupart ont été à la Mecque : c’est dire qu’ils ont abandonné et
les folles idées des ignorants sur la puissance et l’étendue de la religion musulmane
et leurs préjugés ridicules contre les Européens. Tous sont lettrés, peu sont savants.
Le Sid possède cependant une belle bibliothèque, mais on la consulte peu. Les saints
DE M EK NAS A <JA CB A BENI MELLAL. 55
profitent des biens que Dieu leur a donnés pour passer leur existence dans les dou¬
ceurs des plaisirs licites : au reste, le Seigneur les bénit en toutes choses. Nulle part
je n’ai vu les mulâtres aussi nombreux qu’à Bon el Djad.
La position de Bou el Djad, au milieu des ondulations d’une immense plaine pier¬
reuse et blanche, est triste. Il y a peu d’eau, peu de
jardins. Sans son importance comme centre religieux,
sans le caractère que lui donnent ses mosquées, ses
grandes qoubbas et les riches demeures de ses çalihs,
ce lieu ne mériterait pas le nom de ville : il n’a guère
plus de 1700 habitants, dont 200 Israélites. La cité est
étendue, eu égard à sa population; mais les maisons y
sont clairsemées et entremêlées, à l’ouest, de jardins,
à l’est, de terrains vagues et d’énormes monceaux d’or¬
dures. Les demeures riches, celles des fils et des pro¬
ches parents du Sid, sont bâties en pierres grossiè¬
rement cimentées, avec portails, arcades, pourtours
de fenêtres en briques; peu sont blanchies extérieure¬
ment; à l’intérieur, elles sont ornées comme les maisons
de Fâs : carrelage sur le sol; vitres aux fenêtres; pla¬
fonds de poutrelles peintes; mihrabs (1) à arabesques
sculptées. Les maisons pauvres, c’est-à-dire le plus
grand nombre, sont construites en pisé. Toutes sont
couvertes en terrasse. La ville ne possède point d’en¬
ceinte; mais il existe des portes, ou au moins des
portails, à l’entrée des principales rues. La partie occi¬
dentale de Bou el Djad est habitée par la famille im¬
médiate du Sid, aussi porte-t-elle le nom de Ez Zaouïa;
les parents moins proches résident dans les autres quar¬
tiers; les Juifs sont relégués au nord-est. Il y a deux grandes mosquées, et auprès
d’elles quatre mausolées abritant les restes d’ancêtres de S. Ben Daoud : ce sont des
tours carrées, hautes et massives, couronnées de toits de luiles vertes. Point de
quartier commerçant proprement dit. L’emplacement du marché hebdomadaire sert
en même temps au trafic de chaque jour; on y voit un certain nombre de niches
alignées, faites de pisé ou de pierre sans ciment, profondes de 2 mètres, hautes
de lm,50 : c’est là qu’artisans et commerçants viennent s’installer chaque matin avec
N
lion el Djad.
(La ville el ses environs.)
I. Mosquée de M. Soliman.
2- .Mosquée de S. Mohammed Eeh Chergi.
3. Qoubbas, au nombre do 3.
4. Qoubba de S. Mohammed Eeh Chergi.
Maison de Sidi Ben Daoud.
o. Maison de S. Omar.
7. Maison de S. Mohammed lieu bris.
8. Maison de S. el Hadj Edris.
9. Maison de Mousi Alloue.
10. t« mellah.
H. 2e mellah.
1-2. 3° mellah.
13. Fondoq.
) 4. Place.
13. Marché.
I*. Principale en li ée de la ville,
ot. Kultes formées de décombres amon¬
celés.
p. Jardins.
6. Petites qoubbas.
e. Puils.
1 Le mihrab est une niche orientée dans la direction de la Mecque.
50
RECONNAISSANCE AU MAROC.
leurs marchandises qu’ils remportent le soir : tous n’ont même pas ces abris, il en
est qui préfèrent de simples huttes de feuillage. Le jeudi, grand marché, fréquenté
par toutes les tribus des environs. On trouve dans les boutiques la plupart des pro¬
duits européens en vente à Fâs et à Meknâs, sauf le pétrole, la coutellerie, les
crayons. Mais ces objets abondent chez les çalihs qui les font venir directement
de Dar Beïda. C’est par ce port que se fait tout le commerce de Bou el Djad. De
là viennent cotonnades, thé, riz, sucre, épicerie, parfumerie, vêtements de luxe;
en échange on y apporte des peaux, de la laine, de la cire. Il y a quatre jours de
marche d’ici à Dar Beïda, deux en blad es siba, où l’on ne voyage qu’avec l’escorte
d’un parent du Sid, deux en blad el makhzen. Aucunes relations avec Merrâkech, à
cause de la difficulté des communications : la route est très périlleuse; on compte
huit jours pour la parcourir, tant il faut faire de détours et changer souvent de zet.ats.
Bou el Djad, quoique traversée par un ruisseau, est mal pourvue d’eau; celle que
Mosquée el mausolée
de Sidi Mohammed Ech Chergi, à lion cl I>jad.
(Vue prise de la maison de Mousi Alloun.)
Croquis de l’auteur.
Deux des 3 mausolées, à Bou el Djad.
(Vue prise de la maison de Mousi Alloun.
Croquis de l’auteur.
donne le ruisseau est mauvaise, et ne sert qu’à abreuver les animaux et à arroser
les vergers : quelques maisons ont des citernes, mais la plus grande partie de la
ville n’est alimentée que par un groupe de six ou sept puits situés à près d’un kilo¬
mètre vers l’ouest. Avec si peu d’eau, il ne saurait y avoir beaucoup de jardins : ils
sont en effet peu étendus; on les cultive
avec d’autant plus de soin. On y voit les
arbres qui croissent à Meknâs : grenadiers,
figuiers, oliviers, vigne; et, poussant à leur
ombre, les légumes du pays : citrouilles,
melons, pastèques, courges et piments.
Le costume des citadins est le même ici qu’à Fâs. Celui des tribus voisines a été
décrit au sujet des Béni Zemmour; cependant, à partir de Bou el Djad, je remarque
dans l’armement une particularité, spéciale au Tâdla, et qui ne m’avait pas frappé à
Ait El Mati : c’est l'usage de la baïonnette; tous les hommes du Tâdla portent habi¬
tuellement., suspendue à un baudrier, une longue baïonnette qui remplace sabre et
poignard.
Campagne autour de Bou el Djad.
Qoubbas 8.
(Vue prise de la maison de Mousi Alloun.)
Croquis de l’auteur.
DE MEKNAS A (JA DBA BENI MELLAL.
o"
3°. — DE BOU EL DJ AD A QAÇBA TADLA.
Avant de quitter Bon el Djad je m’assure de l’escorte d’un des petits-fils de Sidi
Ben Daoud pour tout le temps que je passerai encore dans le Tàdla. Sous cette protec¬
tion je vais aller d’abord à Qaçba Tàdla, puis à Qaçba Béni Mellal.
17 septembre.
Départ de Bon el Djad à 3 heures et demie du matin. Le terrain est toujours cette
grande plaine du Tàdla, à ondulations légères, où j’ai déjà marché; quant à la na¬
ture du sol, elle varie un peu : ro¬
cheuse pendant le premier tiers de
la route, elle n’est plus que pier¬
reuse au second ; à la fin c’est de la
terre mêlée de petits cailloux. Les
cultures, rares au début, augmen¬
tent à mesure que j’avance : ce
qu’elles n’occupent pas est nu en
cette saison, ou semé de rares jujubiers sauvages, mais se couvre, dit-on, au
printemps, de pâturages superbes. Beaucoup de gibier : on lève un grand nombre
de lièvres et de perdreaux; il y a aussi, paraît-il, des gazelles. A 7 heures du
matin, j’arrive à Qaçba Tàdla.
Avant Moulei Ismaïl, le lieu où elle se dresse était, m’assure-t-on, désert : aucun
village n’y existait. Le bourg que Ton voit aujourd’hui daterait du règne de ce sultan.
C’est lui qui fonda et la qaçba et la mosquée; à lui aussi est dû le pont de l’Oumm
er Rebia, pont de 10 arches, le plus grand du monde au dire des habitants. Qaçba
Tàdla s’élève sur la rive droite du fleuve, qui coule au pied même de ses murs. Les
eaux ont ici 30 à 40 mètres de large; le courant en est rapide, la profondeur
considérable : on ne peut les traverser qu’en des gués peu nombreux; hors de ces
points, il faudrait, même dans cette saison, se mettre à la nage : elles sont encaissées
entre des berges tantôt à 1/1, tantôt à 1/2, s’élevant de 12 à 15 mètres au-dessus de
leur niveau. La berge gauche est la plupart du temps un peu plus haute que la
droite : les berges sont parfois rocheuses; alors le lit du fleuve Test aussi : mais le
plus souvent leur composition est un mélange de terre et de gravier.
La Qaçba proprement dite, bien conservée, est de beaucoup ce que j’ai vu de
mieux au Maroc, comme forteresse. Voici de quoi elle se compose : T d une enceinte
RECONNAISSANCE AU MAROC. 8
4
Qaçba Tàdla. (Vue prise du chemin de Bon el Djàd.)
Croquis de l’auteur.
58
RECONNAISSANCE AU MAROC.
extérieure, en murs de pisé de lm,20 d’épaisseur et de 10 à 12 mètres de haut;
elle est crénelée sur tout son pourtour, avec une banquette le long des créneaux;
de grosses tours la flanquent; 2° cl’une enceinte intérieure, séparée de la première
par une rue de (3 à 8 mètres de large. La muraille qui la forme est en pisé, de
lm,50 d’épaisseur; elle est presque aussi haute que l’autre, mais n’a point de
créneaux. Ces deux enceintes sont en bon état : point de brèche à la première; la
seconde n’en a qu’une, large, il est vrai : elle s’ouvre sur une place qui divise la
qacba en deux parties : à l’est, sont la mosquée et dar el makhzen (1); à l’ouest, les
demeures des habitants : les unes et les autres tombent en ruine et paraissent déser-
N tes. Je ne vis, lorsque je la visitai, qu’un seul
être vivant dans cette vaste forteresse : c’était
un pauvre homme ; il était assis tristement
devant la porte de dar el makhzen; son cha¬
pelet pendait entre ses doigts; il le disait d’un
air si mélancolique qu’il me lit peine. Quel était
cet ascète vivant dans la solitude et la prière?
D’où lui venait ce visage désolé? Faisait-il, pé¬
cheur converti, pénitence de crimes inconnus?
Etait-ce un saint marabout pleurant sur la cor¬
ruption des hommes? — Non, c’est le qaïd; le
pauvre diable n’ose sortir : dès qu’il se montre,
on le poursuit de huées.
Si la qacba n’est pas habitée, elle a deux fau¬
bourgs qui le sont : l’un sur la rive droite, formé
de maisons de pisé : les familles riches, les Juifs,
y demeurent; l’autre sur la rive gauche, com¬
posé de tentes et de huttes en branchages : c’est le quartier des pauvres. Qacba
Tâdla est moins peuplée que Bou el Djad : elle a environ 1200 à 1400 habitants,
dont 100 à 150 Israélites. Point d’autre eau que celle de l’Oumm er Rebia : elle est
claire et bonne, quoique d’un goût un peu salé. Toute cette région contient du sel en
abondance; j’en vois ici de belles dalles, d’un mètre de long, sur (30 centimètres
de large et 15 à 20 centimètres d’épaisseur : on les extrait non loin d’ici, sur le
territoire des Béni Mousa (2). Qacba Tâdla ne possède point de jardins : pas un
I. Mosquée,
ü. Dar cl makhzen.
3. Principale porte de la lrc enceinte,
i. Pont sur l’Oumin er ltebia.
5. Gué de l'Oumm er Rebia.
a. Faubourg.
p. Marché.
y. Cimetière.
6. Maisons en ruine et désertes.
Qaçba Tâdla.
(1) « Maison du gouvernement ».
(2) Le sel abonde au Maroc. D’autres salines très riches, d’oit l’on tire des dalles semblables à celles des Béni
Mousa, se trouvent sur le territoire des Imerràn. Les rivières salées sont aussi en grand nombre : j’en ai ren¬
contré plusieurs : ce sont l’Ouad Oumm er Rebia, l'Ouad Rdât, l’Ouad Iounil, l’Asif Marren, l'Ouad Tisint,
l'Ouad Tatta, l’Aïn Imariren (Haha), etc. L'Ouad Messoun, affluent de la Mlouïa, est salé aussi, m’a-t-on dit.
DK MEKNAS A QAÇBA BENI MELKAK.
59
arbre, pas un fruit, pas un brin de verdure. C’est, un exemple unique au Maroc.
Ville, bourg ou village, je n’y ai pas vu d’autre lieu habité qui n’ait eu des jardins
petits ou grands.
1°. — DE QAÇBA TABLA A QAÇBA BENI MELLAL.
19 septembre.
Départ à G heures du matin. Je traverse l’Oumm er Rebia à un gué situé auprès
du cimetière, et je marche droit vers le pied de la liante chaîne qui se dresse dans le
sud. C’est la première des trois grandes arêtes dont se compose l’Atlas Marocain,
celle que nous appelons Moyen Atlas. Elle n’a point de nom général parmi les indi¬
gènes : la portion que je vois d’ici est dite, à l’ouest, Djebel Déni Mellal . à l’est,
Djebel Amhauch; les flancs sont tantôt rocheux, tantôt terreux, en grande partie
boisés : pentes fort raides dès le pied; escarpements fréquents; dans les vastes forêts
le gibier abonde : à côté des perdrix, des lièvres, des sangliers, des singes,, on y
trouve le lion et la panthère. Tels sont ces premiers hauts massifs de l’Atlas, monts
élevés et sauvages, au pied desquels s’arrêtent à la fois et la plaine et le pays du
Tàdla. Là commence le territoire des Ait Seri, puissante tribu tamazirt qui couvre
de ses villages et de ses tentes toute la chaîne qui est devant mes yeux.
Du lit de l’Ouad Oumm er Rebia au pied de la montagne, ce n’est qu’une large
plaine, unie comme une glace; pas une ondulation; pas une pierre; le sol est une
terre brune : des champs le couvrent en entier et s’étendent à perte de vue; des
ruisseaux, à eau claire et courante, une foule de canaux, les arrosent : ce sont les
cultures des Qetaïa, l’une des tribus du Tàdla. Au bout de deux heures de marche,
nous nous engageons au milieu de leurs douars; douars immenses et superbes, com¬
posés chacun de plus de 50 tentes, distants à peine d’un kilomètre les uns des autres :
ils forment deux longues rangées qui s’étendent parallè¬
lement au pied de la chaîne et se développent en lignes
noires jusqu’à l’horizon. A l’entour paissent chameaux,
bœufs et moutons, en troupeaux innombrables.
A 9 heures, nous arrivons au pied des montagnes : nous
le suivons jusqu’au gîte. La contrée est enchanteresse :
point d’heure où Ton ne traverse un cours d’eau, point
d’heure où Ton ne rencontre un village, des vergers. C’est
d’abord l’Ouad Derna, que nous franchissons au milieu des
jardins de Tagzirt, bourgade que nous laissons à notre
droite; puis c’est Fichtàla, avec la célèbre qaçba de ce nom, si importante naguère .
A. Restes de l’ancienne qnçltn.
B. Village actuel.
C. Jardins.
D. Côtes couvertes d’amandiers.
E. Qoubba.
t;n
RECONNAISSANCE AU MAROC.
déchue aujourd’hui; enfin c’est l’Ouad Foum el Ancer avec Ait Saïd. Nous nous ar¬
rêtons quelques instants à Fichtàla : de laqaçba, construite par Moulei Ismaïl sur le
modèle de celle de Tâdla, il ne reste que des ruines imposantes; le village actuel y
est adossé : il n’a pas plus de 250 à 300 habitants. Ceux-ci ne comptent avec aucune
tribu. Cet endroit est un petit centre à part, siège d’une zaouïa dont les chefs, qui
sont en ce moment deux frères, Sidi Mohammed Ech Cherif et Sidi Hasan, sont
souverains absolus du lieu. Fichtàla est située sur les premières pentes de la mon¬
tagne, parmi des côtes ombragées d’amandiers, au pied de grands rochers où une
foule de ruisseaux bondissant en cascades tracent des sillons d’argent, au milieu
de jardins merveilleux comparables à ceux de Tâza et de Sfrou.
Un peu plus loin est Aït Saïd; nous y arrivons à midi : c’est le terme de notre
marche d’aujourd’hui. Les cours d’eau que
j’ai traversés chemin faisant sont les sui¬
vants : Ouad Üumm er Rebia (40 mètres de
large; 90 centimètres de profondeur); Ouad
Derna (torrent impétueux; eaux limpides et
vertes roulant au milieu de quartiers de roc
dont est semé le lit : au gué où je l’ai passé,
il avait 25 mètres de large et 70 centimètres
de profondeur; mais sa largeur habituelle
n’est que de 15 à 20 mètres); Ouad Fichtàla (gros ruisseau; 2 mètres de large; 40
centimètres de profondeur; descend par cascades de la montagne); Ouad Foum el
Ancer (3 mètres de large; 40 centimètres de profondeur; prend sa source à une cen¬
taine de mètres en amont du village d’Aït Saïd). J’ai rencontré aujourd’hui un assez
grand nombre de personnes sur le chemin.
Aït Saïd est un gros village de 300 à 400 maisons, le principal de la fraction de
ce nom : il est situé au bas de la montagne, à la bouche d’un ravin profond, Foum
el Ancer, où six sources, qui donnent naissance à un beau torrent, jaillissent du
pied de roches immenses. Ces roches, murailles à pic d’une hauteur prodigieuse,
dominent le village : vers leur partie supérieure, apparaissent les ouvertures béantes
de cavernes creusées presque symétriquement dans leur flanc. Quels ouvriers ont
façonné ces étranges demeures? A quelles races appartenaient-ils, ceux qui escala¬
daient ainsi les parois lisses du roc par des chemins inconnus? C’étaient sans doute
des Chrétiens, puisque rien ne leur est impossible. Aujourd’hui nul n’y peut attein¬
dre; malheur à qui tenterait de monter vers ces retraites mystérieuses : des génies en
défendent l’accès et précipiteraient le téméraire au fond de la vallée.
A partir d’ici, je rencontrerai souvent des cavernes de ce genre; je les signalerai
chaque fois qu’il s’en présentera; elles abondent dans la partie de l’Atlas que je vais
Foum cl Ancer et village «l’Ail saïd.
(Vue prise du chemin do Foum cl Ancer à yaçba Béni Mellal.)
Croquis de l’auteur.
DE MEKNAS A HACHA BENI MELLAL.
(il
2ZZ
inxiixn
traverser : il est rare d’y trouver un village auprès duquel il n’y en ait pas. La plu¬
part d’entre elles sont placées on des points inaccessibles. Il y en a de deux sortes :
les unes s’ouvrent sans ordre à la surface du rocher; l’œil ne distingue que plu¬
sieurs trous sombres percés au hasard et isolés de leurs voisins. Les autres, au con¬
traire, sont creusées sur un même alignement : en avant des ouvertures, on voit,
le long de la muraille, une galerie taillée dans le roc qui met en communication
les cavernes; cette galerie est fréquemment garnie, à l’extérieur, d’un parapet en
maçonnerie; quand des cre¬
vasses se présentent et cou¬
pent la voie, les bords en
sont reliés par de petits ponts
de pierre. Souvent des rangs
semblables sont étagés par
deux ou trois sur une même paroi rocheuse. Ces cavernes bordent certaines vallées
sur une grande longueur. Le petit nombre d’entre elles qui sont accessibles servent
à emmagasiner les grains ou à abriter les troupeaux; j’en ai visité quelques-unes :
elles m’ont frappé par leur profondeur et par leur hauteur. Mais presque toutes
sont inabordables. Aussi les légendes les plus fantastiques ont-elles cours à leur
sujet : ces demeures extraordinaires paraissant choses aussi merveilleuses que les
bateaux à vapeur et les chemins de fer, on les attribue aux mêmes auteurs : à des
Chrétiens des anciens temps, que les Musulmans chassèrent quand ils conquirent le
pays; on va jusqu’à citer les noms des rois, surtout des reines à qui appartenaient
ces forteresses aériennes. Dans leur fuite, ils abandonnèrent leurs trésors. Aussi
pas un indigène ne doute-t-il que les cavernes n’en soient pleines. D’ailleurs ne
les a-t-on pas vus? Ici c’est un marabout, là c’est, un Juif qui, se glissant entre les
rochers, pénétrant dans les grottes profondes, a aperçu des monceaux d’or; mais
nul n’a pu y toucher : tantôt des génies les gardaient, tantôt un chameau de
pierre, animé et roulant des yeux terribles, veillait sur eux; ailleurs on les entre¬
voyait entre deux roches qui se refermaient d’elles-mêmes sur qui voulait franchir
le passage. On m’a cité un lieu, Amzrou, sur l’Ouad Dra, où, d’après des rapports
de ce genre, les habitants sont si convaincus de l’existence de richesses immenses
dans des cavernes du voisinage, qu’ils y ont placé des gardiens pour qu’on ne les
enlevât pas.
Pendant ma route d’aujourd’hui, j’ai remarqué, sur les pentes de l’Atlas, soit
isolées, soit dominant des villages, un grand nombre de constructions semblables a
de petites qaçbas, à des châteaux. C’est ce qu’on appelle des tir rem l (1). La forme or-
(1) Au singulier tirremt, au pluriel t irremat in.
H KUONN AISSA NCK AU MAItOG.
< 1 inaire en est carrée, avec une tour à chaque angle; les murs sont en pisé, d’une
hauteur de 10 à 12 mètres. Ces châteaux servent de magasins pour les grains et les
autres provisions. Ici, tout village, toute fraction a une ou plusieurs tirremts, où chaque
habitant^ dans un local particulier dont il a la clef, met en
sûreté ses richesses et ses réserves. Des gardiens sont atta-
n — □
I _ fj | | chés à chacune d’elles.
Cette coutume des châteaux-magasins, que je vois ici pour
la première fois, est universellement en usage dans une
région étendue : d’abord dans les massifs du Grand et du Moyen Allas, sur les deux
versants, depuis Qçâbi ech Cheurfa et depuis les Ait Ioussi jusqu’à Tizi n Glaoui ;
puis sur les cours tout entiers de l’Ouad Dra et de l’Ouad Ziz, ainsi que dans la ré¬
gion comprise entre ces fleuves. A l’ouest de Tizi n Glaoui et du Dra, règne une autre
méthode, en vigueur dans la portion occidentale de l’Atlas et du Sahara, de l’Ouad
Dra à l’Océan : celle des agadir (1). Là ce n’est plus le village qui réunit ses grains
en un ou plusieurs châteaux, c’est la tribu qui emmagasine ses récoltes dans un ou
plusieurs villages. Ces villages portent le nom d’agadirs. Vers Tazenakht, je les ver¬
rai, sur ma route, remplacer les tirremts. Dans la première région, chaque hameau,
en temps d’invasion, peut opposer séparément sa résistance; dans la seconde, la vie
de la tribu entière dépend d’un ou deux points : dans l’une, j’aurai chaque jour le
spectacle d’hostilités de village à village; dans l’autre, ce n’est qu’entre grandes frac¬
tions qu’on se fait la guerre.
20 septembre.
Départ à 10 heures du matin. Le chemin continue à longer le pied de la monta -
Village d’Aticl Sabeq.
(Vue prise
du chemin de Foum el Ancer à Qaçba Béni Mcllal.)
Croquis de l’auteur.
Zaouïa Sidi Mohammed Bel Qasem et partie septentrionale
des jardins de Qaçba Béni Mellal.
(Vue prise du chemin de Foum el Ancer à Qaçba Béni Mellal.)
Croquis de l’auteur.
(1) Au singulier agadir , au pluriel igoudar.
DE MEK.NAS A QAÇBA BENI MELLAL.
B3
Qaçba Béni Mellal, qui porte aussi le nom cle Qaçba Bel Kouch, est une petite ville
d’environ 3000 habitants, dont 300 Israélites. Elle est construite au pied même de la
montagne, sur une côte douce qui joint celle-ci à la plaine; de superbes jardins ta¬
pissent cette côte; vers le nord, ils s’étendent fort loin; au sud, ils s’arrêtent brusque¬
ment devant une falaise de pierre qui se dresse à 1 kilomètre de la ville. Au pied
de cette muraille jaillissent, du sein du rocher, les sources qui arrosent Qaçba
Béni Mellal : les eaux en sont d’une pureté admirable et d’une abondance extrême;
on les a réparties en six canaux : chacun d’eux forme un ruisseau de 2 mètres de large
et de 30 centimètres de profondeur; ensuite elles sont distribuées à chaque maison ,
à chaque clos, par une foule de petits conduits courant en toutes directions. Bien que
ces eaux forment un volume total considérable, elles se perdent dans les jardins de
la ville et dans la plaine du Tàdla, sans atteindre l’Oumm er Rebia à leur confluent
naturel. Il en est de même des divers cours d’eau que j’ai traversés hier, après l’Ouad
Berna. Leurs eaux sont captées au sortir de la montagne pour les irrigations : il ne
leur en reste plus en arrivant en plaine; ce n’est que l’hiver que leurs lits se rem¬
plissent, et qu’ils gagnent : l’Ouad Founfel Ancer, l’Ouad Berna; l’Ouad Béni Mellal,
l'Oumm er Rebia.
Les constructions de Qaçba Béni Mellal, comme toutes celles que j’ai vues depuis
le 17 septembre, sont en pisé. Les maisons ont un premier étage, de même qu’à Bon
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Zaouïa Sidi Mohammed Bel Qaseni et plaine du Tàdla.
(Vue prise des premières pentes du Moyen Atlas, au sud de la zaouïa.)
Croquis de l’auteur.
el Bjad et à Qaçba Tàdla. Point de minaret dans la ville même; il y en a un au milieu
des jardins, à la zaouïa de S. Mohammed Bel Qasem. Une vieille qaçba, aux murail¬
les hautes et épaisses, mais tombant en ruine, quoiqu’elle ait été, dit-on, restaurée
par Moulei Selîman,est le seul monument remarquable. Au centre du bourg, se
trouve le marché, semblable à celui de Bon el Bjad; les produits européens en vente
sur ce dernier se rencontrent également ici; ils viennent soit de Bar Beïda, soit plu¬
tôt de Merràkech. Tous les quinze jours, une caravane d’une douzaine de chameaux
arrive de cette capitale : elle ne met que quatre journées à faire le trajet. An contraire,
la route de Bar Beïda est longue : elle passe par Bon el Bjad. La ville a l’aspect
RECONNAISSANCE AU MAROC.
propre et riche; rues larges, maisons neuves et bien construites : elle doit sa
prospérité à ses immenses vergers, dont les fruits s’exportent au loin. Les jardins
de Qaçba Béni Mellal, connue ceux qui sont échelonnés dans la même situation au
pied de l’Atlas, sont d’une richesse merveilleuse : ce qu’étaient au nord Chechaouen,
Tàza, Sfrou, nous le retrouvons ici à Tagzirt, à Fichtàla, à Qaçba Béni Mellal, à De-
mnât. Les trois premiers de ces lieux, et d’autres placés plus à l’est, fournissent tout
le Tàdla de leurs fruits. Bon el Djad même ne mange guère que de ceux-là. Ces fruits
consistent en raisins, figues, grenades, pêches, citrons et olives, aussi remarquables
par la qualité que par l’abondance.
Deux qaïds résident ici. Ce sont des qaïds in partibus , comme ceux des Zaïan
et de Qaçba Tàdla. Cependant le sultan avait en ce lieu, il n’y a pas longtemps,
un parti assez nombreux : il s’était produit un fait que j’ai remarqué dans d’autres
contrées insoumises, surtout dans celles qui étaient riches et commerçantes. Une
partie de la population, considérant les obstacles que l’anarchie mettait à la pros¬
périté du pays, songeant aux dévastations continuelles de leurs terres, résultat des
guerres avec les tribus voisines, regardant Combien le trafic était difficile à cause du
peu de sûreté des routes, s’était prise à désirer un autre régime, à souhaiter l’an¬
nexion au blad el makhzen. Ces idées étaient depuis quelque temps celles d’un tiers
des habitants de Qaçba Béni Mellal. Les autres restaient attachés à leur indépendance
Qaçba iseni Mellal el plaine du Tàdla. (Vue prise des premières pentes du Moyeu Allas, au sud de la Qaçba.)
Croquis de l’auleur.
et rejetaient toute pensée de soumission. Sur ces entrefaites, il y a cinq mois envi¬
ron, Moulei El Hasen, à la tête d’une armée, envahit le Tàdla. 11 arrive devant Qaçba
Béni Mellal : à son approche, tout ce qui lui était hostile abandonne la ville et se
retire dans la montagne; le parti du sultan reste, et lui envoie une députation l’as¬
surer de son dévouement. Comme réponse, il impose les Béni Mellal de 50000 francs :
les présents paieront pour les absents. Inutile d’ajouter qu’aujourd’hui il n’y a plus de
parti du makhzen dans la Qaçba. J’ai dit plus haut que, dans d’autres portions du
Maroc, j’avais trouvé des tribus disposées à échanger leur indépendance contre les
bienfaits d’une administration régulière. Ainsi, en 1882, plusieurs tribus du haut
Sous se sont, de leur propre gré, soumises au sultan. Mais partout le dénouement est
le même : on ne tarde pas à s’apercevoir que le makhzen n’est rien moins que le gou¬
vernement rêvé. Pas plus de sécurité qu’auparavant : les voleurs plus nombreux que
DE MEKNAS A QAÇBA BENI MELLAL.
63
jamais; enfin les rapines des qaïds ruinant le pays en un an plus que ne l’eussent
fait dix années de guerre. Aucun bien ne compense de grands maux. Aussi cet état
ne dure-t-il pas. Après deux ou trois ans de patience, souvent moins, voyant qu’il n’y
a rien à espérer, on secoue le joug et on reprend l’indépendance.
5°. — CAMPAGNE DU SULTAN DANS LE TADLA, EN 1883.
Avant de quitter le Tâdla, je vais résumer quelques renseignements recueillis sur
la récente expédition de Moulei El Hasen dans cette contrée.
Tous les ans ou tous les deux ans, le sultan se met à la tête d’une armée et part
pour guerroyer dans quelque portion du Maroc : ces campagnes ont pour but tantôt
d’amener à l’obéissance des fractions insoumises, tantôt de lever des contributions
de guerre sur des tribus trop puissantes pour être réduites, mais trop faibles ou trop
désunies pour pouvoir empêcher une incursion momentanée sur leur territoire. C’est
une expédition de cette catégorie, simple opération financière, que Moulei El Hasen
vient de faire dans le Tâdla. La méthode qu’il suit dans ces occasions est inva¬
riable : il marche pas à pas, de tribu en tribu, offrant à chacune, en arrivant à elle, le
choix entre deux choses : pillage du territoire, ou rachat par une somme d’argent.
Dans cette alternative, prenant de deux maux le moindre, on se décide souvent à
acheter la paix au prix demandé; c’est ce qu’espère le sultan. Mais parfois il éprouve
des mécomptes. A certains endroits, on lui résiste, avec succès même, témoin
les Riata. Dans le Tâdla, on prit un troisième parti, qui fut pour lui la source de
la plus amère déception : à son approche, les tribus, toutes nomades, se contentè¬
rent de plier bagage et de se retirer, qui dans les montagnes de Ait Seri, qui dans
celles des Zaïan. Là elles étaient à l’abri. Le sultan resta seul avec son armée, er¬
rant au milieu de la plaine déserte. Sa campagne fut désastreuse; il ne put que
tirer quelque argent des petites qaçbas éparses de loin en loin dans le pays, maigre
rentrée pour un grand déploiement de forces. « Fatigue sans profit », c’est ainsi que
les habitants qualifient cette expédition.
Voici quel fut l’itinéraire de Moulei El Hasen :
Parti de Merrâkech au printemps dernier, il gagna d’abord Zaouïa Sidi Ben.Sasi;
puis, successivement, El Qantra (sur l’Ouad Sidi Ben Sasi, affinent de la Tensift) ,
Moulei Bou Azza Amer Trab; l’Ouad Teçcaout, qu’il franchit; l’Ouacl el Abid, qu’il tra¬
versa au gué de Bou Aqba : cette dernière opération fut pénible; le passage dura
trois jours; trois canons tombèrent au fond de la rivière, et on ne les retira qu’à
grand’peine. En arrivant à l’ouad, le sultan avait demandé au qaïd in partibus des
Béni Mousa, Ould Chlaïdi, si le gué était praticable et sans danger; celui-ci avait
RECONN VISSVNCE VU MVKOC.
GG
RECONNAISSANCE AU MAROC.
répondu que oui; il se trouva au contraire difficile, avec des eaux très hautes; Moulei
El Hasen fit donner sur l’heure la bastonnade au qaïd mal informé. De là on alla à
Dar Ould Sidoïn (résidence d’un autre qaïd in partibus des Béni Mousa; ils en
ont trois), puis à Sidi Selîman (qoubba avec source dans la plaine du Tâdla, sans
habitants), à Qçar Béni Mellal (bourg à deux heures à l’ouest de Qaçba Béni Mellal,
dans une situation semblable, au pied de l’Atlas; belles sources; environ 2000 habi¬
tants), à Qaçba Béni Mellal, à Seriner (qaçba fort ancienne, aujourd’hui déserte et
ruinée, située dans la plaine, entre Fichtâla et Ait Saïd, à peu de distance au nord
du chemin que j’ai pris; elle appartient aux Ait Saïd), à Rarm el Alain (vieille qaçba
inhabitée, s’élevant dans la plaine en face de la partie du Djebel Amhaouch occupée
par les Ait Ouirra). Dans cette marche, le sultan avait suivi la route que j’ai prise
moi-même, longeant le pied de l’Atlas entre les Ait Seri et le Tâdla. De là il se rendit
à Qaçba Tâdla; puis à Zaouïa Ait El Rouadi (chez les Semget, fraction des Qetaïa),
à Zizouan (entre les Béni Zemmour et les Zaïan, à sept heures de Bou el Djad,' dans la
direction de Moulei Bou Iazza), à Sidi Bou Abbed (zaouïa chez les Béni Zemmour),
à Sidi Mohammed Oumbarek (Béni Zemmour), à Mezgîda (Béni Zemmour), à Bir
el Ksa (Béni Zemmour), à El Hachia (frontière des Béni Zemmour et des Smâla).
Sur le territoire des Smâla, le sultan éprouva de la résistance : une fraction de cette
tribu, les Beraksa, dédaignant de se retirer à son approche, et se refusant à payer
aucune contribution, l’attendit les armes à la main; il les attaqua : les Beraksa lui
tuèrent 500 hommes, mais furent vaincus; leur qaçba fut prise, ses murs rasés; on
y coupa 50 tètes et on en emmena 200 prisonniers. De là on passa aux Oulad Fennan
(fraction des Smâla), puis aux Béni Ivhîran. Sur le territoire de cette tribu, Moulei El
Hasen commença par piller Zaouïa Oulad Sidi Bou Amran : elle appartient aux clie¬
nts de ce nom, cherifs qui ont une influence considérable dans la fraction des Béni
Ivhîran où ils résident, celle des Oulad Bou Radi, et possesseurs de grandes ri¬
chesses; il les dépouilla. 11 dévasta ensuite le territoire des Oulad Fteta (rameau des
Oulad Bou Radi) et celui des Béni Mançour (fraction des Béni Ivhîran). Il se trouvait
chez les Béni Mançour vers le 10 août. Il en partit pour se porter à Meris el Biod, sur
la frontière des Béni Ivhîran et des Zaïr. Auparavant, à Masa, il avait trouvé les
contingents du royaume de Fâs, dont son armée s’était grossie. De Meris el Biod, il
entra dans le pays des Zaïr à Talemart. Là s’arrêtent les renseignements qu’on a pu
me fournir.
Le sultan, dans cette campagne, avait avec lui 10000 chevaux et 10000 hommes
de pied. Sur ce nombre, les troupes régulières (askris) et les mkhaznis comptaient
pour peu de chose, pour cinq ou six mille hommes peut-être : le reste était le con¬
tingent des tribus soumises du royaume de Merràkech. S’agit-il de faire une expé¬
dition de ce genre? Si l’on est à Merràkech, on mande les qaïds du voisinage, chacun
DE MEKNAS A QAÇBA BENI MELLAL.
67
avec ce qu’il peut ramasser d’hommes; leur réunion forme un corps qui accom¬
pagne le sultan jusqu’à son arrivée dans une autre capitale, Fâs ou Meknâs. Là le
service de ces contingents est terminé : chacun rentre dans ses foyers. Si au con¬
traire on était à Fâs, ce seraient les fractions fidèles du Maroc du nord qui com¬
poseraient l’armée. Les corps ainsi rassemblés ne peuvent être très forts; les
tribus les plus puissantes, étant insoumises ou indépendantes, ne fournissent
pas un homme : telles sont, pour le centre seulement, celles des Ichqern, des
Zaïan, des Zaïr, des Zemmour Chellaha, des Béni Mgild, des Béni Mtir, et toutes
celles du Tâdla, excepté les Béni Miskin. Ces noms sont ceux des tribus non seu¬
lement les plus nombreuses, mais aussi les plus guerrières de la région. 11 ne reste
donc au gouvernement que les populations des bords de la mer, populations
donnant des soldats médiocres.
Comment dans ces conditions Moulei El Hasen peut-il impunément ravager les
territoires de tribus aussi puissantes que celles du Tâdla, que les Zaïr? C’est par suite
de la désunion qui règne partout, non seulement entre les diverses tribus, mais
encore parmi les fractions de chacune d’elles : les discordes, les rivalités, les ran¬
cunes sont telles, que rien, même l’intérêt commun, ne peut unir les différents
groupes; seule la voix d’un cherif ou d’un marabout respecté de tous pourrait
produire momentanément ce miracle; cette voix, grâce à la politique habile du sul¬
tan, se tait depuis un grand nombre d’années.
68
RECONNAISSANCE AU MAROC.
III.
DE QAÇBA BENI MELLAL A TI Kl RT.
1°. — DE QAÇBA BENI MELLAL A OUAOUIZERT.
25 septembre 1883.
Départ à 6 heures et demie du matin. Trois zetats m’accompagnent, un de la tribu
des Béni Mellal, deux de celle des Ait Atta d Amalou. Ouaouizert, où je vais, est
située au pied méridional du Moyen Atlas, qui sépare la plaine du Tàdla du cours de
l’Ouad el Abid, et dont, depuis Tagzirt, j’ai longé au bas le versant nord. J’ai donc à
franchir cette chaîne. Les pentes en sont généralement escarpées; dès qu’elles
deviennent assez douces pour être cultivées , elles se couvrent de champs et des
habitations apparaissent; mais ces endroits sont rares : presque toutes les côtes sont
raides et boisées; sauf les places défrichées, clairières éparses de loin en loin, les
flancs du massif sont revêtus d’une épaisse forêt : les lentisques, les caroubiers et les
pins y dominent; ils atteignent une hauteur de 5 à G mètres. Le sol est moitié terre,
moitié roche; celle-ci n’apparaît point ici sous forme de longues assises, mais en
blocs isolés qui émergent de terre entre les arbres. Une foule de ruisseaux d’eau cou¬
rante arrosent l’un et l’autre versant. Le chemin, constamment en montagne, péni¬
ble partout, est très difficile en deux endroits : d’abord, au sortir de Qaçba Béni
Mellal, au passage nommé Aqba el Kharroub; puis à l’approche du col, Tizi
Ouaouizert, que précède une montée fort raide. A 1 heure, je parviens à Ouaouizert.
Point de cours d’eau important pendant la route d’aujourd’hui. Peu de monde sur
le chemin. Les habitations rencontrées étaient d’aspect misérable : c’étaient tantôt
de petites maisons de 2 mètres de haut, construites en pisé, couvertes en terrasse,
la plupart situées à mi-côte et à demi enfoncées sous terre, tantôt de simples huttes
de branchages; les quelques douars que j’ai vus ne se composaient que de cabanes
rangées en rond : pas une tente véritable.
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
99
SÉJOUR A OUAOUIZERT.
Dès la sortie de Qaçba Béni Mellal, je suis entré chez les Ait Atta d Amalou, sur le
territoire desquels se trouve Ouaouizert. Ils n’ont rien de commun avec les Ait Atta
du Dra, ni avec les Berâber. C’est une petite tribu tamazirt (chleuha), indépendante,
dont les frontières sont : au nord, le Tâdla; au sud, l’Ouad el Abid ; à l’est, les Aït
Seri; à l’ouest, les Aït Bon Zid. Sur l’autre rive de l’Ouad el Abid, habitent les Aït
Messat. Les Ait Atta d Amalou peuvent mettre en ligne environ 800 fantassins et 150
cavaliers. Les chevaux sont rares dans cette contrée; en revanche, on y élève un grand
nombre de mulets. Les Ait Atta sont peu riches, quoique rien ne manque à leur
pays pour être prospère : la montagne n’est que bois et pâturages; sur les pentes
douces, dans les vallées, dans la plaine d’Ouaouizert, le sol est fertile : on y voit des
jardins et des cultures florissantes; l'eau abonde partout; des minerais de fer, de cui¬
vre, d’argent, se trouvent, dit-
Croquis de l’auteur.
Col où passe le chemin d’Ouaouizert à l’Oussikis
on, sur le territoire. Mais les
habitants ne savent point ex¬
traire ces derniers, et ils négli¬
gent les travaux des champs;
leurs troupeaux mêmes* sont
peu nombreux : ils ont des
moutons, des chèvres et quel¬
ques vaches, le tout de race
médiocre. Aussi est-ce une tribu de
pillards, dont une bonne partie ne
vit que de zetatas, de vols, de rapi¬
nes de tout genre.
Ouaouizert est située au pied du
Djebel Béni Mellal, au seuil d’une
petite plaine traversée par l’Ouad el
Abid. De quelque côté qu’on tourne
les yeux, on ne voit que hautes mon¬
tagnes, resserrant la vallée dans une
ceinture étroite. La bourgade s’élève sur les deux rives d’un ruisseau qui porte son
nom ; elle se compose de trois groupes d’habitations assez éloignés les uns des au¬
tres, unis par des vergers. L’un d’eux est une zaouïa, résidence d’une famille de
marabouts, dont le chef actuel est Sidi Mohammed ould Mohammed. Dans les ver-
Prcmiers échelons du Grand Atlas ,
formant le flanc gauche de la vallée de l’Ouad el Abid.
(Les parties ombrées sont boisées.) (Vue prise du mellah d’Ouaouizert.)
Croquis de l’auteur.
70
RECONNAISSANCE AU MAROC.
gers, on voit quelques pans d’épaisses murailles, ruines d’une qaçba construite jadis
par Moulei Ismaïl. Les maisons sont de pisé, à simple rez-de-chaussée couvert d’une
terrasse; au milieu d’elles, ainsi que dans la campagne voisine, se dressent un
grand nombre de tirremts. Les arbres des jardins sont des oliviers, des pêchers et
des figuiers; les légumes,
Vallée de l’Ouad Ouaouizert. Vallée de l’Ouad el Abip.
des piments, des oignons
et des citrouilles. Ouaoui¬
zert renferme 800 ou 1 000
Massif situé entre l’Ouad el Abid et l’Ouad Ouaouizert.
(Les parties ombrées sont boisées.) (Vue prise du mellah d’Ouaouizert.)
Croquis de l’auteur.
Ouaouizert.
habitants, dont 100 à 150
Israélites. Malgré son peu
de population, elle a une
réelle importance, par son marché d’abord, marché qui se tient le vendredi et qui
est très fréquenté, ensuite et surtout par sa position, qui en
fait une des portes du Grand Atlas et le nœud de plusieurs
routes. Trois passages principaux s’ouvrent dans le Grand
Atlas entre les bassins de l’Oumm er Rebia et du Dra : l’un
à l’ouest, menant de Zaouïa Sidi Reliai au Telouet; un autre
au centre, conduisant de Remuât aux Haskoura; le dernier
en face d’Ouaouizert, débouchant dans l’Oussikis. Celui-ci est
le chemin que prennent les caravanes venant de Merrâkech
allant soit, dans le haut Ouad Rades, soit au Todra, soit au
Ferkla. A l’est de ce col, il n’y en a plus de fréquenté dans la chaîne jusque auprès
A. Groupes d’habitations.
B. Cimetière.
C. Qaçba Moulei Ismaïl (ruines).
D- Marché.
E. Mellah.
de Qçâbi ech Cheurfa.
Les costumes sont les mêmes ici que dans le Tâdla; mais les femmes, comme déjà
Cavernes creusées dans le liane droit de la vallée de l’Ouad
Ouaouizert, à 3 kilomètres en amont d’Ouaouizert.
Croquis de l’auteur.
le Tazeroualt et Ouad Noun. Puis il se rendit ;
A Tétouan et à Fàs, on m’avait parlé du doc
celles des Reni Mellal, font un usage
immodéré de henné. C’est une excep-
lion. Les Marocaines n’en mettent pas
d’ordinaire avec excès.
Dans la vallée de l’Ouad Ouaoui¬
zert, à trois kilomètres au-dessus du
village, se trouvent beaucoup de ca¬
vernes de Troglodytes comme celles
décrites plus haut.
J’entends causer ici du voyage d’un
Chrétien. Habillé en Musulman, il tra¬
versa, il y a trois ans et demi, le Sous,
i Tindouf, d’où il partit pour le Soudan,
teur Lenz: cela n’avait rien de surpre-
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
71
Ouaouizert.
Ouaouizert et vallée de l’Ouad Ouaouizert.
(Vue prise des cavernes situées à 3 kilomètres en amont du village.)
Croquis de l’auteur.
liant; mais comment s’attendre à ce qu’ici, en ce coin perdu de l’Atlas, si éloigné
du théâtre de ses explorations , sa renommée fût parvenue ?
2°. — D'OUAOUIZEHT AUX ENTIFA.
20 septembre.
Départ d’Ouaouizert à (3 heures du matin. Je vais d’abord au Had des Ait Bon Zicl ,
qui se tient aujourd’hui. J’y arrive à 7 heures un quart. Le chemin qui y mène longe
la lisière nord de la plaine, au milieu de terrains tantôt rocheux et incultes, tantôt
terreux et couverts de champs de blé.
Le marché est très animé; tant qu’il dure, il ne s’y trouve jamais moins de 600 per¬
sonnes, et c’est un va-et-vient continuel. Cependant les objets qu'on y vend ne présen¬
tent pas grande variété. On y voit surtout des fruits et des légumes, apportés par les
Ait Bou Zid , achetés par les Ait Atta; puis du bétail : moutons, chèvres, vaches du
prix de 30 à 40 francs; des grains, des peaux, de la laine. Les Juifs d’Ouaouizert éta¬
lent des belras, des bijoux, des poules, des cotonnades; quelques marchands musul¬
mans, coureurs de marchés de profession, vendent du thé, du sucre, des allumettes.
Mais ici l’affaire importante n’est point le trafic, c’est le «jeu des chevaux ». Tout
cavalier des Ait Bou Zid est tenu de venir chaque dimanche y prendre part; une
amende de 10 francs punit les manquants. Voici comme on procède à cet exercice :
on se forme par pelotons de 10 à 20; successivement chacun de ces groupes prend le
galop, charge, fait feu, s’arrête et démasque, laissant la place au suivant; puis
il recharge les armes, pour recommencer quand son tour reviendra.
\ 1 heures, je quitte le marché sous l’escorte d’un zetat des Ait Bou Zid, sur le ter-
7 2
RECONNAISSANCE AU MAROC.
ritoire desquels je suis à présent. Je continue à longer, sur un sol semblable à celui
de ce matin, la lisière nord de la plaine; les montagnes qui l’entourent paraissent
fort habitées : on y entrevoit des cultures partout où les pentes ne sont pas trop rai¬
des, un grand nombre de tirremts se dressent sur leurs flancs. A 5 heures, j’atteins
l’extrémité de la plaine, et en même temps les bords de l’Ouad el Abid. Celui-ci est
une belle rivière, au courant impétueux, aux nombreux rapides; ses eaux, vertes
et claires, occupent le tiers d’un lit de 60 mètres de large, sans berges, moitié vase,
moitié gravier, semé de gros blocs de rochers; il se remplit en entier durant l’hiver;
quatre ou cinq fois plus forte qu’elle n’est en ce moment, la rivière coule alors avec
une violence extrême. En toute saison, on ne peut la passer qu’à des gués assez rares.
A partir d’ici, j’en suis le cours, marchant tantôt le long de ses rives, tantôt à mi-
côte de ses flancs, suivant les difficultés du terrain; elles deviennent bientôt très
grandes. L’Ouad el Abid, en sortant de la plaine, s’enfonce dans une gorge profonde;
le bas en a juste la largeur de la rivière; les
côtés sont deux murailles de grès, qui atteignent
par endroits plus de 100 mètres de hauteur; au-
dessus, se dressent les massifs mi-terreux, mi-
rocheux de la chaîne au travers de laquelle l’ouad
se fraie si violemment passage. Leurs pentes, sou¬
vent escarpées, sont raides partout, parfois incli¬
nées à 2/1, d’ordinaire à 1/1 presque jamais à 1/2.
C’est avec la plus grande peine que l’on suit la
vallée; rarement on peut marcher au fond : il est occupé par les eaux; le chemin tantôt
serpente dans la montagne, au-dessus des parois de la gorge, tantôt est taillé dans le-
roc, au flanc même de ces parois, et surplombe la rivière. Ce sont des passages ex¬
trêmement difficiles, les plus difficiles que j’aie jamais trouvés. Ils se franchissent
pourtant trop vite au gré du voyageur. L’œil ne se lasse pas de contempler ce large
cours d’eau roulant ses flots torrentueux entre d’immenses murailles de pierre, au
pied de ces montagnes sombres, dans cette région sauvage où le seul vestige hu¬
main est quelque tirremt suspendue à la cime d’un rocher. A l’entrée de ce long-
défilé, est la maison de mon zetat, Dar Ibrahim. Nous y faisons halte à 5 heures
et demie du soir. Peu de temps avant d’arriver, j’ai vu un affluent se jeter sur la
rive gauche de l’Ouad el Abid : c’est. l’Ouad Ait Messat, belle rivière aux eaux vertes,
au courant impétueux, de 12 à 15 mètres de large, venant du sud par une gorge
profonde.
Les Ait Bou Zid, chez lesquels je suis, sont de race tamazirt (chleuha) et indépen¬
dants. Leur territoire, tout en montagne, occupe la portion du Moyen Atlas bornée
au nord par le Tâdla, au sud par l’Ouad el Abid , à l’est par les Ait Atta d Amalou , à
Entrée du long défilé où s’enfonce l’Ouad el Abid,
au sortir de la plaine d’Ouaouizert.
(Vue prise de cette plaine.)
Croquis de l’auteur.
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
73
l’ouest par les Ait Atab et les Ait Aïad. Ils peuvent armer environ I 000 fantassins et
300 cavaliers. Cette tribu est renommée pour sa richesse : en effet, tant que je serai
sur ses terres, je ne cesserai d’admirer des preuves de l’intelligence et de l’activité des
habitants; nulle part au Maroc les cultures ne m’ont paru mieux soignées, les
chemins aussi bien aménagés, dans un pays plus difficile. Toutes les portions du sol
dont on a pu tirer parti sont plantées : ici sont des blés, là des légumes, ail¬
leurs des oliviers; ils s’étagent par gradins, une succession de murs en maçon¬
nerie retenant les terres; sur ces pentes raides, on ne peut labourer à la charrue : tout
se travaille à la pioche. Les chemins sont la plupart bordés de bourrelets de pierre;
en certains points; ils sont taillés dans le roc : des consoles les soutiennent, des ponts
sont jetés au-dessus des crevasses. Les maisons n’ont qu’un, rez-de-chaussée, mais
sont bien construites; elles sont en pierre cimentée, mais non taillée. Les tirremts
sont nombreuses et grandes ; quelques-unes , se dressant au sommet de rocs escarpés,
semblent presque inaccessibles. Ces ouvrages témoignent d’une population active et
industrieuse. Les Aït Bou Zid ont un usage qui leur est spécial, et que nous ne retrou¬
verons ailleurs que loin vers l’ouest et dans une seule tribu, les Ilaha. C’est celui de se
disséminer, maison par maison, chacun au milieu de ses cultures, au lieu de se grou¬
per par villages. Sur leur territoire, on n’en rencontre pas : on ne voit que demeures
isolées, semées sans ordre au flanc de la montagne.
Une légère modification se fait ici dans l’armement : plus de baïonnettes; tout le
monde porte le sabre. De plus, le fusil change : la crosse, de courte et large, devient
longue et étroite; elle était simple : elle se couvre d’ornements, incrustations d’os et de
métal. Ces deux modèles sont les seuls qui existent au Maroc; le premier est d’un
usage universel au nord de l’Atlas; dans cette chaîne et au Sahara, on le trouve
quelquefois, mais rarement , c’est le second qui domine.
Le tamazirt est l’idiome général des tribus que j’ai traversées depuis Meknâs; mais
jusqu’à Qacba Béni Mellal tout le monde, dans les familles aisées, savait l’arabe.
Depuis que je suis dans l’Atlas, il n’en est plus de même. Ici, bon nombre d’hommes
parlent encore cette langue, mais les femmes l’ignorent complètement.
1" octobre.
Départ à 5 heures du matin. Telle était hier soir la vallée de l’Ouad el Abid, telle
elle reste aujourd’hui; les hautes montagnes qu’elle traverse sont, à l’exception des
places cultivées, entièrement boisées : oliviers sauvages, pins, mêlés parfois de len-
tisques et de caroubiers. Par instants, le fond de la gorge se resserre au point de n’a¬
voir que 30 mètres de large; par moments, il s’étend un peu et a jusqu’à 100 mètres :
en ces endroits, d’autant plus fréquents qu’on avajice davantage, les bords de l’ouad
RECONNAISSANCE AC MAROC. 1°
74
RECONNAISSANCE ALI MAROC.
se garnissent de lauriers-roses, les parois de la vallée s’abaissent et s'inclinent, quel¬
ques arbres poussent aux fentes des rochers. La gorge, jusqu’au point où la ri¬
vière sort de l’Atlas, présente donc l’aspect suivant : une série d’étranglements très
étroits unis par des défilés, lesquels, resserrés au début, s’élargissent peu à peu à me¬
sure qu’on descend, en même temps que leurs flancs deviennent moins escarpés. Au
bout d’une heure et demie, la muraille rocheuse
s’est déjà beaucoup abaissée dans ces endroits; un
peu plus tard, elle fait par moments place à la terre ,
et la forêt arrive jusqu’au bord des eaux. A dater
de 8 heures et demie, la largeur habituelle est
100 mètres; des trembles, des oliviers, couvrent le
fond; les parois de roche sont très basses ou rempla¬
cées par des talus de terre à 1/1 ; quelques maisons
entourées de vergers apparaissent sur les pentes.
Des étranglements resserrent encore par moments la
vallée, mais de chacun elle sort plus large. A 9 heures et demie, elle a 150 mètres
et se remplit de jardins; les flancs en sont à 1/1 ou à 1/2; des habitations s’y élèvent
de toutes parts. Elle reste ainsi jusqu’à Ait ou Akeddir, où j’arrive à 10 heures et
demie du matin.
En chemin, j’ai traversé l’Ouad el Abid plusieurs fois, la première vers 6 heures
(25 mètres de large, 70 centimètres de profondeur), la dernière vers 10 heures un
quart (40 mètres de large, 50 centimètres de profondeur). Partout les eaux étaient les
Vallée de l’Ouad el Abid.
Village situé sur une roche de sa rive gauche,
entre Dar Ibrahim et Ait ou Akeddir.
Croquis de l’auteur.
mêmes, limpides, vertes, impétueuses; partout elles coulaient sur un lit de gros ga¬
lets, sans berges; les blocs de roche dont était semé le lit au commencement avaient
disparu dans la dernière partie du trajet. Depuis 8 heures et demie , les rives étaient
garnies d’un grand nombre d’appareils qui servent aux ha¬
bitants à traverser en hiver, lorsque, les eaux étant hautes,
on ne peut plus franchir à gué; ces machines se composent
de deux fortes piles de maçonnerie établies l’une de chaque côté de la rivière; en
leur milieu sont fixés de gros troncs d’arbres, auxquels s’amarrent les cordes
servant au passage. Le sol du fond de la vallée est partout de terre.
2 et 3 octobre.
Séjour à Ait ou Akeddir. Les Ait Atab, chez lesquels je suis, sont une tribu tama-
zirt (chleuha), indépendante. Leur territoire est limité : au nord, par les Ait Aïad et
le Tâdla; à l’est, par les Ait Bou Zid; au sud et à l’ouest, par l’Ouad el Abid. Ils peu¬
vent mettre en ligne environ 1 200 fantassins et 300 chevaux. Deux marchés sur leur
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIIUBT.
75
territoire : Had d’Aït Atab et Arbaa d’Ikadousen; Ikadousen est le nom d’une de leurs
fractions, qui habite vers le nord-ouest du point où je suis.
Ait ou Akeddir est un gros village, situé sur les premières pentes du liane droit de
l’Ouad el Abid, à un coude que fait la rivière; les environs de ce centre sont la por¬
tion la plus habitée du territoire des Ait Atab. Auprès de lui s’élèvent à peu de dis¬
tance plusieurs autres groupes, parmi lesquels on distingue El Had, où se tient le
marché. En face, le flanc gauche est hérissé d’une foule de maisons, de tirremts, s’é¬
tageant en amphithéâtre au milieu des oliviers. Ces constructions, ainsi que toutes
celles de la tribu, sont en pisé. La population totale de ces diverses agglomérations
peut être de 2000 âmes, dont 200 Juifs répartis en deux mellahs. Chaque village est
entouré d’arbres fruitiers. De grands jardins occupent le fond de la vallée, où l’on ne
bâtit point, de peur des inondations.
4 octobre.
Gorge d’où sort l’Ouad el Abid.
Départ à 5 heures du matin. Un homme des Ait Atab me sert de zetat. A quelque
distance d’ici, l’Ouad el Abid s’enfonce de nou¬
veau dans une gorge profonde; il y reste en¬
fermé jusqu’à Tabia, où il sort de l’Atlas et
entre en plaine. Je prends un chemin qui passe
à quelque distance de la rivière, sur un petit
plateau couvert de cultures et semé d’aman¬
diers; des tirremts se dressent de toutes parts;
de grands troupeaux paissent sur les côtes. A
10 heures, je reviens sur les bords de l’Ouad el
Abid au lieu même où , débouchant de la mon¬
tagne par une brèche sauvage, il s’élance dans
la plaine. Je le traverse et je gagne le petit village de Tabia, situé sur sa rive
gauche. Me voici en blad el makhzen, pour la première fois depuis Meknâs. En
passant la rivière, je suis entré sur le territoire des Entifa, tribu soumise. Ici, plus
de zetat, plus d’escorte; on voyage seul en sûreté (1).
Je repars donc aussitôt avec un simple guide pris à Tabia. Laissant l’Ouad el Abid
prendre sa course vers le nord-ouest, je me maintiens près de la montagne. C’est
toujours le Moyen Atlas; j’en longe le pied par une succession de plateaux bas et
Point où l’Ouad el Abid sort de la montagne et entre
en plaine. (Vue prise de Tabia.)
Croquis de l’auteur.
(1) Il n'en est plus ainsi maintenant. Les Entifa se sont révoltés. Voici ce qu’on lit à leur sujet dans
le Réveil du Maroc du 25 février 1885 : « A Entifa, le gouverneur s’est vu dans la nécessité de prendre
la fuite à la suite de l'attaque dont il a été l’objet de la part de ses administrés, qui ont détruit et pillé son
château. »
76 RECONNAISSANCE AU MAROC.
de côtes douces : les plateaux ont un sol sablonneux , avec des pâturages et quelques
cultures; les coteaux, rocheux (1) et nus à la partie supérieure, sont terreux et gar¬
nis de villages et de jardins à. leur pied. Vers 3 heures, j’atteins une bourgade qui sera
mon gîte, Djemaaa Entifa.
Assez nombreux voyageurs sur la route pendant cette journée. Point d’autre cours
d’eau que l’Ouad el Abid; au gué de Tabia où je l’ai traversé, il avait 40 mètres
de large et 70 centimètres de profondeur. Toujours même lit de galets, même eau
limpide et verte, même courant impétueux. Les roches au pied desquelles il coule en
sortant de l'Atlas sont de grès, comme toutes celles de sa vallée depuis le point où
j’y suis entré.
Djemaaa Entifa ne porte point ce nom à cause d’un marché; elle en possède un,
mais qui se tient le lundi. Le village se compose de trois groupes d’habitations, distri¬
bués sur les deux rives d’un ruisseau. Des jardins, vraie forêt d’oliviers, les unissent
et les entourent. La population est d’environ 1 500 habitants, dont 200 Israélites. Cette
localité fait un commerce actif, d’une part avec Bezzou et Demnât, de l’autre avec les
tribus du sud. Non loin de là est la demeure du qaïd des Entifa. La juridiction de ce
gouverneur est limitée : au nord, par les Srarna et l’Ouad el Abid; à l’est, par
l’Ouad el Abid et les Ait Messat; au sud, par les Ait b Ougemmez et les Ait b Ououlli;
à l’ouest, par la province de Demnât et les Srarna. Elle comprend, outre les En¬
tifa, Bezzou au nord, les Ait Abbes et les Ait Bou Harazen au sud-est.
3°. — DES ENTIFA A ZAOUIA SIDI REIIAL.
5 octobre.
Départ à 5 heures du matin, en compagnie d’une caravane de cinq à six person¬
nes; le pays est sùr; on est en blad el makhzen : point d’escorte. D’ici à Demnât, je
continuerai à cheminer sur les premières pentes de l’Atlas, en me rapprochant de
plus en plus de son pied. Pendant ce trajet, je passerai insensiblement du Moyen
Atlas au grand : les deux chaînes paraissent se rejoindre à la trouée de la Teççaout,
où serait l’extrémité de la première. Ma route d’aujourd’hui se divise en deux por¬
tions distinctes : de Djemaaa Entifa à l’Ouad Teççaout, et de la Teççaout à Demnât.
Dans la première partie, le pays est accidenté, le sol pierreux, quelquefois rocheux;
il est souvent nu, par moments garni de palmiers nains et de taçououts, ou boisé;
(1) Dans ces rochers, on aperçoit de loin une plante curieuse que , dans le cours de mon voyage, j’ai
vue en quatre endroits : là; dans les escarpements qui dominent le village d’Aït Saïd (Tâdla); sur les pentes
septentrionales du Petit Atlas; dans les territoires des Ilalen et des Chtouka; enfin dans les falaises des Raha,
au bord de l’océan Atlantique. Cette plante, la taçouout, parait ne pousser que dans les lieux rocheux.
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIK1RT.
77
peu d’eau; cependant, au flanc des coteaux, au fond des ravins, sur les sommets,
s’élèvent une foule de villages, entourés de grandes plantations 'd’oliviers , avec des
haies de cactus : en somme, région d’aspect triste, mais fort habitée. A 9 heures et
demie, j’arrive au bord de la Teççaout : c’est la Teççaout Fouqia, appelée aussi Ouad
Akhdeur « Rivière Verte ». Elle est bien nommée; elle coule au milieu d’une vé¬
gétation merveilleuse, à l’ombre de grands oliviers, dans une vallée couverte de
champs et de vergers. A partir de la Teççaout, j’entre dans une région nouvelle :
accidents de terrain moins sensibles; sol terreux; foule de ruisseaux; nombreux
villages; à chaque instant jardins immenses, à végétation superbe, à arbres sécu¬
laires : c’est au travers de ce beau pays que je parviens à Demnât. J’entre dans la
ville à midi et demi.
Durant toute la journée, beaucoup de monde sur le chemin. Je n’ai point traversé
d’autre cours d’eau important que l’Ouad Teççaout : il avait 15 mètres de large et
50 centimètres de profondeur; eaux 'claires; courant rapide; lit [de galets; berges
de terre, en pente douce, de 1 mètre à lm,50 de hauteur.
6 et 7 octobre.
Séjour à Demnât. Cette ville est le siège cl’un qaïd qui gouverne la province de
Demnât; celle-ci a pour limites : au nord, les Srarna; à l’est, les Entifa et les
Aït b Ououlli; au sud, les pentes supérieures du Grand Atlas; à l’ouest, les Glaoua
et les Zemrân.
Demnât est entourée d’une enceinte rectangulaire de murailles crénelées, garnies
d’une banquette et flanquées de tours; le tout est en bon état, sans brèches ni
portions délabrées. Trois portes donnent entrée dans la ville. Demnât.
s
□ b
JF
La qaçba a son enceinte à part et est bordée de fossés ; ceux-ci ,
les seuls que j’aie vus au Maroc, ont 7 à 8 mètres de large sur
4 ou 5 de profondeur et sont en partie remplis d’eau. Au mi¬
lieu de ce réduit, s’élèvent la mosquée principale et la maison du
qaïd. Murailles, qaçba, mosquées, maisons, toutes les construc¬
tions de la ville sont en pisé ; rien n’est blanchi , sauf la demeure
du qaïd et le minaret qui l’avoisine. Le reste est de la couleur
brun sombre qui distingue les habitations depuis Bon el Djad.
L’intérieur de l’enceinte est aux deux tiers couvert de maisons, en bon état, quoique
mal bâties. Le dernier tiers est occupé partie par des cultures, partie par la place du
marché : point de terrains vagues, point de ruines; en somme, air prospère. La po¬
pulation est d’environ 3000 âmes, dont 1 000 Israélites; ceux-ci n’ont pas de mellali;
ils habitent pêle-mêle avec les Musulmans, qui les traitent avec une exceptionnelle
1. Enceinte de la ville.
2. Enceinte de la qaçba.
3. Demeure du qaïd.
4. Mosquée.
5. Mosquée.
u. Synagogue principale.
7. Place du marché.
8. Vergers.
78
RECONNAISSANCE AU MAROC.,
bonté. Demnât et Sfrou sont les deux endroits dn Maroc où les Juifs sont le plus
heureux. Il y a d’autres rapprochements à faire entre ces deux villes, dont les points
de ressemblance frappent l’esprit : même situation au pied de l’Atlas, à la porte
du Sahara; population égale, et composée d’une manière semblable; prospérité
presque pareille; même genre de trafic; même caractère doux et poli des habitants;
même ceinture d’immenses et superbes jardins. En un mot, ce que Sfrou est à Fàs,
Demnât l’est à Merrâkech.
Le commerce de Demnât est le suivant : les tribus de l’Atlas et du Sahara (Dâdes,
Partie occidentale de la ville et des jardins de Demnât. (Vue prise de la synagogue principale.)
Croquis de l’auteur.
Todra) viennent s’y approvisionner de produits européens et d’objets fabriqués dans
les villes marocaines, tels que cotonnades, sucre, thé, parfumerie, bijouterie, bel-
ras; elles y cherchent aussi des grains, mais en petite quantité : en échange, elles
apportent des peaux, des laines et des dattes, que les habitants de Demnât expédient
à Merrâkech. Ce commerce, florissant autrefois, a fait la richesse de la ville : il est
en décadence depuis quatre ou cinq ans. A cette époque, le sultan envoya un amin
d’une rapacité telle que le trafic ne fut plus possible : tout ce qui passait les portes
de la cité était, quelle qu’en fût la provenance, frappé d’un droit arbitraire si élevé
que bientôt les tribus voisines et les caravanes du sud désertèrent ce marché, et se
portèrent en masse sur Merrâkech , où elles se fournissent à présent.
Demnât est entourée de toutes parts d’admirables vergers, les plus vastes du Maroc.
Au milieu d’eux sont disséminés une foule de villages se touchant presque, qui for¬
ment comme des faubourgs de la ville. Ces jardins sont renommés au loin; leur
fertilité, leur étendue, la saveur et l’abondance de leurs fruits, les excellents raisins
qui s’y récoltent sont légendaires.
Presque contigus aux vergers de Demnât, s’en trouvent d’autres très célèbres, que
nous avons traversés en venant : ceux d’Aït ou Aoudanous. Ils rappellent un triste
exemple de la rapacité du sultan et de la malheureuse condition de ses sujets.
Ces jardins, domaine immense et merveilleux, forêt d’oliviers séculaires et d’arbres
fruitiers de toute espèce, arrosés par des ruisseaux innombrables, appartenaient, il y
a quelques années, à un homme fameux par ses richesses et son luxe, Ben Ali ou El
Mahsoub, dont la vaste demeure s’élève encore au sommet d’un mamelon qui les
domine. Cette fortune énorme, cette ostentation, ce pouvoir, portèrent ombrage au
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
79
sultan. Soit pure cupidité, soit crainte de l’influence croissante d’un homme aussi
puissant, il le fit une nuit surprendre, saisir, emmener : on le jeta en prison dans
1 île de Mogador. En même temps, ses biens furent confisqués et réunis à ceux de la
couronne. J’appris plus tard à Mogador que le malheureux Ben Ali, qu’on y con¬
naissait sous le nom d’El Demnâti, avait, après plusieurs années de captivité, obtenu
sa liberté au prix de tous ses biens. Mais il n’en jouit pas. Au sortir de prison, à la
porte de Mogador, il mourut.
8 octobre.
Départ, à 8 heures et demie du matin. D’ici à Zaouïa Sidi Reliai, je serai encore
en blad el makhzen ; région sûre ; un guide suffit. La route longe constamment
la lisière d’une vaste plaine qui s’étend au pied du Grand Atlas. Sol terreux et
uni. A gauche, sont les premières pentes de la montagne, pentes assez douces,
partie nues ou couvertes de palmiers nains, partie boisées; d’aucun point on ne dis¬
tingue les crêtes. A droite, on ne voit qu’une immense plaine s’allongeant à perte
de vue vers l’ouest; elle est bornée à l’est par les masses lointaines et grises du
Moyen Atlas, au nord par les collines éloignées des Rhamna, qui séparent les bas¬
sins de l’Oumm er Rebia et de la Tensift. Jusqu’à la Teççaout Tahtia, la plaine est
couverte de pâturages, et une foule de villages entourés de bois d’oliviers la sèment
de points sombres; ces vastes étendues pleines de troupeaux, ces innombrables oasis
de verdure, forment un beau tableau de paix et d’abondance. A partir de la Teç¬
çaout, les oliviers diminuent; bientôt ils cessent : en même temps, les pâturages
font place à des cultures. A 6 heures du soir, j’arrive à Zaouïa Sidi Reliai. Au
loin, dans le disque enflammé du soleil couchant, on aperçoit la haute tour de
Djama el Koutoubia, mosquée de Merràkech.
Durant toute la journée, beaucoup de monde sur la route. Un seul cours d’eau
important : l’Ouad Teççaout Tahtia (eaux claires et courantes de 20 mètres de large
et de 30 à 40 centimètres dé profondeur, coulant sur un lit de galets trois fois plus
grand, entre-deux berges rocheuses, tantôt à 1/1, tantôt à 1/2).
Zaouïa Sidi Reliai est une bourgade du territoire des Zemrân ; entourée de murs
bas sans prétentions militaires, bâtie en pisé, elle a environ 1000 habitants; au mi¬
lieu s’élèvent une belle qoubba, où reposent les restes de Sidi Reliai, et une zaouïa,
où vivent les marabouts ses descendants; ces derniers sont fort vénérés dans le pays :
de toutes les tribus voisines, des Zemrân, des Rhamna, des Srarna, de Demnât,
de Merràkech même, on les visite, on leur apporte des offrandes. En dehors de
l’enceinte musulmane, formant un faubourg isolé, se trouve un petit mellah. .Jar¬
dins peu étendus.
80
RECONNAISSANCE AU MAROC.
40. _ de ZAOUIA SIDI REHAL A TI Kl RT.
9 octobre.
Quoique blad el makhzen, le pays n’est pas assez sûr pour marcher sans zetat;
mais un seul homme suffît. Je trouve sans peine quelqu’un pour m’escorter. Départ
à midi et demi. Un cours d’eau sort ici même du Grand Atlas. C’est l’Ouad Rdât. Il
prend sa source au sommet de la chaîne, à la dépression considérable appelée Tizi
n Glaoui , et en descend dans une direction perpendiculaire aux crêtes ; cette rivière
trace ainsi une route courte et facile pour franchir la chaîne. Je m’y engage. Jusqu’au
Tizi, je resterai dans le bassin de l’ouad, et pendant la plus grande partie du trajet
j’en suivrai le cours. De Sidi Reliai aux environs de Zarakten, où je quitterai la vallée
de l’Ouad Rdât, celle-ci présente le même aspect : le fond n’en a jamais plus de
100 mètres de large, le plus souvent il a beaucoup moins; les flancs sont habi¬
tuellement des talus boisés à 1/1, quelquefois des murailles rocheuses presque à pic.
C’est lorsque les pentes de ces flancs sont les plus raides que le fond est le plus
large, lorsqu’elles sont les plus douces qu’il est le plus étroit. Tantôt ce dernier est
couvert des galets , des blocs de roche qui forment le lit de la rivière : dans ces
points croissent, entre les pierres, des lauriers-roses et des pins; ailleurs il y a un
peu de terre : on trouve alors des jardins, avec des figuiers et des oliviers. De même
pour les flancs. Moitié terre, moitié grès, ils sont la plupart du temps escarpés et
couverts de forêts où se mêlent les lentisques, les tiqqi, les teïda et les teceft. Mais
aux rares endroits où les côtes sont moins abruptes, on rencontre des villages, et à
leur pied, des cultures et des vergers. Les villages sont disposés en long : chacun
forme plusieurs groupes, échelonnés dans le sens de la vallée. Les plantations s’é¬
tagent au-dessous, disposées par gradins; de petits murs retiennent la terre. Les
champs sont des champs d’orge et de maïs; des figuiers, des grenadiers, des oli¬
viers, de la vigne, et surtout une foule de noyers les ombragent : le noyer apparaît
ici pour la première fois; cet arbre abonde sur les deux versants du Grand Atlas;
je ne l’ai pas vu ailleurs. Telle sera la vallée de l’Ouad Rdât jusque auprès de Tag-
mout, où je la quitterai. Le chemin tantôt en suit le fond, tantôt serpente sur ses
lianes; il est presque partout raide et pénible, difficile en peu d’endroits. Aujour¬
d’hui, je fais une étape très courte : je m’arrête à Enzel, village de 600 habitants,
où je passerai la nuit; il n’est que 3 heures lorsque j’y arrive.
Durant le trajet, beaucoup de monde sur la route. L’Ouad Rdât avait, à Zaouïa
Sidi Reliai, 6 mètres de large et 20 centimètres de profondeur; les eaux en étaient
DE QAÇBA BENI MELLAL A T1KIRT.
81
claires et courantes, légèrement salées; elles coulaient au milieu d’un lit de
galets de 60 mètres, bordé de berges de terre d’un mètre. Cette rivière est, m’affirme-
t-on , un affluent de la Tensift : elle s’y jetterait après avoir arrosé le territoire
des Zemrân et celui des Glaoua.
Cette dernière tribu est celle où je suis entré en sortant de Zaouïa Sidi Reliai; un
qaïd nommé par le sultan la gouverne ; il réside à Imaounin , dans le Telouet : son
autorité réelle s’étend sur les Glaoua et sur le Ouarzazat, son pays natal; son pouvoir
nominal va jusqu’aux Ait Zaïneb, son influence jusqu’à Tazenakht et jusqu’au
Mezgîta. La première seule de ces trois régions est considérée comme blad el rnakh-
zen ; seule elle fournit des soldats et paie l’impôt : les deux autres sont blad es siba.
Cependant, dans la seconde, la parole du qaïd est prise en considération; mais
à condition qu’il ne réclame que des choses faciles, ne [coûtant rien aux habitants;
il ne se hasarderait pas à leur en demander d’autres , sachant que ce serait
provoquer des refus; il ne se mêle en aucune façon de leur administration,
de leurs différends, des guerres qu’ils peuvent se faire entre eux; mais son
anaïa est respectée : des gens de sa maison , esclaves ou mkhaznis , peuvent
servir de zetats; on voyage en sûreté sous sa protection. 11 n’en est plus de même
dans la troisième région : la suprématie, même nominale, du sultan n’y est pas
reconnue; tout ce que peut faire le qaïd est d’entretenir des rapports d’amitié avec
les chefs des deux grandes maisons voisines, les cliikhs de Tazenakht et du Mez¬
gîta. 11 ne saurait servir de zetat sur leurs territoires, mais ses lettres assureraient
un bon accueil auprès d’eux. Au delà, ni son nom ni celui du makhzen ne| sont
connus.
Le commerce des Glaoua est actif : il consiste presque uniquement en l’échange
des grains du nord contre les dattes du Dra. Deux marchés dans la tribu : le Tenîn de
Telouet et le Ivhemîs d’Enzel. Les Glaoua sont Imaziren de langue comme de race,
ainsi que toutes les tribus que je verrai dans les massifs du Grand et du Petit Atlas :
de -Zaouïa Sidi Reliai à Tisint, la première oasis que j’atteindrai, il n’y a pas un seul
Arabe. Ici apparaît pour la première fois un vêtement original , d’un usage uni¬
versel chez les Glaoua, dans le Dra, dans le bassin du Sous, dans la chaîne du Petit
Atlas; c’est \e khenif : qu’on se figure une sorte de bernous court, de laine teinte
en noir, avec une large tache orange, de forme ovale, occupant tout le bas du dos;
cette sorte de lune si étrangement placée est tissée dans le bernous même, et les bords
en sont ornés de broderies de couleurs variées; le bas du bernous est garni d’une
longue frange, le capuchon d’un gros gland de laine noire. La plupart des hommes,
enfants et veillards, Musulmans et .Juifs, portent ce vêtement; les autres se drapent
dans des haïks de laine blanche. On garde le sommet de la tête nu, comme dans
le reste du Maroc; mais la bande, large ou étroite, qui se roule d’habitude à 1 en-
HECONNAISSVNCE AU MAROC.
Il
82
RECONNAISSANCE AU MAROC.
tour , au lieu d’être de cotonnade blanche , est de laine noire. Les belras se
remplacent fréquemment par des sandales. On ne voit plus de sabres qu’aux cava¬
liers : ces armes sont donc peu nombreuses, les chevaux étant rares dans le Grand
comme dans le Petit Atlas. On cesse de porter la poudre dans des poires : on la met
dans des cornes. Ce sont, soit des cornes naturelles à armatures de cuivre, soit, plus
souvent, des cornes en cuivre ciselé; elles ne manquent pas de grâce; des sachets
de cuir pour les balles s’y attachent. Ce modèle, en usage dès les premières pentes
septentrionales du Grand Atlas, est le seul employé dans cette chaîne et dans tout
le sud : il n’y a que deux exceptions; nous les signalerons plus tard; l’une est vers
l’est, dans le bassin du Ziz, l’autre vers l’ouest, dans le Sahel.
10 octobre.
D’Enzel à Tagmont, je suis la vallée de l’Ouad Rdât, telle que je l’ai décrite
hier. Parti à 5 heures du matin, j’arrive à 11. Chemin faisant, je passe auprès
des ruines d’un pont attribué par les uns aux Chrétiens, par les autres à es
Soultân el Akheul : on cite toujours ces deux noms au Maroc dès qu’il s’agit d’ouvra¬
ges dont on ne connaît pas les auteurs; ce pont, dont il reste quatre arches en pierre,
s’élève sur la rivière au point de jonction des chemins de Merrâkech et de Zaouïa
Sidi Reliai. Il me parait d’origine musulmane. Plusieurs gros villages jalonnent la
route : les deux principaux sont Ifsfes (600 habitants) et Zarakten (800 habitants).
L’Ouad Ifraden , le seul que je traverse, est un ruisseau de 2 mètres de large; les
eaux en sont salées, comme
Portion orientale du Tizi n Glaoui. ni
Adrar n ni. Tizi n Teiouet. toutes celles des environs :
les flancs mêmes de la mon¬
tagne sont par endroits
blancs de sel. Durant cette
matinée, de hauts massifs
ne cessent de se dresser de
Adrar n Iri et Tizi n Teiouet. (Vue prise d’ifsfes.) tOUS CÔtés ail-deSSUS de Ilia
Croquis de l’auteur.
tête : vers le sud, au mi¬
lieu d’une longue crête, j’aperçois l’échancrure du Tizi n Teiouet et, à sa gauche,
la cime rose de T Adrar n Iri dominant toutes les autres. Du monde passe sur le
chemin. Beaucoup de gibier; quantité énorme de perdreaux : tout le long de la
route, j’en vois courir à mes pieds; ils se lèvent rarement; on ne les chasse pas :
quand les habitants veulent en manger, ils en tuent à coups de pierres.
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
83
II, 12 , 13 octobre.
Séjour à Tagmout. Le village a 800 ou 900 habitants. Situé sur le bord de l’Ouad
Adrar n Iri, il est fractionné en plusieurs groupes qui s’espacent sur les pre-
Portion supérieure de Tagmout et vallée de l’Ouad Adrar n Iri.
(Les parties ombrées sont boisées.) (Vue prise d’un groupe de maisons de Tagmout situé en aval.)
Croquis de l’auteur.
mières pentes du flanc gauche de la vallée, au milieu de cultures et de jardins :
ceux-ci occupent aussi une partie du fond, qui a ici 60 mètres de large.
Tagmout compte parmi les Ait Roba :
cette fraction se compose de tout ce
qui habite sur le cours de l’Ouad
Adrar n Iri. Zarakten forme une autre
fraction, Enzel une autre encore. Les
villages de ce versant sont d’aspect
misérable : les maisons, de pierre et couvertes en terrasse, sont mal bâties; elles
n’ont qu’un rez-de-chaussée, parfois à demi enfoncé dans le sol.
Adrar n iri. (Vue prise de Tagmout.)
Croquis de l’auteur.
14 octobre.
Départ à 6 heures du matin. Un zetat m’escorte. La route d’aujourd’hui peut se
diviser en quatre portions. 1° De Tagmout à Titoula Tahtia : chemin extrêmement
difficile; montées très raides à travers les pierres; région déserte; sol rocheux,
tantôt nu, tantôt boisé. 2° De Titoula Tahtia à Titoula Fouqia : on retrouve le cours
de l’Ouad Adrar n lri, appelé aussi dans cette partie Ouad Titoula; on le suit : les pre¬
mières pentes et le fond de la vallée sont couverts de villages et de cultures; orges
et maïs, ombragés de noisetiers, de trembles, surtout de noyers; ce fond de vallée
84
RECONNAISSANCE AU MAROC.
a peu de largeur : les cultures ne s’étendent en tout que sur quarante mètres ;
au milieu d’elles coule le ruisseau , qui ne cesse pas d’avoir de l’eau : les
flancs sont en pente douce au pied, escarpés vers le sommet, rocheux partout; plus
on avance, plus la pierre nue apparaît, plus les arbres sont clairsemés : chemin
Adrar n lri.
Porlion orientale du Tizi n Glaoui.
Tizi n Telouet.
(Vue prise du chemin de Tagmout à ce col.)
Croquis de l’auteur.
Adrar n tri.
(Les parties ombrées sont boisées.)
(Vue prise du chemin de Tagmout au col de Telouet.)
Croquis de l’auteur.
(Les parties ombrées sont boisées.)
(Vue prise du chemin de Tagmout au col de Telouet, en amont d’Ider.)
Croquis de l’auteur.
facile. 3° De Titoula Fouqia au col Tizi n Telouet, où je franchis la crête supérieure
du Grand Atlas: l’eau tarit dans l’ouad, les cultures cessent, les habitations ont dis¬
paru : désert de pierre : de tous côtés s’élèvent de hautes montagnes de grès;
plus un arbre, plus une plante, plus un brin de verdure; tout est roche : le
chemin, sans être difficile, est très raide et très pénible; on monte lentement vers
le col. Il est atteint à 4 heures du soir. Je me trouve à 2(331 mètres au-dessus
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
85
du niveau de la mer. Un panorama immense s’étend devant mes yeux. Je suis frappé
d’abord de l’aspect montagneux de la contrée que je vais aborder : ce ne sont que
chaînes s’étageant les unes derrière les autres jusqu’au bout de l’horizon; puis de
son air triste et désolé : tout est nu; tout est roc; pas un grain de sable ni une motte
de terre; de longues côtes jaunes, des croupes d’un rouge sombre se succédant
Vue dans la direction du sud, prise du col de Telouet.
Croquis de l’auteur.
à l’infini, immenses solitudes pierreuses, c’est tout ce que distingue l’œil lorsqu’il se
tourne vers le sud du haut du Grand Atlas. 4° J’entre ici dans la quatrième portion
démon trajet d’aujourd’hui : du Tizi n Telouet à Ait Baddou. On commence par une
descente raide : c’est un passage dangereux, comme l’indique son nom , Taou-
rirt n Imakkeren , « colline des brigands »; puis on débouche dans la plaine du
Telouet; sol plat; bonne terre couverte de cultures. Je m’arrête à 6 heures et demie,
près de son extrémité sud, au petit village d’Aït Baddou.
Peu de voyageurs sur la route pendant cette journée. Le Telouet est une fraction
des Glaoua : il comprend un certain nombre de villages, semés les uns près des au-
Col de Telouet, plaine du Telouet et village d’Aït Baddou. (Vue prise de la plaine du Telouet.)
Croquis de l’auteur.
très dans une petite plaine fertile; l’un d’eux, Imaounin (1), est la résidence du qaïd,
el Glaoui. L’extérieur des constructions annonce la prospérité : ce ne sont plus les
(1) Imaounin porte aussi le nom de Dar el Qaïd et celui de Dar el Glaoui. Le qaïd des Glaoua n'est point héré-
86
RECONNAISSANCE AU MAROC.
huttes de l’Ouad Rdât; maisons hautes et bien bâties. Les arbres ne sont pas
encore nombreux ; on en voit quelques-uns auprès des habitations : ce sont des
trembles, des figuiers, des noyers; il pousse aussi des pieds de vigne. Une mul¬
titude de ruisseaux descendant de la crête de l’Atlas arrosent le sol. Quelque riante
que soit en elle-même cette verte plaine, elle est entourée de toutes parts de
montagnes si nues et si désolées que son aspect en est attristé.
15 octobre.
Départ à 7 heures du matin. Je rentre en blad es sîba : m’y voici pour long¬
temps. Ici le pays ne présente pas grands dangers : un homme suffit aujourd’hui
comme escorte. En quittant Ait Baddou , on achève de traverser la plaine du Telouet.
Puis on entre dans la région la plus désolée qu’on puisse voir : tout est roche : au-
dessus de la tête, on ne voit que murs de pierre; aux pieds, ravins aux parois de grès
sans eau ni verdure; les lits à sec sont couverts d’une couche de sel; nulle part la
moindre trace de terre ni de végétation. Après trois heures de marche dans cette
triste contrée, je débouche tout à coup dans une vallée qui forme avec elle le plus
frappant contraste : creusée à pic au milieu de l’immense plateau de pierre qui
règne à l’entour, elle présente un aspect aussi riant, aussi gai que les solitudes qui
la bordent sont mornes et tristes. Au fond, coule un torrent dont les deux rives sont,
sans interruption, garnies de jardins et de cultures; au milieu des figuiers, des
oliviers, des noyers, s’élèvent en foule des villages, des groupes de maisons, des
tirremts : tout respire la richesse; c’est l’Ouad Dra qui commence : sur ses rives
seules, et sur celles des deux rivières qui le forment, je trouverai ces constructions
élégantes et pittoresques qui me frapperont désormais : tirremts aux gracieuses
tourelles, aux terrasses crénelées, aux balustrades à jour; maisons aux murailles
couvertes de dessins et de moulures; qçars dont les enceintes, du pied jusqu’au
faite, ne sont qu’arabesques et qu’ornements. Dans ces belles contrées, même la
demeure la plus pauvre présente l’aspect du bien-être. Le bas des bâtiments est en
pierres cimentées, le haut en pisé; tout est construit avec soin, tout semble neuf;
point d’habitation qui n’ait un premier étage; un second est souvent formé par
une terrasse couverte, installée au-dessus; partout bonnes portes, volets façonnés
et ornés comme aux maisons des villes; toutefois peu de demeures sont blan¬
chies : de loin en loin, quelque zaouïa ou les créneaux d’une tirremt; le reste
a la teinte brun-rouge du grès et du pisé. Les jardins et les cultures sont entre-
ditaire; il est nommé par le sultan et change fréquemment; quel qu’il soit, on l’appelle el Glaoui. C’est un
usage général au Maroc de désigner les gouverneurs du nom de leurs provinces; on dit ainsi : el Demnâti,
el Entifi , etc.
TIGE RT . _ ( O UAD I OU N IL )
DE QAÇBA BENI MELLAL A T [Kl BT.
87
tenus avec un soin extrême, mais ils forment une bande étroite : aux endroits
les plus larges, ils ont 60 mètres; encore ne sont-ils presque jamais en sol plat;
ils s’étagent, les terres soutenues par des revêtements de pierre, des deux côtés
de la rivière : celle-ci, l’Ouad lounil, a 4 mètres de large, un courant très rapide,
des eaux claires, salées; elles coulent sur un lit de gravier de 10 mètres,
blanc de sel dans les portions à sec. Les flancs de la vallée sont des murailles de
grès verticales, creusées sur toute leur longueur de séries continues de cavernes. A
ces murailles s’adossent maisons et jardins; dans leur flanc est taillé le sentier que
je suis; passage difficile : le chemin n’a nulle part plus de lm,50 de large : la
paroi de roc d’un côté, le précipice de l’autre. Telle est cette vallée, telles sont,
me dit-on, toutes celles du voisinage, Ouad el Melli, Ouad Imini , Ouad Iriri,
étroits sillons où se concentrent la végétation et la vie, au milieu des immenses dé¬
serts de pierre qui forment le versant sud du Grand Atlas. Je ne quitte plus l’Ouad
lounil jusqu’au gîte : un moment, je monte sur le sommet du flanc gauche; un
vaste plateau rocheux s’y offre à mes yeux : il s’étend à perte de vue; le thym est la
Village de Tizgi et vallée de l’Ouad lounil.
(Vue prise en amont de Tizgi, à mi-cOte du liane gauche de la vallée.)
Croquis de l’auteur.
seule plante qui y pousse; les gazelles sont les seuls êtres animés qui y vivent. A
3 heures, je m’arrête à Tizgi, principal village du district de ce nom.
Peu de voyageurs aujourd’hui sur la route. J’ai traversé deux cours d’eau : l’Asif
Marren, appelé aussi Ouad el Melli (lit de 15 mètres de large, à sec); l’Ouad lounil
(eaux de 4 mètres de large et de 30 centimètres de profondeur; courant très rapide).
IG et 17 octobre.
Séjour à Tizgi. J’ai été frappé,
des caractères qui distinguent le
à mon entrée dans la vallée de l’Ouad lounil, d’un
bassin du Dra : l’élégance des constructions; j’en
88
RECONNAISSANCE AC MAROC.
remarque ici un autre, plus important : il se rapporte à la race qui occupe le
pays. Jusqu’à présent, je n’avais vu que des Imaziren blancs, ceux qu’on appelle
Chellaha ; désormais, une bonne partie de la population se composera d’Imaziren
noirs ou bruns, Haratîn. Dans tout le bassin du Dra, je les trouverai mêlés aux
Chellaha, dans une proportion d’autant plus grande que j’avancerai davantage vers
le sud : dans la vallée même de ce fleuve, ils sont si nombreux que le nom de
Draoui y est synonyme de celui de Hartâni; sur ses affluents, ils existent aussi
en grande quantité : c’est dans ce bassin qu’ils semblent s’être concentrés; il
n’y en a point dans celui du Sous, très peu dans celui du Ziz. Ils présentent les types
les plus variés : on en voit qu’on confondrait avec des nègres du Soudan; d’autres
ont la couleur des noirs, et les traits des Européens; ou bien les grosses lèvres et le
nez épaté des premiers, avec la peau blanche : certains sont dits Haratîn, qui, pour
un étranger, ne présentent aucune différence avec les Chellaha. Les physionomies
des individus étant aussi diverses, il est difficile d’assigner des caractères dis¬
tinctifs à la race : on peut dire seulement qu’une couleur café au lait foncé avec des
traits presque européens sont ce qu’on rencontre le plus souvent. Les Haratîn se con¬
sidèrent comme Imaziren au même titre que les Chellaha : ils sont mélangés avec
eux dans le fractionnement par tribus; ils appartiennent comme eux aux Seketâna
ou aux Gezoula, grandes familles qui, à elles deux, comprennent toutes les tribus
entre Sous et Dra et une partie de celles du Sous. Malgré cette égalité politique,
malgré cette communauté d’origine reconnue, les Chellaha se regardent comme
supérieurs aux Haratîn, et ceux-ci ont le sentiment de l’infériorité. Ils cherchent à
se relever en épousant des femmes de couleur claire. « Parle-t-on mariage? dit un
proverbe, l’Arabe demande : Est-elle de bonne maison? le Chleuh, est-elle riche?
le Hartâni, est-elle blanche? »
18 octobre.
Départ à 10 heures et demie. De Tizgi à Tikirt, on ne cesse de suivre le cours de
l’Ouad Iounil ; une bonne partie du chemin, c’est dans son lit même que l’on marche :
ce dernier a ici 15 à 20 mètres de large; la rivière y coule, tantôt en une seule masse
de 5 mètres de large et de 30 centimètres de profondeur, tantôt y formant plusieurs
bras, tantôt l'inondant presque en entier et étant alors très peu profonde. Depuis sa
source jusqu’à son confluent avec l’Ouad Infini, elle a, quelle que soit sa force, cette
même manière irrégulière de couler. D’ici à Tikirt, sa vallée peut se diviser en deux
portions : l’une jusqu’à son confluent avec l’Asif Marren , l’autre au delà. Dans la
première, le fond reste ce qu’il était au-dessus de Tizgi, large de 50 à 60 mètres,
couvert de cultures, ombragé de beaucoup d’arbres. Les deux flancs sont toujours de
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
89
grès rouge et très hauts : cependant ce ne sont plus des murailles perpendiculaires,
si ce n’est à leur partie supérieure, où se voient des cavernes; le pied est à 2/1 d’a¬
bord, puis à 1/1. Les flancs n’avaient, de Tiourassinà Tizgi, livré passage à aucun
affluent. Dans cette nouvelle région, ils laissent accès à plusieurs; ce sont autant de
points où la vallée s’élargit et où les jardins s’étendent. A 1 heure et demie, j’atteins
Tamdakht, village en face duquel l’Asif Marren se jette dans l’Ouad Iounil. La vallée
change d’aspect : le fond s’agrandit et prend une largeur de 300 mètres : il est cou¬
vert de cultures; les cultures qu’on voit d’ici à Tikirt n’ont aucune ressemblance
avec celles d’auparavant : jusqu’à présent, une foule d’arbres ombrageaient les
champs; désormais on n’en verra plus, excepté aux abords des villages; encore
y sont-ils peu nombreux et parfois manquent-ils. La rivière coule dans un lit de
40 mètres de large, moitié vase, moitié galets, dont l’eau n’occupe qu’une faible
partie. Les flancs, tout en restant rocheux, s’abaissent peu à peu, le droit surtout;
il diminue graduellement, et disparaît à quelque distance de Tikirt. Le flanc gauche
conserve une hauteur minima de 150 mètres au-dessus du niveau de la vallée,
mais ses pentes deviennent de plus en plus douces; sa couleur change : il n’a plus
le rose ou le rouge du grès, mais une teinte blanche qu’il gardera jusque auprès
de Tikirt; là, variant de nouveau, il deviendra noir et luisant : à partir d’ici, plus
de cavernes. En face de Tikirt, s’étend une plaine triangulaire où confluent les
ouads Iounil et Imini; très plate, à sol de vase desséchée, elle se cultive en automne
et est inondée en hiver. A l’extrémité de la plaine, un étroit kheneg, se creusant
entre les roches noires des montagnes, donne passage à la rivière. Un peu plus
Tazentoul.
Djeltel Anremer el village de Tazentout. (Vue prise du mellah de Tikirt.)
Croquis de l’auteur.
haut, un spectacle nouveau réjouit mes yeux : un bois de palmiers entoure le village
de Tazentout; c’est le premier que je voie : on approche du Sahara. A 5 heures,
je parviens à Tikirt, où je m’arrête.
Peu de voyageurs sur le chemin, quoique le pays soit très habité. L’Ouad Imini,
que j’ai traversé avant d’arriver, a 9 mètres de large et 30 centimètres de profon¬
deur; peu de courant; il coule au milieu d’un lit de gros galets, large d’environ
RECONNAISSANCE AU MAROC. 12
90
RECONNAISSANCE AU MAROC.
700 mètres. Cette rivière est moins considérable comme volume d’eau que l’Ouad
Iounil, qui, deux heures plus haut, avait, avec un courant très rapide, la même pro¬
fondeur que lui et une largeur de 10 mètres.
5°. — SÉJOUR A TIKIRT.
Parmi les pays indépendants, ceux du sud du Grand Atlas présentent, en leur or¬
ganisation sociale, des différences avec ceux du nord. Dans ceux-ci, une seule
unité, la tribu; un seul état social, l’état démocratique; aucun lien n’unit les tri¬
bus entre elles. La tribu est une grande famille avec ses subdivisions naturelles,
tente ou maison, douar ou village, groupe de plusieurs centres habités, et ainsi de
suite; le fractionnement est d’autant plus grand que la tribu est plus nombreuse.
Chaque groupe se gouverne à part comme bon lui semble, au moyen d’une assemblée
où chaque famille est représentée, djemaaa en arabe, anfaliz en tamazirt. Quelques
hommes y ont souvent la prépondérance, mais sans titre ni droit reconnu. Les
affaires concernant la tribu entière se règlent d’après le même principe; les petites
tribus réunissent tous leurs membres pour délibérer; dans les grandes, telles que les
Zaïan, les Béni Zemmour, les Smâla, où les premières fractions sont elles-mêmes
nombreuses et souvent peu unies entre elles, ces fractions se concertent et se décident
séparément, s’inquiétant ou ne s’inquiétant pas du parti pris par les autres. Dans
certaines tribus, telles que les Ait Atab, les Ait Bou Zid, il y a des qcinoun, codes de
lois, auxquels les habitants sont tenus de se soumettre, et que l’assemblée générale
fait respecter. Chez la plupart, cela n’existe pas; les assemblées ne s’occupent point
des particuliers; tout leur est permis : s’il s’élève des différends, soit entre familles,
soit entre fractions, elles les tranchent entre elles à coups de fusil. Ici, avec
la liberté entière, la division à l’infini, la désunion complète; là, avec un peu plus
d’ordre et d’unité, c’est toujours la démocratie absolue. Les différentes tribus n’ont
d’autres relations que les guerres et les alliances qu’elles font momentanément
entre elles.
Au sud du Grand Atlas, nous trouvons trois unités : la tribu, le village, le district;
deux liens entre elles, la confédération et le vasselage; deux états sociaux, le gou¬
vernement par des chefs héréditaires et le régime démocratique. La tribu se rencontre
et parmi les Imaziren et parmi les Arabes, avec son fractionnement naturel, le même
en tous lieux : tels sont les Zenâga, les Aït Jellal, les Aït Seddrât, les Berâber.
A côté d’elle se trouvent des villages isolés, sans aucun lien entre eux; ils sont ha¬
bités, les uns par un mélange de Chellaha et de Haratîn, d’autres par des membres
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIUT.
91
de tribus diverses, d’autres par des cherifs ou des marabouts. Parmi ces villages,
quelques-uns restent isolés, comme Qaçba el Djoua, llir; la plupart, pour résister
aux invasions des tribus voisines, s’unissent entre eux par groupes d’un certain nom¬
bre; ils forment ainsi ce que nous appellerons des districts : tels sont Arba Mia, Tiz-
gi, Ouad Noun , Tisint. Tribus, villages isolés et districts s’unissent entre eux
par deux sortes de liens. Le premier est la confédération; elle est formée de la col¬
lection de plusieurs de ces unités, quelles qu’elles soient, groupées pour former une
masse plus compacte : telle est la confédération du Dades, tels sont les nom¬
breuses tribus et les qcars confédérés avec les Ait Amer. Inutile de dire que ces con¬
fédérations sont soumises à des changements : tantôt un groupe s’en détache, tantôt
un autre s’y joint. Le second lien dont nous avons parlé est une sorte de vasselage :
des tribus, des districts, se déclarent vassaux soit d’un chef, soit d’une tribu plus puis¬
sante (1) : les vassaux sont tenus à une redevance annuelle, le suzerain s’engage en
retour à respecter leurs personnes et leurs biens; là se bornent les obligations mu¬
tuelles : c’est ainsi que Tisint, Tatta, sont vassaux des Ida ou Blal, que ceux-ci le sont
des Berâber.
Tribus, districts, villages, vivent les uns sous le régime^despotique, les autres sous
le régime démocratique; les premiers sont gouvernés par des familles où le pouvoir
suprême, avec le titre de chikh (2), est héréditaire : tels sont les Ait Amer, les Zenâga,
le Mezgîta. L’autorité de ces chikhs n’est pas lourde pour leurs sujets; parents
plus ou moins proches d’un grand nombre d’entre eux, force leur est de ménager ces
alliés naturels; d’ailleurs il est de leur intérêt de n’indisposer personne; ils lais¬
sent à leurs administrés grande liberté et ne leur demandent que trois choses :
payer une légère redevance, les suivre quand ils font la guerre, ne pas trop se battre,
se piller ni se voler entre eux : ce n’est permis qu’avec les étrangers. Pour le reste,
licence complète. Tel est, dans le sud du Maroc, ce que, faute d’autre nom, j’appelle
le régime despotique.
Quant au régime démocratique, les tribus ou districts qui l’ont adopté le possèdent
avec les nuances les plus diverses. Chez les uns, tels que les Ilalen, les Iberqaqen,
règne le système établi dans le nord : tribus, fractions, villages, se gouvernent
par l’assemblée de tous leurs membres. Ailleurs, comme dans les qçars de Tisint,
de Tatta, l’assemblée garde entre ses mains la puissance souveraine et confie
le pouvoir exécutif à un chikh quelle élit; quelquefois elle laisse ce titre long¬
temps dans la même maison, quelquefois elle le porte sans cesse de l’une à 1 au¬
tre. Certaines tribus, telles que les Ida ou Blal, les Ait ou Mrîbet, les Isaffen , se
1) Cet acte de vasselage est la debiha, dont nous parlerons en détail plus loin.
(2) Chikh en arabe, amrar en tamazirt.
92
RECONNAISSANCE AU MAROC.
divisent en fractions ayant chacune à leur tète une famille où la dignité de chikh est
héréditaire; tantôt le pouvoir de ces chefs est assez grand, comme chez les Ait ou
Mrîbet et les ïsaffen; tantôt, comme chez les Ida ou filai . leur seule prérogative est
de conduire leurs frères dans les combats. Enfin il y a un dernier système, spécial
aux Berâber, aux Ait Seddrât et aux Imerrân : c’est, celui des chikh el aam , « chikhs
nommés pour un an » ; les tribus se gouvernent au moyen d’assemblées , mais dans
chaque fraction, chaque district, le pouvoir exécutif est entre les mains d’un chikh
qu’on élit chaque année.
S’il existe dans ces régions une organisation politique plus complète que dans le
nord, il ne faudrait pas en conclure qu’il y règne beaucoup plus d’ordre; l’admi¬
nistration intérieure de chaque village se fait assez régulièrement, mais c’est tout;
de tribu à tribu, de fraction à fraction, de district à district, de village à village, les
guerres sont continuelles; trois motifs en produisent la plupart : entre sédentaires,
les contestations au sujet des eaux et des canaux; entre nomades, le pillage injuste
de vassaux que l’honneur commande de venger; entre sédentaires et nomades, la
cupidité de ceux-ci, qui les porte à attaquer les premiers pour les dépouiller. Je n’ai
pas été dans une seule région au sud de l’Atlas, sans y trouver, pour une de ces
trois causes, la guerre, soit intestine, soit avec des voisins.
Les divers territoires que j’ai traversés depuis les Glaoua, Assaka, Tizgi, Aït
Zaïneb , appartiennent , les premiers à des districts isolés, le dernier à une petite
tribu. Les uns et les autres sont indépendants de fait, mais reconnaissent la suze¬
raineté du sultan. Les marques de soumission qu’ils lui donnent se bornent à l’envoi
annuel au Glaoui d’un présent dont la valeur varie entre 50 et 200 francs; de plus,
si l’on prend des voleurs, on les expédie à lmaounin. L’ Assaka, le Tizgi, se gou¬
vernent par leurs assemblées, anfaliz. Les Aït Zaïneb ont un chikh héréditaire,
Chikh Mohammed, qui réside à Tikirt; il ne domine que sur une partie de sa tribu,
celle qui est à l’est d’Imzouren; le reste, Imzouren, Tizgzaouin, Tadoula, s’est de¬
puis peu rangé volontairement sous la domination du chikh de Tazenakht, ez
Zanifi : cela s’est fait sans guerre; la bonne intelligence des deux chefs n’a pas été
troublée.
Ici le tamazirt est non seulement la langue générale, c’est presque la langue
unique : à peine si un homme sur cinq, une femme sur vingt, savent l’arabe.
Le [costume est le même qu’à l’entrée des Glaoua; mais les femmes, qui dans le
nord portaient peu de bijoux, en ont une foule et, en outre, se peignent la figure.
Jusqu’ici un fil de verroteries mêlées de grains de corail et de pièces d’argent sus¬
pendu au cou, un second placé dans les cheveux, étaient leurs seuls ornements.
Désormais elles se couvriront d’énormes colliers d’ambre et de corail, de bracelets, de
broches, de diadèmes, de pendants d’oreilles et d’autres volumineuses parures d’argent.
DE QAÇBA BENI MELLAL A TI El RT.
93
Dans le Grand Atlas, nous avons trouvé le lait et le miel en abondance. Ici
il en a été de même; plus loin, ces deux choses seront rares. On cesse de pouvoir
se procurer du savon au sud de Tikirt; jusqu’ici on en fabriquait dans toutes les
bourgades de quelque importance : c’était une spécialité lucrative des Juifs; au delà
des Aït Zaïneb, il ne s’en fait plus, il ne s’en vend plus sur les marchés. Pour laver
les vêtements, on se sert de certaines herbes; le blanchissage ainsi obtenu est
médiocre.
Je profite de mon séjour à Tikirt pour aller visiter les ruines de Tasgedlt,
célèbres dans le pays et objet de mille légendes. Elles se composent d’une enceinte
presque carrée, jadis garnie détours sur tout son développement. Les murailles,
épaisses, ont dû être en maçonnerie à la base, en pisé dans le haut. Il en reste peu
de chose : une partie des murs s’est écroulée; le reste, très écrêté,
tombe chaque jour davantage. La partie sud est la mieux con¬
servée; on y voit 7 ou 8 tours ayant encore 3 à 4 mètres. A l’in¬
térieur de l’enceinte, s’élèvent des monceaux de pierres ne pré¬
sentant que des débris informes. La forteresse est construite
en amphithéâtre sur une côte rocheuse, d’une pente de 1/2, dont
elle couvre toute la hauteur; dans sa portion nord, cette côte
se transforme brusquement en une muraille verticale où s’ouvrent les bouches de
plusieurs cavernes. Une ancienne citadelle, des cavernes, voilà plus qu’il n’en faut
aux habitants pour voir ici une trace du passage des Chrétiens. D’ailleurs l’histoire
n’est-elle pas là pour prouver la vérité de cette opinion, histoire écrite en des livres
qu’on n’a pas pu me montrer, mais dont le contenu est dans la mémoire de chacun.
Naguère, il y a bien des siècles, trois princesses, filles d’un roi chrétien, régnaient
sur ces contrées : l’une, Doula bent Ouâd, résidait en cette forteresse de Tasgedlt;
Ruines de Tasgedlt. (Vue d’ensemble, prise du lil de l’Ouad Tidili.)
Croquis de l’auteur.
une autre, Zelfa bent Ouâd, en habitait une semblable, sur les bords de l’Asif Marren,
près de Teççaïout; la troisième, Stouka bent Ouâd, une semblable encore à Tas-
94
RECONNAISSANCE AU MAROC.
koukt, sur l’Ouad Imini : en ces trois lieux se voient des ruines pareilles. Les Musul¬
mans firent longtemps la guerre aux trois princesses chrétiennes et finirent par les
Ancienne porte à l’angle nord de l’enceinte de Tasgedlt. (Vue prise du nord-ouest.)
Croquis de l’auteur.
chasser. Il est plus probable que les trois qaçbas sont l’œuvre d’un même sultan,
celui sans doute qui construisit le pont de l’Ouad Rdât.
Dans cette excursion, je passe auprès du confluent des ouads Iriri et Imini; ils se
réunissent dans une plaine triangulaire semblable à celle de Tikirt : même
sol vaseux, bas et plat, couvert de cultures, et en hiver inondé; pas d’arbres, si ce
Tazentout. O. Idermi. Tikirt. El Mellah. Ait Bou Mhind.
Plaine où s’unissent les ouads lounil, Iriri et Tidili. (Vue prise du chemin de Tizgzaouin à Imzouren.)
Croquis de l’auteur.
n'est quelques-uns auprès des villages; champs d’orge, de blé, surtout de maïs.
On laboure avec des charrues à soc de fer, traînées par des bœufs ; ces derniers sont
assez nombreux dans le pays, ainsi que les moutons et les chèvres ; depuis le Telouet,
on voit quelques chameaux. L’Ouad Imini, au-dessous du confluent, a peu d'eau,
lm,50, avec 40 centimètres de profondeur : ce mince filet court au milieu d’un lit de
gros galets mesurant plus de 500 mètres d’une rive à l’autre. Plus haut, en face
de Tasgedlt, la même rivière a 200 mètres de large et est à sec, non par manque
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIEDIT.
95
*
d’eau, mais parce que les habitants la font dériver pour arroser leurs plantations;
si je n’en rencontre pas dans l’ouad. je traverse plusieurs larges conduites où elle
coule à pleins bords. Chaque tribu, chaque village, a droit à une quantité d’eau
déterminée; des traités, des qanouns la règlent. Les canaux sont une source de
contestations et de querelles fréquentes entre villages et entre fractions. Ces démê¬
lés se vident comme ils se vident tous, par la poudre : en ce moment , les gens de
l’imini et les Aït Touaïa sont en hostilités avec les Aït Zaïneb pour ce motif. Rare¬
ment ces guerres sont meurtrières; elles se bornent la plupart du temps à quelques
coups de fusil échangés à la frontière.
6°. — ADRAR N DEREN ET SIROUA.
« Les montagnes tournent tout autour de notre pays, » disent les habitants de
Tikirt. En effet, de quelque côté qu’on jette les yeux, on ne voit que massifs sombres.
Au sud et à l’est, ce sont les flancs des ouads Iounil d’une part, Imini et Idermi de
l’autre, talus rocheux de 150 à 200 mètres de haut, que nous avons décrits. Au
nord et à l’ouest, ce sont de très hautes crêtes, la plupart couvertes de neige, se
perdant dans les nuages. On distingue de Tikirt plusieurs sommets remarquables
et plusieurs cols : Djebel Anremer, Tizi n Telouet, Tizi n Tichka, Tizi n Tamanat,
Djebel Tidili, Djebel Siroua. Les premiers appartiennent à la chaîne du Grand Atlas,
qu’on appelle ici Adrar n Deren (1); quant au Siroua, c’est le pic culminant d’un
massif qui s’élève entre le Grand et le Petit Atlas et sépare le bassin du Sous de
celui du Dra.
Voici quelques détails sur ces différents points.
Djebel Anremer. C’est de cette montagne que sort l’Ouad Iounil; aussi lui
donne-t-on quelquefois le nom de Djebel Ounila. A son sommet est un étang,
toujours rempli d’eau, même par les étés les plus brûlants; nul n’en connaît la pro¬
fondeur; au-dessous, la source de l’Ouad Iounil jaillit au milieu des rochers. Cet
étang est un objet de vénération profonde pour les Musulmans des environs. Le
premier jour de chaque année, ils y montent en pèlerinage et y immolent des brebis
et des chèvres. Souffre-t-on de la sécheresse? les Iounilen, les gens de l’Assaka, les
Aït Zaïneb, se cotisent à raison d’une mouzouna par tête, achètent des moutons, et
vont les sacrifier sur ses bords.
(1) Adrar n Deren , mot à mot « mont de Deren ». Deren est un nom propre, sans signification. Cette expres¬
sion est universellement employée ici pour désigner le Grand Atlas; dans le bassin du Sous, elle l'est de même;
dans le Dâdes et au delà, on ne la connaît plus. Elle s’applique donc à toute la portion occidentale de la chaîne,
jusqu'au Tizi n Glaoui inclusivement.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
96
Tizi n Telouet. C’est le col où j’ai franchi le Grand Atlas. Il fait partie du Tizi n
Glaoui. On appelle ainsi la forte dépression qui se trouve en face d’ici dans l’Adrar
n Deren, et que limitent à l’est le Djebel Anremer, à l’ouest le Djebel Tidili. Ce tron¬
çon de la chaîne porte le nom général de Tizi n Glaoui; il renferme trois cols, ceux
de Telouet, de Tichka et de Tamanat.
Tizi n Tichka. Col conduisant de la vallée de l’Asif Marren dans celle de l’Ouad
Rdât, à Zarakten par exemple. L’Ouad Tichka, qui en descend, se jette dans l’Ouad
el Melh, à Imirren. Quand le col de Telouet est encombré par les neiges et que celui
de Tichka est, par extraordinaire, praticable, on passe par ce dernier.
Tizi n Tamanat. Col donnant accès de la vallée de l’Ouad Imini dans la tribu
des Mesfioua. C’est un troisième chemin pour gagner Merrâkech. De ces trois routes,
la plus courte est la dernière, mais la plus facile et de beaucoup la plus fréquentée
est celle du Tizi n Telouet. L’Ouad Tamanat, qui descend du col, se jette dans l’Ouad
Imini.
Djebel Tidili. Ce mont, ainsi que ceux qui l’entourent, a le sommet couvert de
neige; c’est dans son flanc que l’Ouad Imini prend sa source. A l’ouest du Djebel
Tidili, la chaîne se continue par une longue suite de crêtes neigeuses qui se per¬
dent dans les nuages.
Djebel Siroua. C’est la plus haute des montagnes voisines, au dire des habitants.
Seul parmi elles, il a son sommet couvert de neiges éternelles. Sur les autres
cimes visibles d’ici, tantôt la neige persiste l’été, tantôt elle fond, suivant que Tan¬
née est plus ou moins chaude. Sur les pentes du Siroua se trouve un col conduisant
de la tribu des Ait Tedrart dans le Sous. Les flancs du massif renferment, dit-on, des
minerais; les habitants n’en savent pas tirer parti.
Ces montagnes sont toutes également nues, également rocheuses; point d’arbres,
point de végétation, rien que des pierres. Point de bêtes fauves, pas d’autre gibier
que des gazelles et des mouflons (1).
Les trois cols du Tizi n Glaoui sont praticables toute Tannée; cependant, en hiver,
il y tombe parfois une grande quantité de neige : lorsque la couche est trop épaisse
pour qu’on puisse franchir la montagne, les voyageurs attendent dans les villages
les plus rapprochés du sommet et passent à la première éclaircie. Il en est de même
des cols qui, plus à l’est, mettent en relations Demnât et les Idaskoura, Ouaouizert et
TOussikis.
(1) Mouflons à manchettes. C'est l’animal que les Arabes appellent aroui, et les Imaziren aoudad. Ce gibier
est le seul qui se rencontre dans les déserts pierreux du Petit Atlas et dans le Bani. J'ai vu des mouflons ap¬
privoisés à Tazenakht et à Tisint.
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
97
7°. — QUELQUES MOTS SUR L’ATLAS MAROCAIN.
Nous sommes ici en plein cœur de l’Atlas. Il est temps de donner quelques détails
sur la façon dont nous comprenons le système montagneux du Maroc.
Les montagnes du Maroc se composent pour nous de deux massifs distincts, sépa¬
rés par une large trouée. Ce sont : d’abord le massif de l’Atlas, qui le traverse tout
entier dans sa plus grande longueur, du sud-ouest au nord-est; puis le massif Ri-
fain qui, commençant vers Nemours, longeant la côte jusqu’à Ceuta, percé par le
détroit de Gibraltar, décrit une large courbe et se retrouve en Espagne , dans la
Sierra Nevada. Ces deux longs massifs aux lignes courbes,
partant presque d’un point commun et allant en divergeant,
ressemblent aux ondes d’un courant marin qui se diviserait
vers Tlemsen en deux bras, dont le principal continuerait à
suivre la direction générale du courant primitif en fléchissant
un peu vers le sud, tandis que l'autre, secondaire, s’élan¬
cerait vers l’ouest, puis tournerait brusquement vers le nord
et de là vers l’est. La démarcation entre les deux massifs est
très nettement dessinée : de Lalla Marnia à Fâs, une large trouée les sépare : plaine
d’Angad jusqu’à la Mlouïa, même plaine se prolongeant sous d’autres noms jusqu’à
l’Ouad Innaouen, vallée de cette rivière jusque auprès de Fâs. A partir de cette ville,
la trouée s’élargit encore; c’est la vallée du Sebou, qui va en s’épanouissant jusqu’à
la mer.
Nous ne nous occuperons point du massif Rifain, dont nous n’avons vu qu’une
petite portion. Il semble d’ailleurs bien représenté sur la carte de M. le capitaine
Beaudoin, qui avait recueilli, sur cette contrée en particulier, un nombre considé¬
rable de renseignements. De plus, les levés de nos officiers d’état-major en compren¬
nent une partie, s’étendant de Nemours à la Mlouïa, région qui est connue par
conséquent avec exactitude.
Quant au massif de l’Atlas, nous l’avons traversé deux fois dans tout son ensemble,
et nous avons parcouru en quelques détails certaines de ses parties. Nous allons
essayer de le décrire tel qu’il nous paraît être.
Expliquons d’abord les termes dont nous nous servons. Le nom d’Atlas, appliqué
primitivement par les anciens aux seules cimes neigeuses qui s’élèvent au centre du
Maroc, a été étendu ensuite par quelques écrivains latins à l’ensemble du massif qui
traverse le Marreb. On lui a conservé cette signification ; le large dos qui commence
13
RECONNAISSANCE AU MAROC.
98
RECONNAISSANCE AU MAROC.
à l'Océan entre Mogador et l’embouchure du Dra et finit à la Méditerranée au cap
Bon, après avoir traversé le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, porte encore aujourd’hui
le nom général d’Atlas. On peut le distinguer en Atlas Marocain, Atlas Algérien,
Atlas Tunisien. Cette division est la seule qu’il comporte (1). Quant aux termes de
Grand et de Petit Atlas, ils s’appliquent uniquement à certaines parties de l’Atlas
Marocain : ainsi l’entendait Ptolémée, qui s’est, servi le premier de ces expressions :
il les emploie pour désigner deux chaînes déterminées de ce massif. Nous nous
conformerons en partie à sa nomenclature, réservant ces noms pour les deux chaînes
du Maroc auxquelles ils paraissent le mieux s’appliquer.
L’Atlas Marocain se compose essentiellement de trois chaînes parallèles : l’une très
haute, presque toujours couronnée de neige; elle est connue depuis longtemps sous
le nom de Grand Atlas : nous le lui conserverons; une autre, au sud de celle-ci,
suivant une direction parallèle, mais moins élevée : nous l’appellerons Petit Atlas;
ces deux chaînes, les deux seuls hauts massifs visibles de la côte (2), étaient sans
doute celles qu’on avait signalées à Ptolémée, quoique dans ses écrits il en ait in¬
terverti l’ordre; la troisième, ne commençant que loin dans l’intérieur, a dû lui être
inconnue : elle est située au nord du Grand Atlas; moins élevée que ce dernier, elle
l’est plus que le petit : nous l’appellerons Moyen Atlas, nom correspondant à sa
hauteur.
Il y a nécessité à donner à ces chaînes des appellations tirées de notre langue,
aucune d’elles n’en possède dans le pays. Chaque sommet, chaque col, chaque vallée,
a un nom spécial; nulle part il n’est de nom qui désigne l’ensemble d’une chaîne.
C’est facile à expliquer : le Marocain ne voyage pas; il connaît les montagnes de son
pays, mais ne connaît quelles; il ne sait pas si elles se lient à d’autres, il ne le
demande pas : dans ces conditions, les noms particuliers suffisent et peuvent seuls
exister. Une seule chaîne en a un général, encore ne le possède-t-elle que sur une
partie de sa longueur : le Grand Atlas, du Haha à l’extrémité orientale du Tizi n
Glaoui, porte le nom d’Adrar n Deren. Cette appellation s’appliquant à peine à la
moitié de la chaîne, nous ne pouvons nous en servir. Force nous est d’adopter
pour tout le massif des noms de convention.
L’Atlas Marocain, avons-nous dit, paraît formé essentiellement de trois chaînes
parallèles, dont l’orientation approximative serait de l’ouest -sud -ouest à l’est-nord-
est : nous les avons appelées Grand Atlas, Moyen Atlas et Petit Atlas.
1° Grand Atlas. — Des trois chaînes, c’est de beaucoup la plus connue : visible
de Merrâkech, visitée par plusieurs voyageurs, explorée dans sa partie occidentale
(1) Voir, sur ce sujet, Géographie de l'Algérie , par M. O. Mac Carthy, Préliminaires.
(2) C'est prouvé par le travail de M. le lieutenant W. Arlett : Description de la côte d'Afrique depuis le cap
Sparte! jusqu'au cap Bojador. ( Bulletin de la Société de Géographie de Paris: 1837, janvier.)
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.
99
par MM. Hooker et Bail, franchie au nord de Taroudant par M. le docteur Lenz,
auprès des sources du Zizpar Caillé et par M. Rohlfs, nous l’avons nous-mème passée
en trois points, vers le centre, au col des Glaoua, à son extrémité ouest, entre Aga¬
dir Irir etMogador, et non loin du point où elle expire vers l’est, à hauteur de Qçâbi
ech Cheurfa. De plus, nous en avons longé le pied sur presque toute sa longueur, le
pied nord de Misour (Mlouïa) à Qçâbi ech Cheurfa et de Ouaouizert à Zaouïa Sidi
Reliai, le pied sud d’Agadir Irir aux Menâba et du Dâdes au Qçar es Souq. C’est
une longue chaîne non interrompue, mais percée d’un grand nombre de cols
(col de Bibaouan, Tizi n Ouichdan, Tizi n Tamejjout, etc., débouchant dans la val¬
lée du Sous; Tizi n Tamanat, Tizi n Tichka, Tizi n Telouet, Tizi n Amzoug, Tizi
n Tarkeddit, Tizi Ait Imi, Tizi Ou Rijimt, etc., débouchant dans la vallée du Dra;
Tizi n Telremt, débouchant dans la vallée du Ziz; Tizi n Tanslemt, débouchant dans
la vallée du Gir). Les principales altitudes observées sont : 1 250m (col de Bibaouan,
M. Lenz); 3350m (mont Teza, M. Hooker); 3475m (mont Miltsin, Washington);
3500m,4 (col de Tagherot, M. Hooker); 2634m (col de Telouet, au point où nous
avons franchi la chaîne chez les Glaoua); 2182m (col de Telremt, où nous l’avons
passée près d’El Qçâbi). Partout, j’ai vu le faite du Grand Atlas couvert de neige,
excepté à la grande dépression du Tizi n Glaoui : à juger d’après la hauteur de la
portion blanche, la partie la plus élevée de la chaîne serait celle qui est située au
nord du Dâdes, du Todra, du Reris, du pays de Ziz. Dans ce groupe, le massif
du Djebel El Aïachi domine de beaucoup les autres sommets. Est-il le point culmi¬
nant du Grand Atlas? II le semble; rien ne le prouve. La neige commence sur la
chaîne, vers l’ouest, à l’orient du col de Bibaouan; elle y finit, vers Test, aux der¬
nières pentes du Djebel El Aïachi : après ce massif, il n’y en a plus trace. De
Bibaouan à l’Océan, le Grand Atlas s’abaisse rapidement. Au delà du Djebel El
Aïachi, il décroît d’une façon continue et finit par expirer dans le Dahra. Où exac¬
tement? A quelle distance du Djebel El Aïachi? Nous ne le savons pas. La crête
du Grand Atlas paraît être une arête et non un plateau. Elle ne présente l’aspect
d’une ligne uniforme que vers ses extrémités orientale et occidentale, où elle est dé¬
pourvue de neige; partout ailleurs, elle se découpe en nombreuses dentelures. Le
versant nord est en général boisé; le versant sud est nu, pure roche, dans les bassins
du Dra, du Ziz et du Gir, en partie boisé dans celui de l’Ouad Sous. Les forêts
renferment, dit-on, d’abondant gibier, sans aucune bête féroce.
2° Moyen Atlas. — Cette chaîne est de beaucoup la moins connue. Du col de Telremt,
nous en avons entrevu une portion : c’était une longue crête uniforme couverte de
neige, se relevant en un point pour former un pic, le Djebel Tsouqt, et finissant brus¬
quement par une haute falaise, le Djebel Oulad Ali. Où commence cette chaîne? où
finit-elle? On ne saurait le dire d’une façon certaine. Pour nous, elle commence au
100
RECONNAISSANCE AU MAROC.
nord de Demnât, à la trouée de la Teççaout, où ses dernières pentes viennent se con¬
fondre avec celles du Grand Atlas. C’est elle que traverse l’Ouad el Abid dans le long
kheneg qu’il se creuse, c’est elle qui borne au sud la plaine du Tâdla et qui sépare
sur toute leur longueur les bassins de l’Oumm erRebia et de l’Ouad el Abid, c’est elle
que nous avons franchie en allant de Qaçba Béni Mellal à Ouaouizert : elle n’avait
là, au col, que 1 529m d’altitude; les sommets pouvaient être à I900m. La chaîne com¬
mençait; depuis Demnât, elle ne cesse de s’élever jusqu’au Djebel Tsouqt, qui parait
en être le point le plus haut. Où finit-elle? S’arrête-t-elle brusquement, comme elle
le semble, au Djebel Oulad Ali et au Djebel Reggou? Nous ne le pensons pas. Pour
nous, la trouée subite qui se trouve à l’est de ces monts est un large kheneg que
s’est percé la Mlouïa dans la chaîne; les monts Debdou (1648m) seraient le pro¬
longement naturel de celle-ci, et elle irait expirer avec eux sur les hauts plateaux du
Dahra. Le Moyen Atlas commencerait donc au nord de Demnât, atteindrait son point
culminant au Djebel Tsouqt, et se continuerait jusqu’au Dahra, où il viendrait
mourir, comme l’a fait le Grand Atlas. Les deux versants sont boisés : de Demnât à
Debdou, ils ne sont qu’immenses forêts, pleines de gibier et de bêtes sauvages, les
seules du Maroc où il y ait des lions (1).
3° Petit Atlas . — C’est le plus connu après le grand. M. Lenz l'a franchi au sud
d’Ilir (1 100m). M. Rohlfs en a suivi longtemps le pied nord. Enfin il a été un des
principaux objets de mes recherches : j’en ai longé le pied méridional de Tisint à
Aqqa, le pied septentrional d’Agadir Irir aux Menâba et du Dâdes au Reris; je l’ai tra¬
versé en six points différents, aux cols d’Iberqaqen, d’Azrar, de Haroun, d’Agni, de
Tifernin, d’Iril n Oïttôb. Il avait à ces passages : 1 912'n, 1 934m, 2059m, 1 674m, 1 872m,
2280m d’altitude; ce sont, à peu de chose près, les hauteurs de la ligne culminante,
car le Petit Atlas est couronné presque partout d’un large plateau à ondulations lé¬
gères : ce plateau, pierreux dans la partie orientale de la chaîne (celle qui est à l’est
du Dra et qui porte le nom de Sarro) , l’est moins dans la partie centrale, où le tapis¬
sent de longues étendues d’halfa, et, vers l’ouest, se garnit d’une couche de bonne
terre, se couvre de champs, d’amandiers et de villages, et forme une des plus riches
contrées du Maroc. Le versant sud du Petit Atlas est nu et rocheux. Le versant nord
l’est aussi dans les bassins du Dra et du Ziz; mais jil est boisé dans celui du Sous,
au pied seulement vers l’est, en entier vers l’ouest. Peu de gibier; point de bêtes
féroces. La hauteur de la chaîne ne présente nulle part de brusques variations :
la crête a partout l’aspect d’une ligne horizontale; en trois endroits, à hauteur de
Taroudant, aux environs du col d’Azrar et dans le Sarro, j’y ai distingué quelques
(1) Cette chaîne a été franchie par René Caillé entre Qçàbi ech Cheurfa et Gigo, par M. Rohlfs entre Tes-
frout (Ouad Sebou) et Outat Ait Izdeg (2085m d’altitude au col), par nous entre Qaçba Béni Mellal et
Ouaouizert (1 529m au col).
DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIBT.
101
<•
filets de neige : c’étaient d’étroits sillons à peine visibles. Le Petit Atlas commence
auprès de l’Océan (1) : où finit-il? Nous ne le savons pas. Nous supposons qu’il
expire dans les liants plateaux qui se trouvent à l’ouest de l’Ouad Ziz : la chaîne parait
s’abaisser sans cesse du Dâdes au Reris; de ce dernier point, on l’aperçoit se pro¬
longeant dans le lointain et décroissant toujours. De Qçar es Souq , on ne la distin¬
gue plus : on ne voit vers le sud, le -sud-ouest, le sud-est, qu’une plaine immense
s’étendant jusqu’à l’horizon. Je conjecture donc que le Petit Atlas meurt avant d’at¬
teindre les bords du Ziz. Les plateaux où il finit se continuent au delà de ce fleuve et
se prolongent jusqu’en Algérie.
Telles sont les trois chaînes qui forment la portion fondamentale de l’Atlas Maro¬
cain. Après elles, on peut en citer deux autres, secondaires. Les directions en sont
parallèles à celle des premières. Elles sont situées, l’une, le Bani, au sud du Petit
Atlas; l’autre, dont semblent faire partie le plateau d’Oulmess et les monts des
Riata, au nord du Moyen Atlas.
Le Bani est une étroite digue de roche nue, peu élevée, ayant dans sa partie
centrale 924 m d’altitude. Il commence à l’Océan, au sud d’Ouad Noun, et se prolonge
au delà de l’Ouad Dra, qui le traverse au kheneg de Foum Taqqat, au-dessous de
Tamegrout. Où finit-il? Nous l’ignorons. Il expire sans doute, comme le Petit Atlas,
entre le Dra et le Ziz. Nous avons franchi plusieurs fois- le Bani, nous en avons
longé le pied durant quelque temps, et sur les parties que nous n’avons pas vues nous
possédons des renseignements précis. Les traits généraux de cette chaîne peuvent
donc être considérés comme connus avec quelque certitude.
Il n’en est pas de même pour l’autre, pour celle dont je crois voir des portions
dans le plateau d’Oulmess et le Djebel Riata. Elle semble avoir son origine entre Oul-
mess et l’Océan, passerait à quelque distance au sud de Sfrou , serait traversée par le
Sebou à un kheneg, atteindrait la Mlouïa sous le nom de Djebel Riata; ce fleuve s’y
fraierait un large passage au nord de la plaine de Tafrâta, et elle se prolongerait
ensuite sans interruption jusqu’à Tlemsen par les monts Mergeslioum, Béni Bou Zeg-
gou, Zekkara, Béni Snous. La chaîne commencerait à l’ouest d’Oulmess, aurait un
de ses points culminants au pic des Riata, et se continuerait jusqu’en Algérie. La par¬
tie occidentale, jusqu’à la Mlouïa, est couverte de grandes forêts et peuplée de fau¬
ves; les panthères y abondent. La région orientale possède aussi des bois et les
mêmes animaux sauvages, mais à un degré moindre. La chaîne a été franchie par
Caillé sur le territoire des Ait Ioussi, par M. Rohlfs sur celui des Béni Mgild, par nous
sur celui des Zaïan. L’altitude en est de 1290m à Oulnjess, de 1517m à Douar
S. Abd Allah (Rohlfs).
(1) Entre 29° 30' et 29° 03' de latitude nord. A quelque distance du rivage, il y a des sommets de 1 190m d'al¬
titude. Voir la description de la'côte par le lieutenant W. Arlett, déjà citée.
102
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Dans ce large massif de l’Atlas Marocain, formé de cinq chaînes parallèles, dont
trois essentielles et deux secondaires, on voit qu’il y a une arête principale, le Grand
Atlas, dominant de beaucoup tout le reste; la plupart des fleuves du Maroc,
Mlouïa, Ouad el Abid, Tensift, Sous, Dra, Ziz, Gir, y prennent leur source. Après
lui, vient le Moyen Atlas, le second en hauteur; deux fleuves sortent de son flanc :
l’Oumm er Rebia et le Sebou. La moins élevée des trois chaînes principales est le
Petit Atlas; il ne donne naissance qu’à des rivières. Quant aux deux chaînes secon¬
daires , seuls de petits cours d’eau en sortent.
Ces chaînes parallèles forment entre, elles trois rigoles où coulent bout à bout tous
les fleuves marocains : Oumm er Rebia et Sebou entre le Moyen Atlas et la chaîne
Oulmess-Riata ; Ouad el Abid et Mlouïa, entre le Grand Atlas et le Moyen Atlas;
Sous et Dra supérieur, entre le Grand Atlas et le Petit Atlas. Le Dra, ayant percé l’un
après l’autre le Petit Atlas et le Bani, coule ensuite au pied de ce dernier, parallè¬
lement à la direction des crêtes. Dans ces rigoles, les fleuves sont séparés à leur
source, tantôt par des plaines, si unies qu’il faut le baromètre pour trouver la ligne
de partage des eaux, tantôt par des massifs montagneux. Au nord du Moyen Atlas,
un plateau montueux, le Fezaz, fait la limite entre les bassins du Sebou et de
l’Oumm er Rebia. Entre le Grand et le Moyen Atlas, les bassins de la Mlouïa et de
l'Ouad el Abid sont divisés par les hautes cimes du Djebel el Aïachi et des plateaux
très élevés qui s’en détachent. Entre le Grand Atlas et le petit, le Dra est séparé du
Sous par un massif montagneux que domine le Siroua, du Ziz par une large plaine.
Du Ziz au Gir s’étendent également des plaines.
Tel est le massif Atlantique au Maroc : tel du moins il me paraît être. Il faudra
encore bien des voyages, bien des travaux, pour déterminer avec exactitude ce
qu’il est. Les chaînes du Grand Atlas, du Petit Atlas et du Bani sont relativement
connues; mais celles du Moyen Atlas et d’Oulmess-Riata le sont de la manière la
plus incertaine.
DE TI RI RT A TISINT.
103
IV.
DE TI Kl RT A TISINT.
1°. — DE TIKIRT A TAZENAKHT.
25 octobre 1883.
Départ de Tikirt à 9 heures du matin. Je m’engage aussitôt dans un vaste désert
qui s’étend, moucheté de loin en loin de petites oasis, entre les trois ouads Idermi,
Aït Tigdi Ouchchen et Tazenakht; l’aspect en est partout le même : terrain mon-
tueux, chemins assez pénibles, aucune végétation; pas d’autres êtres vivants que les
gazelles; le sol est formé de roches et de pierres, grès dont la surface, semblant cal¬
cinée, est noire et luisante comme si elle avait été passée au goudron. Cette roche,
la seule que je sois appelé à voir d’ici à Tazenakht, domine dans tout le sud. Dans
les plaines, je la trouverai sous la forme d’une croûte de petites pierres noires et
brillantes, sorte d 'écaille qui couvre la terre; en pays de montagnes, comme ici, elle
se présente sous deux aspects : tantôt avec l’apparence d’escaliers aux degrés noir¬
cis et craquelés, monceau de pierres luisantes entassées, tantôt en longues tables unies
et lisses. Telles sont les solitudes désolées que je parcours; elles font songer aux
déserts de pierres noires que, dans une autre région, S. Paulinus trouva aux abords
du Grand Atlas. A 4 heures et demie, j’arrive à l’oasis d’Irels; j’y passerai la nuit.
La route d’aujourd’hui n’était pas des plus sûres : le frère de Chikh Mohammed
de Tikirt m’a escorté avec deux de ses gens jusqu’à Tagenzalt; il me quitta là, en
me confiant à deux hommes de ce qçar : ceux-ci me conduisirent à Irels. Nous n’a¬
vons rencontré personne pendant tout le trajet. Point de cours d’eau. Tagenzalt, oû
je me suis arrêté une demi-heure, est une localité indépendante, se gouvernant elle-
même, mais reconnaissant la suzeraineté du chikh de Tikirt; elle comprend environ
cinquante maisons, bâties en pisé et entourées d’une enceinte; auprès sont de grands
et beaux jardins; les dattiers y dominent; on y voit aussi des grenadiers, des fi¬
guiers, des trembles; à leur ombre sont des cultures. L’oasis est située au fond d’un
vallon dont le liane occidental est à cet endroit une muraille à pic; les bouches d’une
dizaine de cavernes s’y ouvrent. Pas de ruisseau; il n’y a d’autre eau que celle
104
RECONNAISSANCE AU MAROC.
d’une source. Tagenzalt est, avons-nous dit, entourée d’une enceinte de murailles :
c’est une particularité que je vois pour la première fois et qu’il importe de signaler.
Elle marque un changement dans l’état des villages : jusqu’ici tous étaient ouverts;
désormais, en allant vers le sud, je trouverai la plupart d’entre eux fortifiés. A dater
de ce jour, il y aura donc une distinction à faire : nous appellerons qçar tout centre
fortifié, réservant le nom de village pour ceux qui ne le seront pas. Tantôt les qçars
sont défendus par des murailles qui enveloppent les habitations, murailles d’ordinaire
garnies de tours; tantôt les murs des maisons, juxtaposés et ne laissant passage que
par une ou deux portes étroites, forment eux-mêmes l’enceinte. Quel que soit le sys¬
tème adopté, les qçars sont très ramassés, resserrés dans le plus petit espace pos¬
sible : l’opposé des villages.
Irels est un beau qçar, riche et prospère, d’environ 500 habitants, il est très bien
bâti; point de ruines, point de maisons en mauvais état; tout est neuf, tout est
propre et bien entretenu; le bas des constructions est en jpierres, souvent taillées,
toujours disposées régulièrement, le haut est en pisé; des terrasses reposant sur de
longues poutres de palmier couronnent les habitations, des gouttières pratiquées le
long des murs amènent l’eau dans des citernes. Une enceinte garnie de tours protège
le qçar; elle est, ainsi que tous les bâtiments de ce dernier, couverte de moulures
et de dessins à la chaux. Les jardins sont superbes : comme à Tagenzalt, il y a
des arbres variés, mais les palmiers dominent; à leur ombre, la terre, divisée en
carrés, disparaît sous le maïs, le millet et les légumes. Une foule de canaux arrosent
ces riches plantations; çà et là de grands bassins maçonnés sont remplis jusqu’au
bord d’une eau limpide. Cette végétation luxuriante, ces arbres superbes qui répan¬
dent une ombre épaisse sur une terre toute verte, ces mille canaux, ce ciel admirable,
cette nature riche et riante qui, au milieu de la contrée la plus désolée, fait de ce
séjour un lieu de délices, se trouveront pareillement dans les autres oasis : telle est
Irels, tels seront tous les points où nous verrons croître le dattier : en tous même
fraîcheur, en tous même calme, même abondance; endroits charmants où il semble
ne pouvoir exister que des heureux.
A peu de distance d’Irels, est un qçar plus petit, Tamaïoust, également entouré
de palmiers; il forme avec Irels un groupe isolé, indépendant, compris sous le nom
d’Irels. Population tamazirt, mélange de Chellaha et de Haratîn. Irels, Tamaïoust
et Tagenzalt produisent des dattes d’excellente qualité.
2G octobre.
Départ à 8 heures et demie. Mon escorte, de deux fusils au début, s’augmente de
deux autres à El Bordj : ces nouveaux zetats sont nécessaires pour me protéger sur
DE TI Kl RT A TISINT.
105
le territoire des Aït Tigdi Ouchchen. Jusqu’à 10 heures, je chemine dans une ré¬
gion montueuse et déserte, identique à celle où j’étais hier. A 10 heures, j’entre dans
la vallée de l’Ouad Ait Tigdi Ouchchen : le lit de la rivière, d’environ 60 mètres de
large, en occupe tout le fond; il est de sable; au milieu, serpente un filet d’eau claire,
au courant assez rapide, de 4 mètres de large et 15 centimètres de profondeur;
des deux côtés, poussent tantôt nombreux, tantôt clairsemés, des tamarix et des
lauriers-roses. Les flancs sont de pure roche, grès à sur¬
face noire et luisante; ils ont 80 à 100 mètres de haut; les
pentes en sont raides dès le pied, et à pic auprès du som¬
met; aucune trace de végétation n’y apparaît. Je m’engage
dans le fond de cette vallée, et je ne la quitte pas jusqu’à Tafounent. D’ici là, elle
reste la même, si ce n’est que l’eau diminue dans la rivière à mesure qu’on avance :
à Tafounent, il n’y en a plus. Les flancs demeurent jusqu’au bout ce qu’ils étaient au
début; le gauche expire près de Tafounent, le droit continue à perte de vue. Le
Flanc droit de la vallée de l’Ouad Ail Tigdi Ouchchen. (Vue prise de Tafounent.)
* Croquis de l’auteur.
fond garde partout même largeur et même aspect; à hauteur d’El Bordj et de Tislit
seulement, il s’étend, et se couvre un instant de cultures. De Tafounent à Tazenakht,
je traverse un plateau rocheux et désert, extrémité du massif qui s’étend entre les
ouads Idermi , Ait Tigdi Ouchchen et Tazenakht. A 3 heures et demie du soir,
j’arrive au gros village de Tazenakht.
Peu de voyageurs sur mon chemin. Je n’ai rencontré de la journée que trois petites
caravanes. Le chef de l’une d’elles entra en longs pourparlers avec les gens de mon
escorte : il désirait me piller, leur proposait de faire la chose de concert et leur of¬
frait la moitié du butin. Ne leur était-ce pas plus avantageux que de continuer, sot
métier, à faire cortège à un Juif? Mes hommes, qui avaient des préjugés, repoussè¬
rent sa demande. Aucun terme ne lui parut trop fort pour exprimer combien il les
trouvait ridicules. Outre l’Ouad Ait Tigdi Ouchchen, j’ai traversé deux rivières :
l’Ouad Irels (lit de galets de 15 mètres de* large, à sec), l’Ouad Tazenakht (lit moitié
RECONNAISSANCE AU MAROC. "r 14
106
RECONNAISSANCE AU MAROC.
galets, moitié sable, de 50 mètres de large, à sec). Plusieurs centres habités se sont
trouvés sur ma route : Tagentout, composé de deux ou trois maisons groupées
autour d’une qoubba; El Bordj, beau et grand qçar, bâti sur une colline dans une
situation pittoresque, ceint de vastes jardins; Tislit, groupe de deux petits qçars
s’élevant à 500 mètres l’un de l’autre, entourés de vergers; Tâtonnent., beau village
d’environ 40 feux. Aujourd’hui, plus de palmiers; ils ont disparu avec Irels : je
n’en verrai désormais qu’après avoir atteint le versant méridional du Petit Atlas.
El Bordj, Tislit, Tafounent, appartiennent à la petite tribu tamazirt des Ait Tigdi
Ouchchen, tribu indépendante et isolée, ne reconnaissant la suzeraineté de per¬
sonne, ne faisant partie d’aucune confédération. L’organisation des Ait Tigdi
Ouchchen est démocratique.
2°. — SÉJOUR A TAZENAKHT.
Le gros village de Tazenakht, qui porte aussi les noms de Tazenag, Ait Ouzanif,
Dar ez Zanifi et Khemis Ait Amer, est la capitale d’un État; cet État est formé de
plusieurs tribus, réunies dans la main d’un seul chef, sans être connues sous aucune
dénomination générale. Elles en ont une cependant : la plupart des tribus et des dis¬
tricts des environs, Ait Tigdi Ouchchen, Ait Oubial, Ait Selîman, Tazenakht, Tasla,
Irels, Tammasin, d’autres encore, sont des fractions de la grande et ancienne tribu
des Ait Amer; mais ce nom est oublié : chaque branche a un nom particulier et ne
connaît que lui; une seule a conservé le nom d’origine, en en faisant son appella¬
tion spéciale : c’est le rameau qui habite les bords de l’Ouad Timjijt. La souche de la
race des Ait Amer fut, dit-on, une seule famille : celle dont les chefs ont pris le nom
d’Aït Ouzanif. Ceux-ci ont gardé la prépondérance qu’ils avaient à l’origine; depuis
un temps immémorial, ils possèdent le souverain pouvoir. Le berceau de cette anti¬
que maison est la vallée même de l’Ouad Tazenakht, qu’on appelle aussi Ouad Ou¬
zanif. Les représentants actuels en sont deux frères, Chikh Hamed ben Chikh Mo¬
hammed et Chikh Abd el Ouahad; ils régnent ensemble en bon accord; leur résidence
est le village de Tazenakht, leurs États propres se composent du pays de Tazenakht,
de celui d’Amara et de la tribu des Ait Amer; on désigne cet ensemble du nom
d’une de ses parties ou de celui de ses chefs, l’appelant soit blad Ait Amer, soit
blad Tazenakht, soit blad ez Zanifi; le tout forme environ 1200 fusils. De plus, Tam¬
masin, les Ait Semgan, les Ait Touaïa, une partie des Ait Zaïneb (Imzouren, Ta-
doula, Tizgzaouin, Taselmant), le district d’Alougoum, les Ait ou Hamidi, quatre
bourgades du T lit, Tasla, et quelques autres qçars isolés, se sont rangés volontaire¬
ment. sous leur autorité. Celle-ci n’a rien de lourd : le service militaire en temps de
DE TI Kl HT A TISINT.
107
guerre, une redevance annuelle de 2 francs par fusil, c’est tout ce qu’ils demandent à
la population; encore beaucoup sont-ils dispensés de l’impôt, les uns vu leur parenté
avec les chikhs, d’autres par leur qualité de marabout.
Les Zanifi sont indépendants; comme nous l’avons dit, ils sont d’ordinaire en
bonnes relations avec le qaïd de Telouet : presque toutes les années, jusqu’à celle-
ci, l’un des deux frères allait lui faire visite et lui apportait un cadeau de 500 à
700 francs. Ces rapports amicaux sont sur le point de cesser : il y a quelques
jours, Chikh Abd el Ouahad , qui, par suite du grand âge de son frère, s’occupe
presque seul des affaires, a reçu des lettres de Merrâkech, écrites par des Juifs de
Tazenakht en ce moment dans la capitale : elles lui recommandaient de ne pas aller
comme d’habitude chez le Glaoui, celui-ci ayant reçu l’ordre de le jeter en prison
à son premier voyage à Imaounin. Cet avis semble désintéressé et part de bonne
source; d’ailleurs il ne contient rien qui puisse surprendre : combien n’a-t-on pas
vu de chefs indépendants, venus dans les villes du makhzen confiants dans l’amitié du
sultan, parfois sur son invitation, y être incarcérés tout à coup et maintenus au
cachot jusqu’à ce qu’ils aient payé de grosses rançons? Simple opération financière.
De même ici; Moulei El Hasen veut faire emprisonner Chikh Abd el Ouahad : est-ce
pour annexer ses États au blad el makhzen? Point; c’est pour lui arracher une partie
de ses richesses, qu’on dit énormes. Le Zanifi est célèbre au Maroc pour les trésors
qu’il possède, enfouis, dit-on, sous sa demeure; ce ne seraient là que monceaux d’or,
joyaux, armes merveilleuses. Le Zanifi passe pour le plus riche de l’empire en bijoux
anciens et objets précieux de toute sorte; après lui, viendrait S. El Hoseïn ould Ha-
cliem, le marabout du Tazeroualt; en troisième lieu, le fameux qaïd el Gentafi. Ou¬
tre ces trésors, les chikhs de Tazenakht ont de grandes terres, et dans leur pays,
et au Mezgita, et chez les Ait Zaïneb. Il y a là de quoi tenter la cupidité prover¬
biale de Moulei El Hasen. Mais cette fois la trahison qu’il a projetée n’aura d’autre
résultat que de briser le dernier lien entre lui et les Ait Ouzanif : les attaquer ou¬
vertement, il n’y saurait songer; même au temps où les relations étaient les plus
amicales avec Tazenakht, le qaïd de Telouet n’osa jamais y aller. Que serait-ce au¬
jourd’hui? Il faudrait le sultan avec toute son armée. Encore rencontrerait-il une
résistance sérieuse : les Ait Ouzanif sont unis par de nombreuses alliances à la mai¬
son souveraine du Mezgita : ils trouveraient là un appui solide ; ils en ont un autre
dans la personne de l’Azdifi, chikh héréditaire de la puissante tribu des Zenâga : en
guerre contre lui depuis de nombreuses années, ils viennent de lui offrir la paix;
elle s’est conclue ces jours derniers; une visite de TAzdifi, pendant mon séjour
même, a cimenté le traité : on lui a fait une réception splendide, et d’ennemis on esi
devenu alliés. Les nouvelles reçues de Merrâkech n’ont, dit-on, pas été étrangères à
ce brusque accommodement.
108
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Tazenakht est un gros village construit dans un site triste : au nord, s’étendent à
perte de vue les solitudes pierreuses que traverse le chemin de Tikirt; à l’est et au
sud, un massif escarpé de roche noire et luisante, auquel la bourgade est adossée,
ferme l’horizon; c’est vers l’ouest que le paysage est le moins désolé : de ce côté,
on aperçoit une portion de la plaine des Zenâga et au delà, se dressant sur un
piédestal de montagnes grises, la haute cime blanche du Djebel Siroua. Au pied
de Tazenakht est le lit de la rivière du même nom, presque toujours à sec. Cette
année, au milieu de mon séjour, une nappe d’eau de 10 mètres y a coulé durant
Massif rocheux situé entre Tazenakht et l'Ouad Azgemerzi,
et, en arrière, flanc droit de la vallée de cette rivière. (Vue prise du mellah de Tazenakht.)
Croquis de l’auteur.
Djebel Siroua.
(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.)
(Vue prise du marché de Tazenakht.)
Croquis de l’auteur.
24 heures : c’a été une joie universelle, le présage d’une bonne récolte; depuis quatre
ans, on n’avait pas vu d’eau dans l’ouad; depuis quatre ans, il y avait disette. Le vil¬
lage est bâti en long sur la rive droite de la rivière; les habitations, en pisé, sont la
plupart délabrées; vers le centre, s’élève la demeure des chikhs, demeure vaste, mais
simple, ne rappelant en rien les constructions élégantes de l’Ouad Iounil et d’Irels :
celles-ci ont disparu par degrés à mesure que nous nous sommes éloignés du Dra.
L’aspect de Tazenakht est triste; on ne voit que maisons à demi démolies, pans de
murs croulants ; les ruines occupent au moins les deux tiers de la surface. C’est
l’œuvre de la famine; quatre années de sécheresse ont produit ce résultat; il y a
quatre ans, vivaient ici 300 familles, moitié de Musulmans, moitié d’Israélites;
•un grand commerce y apportait la richesse; le khemîs, marché célèbre dans le
Sahara entier, était le rendez-vous de toutes les tribus voisines : on y venait en
foule du Sous, du Dra, du Telouet même et des Ida ou Blal; depuis quatre ans,
DE TIKIRT A TISINT.
100
point d’eau, point de récoltes : les ressources se sont épuisées, les provisions ont
manqué, il a fallu émigrer; plus de la moitié des habitants a déserté. Aujourd’hui
la population est réduite à 80 familles musulmanes et 55 juives. La décadence s’est
mise en tout : le commerce est devenu à peu près nul; le marché, si animé ja¬
dis, est désert. C’est la disette de grains dans les tribus voisines, surtout chez
les Zenâga, qui a amené ce désastre; car en aucun temps Tazenakht ne peut se
Tazrout. Assaka.
Oaad Tazenakht, au pied de Tazenakht. (Vue prise du niellait.)
Croquis de l’auteur.
Croquis de l’auteur.
suffire à soi-même : nous avons vu que le terrain qui l’environne est rocheux; en
A
outre, il est peu arrosé : le village est alimenté par des sources; l’eau en est bonne et
ne tarit pas; mais si elle suffit à l’alimentation des habitants, elle est trop peu abon¬
dante pour irriguer la campagne. Aussi y a-t-il peu de cultures : de maigres planta¬
tions de maïs, d’oignons et de citrouilles, s’étendant le long de la rivière; au milieu
d’elles, des bouquets de trembles très clairsemés; çà et là quelques figuiers, quel¬
ques cognassiers; c’est tout ce qu’on voit de verdure à Tazenakht. Le climat est,
me dit-on, très chaud en été, tempéré en hiver; il tombe quelquefois de la neige,
mais elle fond en touchant terre.
Tazenakht possède un marché célèbre. La situation centrale de ce marché entre
le Sous, le Dra et le Telouet lui a donné une grande importance; chaque jeudi,
le Sous y apporte ses huiles, le Dra ses dattes, les Glaoua des grains; là se fait 1 é-
110
RECONNAISSANCE AU MAROC.
change des divers produits : les dattes sont portées vers l’ouest et le nord, huiles et
grains prennent la direction du sud et de l’est. Les habitants de Tazenakht ont des re¬
lations suivies avec Maroc : leurs caravanes s’y rendent avec des peaux, des noix et
des dattes, et reviennent chargées de cotonnades, de sucre, de thé, d’allumettes, etc.;
on emmagasine ces marchandises, et on les expose le jour du marché. Une in¬
dustrie, la fabrication des khenîfs (1), fleurit dans la bourgade. Celle-ci est la pa¬
trie du khenîf, dont le tissage et le brodage occupent presque toute la population.
Malgré ces objets de trafic, Tazenakht voit décliner son commerce : les tribus voi¬
sines y viennent encore s’approvisionner des produits d’Europe; les Zenâga y ap¬
portent toujours leurs laines et leurs grains; mais les caravanes du Sous, du Mezgîta,
des Glaoua, nombreuses autrefois, sont aujourd’hui rares et peu importantes; des
oasis du sud on ne vient plus. Parfois il n’y a pas 60 étrangers sur le marché; l’huile
même manque souvent à Tazenakht; on en est réduit, pour s’éclairer, à faire brûler
péniblement un peu de graisse, ou à allumer une poignée d’herbes sèches. Le pays
est très pauvre en ce moment; les chevaux et les mulets sont rares et regardés comme
un luxe; peu de vaches; point de chameaux; il n’y a en certaine quantité que des
ânes, des moutons et des chèvres.
J’entre ici, pour l’alimentation, dans une région nouvelle : jusqu’à présent, les
pauvres se nourrissaient de farine d’orge . mais tout ce qui était aisé mangeait du
blé; à partir d’ici, on ne voit plus de blé; excepté les chikhs, personne ne connaît
que l’orge; c’est l’orge qui compose et le pain, et le couscoussou de chaque jour, et la
zemmila (2) qu’on emporte en voyage. Les costumes sont les mêmes que chez les
Ait Zaïneb; mais on voit, entre les khenîfs et les haïks blancs, des bernous gris à
fines raies foncées; je n’en trouverai de semblables qu’au Mezgîta. Population de
C’hellaha, mêlés de quelques Ha.ra.tin; ceux-ci sont moins nombreux ici qu’à Tikirt.
On ne parle que le tamazirt : sur sept ou huit hommes, à peine en trouve-t-on un
qui sache l’arabe; aucune femme ne comprend cette langue; les Juifs même ne s’en
servent pas habituellement entre eux.
3°. — DE TAZENAKHT A TISINT.
Aller de Tazenakht à Tisint eût été chose facile autrefois
des Ida ou Liai venaient ici attirés par le marché : on eût
, lorsque, chaque jeudi,
loué une escorte parmi
(1) Au singulier, khenîf; au pluriel, khenfàn.
(2) La zemmila se compose de blé ou d'orge grillé, puis moulu; elle se mange avec un peu d'eau; suivant la
quantité de celle-ci, on fait soit une pâte, soit une bouillie.
DE TI Kl RT A TISINT.
111
eux; le chemin, infesté de bandes pillardes de leur tribu, ne peut se parcourir que
sous leur protection, ou en compagnie d’étrangers qu’ils respectent. Aujourd’hui
Tazenakht n’a plus de relations avec le Sahara, on ne peut espérer l’arrivée d’Ida ou
Blal. Il me faut chercher, comme zetat, un homme du pays qui soit connu et consi¬
déré des nomades du sud. Le Zanifi et l’Azdifi sont dans ces conditions et pourraient
me faire parvenir en sûreté; mais on me détourne de m’adresser à ces seigneurs :
si, me dit-on, ils vous jugent pauvre, ils ne vous conduiront point, n’y trouvant
pas leur profit; si, au contraire, ils vous croient riche, ils vous mangeront en route,
vous et ce que vous avez, y trouvant plus de profit; il est imprudent de se mettre
entre les mains des souverains : leur haute position les met trop au-dessus de tout;
que leur importe de passer pour loyaux ou sans foi? il faut prendre pour zetat
un homme assez fort pour faire respecter son anaïa, mais non tant qu’il n’ait in¬
térêt à garder une réputation intacte. Après quinze jours de recherches, je trouvai
quelqu’un qui réunissait à ces deux conditions celle d’avoir dans le sud des relations
lui permettant d’y aller sans trop de danger. Lui aussi portait le titre de chikh. Ce
nom n’est point ici une expression désignant le chef temporaire d’un douar ou d’un
qçar; c’est un titre rare et respecté, qui est héréditaire et appartient aux seuls chefs
de quelques grandes familles; tels sont le Zanifi, le Mezgîti, Ben Otman, l’Azdifi,
et enfin mon zetat, Chikh Mohammed ou Aziz ould Chikh El Hasen. Mais celui-ci
est un prince détrôné; c’est pourquoi l’on peut se fier en lui. Chef d’une maison
souveraine des Zenâga , il partageait jadis l’autorité dans cette tribu avec l’Azdifi;
une longue guerre eut lieu entre les deux familles rivales; elle se termina, il y a
quinze ans, par la ruine de Chikh Mohammed ou Aziz. Son château fut détruit.
Il dut chercher refuge à l’étranger. C’est alors qu’il vint s’établir à Tazenakht.
Il en est aujourd’hui un des hommes les plus considérés et s’y est fait une grande
renommée de courage. Y a-t-il une expédition guerrière? On le trouve toujours
au premier rang, avec Chikh Abd el Ouahad. Sa maison avait de vieilles rela¬
tions avec les tribus du sud; les liens du sang l’unissent à plusieurs d’entre elles;
il n’a cessé d’entretenir ces bons rapports; mieux que personne, il pourra me dé¬
fendre. Tel est celui qui va me conduire : je n’aurai qu’à me louer de lui.
12 novembre.
Départ à 10 heures et demie. Chikh Mohammed, monté sur une belle jument, et
deux de ses esclaves à pied m’escortent. Après avoir, par un chemin pierreux, con¬
tourné le massif auquel Tazenakht est adossée, j’entre dans une immense plaine,
dont le nord forme le territoire des Ait Amer, et dont les portions centrales et méri-
112
RECONNAISSANCE AU MAROC.
dionales appartiennent aux Zenâga. Cette plaine est limitée : au nord, par les pre¬
mières pentes du désert montueux qui s’étend entre les ouads Idermi et Tazenakht;
à l’est, à l’ouest et au sud, par un talus de grès identique à celui qui forme le flanc
droit de l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen : même composition , même pente, même éléva¬
tion de 80 à 100 mètres. Vers le sud, le sommet de ce talus est le faîte même du
Petit Atlas; vers l’ouest, il est le premier échelon du Siroua, dont la haute cime do¬
mine toute la contrée. Dans le nord, on distingue au loin une longue ligne blanche :
le Grand Atlas. Le sol de la plaine n’a pas une ondulation, il est uni comme
une glace; c’est, au début, de la roche couverte d’une mince couche de sable : à
mesure qu’on avance vers le sud, on voit cette couche s’épaissir rapidement; au
delà de l’Ouad Timjijt, le terrain n’est plus que sable semé d’un peu de gravier, les
plantations commencent; à partir de l’Ouad Tiouiin, on rencontre à peine une
pierre de loin en loin, le sol se couvre de cultures et se sème de villages; enfin,
au sud de Tamarouft, plus de pierres du tout, sable pur, on n’aperçoit que champs
de toutes parts. En résumé, c’est une plaine très riche; le sol y est d’une fertilité
admirable : une partie seulement en est ensemencée , et les grains en alimentent
toutes les tribus voisines; elle pourrait se cultiver en entier. L’eau seule manque
quelquefois; cette terre excellente est peu arrosée : on y voit les lits d’un grand
nombre de ruisseaux, de rivières, mais presque tous à sec : il faut la pluie pour fé¬
conder. Sur les parties laissées incultes, le thym seul pousse en cette saison; en re¬
passant au printemps, je trouverai les mêmes places couvertes de seboula el far et
d’autres herbes qui servent à la nourriture des troupeaux. Telle est la plaine où je
marche aujourd’hui. Plus j’avance, plus l’aspect en devient riant. A partir de Tem-
daouzgez, on ne voit de tous côtés que travailleurs dans les champs : il vient de
pleuvoir durant plusieurs jours; c’est la récolte assurée : aussi chacun de labourer
le plus qu’il peut et d’ensemencer à la hâte, pour profiter de cette année de prospérité
qui succède à quatre de disette. A 4 heures, j’arrive à Tamarouft, gros village où je
passerai la nuit.
Point d’autres voyageurs que nous sur la route. J’ai traversé deux rivières : l’Ouad
Timjijt (au point où je l’ai passé, il coule dans une dépression d’un kilomètre de
large, de quelques mètres au-dessous du niveau de la plaine; lit de vase de 30 mè¬
tres, au milieu duquel serpentent 2 mètres d’eau claire et courante); l’Ouad Azge-
merzi (il coule, au-dessous de Temdaouzgez, dans une dépression de 300 mètres de
large et de quelques mètres de profondeur; au-dessus de ce lieu, le lit est au ni¬
veau de la plaine; il a 30 mètres de large; fond de sable, avec 2 mètres d’eau cou¬
rante; rives bordées de tamarix). Les divers centres habités que nous avons
rencontrés d’Asersa à Tamarouft sont des villages en pisé blanc, médiocrement
construits, entourés de jardins bien cultivés, mais pauvres de végétation; les ar-
DE TI Kl K T A TISINT.
113
bres, en petit nombre, y sont les mêmes qu’à Tazenaklit : le tremble domine. L’eau,
peu abondante dans les rivières, se trouve à une courte profondeur, en creusant le
sol; on voit au milieu des plantations une grande quantité de puits.
Les Zenâga, chez qui je me trouve ici, se font appeler, lorsqu’on écrit leur nom
en arabe, Cenhadja Oulhourri. C’est une tribu riche et puissante; son territoire
s’étend et sur la plaine où nous sommes et sur les montagnes qui la bordent : dans
la plaine, elle a ses cultures et ses villages, ceux-ci au nombre d’une quarantaine;
dans la montagne paissent ses troupeaux. Les Zenâga sont sédentaires et Imaziren;
ils sont Chellaha; pas un Hartâni parmi eux. Ils sont de beaucoup, des tribus que
j’ai vues, celle où le tamazirt est employé de la façon la plus exclusive; personne ici
ne sait l’arabe, pas même les gens riches, pas même les chikhs; jusqu’aux Juifs,
dont bon nombre n’entendent que le tamazirt. Si j’avais dù trouver quelque part
des écrits dans cette langue, c’eût été ici; mes questions à ce sujet y ont été aussi in¬
fructueuses qu’ailleurs : non seulement on n’en possède point, mais on semble ignorer
qu’il en ait existé. A ce caractère distinctif des Zenâga, leur langage, un second se
joint, leur physionomie; ils en ont une spéciale qui ne se retrouve pas chez
d’autres : sans avoir rien des ljaratin, ils ont le teint très bronzé; leurs traits sont
accentués et durs; presque tous sont laids, mais grands, secs et forts (1). C’est une
tribu farouche, guerrière et pillarde, la crainte de ses voisins, l’effroi des voyageurs;
il faut l’anaïa d’un homme puissant pour qu’un étranger puisse la traverser sans péril.
Elle était gouvernée autrefois par les deux maisons souveraines dont nous avons parlé
plus haut; aujourd’hui elle obéit tout entière à un seul chef, Chikli Hammou ben
Chikli Mohammed d Ida el Qaïd. Celui-ci a pour résidence le village d’Azdif, d’où le
nom d’Azdih, sous lequel il est connu. Il a un frère, Abdel Ouahad d Ida el Qaïd, qui
porte aussi le titre de chikh et habite avec lui. Le nom de leur famille, Ida el Qaïd,
vient de ce que jadis un de leurs ancêtres reçut le titre de qaïd d’un sultan. Duquel?
Nul ne peut le dire. Quand? On l’ignore. Tout ce qu’on sait, c’est que, depuis un
temps immémorial, cette maison règne sur les Zenâga. Son pouvoir s’étend plus
loin; elle a forcé plusieurs tribus et districts du voisinage à le reconnaître. Le Tlit lui
est soumis. Tisint l’était autrefois, mais depuis vingt ans elle a secoué le joug. Inutile
de dire que les Zenâga sont indépendants; tout ce qui est au sud de Tazenaklit l’est
de la manière la plus complète. Voici une anecdote qui donnera l’idée du genre de
relations qu’on a ici avec le makhzen. Au mois d’avril 1881, comme je repassai dans
(1) On peut leur appliquer de tous points ces mots de M. Duveyrier sur les Touareg : « En général les
« Touareg sont de haute taille... Tous sont maigres, secs, nerveux; leurs muscles semblent des ressorts
« d’acier. Blanche est leur peau dans l’enfance; mais le soleil ne tarde pas à lui donner la teinte bronzée
« spéciale aux habitants des tropiques. » (H. Duveyrier, Touârey du Nord, liv. IV,chap. iv, Caractère. s-
physiques des 'Touârey.)
RECONNAISSANCE AU MAROC.
15
RECONNAISSANCE AU MAROC.
J 1-4
ces parages, je rencontrai, entre El Am et Tazenakht, Chikh Hammou el Azdifi qui
revenait du dernier point, où il avait passé quelques jours en visite chez le Zanifî. J’a¬
vais comme zetat un esclave de Sidi Hamed ou Abd er Rahman , marabout des Ait
Amer, chef de la zaouïa de S. Abd Allah ou Mhind. Aussitôt que les cavaliers de la
suite du chikh nous aperçurent, ils nous prirent au col, Mardochéeet moi, en réclamant
un droit de passage, une zetata. Leur maître s’était arrêté et regardait impassible la
bousculade. Un des hommes nous demanda d’où nous étions. « De Merrâkech. — Des
gens de Merrâkech, des sujets du sultan! s’écria le chikh. La bonne aubaine! Trois
Zenâga sont en prison dans le blad el makhzen. Voici des otages qui arrivent à propos.
Qu’on les emmène et qu’on les mette aux fers. Ils y resteront jusqu’à ce que Moulei
El Hasen nous ait rendu nos sujets. » Lorsqu’il entendit ce langage, l’esclave du ma¬
rabout prit la bride du chikh et lui déclara que, sujets ou non du sultan, nous étions
sous l’anaïa de son maître Sidi Hamed, et que par conséquent nul n’avait droit de
nous toucher. A ces paroles, tout change. Toucher aux protégés de Sidi Hamed! Qui
y a pensé ! Non seulement on ne nous emmène pas, mais on nous laisse passer sans
exiger de zetata. Tel est le prestige du sultan. On le regarde comme un chef de tribu
éloigné, avec qui on serait en assez mauvais rapports.
Les Zenâga comptent environ 1700 fusils; ils ont à peine 20 chevaux. Un seul
marché sur leur territoire, l’Arbaa Taleouin.
13 novembre.
Départ à 7 heures du matin. Nous marchons d’abord dans la même plaine qu’hier,
toujours unie, fertile, peuplée. A 9 heures et demie, nous sommes à son extrémité
sud, au pied du talus qui la borne. Le sommet de ce talus forme ici la crête supé¬
rieure du Petit Atlas. Nous allons la franchir. Une brèche profonde se dessine en
face de nous; nous montons vers elle par un couloir en rampe douce. A 10 heures
un quart, nous atteignons le col, Tizi Agni , et la ligne de faite du Petit Atlas. De¬
vant nous, au milieu d’entassements de roches noires, s’ouvre un ravin : aucune
largeur ^au fond, où un filet d’eau bondit par hautes cascades; flancs très escar¬
pés, souvent à pic; pas de trace de terre ni de végétation; tout est pierre, grès noir
et luisant. Vers le sud, on n’aperçoit d’abord qu’une longue succession de croupes
brunes, flancs de la vallée dont la source est ici, versant méridional du Petit Atlas;
puis, au delà, à une grande distance, une plaine blanche; enfin , bornant l’horizon,
une dernière chaîne de montagnes, dominée par un pic bleuâtre : c’est le Bani, avec
le mont Taïmzour, au pied duquel est Tisint. Nous nous mettons à descendre le ravin
où plongent nos regards; chemin difficile à travers les roches du flanc droit : du
col au village d’Agni, où nous parvenons à midi, on ne peut marcher qu’à pied. A
DE TIKIRT A TISINT.
115
Agni, le sentier atteint le fond de la vallée; celle-ci, en aval de ce point, change d’as¬
pect : jusque-là, la rivière coulait par cascades; la pente de son lit était très rapide;
les flancs étaient si escarpés, et en même temps si resserrés, qu’en arrivant ici j’ai
vu l’ouad pour la première fois
depuis le col. Au delà, au con¬
traire, plus déchûtes; les flancs
resteront hauts et raides , mais le
fond de la vallée sera en pente
douce et prendra quelque lar¬
geur.
Ce changement n’est pas le seul
qui m’attende : en approchant
d’Agni, j’aperçois, se détachant
sur le fond noir du roc, les pa¬
naches verts des palmiers ; ils re¬
commencent ici : à l’ouest du Dra, la crête du Petit Atlas est leur limite nord; je
les retrouve donc pour ne pas les quitter de longtemps. Nous faisons halte au village
d’Agni (1). C’est un groupe de huttes en pierres sèches, où vivent misérablement dix
ou douze familles de Haratin. Le fond de la vallée a momentanément 80 mètres de
large; il est couvert de cultures et ombragé de dattiers; au milieu coule l’Ouad Agni,
avec 3 mètres d’eau verte et courante. Les habitants reconnaissent l’autorité des Ze-
nâga; elle finit ici.
A 3 heures et demie, nous nous remettons en route. Nous rentrons dans le désert
pour y rester jusque auprès de Tisint. A présent, c’est dans le lit de la rivière que
l'on marche; dès la sortie d’Agni, il se dessèche et embrasse tout le fond de la vallée,
large de 40 mètres; cet espace est couvert d’une couche de galets, qui rendent la
marche pénible; pas d’autre végétation que des jujubiers sauvages, de 2 à 3 mètres
d’élévation, et des heuboubs, de 1 à 2 mètres, croissant au pied des flancs. Ceux-ci
restent les mêmes, toujours rocheux et noirs, hauts, escarpés. Nous cheminons
lentement dans ce couloir sauvage, en en suivant les mille détours. Pendant frois
longues heures, la vallée demeure ainsi. Après ce temps, le fond s’élargit un peu.
A 7 heures, les flancs s’abaissent et meurent : c’est la fin du Petit Atlas; j’en suis
arrivé au pied. Devant moi s’étend une immense plaine, qui apparaissait du haut
du col : on l’appelle la Feïja. C’est un vaste désert s’étendant entre le Petit Atlas et
le Bani : sol de sable, parfaitement plat; un grand nombre de rivières et de ruis¬
seaux, tous à sec, le sillonnent; pas d’autre végétation que des gommiers de 2 à
Djebel Taïmzour.
Vue dans la direction du sud, prise du col d’Agni.
Croquis de l’auleur.
(1) Agni, pluriel ignan. Mot amazir ayant le sens de brèche, tranchée, défilé très étroit.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
I II)
3 mètres, nombreux au pied du Petit Atlas et le long des cours d’eau, d’autant
plus clairsemés qu’on s’éloigne de ceux-ci et qu’on va vers le sud : je vois ces arbres
pour la première fois. Il fait nuit quand nous entrons dans la Feija; Chikh Moham¬
med l’avait calculé ainsi; ce désert, sans cesse parcouru par les rezou s (1) des Ida ou
Pial, des Oulad labia, des Berâber, est un passage des plus dangereux : a-t-on à le
traverser? on s’arrange pour le faire (te nuit, afin d’échapper, à la faveur des ténè¬
bres, aux embuscades qui s’y dressent. Nous nous y engageons donc, nous dirigeant
droit sur la cime du Taïmzour, qui se détache en noir devant nous. A 10 .heures du
soir, après trois heures d’une course rapide, nous parvenons au pied du Bani, à
l’oasis de Tanzida. Ici, plus de péril; nous circulons lentement au travers de mille
canaux, entre de grands palmiers aux aspects fantastiques, dont les rameaux, ar¬
gentés par la lune, jettent sur nous une ombre épaisse. J’arrive ainsi jusqu’au qçar :
il m’apparaît tout entier, avec ses maisons de pisé blanc étagées au pied de la paroi
luisante de la montagne, dont les roches polies miroitent par cette belle nuit. La lune,
qui brille au milieu d’un ciel sans nuages, jette une clarté douce; l’air est tiède, pas
un souffle ne l’agite. En ce calme profond, au milieu de cette nature féerique,
j’atteins mon premier gîte du Sahara. On comprend, dans le recueillement de nuits
semblables, cette croyance des Arabes à une nuit mystérieuse, leila el qedr, dans
laquelle le ciel s’entr’ouvre, les anges descendent sur la terre, les eaux de la mer
deviennent douces, et tout ce qu’il y a d’inanimé dans la nature s’incline pour adorer
son Créateur.
Depuis le Tizi Agni , je n’ai pas rencontré une seule personne sur la route. Auprès
de Tanzida, j’ai traversé l’Ouad Agni (lit de sable de 30 mètres de large; 8 mètres
d’eau; la rivière coule à 20 mètres environ au-dessous du niveau de la Feija; rives
bordées de palmiers), et l’Ouad Tanzida (40 mètres de large; fond de sable; eau salée;
il n’y a que 1 mètres d’eau dans le lit, la plus grande partie étant détournée pour
l’arrosage des plantations).
14 novembre.
Tanzida est un grand qçar peuplé surtout de Baratin. Il se gouverne à part et ne
compte avec aucun district; mais il reconnaît, comme tous les centres des environs,
la suzeraineté des Ida ou Blal. La vallée, ou plutôt l’encaissement au bord duquel il
s’élève, a environ 1 000 mètres de large; il est borné au sud par le Bani , et au nord
(1) On appelle rezou des troupes de partisans qui se réunissent pour exécuter des coups de main, razia.
Les rezous n’ont pour but que le pillage; ils opèrent soit contre les caravanes et les voyageurs, soit contre des
tribus ennemies.
DE TI Kl RT A TISINT.
117
par la Feija, en contre-bas de laquelle il est de 20 à 25 mètres; un talus presque à
pic l’en sépare; le fond, de sable blanc, est planté de palmiers.
Départ de Tanzida à 8 heures et demie. Je suis le fond de la vallée. Il se rétrécit
peu à peu et finit, près d’Aqqa Ait Sidi, par n’avoir plus que 200 mètres de large;
hors cela, il demeure le même : toujours sablonneux, toujours ombragé de dattiers,
toujours séparé de la Feija par une muraille, verticale. A Aqqa Ait Sidi, change¬
ment brusque : les dattiers disparaissent; la vallée se rétrécit tout à coup, de façon
à ne garder qu’une largeur de 40 mètres, la place de la rivière ; en même temps celle-
ci s’enfonce dans un profond kheneg. Ce défilé s’appelle Foum Tisint; s’ouvrant dans
Djebel Taïmzour. Foum Tisint.
Chaîne du Bani, Djebel Taïmzour et Foum Tisint. (Vue prise de Ez Zaouia, qçar de Tisint.)
Croquis de l'auteur.
le flanc du Bani, il donne issue aux eaux du Petit Atlas et de la Feija. Le passage,
de 150 mètres de largeur totale, se divise en deux parties : l’une est un plateau sur
lequel passe le chemin; l’autre, en contre-bas de la première, et large de 40 mètres,
est occupée par le lit du cours d’eau ; ces deux portions sont séparées par un talus
à 1/1 de 20 à 30 mètres de haut. Plateau, talus, chemin, tout n’est que pierre,
comme les flancs de la montagne; ceux-ci sont escarpés, et
composés de cette roche noire et luisante que je trouve si sou¬
vent dans le sud. Le Bani est fort étroit; c’est une arête aiguë,
une lame qui émerge du sol; quoique je le traverse oblique¬
ment, il est bientôt franchi : en un quart d’heure, j’atteins
l’extrémité sud du kheneg. Là toute l’oasis de Tisint se découvre à mes yeux : im¬
mense forêt de palmiers, vaste étendue sombre, au milieu de laquelle brillent les
taches blanches des qçars; des collines basses, des talus de sable jaune, bordent au
loin l’océan de verdure; à mes pieds, la rivière, qui sort du kheneg, s’avance avec
majesté, pleine d’une eau bleue et limpide , vers les bois de dattiers où je la vois bien¬
tôt s’enfoncer et disparaître. Sur sa rive droite, au seuil des plantations, est le grand
qçar d’Agadir. J’y entre à 10 heures du matin.
Dans cetfe courte marche, j’ai traversé ou vu plusieurs cours d’eau : l’Ouad Tan¬
zida (lit mi-sable, mi -gravier; 100 mètres de large, avec 8 mètres d’eau, jusqu’au
confluent de l’Ouad Aginan ; 200 mètres de large, avec 20 mètres d’eau, au-dessous
<le ce point); l’Ouad Aginan (je ne le vois que de loin; sa vallée, ombragée de pal-
118
RECONNAISSANCE AU MAROC.
miers, se creuse à pic dans les sables de la Feïja; elle semble identique à celle de
l’Ouad Tanzida) ; l’Ouad Qaçba el Djoua (lit moitié roche, moitié sable, de 25 mètres
de large, avec 8 mètres d’eau claire et courante; cette eau est douce); l’Ouad Tisint
(le lit, au point où je le traverse, a 40 mètres de large; il est de sable; une eau
limpide et courante, profonde de 70 centimètres, en occupe la moitié; cette eau
est salée, comme celle de l’Ouad Tanzida qui la compose en partie).
SÉJOUR DANS LE SAHARA.
119
ô
V.
SÉJOUR DANS LE SAHARA.
1°. — TISINT.
En arrivant à Tisint, une région nouvelle a commencé pour moi; ciel, produc¬
tions, habitants, costumes, tout y diffère de ce que j’ai vu avant ce jour. Jusqu’ici
j’étais dans un pays montagneux; il avait le climat et les produits du sud de l’Eu¬
rope; les habitants étaient des Chellaha, presque tous vêtus de laine blanche. Ce
pays, leBani en est la limite. Lorsque, après l’avoir traversé, on entre à Tisint, on met
le pied dans un monde nouveau. Ici, pour la première fois, l’œil se porte vers le midi
sans rencontrer une seule montagne : la région au sud du Bani est une immense
plaine, tantôt blanche, tantôt brune, étendant à perte de vue ses solitudes pierreuses ;
une raie d’azur la borne à l’horizon et la sépare du ciel : c’est le talus de la rive
gauche du Dra; au delà commence le Hamada. Cette plaine brûlée n’a d’autre végé¬
tation que quelques gommiers rabougris, d’autres reliefs que d’étroites chaînes de
collines, rocheuses, entrecoupées, s’y tordant comme des tronçons de serpents. A côté
du désert morne, sont les oasis, avec leur végétation admirable, leurs forêts de pal¬
miers toujours verts, leurs qçars pleins de bien-être et de richesse. Travaillant dans
les jardins, étendue nonchalamment à l’ombre des murs, accroupie aux portes des
maisons causant et fumant, on voit une population nombreuse d’hommes au visage
noir, Baratin de couleur très foncée; leurs vêtements me frappent d’abord : tous sont
vêtus de cotonnade indigo, étoffe du Soudan. Je suis dans un nouveau climat : point
d’hiver; on sème en décembre, on récolte en mars; l’air n’est jamais froid; au-des¬
sus de ma tête, un ciel toujours bleu ,
Où jamais ne flotte une nue,
S’étale implacablement pur.
Tisint est une des plus grandes oasis du Sahara Marocain. Elle est située au fond
d’une cuvette dont les bords sont, d’une part le Bani, de l’autre une ceinture de col¬
lines, rocheuses au sud, sablonneuses à Test et à l’ouest. Au milieu de ce cercle,
RECONNAISSANCE AU MAROC.
] 20
s’étend une plaine de sable blanc : là se trouve l’oasis, forêt de palmiers traversée
par une belle rivière, avec qçars s’élevant à la lisière des plantations.
L’Ouad Tisint a en toute saison beaucoup d’eau; cette eau est salée; les habitants
boivent de préférence celle qui provient de pluie, et qui se conserve en quelques creux
de rochers des environs; ils n’ont pas de citernes. La rivière renferme beaucoup de
poissons ; on en pêche qui ont 40 centimètres de longueur. Ces poissons, cette onde
abondante et amère donnent lieu à mille légendes : les gens du pays ne doutent pas
que l’Ouad Tisint ne tire ses eaux de la mer. Leur opinion tient à une croyance ré¬
pandue dans les campagnes du Maroc. Les fleuves, les ruisseaux, les sources qui coulent
à la surface du globe, ont deux origines principales : les uns, d’eau douce, viennent des
nuages du ciel, dont la substance s’emmagasine dans la terre; les autres, salés, sont
produits par l’onde marine, qui s’infiltre sous le sol. 11 y a aussi des lits qui ne s’em¬
plissent que durant les pluies : pour ceux-ci, point d’hésitation sur la cause qui les
forme. Enfin on voit des cours d’eau d’une quatrième sorte, les plus mystérieux; ils
coulent l’année entière, qu’il pleuve ou non, sans qu’on leur connaisse de source : ils
ne viennent ni de la terre, ni de la mer, ni du ciel, mais de Dieu seul. L’Ouad Tisint
passe au milieu des dattiers; ils croissent sur ses bords mêmes et ombragent ses
flots; le lit de la rivière, presque partout rocheux, est au niveau des plantations et
sans berges; il a 100 à 120 mètres 'de large, dont le quart est couvert par la nappe
liquide, d’ordinaire divisée en plusieurs bras. Au-dessus de l’oasis, le volume des
eaux est plus considérable. A l’entrée de la forêt , en face d’Agadir, un barrage
les arrête : il se forme à ce point un réservoir long et profond, d’où partent une foule
innombrable de conduits qui vont arroser chaque clos. Des diverses oasis que je ver¬
rai au Maroc, aucune n’est comparable à Tisint pour la quantité des eaux courantes :
à chaque pas, on traverse des canaux, dont plusieurs ont jusqu’à 2 mètres de large et
40 ou 50 centimètres de profondeur.
Le sol de l’oasis est tout sable. Les palmiers qui le couvrent sont plantés très
serrés ; des murs de pisé les divisent en une infinité d’enclos ; peu d’autres arbres
s’y mêlent, de loin en loin on aperçoit quelques figuiers. Point de cultures à
l’ombre des dattiers : on réserve toute l’eau pour l’irrigation de cet arbre précieux.
11 n’y a de champs qu’en dehors de la forêt, à la lisière de l’oasis; là on cul¬
tive dans le sable des légumes et de l’orge; on ne le fait que les années de pluie,
quand l’eau du ciel féconde la terre, et que la rivière, plus grosse que d’habitude,
fournissant plus qu’il ne faut aux palmiers, permet d’arroser une plus grande surface
de terrain. La datte est ht» fortune de Tisint; grâce à elle, cette dernière est un des
centres les plus prospères du Sahara Marocain : suivant un dicton du pays, des
trois oasis célèbres de la contrée, Tatta, Aqqa et Tisint, la première l’emporte en
li AN I .
Taznout.
Ait ou Iran.
Qoubba M. Ismaïl. Koudia Bou Mousi. Dj. Hamsaïlikli.
Dj. el Feggouçat.
Foum Timrari.
BAM.
Oasis de Tisint. (Vue générale prise d’Agadir.)
Croquis de l’auteur.
DJEBEL
BANI.
DJEBEL
BANI.
Oasis d’Aqqa. (Vue générale prise des coteaux situés au nord-est du qçar d’El Kebbaba.)
Croquis de l’auteur.
OCEAN
ATLANTIQUE.
GRAND
ATLAS.
GRAND
ATLAS
Plaines
du
bas Sous.
Agadir Irir.
Col de Bibaouan.
Djebel Ida ou Ziqi.
Plateau des Ilalen, plaines du bas Sous, Océan Atlantique, Grand Atlas. (Les parties ombrées du Grand Atlas sont couvertes de neige.) (Vue prise d’Afikouralien.)
Croquis de l’auteur.
' SEJOUR DANS UE SAHARA.
121
population, et la dernière en nombre de palmiers. Tisint produit des dattes de plu¬
sieurs espèces : djihel , bou ittôb , hou feggouç , bousekri , boa souaïr (1) ; les djihels
y dominent de beaucoup : elles y sont très bonnes, tandis qu’ailleurs elles sont
d’ordinaire médiocres.
Les qçars de Tisint sont au nombre de cinq : Agadir (500 familles), Ait ou Iran,
Taznout, Ez Zaouïa, Bon Mousi. Agadir et Bon Mousi sont les deux principaux;
en temps de guerre, tout Tisint enferme ses biens entre leurs murs. Bou Mousi et Ez
Zaouïa sont habités presque exclusivement par des marabouts; à Bou Mousi, se
trouve la zaouïa de Sidi Ali ou Abd er Raliman, dont l’influence est grande sur
les Oulad Ialiia; à Ez Zaouïa, celle de Sidi Abd Allah ou Mhincl, avec le tombeau
de ce saint et celui de son fils Sidi Mohammed ou Bou Bekr; cette dernière est très
vénérée d’une partie des Berâber ; de tout le voisinage on vient visiter les mausolées
des trois bienheureux et apporter des offrandes à leurs descendants. Il y a d’au¬
tres qoubbas à Tisint : telle est celle de Moulei Ismaïl , en face d’Agadir. Tant de
saints, morts et vivants, prouvent une population pieuse; en effet les Baratin
de Tisint sont dévots, formant contraste en cela avec les autres Musulmans de
la contrée, et surtout avec ces « païens » d’Arabes, comme ils appellent les noma¬
des voisins. A Tatta, à Aqqa d’une part, chez les Zenâga de l’autre, personne ne fait
le pèlerinage de la Mecque, personne ne sait lire, si ce n’est un petit nombre de ma¬
rabouts; personne ne dit régulièrement les prières, beaucoup ne les savent pas. Le
seul acte religieux qu’on fasse est de donner quelque argent à des zaouïas ; encore
ne le leur apporte-t-on point : il faut que les religieux aillent eux-mêmes quêter en
chaque village. Chez les nomades, chez les Ida ou Blal surtout, c’est pis : on a beau
venir chez eux, ils ne donnent rien ; si les marabouts insistent, ils les traitent de fai¬
néants et les renvoient en se moquant d’eux; leur parle-t-on du liadj? ils répondent
qu’ils ne vont qu’où il y a de l’argent à gagner; quant à lire et à. écrire, pas un
(1) Les principales espèces de dattes que produit le Sahara Marocain sont, par ordre de mérite : les bou ittôb.
les bou feggouç, les bou sekri, les djihel, les bou souaïr. Les bou ittôb sont très petites, avec un noyau pres¬
que imperceptible; le goût en est délicat : ce sont les dattes qui se conservent le mieux; jamais, dit-on, les vers
ne les attaquent. Les bou feggouç sont grosses; elles sont aussi très bonnes et très recherchées. Les bou
sekri sont de taille moyenne, et fort sucrées, comme l’indique leur nom; elles ont une couleur particulière,
d’un gris vert, tandis que les autres ont les tons dorés qu’on voit habituellement aux dattes. Les djihel sont de
même dimension, à noyau assez gros; elles sont beaucoup moins estimées que les trois premières espèces,
excepté celles qui viennent de Tisint ; les dattiers qui les produisent ont une quantité énorme de fruits :
de cette exubérance est venu leur nom. Les bou souaïr sont fort au-dessous des dattes précédentes; elles sont
petites et ont peu de chair; on les mange à peine; elles servent surtout à la nourriture des bestiaux. Le nom
de bou souaïr s'applique d’ailleurs, dans tout le sud , moins à une datte spéciale qu’à toute datte de rebut, de
mauvaise qualité ou non parvenue à maturité, et peu propre à l’alimentation des hommes. Ces diverses espèces
sont mélangées dans les oasis; dans toutes, une d’elles domine : à .Tisint, ce sont les djihel; à Tatta, ce sont
les bou feggouç, à Aqqa les bou sekri, sur le versant méridional du Petit Atlas les bou souaïr, dans le Dra
les bou feggouç, dans le bassin du Ziz les bou feggouç et les bou souaïr.
Hl'CONNAISSVNCE AU MAROC.
1 22,
RECONNAISSANCE AU MAROC:
homme ne le sait clans la tribu; prier, ils n’y ont jamais pensé. A Tisint, au con¬
traire, peu de gens jouissant d’un peu d’aisance qui ne portent le titre de hadj. Faire
le pèlerinage est l’ambition de tous les habitants. Il faut 1 000 ou 1 500 francs pour
cela, grosse somme dans le pays : ils travaillent sans relâche jusqu’à ce qu’ils l’aient
acquise; l’ent-ils? les voilà partis pour Tanger, et de là pour la Mecque. Prodige
plus rare, quelques-uns savent lire. C’est la première fois qu’en dehors des villes
et des zaouïas je vois des Marocains lettrés. Tisint est une merveille au milieu de
l’ignorance générale. Avec cette piété, il ne peut régner pour les marabouts qu’une
libéralité et un respect extrêmes : couvents et religieux ont fleuri de toutes parts
sur un sol si propice.
A Tisint, comme partout au sud du Bani, la plupart des constructions sont en pisé
ou en briques séchées au soleil; quelquefois, dans les maisons pauvres, les parties
basses sont en pierre; les demeures riches sont tout en pisé. Cette dernière matière
est la seule estimée dans le pays. Pour les charpentes, on se sert de poutres de pal¬
mier. Les maisons ont un rez-de-chaussée, un premier étage et une terrasse ; chacune
possède une cour intérieure. Quelques rares bâtiments sont blanchis; la chaux est
en général réservée aux qoubbas. Les rues sont étroites, à tel point que, dans
la plupart, les mulets ne peuvent passer chargés; elles sont en grande partie
couvertes.
La population de Tisint, comme celle de toutes les oasis du sud du Bani, est un
mélange de Chellaha et de Haratîn; ici ces derniers, en proportion bien plus forte
que partout ailleurs, forment plus des neuf dixièmes des habitants : ainsi Tisint est
presque entièrement peuplée de Haratîn. En même temps, sans doute à cause de cela,
leur couleur y est plus foncée que nulle part. Nous remarquerons, en tous lieux, que
le teint des Haratîn est d’autant plus noir qu’ils sont plus compacts, d’autant plus
clair que les Chellaha auxquels ils sont mélangés sont plus nombreux.
Les costumes sont les suivants. Au lieu de chemise, on porte une kechchaba de
cotonnade indigo ( klient ) (1) : c’est un morceau d’étoffe, de 2 mètres à 2"',50 de
long sur 1 mètre à lm,20 de large, au milieu duquel est pratiquée une fente
longitudinale où Ton passe la tête; les deux pans de la pièce tombent naturelle¬
ment, l’un par devant, l’autre par derrière; point de coutures; on se contente de
nouer ensemble les coins des pans dans le bas, à droite et à gauche; le côté reste
nu. La plupart du temps on n’a qu’une kechchaba; quelques riches en mettent deux,
(1) Le klient , appelé en France guinée, est une étoffe de coton indigo. La plupart de celui dont on se sert au
Maroc est fabriqué en Angleterre et vient par Mogador. C'est la contrefaçon d'une étoffe de même teinte, mais
beaucoup meilleure, qui se confectionne au Soudan. Cette dernière, aussi solide comme tissu et comme cou¬
leur que l'autre l'est peu, a une valeur plus grande : l’élévation de son prix en fait un objet de luxe réservé
à quelques chikhs et marabouts. Une kechchaba d’étoffe du Soudan se paie environ 60 francs; en klient
ordinaire, elle en coûte 5 ou 6.
SEJOUR DANS LE SAHARA.
123
la seconde étant en coton blanc ( shen ). Par-dessus ce vêtement, les uns portent le
haïk de laine blanche, d’autres le bernous, parfois blanc, plus souvent brun
(kheidous) , quelques-uns le khenîf. On s’entoure la tête d’un étroit turban de
khent ou, plus souvent, on reste tête nue. Aux pieds on a des belras jaunes, au bras
quelque amulette, au cou un cordon de cuir où sont pendus quatre objets : une
pipe (1) à fourneau en bois noir du Soudan, un poinçon pour la nettoyer, une pince
pour saisir la braise et allumer, enfin un sachet de cuir pour le tabac; ces sa¬
chets, appelés bit , tous du même modèle, sont apportés de Timbouktou. Le cos¬
tume comporte une dernière pièce, qui couvre tour à tour diverses parties du
corps : c’est le caleçon. Il est de khent et descend au-dessous du genou. Les riches
seuls le possèdent. A l’intérieur des qçars, ils le portent comme se porte d’ordinaire
ce vêtement. Sortent-ils, ont-ils une marche à faire? ils l’ôtent, sous prétexte qu’il
gêne les mouvements, et se l’enroulent autour de la tête comme renfort de turban.
Tels sont les costumes et la façon de s’habiller des Musulmans sédentaires dans les
oasis du sud du Bani, entre Dra et Sahel. Les vêtements des nomades de la même
région diffèrent peu; ils sont moins variés encore : une seule kechchaba, toujours
de khent; le caleçon facultatif; un haïk de laine blanche; un bernous de même
couleur; rien sur la tète, chez quelques vieillards seuls un turban de khent; une
amulette enfermée dans un étui de métal et pendue soit au cou, soit au bras; la pipe
et ses accessoires : c’est là leur costume uniforme. Parmi eux, les Ida ou Blal se dis¬
tinguent par leur façon de porter les cheveux : alors que les autres Marocains que
j’ai vus les rasent ou les tiennent très courts, beaucoup d’Ida ou Blal les laissent
pousser et gardent une chevelure longue de 10, 15 et 20 centimètres. Les femmes
s’habillent d’une manière identique chez les Haratin,
les Chellaha et les nomades. Leur vêtement est le
même que dans le reste du Maroc, une pièce d’é¬
toffe unique attachée sur les épaules et retenue à la
ceinture; le tissu, au lieu d’en être comme aupara¬
vant de cotonnade blanche ou de laine, est de khent.
Un voile court, en khent, complète le costume;
elles s’en couvrent le visage devant les hommes,
lorsque leurs pères ou leurs maris sont présents; hors de la vue de ces derniers,
elles ne le mettent pas. Elles se peignent peu la figure et ne se tatouent point;
la coutume du tatouage est à peu près inconnue au Maroc. Comme bijoux, elles
ont de grosses boucles d’oreilles d’argent, des agrafes de même métal, un grand
(1) Ici tous les hommes fument, nomades et sédentaires, les riches dans des pipes, les pauvres dans des os
creux. Trois espèces de tabac viennent d’Ouad Noun, du Dra et du Touat. Celle d'Ouad Noun est la plus es¬
timée. Les unes et les autres se vendent par feuilles entières et au poids. Personne ne prise, saut les Juits.
Harlania de Tisint.
Croquis de l’a u t e u r.
m
RECONNAISSANCE AU MAROC.
nombre de colliers où l’ambre domine, mêlé de mial, de pièces d’un et de deux francs,
de grains de verre et de corail, puis des diadèmes argent et corail, des bracelets de
corne, enfin quelques bagues d’argent. Pieds nus d’ordinaire, elles mettent pour
sortir les belras rouges de toutes les Marocaines.
Parmi les hommes de cette région, les Chellaha et les Haratîn sont en général de
taille moyenne, bien faits, forts, lestes, et laids de figure; les Arabes sont pres¬
que tous petits et d’apparence chétive, avec de beaux traits. On trouve peu de fem¬
mes agréables chez les Chellaha; au contraire, beaucoup de Hartaniat sont jolies;
elles se distinguent dans leur jeunesse par de grands yeux pleins de mobilité et
d’expression, une physionomie ouverte et rieuse, des mouvements souples et gra¬
cieux. Les femmes des tribus nomades, Ida ou Blal, Oulad Iahia, etc., sont la
plupart belles; en aucun lieu du Maroc je n’ai vu d’aussi beaux types que parmi
elles : elles ont la noblesse, la régularité, la grâce; leur peau est d’une blancheur
extrême, celle du moins de leur visage et de leurs bras; car l’habitude de porter des
habits indigo, jointe à celle de ne se jamais laver, donne à leur corps des tons fon¬
cés et bleuâtres différents de sa couleur naturelle.
Dans cette contrée, comme dans le blad es siba tout entier, on ne va jamais sans
armes : tant qu’on est dans l’intérieur d’un qçar ou d’un douar, on ne porte que
le poignard; dès qu’on sort, fût-ce pour la course la plus courte, on prend son
fusil. Sédentaires et nomades ont comme armes le fusil et le poignard à lame
courbe. La poudre se met dans une corne de cuivre ouvragé. Les cornes et les poi¬
gnards sont d’un modèle uniforme, déjà décrit. Les fusils sont de deux sortes : les
uns appartiennent au type en usage chez les Glaoua, à Tazenakht, etc.; les autres
sont des armes à deux coups de fabrication européenne. Ces derniers sont des fusils
de chasse, à pierre, de la fin du siècle dernier ou de la première partie de celui-ci,
qu’on exporte du Sénégal; ils en viennent parterre, apportés par les caravanes du
Sahel (1). Les nomades les recherchent, près de la moitié d’entre eux en sont armés;
on en voit moins parmi les sédentaires. Les cavaliers portent le sabre. 11 y a peu de
ces privilégiés. Les chevaux sont très rares. Les nomades eux-mêmes n’en ont pas
beaucoup. Dans les qçars, où la difficulté de les nourrir est extrême, il s’en trouve
(1) On nomme ici Sahel la région qui borde la mer, de l'embouchure de l'Ouad Sous au Sénégal. La partie
marocaine de cette longue bande se compose des bassins secondaires qui versent leurs eaux dans l’Océan
entre l’embouchure du Sous et celle du Dra; pour la distinguer du reste, nous appellerons cette portion Sahel
Marocain. Ici l'on ne fait point cette différence : on parle du Sahel Marocain en disant « Sahel » ; jamais
on ne le nomme Sous, comme on fait dans le nord. C’est par un effet de généralisation, comparable à celui
qui a fait étendre à toute une race le nom de la tribu des Beràber, que dans les parties septentrionales du Ma¬
roc on a étendu le nom de Sous aux régions situées au sud du bassin de l’Ouad Sous, alors qu'il s’applique exclusi¬
vement à ce bassin. Nous conformant à la règle établie dans le pays même, nous emploierons le nom de
Sous pour désigner le bassin de l’Ouad Sous tout entier, et rien que lui.
SEJOUR DANS LE SAHARA.
125
au plus trois ou quatre, en moyenne; il n’y en a pas quinze dans tout Tisint. Les
vaches sont un luxe non moins grand; seules, les quelques maisons regardées
comme très riches en possèdent; on n’en compte pas vingt-cinq à Tisint. Les mu¬
lets sont plus rares encore que les chevaux. Il existe quelques ânes et un petit
nombre de moutons et de chèvres. On nourrit ces animaux de paille, et d’herbe
quand on peut, ce qui n’est pas fréquent; on donne, en outre, aux chevaux et aux
mulets des dattes de la dernière qualité (bou souaïr). Le plus souvent, pour se délivrer
de ces difficultés, les habitants des qçars font des arrangements avec des nomades
et leur confient leurs chevaux et leurs moutons : les nomades se chargent de les
nourrir, en ont la jouissance et, au premier signal, doivent les ramener au pro¬
priétaire. Quant aux nomades, ils ont des chameaux, des moutons, des chèvres et
quelques chevaux.
Dans les qç-ars de cette région, la nourriture des habitants est la suivante : le ma¬
tin, au réveil, le hesou ; vers 11 heures, Yqsida; le soir, le tam avec des navets.
Le hesou est une sorte de potage où entrent de l’eau, un peu de graisse ou d’huile et
une poignée de farine d’orge; il se mange à la cuiller (1). L’asida est une bouil¬
lie épaisse ayant la consistance du tam; elle est faite de farine d’orge, ou de maïs
cuite avec un peu d’eau; au milieu, on verse de l’huile ou du beurre fondu. Le
tam est ce qu’on connaît ailleurs sous le nom de couscoussou ; il se fait ici avec de
l'orge. La viande ne figure pas comme mets habituel dans les repas; les riches
même en goûtent rarement. Le petit nombre des heureux qui ont une vache rem¬
placent le hesou du matin par une jarre de lait aigre qu’ils boivent en mangeant
des dattes. L’arrivée d’hôtes transforme peu l’ordinaire : à leur entrée, on offre une
corbeille de dattes; de même avant le tam du soir. Si la maison est riche et si l’on
reçoit des gens de qualité, on sert le matin, au lieu de hesou, des galettes chaudes
avec du miel de dattes (2); s'il y a du lait, on le boit vers 3 heures, en mangeant
des bou ittôb ou des bou feggouç, ce qui fait une sorte de goûter; on fait le thé deux
fois par jour, avant le repas du matin et avant celui du soir; enfin on sert de la
viande avec le couscoussou. Le thé est la grande friandise au Maroc (3) : c’est la
seule boisson de ce genre qui y soit en usage; sauf à Merràkech, à Fâs, et dans les
(1) Le hesou est connu en Algérie sous le nom de medechcha.
(2) Les dattes se conservent dans de grandes jarres de terre d'environ lm,20 de hauteur : les couches supé¬
rieures, pesant sur les autres, les écrasent peu à peu; il s’en exprime un jus très sucré, de la couleur et de
la consistance du miel; on le recueille en pratiquant au bas du récipient une petite ouverture par laquelle
il s’échappe. C’est ce qu’on appelle le miel de dattes.
(3) Ce thé est du thé vert apporté d’Angleterre. Dans les ports et dans les grandes villes du Maroc, il se
vend environ 5 francs le kilogramme; la valeur en augmente à mesure qu’on s’éloigne des centres; elle est
de 20 à 30 francs le kilogramme à Tisint. On prend le thé très faible, avec beaucoup d'eau, énormément
de sucre, et en y ajoutant de la menthe ou d'autres plantes aromatiques pour en relever le parfum.
126
RECONNAISSANCE AU MAROC.
ports, le café est inconnu; dans ces villes, on en prend peu. Le thé, au contraire,
est répandu dans tout l’empire; au Sahara c’est un coûteux régal, que se donnent
seuls les qaïds, les chikhs, les marabouts et les Juifs. Nous venons de dire la nour¬
riture des Musulmans sédentaires ; celle des nomades est la même , si ce n’est qu’ayant
des troupeaux, le lait, de chamelle surtout, tient une grande place dans leur ali¬
mentation. Les uns et les autres, lorsqu’ils voyagent, emportent des dattes comme
unique provision, quelle que doive être la longueur de la route (1).
Tisint est le centre d’un commerce considérable : elle trafique avec Merrâkech,
Mogador, le Sous; elle exporte vers ces points des dattes, des peaux et de la gomme,
et reçoit, en retour, du Sous les grains et les huiles, de Merrâkech et de Mogador les
produits européens. Tisint est un grand dépôt de ces dernières marchandises; Agadir
surtout, où s’est concentré le commerce de l’oasis et où il y a marché chaque jour :
les Chellaha voisins et les nomades des environs, Ida ou Blal, Oulad Iahia et Be-
râber, viennent s’y approvisionner, de dattes d’abord, puis de grains, d’huile et de
choses d’Europe telles que khent, sucre, thé, aiguilles. Tous les principaux habi¬
tants d’Agadir se livrent au commerce; ils ont leur fortune, qui chez les plus ri¬
ches s’élève à 8000 francs, composée d’une part de dattiers (à Tisint un bon dattier
vaut 10 francs), de l’autre d’une somme d’argent qu’ils emploient au trafic. Faisant
eux-mêmes les transactions principales, ils ne s’occupent pas du détail de la vente;
pour ce service, chacun a chez soi un Juif à gages qui du matin au soir ne fait que
débiter les marchandises. 11 y a ainsi une dizaine d’Israélites à Agadir. Point de
mellali : ces Juifs sont seuls, sans leur famille, et habitent chez leurs patrons : les
uns sont de Tatta et d’Aqqa, les autres des Zenâga. Un ou deux d’entre eux font
en même temps le métier d’orfèvre, spécialité des Juifs du Maroc, surtout au sud
de l’Atlas. Agadir a ce qui caractérise les marchés : l’on y abat chaque jour et
l’on y vend à toute heure de la viande au détail et du pain chaud. Le marché d’A¬
gadir est le seul de Tisint. Naguère, outre ce qui s’y rencontre aujourd’hui, les
produits du Soudan y affinaient. Cuirs, étoffes, bougies de cire jaune, or, y ve¬
naient de Timbouktou en abondance. A présent, plus de vestige de ce commerce.
C’est par hasard et de loin en loin qu’on voit quelque objet du pays des noirs. Il en
est de même à Tatta et à Aqqa : autrefois, avant que Tindouf existât, ces oasis
étaient des points d’arrivée de caravanes du Soudan. Depuis trente ans que Tin¬
douf est fondée, tous les convois du sud s’arrêtent à cette localité; de là les mar¬
chandises prennent le chemin direct de Mogador, par le Sahel et le Chtouka : plus
rien ne passe ni à Tisint, ni à Tatta, ni à Aqqa. Il faut aller à Tizounin pour com-
(1) La seule différence de nourriture qui existe entre les Musulmans du sud du Bani et ceux des massifs du
Grand et du Petit Atlas est que, dans ces dernières contrées, la datte cesse de faire partie de l’alimentation, et
([ue le lait, le beurre et le miel y entrent pour une part plus ou moins grande, suivant les lieux.
SEJOUR DANS LE SAHARA.
127
mencer à trouver des produits de la Nigritie. A partir d’ici, tout le monde connaît
de nom le Soudan et Timbouktou , et l’on rencontre parmi les nomades une cer¬
taine quantité de gens y ayant été, et un grand nombre au courant de son trafic,
de ses usages et de son état. Avec le commerce considérable qui anime Agadir, le
qçar est sans cesse rempli d’une foule d’étrangers, Ida ou Blal la plupart, venus
pour affaires : c’est pourquoi nous avons décrit dès à présent la physionomie des
Arabes, on en voit presque autant que de Haratîn.
L’oasis de Tisint est tributaire des Ida ou Blal. Chacun des cinq qçars qui la com¬
posent est indépendant des autres, a son administration séparée et n’entretient avec
ses voisins que les rapports rendus nécessaires par la proximité; quelquefois des
querelles s’élèvent entre eux, questions d’eaux le plus souvent; d’ordinaire, les loca¬
lités vivent en bonne intelligence : le danger commun les a toujours réunies; cet ac¬
cord fait en partie la prospérité de l’oasis; il l’a préservée des malheurs de certains
qçars de Tatta. Tisint est tributaire des Ida ou Blal depuis peu de temps. Il y a
vingt ans, elle l’était non pas d’eux, mais des Zenâga. L’Azdifi avait une maison
à Agadir, et toute l’oasis reconnaissait sa suprématie. Les Zenâga abusèrent de
leur pouvoir; ils commirent mille excès, dépouillant les habitants de leurs biens,
les tuant au moindre propos. Ceux-ci se lassèrent d’un état qui était devenu la plus
dure des servitudes; ils allèrent trouver les Ida ou Blal, leur demandèrent secours
contre leurs oppresseurs et, en échange, se constituèrent leurs tributaires. Les nou¬
veaux protecteurs se mirent en campagne; unis aux gens de Tisint soulevés, ils
chassèrent les Zenâga, les forcèrent d’abandonner et l’oasis et la Feija, et les
refoulèrent jusqu a Agni. Depuis ce temps, Tisint vit en paix sous la suzeraineté de
ses libérateurs. Cette suzeraineté n’implique aucune immixtion dans les affaires .
intérieures ni extérieures des qçars : chacun d’eux se gouverne à sa guise; elle
n’implique même pas alliance : qu’ils aient des guerres, soit entre eux, soit avec
des étrangers, cela ne regarde point les Ida ou Blal. Les seuls devoirs récipro¬
ques sont : pour les gens de Tisint, de remettre chaque année à leurs protecteurs
un tribut consistant en la charge de dattes de vingt chameaux; pour les Ida ou Blal,
de s’abstenir de tout méfait envers leurs clients. Si Tisint ou une partie de Tisint
voulait leur appui pour une expédition ou une guerre défensive, cela ferait l’objet
d’un traité spécial. Le fait ne s’est pas présenté depuis que les Zenâga ont été chas¬
sés; ceux-ci n’ont point tenté de revenir; la paix s’est établie avec eux : ils sont au¬
jourd’hui en relations amicales et avec Tisint et avec ses suzerains.
Chaque qçar, avons-nous dit, est indépendant des autres. Chacun se gouverne par
l’assemblée de ses habitants, qui remet le pouvoir exécutif aux mains d’un chikh
élu dans son sein : tant que ce chikh satisfait la majorité, il garde son titre :
cesse-t-il de plaire, on le lui enlève et on le donne à un autre. Dans les qçars où une
128
RECONNAISSANCE AU MAROC.
famille a la prépondérance par ses richesses et sa considération, cette dignité est
généralement son apanage; si un homme, par ses qualités et sa fortune, l’emporte
de beaucoup sur ses compatriotes, il demeure ordinairement chikh toute sa vie. A
défaut d’influence qui s’impose, on nomme un des notables de la localité; il reste
jusqu'au jour où on cesse d’être content de lui. Le chikh veille aux affaires du qçar,
en fait respecter les coutumes au dedans, en sauvegarde les intérêts au dehors; en
guerre, il marche à la tète de ses concitoyens : pour toute résolution importante,
l’assemblée, anfaliz , se réunit et décide. Le degré de pouvoir des chikhs est très
variable : les uns, par leurs qualités personnelles ou la puissance de leurs familles,
possèdent une grande autorité; d’autres, dépourvus de ces avantages, sont peu de
chose de plus que leurs concitoyens. Dans certaines localités, il existe une sorte de
maison commune, souvent distinguée par une tour; appartenant à l’ensemble des
habitants, elle est successivement prêtée à chaque chikh. D’ordinaire, il ne l’oc¬
cupe pas; il y reçoit les hôtes de distinction et les députés des tribus étrangères. A
Agadir, on a fait une maison semblable de l’ancienne demeure de l’Azdifi, connue
sous le nom de Dar ez Zenàgi. Point de famille ni d’homme prépondérants dans
ce qçar : on y a pris pour chikh l’habitant le plus riche du lieu, un nommé El
Touhami. C’est un Hartâni. Tisint est le seul endroit où j’aie vu le titre de chikh
porté par des Haratin, partout ailleurs on ne le donnait qu’à des Chellaha.
En aucun des qç-ars que j’ai visités, je n’ai trouvé de qanouns écrits. Dans tous
ceux de ces contrées, des coutumes se transmettent par la tradition; un des de¬
voirs du chikh est de les faire observer. Ces coutumes, les mêmes pour le fond,
varient dans les détails à chaque localité. Elles se composent de peu de chose.
Nous allons dire ce qui se passe, en général, en cas de contestation, de vol et de
meurtre. 11 faut savoir d’abord qu’il y a dans le sud un certain nombre de qadis :
ce sont des hommes connus pour leur équité, ayant fait quelques études, soit dans
le pays,’ soit au dehors, et appelés par la volonté des gens du voisinage à remplir
les fonctions de juge. La plupart du temps, ils joignent à ce titre celui de mara¬
bout, mais ce n’est pas obligatoire (1).
Un homme a-t-il une contestation avec un de ses concitoyens? il lui dit : allons
devant le qadi de tel endroit. L’autre doit le suivre. Le qadi rend un arrêt. Si ce juge
n’inspire pas confiance à la partie citée, elle a le droit, une fois arrivée devant lui,
de le récuser en disant : Votre justice ne me convient pas; envoyez-moi à un autre.
(1) Les qadis de cette région sont les suivants. A Tisint : Hadj Hamed à Ez Zaouïa, S. Mhind Abd el Kebir à
Ait ou Iran, S. El Adnani à Agadir. A Trit, Ould S. Tîb. A Qaçba el Djoua, S. Hamed Abou Zeïz. A Tatta :
S. Hamed, S. El Hanafi, S. El Madani à Ait Haseïn, S. Mohammed d Ait Ouzeggar à Adis. A Mrimima, S. Abd
Allah. A Tamessoult, S. Abd er Ralunan. Pour la tribu des Ida ou Blal, deux qadis, Tajakant l'un et l’autre;
ce sont deux frères : S. Mouloud, résidant à Tatta, et S. Ahmed Digna, habitant d’ordinaire Tindouf.
SÉJOUR DANS LE SAHARA.
129
Cette volonté est exécutée : on désigne un qadi différent. Si un homme déclare ne
se soumettre à aucun, s’il ne veut pas comparaître en justice, le plaignant s’a¬
dresse à l’anfaliz, lequel condamne le récalcitrant, quand il persiste dans son refus,
à une forte amende. Ces qadis sont des gens ignorants, mais la plupart équitables
et à l’abri de la corruption; ils jugent plutôt selon le bon sens que d’après les règles
du droit musulman.
S’agit-il d’un vol? Aussitôt qu’il est connu, le cliikh fait crier dans le qçar qu’une
amende de tant de réals punira l’individu chez qui on trouvera, à partir d’une date
fixée, ou l’objet volé ou le voleur; l’amende est, en général, égale à quatre fois
la valeur de la chose dérobée. Si rien n’a reparu dans le délai indiqué, l’objet est
perdu à jamais, car il a été pris par un pauvre diable qui, fuyant avec, a quitté le
pays, ou il est recélé chez un homme riche qui n’avouera ni ne rendra rien. On peut,
à la demande de la victime, faire des perquisitions dans les maisons; ce droit se paie
cher : pour toute demeure qu’on a fouillée sans y trouver la chose volée, il est dû au
propriétaire une indemnité variant entre 30 et 50 réals, indemnité à la charge du
plaignant. Dans ce pays pauvre, où les vols ne s’exercent guère sur des objets de
valeur, on hésite à employer ce moyen. Mais il y a des nuances. Si le volé est un
malheureux, il ne reverra jamais ce qu’on lui a ravi. Si c’est un homme puissant et
audacieux, il fera ses perquisitions lui-même et, s’il trouve son bien, il le reprendra
le fusil à la main, à la tète de ses parents et de ses amis. Dans le cas rare où l’on
découvre un voleur par les moyens réguliers, il est condamné d’abord à rendre ce
qu’il a dérobé, puis à une peine qui est déterminée par l’anfaliz; cette peine peut
être soit très légère, telle qu’une amende insignifiante, soit très rigoureuse, telle que
le bannissement; c’est selon la qualité du voleur, selon qu’il est soutenu, ou dépourvu
de protections. S'il est serviteur ou client d’un homme considérable, s’il a des amis,
il ne sera presque pas puni, peut-être point du tout; si c’est un misérable sans appui,
on lui prendra le peu qu’il a et on le jettera nu à la porte du qçar.
11 faut faire la même distinction en cas de meurtre. Si un homme riche, auda¬
cieux, redouté, tue un malheureux, il se bornera à payer le prix du sang, somme
minime qui varie suivant les endroits; s’il est très puissant, il ne le paiera
même pas : qui oserait le lui réclamer? Ces sortes de meurtres sont fréquents.
Les autres sont rares : ils entraînent toujours les résultats les plus graves. Un
homme tue-t-il son égal , les parents du mort le vengent aussitôt. L’honneur
leur défend aucun accommodement : ils courent sus au meurtrier; celui-ci, de
son côté, est soutenu par les siens : la guerre s’allume entre les deux familles ; elle
gagne bientôt tout le qçar. Quand ces luttes intestines ont duré un certain temps,
il se trouve quelquefois un homme assez sage et assez influent pour faire entendre
des paroles de conciliation et être écouté; ou bien la crainte que des voisins ne pro-
17
RECONNAISSANCE AU MAROC.
130
RECONNAISSANCE AU MAROC.
fitem de cet état produit un rapprochement. Trop souvent une des factions appelle
l’étranger à son aide; l’étranger, c’est le nomade; alors la ruine est inévitable :
aussitôt introduits dans la cité, les nomades attaquent sans différence les deux
partis, font un massacre général, pillent tout, détruisent les maisons et s’en vont
chargés de butin, lorsque le qçar est un monceau de ruines. Les habitants de
Tisint ont eu la sagesse de ne jamais les mêler aux querelles, peu nombreuses d’ail¬
leurs, qu’ils ont eues entre eux. Il n’en a pas été de même à Tatta : on y voit les
vestiges de dix villages ruinés à diverses époques par les Ida ou Blal qui, dans la plu¬
part, avaient été appelés en alliés pendant des guerres civiles.
Chez les nomades, les choses se passent à peu près comme dans les populations
sédentaires : là, plus qu’ailleurs, la loi du plus fort est seule respectée. Entre eux
ne s’élèvent point ces mille contestations auxquelles les achats, les ventes, les voisi¬
nages de propriétés, donnent naissance parmi les habitants des oasis. Par contre,
les vols et les meurtres sont plus fréquents.
Si, dans les qçars et dans les tribus errantes, des coutumes protègent plus ou moins
chaque individu contre ses concitoyens, rien nulle part ne sauvegarde l’étranger; tout
est permis contre lui. On peut le voler, le piller, le tuer : nul ne prendra sa défense;
s'il résiste, chacun lui tombera sus. Tout commerce, toutes relations, seraient impos¬
sibles si un usage spécial ne remédiait à cet état. Cet usage, de la plus lîaute anti¬
quité, qui existe presque partout au Maroc, est ce que les anciens Arabes appelaient
djira (1) et ce qu’on nomme ici debiha. La debiha est l’acte par lequel on se place
sous la protection perpétuelle d’un homme ou d’une tribu. C’est, une anaïa prolon¬
gée. Prenons un exemple : un étranger entre dans un qçar ou dans un campement
de nomades : il y est arrivé avec un individu de la localité ou de la tribu, qui
l’a accompagné comme zetat, après lui avoir accordé son anaïa, aussi appelée
mezrag (2). Si l’étranger ne fait que passer, cette protection suffit pour sa sûreté;
s’il veut séjourner, elle cesse d’être valable : l’anaïa ou mezrag est une garantie
temporaire, créée spécialement pour les voyageurs; celui qui veut résider quelque
temps, ne fut-ce qu’un mois, doit s’en assurer une autre. 11 demande, à titre perpétuel,
la protection d’un personnage de la tribu : cela s’appelle « sacrifier sur lui », debeh
cilih. Cette expression a pour origine l’ancien usage, qui n’est suivi aujourd’hui
qu’en circonstances graves, d’immoler un mouton sur le seuil de l’homme à qui
l’on demande son patronage. Si, comme il arrive d’habitude, la personne à qui on
(1) Voir ; Caussin de Perceval. Essai sur l'histoire des Arabes avant l'islamisme , pendant l'époque de
Mahomet et jusqu'à la réduction de toutes les tribus sous la loi musulmane.
(2) Mezrag signifie « lance ». Dans les tribus unies et compactes, celui qui a donné son anaïa n’accompagne
pas lui-même ; il fait conduire par un enfant , ou se contente de remettre au protégé un objet connu comme
sien, dont la présence prouve qu’on est sous sa sauvegarde. Autrefois on donnait sa lance à celui à qui on
accordait son anaïa. Les deux mots sont ainsi devenus synonymes.
SÉJOUR DANS LE SAHARA.
131
s’adresse l’accorde, on fait venir un marabout, et il écrit, séance tenante, un acte
certifiant que le nommé un tel a sacrifié sur tel individu de telle tribu et qu’il est
actuellement sous sa protection. Voici les termes dans lesquels se rédigent ces pièces.
Je prends pour exemple une de mes debihas sur les Ida ou Blal. « Par la volonté
de Dieu, le rabbin Iosef el Djezîri sacrifie sur Haïmed ben Haïoun el Harzallaoui,
afin que celui-ci le protège contre ses frères les Mekrez; ayant reçu du Juif le prix de
la debiha, il devient responsable envers lui de tous les dommages qui lui seraient
faits par les Mekrez; il les prend à sa charge et lui restituera ce qu’on lui enlèverait.
De son côté, le Juif s’engage à payer à Haïmed ben Haïoun dix coudées de cotonnade
chaque année. Ces conditions ont été acceptées par les deux parties. Écrit en leur
présence, le 26 moharrem 1301 . Le serviteur du Dieu très haut, Hamed ben Mohammed
El Haddad el Amrani. » Cette protection se paie d’ordinaire, on le voit, d’une légère
redevance annuelle; seuls quelques grands seigneurs se font un point d’honneur
de ne rien demander. Il ressort de la teneur de l’acte qu’une fois cette démarche
faite, on n’a rien à craindre des concitoyens de son patron ; on peut circuler sans péril
parmi eux : s’attaquer à vous serait s’attaquer à lui-même ; toutes les lois qui le sau¬
vegardent, vous' sauvegardent aussi : on est entré sous leur protection par le fait
de la debiha; elle incorpore, en quelque sorte, à la tribu. Comme, à côté des
coutumes, il y a la loi du plus fort, et que celle-ci l’emporte souvent, on a soin de
prendre pour patron un homme considérable, d’une famille puissante, et surtout d’un
caractère fier et intrépide, qui ne soit pas d’humeur à permettre qu’on lèse ses clients.
Il faut choisir aussi un homme loyal, car si la debiha assure contre les concitoyens
du protecteur, elle ne garantit pas contre lui. Il est rare qu’un patron trahisse son
client; celui qui le fait devient l’objet du mépris général, et ses frères mêmes ne le
soutiendraient pas. Dans toute tribu ou localité où on veut séjourner un certain
temps, dans celles où on désire soit acheter des biens soit établir des dépôts de mar¬
chandises, il faut faire une debiha : les négociants possesseurs d’un commerce étendu
en font un très grand nombre. Dans les tribus nomades, on prend pour protecteurs
les chefs des principales familles; dans les qçars, l’usage est de s’adresser au chikh.
Les actes de debiha font partie des héritages : les fils des patrons et ceux des clients
restent liés entre eux par les engagements qui unissaient leurs pères. Deux choses
seules peuvent annuler une debiha : la cessation du paiement de la redevance par le
client, ou la trahison du patron.
Telle qu’elle existe entre particuliers, la debiha existe entre tribus. Pour se met¬
tre sous la protection d’une tribu, il y a deux moyens : sacrifier sur un de ses mem¬
bres, ou sur la tribu entière : chaque individu étant solidaire de ses frères, les
deux actes ont un résultat identique. D’ordinaire, les particuliers et les petits grou¬
pes, tels que les qçars isolés, se mettent sous la protection d’un seul personnage;
132
RECONNAISSANCE AU MAROC.
au contraire, les districts, les grandes fractions font les debihas sur les tribus en¬
tières. Ainsi, le district de Tisint est vassal de l’ensemble des Ida ou Blal, tandis qu’à
Tatta chaque qçar isolément a pour patron (1) un membre de cette tribu; la tribu
des Ait Jellal s’est déclarée cliente de la masse des Ida ou Blal et ceux-ci, à leur
tour, se sont constitués tributaires de l’ensemble des Berâber. Ces liens, encore
que nous nous servions parfois des mots de suzeraineté et de vasselage pour les dési¬
gner, n’impliquent, nous le répétons, aucune immixtion dans les affaires, aucune
suprématie. Les actes de debiha ne font que garantir, dans l’étendue de la tribu qui
patronne, la sûreté des membres de la tribu cliente. Les Ait Jellal étant vassaux
des Ida ou Blal, ceux-ci devront respecter en tous lieux les personnes et les biens des
premiers, qui pourront voyager en sécurité sur leurs terres. Les Ida ou Blal, grâce
à leur debiha sur les Berâber, pourront circuler sans péril dans les régions habitées
par ces derniers. Si, par erreur, des marchandises de tribus clientes sont pillées par
les patrons, ou réciproquement, on devra rendre ce qui a été pris, dès qu’on aper¬
cevra la faute commise. Ce sont surtout d’une part les populations commerçan¬
tes dont les caravanes ont à traverser les territoires ou à craindre les rezous de
tribus étrangères, de l’autre les districts faibles enclavés dans les contrées parcourues
par des voisins puissants, qui ont besoin de ces debihas. La garantie qu’elles pro¬
curent se paie par une redevance annuelle, plus ou moins forte suivant l’importance
de la fraction cliente et l’étendue de ses relations avec ses patrons. Certaines tribus,
comme certains individus, ont à la fois plusieurs suzerains différents.
Les debihas rendent possibles le commerce et les voyages ; elles les rendraient fa¬
ciles et leur enlèveraient tout risque si elles étaient respectées. Souvent elles ne le
sont pas : entre particuliers, on les viole rarement; entre tribus, on a moins de scru¬
pules. Voici les cas d’infraction les plus fréquents. Le client d’un particulier peut
être tué ou pillé par des concitoyens de son patron. Si les meurtriers ou les ravisseurs
ont agi par ignorance, s’ils témoignent leurs regrets et proposent de payer le prix du
sang et de rendre ce qu’ils ont pris, on accepte généralement ces offres, et les choses
en restent là. Mais, dans un pays où tout le monde se connaît par son nom , il est
rare qu’on puisse alléguer l’ignorance. On a presque toujours agi en connaissance
de cause. L’agression constitue donc un outrage personnel au patron de la victime;
son honneur est engagé à en tirer sans retard une vengeance éclatante. Il réunit tous
ses parents, ce qui peut s’étendre loin, et les prie de l’aider dans ses représailles;
s'il est puissant, il entraîne à sa suite une grande partie de la tribu. Au premier jour,
il attaque et tue ceux qui l’ont outragé. Ces nouveaux morts demandent vengeance
(1) Nous exprimerons la plupart du temps les rapports résultant de l’acte de la debiha soit par les mots de
vassal et de suzerain, soit par ceux de client et de patron; nous emploierons aussi quelquefois le mot de tri¬
butaire.
SEJOUR DANS LE SAHARA.
133
à leur tour : riches ou pauvres, considérés ou non, leurs proches, la fraction à la¬
quelle ils appartiennent, ne peuvent sans honte laisser leur meurtre impuni. On
prend les armes : une guerre civile éclate; la tribu entière ne tarde pas à y prendre
part. Ces guerres, courtes dans les qçars, durent des années parmi les nomades, et
s’allument surtout chez eux. Nous avons choisi le cas d’un notable ayant à se venger
de gens moins puissants. Si le patron offensé était assez fort pour réunir autour de
lui presque toute la tribu, il châtierait de même les auteurs de l’attentat, mais les
parents de ces derniers n’oseraient entrer en lutte contre lui ; ils se borneraient à
demander une indemnité, qu’on leur accorderait sans doute, ou bien ils tempori¬
seraient, épiant l’occasion de laver leur honneur en faisant tomber dans un guet-
apens leur ennemi ou l’un des siens; le jour venu, ils feraient le coup, et émigreraient,
de peur des représailles. Un troisième cas se présente, le plus fréquent : on peut s’être
attaqué au client d’un homme faible. Si la fraction de ce dernier est très unie, si les
auteurs de l’agression en sont mal vus, elle considère l’insulte comme sienne et tout
entière embrasse sa cause : on rentre dans le premier cas. Si au contraire son groupe
est divisé, si ceux dont il se plaint y ont des amis, peu de gens se lèveront à sa voix.
S’il a affaire à aussi faible que lui, il pourra se venger; si son adversaire est puis¬
sant, ou bien il se résignera à boire sa honte, ou bien, s’il est homme de cœur, il
assassinera par surprise son ennemi ou quelqu’un de sa famille, et prendra la fuite.
Tels sont les faits qui se produisent lorsqu’un particulier est lésé par son concitoyen
dans la personne d’un client; que ce client soit individu, groupe ou qçar, les choses
se passent de même. Les suzerains, à moins d’être dans l’impossibilité de le faire,
tirent une vengeance sanglante de l’attentat commis contre un de leurs vassaux.
11 y va de leur honneur. Pour ce motif, des groupes importants, des qçars, aiment
mieux se mettre sous la protection d’un seul individu que sous celle de toute une
tribu.
Ceux qui ont pour patronne une tribu sont moins bien protégés. Des hommes, des
troupes, ont-ils lésé des gens d’un groupe vassal du leur? L’action est blâmable.
Le devoir de l’assemblée de la tribu suzeraine est de faire rendre justice aux clients
offensés. Mais là nul n’a d’intérêt personnel, nul ne prend la chose à cœur; au con¬
traire. Quel est le fait dont on se plaint? un rezou a enlevé une caravane? quelques
hommes ont pillé un voyageur isolé? Dans l’assemblée siègent plusieurs membres du
rezou en question; il leur coûte de rendre gorge, surtout si le convoi était richement
chargé; ceux qui n’ont point participé au profit sentent que le lendemain pareille
chose pourra leur arriver, et craignent de demander à leurs concitoyens des comptes
qu’à leur tour ils seront heureux de ne pas rendre; enfin la prise d’une belle proie
est un succès qui (latte l’amour-propre de toute la tribu. Quand la fraction plai¬
gnante est puissante, qu’on a des représailles graves à craindre, il faut s’exécuter;
RECONNAISSANCE AU MAROC.
134
mais on traîne les choses en longueur, on cherche mille prétextes pour restituer
moins qu’on n’a pris, on donne aussi peu que possible. Si la tribu lésée est faible,
éloignée, qu’on n’ait pas de vengeance à redouter, l’on ne rend qu’au bout de
longtemps, et presque rien. Aussi les gens de fractions clientes, en voyage sur le
territoire de leurs patrons, se font souvent accompagner, par précaution, de l’un
d’eux comme zetat. Lorsque, de deux tribus unies par un acte de debiha (1), l’une
met trop de mauvaise volonté à remplir ses engagements, le pacte se rompt et
une guerre s’ensuit. Elle peut avoir lieu entre sédentaires et nomades, ou entre
nomades. Dans le premier cas, les nomades se réunissent en masse, marchent sur
les qçars, les assiègent et dévastent les jardins. A moins que les habitants n’appel¬
lent d’autres nomades à leur secours, ils sont obligés, s’ils 11e veulent voir détruire
leurs cités, de demander grâce et d’acheter la paix par une rançon. Entre noma¬
des, la guerre est différente : guerre peu active, toute de surprises; rarement il y
a de vrais engagements, on se borne à des razias mutuelles; on tâche de tomber
à l’improviste sur les tentes, sur les troupeaux de ses adversaires, cherchant le
butin et non le combat. Ces guerres-là durent souvent pendant plusieurs généra¬
tions.
Lorsque, dans un qçar ou une tribu, on vole, on pille ou on tue des membres
d’une fraction limitrophe, et qu’on refuse tout dédommagement, la guerre en ré¬
sulte; cela ne peut être lorsque les lésés appartiennent à des tribus lointaines.
* Entre groupes éloignés, un usage est universel : celui des représailles. Prenons
des exemples. Un individu du qçar d’Imi n Tels a été tué par des hommes d'Agadir
Tisint. Le premier habitant d’Agadir qui tombera entre les mains des gens d’Imi n
Tels sera mis à mort. Un Zenâgi, étant à Agadir Tisint, a été dupé dans un marché
par un homme du qçar, et Tanfaliz a refusé de lui rendre justice. Le premier
individu d’Agadir qui entrera sur le territoire des Zenâga sera arrêté ; on ne le
laissera partir qu’après qu’il aura donné une somme égale à celle dont ses compa¬
triotes ont fait tort au Zenâgi : s’il ne l’a pas avec lui, il devra la faire chercher,
et restera prisonnier jusqu’à paiement complet. Ainsi du reste. C’est la loi du ta¬
lion : chacun reprend, dès que l’occasion s’en présente, ce dont il a été frustré.
D’après cette coutume, l’Azdifi ordonnait de me mettre en prison comme sujet du
sultan, parce que des hommes de sa tribu étaient incarcérés à Merrâkech.
Les habitants de Tisint et tous les sédentaires de la région emploient la langue
tamazirt. La plupart d’entre eux possèdent, par suite de leurs rapports avec les no¬
mades voisins, une teinture d’arabe. Les femmes et les enfants ne connaissent que
le tamazirt. Les hommes apprennent l’arabe à mesure qu’ils grandissent; ils le sa¬
li) Souvent, c’est la tribu vassale qui lèse les suzerains. Ceux-ci s’empressent de réclamer. Les choses se
passent toujours de même manière; on ne cède, qu’à la crainte.
SÉJOUR DANS LE SAIIARA.
135
vent plus ou moins : les pauvres, sans cesse occupés de travaux manuels, peu; les
riches, davantage, grâce au commerce et aux affaires quotidiennes avec les nomades.
Les principaux citoyens le parlent couramment. Pour ce motif, le tamazirt en usage
est moins pur qu’il n’était à Tazenakht et chez les Zenàga; des mots arabes s’v sont
introduits, surtout dans la conversation des hommes; les femmes ont mieux conservé
les anciennes expressions. Si les populations sédentaires des oasis ont pour idiome
le tamazirt, toutes les tribus nomades du sud du Bani, Oulad Iahia, Ida ou B 1 al , Ait
ou Mribet, parlent l’arabe. Femmes et enfants n’usent que de cette langue. Parmi les
i
hommes, beaucoup n’en savent point d’autre; ceux-là seuls que de fréquentes affaires
appellent dans les qçars apprennent à la longue un peu de tamazirt; ils mettent de
l’amour-propre à ne s’en servir que quand leur interlocuteur ne comprend pas l’a¬
rabe, lorsque c’est une femme, par exemple. Les familles d’Oulad Iahia qui habitent
le Zgicl et les bords du Dra, celles d’Ida ou Blal qui ont des domiciles à Tatta et
celles d’Aït ou Mribet fixées à Aqqa et à Tizounin, font exception à cette règle. Ces
familles, isolées, en contact journalier avec les Imaziren, ont appris leur langue, bien
**
qu’elles se servent entre elles de l’arabe.
Nous nous sommes occupés à plusieurs reprises de la langue, des usages, des
coutumes des Marocains; nous n’avons pas dit un mot de leur caractère : c’est
qu’il nous paraît difficile d’être exact sur ce sujet. Quelles qualités, quels défauts
attribuer à un ensemble de tant d’hommes, dont chacun est différent des autres et
de soi-même? S’efforce-t-on de démêler des traits généraux? Lorsqu’on en croit recon¬
naître, une foule d’exemples contradictoires surgissent, et, si l’on veut rester vrai, il
faut se restreindre à des caractères peu nombreux, ou dire des choses si générales
qu’elles s’appliquent non seulement à un peuple, mais à une grande partie du genre
humain. Partout même mélange de qualités et de défauts, avec les modifications
qu’apportent la civilisation ou la barbarie, la richesse ou la pauvreté, la liberté ou
la servitude. Il me paraît difficile de reconnaître aujourd’hui à ceux qu’Ibn Khaldoun
appelle Berâber le bouquet de vertus dont il les orne. Si une chose peut donner
l’idée du caractère des Marocains, ce sont les ouvrages où a été décrit celui des La¬
biles ou d’autres populations imaziren de l’Algérie. Une longue expérience, des étu¬
des approfondies, ont donné à des hommes éminents le droit de traiter avec autorité
un tel sujet. On ne saurait l’avoir quand on a, comme moi, passé une seule année
dans un pays. Aussi n’entreprendrai-je point de dire ce que sont et ne sont pas les
Marocains; je me bornerai à signaler quelques traits isolés qui m’ont frappé et que
j’ai retrouvés en beaucoup de lieux ou remarqué dans certains groupes. Je le ferai
en déclarant que « je n’ay rien à dire entièrement, simplement, et solidement, sans
confusion et sans meslange, ny en un mot ». Presque partout régnent une cupidité
extrême et, comme compagnons, le vol et le mensonge sous toutes leurs formes. En
130
RECONNAISSANCE AU MAROC.
général, le brigandage, l’attaque à main armée, sont considérés comme des actions
honorables. Les mœurs sont dissolues. La condition de la femme est au Maroc
ce qu’elle est en Algérie. D’ordinaire peu attachés à leurs épouses, les Marocains ont
un grand amour pour leurs enfants. La plus belle qualité qu’ils montrent est le dévoue¬
ment à leurs amis. Ils le poussent aux dernières limites. Ce noble sentiment fait faire
chaque jour les plus belles actions. En blad es sîba, pas un homme qui n’ait bien
des fois risqué sa vie pour des compagnons, pour des hôtes de quelques heures.
La générosité, se traduisant surtout par 1 hospitalité , n’est l’apanage particulier d’au¬
cun groupe : les nomades ont l’habitude de taxer les Chellaha d’avarice; ces derniers
accusent les Haratîn du même vice. Je ne me suis point aperçu qu’il y ait entre eux
de distinction profonde à ce sujet. Partout également, m’a-t-il semblé, il y a des
avares et des hommes généreux; d’ordinaire, dans les contrées riches on reçoit avec
libéralité les étrangers, dans les localités pauvres on ne leur donne rien; dans tel
qçar, qu’il se présente cent voyageurs en même temps à la mosquée, on apportera
à manger pour tous, dans tel autre on n’offrira pas l’hospitalité à un seul. De même
*
chez les nomades. Les Marocains ont, comme tous les hommes, plus ou moins d’a¬
mour-propre; chez les Arabes du sud, ce sentiment est très développé et se change
souvent en une noble fierté; chez les Haratîn, il prend volontiers la forme d’une va¬
nité puérile; les Chellaha l’ont moins. Inutile de dire que ces populations, qui pas¬
sent leur existence les armes à la main, sont braves. Inutile de dire qu’elles sont
attachées à leur indépendance : la plupart l’ont conquise et la défendent chaque jour
au péril de leur vie, soit contre le sultan, soit contre leurs voisins; les tribus du
blad el makhzen elles-mêmes ne font que se révolter. Je n’ai pu juger avec mes yeux
de la valeur guerrière des divers habitants du Maroc; il est admis dans le pays que
les peuplades les plus braves et les plus aguerries sont les grandes tribus nomades
du sud et de l’est du Grand Atlas : Berâber, Ait Seddrât, Ida ou Dial, Oulad Iahia,
Ait ou Mrîbet d’une part; Doui Mnia, Oulad el Hadj de l’autre. Après eux, très braves
aussi , viennent les montagnards, les Chellaha du massif Atlantique et les Qebaïl du
Rif. Les populations de plaine, cantonnées dans les basses vallées des fleuves et sur
les bords de l’Océan, forment une troisième classe regardée comme au-dessous des
précédentes en courage. Les moins estimés de tous sont les Haratîn. Les Marocains
sont prompts à verser le sang et ne font aucun cas de la vie des antres ; je n’ai vu
ni entendu citer d’exemple de cruauté de leur part. En général, Chellaha et Haratîn
sont laborieux : adonnés à l’agriculture, ils semblent, les seconds surtout, indus¬
trieux en ce qui la concerne. Ils n’ont pas l’esprit vif de certains Arabes, tels que les
Ida ou Blal et les Oulad Iahia : ceux-ci, malgré leur ignorance, ont une intelligence
remarquable, sont curieux et comprennent vite. Ces Arabes ont des façons distin¬
guées et de la politesse, tandis que les Imaziren sont la plupart grossiers. En revanche,
SEJOUR DANS LE SAHARA.
1.J7
on trouve parfois dans ceux-ci une certaine bonhomie, rare chez les premiers. Lu
Maroc, à l’exception des A illes et de quelques districts isolés, est très ignorant. Pres¬
que partout, on est superstitieux et on accorde un respect et une confiance sans
bornes à des marabouts locaux dont l’influence s’étend à une distance variable. Nulle
part, sauf dans les villes et districts exceptés plus haut, on ne remplit d’une manière
habituelle les devoirs religeux, même en ce qui concerne les pratiques extérieures. 11 y
a des mosquées dans tout qçar, village ou douar important ; elles sont plus fréquen¬
tées par les voyageurs pauvres, à qui elles servent d’abri, que par les habitants.
Avant de quitter Tisint, disons qu’auprès des cinq qçars actuels, s’en trouvent
quatre autres ruinés, trois au sommet du Djebel Taïmzour et un à l’extrémité sud de
Foum Tisint, traversé par le chemin. On ne sait de quelle époque date leur destruction ;
de mémoire d’homme on les a vus ce qu’ils sont aujourd’hui; leur fondation est at¬
tribuée aux Chrétiens.
2°. — L)E TISINT A TATTA.
Comptant revenir plus tard à Tisint, je ne désirai pas m’y arrêter cette fois; dès
mon arrivée, je voulus partir pour Tatta. Deux zetats Ida ou Dial, escorte suffisante,
furent bientôt trouvés; mais un contretemps se présenta : un rezou de 400 Beràber
était signalé depuis quelques jours aux environs; on jugea imprudent de se mettre
en route tant que ses intentions ne seraient pas connues. Le 10, il tomba sur la par¬
tie occidentale des jardins de Tisint , les pilla et enleva des travailleurs. Son but était
atteint; il ne lui restait qu’à battre en retraite pour sauver son butin. Je pouvais partir.
Pendant ce court séjour, je fis plusieurs connaissances. Aussitôt le bruit de mon
arrivée répandu, tous les hadjs, familiers avec les choses et les gens des pays loin¬
tains, voulurent me voir. Une fois de plus , je reconnus les excellents effets du pèleri¬
nage. Pour le seul fait que je venais d’Algérie, où ils avaient été bien reçus, tous me
firent le meilleur accueil; plusieurs, je le sus depuis, se doutèrent que j’étais Chré¬
tien; ils n’en dirent mot, comprenant mieux que moi peut-être les dangers où leurs
discours pourraient me jeter. L’un d’entre eux, le Hadj Bon Rhim ould Bou Rzaq,
devint dans la suite pour moi un véritable ami, me rendit les services les plus si¬
gnalés et me sauva des plus grands périls.
IG novembre.
Parti à midi d’Agadir, avec
Qacba el Djoua, petite oasis où
deux Ida ou Blal , j’arrivai à 3 heures et demie à
l’on devait passer la nuit. De Tisint à Tatta, on suit
18
RECONNAISSANCE AL MAROC
138
RECONNAISSANCE AU MAROC.
constamment le pied des monts Bani. Cette chaîne est un mouvement de terrain
fort curieux et l’un des plus importants du Sahara Marocain. S’élevant de 200 à
300 mètres au-dessus du sol environnant, d’un à deux kilomètres de largeur à la
base, sans aucune largeur au sommet, elle forme une lame rocheuse, un tranchant,
émergeant de terre au seuil du désert. Nul contrefort , nulle chaîne, ne se rattache à
cette digue isolée dans le Sahara. Elle est orientée de l’est-nord-est à l’ouest-sud-ouest,
comme le cours inférieur du Dra et comme les chaînes de l’Atlas. La longueur en
est grande : elle est traversée, dit-on, par le Dra au-dessous de Tamegrout et se dé¬
veloppe, toujours semblable, gardant même composition, même forme et même hau¬
teur, jusqu’au bord de l’Océan, où elle expire au sud du groupe de villages appelé Ouad
Noun. Un certain nombre de khenegs la percent, étroites brèches par où s’écoulent
vers le Dra les eaux du Petit Atlas. Chacun de ces passages est le point de réunion de
quatre ou cinq rivières, et comme l’orifice d’un entonnoir. Les eaux se trouvant
assemblées en ces points, il s’est créé à chacun d’eux une oasis. Les grandes oasis qui
se voient entre le Sous, le Dra et l’Atlantique ont toutes cette origine; toutes, Zgicl,
Tisint, Tatta, Aqqa, Tizgi el Haratîn, Icht sont à la bouche d’un kheneg du Bani. Le
Bani est en roche, sans terre ni végétation : grès calciné, comme les monts de Ta-
zenakht, il présente une écaille noire et brillante sur toute la surface de ses flancs.
Ceux-ci sont en pente douce au pied, très raide vers le sommet. En maints endroits du
Bani existent des minerais : cuivre, zinc, argent, or vers l’occident. Au nord de
cette muraille s’élèvent les pentes du Petit Atlas; commençant à son pied, à l’ouest,
elles sont séparées d’elle par la Feija, dans la portion orientale. Au sud, plus une
montagne, la plaine à perte de vue. Tel est le Bani, la dernière chaîne avant le Grand
Désert; parallèle au Grand et au Petit Atlas, il est comme le ruban d’écume qui borde
la plage en avant de ces deux vagues monstrueuses. Je suivrai cette chaîne remar¬
quable jusqu’à Tatta, tantôt en longeant le pied , tantôt m’en tenant à peu de distance,
marchant dans la Feija d’abord, sur les premières pentes du Petit Atlas ensuite. Le
chemin est facile : terrain sablonneux dans la Feija, pierreux ailleurs, nu en cette
saison, couvert de plantes basses les hivers pluvieux; comme arbres, des gommiers
de 2 à 3 mètres, d’autant plus nombreux qu’on se rapproche du lit de quelque
ruisseau ou qu’on s’éloigne du Bani, au pied duquel le sol, tout de roche, ne leur
permet pas de pousser. Point de gibier dans ces régions stériles, si ce n’est des mou¬
lions; eux seuls vivent dans les vastes solitudes du Petit Atlas et sur les rocs du
Bani. Au sud de celui-ci, dans la plaine, courent de nombreuses gazelles.
Depuis le kheneg de Tisint jusqu’à Qaçba el Djoua, je n’ai cessé de suivre l’Ouad
Qaçba el Djoua. A hauteur d’Aqqa Ait Sidi, il a 12 ou 15 mètres d’eau, dans un
lit de pierre de largeur double, que bordent deux parois rocheuses et escarpées
'levées de 20 à 30 mètres. Deux kilomètres plus haut, l’eau courante disparaît; il reste
SEJOUR DANS LE SAHARA.
139
des flaques plus ou moins longues, de distance en distance; lit de 50 mètres; le fond,
parfois recouvert d’une légère couche de sable, est de roche blanche ainsi que les
parois qui le bordent; celles-ci n’ont plus que 15 à 20 mètres de haut. Peu après,
elles s’abaissent encore et se changent en talus de sable de 10 à 15 mètres, formant
de chaque côté une ligne de dunes irrégulières appelées Idroumen. A partir de
Trit, plus d’eau dans l’ouad : lit de galets au niveau de la Feïja. Dans l’oasis de
Qaçba el Djoua, la rivière prend une largeur extrême, mais reste à sec; le lit, moitié
sable, moitié gravier, se remplit de palmiers et, confondu avec le terrain qui l’en¬
toure, cesse bientôt de se distinguer. Chemin faisant, j’ai traversé la petite oasis de
Trit , bois de palmiers au milieu duquel s’élève un qçar d’environ 100 maisons, peuplé
de Haratîn vassaux des Ida ou Blal. Trit se gouverne à part. De Tisint à Qaçba el
Djoua, beaucoup de monde sur la route.
DJEBEL. B AN I.
Oasis de Qaçba el Djoua.
Djebel Taïmzour.
Qaçba el Djoua.
Feïja, oasis de Qaçba el Djoua et Baui.
(Vue prise du chemin de Qaçba el Djoua à Aqqa Igiren.)
Croquis de l’auteur.
17 novembre.
Séjour à Qaçba el Djoua. Qaçba el Djoua est un grand qçar, situé au milieu d’une
belle oasis. Les constructions s’élèvent sur les premières pentes de la plus basse et
la plus septentrionale de trois collines qui, se dressant près du Bani, sans s’v rat¬
tacher, forment un massif isolé au bord delà Feïja. L’Ouad Qaçba el Djoua, plein
de dattiers et confondu avec le sol de l’oasis, contourne ce massif. A son entrée dans
les plantations, il reçoit sur sa rive gauche l’Ouad Triq Targant (1), ainsi nommé
parce que, pour gagner au nord-ouest le qçar de ce nom, on en remonte le cours
un certain temps. Ici, les palmiers, moins serrés qu’à Tisint, ombragent des cul¬
tures. Le sol est sablonneux. Point d’eau courante; l’ouad est à sec, à moins qu’il
ne pleuve. Une nappe d’eau existe sous le sol, à peu de profondeur; une multitude de
(1) On l’appelle aussi parfois, par abréviation, Ouad Targant.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
I 40
puits sont creusés dans l’oasis; par eux la Qaçba s’alimente et irrigue ses plantations.
L’arrosage des palmiers est inutile les années de pluie : que l’eau coule dans l’ouad
durant vingt-quatre heures, c’est assez pour inonder l’oasis, assez pour que la terre
soit fécondée, assez pour que la récolte de grains et de dattes soit assurée. Mais il ne
pleut pas tous les ans; en voici sept que ce bonheur n’est arrivé : sept années de sé¬
cheresse viennent de passer sur la partie occidentale du bassin du Dra. Le pays s’en
est ressenti et est fort appauvri. L’orge est hors de prix; il n’y a presque plus de bé¬
tail : la misère est générale. Un ciel nuageux et un peu de pluie ayant signalé le com¬
mencement de ce mois, l’allégresse fut universelle; on employa les dernières écono¬
mies à acheter des grains, et chacun se mit à labourer avec acharnement. Tous
déploient ici une activité fiévreuse; pas un homme de la Qaçba qui ne soit au travail;
on voit de toutes parts des gens conduisant leurs charrues entre les palmiers, traî¬
nées par des vaches, des chevaux, des mulets, des ânes et, faute de mieux, des fem¬
mes : les bêtes de somme et de trait sont rares dans les qçars et le moment des
semailles va passer! Qaçba el Djoua est vaste, prospère, et bien construite , partie en
pisé, partie en pierre. Les habitants, Chellaha. contrastent, par leur blancheur, avec
les noirs possesseurs des oasis voisines; exception remarquable, ils ne reconnaissent
point de suzerain, n’ont de debiha sur personne. Beaucoup d’entre eux sont cherifs, la
plupart sont riches. Ils forment 400 fusils. Leur langue habituelle est le tamazirt,
presque tous savent aussi l’arabe. Fraction des Ait Semmeg de la. rive gauche du
Sous, et depuis longtemps séparés de leur tribu mère, ils ont conservé de bons
rapports avec elle, et en cas de guerre, malgré la distance, lui envoient et en re¬
çoivent des secours, ils sont en bonnes relations avec les Ida ou Blal ; beaucoup
épousent des femmes de cette tribu. Qaçba el Djoua est célèbre par l’abondance et la
bonne qualité de ses dattes; elle produit des bon feggouç, des djihel, des bon souaïr,
des bou ittôb et surtout des bon sekri.
On distingue d’ici quatre petites oasis, situées de l’autre côté de la Feïja; cha¬
cune d’elles contient un qçar dont elle porte le nom. De ces qçars, Aqqa Iren, Tisk-
moudin, Ida Oulstan, Serrina, le plus important est Aqqa Iren. On appelle les trois
autres Qçour Beïdin, à cause de la blancheur de leurs maisons. Tous sont peuplés de
Chellaha et de Haratîn tributaires des Ida ou Blal.
18 novembre.
Départ à 6 heures du matin. Je continue à suivre le Bani. Bientôt la Feïja finit et
je passe dans une nouvelle région, sur les premières pentes du Petit Atlas, terrain
pierreux, mais facile. Vers 10 heures, j’approche d’Aqqa Igiren : on voit d’une part
cette petite oasis, de l’autre un kheneg dans le Bani, Kheneg et Teurfa. A cette
SÉJOUR DANS LE SAHARA.
141
brèche se trouvent une source et des dattiers, propriété des habitants d'Aqqa Igiren,
mais point de maisons. Une rivière s’échappe par là vers le sud, l’Ouad Ivheneg et
Teurfa. Elle est formée de trois cours d’eau, l’Ouad Aqqa Izen, l’Ouad Tesatift et l’Ouad
Klieneg et Teurfa. (Vue prise flu chemin de QaO>a el Djoua à Aqqa Igiren.)
Croquis de l’auteur.
Aqqa Igiren. (Vue prise du chemin de Qaçha el Djoua.)
Cro(|uis de l’auteur.
Aqqa Igiren : les deux premiers sont des ruisseaux et coulent dans le désert; le troi¬
sième est une rivière importante; au-dessus d’Aqqa Igiren, qu’il traverse et où il
reçoit un affluent, il prend le nom d’Ouad Targant et arrose plusieurs lieux habités.
Aqqa Igiren est une oasis peu étendue, avec deux petits qcars d’aspect misérable;
la moitié des constructions est en ruine et abandonnée; les maisons qui restent sont
en pierre, mal bâties, n’ayant la plupart qu’un rez-de-chaussée, ce qui est le dernier
signe de pauvreté dans le pays. Population de Chellaha et de Haratin, tributaires des
Ida ou Blal. Point d’eau courante; plusieurs puits de bonne eau et une feggara au¬
près du qçar occidental.
Vers 3 heures, j’aperçois devant moi les palmiers de Tatta. Cette oasis n’est pas
comme Tisint une forêt compacte; elle se compose d’un grand nombre de groupes
distincts, les -uns au nord du Bani, les autres au sud : dans la première région, les
qcars sont rapprochés et leurs plantations se touchent souvent; dans la seconde, ils
sont isolés et dispersés un par un dans la plaine. Celui où je vais, Tintazart, est de
ces derniers. Pour l’atteindre, je commence à gravir le Bani : la montée est dif¬
ficile : bientôt il faut mettre pied à terre; je chemine péniblement au milieu des ro¬
ches. A 3 heures 35 minutes, je parviens au sommet, arête effilée sans aucune lar¬
geur. Le coup d’œil, vers le sud, est admirable. Une immense plaine s’étend à perte
fie vue : c’est le désert. Il se déroule, indéfiniment jaune et plat, jusqu’à un double
ruban bleu que forment à l’horizon les coteaux de la rive gauche flu Dra et le talus
142
RECONNAISSANCE AU MAROC.
du Hamada. Comme des taches noires sur le saille, apparaissent divers qçars de
Tatta; ils sont disséminés près du Bani, à quelque distance les uns des autres,
chacun entouré de ses palmiers. Le col où je suis s’appelle Tizi n Tzgert (1). La des¬
cente est aussi lente que la montée. Au pied du Bani, je rencontre un sahle dur sur
lequel je marche jusqu’à Tintazart. ^J’y arrive à 5 heures et demie.
Personne sur la route, de toute la journée. Les cours d’eau que j’ai rencontrés
étaient à sec; ils avaient un lit semblable, à fond de gros galets, à berges de terre de
50 centimètres à 1 mètre de haut. Aucun d’eux n’a d’importance, excepté l’Ouad Aqqa
Igiren. Celui-ci, dans l’oasis de ce nom, a 80 mètres de large et des berges à pic de 2
mètres. Le long du trajet, les gommiers sont assez nombreux, sauf sur les flancs du
Bani. Dans la vallée del’Asif Oudad, ils se mêlent, au bord du ruisseau, de quelques
tamarix. Des touffes de melbina et de kemcha sèment le sol. Enfantées par les pluies
récentes, de petites herbes sortent de toutes parts. Ce qu’on voit, chemin faisant,
du Petit Atlas est tout roche, aussi bien les pentes prochaines, noires comme le Bani,
que les crêtes éloignées, majestueux massifs d’un rouge sombre.
3°. — TATTA.
Tintazart est un des plus grands qçars de Tatta; elle est bâtie sur l’extrémité
d’une petite chaîne rocheuse de 15 à 20 mètres d’élévation, à flancs très escarpés.
Cette chaîne fait partie de l’enchevêtrement d’arêtes de roche noire qui serpentent
dans la plaine. Le point où est construite Tintazart s’appelle Irf Ouzelag, « la tète
du serpent ». La localité se compose de trois parties : l’une, dominée par le donjon
de la maison commune, forme le qçar actuel; une seconde, plus petite de moitié,
est ruinée : c’était le quartier de Chikh Ilamed; la destruction, qui date de quel¬
ques années, est l’œuvre des Mekrez, Tune des deux branches des Ida ou Blal, et fut
cause d’une guerre longue et sanglante, à peine achevée* entre les Mekrez et l’autre
moitié de la tribu, les Haïan, dont Chikh Hamed était client. Le troisième quartier,
plus petit que les précédents et hors des murs, est le mellah. Les maisons sont,
comme celles de Tisint, pierre à la base, pisé dans les parties supérieures; elles sont
uniformément couvertes en terrasse. Belles plantations de palmiers, arrosées de
sources nombreuses. Toutes les eaux qui descendent du Bani et arrosent la plaine
entre cette chaîne, Toug er Ri h et Anrerif, aboutissent à Tintazart, El Qcîba et An-
rerif et en fertilisent les terres. Dans les trois lieux, les jardins sont au sud des
bâtiments; au nord, on ne voit que le sable desséché de la plaine, l’areg. Tintazart
(1) Tzgert est le nom d’un arbrisseau.
SEJOUR DANS UE SAHARA.
143
est peuplée de Chellaha et de Haratin ; les premiers dominent. Elle se gouverne à
part, comme chacun des qçars de Tatta; comme eux, elle est tributaire des Ida ou
de mon arrivée, un jeune homme de dix-huit ans, Hamed ou Baqâder, remplissait
ces fonctions. Pendant mon séjour, on eut sujet d’être mécontent de lui et on le
remplaça par son cousin, El Hasen ould Bihi, aussi jeune que lui. Leurs pères ont
péri de mort violente : on voit peu de vieillards en ce pays. Le fait qui motiva ce
changement fut le suivant : un Chleuh de Tintazart, nommé Abd Allah , avait depuis
trois ans une affaire en litige avec des gens d’Aqqa Izenqad, autre qçar de Tatta.
Ceux-ci lui réclamaient une somme d’argent qu’il refusait de rembourser : iis s’im¬
patientèrent, vinrent au nombre de 17 fusils dans sa maison, le tuèrent, prirent ce
qu’ils purent et s’en retournèrent. Cet événement se passait à l’époque où j’étais là.
Hamed ou Baqâder n’avait rien fait pour prévenir le meurtre et n’essaya point de
le punir : il se borna à de molles réclamations auprès de l’assemblée d’Aqqa Izenqad.
Son manque d’énergie mécontenta : on lui enleva son titre, et on le donna à son
cousin.
Tatta est la plus étendue des oasis situées entre le Dra et l’Atlantique. Elle se
compose de deux parties. La première, au nord du Bani, comprend de nombreuses
localités, échelonnées sur les rives de trois cours d’eau, les ouads Tatta, Toug er
Tigiselt.
Tiili. Kheneg d’Adis. Ail ou Ahraan.
/
Kheneg d’Adis. (Vue prise de Tintazart.)
Croquis de l’auteur.
Kheneg d’Adis.
Qaçba el Makhen. Tiili.
Tamessoult.
Ait ou Alnnau. Q. S. Ali ben Djebira.
Kheneg d’Adis et Ouad Toug er Itih. (Vue prise de Toug er ltili.)
Croquis de l’auteur.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
I 44
appelle Vareg , vaste plaine à sol sablonneux et dur, située au sud du Bani, semée,
de distance en distance, de qçars isolés, les uns sur les bords des trois rivières, les
autres arrosés par des sources,- l’areg est moins peuplé que la portion supérieure :
il compte 14 lieux habités, l’autre en possède 22. Ces diverses localités ont une
Oumm cl Bortlj.
Collines bordant la rive gauche du Dia.
Klieneg fient en Nâs.
Derniers palmiers de Talla dans la direction du sud, areg, collines de la rive gauche de l’Ouad Dra.
(Vue prise de Tintazart.) Croquis de l’auteur.
population identique, mélange de Haratin et de Chellaha; le dernier élément y do¬
mine. Elles sont sans lien entre elles et indépendantes. Chacune en particulier
est tributaire des Ida ou Dial ; les plus septentrionales ont une seconde debiha
sur les Ait déliai, tribu nomade cantonnée non loin de là, vers les pentes supé¬
rieures du Petit Atlas. Les principaux centres de Tatta sont Afra et Adis. L’un
et l’autre se composent de deux qçars presque contigus. L’un et l’autre réunissent
les deux causes d’importance d’un lieu, marché et zaouïa. La zaouïa cl’Adis a peu
<le membres; le chef en est S. Mohammed d Ait Ouzeggar. Celle d’Afra, plus
considérable, appartient à la nombreuse famille des Ait Haseïn ; les religieux habi¬
tent Afra Kouqania, appelée aussi Ait Haseïn, où est enseveli S. Mohammed d Ait
Haseïn, leur ancêtre; cette zaouïa jouit d’une grande vénération dans le pays. Une
troisième existe à Tatta: celle de Djebaïr, fondée par S. Ali ben Djebira, dont la q oublia
s’élève entre Adis et Toug et Rih. S. Ali ben Djebira descendait de S. Mohammed
ech Cliergi, de Bon el Djad ; sa postérité, fixée à Djebaïr, est un rameau de la famille
dont Sicli Ben Daoud est le chef. L’un de ses rejetons, Ali Ben Hiba, ayant gagné une
fortune considérable dans le commerce du Soudan, où il a fait un long séjour, a
acquis par là une grande influence; peu d’hommes ont autant de poids à Tatta et
dans la tribu des Ida ou Blal. Enfin, une quatrième puissance religieuse, celle du
marabout S. Mohammed Mouloud, a son siège à Tintazart. S. Mohammed Mouloud
est étranger : son père fut S. El Mokhtar bel Lamech, fondateur de Tindouf et chef
de la tribu religieuse des Tajakant. A son lit de mort, S. El Mokhtar partagea entre
ses enfants la zone où s’étendait son influence : les Ida ou Blal échurent à Moham¬
med Mouloud. Pour être près d’eux il s’établit à Tatta. Mais la tribu est des moins
dévotes el ne lui donne ni travail ni profit. A-t-on un acte à dresser, quelque chose
SEJOUR DANS LK SAHARA.
1 45
à écrire? on s’adresse à lui; une légère rémunération le gratifie. Là se bornent et
ses fonctions et ses bénéfices. Encore lui préfère-t-on souvent son frère cadet, Ah¬
med Digna, qui réside à Tindouf.
Le commerce de Tatta, considérable naguère, quand y arrivaient les caravanes du
Soudan, est presque nul aujourd’hui. On se borne à chercher à Merràkecli les
produits européens indispensables, à demander au Sous son huile, à exporter des
dattes. Deux marchés, le Tlâta d’Afra et le Khemîs d’Adis. .J’ai été une fois à ce der¬
nier : il se tient dans le kheneg d’Adis, sur la rive droite de l’Ouad Adis, en face
de Tamessoult, à l’ombre des palmiers. De petites niches de pisé ou de pierre, ados¬
sées aux troncs, servent de boutiques aux marchands. Le jour où j’y fus, les pro¬
duits en vente se réduisaient à peu de chose : des grains, du bétail, de l’huile, des
légumes, des cotonnades blanches, beaucoup de khent, un peu de thé et de sucre;
il n’y avait ni allumettes, ni papier, ni aiguilles. Le marché était peu animé. On
semblait y être venu plutôt par désir de distraction, afin de se voir et causer, que
pour acheter.
Tatta a de nombreux dattiers; les bou feggouç dominent; puis viennent les bon
ittôb, les djihel, les bou souaïr et, plus rares, les bou sekri. Les arbres sont, comme à
Qaçba el Djoua, assez espacés pour que grains et légumes se cultivent entre leurs
intervalles. Les années de pluie, on sème de l’orge dans l’areg, au bord des rivières
et dans le voisinage des palmiers, partout où l’on peut arroser.
Outre la population tamazirt, un certain nombre d’Ida ou Blal vivent à Tatta, dans
des qçars du sud. Des familles de la tribu habitent El Qcîba, Izerran, Toug er Rih.
Les unes s’y sont établies paisiblement, la plupart y sont entrées de force à la faveur
des divisions des habitants. Tel est le cas de Toug er Rih, lieu où ils sont le plus
nombreux : au cours de querelles intestines, une des factions y demanda l’appui
d’Ida ou Blal; ceux-ci entrèrent, chassèrent une partie des habitants, s’emparèrent
des meilleures maisons et des jardins et s’installèrent.
Plusieurs localités en ruine jonchent le sol de Tatta : Qaçba el Makhzen etTiiggan
Qedîm sont abandonnés depuis une époque dont la mémoire est perdue; cinq des
qçars de Taldnount, de sept que comptait ce groupe, ont été, il y a trente ans,
ruinés par les Ida ou Blal; des quartiers de Tintazart et d’Izerran viennent d’être dé¬
truits par la. même tribu.
Ici comme à Tisint, le tamazirt est la langue générale; mais presque tous les
hommes savent l’arabe.
Mon compagnon, le rabbin Mardochée, se trouvait à Tintazart au milieu de sa
famille, entre un frère et une foule de parents. Il était juste de lui permettre de jouir
de leur société. Je le laissai se reposer auprès des siens pendant que je faisais deux
excursions, Tune au lit de l’Ouad Dra, l’autre à l’oasis d’Aqqa.
19
RECONNAISSANCE \L MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
1 Ifi
Pour le peu de temps que je devais rester à Tintazart, je n’avais pas besoin de
faire de debiha sur aucune, personne du qçar; ayant à séjourner davantage sur le
territoire des Ida ou Pial, il était indispensable de m’assurer de ce côté en me mu¬
nissant de deux patrons parmi eux : en temps ordinaire un seul eût suffi; mais la
longue guerre qui les a divisés finit à peine; les membres d’une fraction ne garan¬
tissent pas encore contre ceux de l’autre : il faut avoir son protecteur dans chacune
d’elles. Ce n’est qu’après avoir rempli ces formalités que je pus me mettre en route.
1°. — EXCURSIONS AU MADER ET A AQQA.
I. — LE MADER.
La portion du lit de l’Ouad Dra qui se trouve à l’ouest du méridien de
Tisint est en grande partie cultivable : le fond, sablonneux sur presque toute
son étendue, y devient fertile dès qu’il est arrosé. Ces parties labourables sont appe¬
lées marier. Six principaux maders sont situés aux confluents des six grands tribu¬
taires du fleuve; on les nomme : Mader Ida ou Blal, Mader Tatta, Mader Aqqa, Mader
Tizgi, Mader Icht, Mader Imi Ougadir. Je vais aller au premier.
25 novembre.
Parti à 10 heures du matin de Tintazart, j’arrive, à G heures et demie du soir, à
200 mètres du lit de l’Ouad Dra, dans un ensemble de cultures appelé Mader Soultân ;
ce lieu fait partie de la plaine de Medelles, delta sablonneux formé par l’Ouad Kheneg
et Teurfa à son confluent avec le Dra. J’v passe la nuit. Ma route a traversé cinq ré¬
gions distinctes. La première, de Tintazart à l’Ouad Toufasour, est l’areg, tel qu’on
le voit jusqu’au Bani, sable uni, dur, sans une pierre et sans un arbre; il est semé
de touffes rares et maigres d’aggaïa, de kemcha et de melbina; d’étroites arêtes de
roche noire émergent çà et là et se tordent à sa surface. La seconde région com¬
mence à l’Ouad Toufasour et finit au Kheneg Zrorha; plus de sable; sol dur et plat,
couvert de petites pierres et de gravier; mêmes plantes, auxquelles s’ajoutent des
gommiers de 3 à 4 mètres, nombreux surtout le long des ruisseaux; les serpents
rocheux rampent toujours sur le dos de la plaine, deux ou trois chaînes de collines
plus liantes, de couleur grise et jaune, s’y mêlent. Du Kheneg Zrorha à l’Ouad As-
gig, dans la troisième partie du trajet, tout relief cesse; plus d’arêtes rocheuses;
terrain plat jusqu’au Dra : le sol, très dur, est couvert de cailloux noirs comme d’une
SEJOUR DANS LE SAHARA.
147
écaille sombre et brillante; même végétation que tout à l'heure, moins abondante
et plus étroitement cantonnée sur les bords des ruisseaux. Cette plaine s’appelle
Outa Bouddeïr. La quatrième région s’étend de l’Ouad Asgig au delta de l’Ouad
Ivheneg et Teurfa : le sol s’adoucit, le gravier se mêle de sable; celui-ci augmente
à mesure que l’on avance; la végétation garde la même nature, les gommiers dimi¬
nuent. La cinquième est la plaine de Medelles, delta sablonneux formé de vase et de
dunes basses, de 50 centimètres à 1 mètre ; l’Ouad Kheneg et Teurfa le traverse, divisé
en trois bras; végétation abondante; des bouquets de grands tamarix ombragent
une terre verdoyante, couverte de melbina, d’aggaïa et de sebt (1); des cultures ap¬
paraissent. Plus on avance, plus le sol devient humide; il est si vaseux durant les
2 derniers kilomètres que les animaux marchent à grand’peine et qu’on est forcé
d’aller nu-pieds. Cette partie inférieure du Medelles est défrichée et labourée; on
l’appelle Mader Soultàn; je m’y arrête à quelques pas de l’Ouad Dra. Ma nuit se
passe là, au pied d’un bouquet de tamarix, en compagnie d’une douzaine d’Ida ou
Blal, laboureurs au bivac.
Peu de monde aujourd’hui sur ma route; seuls, quelques cultivateurs revenaient
du Mader avec leurs bestiaux, après avoir terminé leurs labours. Les cours d’eau si¬
tués sur mon passage étaient à sec; aucun n’avait d’importance. Le lit de l’Ouad
Toufasour, à fleur de terre, se distingue à peine; celui de l’Ouad Zrorha a un fond de
galets large de 12 mètres et des berges de terre de 1 mètre; celui de l’Ouad Asgig a
30 ou 40 mètres de large, un fond moitié roche, moitié galets, des berges à pic
de 1 ou 2 mètres. Durant la dernière partie du trajet, on distinguait le mont Taïm-
zour et le Kheneg et Teurfa; seul relief entre eux et le chemin, un massif isolé, le
Gelob, dressait à l’est sa double cime au milieu de la plaine qui s’étend du Bani au
Dra. Le kheneg d’Adis était invisible; les collines entre lesquelles j’ai passé au sud
de l’Ouad Toufasour le cachaient.
26 novembre.
Départ à 0 heures 5 minutes. A 0 heures 9 minutes, je sors de la plaine de Mc-
delles et je gravis un bourrelet rocheux, le Rist Djedeïd, qui la sépare du Dra; à
(1) Le sebt , qui porte aussi le nom de drin, et le geddim , dont nous parlerons plus tard, ressemblent
à l’halfa : ils servent à tous les usages de celui-ci. Ces trois plantes sont beaucoup moins répandues au
Maroc que ne l'est la dernière en Algérie. Il y a du sebt en quelques places sablonneuses de la région com¬
prise entre le Bani et le Dra, et une certaine quantité d’halfa sur le plateau qui couronne la portion
centrale du Petit Atlas. J’ai trouvé du geddim sur les pentes inférieures du Grand Àltas, au Tizi n Telremt,
et sur la rive droite de la Mlouïa, au-dessous de Qçâbi ech Cheurfa, dans les vastes déserts de la Mlouïa et du
Rekkam. Le Dahra est couvert d’halfa; ce désert est le commencement des hauts plateaux du Sud Oranais,
auxquels il se lie et dont rien ne le distingue : même aspect monotone, même sol stérile, mêmes longs
*
steppes d’halfa.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
1 48
0 heures 13 minutes, j’en atteins la crête; à G heures 14 minutes, je suis dans le
lleuve. Je le remonte. Le lit est de vase, sèche sur les bords, humide vers le milieu.
De grands herbages, des fourrés de tamarix le recouvraient, ces jours derniers,
d’une végétation touffue. A l’heure qu’il est, presque toute cette verdure a dis¬
paru sous les sillons : la majeure partie du sol est ensemencée; on laboure encore
sans relâche; de toutes parts, on ne voit que charrues attelées de bœufs, de che¬
vaux, de chameaux, on n’entend que les cris et les chants des laboureurs. Le lit de
l’Ouad Dra est plat; il a 3 kilomètres et demi de large; un talus uniforme élevé de
100 mètres, la ligne bleue qu’on voyait de Tisint et de Tatta, le borde à gauche;
le bourrelet rocheux d’à peine 30 mètres que j’ai franchi ce matin, le Rist Djedeïd,
en garnit la rive droite. D’ordinaire, il disparaît en entier sous les hautes herbes et
les broussailles : aux pluies d’automne, on les arrache pour cultiver : la moisson
faite, elles l’envahissent de nouveau. En ce moment tout est défriché, à l’exception
d’une bande de verdure de 500 mètres de large qui court au milieu; là, dans la
partie centrale du lit, le sol est si détrempé qu’il est impossible de labourer : les
hommes, même pieds nus, y marchent avec peine. Lorsque, les années très plu¬
vieuses, les eaux du haut Dra arrivent jusqu’ici, elles inondent tout le lit et font
une nappe infranchissable de 3 à 4 kilomètres de large; les cultures sont fécondées
et la récolte assurée. S’il est tombé quelques pluies, mais non assez pour déterminer
la venue du Dra supérieur, les maders sont encore arrosés; les rivières au confluent
desquelles ils sont situés leur apportent leur tribut : dans ce cas, chaque mader est
fertilisé, mais le lit n’est pas rempli; le peu d’eau qui y entre coule dans trois rigoles
qui sont au milieu et que je verrai tout à l’heure. Enfin, si l’année est tout à fait
sèche, l’eau ne descend nulle part, le sable reste stérile, et il y a famine. Plusieurs
années de disette viennent de s’écouler; aussi quelle joie a accueilli les premières
ondées, prélude d’un hiver humide! avec quelle précipitation tout le monde s’est,
jeté vers le mader! avec quel entrain chacun laboure le plus qu’il peut! Pendant les
jours que je viens de passer à Tintazârt, il n’y avait dans le qçar ni un homme ni
une bête : vaches, ânes, chevaux, mulets, chameaux, tout était au mader avec les
hommes; les femmes seules et les petits enfants gardaient les maisons. Toute la
population mâle de la contrée, nomade et sédentaire, est massée depuis quinze jours
dans cette étroite bande de terre. Des habitants du Petit Atlas, du Sous même et du
Sahel, y ont des terrains et sont venus les cultiver. Le lit de l’Ouad Dra, d’habitude
désert, présente l’aspect le plus gai et le plus animé. Au lever du jour, une multitude
de feux s’allument le long des deux rives, perçant le brouillard du matin : c’est le
premier repas qui s’apprête en silence. Puis chacun quitte le bivac et se met au tra¬
vail ; les vapeurs s’élèvent peu à peu; au-dessous des pentes du flanc gauche, encore
d’un violet sombre, le soleil illumine le fleuve dont lés sables se colorent d’un rose
SEJOUR DANS LE SAHARA.
140
doux : la vie renaît; le lit se couvre de monde; les laboureurs le parcourent en
tous sens : on n’entend que les hennissements, les mugissements des animaux, et
les cris des conducteurs qui les excitent.
Après avoir remonté quelque temps le fleuve, au milieu de ce travail, de ce mou¬
vement universels, je visite les trois rigoles centrales où est en ce moment toute
l’eau du Dra. La plus septentrionale a 20 mètres de large et 1 mètre de profondeur;
la vase y est plus détrempée qu’ailleurs, mais elle ne contient point d’eau. La se¬
conde, pareille, a seulement 10 mètres de large. La plus méridionale n’en a
que 8, mais sa profondeur est double et de nombreuses flaques d’eau sèment le fond.
L’eau du Dra est salée dans cette région. Les trois rigoles serpentent au milieu d’une
végétation touffue; au ras du sol, diverses herbes se pressent en tapis; des tamarix
de 3 à 4 mètres les ombragent. L’eau de la dernière rigole et l’humidité répandue
dans le mader ont été apportées par des affluents du fleuve à la suite des pluies
récemment tombées dans la montagne; elles suffisent pour assurer la moisson; si
le haut Dra ajoutait son tribut, celle-ci serait plus belle; s’il venait au printemps,
après cette moisson faite, on pourrait semer de nouveau et avoir double récolte.
Les inondations produites par le cours supérieur durent peu de jours.
Je prends au retour le même chemin qu’à l’aller, en traversant le Medelles plus
haut que la première fois. Les trois bras de l’Ouad Kheneg et ïeurfa ont l’aspect
suivant : le bras oriental a 20 mètres de large, des berges insensibles, un fond de
sable en partie humide, point d’eau; le bras central est très humide, large de
40 mètres, du reste semblable au précédent; le bras occidental est pareil aux deux
autres, mais plus sec; sa largeur est de 30 mètres; il marque la fin des sables et la
limite du Medelles.
Un homme des Ida ou Blal m’a servi d’escorte dans cette excursion. Cet unique
zetat avait été difficile à trouver, tout le monde étant parti pour le Dra. Les fertiles
terres des maders, quelque incultes quelles soient la plus grande partie de l’année,
ont toutes leurs possesseurs. Chacun d’eux connaît sa parcelle. Un champ au mader
se vend, s’achète, se loue comme un autre bien. Tant qu’il ne tombe pas de pluie, on
ne s’en occupe pas; à l’apparition des premiers nuages, le propriétaire se prépare à
labourer ou se met en quête d’un fermier. On passe au mader le temps du labour et
des semailles, 15 jours ou trois semaines. Les hommes seuls y vont, avec les bes¬
tiaux; comme provisions, on emporte de l’orge et du maïs, parfois des dattes. Jamais
on ne prend de tente : tout le monde bivaque, même les nomades. Les travaux
terminés, on s’en va pour ne revenir qu’au moment de la récolte, en mars. Dans
trois mois et demi, vers les premiers jours de mars 1884, je verrai moissonner ce
qu’on sème aujourd’hui : la récolte sera superbe, quoique les eaux du haut Dra doi¬
vent continuer à faire défaut. A peine sera-t-elle achevée, ces eaux arriveront et
RECONNAISSANCE AU MAROC.
15Ü
inonderont le lit du fleuve durant plusieurs jours. 11 est donc probable qu’on aura
fait deux récoltes en 1884.
Le Mader Ida ou Blal est fort long; il se divise en plusieurs portions. Celle que
j’ai visitée s’appelle le Iiist Djedeïd, du nom des hauteurs qui la bordent.
11. — AQQA.
Parti de Tintazart le 28 novembre à 7 heures et demie du matin, j’arrivai à El Iveb-
baba, le plus oriental des qçars d’Aqqa, le même jour à 6 heures du soir. Mon escorte
se composait de deux hommes. Obligé de marcher sur les territoires des Ida ou Blal
et des Ait ou Mrîbet, j’avais yn zetat de chaque tribu. La route de Tintazart à Aqqa peut
se diviser en deux parties : de Tintazart au lit de l’Ouad Tatta, et de l’Ouad Tatta à
El Kebbaba. La première partie est l’areg, tel que nous le connaissons, avec son sol
uni, sablonneux et dur, ses touffes de melbina, d’aggaïa, de kemclia, ses gommiers
rabougris de 1 à 2 mètres, ses serpents rocheux qui se déroulent en raies sombres à
la surface blanche de la plaine; de temps à autre, un qçar apparaît avec sa fraîche
ceinture de palmiers, faisant diversion à ce monotone paysage. Deux kilomètres avant
d’atteindre l’Ouad Tatta, on traverse une cuvette sans végétation appelée Imchisen ;
elle est couverte d’une couche de 5 à 15 millimètres d ’amersal, poudre blanche ayant
l’apparence du sel, sans aucun goût. Peu après, à un kilomètre de la rivière, le
sable s’amollit et se couvre d’une végétation abondante : les touffes de melbina et
d’aggaïa s’élèvent; entre elles croissent des akrass , sortes de joncs d’un vert foncé;
des tamarix se mêlent aux gommiers; au-dessus d’eux, quelques palmiers sauvages
dressent leur tête. Cette verdure s’étend jusqu’à la rive gauche de l’Ouad Tatta. Elle
y cesse. Là finit l’areg et commence la seconde partie de mon trajet. Le sol, toujours
plat, devient gris et pierreux; plus de serpents rocheux sortant de terre, çà et là des
plateaux bas, des talus rocailleux; une foule de lits de torrents coupent la route : tous
sont à sec, avec un fond de gros galets de fi à 15 mètres de large; la végétation
reste la même, le gommier augmentant un peu. Tel est le pays, désert absolu, qu’on
traverse de l’Ouad Tatta à El Kebbaba.
Depuis Tiiggan, dernier qçar de Tatta, je n’ai rencontré personne sur mon chemin.
Les principales rivières que j’ai traversées sont : l’Ouad Adis (lit de roche large de
20 mètres, au milieu duquel coulent 3 mètres d’eau claire et courante; berges
insensibles); l’Ouad Tatta (il se divise en trois bras: le bras oriental a 100 mètres de
large, des berges de 1 mètre à 1/2, en galets roulants, un fond de roche où serpen¬
tent 3 mètres d’eau limpide et courante, salée; le bras central, large de 30 mètres,
est à sec; le bras occidental a (30 mètres, un lit de roche et des flaques d’eau : ces
divers bras sont séparés par des langues de terré partie sablonneuses et partie cou-
SEJOUR DANS LE SAHARA.
151
vertes de gros galets, sans végétation); enfin l’Ouad Foum Meskoua (il se divise en
trois on quatre bras dont le plus large a 30 mètres; tous sont à sec, ont un lit de gros
galets, et des berges à 1/2 hautes de 2 à 3 mètres). Tel était le Bani à Tisint, tel je l’ai
vu à Tatta, tel je le retrouve à Aqqa. De quelque point qu’on aperçoive cette chaîne,
on n’y distingue aucune différence. Partout même hauteur, même composition,
même forme, même couleur. Entre les khenegs de Tatta et d’Aqqa, elle présente
trois points remarquables : Foum Azerftin, kheneg étroit et désert donnant passage
à l’Ouad Azerftin, ruisseau à sec; Foum Meskoua, kheneg semblable au précédent;
Tizi Aqqa, col par où un second chemin conduit de Tatta à Aqqa. Cette voie suit
le pied méridional du Bani de Tatta au col, franchit la chaîne à ce passage, et en
longe le pied septentrional jusqu’au kheneg d’Aqqa. Le Tizi Aqqa est peu au-dessous
du niveau général des crêtes.
L’oasis d’Aqqa, qu’on appelle aussi Aqqa ou Chaïb, ressemble à celle de Tisint.
Forêt compacte de palmiers massée au sud du kheneg où l’Ouad Aqqa perce le Bani,
elle s’étend en grande partie sur les bords de cette rivière. Un second cours d’eau
contribue à l’arroser : l’Ouad Kebbaba sort du Bani à l’est de Foum Aqqa, coule au
pied de la chaîne jusqu’au kheneg, et de là se dirige vers le sud en arrosant la
portion orientale des plantations.
Les qçars d’Aqqa, comme ceux de Tisint, s’élèvent la plupart à la lisière de l’oasis;
un seul se trouve au milieu, ils sont au nombre de dix; en voici les noms : Taga-
dirt, Taourirt, Erhal, Ez Zaouïa, El Qaçba, Agadir Ouzrou, El Kebbaba, Aït Djellal,
Ait Bon Fedaïl , Aït Aliter. Autrefois, Tagadirt était la première en importance : à
présent, Tagadirt, Taourirt, Erhal, Agadir Ouzrou, sont de même force; El Kebbaba
et El Qaçba sont un peu moindres; Ez Zaouïa est la dernière : Ez Zaouïa doit son
nom au sanctuaire de Sidi Abd Allah Oumbarek, qu’elle renferme. Dans la popula¬
tion, mélange de Haratîn et de Chellaha, les Haratin dominent. Aqqa, jadis sans
debiha, est, depuis 40 ans, sous la suzeraineté des Aït ou Mribet. Chaque qçar a son
gouvernement séparé et est administré par un cliikh. Les chikhs d’Aqqa sont héré¬
ditaires, et plus puissants que ceux de Tisint et de Tatta : ils sont Chellaha et origi¬
naires de leurs localités, excepté celui d’El Kebbaba, qui est un des chikhs Aït ou
Mribet.
Aqqa se trouve, pour le commerce, dans les mêmes conditions que Tatta. Naguère
lieu d’arrivée des caravanes du sud, elle voyait affluer sur ses marchés l’or, les es¬
claves, les cuirs, les tissus du Soudan. A côté d’un trafic considérable, l’industrie
locale s’était développée : Aqqa était célèbre pour ses bijoux d’or. Toutes ces sources
de fortune sont taries; plus de commerce, plus d’industrie, plus de relations loin¬
taines. 11 reste une oasis comme Tatta, comme Tisint, vivant du produit de ses dat¬
tiers. Deux marchés subsistent, peu fréquentés : le Had de Taourirt et le Tl ata
132
RECONNAISSANCE AU MAROC.
d’Erhal. Le trafic qui jadis enrichissait ce lieu s’est transporté à Tindouf et à Tizounin.
Aqqa égale et surpasse peut-être Tisint par son aspect riant et la beauté de sa
végétation : point de fruits qu’on n’y trouve : à côté des dattes, bou sekri, bon ittôb,
djihel, bou feggouç, bou souaïr, elle produit en abondance figues, raisins, grenades,
abricots, pêches, noisettes, pommes et coings. D’innombrables canaux arrosent ces
beaux vergers. L’eau coule en toute saison et dans l’Ouad Aqqa et dans l’Ouad
Ivebbaba. On pêche des poissons dans le premier.
D’Aqqa on voit, dans la direction du sud, deux oasis, seules au milieu de la plaine.
L’une, proche, est Oumm el Aleg, petit qçar entouré de quelques palmiers; l’autre,
lointaine, est Tizounin, localité importante qui apparaît comme une butte grise
isolée dans le désert.
Les Ait ou Mribet, sur les terres desquels est Aqqa, sont une nombreuse tribu
nomade cantonnée entre le Bani au nord, les Ida ou Blal à l’est, l’Ouad Dra au
sud, diverses tribus du Sahel à l’ouest. Elle se divise en fractions, dont la plus
puissante est celle des Ait ou Iran. Occupant la portion orientale du territoire, ceux-ci
ont sous leur suzeraineté Aqqa, Tizounin, Tizgi el Haratin, Tizgi es Selam (1), Tada-
koucht (2), Icht. Deux frères, Chikh Hamed, résidant à Tizounin, etChikh Mohammed,
résidant à El Kebabba, les commandaient autrefois; tous deux sont morts, et leur
enfants leur ont succédé. Une faible partie des Ait ou Iran habite les oasis tributai¬
res, la plupart vivent sous la tente. Le groupe n’a point de mader particulier : il
possède et loue des terres dans les maders Ida ou Blal, Tatta et Aqqa. Les discordes,
fréquentes entre les diverses fractions des Ait ou Mribet, sont rares dans l'intérieur
de chacune d’elles. La tribu est indépendante, et sans relations avec le sultan.
5°. — IDA OU BLAL.
Peu après mon retour d’Aqqa, je quittai Tintazart : mes excursions aux environs,
des insinuations perfides des Juifs avaient attiré l’attention sur moi et rendu mon
séjour périlleux. Le Daoublali (3) Haïan, mon patron, craignant un attentat contre
son client, vint en hâte m’avertir des bruits qui circulaient et des dangers que je
(1) Qçar unique avec dattiers.
(2) Qçar entouré de dattiers, situé entre Icht et Tamanart.
(3) Le nom arabe des Ida ou Blal est Dont Blal ( vjrj-1 2 3 * 5); 011 l’écrit ainsi à Fâs, et ainsi sans doute il
9
faut l’écrire. Dans le sud et à Mogador, on l’écrit sous la forme tamazirt Ida ou Blal ( I ISl). Nous avons
adopté cette dernière manière, employée par les membres de la tribu : ils disent Ida ou Blal , ou Daoublal au
pluriel et Daoublali au singulier.
SEJOUR DANS LE SAHARA.
153
courais; il nie proposa de m’installer dans sa maison, à Toug erRih. J’acceptai. long¬
er Rih est un qçar plus petit que Tintazart. 11 se dresse au milieu de l’areg, sur une
butte isolée dont il couvre les pentes et couronne le sommet. Cette situation lui a fait
donner par les nomades le nom de Toug eu Rih , « fille du vent » ; il s’appelait pri¬
mitivement Isbabaten. Les jardins en sont pauvres; aucune localité de Tatta n’a
mÔins de palmiers.
Les Ida ou Blal sont une tribu nomade, se disant d’origine arabe (1), cantonnée
(1) Les Ida ou Blal ont le type et les manières des Arabes, et parlent la langue du Koran, seuls au milieu
d'une population tamazirt; double motif d'admettre ce qu’eux-mêmes disent de leur origine. Les nombreuses
formes imaziren qui figurent dans leurs noms de fractions m’inspirèrent pourtant des doutes à ce sujet. A mon
retour du Maroc, j’essayai d’éclairc-ir la question; je fus conduit à regarder les Ida ou Blal comme Arabes :
un long contact avec les Imaziren a introduit chez eux les appellations étrangères. Parmi mes documents sur
les Ida ou Blal, en voici deux d’un intérêt particulier : le premier m’a été fourni par M. Montel, chancelier du
consulat de France à Mogador, l’autre par M. Pilard, interprète militaire en retraite.
1° — « Les Ida ou Blal ont leur berceau dans le Sahara, entre les Tajakant et les Arib; ces trois tribus sont
« de race arabe. Les Ida ou Blal se divisent aujourd’hui en trois groupes : le premier habite encore le terri-
« toire originaire de la tribu; le second est établi dans la qaçba de Fàs Djedid et en un lieu appelé pahr er
« Rainka, proche de Fàs; le troisième est, depuis de longues années, installé aux environs de Merràkech. De
« plus, il y a parmi les Haha quelques familles connues sous le nom d’Ida ou Blal et regardées comme origi-
« naires de la grande tribu de ce nom ; elles parlent la langue tamazirt et sont comptées comme faisant partie
« des Haha. »
2° — « Les Arib, les Doui Blal et les Tajakant sont des Arabes Mâkil fortement mêlés de nomades Zenâga.
« Vers l’ouest, l’élément berbère semble prendre le dessus; aussi les Doui Blal y sont ordinairement dési-
« gnés sous l’appellation chleuha d’Ida ou Blal? Quant aux Tajakant, leur véritable nom est Djakâna. Au con-
« traire, les fractions demeurées dans l’est sont restées purement arabes. Tels les Oulad Moulât, portion des
« Doui Blal, établis isolément dans les déserts du sud du Tafilelt; ils auraient, au dire des gens des oasis,
« conservé encore aujourd’hui les flexions finales de la langue arabe (A).
« Les Doui Blal sont une tribu nomade dont le territoire habituel est entre Tatta et Mrimima, mais ils vo-
« lent sur les routes jusque chez les Chaanba.
« Une des fractions des Doui Blal, les Oulad Moulât (B), est séparée du reste de la tribu et vit isolée dans
« l’Areg er Raoui. Elle peut mettre sur pied 1 000 combattants montés deux à deux sur des méharis. Les Oulad
« Moulât sont nomades; ils s’habillent de coton bleu foncé; tète nue; longs cheveux; sabres droits à deux
« tranchants comme ceux des Touareg. Ils sont libres; personne n’exerce de commandement dans la tribu.
« Ils sont ennemis de tout le monde, sont craints des qçour du Tafilelt et ne respectent pas les zaouïas. Leur
« perfidie est telle que le mot mitsaq Doui Blal , « foi des Doui Blal », est, dans le sud, synonyme de foi pu¬
is. nù/ue. En 1871 ou 1872, 350 tentes environ d’entre eux, ayant eu une querelle avec le reste des Oulad Mou-
« lat, se sont séparées du gros de la fraction : elles ont émigré, 150 tentes à Timmi et à Tsabit, 200 chez les
« Ait Ounbegi, à El Maïder, entre l'Ouad Ziz et l’Ouad Dra (G). Cette querelle avait eu lieu à la suite du pil-
« lage , par un groupe des Oulad Moulât, d’une caravane protégée par l’autre groupe. Ils s’ensuivit une
« guerre civile qui dura deux ans et se termina par l’émigration du parti vaincu. Les Oulad Moulât, quelque
« impies qu’ils soient, sont serviteurs religieux de Sidi el Razi (Tafilelt), de Sidi Ahmed el Habib (Zaouïa el
« Mati), et de Sidi Mohammed ben Nacer (Tamegrout). »
Ces documents, s’alliant avec les renseignements que j'ai rapportés, prouvent que les Ida ou Blal, ou mieux
Doui Blal, sont une tribu nomade d’origine arabe, dont la masse principale est établie sur les deux rives du
A. Je n’ai pas remarqué ce fait chez les Ida ou Blal que j’ai vus, c’est-à-dire dans le gros de la tribu : on y parle, comme par¬
tout au Maroc, un arabe qui est, à peu de chose près, notre arabe vulgaire d’Algcrie.
B. Ils figurent sous le nom d’Imoulaten dans la décomposition qu’on nous a donnée à T'alla.
C. Pour les noms géographiques dont il est question ici, voir la Carte générale du Tafilala par M. le général Daslugue.
20
RECONNUSS.VNCË U MUtOC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
entre les premières pentes du Petit Atlas au nord ; les Oulad labia, à l'est; les Ait ou
Mrîbet à l’ouest. Au sud, elle s’étend à plusieurs journées de marche dans le désert,
sans limite fixe : point de tribu entre elle et le Soudan. Si les Ida ou Blal parcourent
en maîtres ce vaste territoire, leurs tentes en occupent une faible portion. Par mesure
de sûreté, elles ne se disséminent pas : le plus souvent toutes sont massées en un
point; elles se divisent rarement en plus de deux groupes. La majeure partie "de
l’année, la tribu se tient dans le voisinage de Tisint ou de Kheneg et Teurfa, entre
le Bani et le Dra; au printemps, elle passe le fleuve, appelée par les riches pâturages
qui se trouvent sur sa rive gauche entre lui et le Hamada. La zone d’opérations des
Ida ou Blal s’étend au delà de leur territoire. Ces opérations consistent en deux
choses : escorte et pillage de caravanes : anaïa et razia. De Tatta à Timbouktou, de
Tatta à l’Adrar, dans le triangle compris entre ces trois points, dans le Sahel au sud
de l’Ouad Dra, on les trouve tantôt par petits groupes, escortant des convois, tantôt
par troupes de 50 à 60, battant le pays pour en surprendre. Principaux théâtres de
leurs courses, ces régions ne sont pas les seules; ils parcourent la Feïja au nord du
Bani, poussent des pointes au sud du Dra sur les Arib et les Berâber, apparaissent
avec leurs rezous jusqu’au Tafilelt et au Touat.
Voici la décomposition des Ida ou Blal :
/ Haïan .
Attara
Soualeb.
Behenni.
Aït El Haseïn.
Oulad Abd Allah.
Mdalii.
Oulad Bella.
Igertat.
Aït Mhammed.
Soukkan.
f Ferarma.
Haïan el Bali. . . . < Djedân.
Imoulaten.
Aït Monsi.
Aït Ifamed.
El Qcîbat.
Mekrez el Hadjer 1 Meskis.
Mekrez
El Khlet.
Ait Oujana.
Aït Boudder.
Iannout
f Aït Ba Haman.
) Aït Ilarz Allah,
f Oulad Doudoun
Dra, entre les méridiens de Tatta et de Mrimima. Un groupe important de la tribu, appartenant à la fraction
des Imoulaten ou Oulad Moulât, a émigré depuis longtemps vers l’est, où il est cantonné au sud du Tafilelt.
Un certain nombre de familles Doui Blal ont été transportées, de force probablement, par queluue puissant
0
SÉJOUR DANS LE SAHARA. 15o
Les Ida ou Blal forment environ 1800 fusils et 100 chevaux. Les chevaux étaient
autrefois plus nombreux : la dernière guerre entre les Haïan et les Mekrez les a dé¬
cimés. Cette guerre, dont les rancunes ne sont pas éteintes, quoique la paix soit faite,
s’est terminée à l’avantage des Haïan. Les pertes en hommes ont été presque égales
des deux côtés : il est mort 120 Haïan et 150 Mekrez. Nous avons dit le motif de la
querelle : l’attaque par les Mekrez d’un Chleuh de Tintazart, client des Haïan. Un
chikh héréditaire commandait jadis chaque fraction des Ida ou Blal; seul le titre
subsiste dans les familles qui le possédaient , le pouvoir n’y est plus attaché : les
groupes s’administrent isolément par l’assemblée de leurs principaux membres. Un
Daoublali a une grande autorité sur toute la tribu et peut, sans porter de titre, en
être regardé comme chef : il s’appelle Ali ould Ben Naïlat. Bien qu’ayant une maison
à Toug er Hih, il habite sous la tente, avec l’ensemble de ses concitoyens. Haïan,
sa considération est aussi grande chez les Mekrez que parmi les siens. Hors de cette
influence, les Ida ou Blal n’en subissent que deux, à un degré moindre : l’une, tem¬
porelle, celle qu’Ali ben Hiba, de Djebaïr, s’est acquise par ses richesses; l’autre,
spirituelle, celle du Jakani Hamed Digna, fils d’El Mokhtar, le marabout de Tindouf.
Les Ida ou Blal sont indépendants et ne reconnaissent point le sultan. Je deman¬
dai un jour à l’un d’eux s’ils n’avaient jamais eu de relations avec lui. « Si, me ré¬
pondit-il, nous en avons eu il y a un an etTlemi; voici lesquelles. Moulei el Hasen
ayant, pendant sa campagne du Sahel, envoyé des secrétaires et des mkhaznis ra¬
masser l’impôt dans le Ras el Ouad, nous dépêchâmes un rezou s’embusquer sur
leur passage : quand les gens du gouvernement revinrent, avec des mulets chargés
d’argent, on les attaqua, les mit en fuite, et l’on amena en triomphe parmi nous le
tribut des habitants du Sous et les armes et les chevaux des mkhaznis. Telles
furent les dernières relations de notre tribu avec le sultan. Je ne sache pas qu’elle
en ait eu d’autres. »
Chez les Ida ou Blal, comme à Tintazart, on ne voit que de jeunes hommes : les
pères ont été moissonnés dans les guerres civiles qui désolèrent la tribu et dont la
dernière finit à peine. Puissants il y a quinze ans, les Ida ou Blal sont sans force à
l’heure présente, épuisés par ces querelles intestines. Eux, dont h: nom faisait trem¬
bler jadis tout le Sahara, ont peine à se défendre des incursions des tribus voisines.
Ils sont moins occupés d’envoyer des rezous que de se garder contre ceux des au¬
tres. Les Berâber les attaquent sans cesse. A chaque instant on en signale une troupe
sultan, les unes à Merrâkech, les autres à Fàs, où elles ont perpétué leur nom et leur race. Quelques-unes
enfin sont mêlées, on ne sait comment, à la tribu tamazirt des Haha. Les premiers se sont un peu altérés au
contact des Chellaha et des Haratîn, leurs voisins; les seconds, plus isolés, ont gardé leur physionomie et leur
langage primitifs. Les troisièmes sont des Arabes dégénérés, semblables aux Arabes d’Algérie. Les derniers
sont Imaziren de mœurs et de langue et n'ont de Doui Blal que le nom.
450
RECONNAISSANCE AU MAROC.
sur quelque point <lu territoire. Nous en avons vu une se jeter sur les jardins de
Tisint ; quinze jours après, une autre s’abattait sur le mader à l’est du Rist Djedeïd.
Ces incursions sont contraires à toute loi, car les Ida ou Blal sont clients des Berâ-
ber. Chaque année, ceux-ci envoient des députés percevoir le montant du tribut,
une ouqia par fusil; les Ida ou Blal qui voyagent sur leurs terres paient, en outre,
2 ouqias par chameau , une par âne et une par personne. La debiha existe depuis un
temps immémorial : jadis les conventions en étaient respectées des deux côtés; au¬
jourd’hui, profitant de la faiblesse de leurs vassaux, les Berâber font exécuter les
clauses à leur bénéfice et ne tiennent pas compte de celles qui sauvegardent les
Ida ou Blal. Tributaires des Berâber, les Ida ou Blal sont eux-mêmes suzerains
d’une foule de tribus et de districts : les Ait Jellal, les qçars de TOunzin, des ouads
Aginan et Ait. Mançour, de Tatta, de Tisint, ceux de la Feïja, sauf Qaçba el Djoua,
ceux du sud du Bani situés sur leur territoire, sont leurs clients. Ces nombreux pac¬
tes entraînent des rapports continuels entre eux et les tribus voisines*: en un mois et
demi, j’ai vu plus de dix députations chez eux, toutes venues pour le même objet :
plaintes sur des convois attaqués malgré des debihas, et demandes de restitution.
Les réclamants étaient des Berâber, des Ait Jellal, des Chellaha du Petit Atlas, jus¬
qu’à. des gens du Tafilelt. Les Ida ou Blal sortent peu du Sahara. Quelques-uns à
peine ont été à Mogador ou à Merrâkeêh , aucun à la Mecque. Ils connaissent admi¬
rablement leur pays et sont au courant de la région qui s’étend d’ici au Tafilelt, à
Ouad Noun , à Timbouktou et à l’Adrar.
Les Ida ou Blal sont en ce moment dans la dernière misère : leurs guerres intesti¬
nes les avaient appauvris; plusieurs années de famine ont mis le comble à leur dé¬
tresse. En temps ordinaire, la tribu est riche : ses troupeaux, nuis aujourd’hui, sont
d’habitude nombreux; le mader la fournit de grains; quelques-uns de ses membres
se livrent au commerce du Soudan; enfin, elle a dans le Sahara une ressource iné¬
puisable, parles sommes que lui vaut l’escorte des caravanes et le butin qu’elle fait
en les pillant. Le rezou est, chez les Ida ou Blal, la première des institutions. Il s’or¬
ganise de la façon suivante : un ou plusieurs individus, connus pour leur audace,
annoncent qu’on va entreprendre une razia et font appel aux hommes de bonne vo¬
lonté. Des jeunes gens de la tribu se présentent; souvent des Chellaha des qcars se
joignent à eux, ou prêtent leurs chevaux moyennant une part de butin. Les rezous
se composent de chameaux, de chevaux, ou de fantassins. Les derniers, parfois de
400 à 500 hommes, font des expéditions de courte durée et dans un rayon peu étendu.
Les autres ne dépassent pas 100 combattants et opèrent au loin. Ils emmènent des
chameaux chargés de dattes, s’installent auprès d’un point d’eau et envoient chaque
jour des cavaliers à la découverte; l’un d’eux aperçoit-il un convoi ou des voyageurs,
il vole l’annoncer. On s’élance à la poursuite de la proie, on s’empare des mar-
SEJOUR DANS LE SAHARA.
157
chandises, on dépouille les hommes: s’ils appartiennent à des tribus éloignées, à
des tribus faibles, ou si ce sont des Juifs, on les renvoie nus, mais vivants; s’ils
sont d’une fraction proche et de qui l’on redoute des représailles, on les lue pour
sauver le secret. Puis on revient aux chameaux et on guette de nouveau. Tant que
durent les dattes, on reste en embuscade dans le même lieu, ou à des points d’eau voi¬
sins; lorsqu’il n’y en a plus, on s’en retourne. Quelquefois le rezou tombe à l’improviste
sur des douars d’une tribu voisine qu’il sait isolés ou mal gardés. Les Ida ou Blal, ces
impies qui ne veulent pas entendre parler de religieux, ne partent jamais pour une
razia sans en avoir un dans leurs rangs. Ils l’emmènent pour prier Dieu de rendre
l’expédition fructueuse : chaque jour, il demande au Seigneur de favoriser le rezou,
de faire tomber de nombreux voyageurs dans ses pièges, de lui inspirer les meil¬
leures embuscades. On paie ses services sur les bénéfices de l’opération. A-t-on fait
de riches captures? Il touchera une part considérable. S’est-on fatigué en vain? n’a-
t-on rien pris? C’est un mauvais marabout! on l’accable de reproches; on ne lui
donne rien; on ne l’emmènera pas une autre fois. Les rezous qui du Bani au Sou¬
dan sillonnent le désert en tous sens sont le seul danger des voyageurs dans cette
région. Les grandes caravanes, de plusieurs centaines de personnes, n’ont rien à
redouter; elles sont armées et on n’ose les attaquer : telles sont celles qui, chaque
printemps et chaque automne, traversent le Sahara entre Timbouktou d’une part,
Tindouf, le Dra, le Tafilelt de l’autre. Les négociants qui, pour faire de meilleures
affaires en devançant l’arrivée générale, essaient de franchir seuls le désert, ont tout
à craindre. Ils s’efforcent d’échapper par le petit nombre et la vitesse à la vue des
rezous. Quelquefois ils ont ce bonheur. C’est ainsi, presque seul, que le docteur Lenz
traversa le Sahara. Le récit de son passage à Tindouf est ici sur les lèvres de cha¬
cun. Comme il était en cette oasis, à la veille de s’enfoncer dans le désert, on s’é¬
tonnait de son audace : s’aventurer seul dans ces solitudes terribles! Et les pillards,
les Berâber, les Oulad Deleïm, les Regibat, n’y pensait-il pas? Pour réponse, il mon¬
tra son fusil. « De combien d’hommes sont ces rezous dont vous voulez m’effrayer?
De 00, 80, 100 même. — Pas plus de 100? — Non. — Eh bien, regardez! » (1
épaule son arme et tire, sans recharger ni s’interrompre, cent cinquante coups de
feu. Les Ida ou Blal ont des idées fort étranges sur les Chrétiens : ils les considèrent
plutôt comme des sortes de génies, de magiciens, que comme des hommes ordinaires.
Ils les croient très peu nombreux, disséminés dans quelques îles du nord, et doués
d’un pouvoir surnaturel : les uns me demandaient s’il était vrai qu’ils labourassent
la mer, d’autres si les Français étaient aussi nombreux que les Ida ou Blal. Cette
dernière question est excusable. Ils savent de nous une seule chose : depuis trois ans,
les gens de Figig, une poignée de Chellaha et de Baratin, nous font impunément la
guerre sainte. Eussent-ils osé s’attaquera une tribu comme la leur? Les iïaratîn de
RECONNAISSANCE AU MAROC.
I :>x
Tisint entreraient- ils en lutte avec les Ida ou Blal? Jamais. On juge notre puis¬
sance d’après notre conduite à Figig; on n’en saurait avoir une haute idée. Notre
réputation est telle dans le Sahara Marocain, du Sahel à l’Ouad Ziz. On n’y admet
pas que notre patience à Figig soit respect pour Moulei El Hasen. Il n’est pas le maî¬
tre de Figig. Qu’existe-t-il de commun entre lui et cette oasis? 11 n’y a guère plus
d’ignorance, en effet, à mettre au même rang la France et les Ida ou Blal qu’à
croire Figig soumis au sultan de Fâs.
G0. — RETOUR A TISINT. MRIMIMA.
Aqqa et le mader étaient les limites ouest et sud que j’avais fixées à mon voyage.
Je songeai, après quelques jours passés à Toug er Rih, à m’occuper du retour; il
devait s’effectuer par le Ternata ou le Mezgîta et le Dàdes. Tisint était la première
étape sur cette voie. Je priai mon patron de m’y ramener.
17 décembre.
Départ à 8 heures du matin, en compagnie de trois Ida ou Blal. Je traverse le khe-
negd’Adis, puis je m’engage dans la vallée de l’Asif Oudad, où je regagne mon che¬
min de l’aller. De Toug er Rih à l’Ouad Imi n ou Aqqa, on est dans l’areg, sable
dur semé de rares touffes de melbina et d’aggaïa. Au delà de l’Ouad Imi n ou Aqqa,
je retrouve la région parcourue en venant à Tintazart, sol pierreux avec des gom¬
miers, nombreux surtout au bord des cours d’eau. J’arrive à 3 heures et demie à
Aqqa Igiren, gîte d’aujourd’hui.
J’ai vu près du kheneg d’Adis plusieurs rivières nouvelles : l’Ouad Toug er Rih
(au pied de Toug er Rih, il a un lit de gravier large de 12 mètres, et est à sec; plus
haut, près de Tiiti, l’eau y coule); l’Ouad Adis (au pied de Tamessoult, le lit en a
20 mètres de large, dont 8 remplis d’eau claire et courante de 40 centimètres de
profondeur; berges de terre à 1/2, hautes de 5 mètres); l’Ouad Izourzen (40 mètres
de large, à sec, fond de gravier avec rigole de vase humide au milieu; hautes
berges de sable); l’Ouad Imi n ou Aqqa (50 mètres de large, à sec, lit de gros
galets, berges de sable de 1 à 2 mètres); l’Asif Oudad (25 mètres de large, à sec,
lit de gros galets, berges d’un mètre).
18 décembre.
Départ d’Aqqa Igiren à 8 heures du matin. Arrivée à Agadir Tisint à 4 heures
du soir. L’aspect du pays entre Tatta et Tisint a changé en l’espace d’un mois :
SEJOUR DANS LE SAHARA.
159
la végétation .s’est modifiée; la melbina , vivace à la fin de novembre, est
desséchée; de verte l’aggaïa est devenue jaune. On ne voyait alors que ces plantes,
avec la kemcha : aujourd’hui une foule d’herbes, de fleurs, sont sorties de terre et
la couvrent de verdure. On les trouve sur tout le parcours , ici poussant dans le
sable, là se glissant entre les pierres, partout substituant les teintes éclatantes des
fleurs et des feuilles à la surface grise du sol. Quelques gouttes de pluie ont produit
cette transformation .
SÉJOUR A TISINT.
En arrivant à Agadir, je descendis chez le Hadj Bou Rhim qui, lors de mon pre¬
mier passage, m’avait fait promettre d’accepter au retour son hospitalité. Des circons¬
tances inattendues devaient m’amener à avoir cet homme pendant près de quatre mois
comme compagnon de chaque jour. Je ne puis dire combien j’eus à me louer de lui,
ni quelle reconnaissance je lui dois : il fut pour moi l’ami le plus sûr, le plus désin¬
téressé, le plus dévoué; en deux occasions, il risqua sa vie pour protéger la mienne.
11 avait deviné au bout de peu de temps que j’étais Chrétien; je le lui déclarai moi-
même dans la suite : cette preuve de confiance ne fit qu’augmenter son attachement.
Le Hadj Bou Rhim est Hartâni ; c’est l’un des principaux habitants de Tisint.
J’étais loin de prévoir, le 18 décembre, en entrant dans sa maison, que j’allais
vivre avec lui durant plusieurs mois. Je ne pensais qu’à une chose : gagner le Ter-
nata, le Mezgîta ou le Tinzoulin, et continuer rapidement ma route au nord-est. Se
rendre d’ici au Ternata est difficile : on va sans grands dangers à Mhamid el Rozlàn
avec des zetats Berâber; pour atteindre directement le Tinzoulin ou le Ternata, il
faut traverser le territoire des Oulad Iahia, et ceux-ci sont en guerre avec les Ida
ou Blal et avec Agadir; de plus, une famine terrible, auprès de laquelle celle d’ici
n’est rien, règne chez eux : dans cette détresse, tous sont brigands; ils attaquent,
pillent tout le monde; point d’anaïa qu’ils respectent. Le Hadj Bou Rhim et mon
ti
patron Haïan réfléchissent aux moyens de me mettre en route. Deux partis se pré¬
sentent : le premier est de s’adresser à un Daoublali ayant des parents parmi les Ou¬
lad Iahia et demeuré en bonnes relations avec eux malgré les hostilités, et de le
prier de faire venir chez lui des zetats sûrs, entre les mains de qui on me mettrait
et qui me mèneraient au Tinzoulin : on dresserait, selon l’usage du Sahara
pour les occasions importantes, un acte par lequel les zetats se déclareraient
responsables de moi envers la tribu des Ida ou Blal, s’engageant, en cas de mal¬
heur, à lui payer une somme considérable. Le second parti est d’alhu- à Mrimima,
village peu éloigné d’ici, où se trouve la célèbre zaouïa de S. Abd Allah Oumbarek,
160
RECONNAISSANCE AU MAROC.
la plus vénérée d’entre Sous et Dra après celles de Tamegrout et de S. Hanied ou
Mousa. S. Abd Allah, chef actuel de la zaouïa, est très considéré parmi les Oulad
Iahia : on lui demanderait de me faire conduire par un de ses propres fils jusqu’au
Tinzoulin. Point de zetat qui vaille une pareille protection; et là, au moins, pas de
trahison à craindre : les marabouts de Mrimima sont gens à qui l’on peut se fier. On
s’arrête à ce dernier projet. Je pars pour Mrimima.
26 décembre.
Départ à 0 heures et demie du matin, en compagnie du IJadj et de trois Ida
ou Blal, parmi lesquels mon patron. En sortant de l'oasis, auprès d’Ez Zaouïa, je
trouve une plaine de sable dur, semée de quelques touffes d’aggaïa et de melbina.
Vers 11 heures un quart, j’en atteins l’extrémité, et j’entre dans un défilé
entre le Djebel Feggouçat et la Koudia Bon Mousi. Le Djebel Feggouçat
est un serpent de roche noire étroit et bas, pareil à celui de Tintazart; la
Koudia Bon Mousi, plus élevée, est un lourd massif de collines grises aux pentes
douces. Entre eux s’étend un large couloir où je marche. Le sol est formé de dunes
de sable, hautes de 1 à 2 mètres; la végétation est plus vivace qu’auparavant :
l’aggaïa, plus haute et plus abondante, se mêle de touffes de sebt. Par places, le
sable est humide : il disparaît alors sous la verdure et se couvre de ziâda, de hamid,
d’ouden naja, de rerima el rzel (1). A midi un quart, je quitte le défilé et franchis le
Djebel Feggouçat. De sa crête, on voit le désert jusqu’au Dra. C’est une vaste plaine,
sillonnée de serpents rocheux et de collines, analogue d’aspect à celle qui s’étend
au sud de Tatta. Toutefois le terrain semble plus accidenté ici que là, les chaînes
plus nombreuses et plus hautes. Les deux principales sont le Djebel Mheïjiba,
ou Koudia Mrimima, et le Djebel Hamsaïlikh. La première paraît avoir 60 à
70 mètres d’élévation au-dessus de la plaine environnante, la seconde davantage;
toutes deux sont de roche nue, et ont leurs flancs en pente douce. Le Mheïjiba
est noir et luisant comme le Bani, le Hamsaïlikh d’une teinte claire; ce dernier con¬
tient, dit-on, des minerais. Je vois à quelques pas du chemin un massif de verdure
célèbre dans la contrée : il cache les sources de S. Abd Allah ou Mhind, sources
intarissables et douées de rares propriétés : toute personne atteinte d’une maladie
scrofuleuse n'a qu’à aller à la qoubba de S. Abd Allah ou Mhind, à Ez Zaouïa, à y
passer trois jours en prières et en sacrifices, puis à se baigner ici : sa guérison est
assurée. La Koudia Bon Mousi donne, plus à l’est, naissance à d’autres sources et
ruisseaux; un canton se trouve là, le Merder Djeld, où, quelle que soit la séche-
(1) La ziàda a 50 centimètres à ,1 mètre de haut; les autres plantes poussent au ras du sol.
SEJOUll DANS LE SAHARA.
161
resse, poussent toujours d’abondants pâturages. Les tentes des
Ida ou Liai y sont en ce moment.
De l’autre côté du Feggouçat, je franchis deux vallons paral¬
lèles, à fond de sable durci, où poussent quelques gommiers; puis
je débouche dans une plaine dont le sol, dur et couvert de galets,
a pour seule végétation de petits gommiers qui bordent les lits
desséchés des ruisseaux. Cette plaine se prolonge au loin : bornée
au nord par un talus bas que perce l’Ouad Tisint au Tizi Igidi (1),
à l’est par le Hamsaïlikh, au sud par le Mheïjiba, s’étendant à
l’ouest jusqu’à la ligne uniforme et mince du Zouaïzel, talus plutôt
que collines, elle est traversée par les ouads Tisint et Zgid, qui
s’y réunissent auprès de Mrimima , et en sortent pour gagner le
Dra par une large trouée, Foum Tangarfa (2). Cette brèche mon¬
tre, dans le lointain, les collines bleues du Dra. Au pied du
Mheïjiba, on voit les palmiers de Mrimima, vers lesquels je mar¬
che. Dans la direction du nord-est s’aperçoit Foum Zgid, kheneg
dans le Bani, semblable à ceux d’Aqqa et de Tatta; là est l’oasis
de Zgid, et passe l’ouad du même nom. Quatre ou cinq mamelons
isolés se dressent dans la plaine entre Mrimima et Foum Zgid, à
G ou 8 kilomètres d’ici; on les appelle El Gelob es Srir ou Gelob
Mrimima ; ces qualificatifs les distinguent d’un autre Gelob ,
que j’ai vu en allant au mader. Jusqu’à Mrimima, le sol reste le
même, plat, dur, pierreux; à mesure qu’on approche, les gom¬
miers augmentent. A 2 heures, j’entre dans le village.
Hors l’Ouad Tisint, j’ai traversé un seul cours d’eau de quelque
importance, Tazrout Timeloukka (lit de 20 mètres de large, dont
10 couverts d’eau claire et courante; fond de roche).
SÉJOUR A MRIMIMA.
A notre arrivée à Mrimima , mes compagnons et moi descendons
dans une des premières demeures du village : c’est une maison
(1) L’Ouad Tisint se creuse dans le plateau d'où il sort, à Tizi Igidi, une vallée à
fond plat , profonde de 20 à 25 mètres et large de 800.
(2) Les pierres à fusil dont on se sert à Tisint et assez loin à la ronde viennent
de Foum Tangarfa; dans les hauteurs voisines, le silex abonde; les nomades l’enlèvent
par gros blocs et l'apportent à Tisint, où on le taille.
IU5CONNUSS\NCE U) M.VKOC.
21
Croquis de l’auteur.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
162
vide appartenant à Sidi Abd Allah ; il en possède plusieurs semblables; elles servent
à loger ses hôtes au moment d’une foire célèbre qui se tient chaque année. Aussitôt
installés, nous voyons venir à nous les fils du marabout : ils sont au nombre de
quatre; l’aîné, S. Oumbarek, est un homme de 30 à 35 ans; son père lui laisse en
grande partie la direction de la zaouïa; les autres sont plus jeunes. On apporte une
natte pour les Musulmans, des dattes pour tout le monde; puis vient un plateau avec
des verres et ce qu’il faut pour le thé, moins le sucre et le thé. C’est au Juif à les
fournir. On s’installe. A peine est- on assis, S. Oumbarek se répand en plaintes
contre les Ida ou Blal : « Toutes les tribus nous servent; toutes nous pré¬
sentent de riches offrandes : les Ida ou Blal seuls ne nous donnent rien; bien plus,
allons-nous chez eux pour prélever la redevance, non contents de ne pas la remettre,
ils nous accueillent avec des quolibets, des plaisanteries et de mauvaises paroles. Je
leur en veux, non pour ce qu’a souffert chez eux mon ventre, mais pour ce qu’ont souf¬
fert mes oreilles : gens grossiers, inhospitaliers, impies autant qu’avares. D’ailleurs
ils ont ce qu’ils méritent. Ils accueillent mal les marabouts et méprisent leurs bé¬
nédictions; Dieu non plus ne les bénit point : ils meurent de faim, et sont divisés
entre eux. Autrefois, c’était une grande tribu; à présent, c’est la dernière du désert.
Les Berâber les pillent de tous côtés, les Oulad lahia en font autant, jusqu’aux Ait
Jellal qui les bravent; dans le Sahel, dans le Dra, ils n’osent plus mettre les pieds.
Ils sont la risée de tout le monde. Et puis, il n’y a plus d’hommes parmi eux : tous
les braves d’autrefois sont morts. Aujourd’hui ce sont tous des femmes, tous des
menteurs, tous des traîtres : pas un qui ne viole son anaïa. Demandait-on le mezrag
à leurs pères, ils l’accordaient aussitôt, pour le seul honneur, sans rien réclamer. Le
demande-t-on aux Ida ou Blal d’à présent? Leur première parole est : « Combien me
« donnerez-vous?» Et ils en marchandent le prix comme des Juifs. Aujourd’hui, parmi
tous les Ida ou Blal, pas un qui soit brave, pas un qui soit généreux, pas un qui soit
franc, pas un qui soit loyal; et à mesure qu’ils valent moins, ils ont plus de préten¬
tions : depuis quelque temps il pousse chez eux des chikhs de toutes parts : jadis
combien de leurs pères avaient une chiakha (1) véritable, qui ne pensaient pas à
en prendre le titre : à cette heure, dans la tribu entière il n’y a plus l’ombre d’une
chiakha et tout le monde est chikh. C’est une race d’hommes cupides et traîtres;
il n’y a rien de bon en eux; aussi nous ne les visitons plus. Ils ne veulent pas de
nos bénédictions; mais dès aujourd’hui ils ont visiblement le prix de leur impiété et
de leur mépris pour les hommes du Seigneur. » Mes trois Ida ou Blal se taisent et
font longue figure devant cette harangue qui se prolonge sur le même ton durant
plus d’une heure. Ce que dit S. Oumbarek est vrai; mais l’amertume avec laquelle
(1) Autorité de chikh.
SÉJOUR DANS UE SAHARA.
1 63
le marabout leur reproche de ne point lui donner d’argent est aussi répugnante que
leur avarice. Pour moi, je m’amuse à voir ces loups se mordre entre eux.
Dans la soirée, on agite la question de mon départ pour le Tinzoulin. Sidi Oum-
barek m’y conduira en personne ; il fait voir qu’il ne marchande pas moins son
anaïa que les Ida ou Blal : c’est, au bout de deux heures de discussion qu’on s’entend
sur le prix. Enfin on tombe d’accord : je verse la somme sur l’heure : il est convenu
qu’on partira après-demain.
Le lendeirfain matin, 27 décembre, mes Ida ou Blal, n’ayant plus rien à faire ici,
s’en vont ainsi que mon ami le Hadj. Au moment des adieux, j’ai toutes les peines
du monde à faire accepter un cadeau à ce dernier; avec les autres, au contraire, il
y a un règlement de compte laborieux. Me voici seul à Mrimima avec Mardochée
et un domestique israélite. Dans l’après-midi, nous recevons la visite de S. Abd
Allah en personne. C’est, un vieillard d’environ 70 ans, à barbe toute blanche, tran¬
chant sur le brun de sa peau ; car il est Hartâni. Il nous parle avec bienveillance,
mais sa péroraison rappelle les discours de son fils ; « Grâce à Dieu, vous êtes main¬
tenant débarrassés de vos Ida ou Blal, gens impies et sans foi qui n’étaient venus
que pour vous dépouiller. Quant à moi, je n’aime pas les Juifs; mais Dieu vous a
conduits ici dans la maison de la confiance : vous y êtes les bienvenus, et, quand
vous voudrez partir, je vous ferai mener où vous voudrez en sûreté. Mais voyons,
les Juifs! vos pareils, quand ils se présentent, ne m’abordent que les mains pleines
de toutes sortes de cadeaux : vous, vous ne m’avez rien donné; tâchez de réparer
votre faute et de m’offrir quelque chose de bien : pas de khent, pas de ces objets
ordinaires et, grossiers; je veux quelque chose de bien. Je repasserai tout à l’heure:
à présent, je vais parler à des Oulad Iahia avec qui je vous ferai partir. » Il nous
quitte, va et revient au bout d’une demi-heure : « Ce que vous avez de mieux à faire
est de passer le sabbat ici et de ne vous mettre en route que le lendemain. J’ai
donné rendez-vous pour samedi à ces Oulad Iahia qui s’en iront dimanche avec
vous. Maintenant, voyons ce que vous m’avez préparé de bien! » Je lui montre ce
que j’ai, du thé, de la cotonnade blanche, deux pains de sucre. Il prend le tout,
et nous lui déclarons que nous sommes les gens les plus heureux du monde de ce
qu’un grand saint comme lui ait bien voulu accepter ce faible don. Je ne suis pas
aussi content que je le dis. Voici mon départ remis à plusieurs jours, car
on n’est qu’à jeudi. Puis, que sont ces Oulad Iahia à qui S. Abd Allah veut, me
confier, alors qu’il était convenu que son fils me conduirait lui-même? Ces mara¬
bouts ont moins de parole encore que les Ida ou Blal. Mais que faire? Je suis à leur
merci. C’est le cas d’être fataliste et d’attendre avec résignation. Espérant que cela
pourrait produire quelque effet, je me recommandai du cherif d’Ouazzân. Jamais
je ne m’étais servi de sa lettre, pour la meilleure raison : son nom était inconnu de
RECONNAISSANCE AU MAROC.
I6i
ceux à qui j’avais eu affaire jusqu’alors, et son influence nulle dans les régions que
j’avais traversées depuis Fâs. Ici il n’en est pas autrement, mais dans la zaouïa du
moins son nom est connu et respecté. Je fis voir sa lettre à S. Abd Allah. Dans les
premiers jours, ce fut un événement : on lut l’épître en pleine mosquée; comme
effets, il résulta qu’on me traita avec plus d’égards qu’auparavant, que chaque jour
S. Abd Allah me faisait une visite et que, le soir, il envoyait deux de ses fils passer
la nuit dans ma chambre, honneur et protection à la fois.
Le samedi, le dimanche se passent, on ne parle point de départ. Par extraordi¬
naire, S. Abd Allah reste invisible. Je demande S. Oumbarek : il est malade. Enfin,
le lundi matin, je vis arriver ce dernier : il était impossible, disait-il , de se mettre en
route : deux troupes de 20 fusils, l’une de Berâber, l’autre d’Arib, de passage ici,
avaient appris que j’allais partir; le bruit que j’étais Chrétien , venu de Tintazart,
s’était répandu dans le pays et leur était parvenu; de plus, on me croyait chargé
d’or. Les deux bandes s’étaient embusquées dans la montagne et guettaient mon
passage pour m’attaquer. Il fallait patienter. Dans trois ou quatre jours, quand,
lasses d’attendre, elles auraient disparu, S. Oumbarek prendrait avec lui 30 ou
40 Haratîn et me conduirait en personne à destination. Le lendemain, S. Abd Allah
vint confirmer ces paroles : « Ayez confiance en moi; je vous ferai partie en sûreté
avec mon fils, quand tous ceux qui voudraient vous manger seront partis ou vous
auront oubliés. Mrimima est un ventre de hyène, rendez-vous de tout ce qu’il y a
de mauvais. Mais, patience; vous en sortirez, s’il plaît à Dieu. »
Deux jours après, c’est autre chose : les Arib sont partis; mais 30 Ait Sed-
drât les ont remplacés : ils étaient venus acheter des dattes; à la nouvelle du coup
à faire, ils se sont installés dans le Mheijiba, jurant qu’ils n’en bougeraient tant
que je serais ici. Le jeudi, ils font mieux : ils envoient une députation à S. Abd Al¬
lah, demandant de me livrer : ils se chargent de me conduire au Tinzoulin. Sur son
refus, ils se répandent en menaces, déclarent qu’ils m’enlèveront de force. Les
marabouts prennent peur : le jour, ils placent deux hommes à ma porte, avec con¬
signe de ne laisser entrer personne; la nuit, on m’envoie plusieurs esclaves armés.
Les deux fils cadets de S. Abd Allah ne me quittent plus. Les murs de la mai¬
son sont hauts, la porte solide, rien à redouter de ce côté; mais on craint que les
Ait Seddràt ne percent la muraille de pisé. Le lendemain, ils envoient de nouveaux
émissaires, l’inquiétude des marabouts augmente, ma garde s’accroît. Enfin, le ven¬
dredi, S. Abd Allah vient me dire qu’il ne s’engage plus à me faire conduire
au Dra : tout ce qu’il peut pour moi, c’est de me ramener à Tisint, encore fau¬
dra-t-il attendre plus d’une semaine : le 12 janvier sera la fête du Mouloud; ce
jour-là, S. Abd Allah fait tous les ans un pèlerinage à la qoubba de S. Abd Allah ou
Mliind, à Tisint; il s’y rend en grand appareil, suivi de toute la zaouïa, de tout ce
SÉJOUR DANS LE SAHARA.
165
qu’il a de parents, de serviteurs et d’esclaves : je me joindrai à lui et, sous la pro¬
tection de cette puissante escorte, je pourrai passer.
Après une semblable déclaration, il ne me restait rien à espérer quant au Tinzou-
lin. Attendre à Mrimima n’avait plus de raison d 'être; il fallait revenir à Tisint :
cela même était chose difficile et dangereuse. Le soir de ce jour, 3 janvier, j’écrivis
à mon ami le Hadj Bou Rhim : je lui peignais la situation , et le priais de venir
me chercher. Un mendiant porta ma lettre.
Le lendemain , à 7 heures du matin , grand mouvement dans le village : une
troupe de 25 fantassins et 2 cavaliers y arrive tout à coup et entre droit dans
ma cour. C’est le Hadj qui vient me prendre. Il a reçu mon billet cette nuit. Il s’est
levé aussitôt, a couru chez ses frères et ses parents; chacun s’est armé et l’a
rejoint avec ses serviteurs; ils se sont mis en marche, et les voici. Une demi - heure
après, je reprenais avec eux le chemin d’Agadir. Les marabouts nous voyaient par¬
tir avec inquiétude : ils craignaient pour nous une attaque des Ait Seddrât.
Ceux-ci cherchaient le pillage, et non le combat; voyant la force de l’escorte, ils n’o¬
sèrent se présenter. A 11 heures et demie, j’étais de retour dans la maison du Hadj.
MRIMIMA.
Mrimima a l’aspect triste et pauvre. C’est un petit village en pisé, ensemble de
constructions basses du milieu desquelles émergent le minaret délabré de la grande
mosquée et deux autres moins hauts; dans cette masse de murailles grises brillent
trois petites qoubbas, seuls édifices blanchis du village. En dehors des habitations,
sur leur lisière nord-oirest, se tient la foire annuelle, l’une des causes de célébrité
de Mrimima; ce côté est occupé par de grandes maisons carrées appartenant à
S. Abd Allah; vides en ce moment, elles servent de lieux de dépôt pour les
marchandises, lors de la foire. Celle que j’ai habitée est l’une d’elles. A l’est et
au sud-est du village s’étendent des plantations de dattiers de moyenne étendue; elles
produisent surtout des djiliel, puis des bou souaïr, des bou feggouç et quelques bou
RECONNAISSANCE AU MAROC.
1R0
sekri. Le long des dattiers, entre l’oasis et les roches du Mheijiba, coule l’Guad
Zgid; c’est une large rivière, un peu plus forte que l’Ouad Tisint; en toute saison
elle a de l’eau courante; les poissons y sont nombreux. La population de Mrimima
est composée, d’une part de la famille proche et éloignée de S. Abd Allah, groupée
autour de la zaouïa, demeure propre de ce dernier, de l’autre des nègres et Haratin
esclaves ou serviteurs de la famille sainte. Tous les membres de celle-ci portent le
titre de marabout et sont nourris ou aidés par la zaouïa. Les palmiers de Mri¬
mima appartiennent la plupart à S. Abd Allah, les autres sont possédés par ses
neveux ou ses parents; quelques-uns ont pour propriétaires de simples Haratin.
La zaouïa de Mrimima n'est pas très ancienne; elle n’est pas herra, « in¬
dépendante » : une zaouïa est herra lorsque son chef compte au moins sept ancêtres
postérieurs à la fondation ; les arrière-petits-fils de S. Abd Allah seulement seront
indépendants. D’après cette donnée, la zaouïa compterait environ 150 ans d’exis¬
tence. Les marabouts de Mrimima tirent leur origine du qçar cl’Ez Zaouïa, de
Tisint; leur chikh est Sidi Abd Allah ou Mhind, saint mort depuis plusieurs siècles,
dont la qoubba est dans cette localité; chaque année, à la fête du Mouloud, ils y font
en grande pompe un pèlerinage. Ils sont donc une branche de la famille de re¬
ligieux dont la souche est à Ez Zaouïa : cette famille étend au loin ses ramifica¬
tions : j’en trouverai des membres établis à demeure dans le Ras el Ouad, dans le
bas Sous, jusque auprès de Mogador, partout vénérés, partout vivant de leur titre de
marabout et de leur sainte origine. Les religieux de Mrimima, quoique ne formant
pas la branche aînée de cette race, en sont actuellement la plus distinguée ; les au¬
tres sont réduites à une influence locale, celle-ci jouit au loin d’une grande consi¬
dération : elle perçoit des redevances dans le Dra, dans le Sahel, sur les deux
versants du Petit Atlas; les noms de Mrimima et de la zaouïa de Sidi Abd Allah
Oumbarek sont connus en bien des lieux où celui de Tisint est ignoré. Cependant
c’est une zaouïa de second ordre, qu’on ne saurait comparer à celles d’Ouazzân,
de Bon el Djad, ou de Tamegrout. Elle ne leur ressemble en rien, ni comme cé¬
lébrité, ni comme influence, ni comme richesses.
J’ai vu, dès mon arrivée à Mrimima, que S. Abd Allah et ses fils étaient rapa¬
ces : on ne s’en étonne pas quand on voit la peine qu’ils se donnent pour recueillir
de l’argent. On leur en apporte peu : il vient des pèlerinages, même de loin;
de cette source ne sortent que des dons isolés : pour percevoir les redevances
générales des tribus, il faut se rendre au milieu d’elles; il faut que le marabout
sanctifie les territoires par un séjour de quelque temps, qu’il appelle sur lui les
bienfaits du Seigneur. Ces conditions remplies, lorsque la présence et la bénédiction
de l'homme de Dieu ont assuré pour Tannée une bonne récolte, de gras pâturages,
des eaux abondantes, on lui remet, en échange de ses bons offices, la cotisation
SEJOUR DANS LE SAHARA.
1R7
habituelle; sinon, rien. De là des voyages continuels, qui constituent pour les reli¬
gieux un travail régulier : ils appellent cela « aller bénir ». Chaque année, S. Abel
Allah va en personne dans le Sahel et dans le Dra bénir et recueillir les tributs;
dans les autres régions qui servent la zaouïa, il envoie ses deux fils aînés faire la col¬
lecte : c’est, cl’une part, dans une portion du Petit Atlas (Ait Bon Iahia, Seketàna, etc.),
de l’autre, au sud du Bani (Oulad Iahia, Ida ou Blal, Ait ou Mribet, etc.). Malgré
ces revenus, la zaouïa ne semble pas riche : les bâtiments sont simples; les
costumes des marabouts n’indiquent pas une grande aisance. Sidi Abel Allah seul
est habillé à la façon des villes : gros turban blanc, farazia et haïk; ses vêtements
sont propres et frais. On ne peut en dire autant pour ceux de ses fils : l’aîné parait
très fier d’un cafetan de drap rouge râpé qu’il porte sous son haïk (les marabouts
marocains ont un goût prononcé pour les étoffes de couleur éclatante) ; le second,
S. El Fatmi, n’a sur sa chemise qu’un haïk grossier et un bernous de 10 francs.
Quant aux deux plus jeunes, leurs chemises sales et déchirées, leurs bernous troués
me les avaient fait prendre à l’arrivée pour des mendiants; l’un d’eux, S. Iahia, a
quinze ans, l’autre, S. Hamed, en a dix. Comme mobilier, je n’ai vu que les théières
et les verres, lesquels sont des plus communs. Pas de bougies : il n’en existe
nulle part dans le Sahara; on se sert de petites lampes à huile, qui jettent une
lumière funèbre : luxe rare, Mrimima possède 3 ou 4 chandeliers de cuivre; on
place les lampes dessus : c’est très commode. Une mule est l’unique bête de somme
de la zaouïa. Je ne crois pas que les marabouts thésaurisent; malgré la simplicité
de leur vie, la caisse de la maison ne doit pas être riche. Ils recueillent de nom¬
breux dons, de nombreuses redevances; mais ces offrandes sont presque toutes en
nature : elles consistent en dattes, en orge, dans les tribus du Sahara; en blé et en
huile, dans celles de la montagne; très peu sont de l’argent. Ces cadeaux s’en
vont aussi vite qu’ils viennent : la zaouïa (1) ne se compose pas seulement de son
chef et des fils de celui-ci; Sidi Abd Allah nourrit une infinité de neveux, de cou¬
sins, de parents ayant les mêmes ancêtres que lui; tous ne vivent que de la sainteté
de leur sang; tous mangent sur la zaouïa; je veux qu’ils fassent maigre chère, il y
a encore les hôtes : le nombre des étrangers qui reçoivent chaque jour l'hospita¬
lité est considérable; en un séjour d’un peu plus d'une semaine, j’ai vu passer des
Berâber, des Oulad Iahia, des AC b , des Ida ou Blal, des Tajakant, des gens de Ta-
filelt, des Ait Seddrât; point de jour où il n’y ait quinze à vingt hôtes à la zaouïa :
gens du Dra qui vont acheter des dattes dans les oasis de l’ouest, cavaliers qui
viennent de razia, députations qui se rendent dans quelque tribu des environs,
voyageurs de toutes conditions et de tous pays. Mrimima, par sa situation unique
(1) On appelle zaouïa , d’une part, l’ensemble de tous les marabouts, parents proches ou éloignés de Sid
Abd Allah, qui habitent Mrimima; de l’autre, la maison où Sidi Abd Allah demeure.
168
RECONNAISSANCE AU MAROC.
entre le Dra et le Bani, se trouve un point cle passage et de ravitaillement naturel
pour ceux qui traversent le Sahara Marocain dans sa longueur. Les uns y séjour¬
nent peu; d’autres restent longtemps. J’y fus avec un homme des Ait Ioussa (1) qui
y vivait depuis deux mois : il venait du Dra et n’osait rentrer dans son pays, par¬
ce que les Ait ou Mrîbet, de qui il avait à traverser le territoire, étaient en guerre
avec sa tribu : comme S. Abd Allah va tous les ans à époque fixe au Sahel , il at¬
tendait son départ pour passer sous sa sauvegarde. Le moment de ce voyage de
S. Abd Allah est celui du Souq el Mouloud (2); il se rend chaque année à cette foire
où, un grand concours de monde se trouvant réuni, il ramasse d’un seul coup de
nombreuses offrandes.
Par ces tournées, qui embrassent le bassin du Dra presque entier, et par les gens
de toute origine qui reçoivent l’hospitalité à la zaouïa, le marabout de Mrimima est
en relations avec toutes les tribus habitant entre l’Océan et le Tafilelt et sa parole
est répandue et respectée dans cette vaste zone de pays. Il peut avoir, à un moment
donné, une influence politique réelle.
S. Abd Allah, quoique vieux, s’occupe des affaires de la zaouïa ; mais son fils aîné
S. Oumbarek a en main la plus grande partie d’entre elles : il agit souvent sans
consulter son père, son père ne fait rien sans son avis. S. Oumbarek a de l’auto¬
rité sur les tribus des alentours; c’est lui qui reçoit les hôtes, qui fait une partie
des tournées; il ne s’éloigne pas longtemps de la zaouïa, où il est indispensable. Il
forme avec ses trois frères et deux sœurs l’unique postérité de S. Abd Allah : ces six
enfants sont nés à celui-ci de sa première femme; elle morte, il en a épousé une se¬
conde qui ne lui a point donné de rejetons; il a toujours été monogame. Ses fils
ont le type hartâni moins prononcé que lui. Les autres marabouts, ses neveux
ou cousins à divers degrés, sont ceux-ci Haratîn, ceux-là blancs; les uns ont
quelque fortune, d’autres sont pauvres; tous portent au cou un gros chapelet, ce
qui est d’usage ici pour les seuls religieux, et tous ont droit aux baisemains des
Musulmans. Peu ont été à la Mecque : comme les Ida ou Blal , ils ne vont
qu’où il y a de l’argent à gagner. Bien que talebs, ils sont ignorants et grossiers
d’esprit. Ne se figurèrent-ils pas qu’avec cinq ou six brins d'herbe qu’on m’avait vu
ramasser dans le mader je voulais maléficier tout l’Islam? Je ne sais si je parvins
à les rassurer à cet égard. Nous trouvons parmi eux le kif, cet apanage des cherifs
et des marabouts; ils le fument en l’arrosant de grands verres d’eau-de-vie, que leur
fabriquent les Juifs de Tintazart et du Dra. A Tisint et à Tatta, quatre ou cinq
(1) Tribu voisine du district d’Ouad Noun.
(2) Le Souq el Mouloud est ainsi appelé parce qu’il a lieu dans le mois de mouloud (rebia el aoul); il se
tient dans la tribu des Ait Ioussa. C’est une grande foire, qui dure plusieurs jours, Tune des trois foires
annuelles du Sahara; les deux autres sont celles de Mrimima et de S. llamed ou Mousa (Tazeroualt).
SEJOUR DANS LE SAHARA.
169
personnes usaient de kif : c’étaient des clients, originaires du Tafilelt ; on les recon¬
naissait à la petite pipe spéciale qui se balançait à leur cou.
Mrimima, célèbre par sa zaouïa, ne l’est pas moins par sa foire. Cette foire, an¬
nuelle, dure trois jours et est très fréquentée : on y vient de tout le bassin du Dra,
du Sous, du Sahel, souvent du Tafilelt; on y a vu, dit-on, jusqft’à des marchands
de Figig. Trois grandes foires annuelles se tiennent dans le Sahara Marocain, celle
de Mrimima en redjeb, celle de Sidi Hamed ou Mousa à la fin de mars (1), Souq
el Mouloud en mouloud. Les unes et les autres attirent une foule de monde. Malgré
cette affluence de gens peu habitués à la discipline, on n’y voit d’ordinaire aucun
trouble; des mesures sévères sont prises par les chefs des localités où elles ont lieu
(ici, par S. Abd Allah) pour que l’ordre ne cesse de régner : bien plus, on garantit
à ceux qui s’y rendent la sûreté sur le chemin. Un individu, une caravane allant à
la foire ont-ils été pillés, maltraités en route? on saisit, parmi les hommes présents
au marché, ceux de la tribu coupable de l’agression, on les rend responsables du
dommage, et on le leur fait payer sur l’heure. Grâce à cette méthode employée
aux trois points, la sûreté, rare phénomène, règne à trois époques de l’année sur les
routes de la contrée. Dans ces foires on trouve réunis les produits du pays, les
objets fabriqués dans les villes du Maroc et en Europe, et les marchandises du
Soudan. La plus importante est celle de S. Hamed ou Mousa; placée sur le chemin
des caravanes de Timbouktou, elle se fient à l’époque de leur arrivée et est le théâtre
des transactions relatives au commerce du Soudan; là se fait l’échange de l’or,
des plumes d’autruche, de l’ivoire, des esclaves, contre les produits européens en¬
voyés de Mogador. Après cette foire vient celle de Mrimima. La moins considérable
est Souq el Mouloud.
(1) Le calendrier chrétien est connu et employé dans le Sahara Marocain. Les mois en sont désignés sous
leurs noms latins. La foire de S. Hamed au Mousa se tient au printemps et habituellement en mars; en 1885,
elle a commencé le 25 mars.
RECONNAISSANCE VU MAROC.
1 70
RECONNAISSANCE AU MAROC.
*
VI.
DE TISINT A MOGADOR,
1°. — DE TISINT A AFIKOURAHEN.
Lorsque je me retrouvai à Tisint, la somme d’argent que je portais avait, par
suite de vols successifs, diminué à tel point que je ne pouvais achever mon voyage
avec ce qui restait. 11 fallait avant tout me procurer des fonds. Je n’en trouverais
que dans une ville où il y eût des Européens : la plus proche était Mogador. Je ré¬
solus d’en chercher dans ce port.
Je m’ouvris de mon projet à mon ami le Hadj, et fis avec lui l’arrangement sui¬
vant : il me conduirait à Mogador, m’y attendrait, et me ramènerait à Tisint; nous
prendrions des routes différentes en allant et en revenant, passant la première
fois par les Isaffen et les Ilalen (1), la seconde par le Sous, le Ras el Ouad et les Ait
Jellal. Le Hadj Bou Rliim connaissait la région que nous devions traverser au retour
et y avait de nombreux amis; pour l’aller, il emmènerait un de ses agents, nommé
Mohammed ou Addi, homme de la tribu des Ilalen, qui avait maintes fois par¬
couru le chemin que nous allions faire. Nous ne partirions qu’à nous trois : le rabbin
Mardochée, dont je n’avais pas besoin, resterait à Tisint dans la maison du Hadj,
où il attendrait mon retour.
9 janvier.
.Je quittai Tisint le 9 janvier, à 10 heures et demie du soir, et pris la direction de
Tatta, escorté par le Hadj et son compagnon. «Nous voyageâmes toute la nuit. Nous
avions attendu pour sortir que le qçar fût endormi : personne n’avait été instruit de
notre voyage; en s’en allant, le Hadj n’avait pas dit adieu à ses femmes et à ses
enfants. Si le bruit de notre départ avait transpiré, il eût été à craindre que des
(1) On dit indifféremment Ilalen et Ilala; Ilala est la forme arabe, Ilalen la forme tamazirt. Dans le sud du
Maroc, un grand nombre de noms de tribus sont également usités sous ces deux formes : ainsi on dit Seke-
tàna ou Isektân, Zenâga ou Iznâgen, Ilaba ou Ibaban, üunila ou Iounilen, Ikhzama ou Ikhzamen, etc.
DE TISINT A MOGADOH.
171
étrangers, Berâber, Oulad Iahia ou autres, toujours en foule à Agadir, n’aient couru
s’embusquer sur le chemin pour nous attaquer et nous piller. De là notre départ
furtif et notre marche nocturne. Le rabbin Mardochée avait ordre de n’ouvrir la
maison à personne le lendemain et, après deux jours, de déclarer que nous étions
partis pour Tazenakht. Pareilles mesures se prennent toujours lorsqu’on doit tra¬
verser un long désert, un passage dangereux, que, comme nous, on est en petit
nombre, et qu’on a des objets pouvant exciter la convoitise. Ici, il avait fallu re¬
doubler de précautions ; avec ma réputation de Chrétien et d’homme chargé
d’or, plus d’une bande se serait mise en campagne si mon départ avait été connu.
Mes mules seules eussent suffi pour faire prendre les armes à bien des gens : en
cette contrée pauvre elles constituent un capital.
10 janvier.
Ralentis dans notre marche par une pluie torrentielle qui tomba pendant la plus
grande partie de la nuit et durant toute la matinée, nous arrivâmes à Tatta à la
fin de la journée du 10. A 7 heures du soir, nous nous arrêtâmes dans le petit qçar
de Tarla, chez des amis du Hadj.
La route de Tisint à Tatta n’avait rien de nouveau pour moi. Je pus admirer com¬
bien la végétation s était, développée depuis mon dernier passage : le long du moindre
ruisseau, au-dessous de chaque gommier, s’étendait un épais tapis de verdure,
tantôt d’un émeraude éclatant, tantôt argenté ou doré par une multitude de fleurs.
Pour gagner Tarla, on remonte l’Ouad Tatta à partir de Tiiti , dans son lit : celui-
ci est large de 150 mètres et couvert de gros galets; au milieu se creuse un canal
de 30 mètres, où un peu d’eau serpente sur un fond de roche. La rivière, resserrée
à Tiiti entre le qçar et le Bani, coule de Tiiti à Tarla dans une plaine de sable,
déserte sur la rive droite, couverte de palmiers sur la rive gauche.
Il janvier.
Séjour à Tarla. Ce qçar est situé à la bouche méridionale d’un kheneg par lequel
l’Ouad Tatta franchit une chaîne de collines parallèle au Bani. Il est petit et riche :
tout y respire la prospérité; les maisons sont belles; point de ruines; les habitants,
Chellaha et Haratîn , vivent dans l'aisance, grâce à leurs nombreux dattiers. Les
bon feggouç dominent.
12 janvier.
Nous passons toute la journée à Tarla sans sortir de chez notre hôte, à qui le Hadj
a recommandé le secret sur notre présence. Nous avons, d’ici à Tizgi, notre prochain
172
MECONNAISSANCE AU MAROC.
gîte, à traverser un long désert, très dangereux, qu’on ne peut franchir que de nuit
et au pas de course, comme nous essaierons de le faire, ou en nombreuse caravane.
Ce désert, qui fait un avec celui d’Imaouen coupé par l’Ouad Aqqa, s’étend sur les
contins de plusieurs tribus entre lesquelles il forme un terrain neutre : champ com¬
mun où s’exercent leurs rapines; des bandes pillardes d’Aït ou Mrîbet, d’Ida ou
Blal, d’Aït Jellal, d’Isaffen, le parcourent sans cesse.
Nous partons à 9 heures du soir et marchons sans arrêt jusqu’au matin. A l’au¬
rore, nous nous trouvons à l’entrée d’une gorge profonde, dans le lit desséché d’une
rivière, à son confluent avec un ruisseau, l’Ouad Tanamrout. Nous faisons halte quel¬
ques heures à cet endroit.
La contrée que j’ai parcourue de Tarda ici se divise en deux portions distinctes :
l’une de Tari a à Imiteq , l’autre d’Imiteq au point où je suis. Celle-là se compose
de larges vallées entre lesquelles s’élèvent des massifs mamelonnés de peu de hau¬
teur; celle-ci est formée d’une succession de plaines étagées, séparées par de hautes
chaînes parallèles, que les rivières traversent par des gorges étroites. Les vallées de
la première région ont dans leur partie inférieure un sol pierreux, garni de gom¬
miers, de jujubiers sauvages et de melbina, dans leur partie haute, un sol rocheux
avec une végétation moins abondante; leurs flancs sont des coteaux de grès noir et
luisant. Au delà d’Imiteq, les collines se remplacent par de hautes montagnes :
massifs rocheux, aux pentes escarpées , ils ont une couleur jaune rosée, différente
de ce que nous avons vu jusqu’ici; leurs flancs, tourmentés, ne sont du pied
à la crête que découpures et crevasses. Ces monts entourent comme de rem-
l’etite plaine entourée d’une ceinture de montagnes, entre Imiteq et le col de Tanamrout.
Croquis de l’auteur.
parts lézardés des plaines unies et pierreuses, où le sol, aride d’ordinaire, est en
cette saison couvert de verdure; on y marche au milieu de jujubiers sauvages, de
melbina, de hautes herbes. Entre ces plaines, les cours d’eau traversent les mon¬
tagnes par des couloirs étroits, aux parois verticales, si resserrées qu’elles laissent
la seule place de la rivière. Le gommier disparaît au nord d’Imiteq.
J’ai traversé cette nuit un grand nombre de cours d’eau, tous à sec, tous ayant un
lit de gros galets et des berges verticales, mi-sable, mi-cailloux, hautes de 1 à 2 mè-
DE TISINT A MOGADOR.
I T.i
très. Les deux plus importants se réunissent pour former l’Ouad Imiteq; lïm vient
de l’est, l’autre de l’ouest; le premier a 50 mètres de large, le second 40. De Tarla
ici, bien que le terrain soit constamment pierreux ou rocheux, le chemin n’est pas
difficile : il a des montées, des descentes, mais jamais raides ni longues.
13 janvier.
A 1 heure de l’après-midi, nous nous remettons en marche. Nous quittons la
vallée, lieu de notre halte, et remontons l’Ouad Tanamrout; il coule dans un ravin
étroit qui bientôt n’a aucune largeur et où le chemin, malgré de nombreux lacets,
devient difficile. Les parois sont les montagnes de roche jaune dont nous étions
jusqu’à présent au pied et que nous allons franchir. Près du torrent, la pierre laisse
percer une végétation abondante : jujubiers sauvages, heuboubs de 2 à 3 mètres,
grandes herbes, fleurs de toute couleur. Une heure de marche pénible nous conduit
à un col, Tizi Tanamrout, où l’ouad prend sa source. A nos pieds s’étend une large
vallée, dont le flanc gauche est le massif que nous venons de gravir, et le droit un
talus sombre dont la crête paraît un peu plus élevée que celle où nous sommes.
Nous descendons vers le thalweg. Les pentes, si rapides sur l’autre versant, sont
douces, le chemin aisé; terrain rocheux; la végétation, vivace sur le côté opposé,
existe à peine sur celui-ci : des jujubiers sauvages interrompent seuls de loin en
loin la monotonie du sol nu.
Parvenus au fond de la vallée, nous la descendons pendant quelque temps; un
cours d’eau à sec, de 00 mètres de large, en occupe le milieu : c’est un affinent de
l’Ouad Aqqa. Peu après, nous gagnons les bords de l’Ouad Aqqa : il forme une
grande rivière, large de plus de 200 mètres; le lit, ici de sable, là de gravier, ail¬
leurs de gros galets, ne contient point d’eau. Nous le remontons jusqu’à Tizgi Ida ou
Baloul (1). Nous entrons dans ce village à 7 heures du soir. Un ami de Ou Addi nous
donne l’hospitalité.
De Tarla à Tizgi, personne n’a paru sur le chemin. Le seul vestige humain que
j’aie vu a été, entre Tatta et Imiteq, une dizaine de tombes, échelonnées par
groupes de deux ou trois au bord du sentier. Ces tombes, qui rappelaient chacune
un pillage, et marquaient l’endroit où avaient péri des voyageurs moins heureux que
moi, avaient, au clair de lune, au milieu de cette solitude, un aspect lugubre.
Arrivé à Tizgi, la portion périlleuse de ma route est faite : je pourrai marcher
désormais à la, clarté du soleil. Les Marocains de ces régions emploient, on le voit,
une méthode simple pour voyager : quand le pays n’est pas dangereux, ils le tra-
(1) Tizgi Ida ou Baloul n'a rien de commun avec les Ida ou Blal. Il n’y a entre les deux noms qu une
similitude fortuite.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
171
versent le jour; lorsqu’il l’est, au lieu de prendre des escortes, ils le franchissent
rapidement de nuit.
14 janvier.
Séjour à Tizgi Ida ou Baloul. Tizgi est une bourgade isolée, d’environ 400 feux;
elle est construite en long sur les premières pentes du flanc gauche de l’Ouad Aqqa.
Au pied du village, les bords et le lit du cours d’eau sont occupés par des cultures
ombragées de palmiers (bon souaïr) ; ceux-ci ne sont pas serrés comme à Tisint et
à Tatta : ils sont espacés, et se mêlent de trembles, de figuiers et d’oliviers. Le fond
de la vallée est sablonneux; les flancs sont de hautes parois de roche jaune, escar¬
pées, s’élevant à 150 mètres au-dessus du lit de la rivière. Comme son nom l’indique,
Tizgi est située dans une gorge resserrée entre de hautes montagnes, kheneg très
Tizgi Ida ou Baloul. (Vue prise d’une maison du village, dans la direction du sud-est.)
Croquis de l’auteur.
étroit que l’Ouad Aqqa traverse en ce point. Le village est construit partie en pisé,
partie en pierres grossièrement cimentées; pas de mur d’enceinte. La rivière est
à sec au* pied des maisons et dans les jardins; de nombreux canaux pleins d’eau
claire et courante arrosent ces derniers.
A partir d'ici, on ne voit plus de khent; le costume des indigènes ne se compose
que de laine. Les femmes sont vêtues de laine blanche et portent sur la. tête un voile
spécial au pays : c’est une pièce rectangulaire de laine noire ayant un mètre
de long, avec un gland noir à chaque coin. Elles s’en couvrent le visage dès
qu’elles aperçoivent un homme. Les femmes de cette région font montre d’une
grande modestie : en rencontre-t-on sur les routes? on les voit s’arrêter à plusieurs
pas, faire un à-droite ou un à-gauche, et demeurer au bord du chemin, la figure
voilée et le dos tourné, jusqu’à ce qu’on soit passé. Les hommes portent des haïks
de laine blanche ou des djelabias et, par-dessus, soit le bernons blanc, soit plus
souvent le klienif. Pas de modification dans les armes, sauf qu’il n’y a plus do fusils
à deux coups. Tels sont les costumes à Tizgi, tels je les trouverai chez les Isalîen,
les Iberqaqen et les Ilalen.
DE TISINT A MOGADOR.
175
s-
15 janvier.
Nous quittons Tizgi à 10 heures du matin. Notre hôte nous escorte jusqu’à
midi : après, on peut marcher seul ; le pays n’est plus périlleux. En sortant de Tizgi,
nous continuons à remonter l’Ouad Aqqa. Au bout de peu de temps, il reçoit l’Ouad
Tinzert et fait un brusque coude vers le nord. A partir de là, sa vallée se transforme :
le fond prend 600 mètres de large; les flancs sont de hauts talus rocheux, celui
#
de droite plus élevé et à crêtes plus éloignées que celui de gauche. La rivière est
large de 60 mètres; son lit desséché, où poussent de distance en distance
des palmiers isolés, se déroule au milieu de la vallée. Le sol de celle-ci
est de sable, tantôt durci, tantôt humide; des champs, qui garnissent les rives de
l’ouad, en occupent une partie. On entre sur le territoire des Isaffen. A peu de distance
en amont de nous s’aperçoit un bois de dattiers; nous marchons droit sur lui. Plus
on avance, plus le sol devient mouillé; dans les champs, les tiges vertes des orges
commencent à sortir de terre; en dehors poussent des tamarix et, à leur pied, du ga¬
zon. Bientôt nous arrivons aux palmiers; ce sont des hou souaïr : d’ici au point où
nous quitterons l’ouad et de là aussi loin que s’étendra la vue, le fond de la vallée en
sera couvert. Mélangés d’autres arbres fruitiers, ils ombragent de vertes cultures et
entourent une foule de villages qui s’échelonnent le long de la rivière : ces villages
appartiennent aux Ait Tasousekht, l’une des trois fractions des Isaffen. Nous conti¬
nuons à remonter l’Ouad Aqqa, tantôt à l’ombre des dattiers, tantôt en longeant la
lisière, jusqu’au point où il reçoit l’Ouad Iberqaqen; sur cet espace, la vallée
reste la même, si ce n’est qu’elle se rétrécit peu à peu de manière à avoir en
dernier lieu 200 à 300 mètres de large; de plus, la proportion des palmiers di¬
minue à mesure que l’on monte; celle des autres arbres, grenadiers, caroubiers,
amandiers, oliviers, augmenté : auprès des villages inférieurs des Isaffen, il
n’y avait guère que des dattiers; au-dessus de Tamsoult, les autres essences dominent.
A partir du même lieu, un filet d’eau courante de 1 à 2 mètres de large serpente dans
le lit de la rivière, à sec auparavant. A 1 heure et demie, nous arrivons au confluent
de l’Ouad Iberqaqén : nous gagnons les bords de ce nouveau cours d’eau et le
remontons; nous entrons en même temps dans la tribu qui lui a donné son nom.
En quittant l’Ouad Aqqa, on en voit la vallée se continuer à perte de vue, toujours
la même, long ruban vert se déroulant entre les montagnes, les villages des Isaffen
le semant çà et là de points bruns.
La vallée de l’Ouad Iberqaqen est moins importante que celle d’où nous sortons :
étroitement encaissée entre des talus rocheux, elle a 50 mètres de large; le fond
est rempli de palmiers ombrageant des cultures qui se prolongent en escaliers
sur les premières pentes des flancs. Le lit de l’ouad a 8 mètres de large et est cou-
RECONNAISSANCE AU MAROC.
176
vert de galets; il est à sec; de larges canaux, pleins jusqu’au bord, coulent sur les
deux rives, apportant l’eau de la montagne aux habitations et aux cultures. Des
villages, qui appartiennent aux Iberqaqen, s’échelonnent de distance en distance,
suspendus aux premières assises du roc. A partir de Toug el Khir, la vallée se rétré¬
cit. encore : elle n’a plus que 30 mètres; en même temps les flancs deviennent plus
escarpés : ce sont des talus de roche jaune très raides, hauts de 100 à 150 mètres.
Les plantations qui s’étageaient sur leurs premières pentes disparaissent; le fond
seul ne cesse d’en être couvert; les palmiers diminuent et font place aux oliviers
et aux amandiers. Les villages sont toujours nombreux; à chaque coude où la
vallée s’élargit, on en voit un. A 3 heures et demie, nous arrivons dans celui de
Tidgar où nous ferons gîte; nous descendons chez un ami de Ou Addi.
A Tidgar, les palmiers ont disparu de la vallée de l’Ouad Iberqaqen. On la voit
se prolonger au loin, ligne foncée serpentant entre deux massifs de roche jaune : des
amandiers et des oliviers en
garnissent le fond; des vil¬
lages se distinguent sur les
premières pentes de ses flancs.
Nous avons rencontré au¬
jourd’hui beaucoup de monde
sur notre route.
Chez les Isaffen et les Iber¬
qaqen, les maisons sont tantôt
en pierres grossièrement cimentées, tantôt en mauvais pisé; chez les Isaffen, où le
pisé domine, il forme des constructions sans solidité ni élégance : on est loin des
gracieuses demeures des Ait Zaïneb. Chez les Iberqaqen, la plupart des bâtiments
sont en pierre; les terrasses qui les couvrent sont des plus primitives : on se con¬
tente de juxtaposer des pierres plates sur une rangée de poutrelles d’olivier, et de les
maintenir par de gros cailloux placés en dessus, comme aux chalets.
16 janvier.
Départ à 8 heures et demie du matin. Notre hôte nous escorte pendant trois heures;
puis il nous laisse, le pays ne présentant plus de péril. Je quitte à Tidgar la
vallée de l’Ouad Iberqaqen; je remonte à mi-côte un ravin désert, sans espace au
fond, dont les flancs, très escarpés, sont des parois monotones de roche jaune : le
sentier est une longue rampe serpentant au bord du précipice; taillé dans le roc,
il a pour sol une pierre lisse et glissante, chemin aisé pour les piétons, difficile et
dangereux pour les bêtes de somme. Pas trace de végétation : de toutes parts on
ne voit que la surface jaune du rocher.
Haute vallée de l’Ouad Iberqaqen.
(Vue prise de Tidgar, dans la direction du nord-nord-ouest.)
Croquis de l’auteur.
DK TIS1NT A MOGADOR.
177
V 10 heures, le pays change; parvenu à l’extrémité du ravin, je me trouve au
bord méridional d’un vaste plateau sur lequel je m’engage : plus de gorges .à pen¬
tes abruptes; plus de hautes cimes au-dessus de ma tète : devant moi s’étend
un plateau ayant une pente très faible du nord au sud et ne présentant que
des ondulations légères, vallées sans profondeur et collines sans élévation. 11 cou¬
ronne le Petit Atlas, et sa ligne défaite, vers laquelle je marche, est le point culmi¬
nant de la chaîne. Dans le lointain, on aperçoit le pic couvert de neige du Djebel
Ida ou Ziqi, un des sommets du Grand Atlas. Je m’avance vers la. crête supé¬
rieure du plateau, tantôt montant, tantôt descendant : le sol est aux deux tiers ter¬
reux, un tiers est rocheux; il est en grande partie couvert de cultures semées d’a¬
mandiers, qui poussent au milieu des champs comme les pommiers en certaines
régions delà France; une multitude de villages apparaissent à l’horizon; autour
d’eux surtout les cultures sont nombreuses et les amandiers serrés. Je rencontre
beaucoup de femmes dans la campagne; contre l’usage ordinaire, elles sont
occupées des travaux de la terre; on voit les unes labourer avec un bœuf ou
un âne, les autres bêcher. Une grande activité règne partout : c’est la saison des
semailles. Je remarque de nombreuses citernes (1); d’ici à Mogaclor, j’en trouverai à
chaque pas le long du chemin : en ces régions où il y a peu de rivières et peu de
sources, leurs eaux sont d’ordinaire les seules que possèdent les habitants. A midi
et demi, je parviens à la crête presque insensible qui forme le faite du Petit Atlas :
elle marque à la fois la limite du versant sud de cette chaîne et celle de la tribu des
Iberqaqen. Le point où le chemin la franchit s’appelle Tizi Iberqaqen. De là, j’a¬
perçois vers le nord une longue bande bleue bordée d’argent : le Grand Atlas
avec ses cimes neigeuses, brillant dans un rayon de soleil. Je quitte ici le bassin du
Dra et je passe dans celui du Sous; en même temps j’entre sur le territoire des Ila-
len. Le plateau qui couronne le Petit Atlas s’étend sur le sommet de son versant
nord comme sur celui de son versant sud; des deux côtés du Tizi Iberqaqen,
le pays est semblable : même sol plat, même terre féconde, mêmes cultures semées
d’amandiers, même population dense. La partie où je pénètre esl encore plus
riche que la précédente : à mesure qu’on avance, les
villages se font plus nombreux, les champs couvrent
un espace plus grand et finissent par envahir presque
(1) Ces citernes portent le nom de med/ia , an pluriel medàfi. Chez les
tsaffen et surtout chez les Iberqaqen, les Ilalen, les Chtouka, les Haha,
on en rencontre une quantité prodigieuse ; les parties de ces quatre der¬
nières tribus que je traverserai ne sont alimentées que par l'eau des
citernes. Aussi ces constructions utiles y sont-elles soignées et est-on
arrivé à un certain degré de perfection dans leur aménagement : elles sont maçonnées en pierre et quel¬
quefois creusées dans le roc. Voici la coupe et la projection du modèle le plus usité.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
178
RECONNAISSANCE AU MAROC.
tout le sol. Celui-ci, au bout de peu de temps, n’est que terre, avec de rares
portions pierreuses ; la roche disparaît. Les amandiers s’étendent par endroits à
perte de vue et donnent à ce plateau fertile un aspect unique.
A 4 heures, nous arrivons à Azararad, village des Ida ou Ska, fraction des Ilalen.
Nous nous y arrêtons chez un ami de Ou Addi. Je n’ai pas vu un seul cours d’eau
pendant la marche d’aujourd’hui. Parmi les nombreux villages que j’ai rencon¬
trés, un était fort important : Agadir Iberqaqen Fouqani; il a 300 ou 400 maisons :
la plupart sont vides durant une portion de l’année; situées dans la région où se
trouvent les principales cultures de la tribu, elles se remplissent aux époques du
labour et de la récolte et servent de magasins aux grains et aux amandes. Des
gens de toutes les parties du territoire, même du bas Ouad Iberqaqen, y possèdent
des demeures.
Il existe une différence frappante entre le village cl’ Azararad et ceux du versant
sud de la chaîne : ces derniers étaient, on l’a vu, mal bâtis. Azararad, au contraire,
se distingue par la beauté de ses constructions : toutes les maisons y sont en pier¬
res, non taillées, mais cimentées avec soin; le long des murs, des gouttières prati¬
quées avec adresse conduisent l’eau de pluie dans des réservoirs; chaque habitation
a sa citerne ; les portes , hautes et larges , sont cintrées : les arcades en sont faites
de pierres de diverses dimensions habilement ajustées; fenêtres, crête des murs,
gouttières sont blanchies à la chaux. Les terrasses sont formées de pierres plates re¬
couvertes d’une couche de terre et maintenues par de gros cailloux. Sur tout le ter¬
ritoire des Ilalen, les constructions sont pareilles, toutes soignées, toutes en pierre;
je ne retrouverai le pisé qu’en entrant chez les Chtouka.
17 janvier.
Départ à 8 heures du matin. Nous marchons seuls : devant demeurer toute la
journée sur le territoire des Ilalen, Ou Addi nous suffit comme protection. Nous con¬
tinuons à cheminer sur le plateau d’hier : il ne se modifie pas; même sol, mêmes
ondulations; les cultures le couvrent en entier, les amandiers l’ombragent à perte de
vue; plus de villages que jamais. Jusqu’à présent les amandiers n’avaient ni fleurs
ni feuilles : je les verrai tous en fleur à partir du Tenin de Touf el Azz. A 11 heures,
j’atteins la limite septentrionale du plateau; il fini! de ce côté aussi brusquement
que vers le sud. En le quittant, je descends une succession de ravins qui me mènent
à une vallée profonde, celle de l’Ouad Ikhoullan. La région qu’on traverse jusque-là
est montagneuse el boisée : côtes terreuses semées de blocs de roche, grands argans,
pentes raides, gorges encaissées. Au fond de ces dernières sont des ruisseaux à sec,
avec des lits de galets el parfois de roc. Sur les croupes, à l’ombre des argans, pous-
DH TISINT A MOGADOR.
179
sent des genêts à Heurs jaunes de 1 mètre de haut; beaucoup de verdure au ras
du sol; entre les rochers percent des taçououts, les premiers que je voie depuis le
Moyen Atlas. Ces forêts ne sont pas désertes; plusieurs villages apparaissent sur les
crêtes ou à mi-côte, et un plus grand nombre au fond des ravins. Chacun d’eux
a sa ceinture de jardins, plantations en amphithéâtre où croissent amandiers, gre¬
nadiers et oliviers. Les chemins de cette région sont pénibles : je descends plusieurs
rampes très rapides ; point de passage difficile.
A 3 heures, je parviens à la vallée de l’Ouad Ikhoullan; elle a 400 mètres de large
et est couverte de cultures; les flancs en sont de hauts talus boisés; plusieurs vil¬
lages sont près de moi, dans le fond; d’autres brillent au versant de la montagne.
Au milieu de la vallée serpente la rivière, dont le lit à sec, tantôt de gravier, tantôt de
galets, a 50 ou 00 mètres de large. J’en descends le cours durant un quart d’heure,
puis je gagne le pied du liane gauche. Je le gravis. Terrain semblable à celui de
tout à l’heure, boisé de grands argans, avec gazon, genêts, taçououts, poussant à leur
ombre; pentes raides, sol tantôt pierreux, tantôt terreux, hérissé de blocs de roche.
A 4 heures et demie, j’arrive au sommet de la côte. Je me trouve en face d’un nou¬
veau plateau , analogue à celui de ce matin en fertilité, abondance de cultures et
nombre de villages, mais plus accidenté. Nous nous y engageons et nous y marchons
durant le reste de la journée. A 5 heures et demie, on fait halte : nous voici à Afi-
kourahen, petit village, patrie de Ou Addi. Le plateau où nous sommes est cultivé
sur toute son étendue; on ne voit plus d’amandiers : de grands argans, arbres sécu¬
laires, les remplacent; plantés symétriquement dans les champs, ils les couvrent
à perte de vue. Ce plateau est comme un second échelon du Petit Atlas, celui que
j’ai quitté ce matin en formant le premier. Je n’en traverserai plus d’autre d'ici à la
vallée du Sous : Afikourahen domine directement celle-ci. De la maison de Ou Addi,
la vue est merveilleuse : à l’ouest, dans le lointain, la plaine des Chtouka, et au
delà une ligne bleue, l’Océan; au nord, la vallée de l’Ouad Sous, bordée par
la masse sombre et les pics neigeux du Grand Atlas; au point où l’Atlas expire, et
où commence la mer, on distingue, à 75 kilomètres, Agadir Irir, dont les murs
blancs couronnant un cône bleuâtre brillent au soleil comme un diadème d’argent.
L’Ouad Ikhoullan est la seule rivière que j’aie vue aujourd’hui. J’ai rencontré
beaucoup de monde sur les deux plateaux traversés au commencement et à la fin de
la journée, peu dans la région montagneuse et boisée qui les sépare : sur les pla¬
teaux, c’étaient des travailleurs labourant les champs; dans la montagne, des voya¬
geurs isolés. En passant dans la vallée de l’Ouad Ikhoullan, il s’est produit un inci¬
dent qui a failli être funeste à Ou Addi. Comme nous descendions la rivière, nous
apercevons derrière nous cinq hommes, armés jusqu’aux dents, lancés à notre
poursuite. Ou Addi les regarde : « Ce sont des Ikhoullan qui courent après moi! »
RECONNAISSANCE AU MAROC.
ISO
s’écrie-t-il. Échanger son long fusil de Chleuh contre le fusil à deux coups du Hadj,
s’enfuir à toutes jambes vers le hameau le plus proche, est pour lui l’affaire de
moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le Hadj et moi restons en arrière. Les
cinq Ikhoullan ne s’arrêtent pas à nous; ils nous dépassent, cherchant à rejoindre
notre compagnon. Bientôt ils disparaissent dans le village où nous l’avons vu entrer.
Nous attendons quelque temps, très anxieux du sort de Ou Addi. Enfin le voilà qui
revient, avec un notable du lieu, son ami, de qui il a eu le temps de prendre l’a-
naïa. D’un autre côté retournent ses ennemis, arrivés trop tard pour lui faire un
mauvais parti. Notre compagnon nous rejoint : nous nous remettons aussitôt en
route; son sauveur nous escorte pendant une heure, jusqu’à ce que nous soyons en
sûreté. Les hommes qui nous ont poursuivis appartiennent à un village devant le¬
quel nous avons passé : ce ne sont pas des brigands, llalen comme Ou Addi, ils font
partie de la fraction des Ikhoullan, tandis que notre ami est de celle d’Afra : les deux
groupes sont en ce moment en guerre. Ou Addi avait été aperçu de ce village :
aussitôt sa présence connue, cinq hommes s’étaient mis à sa poursuite, non pour
nous voler, mais pour le tuer.
2°. — D’AFIKOURAHEN A MOGADOR.
18 et 19 janvier.
Séjour à Afikourahen. Je suis l’hôte de Ou Addi. Il y a plus d’un an qu’il n’avait
vu sa famille; je lui accorde deux jours de repos auprès d’elle.
Les constructions de ce pays sont soignées : tout est en pierres cimentées; les ha¬
bitations sont grandes et élégantes; elles ont un ou deux étages, des escaliers com¬
modes, des portes larges et solides. Dans les régions que j’ai parcourues depuis Tatta
et dans celles que je traverserai d’ici à Mogador, les villages ne sont point entourés
de murs : cependant il existe des distinctions; les uns, bien qu’ouverts, sont orga¬
nisés d’une façon défensive, les autres sont sans défense. Chez les Isaffen, les Iber-
qaqen, les llalen, la plupart sont aménagés de manière à pouvoir résister à une
attaque : dans la fraction d’Afra, les murs des maisons sont percés de meurtrières à
chaque étage et les terrasses munies d’un parapet crénelé. Ces précautions disparaî¬
tront dès que je quitterai les llalen, et les hameaux présenteront l’aspect le plus
pacifique. Jusqu’à mon entrée dans la fraction d’Afra, les habitations étaient réunies
en villages; d’Afra à Mogador, il n’en sera presque jamais ainsi : sauf rares excep¬
tions, je ne rencontrerai plus de villages, mais des hameaux, ou des demeures
disséminées seules ou par petits groupes dans la campagne; plus rien de guer-
DE TISINT A MOGADOR.
181
rier; parfois une tour se dressera entre quelques maisons : ce 11e sera qu’un orne¬
ment, signe de la demeure, d’un riche. Dans cette région je cesserai de voir des
jardins entourer les lieux habités; adieu figuiers, grenadiers, vignes, frais bos¬
quets, ceinture habituelle des villages marocains : d’ici à Mogador, hameaux et
maisons s’élèvent tristement en plein champ, au milieu des labourages. Tout au
plus ont-ils des haies de cactus. O11 voit d’après ce qui précède que la tirremt d’un
modèle si régulier et si uniforme, que j’ai rencontrée constamment du Tàdla à Ta-
zenakht, 11’existe en aucune façon dans ces contrées. Je suis, depuis Tisint, en plein
pays d’agadirs.
Le costume demeure ce qu'il était à Tizgi et dans les tribus intermédiaires; un
détail d’équipement, la poudrière, se modifie chez les Ilalen. Elle consiste en
une petite boite métallique, en forme de cylindre très bas. Ce modèle est en usage
chez les Ilalen et les Chtouka; dans le reste du bassin du Sous et chez les Haha,
on se sert de la corne, du type connu. Le fusil et le poignard sont les mêmes qu’au-
paravant; pas de sabres ni de baïonnettes.
20 janvier.
Départ à 10 heures et demie. Nous reprenons notre marche sur le plateau où nous
sommes; il est toujours couvert de cultures, toujours seme d’une foule de villages.
A midi, je passe de la tribu des Ilalen dans celle des Chtouka; le pays ne se modifie
pas : politiquement, cette frontière est importante; elle marque la limite entre le
blad es sîba, d’où je sors, et le blad el makhzen, où j’entre. Jusqu’à 2 heures, le pla¬
teau reste tel qu’il était auprès d’Afikourahen , fort accidenté; à 2 heures, il s’aplanit
et ne présente dès lorsque des ondulations légères; il continue à être cultivé à perte
de vue, ombragé d’argans et semé de villages : ceux-ci sont moins nombreux que
chez les Ilalen. Vers 3 heures, j’arrive au bord septentrional du plateau, au som¬
met du talus qui le sépare de la plaine du Sous; ce talus est analogue à celui que
j’ai descendu hier, de 11 heures à 3 heures : côtes raides et ravinées; terrain pier¬
reux, avec beaucoup de rochers, boisé d’argans; sous les arbres, des genêts jaunes,
des jujubiers sauvages, des tacououts couvrent le sol. Chemin pénible, mais non
difficile. J’entre dans la forêt et me mets à descendre; vers 4 heures moins un quart,
je parviens au pied du talus. Devant moi s’étend une plaine triangulaire, de 5 à G
kilomètres de long; un klieneg, vers lequel je me dirige, la termine; elle est entou¬
rée d’une ceinture de collines basses sur les premières pentes desquelles brillent,
comme des taches blanches, une multitude de hameaux. La plaine est couverte de
cultures ombragées d’argans; sol do sable, sans une pierre. Ici, comme chez les
Ilalen, la plupart des groupes d’habitations sont dominés par une tour indiquant
182
MECONNAISSANCE AU MAROC.
la demeure du chikh; les constructions n’ont plus l’appareil défensif des précé¬
dentes. Elles cessent d’être de pierre et sont en pisé blanc. A 4 heures et demie,
j’atteins l’entrée du klieneg; je m’y arrête au hameau de Taourirt ou Selîman.
Durant la journée, j’ai rencontré beaucoup de monde sur le chemin, travailleurs
et voyageurs. Le seul cours d’eau de quelque importance que j’aie vu est l’Asif Ait
Mezal (lit de gros galets de 15 mètres de large, au milieu duquel coulent 5 mètres
d’eau de 30 centimètres de profondeur). Parmi les villages qui se sont trouvés sur mon
chemin, il en était un d’aspect particulier : celui d’Aït Saïd. Les maisons, hautes,
à terrasses .couronnées de créneaux, en sont autant de petits châteaux; toutes
sont blanchies, luxe suprême du pays : il n’en existe point de plus belles dans les
villes. Ce sont les demeures de la riche famille des Ait Saïd. Celle-ci est une nom¬
breuse maison de négociants faisant le commerce entre Mogador d’une part, le
Sahel, Aqqa, Tizounin et Tindouf de l’autre : elle exporte de Mogador les objets de
provenance européenne et y importe les dattes et la gomme du Sahara, les amandes
des Ilalen et les produits du Soudan qu’elle achète à Tindouf et dans le Sahel. Les
Ait Saïd ont des résidences en ce lieu qui est leur berceau, mais une partie d’entre
eux vit à Mogador.
A Taourirt ou Selîman, nous recevons l’hospitalité du chikh du village. Le nom
de chikh, chez les Chtouka et les Ilalen, signifie l’homme le plus riche du hameau;
tout petit centre, fût-il de 3 ou 4 maisons, a son chikh; il ne s’ensuit pas que cet in¬
dividu soit un grand personnage. Dans le blad el makhzen, ces chikhssont nommés
ou acceptés par les qaïds ; leur considération n’en est pas augmentée et ils n’ont
jamais que celle, passagère, qui s’attache à leur fortune.
Chez les Chtouka, les armes sont les mêmes que chez les Ilalen, mais les vêtements
changent : plus de khenif; chaque homme porte une chemise de cotonnade ou de
laine blanche, un petit turban blanc laissant à nu le sommet de la tète, un liaïk ou
un bernons de même couleur; le bernous a une forme et un nom particuliers : il est
très court et s’appelle selham. Pour les femmes, la toilette n’offre puis de modifica¬
tion, à l’exception du voile de laine noire qui disparaît. Le costume des Chtouka est
celui des Ksima et des Haha.
Les Chtouka, comme les Ksima, les Haha et les diverses tribus que j’ai traversées
depuis Tizgi Ida ou Baloul, sont Imaziren (Chellaha) et parlent le tamazirt. Celles
qui habitent la montagne, Isaffen, Iberqaqen, Ilalen, ne savent guère que cette lan¬
gue; parmi celles de la et'» te, chez les Ksima surtout, l’arabe est répandu.
21 janvier.
Départ à 8 heures et demie. Durant toute la journée, nous marcherons de concert
DE TISINT A MOGADOR.
m
avec une caravane que nous avons rencontrée hier au gâte. Bien que nous soyons en
blad el makhzen, il est plus prudent d’aller en compagnie que de cheminer seuls.
Après avoir traversé le kheneg à l’entrée duquel je m’étais arrêté hier, je trouve
une immense plaine où je cheminerai jusqu’au soir; plaine de sable rose, unie
comme une glace, sans une pierre, sans une ride, sans une ondulation, s’étendant
depuis le pied du Petit Atlas, où je suis, jusqu’à la mer d’une part, au Grand
Atlas de l’autre, et traversée par l’Ouad Sous. La portion que j’ai devant moi, occu¬
pée presque tout entière par les Chtouka, est d’une fécondité admirable; une partie
est cultivée, l’autre est en pâturages et en forêts. Les cultures ne sont plus semées
d’argans; aucun arbre ne les ombrage : ce sont des successions de champs uni¬
formes séparés par des haies vives; çà et là, on y voit des puits; et, auprès, quel¬
ques figuiers; une multitude de hameaux s’y élèvent : dans les portions labou¬
rées, on en a sans cesse douze ou quinze en vue : ils sont ouverts et sans défense,
les tours y sont rares; ce sont des constructions de pisé rose, sans arbres aux alen¬
tours, si ce n’est des figuiers de Barbarie; ils respirent la prospérité. Ces parties
cultivées de la plaine forment une des contrées les plus fertiles et les plus peu¬
plées du Maroc. Les portions boisées présentent un aspect tout différent : là , plus
de champs, plus d’habitations; des forêts d’argans séculaires étendent leur ombre
sur la surface unie du sol, qui se couvre d’immenses pâturages; pas un sillon,
pas une maison n’interrompent la monotonie de ces vastes prairies, sous leur dôme
de feuillage : seuls habitants de ces solitudes, on rencontre de loin en loin des trou¬
peaux de vaches, de moutons et de chameaux, paissant sous les arbres. La principale
de ces forêts s’appelle Targant n Ououdmim; elle est célèbre par ses serpents : les
Aïssaoua y viennent de loin en faire leur provision.
Cheminant ainsi, tantôt à travers le recueillement des grands bois, tantôt au mi¬
lieu de riantes cultures et d’innombrables villages, je parviens vers le soir non loin
de l’OuadSous. Je m’arrête à 5 heures dans un hameau, à quelque distance du fleuve.
Je n’ai cessé de rencontrer beaucoup de monde sur le chemin. De toute la journée,
il ne s’est pas présenté un seul cours d’eau, ni rivière ni ruisseau. J’ai passé par-
un marché, le Tenin des Ida ou Mhammed, où j’ai fait une halte assez longue.
22 janvier.
Départ à 6 heures et demie du matin. Je me dirige vers l’Ouad Sous; d’ici là ce
n’est qu’un vaste jardin : champs bordés de cactus, ombragés d’oliviers, de figuiers
et d’argans, semés d’une foule d’habitations; le chemin, garni de haies, serpente
entre les vergers et les maisons qui se succèdent sans interruption. Au travers de
cette riche contrée, j’arrive, à 7 heures et demie, au bord du fleuve. Je le franchis
184
RECONNAISSANCE AU MAROC.
à un gué : le lit, de sable, a 100 mètres de large; 75 mètres sont à sec; les 25 au¬
tres sont occupés par une nappe d’eau limpide, profonde de 50 centimètres; courant
de rapidité moyenne. En amont et en aval du gué, le fleuve, gardant même largeur,
change d’aspect : l’eau, moins courante et moins haute, s’étend sur la surface
du lit dont le fond, devenu vaseux, se garnit de roseaux. Depuis l’endroit où je l’ai
passé jusqu’à celui où je le perdrai de vue, l’Ouad Sous aura la même apparen¬
ce : une bande de 100 mètres couverte de roseaux. Je descends la rive droite; le
sol est à peine à un mètre au-dessus du niveau de l’eau; c’est du sable, tapissé de
gazon et de joncs, et ombragé de tamarix. Ce terrain bas et humide, qui forme un
ruban de 300 mètres le long du côté droit, peut être considéré comme faisant partie
du lit. Au Tlâta des Ivsima, je quitte les bords du fleuve et gagne un village voisin,
résidence de Sidi Abd Allah d Ait Iahia, marabout d’Ez Zaouïa, de Tisint, depuis
longtemps établi en cette région. Du Tlâta à sa demeure, ce ne sont que cultures,
jardins et villages : au milieu de la verdure se dresse, dominant le pays, la haute
maison blanche de Hadj El Arabi, vrai château, avec deux énormes tours que j’aper¬
çois depuis Taourirtou Selîman. Hadj El Arabi est un simple particulier, fort riche.
A 8 heures et demie, nous sommes chez S. Abd Allah ; c’est un compatriote et un
ami du Hadj; nous comptons sur lui pour nous accompagner et nous protéger dans
le Haha, où il jouit, comme ici, d’une grande influence. En arrivant, nous appre¬
nons qu’il est absent; nous ne trouvons que son tils. Celui-ci, beau jeune homme
d’une vingtaine d’années, Hartâni de couleur presque noire, nous accueille à mer¬
veille : le Hadj, excellent homme aimé de tous ceux qui le connaissent, est reçu à
bras ouverts. 11 est bientôt convenu que nous passerons là le reste de la journée; le
lendemain nous nous remettrons en route, accompagnés par le jeune marabout, qui
nous escortera jusqu’à Mogador.
23 janvier.
Départ à 9 heures. D’ici à Agadir Irir, la plaine où je suis depuis avant-hier se
continue; elle est couverte partie de cultures, partie de pâturages : ces derniers
sont semés çà et là de jujubiers sauvages; plus d’argans. A 10 heures et demie,
le pays devient désert; on entre dans un fourré d’arbres et de broussailles
5
DU TISINT A MOGADOK.
185
petits argans et jujubiers sauvages. A 11 heures, après avoir franchi quelques dunes
de sable de 8 à 10 mètres de haut, je me trouve au bord de la mer. Je longe le ri¬
vage jusqu’à Agadir. Le chemin passe au-dessous de cette ville, à mi-côte entre
elle et Founti : Founti est un hameau misérable, quelques cabanes de pêcheurs;
Agadir, malgré son enceinte blanche qui lui donne un air de ville, est, me
dit-on, une pauvre bourgade, dépeuplée et sans commerce. A partir de là, je suis
la côte, cheminant à mi-hauteur de la falaise qui la borde; elle n’est ni très haute
ni très escarpée : c’est un talus pierreux, parfois rocheux, tapissé de broussailles
basses et d’herbages; le jujubier sauvage et la taçouout y dominent. Vers 2 heu¬
res moins un quart, je descends pour traverser, à quelques mètres de son embou¬
chure, l’Asif Tamrakht : la vallée en est remplie de cultures; plusieurs villages
s’v voient à quelque distance. La rivière forme deux bras, larges Lun de 15 mè¬
tres, l’autre de 50; tous deux ont un lit de sable; le premier est à sec, des flaques
d’eau sont dans le second. Au delà je reprends mon chemin le long de la falaise.
Vers 3 heures, celle-ci change d’aspect : elle devient plus rocheuse et se couvre d’ar-
gans de -1 à 0 mètres de haut; je cesse de la suivre et je monte vers sa crête.
J’y parviens à J heures moins un quart ; c’est la fin de la forêt : je suis à la lisière
d’un plateau à ondulations légères, couvert en grande partie de cultures qu’om¬
bragent des argans comme chez les Ilalen; une multitude de bâtiments isolés, de
groupes de maisons y apparaissent. Je fais halte à 4 heures, à une des premières
habitations. C’est une nezala. On donne ici ce nom à des postes habités par des fa¬
milles attachées au makhzen , qui ont pour devoir d’assurer la sécurité des routes
et sont autorisées à percevoir de faibles droits de péage. Ces nezalas sont installées
dans un petit nombre de tribus soumises : elles ne font régner qu’une demi-sû¬
reté; ici, comme ailleurs, les étrangers n’osent guère voyager seuls.
Entré dans la tribu des II ah a ce matin, à Agadir, j’y resterai jusqu’à mon arrivée
à Mogador. Ce que j’ai aperçu fie leur territoire donne une idée complète de ce que
j’en verrai dans la suite. Leur pays peut se diviser en quatre portions : 1° les
falaises du rivage, partout telles que je les ai vues; 2° des vallées, à fond cultivé
et semé de villages; 3° des côtes : toutes sont boisées d’argans; le sol en est partie
de la terre, partie une roche blanche; les pentes, assez raides, en sont sillonnées
de ravins escarpés; sous les argans, poussent des jujubiers sauvages et mille sortes
d’herbes, et vivent des quantités énormes de gibier, perdreaux innombrables, san¬
gliers, lièvres, lynx, etc.; 4° des plateaux : ils forment la quatrième portion du
territoire et la plus importante; ces terrasses ressemblent à celle d’Afîkourahen;
elles sont moins accidentées, ne présentent que des ondulations légères, et ne
sont pas peuplées partout : la majeure partie de leur surface est couverte de cul¬
tures, champs d’orge et de blé plantés d’argans comme ceux du bas territoire des
RECONNAISSANCE AU MAROC. ^ 1
186
MECONNAISSANCE AU MAROC.
Ilalen; au milieu des labours s’élèvent une foule d'habitations, dispersées une à une
ou par deux ou trois, ('liez les llaha, non seulement on ne trouve pas de centre de
quelque importance, mais on ne voit point les hameaux des Chtouka et des 11a-
len ; les maisons se dressent isolées au milieu des champs, ou réunies par très petits
groupes : elles sont en pisé blanc ; celles des riches sont bien construites, avec des
encadrements de portes en pierres de taille et de hautes tours carrées, à angles et
couronnement de pierre : la contrée fournit en abondance une pierre blanche, ten¬
dre, facile à travailler, mais peu solide, qui sert pour ces édifices. Les cultures,
parfois serrées sur une longue étendue, ailleurs clairsemées, occupent les 2/3 de la
surface des plateaux; le reste est garni de pâturages, avec des bouquets d’argans
et, par places, de grands genêts blancs. Je n’y ai vu qu'une forêt, la Kaba Ida ou
Gert, à la porte de Mogador. Le sol est de terre blanche mêlée de beaucoup de
pierres. Ces hautes terres, où sont concentrées la plupart des cultures et des habita¬
tions des llaha, n’ont d’autre eau que celle des medfias.
24 janvier.
Départ à 7 heures et demie du matin. Arrêté à 5 heures du soir, sur les bords de
l’Ouad Ait Amer. Ma route s’esl effectuée successivement dans les diverses régions
que je viens de décrire, sans donner lieu à aucune remarque nouvelle. La seule chose
à noter est la composition cl’une portion de la falaise, entre la nezala où j’ai passé la
nuit et le foudoq qui est au-dessous, sur la côte; la partie supérieure de cette fa¬
laise est formée d’énormes blocs de coquillages agglomérés; là, pendant quelque
temps, on ne voit trace ni de terre ni de roche : tout le sol n’est fait que de ces co¬
quillages pétrifiés; le chemin passe sur leur surface.
J’ai rencontré peu de monde aujourd’hui et n’ai travers*' aucun cours d’eau im¬
portant.
* 25 janvier.
Départ à 8 heures du matin. Arrêté à 1 heures du soir, à la maison de lladj Abd
el Malek. On voit plus de passants qu’hier. Traversé l'Ouad Aït Amer (lit de gros
galets, de 50 mètres de large, avec un filet d’eau courante de 2 mètres); cette rivière
est la seule que j’aperçoive de la journée.
26 janvier.
Séjour chez lladj \bd el Malek.
DK T [SI NT A MOGADOH.
I ST
27 janvier.
Départ à 7 heures du matin. Arrêté à 6 heures du soir, chez un ami de notre
marabout. Le pays reste tel que je l'ai décrit.
J’ai traversé plusieurs petits cours d'eau : l’Asif Ida ou Gelloul (ruisseau desséché;
6 mètres de large), l’Ouad Ait Bou Zoul (40 mètres de large; à sec), l’Ouad Ijariren
(3 mètres de large; à sec; affluent de l’Ouad Ait Bou Zoul), l’Ouad Imariren (15 mè¬
tres de large; à sec; le cours supérieur traverse des gisements de sel, non loin
d’une source d’eau vive, Ain Imariren, la seule que j’aie vue dans le Haha) , l’Ouad
Ida ou lsaren (à sec; 15 mètres de large près de son confluent), l’Ouad Tidsi (30 mè¬
tres de large; à sec).
2fi janvier.
épart à 7 heures et demie du matin. A 8 heures, j’entre dans une vaste forêt
ombrageant d’immenses pâturages : c’est Baba Ida ou Gert., lieu désert, célèbre par
les brigandages qui s’y commettent. J’en sors à 11 heures et demie; au-delà je
franchis une pelile plaine, en partie couverte de genêts; puis des dunes de sable
me conduisent par une pente douce au bord de la mer. A midi et demi, je traverse
l’Ouad Ida ou Gert. A 1 heure, j’entre à Mogador.
Aussitôt arrivé, j’allai au Consulat de France. J’y fus reçu par le chancelier,
M. Montai. Ce que fut pour moi M. Montai durant mon séjour à Mogador, les ser¬
vices de tout genre qu’il me rendit, rien ne saurait l’exprimer. Puisse tout voya¬
geur, en pareille circonstance, rencontrer même accueil, même sympathie, même
appui ! Heureux ceux dont lo pays est représenté par dos hommes semblables, en qui
un compatriote inconnu trouve dès le premier jour, avec la bienveillance et la pro¬
tection du magistrat, le dévouement d'un ami.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
188
VIL
DE MOGADOR A TISINT.
1°. — DE MOGADOR A DOUAR OUMBAREIv OU DEHEN.
Mogador, dont le 11.0m est écrit en grosses lettres sur nos cartes, est loin d’être
le port important que nous pourrions nous figurer. Celui qui s’attendrait à trouver
une ville en relations constantes avec l’Europe serait déçu. En hiver surtout, les
moyens de communiquer sont rares et irréguliers. Au bout de 45 jours seulement,
je reçus de Paris la réponse à des lettres expédiées le lendemain de mon arrivée. Cet
état tient au peu de commerce que fait aujourd’hui Mogador : ce port 11’a plus
d’affaires qu’avec les Chiadma, lesHaha, les Chtouka, les llalen, le Sahel, Tindouf,
et par là Timbouktou. Il possède le monopole de la majeure partie du trafic du Sou¬
dan, de celui qui se fait par les Tajakant. C’est le plus bel apanage qui lui reste.
Quant au bassin du Sous, quant au Sahara occidental et central, de l’Ouad Aqqa
à l’Ouad Ziz, ils font leurs achats à Merrâkech, et cette capitale reçoit tout de Dje-
dida (Mazagan). Le grand centre commercial du Maroc est la ville de Merrâkech :
au sud de l’Atlas, Fâs fournit le cours de l’Ouad Ziz et la région du Sahara qui est
à l'est de ce fleuve; Mogador approvisionne le Sahel et la petite portion du bassin
du Dra située à l’ouest de l’Ouad Aqqa; Merrâkech alimente tout le bassin du Sous,
l’immense bassin du Dra, sauf les réserves que nous venons de faire, et jusqu’aux
districts arrosés par les affluents de droite du Ziz, tels que le Todra et le Ferkla.
Aussitôt que j’eus reçu les lettres que j’attendais de France, je me mis en route
vers le sud pour regagner Tisint. Mon ami le Hadj m’avait attendu : cette fois je
partais seul avec lui; il avait renvoyé son compagnon.
Du 14 au 20 mars 1884.
Partis de Mogador le 14 mars, avec le fils de S. Abd Allah d Aït labia, que son
père nous avait donné comme escorte, nous arrivâmes à la maison des religieux,
dans la tribu des Ksima, le 20 du même mois. Des pluies torrentielles qui étaient
DK MOGADÜK A TISINT.
ISO
tombées pendant une partie de cette période avaient entravé notre marche; c’est
pourquoi nous avions mis sept jours à parcourir une distance qui se franchit d’or¬
dinaire en quatre. Nous avions suivi une route différente de la première, mais qui
n’avait donné lieu à aucune remarque nouvelle. Par suite des pluies, les rivières
s’étaient grossies : là où un mois et demi auparavant je n’avais vu que des lits des¬
séchés, je trouvais des torrents impétueux. L’Ouad Ait Amer, que je traversai au
même point qu’à l’aller, formait une rivière large de 20 mètres, profonde de 70 cen¬
timètres et si rapide que j’eus beaucoup de peine à la passer.
Aussitôt parvenus à la demeure de notre compagnon, celui-ci nous chercha un
de ses parents, marabout originaire de Mrimima et ami du Hadj. Ce marabout,
S. Ialiia Pou Hebel, moins grand personnage que Sidi Abd Allah, est plus connu que
lui dans la région nouvelle où nous allons entrer : comme S. Abd Allah a ses servi¬
teurs religieux parmi les Ksima et les Ilaha, il a les siens chez les Imseggin et les
llouara. Il fut convenu qu’il nous escorterait jusqu’à Douar Oumbarek ou Dehen. Ce
point se trouve sur la rive droite de l’Ouad Sous, à quelque distance du fleuve, au
nord-est d’Igli.
21 mars.
Départ à 7 heures du matin, en compagnie de Sidi Ialiia. Je remonte l’Ouad Sous,
à 1 ou 2 kilomètres de sa rive droite. Je le verrai toute la journée, serpentant au mi¬
lieu des tamarix , entouré de cultures, avec de grands oliviers ombrageant son
cours et deux rangées de villages échelonnés sur ses rives. Ce qu’il sera aujour¬
d’hui, il le restera jusqu’au delà d’Igli. Le fleuve, avec sa bordure de champs,
d’arbres et d’habitations, forme une large bande verte se déroulant au milieu de la
plaine, 10 mètres au-dessous du niveau général. Un talus à 1/2 relie la dépression
au sol environnant. Je marche au nord du talus, dans la plaine du Sous. C’est une
surface immense, unie comme une glace, au sol de terre rouge sans une pierre;
elle s’étend entre le Grand et le Petit Atlas, depuis la mer jusqu’au haut du Ras el
Uuad; la largeur en esf énorme : d’autant plus grande qu’on descend davan¬
tage, elle est ici de 40 kilomètres et sera encore de 12 chez les Menàba. La
vallée du Sous demeurera la même durant les trois jours que je vais la remon¬
ter : plaine d’une fertilité merveilleuse, enfermée entre deux [longues chaînes, dont
l’une, moins élevée et à crêtes uniformes, borne au sud l’horizon d’une ligne brune,
tandis que l’autre, s’élançant dans les nuages, élève à pic au-dessus de la campa¬
gne ses massifs gigantesques aux flancs bleuâtres, aux cimes blanches (1).
La plaine du Sous, toute d’une admirable fécondité, est loin d’être cultivée en en-
(1) Il y avait autant de neige sur ces parties du Grand Atlas à la fin de mars que deux mois auparavant,
lorsque je les vis pour la première fois.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
190
tier. Pendant que champs, jardins et villages se pressent sans interruption sur les
rives du fleuve , ils sont très inégalement répartis dans le reste de la vallée. Le sol de
celle-ci est occupé partie par des cultures, partie par des prairies, partie par des
forêts; nulle part il n’est nu; partout cette terre généreuse se tapisse d’une ver¬
dure abondante. La portion que je traverse aujourd’hui peut se diviser en trois ré¬
gions de longueurs inégales : dans la première, les cultures occupent un tiers du sol;
le reste est couvert de broussailles et de pâturages : des bouquets de grands argans
croissent çà et là; de nombreux troupeaux de vaches paissent dans les prés; de
temps à autre on rencontre un village, mais ils sont peu nombreux. C’est, le terri¬
toire des Imseggin. La seconde région est une vaste forêt, faisant limite entre les
Imseggin et les Houara : épais bois d argans; quelques villages y apparaissent de
loin en loin dans des clairières; peu de monde, point de troupeaux; le sol, sec jus¬
qu'ici, devient détrempé par endroits : de petites mares, des flaques d’eau le sèment;
les argans ont 4 à 5 mètres de haut; ils ne rappellent, non plus que ceux des Haha,
les magnifiques arbres des Chtouka et des llalen : à leur ombre croît une végéta¬
tion abondante, broussailles et herbe émaillée d’une multitude de fleurs. En sor¬
tant de la forêt, on entre sur le territoire des Houara; une nouvelle région com¬
mence : les arbres, qui étaient si nombreux, deviennent rares; point de cultures, si
ce n’est aux abords des villages : une immense prairie, semée de flaques d’eau, s’é¬
tend de l’Ouad Sous au pied du Grand Atlas; des villages, des fermes isolées sont
en vue : les uns et les autres, comme tous les lieux habités que j’ai rencontrés
aujourd’hui, sont entourés d’une ceinture de cactus, de quelques champs d’orge et
de plantations d’oliviers.
A G heures du soir, j’arrive au grand village d’Oulad Sereïr, où S. Iahia a une mai¬
son ; je m’y arrête.
J’ai rencontré partout, excepté dans la forêt, beaucoup de gens sur ma route.
Tous baisaient pieusement la main de mon marabout, reconnaissable, comme
la plupart de ceux du Sous, à une longue canne ferrée, surmontée d’une pomme
de cuivre, sorte de crosse qui ne le quitte, pas. Mon protecteur paraît un bon homme,
mais c’est le plus enragé fumeur de kif qui soit au monde. Peu de localités, sur no¬
tre passage, où il n’eût un ami, fumeur comme lui. Sitôt qu’on approchait d’un
de ces points, il me quittait, prenait le pas gymnastique, entrait au village, se fai¬
sait donner une pipe, la fumait et me rejoignait : malgré ses soixante -huit ans, il
fit plus de dix fois ce manège pendant à1 trajet. J’ai traversé deux cours d’eau im¬
portants : l’Ouad (d Hamerin (il arrose, au-dessus d’ici, la tribu des Hamerin, qui,
dit-on, doit ce nom à la couleur rouge du sol de son territoire. C’est une belle ri¬
vière : eau de 30 mètres de large et de 80 centimètres de profondeur; courant ra¬
pide; lit de 40 mètres, moitié sable, moitié galets; berges de terre à 1/1, hautes de
DE MOGADOR A TISINT.
3 mètres, couvertes de gazon, de lauriers-roses et de tamarix) ; l’Ouad Semnara
(lit de sable de 40 mètres; berges de 3 mètres de haut à 1/1. L’eau n’a que 3 mè¬
tres de large; elle est limpide et courante).
Durant la marche dans les diverses tribus, Ksima, Imseggin et Houara, dont
j’ai traversé les territoires, trois choses m’ont frappé : l’horizontalité du sol dans
cette large vallée du Sous, la richesse de la végétation, enfin la force des bestiaux :
ce ne sont plus les petites vaches de l’Algérie et du Sahara Marocain, mais de beaux
animaux comme ceux des environs de Tanger, des Zaïan et d’Europe.
22 mars.
Séjour à Oulad Sereïr.
La tribu des Houara, dont j’ai traversé une partie avec l’escorte d’un pauvre ma¬
rabout, est célèbre et redoutée pour ses brigandages. J’ai eu un rare bonheur de ne
point y faire de mauvaise rencontre. Les pillages y sont aussi fréquents que jamais,
bien que, depuis 1882, elle fasse partie du blad el makhzen.Elle est commandée par
un qaïd dont l’autorité s’étend sur tout son territoire, comprenant les deux rives de
l’Ouad Sous. La plupart des Houara habitent des fermes isolées; les autres résident
dans des villages d’une forme particulière à la tribu. Les maisons en sont séparées,
et entourées chacune d’une haie circulaire de jujubiers sauvages ou de cactus. Avec
cet usage, les moindres localités occupent une grande étendue; il y en a d’impor¬
tantes : celle où je suis a 120 feux. Aucun lieu habité qui ne soit environné de
cultures et de jardins; comme arbres, croissent des figuiers, des grenadiers, des oli¬
viers. Les demeures, vastes, sont la plupart flanquées de deux tours ne dépassant
pas en hauteur les murs du bâtiment; on construit en pisé; on couvre en terrasse.
La tribu des Imseggin, que j’ai traversée hier, se divise, me dit-on, en onze
fractions.
Une grande activité commerciale règne en cette région; témoin le nombre de
marchés : on va d’ici à 8 marchés différents : Arbaa Hamerin , Khemîs Oulad Dahou ,
Djemaa Amzou, Sebt el Kefifat, Had Menizela, Tenin Oulad et Teïma, Tlâta Hafaïa,
Sebt el Gerdan .
23 mars.
Le pays à parcourir aujourd’hui est encore dangereux; S. Iahia prend avec lui,
comme renfort, un de ses fils qui demeure à Oulad Sereïr. Départ à (3 heures du
matin. Les arbres recommencent; on voit quelques prairies, mouchetées de bou¬
quets d’argans : la majeure partie du sol, jusqu’à 10 heures et donne, est cou¬
verte de bois; ces forêts sont semblables à celles d’avant-hier : mêmes essences,
mêmes déserts ombragés, mêmes rares clairières où apparaît un village entouré
J 92
RECONNAISSANCE AU MAROC.
de cultures; le peu de prairies qui s’aperçoivent sont semées d’un grand nombre de
fermes isolées; à partir d’Oulad Sereïr, le terrain redevient sec : plus de flaques d’eau.
A 10 heures et demie, forêts et pâturages cessent; j’entre dans des labourages qui
ne tardent pas à occuper toute la surface du sol; ce sont des champs d’orge et de
blé auxquels se mêlent des plantations d’oliviers, de plus en plus étendues à mesure
que l’on avance. Une foule de villages s’élèvent de toutes parts. Bientôt apparaît
une longue ligne noire, forêt d’oliviers d’où émerge le faîte d’un minaret : c’est
Taroudant. A midi et demi, j’arrive au pied des murs. Je les longe sans entrer dans
la ville. L’enceinte de Taroudant est construite en pisé jaune; elle a 5 à 6 mètres de
haut, et 40 centimètres environ d’épaisseur; elle est pleine de lézardes et, bien que
sans brèches, en mauvais état. Pour sa portion sud, dont j’ai suivi les sinuosités, j’ai
constaté l’exactitude du tracé de M. Gatell (I). Taroudant me paraît située à un point
où la vallée du Sous se resserre brusquement sur une courte longueur, à un kheneg
en un mot, mais kheneg peu accentué. Il semble que plusieurs chaînes de hauteurs
parallèles au fleuve se détachent en face d’ici du pied du Petit Atlas et viennent
expirer, près de l’Ouad Sous, en collines sablonneuses boisées d’argans. Aucun cours
d’eau n’arrose la ville; elle est alimentée par de larges canaux dérivés du fleuve.
A 1 heure, je quitte les murs de la capitale du bas Sous. Jusqu’à 2 heures et demie,
le chemin, entouré de haies d’églantiers, serpente entre des champs et des planta¬
tions d’oliviers, au milieu de villages. Les environs de Taroudant sont d’une richesse
extrême. Dès qu’il est labouré, ce sol admirable de la vallée du Sous, dont une
grande partie reste inculte, devient d’une fertilité merveilleuse. A 2 heures et demie,
je m’arrête chez des amis de S. labia, dans une petite zaouïa.
Peu de monde sur ma route jusqu’à 10 heures et demie, beaucoup depuis. J’ai
traversé deux cours d’eau importants : l’Ouad Béni Mhammed (au point où je le
passe, il se divise en trois bras : le bras occidental a un lit de 40 mètres, gravier et
sable, à sec; berges de 75 centimètres; le bras central est semblable au précédent; le
bras oriental a (30 mètres de large; lit de galets; à sec; les deux premiers sont séparés
par une langue de terre couverte de pâturages et de tamarix, les deux derniers par
une surface où ne poussent que des touffes de melbina. Cette rivière n’a d’eau que
d’une façon passagère, au moment des pluies); l’Ouad El Ouaar (à sec; lit de gra¬
vier de 00 mètres; berges de sable, à pic, de 10 mètres de hauteur).
(1) Bulletin tle la Société de Géographie , mars-avril 1871.
DE MOGADOR A TISINT.
193
24 mars.
Départ à 7 heures du matin. Je continue à cheminer à quelque distance au nord
de l’Ouad Sous, hors de la bande de plantations et de villages qui le bordent; la val¬
lée reste ce qu’elle était hier, toujours plate, toujours sans une pierre; comme on
l'a dit, elle se rétrécit par degrés. Jusqu’au territoire des Menâba, le sentier parcourt
une succession de cultures, de pâturages, de taillis et de bois d’argans; on passe au¬
près de nombreux hameaux; à chaque pas on rencontre des troupeaux de bœufs.
A partir de la frontière des Menâba, bois et broussailles cessent ; on trouve quelques
pâturages, mais la majeure partie du sol est occupée par des champs d’orge ou de
blé; les villages sont en plus grande quantité que jamais : comme tous ceux de la
vallée du Sous, ils sont en pisé rouge, plus on moins foncé; dans quelques-uns s’élève
une tour, distinguant la demeure d’un homme riche, d’un chikh. Ils sont bien bâtis,
bien entretenus, non élégants; murs nus, sans ornements. Depuis Taroudant, les
cactus qui les entouraient chez les Houara, les Chtouka, les Imseggin et les Ksi ma,
ont disparu; une sombre ceinture d’oliviers les enveloppe. En marchant dans cette
riche contrée, je parviens aux campements des Oulad Dris. Je m’y arrête à G heu¬
res du soir, dans le douar d’Oumbarek ou Dehen. Le maître de la principale tente,
vieil ami du 11 ad j , m’offre l’hospitalité. Beaucoup de passants aujourd’hui sur mon
chemin. Pendant les dernières heures de marche, j’ai franchi un grand nombre de
canaux, les uns souterrains (feggaras) , les autres à ciel ouvert; ils apportent l’eau
de la montagne aux cultures de la plaine. J’ai traversé trois rivières importantes :
l’Ouad Ziad (lit de 500 mètres de large où coulent, sur un fond moitié gravier, moitié
sable, six bras d’eau de 2 mètres chacun; eau claire; courant rapide); l’Ouad Talk-
jount (lit de 40 mètres, moitié sable, moitié galets; flaques d’eau au milieu; berges
de terre de 3 mètres de haut) ; l’Ouad Bou Srioul (lit de gravier de 50 mètres; nappe
d’eau courante de 3 mètres; berges de terre de 3 mètres).
23 mars.
Séjour chez les Oulad Dris. Ceux-ci sont une petite tribu nomade isolée campant
au nord-est des Menâba, entre ces derniers et les Talkjount. Indépendants autrefois,
ils ont suivi le sort du reste du Ras el Ouad et, en 1882, se sont soumis au sultan.
Celui-ci les a placés sous la dépendance du qaïd des Menâba. Les Oulad Dris labou¬
rent, mais leur fortune principale consiste en troupeaux de chameaux. Ils se. disent
de race arabe; leur langue est l’arabe, la plupart savent aussi le tamazirt. Ils sont
en rapports constants avec le sud, avec Tatta, Tisint, Aqqa, ont des alliances avec
les Ait Jellal et les Ida, ou Blal. Leur costume est plutôt celui du Sahara que celui
KISCONNUSSANCI5 AU MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
194
du Sous : un turban de khent ceint leur tête; comme linge, ils ne portent que du
khent ; leurs vêtements de dessus sont soit le haïk blanc, soit le selham, le kheidous
ou le khenîf.
Dans les autres tribus du Sous que j’ai traversées, Ivsima, Imseggin, Houara,
Oulad Iahia, Ait Iiggas, Menâba, ainsi que chez les Indaouzal, les hommes portent
une chemise blanche, de laine ou de cotonnade, et un haïk de même couleur-; ce der¬
nier se remplace souvent par le selham ou le khenîf; la tête reste nue, ou s’entoure
d’un mince turban blanc. Les femmes portent le vêtement général des Marocaines; il
est chez la plupart en khent, chez les autres en laine ou cotonnade blanche; le khent
passe pour le plus élégant. Les armes se composent du long fusil que l’on connaît, à
crosse large ou étroite, et du poignard recourbé, qoummia; on met la poudre dans
des cornes de cuivre. Les chevaux, sans être nombreux, ne sont pas rares dans
ces tribus. Bien qu’elles appartiennent maintenant au blad el makhzen, les usages y
sont les mêmes qu’en blad es siba : on n’y sort pas des villages sans être armé, on
n’y voyage pas sans zetat; les fractions s’y font journellement la guerre entre
elles, et les routes y offrent en certaines parties plus de périls que dans bien des ré¬
gions insoumises : il est peu de tribus indépendantes plus dangereuses à. traverser
que les Houara. Pendant mon séjour à Oulad Sereïr, on se battait aux environs :
j’entendis la fusillade toute la journée : deux fractions étaient aux prises; le combat
finit à la nuit, par la prise et la destruction d’un village.
Les Ksima, les Imseggin, les Oulad Iahia, les Ait Iiggas, les Menâba et les Indaou¬
zal parlent le tamazirt; les Houara parlent l’arabe. Chez les premiers, la langue
arabe est assez répandue, surtout parmi les Ivsima et les Imseggin. Elle l’est très
peu chez les seuls Indaouzal.
2°. — DE DOUAR OUMBAREK OU DE II EN A TISINT.
26 mars.
Départ à 5 heures du matin. Notre hôte nous donne son fils pour nous escorter
jusqu’à llir. Nous avons à traverser la vallée du Sous et une partie du Petij
Atlas, sur le versant méridional duquel se trouve le qçar. La marche d’aujourd’hui
se divise en deux parties, la première en plaine, la seconde en montagne. En
quittant Douar Oumbarek ou Dehen, je prends la' direction du sud-est, de façon à
couper presque perpendiculairement la vallée de l’Ouad Sous. Jusqu’au fleuve, des
pâturages et des broussailles de jujubier sauvage se succèdent, dominés çà et là
par des bouquets d’argans. Je passe en vue de plusieurs villages, se distinguant
DE MOGADOR A TISINT.
I!)5
à peine au milieu de leurs ceintures d’oliviers. Vers O heures un quart, j’arrive
à l’Ouad Sous; les deux rives sont bordées de cultures, de villages et de jardins,
mais l’aspect du lit est différent de ce qu’il était plus bas. La largeur en est de
près d’un kilomètre; le fond est de gros galets, avec de rares places sablonneuses;
ni roseaux ni joncs, aucune trace de verdure. Au milieu de cette surface grise coule
le tleuve, en trois bras : le premier n’a que 2 mètres d’eau; le second en a 15 avec
40 centimètres de profondeur et un courant très rapide; le troisième a 35 mètres
de large et lm,20 de profondeur : gonflé par des pluies récentes, il forme des
vagues énormes, et le courant en est si impétueux que nous ne pouvons le fran¬
chir seuls : des habitants d’un village voisin viennent à notre secours, nous indi¬
quent un gué, où les eaux, divisées en plusieurs canaux, n’ont au principal
qu’un mètre de profondeur, et nous aident à traverser : c’est une opération longue
et difficile, tant l’onde a de violence. Le gué se trouve en face du hameau de Tafel-
lount. Le lit du Sous est séparé des plantations de ses rives par des berges de terre à
pic, hautes de 1 m, 50. Après avoir passé, je me remets à marcher dans la plaine;
elle garde un même aspect d’ici au pied du Petit Atlas : prairies semées de jujubiers
sauvages et de rares argans; nombreux perdreaux; point de lieux habités; il n’y a
de cultures que le long du fleuve.
A 9 heures un quart, j’arrive aux premières pentes du Petit Atlas; à son pied se
trouvent quelques champs, et à mi-côte des villages. J’entre dans la montagne par
une plaine triangulaire que traverse l’Ouad Tangarfa; elle est couverte de pâturages
avec jujubiers sauvages et argans, semblables à ceux dont nous sortons; le sol,
terreux jusqu’à présent, commence à se semer de pierres qui bientôt deviennent
nombreuses. On passe devant des méditas : il n’y en a point dans la vallée
du Sous; les portions de celle-ci qui ne sont pas alimentées par le tleuve ou
ses tributaires le sont par des redirs et des canaux : les redirs servent à la boisson,
les canaux à ^irrigation des cultures. Parvenu à l’extrémité de la plaine où
je me suis engagé, je remonte la vallée de l’Ouad Tangarfa; puis je la quitte, et je
remonte celle d’un de ses affluents jusqu’au qcar de Tagerra. Ces deux vallées sont
pareilles : le fond en est nu et pierreux, d’une largeur variant entre 30 cl 150 mè¬
tres; les flancs sont des côtes raides, hérissées de roches, boisées d 'argans, de
200 mètres de hauteur; les lits sont presque partout à sec; parfois il y coule un filet
d’eau large au plus de 1 mètre. Le chemin ne quitte pas les thalwegs et est fa¬
cile. Au-dessus de Tagerra, l’étroite vallée que je suis devient un ravin imprati¬
cable, où un ruisseau bondit par cascades au milieu des rochers. Je quitte le fond
à ce village et gravis le flanc droit; montée difficile : le terrain n’est que roches,
aux fentes desquelles poussent de rares argans; plusieurs sources d’eau vive jail¬
lissent du sol. Enfin j’arrive à la crête, et bientôt après à un col. Je me mets
RECONNAISSANCE AU MAROC.
I9G
à descendre une petite vallée, celle de l’Ouad el Asel : elle n’a pas 20 métrés de
large; des talus de roche rose la bordent des deux côtés; ils sont peu élevés et en
pente douce; des qcars et un étroit ruban de cultures ombragées d’amandiers s’é¬
chelonnent sur leurs premières pentes, le long de l’ouad. Cette nouvelle région diffère
de la précédente; le col que j’ai franchi marque la limite entre deux portions du
Petit Atlas : jusqu’à lui, toutes les côtes étaient boisées d’argans; à partir d’ici, cet
arbre disparaît : je ne le verrai plus; du col à Tisint, les flancs des montagnes
seront une roche nue. Autre changement : dans la plaine du Sous les villages étaient
ouverts; ici recommencent les qcars.
Vers 4 heures, l’Ouad el Asel débouche dans une plaine verdoyante, entourée de
hauteurs dénudées; je la traverse : c’est une surface unie, au sol sablonneux couvert
de pâturages; elle s’étend entre l’Ouad el Asel et l’Ouad Ait el Hazen, et se prolonge
jusqu’à leur confluent. J’atteins au bout d’une heure la dernière des deux rivières,
et je la remonte jusqu’au grand village d’Amzoug. Là je fais halte, à 7 heures et
demie du soir. Un ami de notre guide nous reçoit. La vallée de l’Ouad Ait el Hazen,
dans la partie que j’ai parcourue, a 500 à 600 mètres de large au fond, cultivés en
entier; les flancs sont des talus hauts et escarpés de grès noirci, comme celui des
environs de Tazenakht. Dans le bas j’ai rencontré plusieurs grands villages ou qcars
d’aspect prospère, entourés de vergers. La rivière a 60 mètres; lit de gros galets
sans eau.
La plaine que j’ai traversée de 4 à 5 heures forme limite entre les Ait el Hazen et
les Indaouzal. Au sortir du territoire de ces derniers, j’ai quitté le blad el makhzen
et suis rentré en blad es siba. Les Ait el Hazen sont indépendants; autrefois alliés
des Ait Semmeg, ils le sont maintenant des Ounzin. Ils sont Chellaha comme ces
deux tribus et comme les Indaouzal, et parlent le tamazirt : à peine quelques-uns
d’entre eux savent-ils l’arabe.
Peu de monde sur mon chemin, excepté au bord de l’Ouad Sous et dans les
vallées des ouads el Asel et Ait el Hazen. Parmi les rivières que j’ai traversées, il en
est une que je n’ai pas décrite : l’Ouad el Amdad : il a un lit de galets de 100 mètres
de large; au milieu coulent 15 mètres d’eau claire et courante; des berges de terre
à pic, de 2 mètres de haut, le bordent. Les villages et qcars rencontrés au sud de
l’Ouad Sous sont bâtis mi-pierre, mi-pisé.
27 mars.
Départ à 5 heures du matin. Notre hôte de cette nuit nous accompagne; il nous
escortera jusqu’au col d’Azrar. Je continue à remonter POuad Ait el Hazen : la vallée,
qui reste d’abord ce qu’elle était hier, se met ensuite à se rétrécir; puis les cultures
DE MUGADOR A T1SINT.
197
cessent : au bout d’une heure et demie, c’est un sombre ravin dont le fond n’a
d’autre largeur que celle de la rivière, 20 mètres; celle-ci, qui possède à présent
7 à 8 mètres d’eau, est devenue un vrai torrent, tantôt coulant sur un lit de sable,
tantôt bondissant par cascades entre de gros blocs de rochers. La marche est péni¬
ble. Bientôt il faut quitter le fond du ravin pour en gravir le. flanc droit : c’est un
talus rocheux, haut, escarpé; montée raide et difficile. J’arrive au sommet; un pla¬
teau couvert de cultures le couronne; j’y marche quelques minutes, puis je débou¬
che dans une vallée peu profonde, à flancs rocheux et en pente douce, dont le
fond et les premières côtes sont cultivés; on y voit, avec des champs d’orge, des
cactus et de nombreux amandiers. Je la remonte. Elle est près de son origine;
je parviens au col où elle prend naissance. Dès lors, plus de cultures, plus
d’habitations jusqu’à la vallée de l’Ouad Azrar ; d’ici là, je franchis des séries de
crêtes et de ravines désertes : sol noir et rocheux; pas d’autre végétation que de
maigres touffes d ’ 1 1 al fa clairsemées sur les pentes; ce ne sont que montées et des¬
centes; chemin fatigant sans être difficile. A 11 heures, le terrain change : les ro¬
ches font place à une couche de sable blanc, semé de paillettes brillantes; une côte
douce conduit à l’Ouad Azrar, auquel j’arrive un quart d’heure après. Ce cours d’eau
a une large vallée; les flancs de celle-ci sont des montagnes rocheuses de moyenne
élévation, dont les premières pentes, peu rapides, sont, comme le fond, couvertes de
sable blanc et garnies de cultures; la rivière a un lit de 30 mètres dont 7 remplis
d’eau claire et courante; les rives en sont bordées d’amandiers; plusieurs villages,
bâtis en pierre, s’élèvent sur ses bords. Je remonte la vallée jusque non loin de
son point d’origine; puis, je gagne le flanc gauche et le gravis. D’abord pier¬
reux et de pente modérée, il devient tout à coup très raide, et se change
en une paroi à pic : passage difficile; le chemin monte péniblement au milieu de
grands blocs de roche noire d’où jaillissent plusieurs sources. A 1 heure et demie,
j’atteins le sommet; il n’a aucune largeur; c’est une arête aiguë, le tranchant d’une
lame : je le franchis à un col situé presque au niveau du reste de la crête; il s’appelle
Tizi Azrar. Cette arête est la ligne culminante du Petit Atlas : au Tizi Azrar, on passe
sur son versant sud. Du col, j’entre dans un cirque où une rivière prend sa
source; je la descends : c’est l’Ouad S. Mohammed ou Iaqob; à son origine, il a un
peu d’eau qui ne tarde pas à tarir. Au sortir du cirque, il s’enfonce dans un étroit
ravin à flancs escarpés de roche jaune; fond large de 30 mètres : le lit, de ga¬
lets, l’occupe en entier; point trace de végétation. Après avoir coulé un certain
temps ainsi, il débouche dans une plaine pierreuse, dont le sol disparaît sous les
hautes herbes et les genêts. Je l’y laisse poursuivre sa course et, passant à l’est,
je m'engage dans le massif de collines qui borde la plaine de ce côté : endroit mon-
tueux ; terre semée de pierres et rayée de bandes de roches s’allongeant svmétri-
RECONNAISSANCE AU MAROC.
198
quement à fleur de sol; comme verdure, un peu de thym et quelques touffes d’halfa.
Cheminant ainsi, j’atteins une nouvelle vallée, celle de l’Ouad Imi n Tels : je la
descends à son tour: ravin à flancs blanchâtres, rocheux et escarpés, d’autant plus
hauts que j’avance davantage; 15 mètres de large au fond, occupés par le lit de la
rivière; celui-ci est à sec et couvert de galets; point de végétation, ni en bas ni
sur les flancs. A 5 heures et demie, la rivière entre dans la vaste plaine d’Azarar
Imi n Tels (1), qui s’étend d’ici à Ilir; elle est bornée à l’est et à l’ouest par des
collines rocheuses très basses, au sud par une longue ligne de hauteurs brunes et
nues, à crêtes uniformes; le sol est de terre, semée par endroits de beaucoup de
pierres : des jujubiers sauvages, des genêts, diverses herbes la couvrent; de temps à
autre y apparaissent des champs, propriété, les uns d’habitants d’Ilir, les autres de
marabouts de S. Mohammed ou laqob. Pour ce motif, le nom d’Azarar Imi n Tels
est remplacé quelquefois par celui d’Azarar S. Mohammed ou laqob. Au milieu
de cette plaine, nous fûmes surpris par la nuit: l’obscurité devint si grande
que nous perdîmes le sentier; nous errâmes quelque temps à l’aventure, nous
accrochant aux broussailles et trébuchant dans les pierres : à 7 heures, quoi¬
que certains d’être près d’ilir, mes deux guides abandonnèrent l’espoir de retrouver
le chemin; nous nous arrêtâmes au pied d’un buisson et y passâmes la nuit.
28 mars.
Départ à G heures du matin. Nous gagnons le plateau bas, nu, pierreux et ondulé
Qtar d’ilir et vallée de l’Ouad S. Mohammed ou laqob. (Vue prise du liane gauche de la vallée, en amont d’ilir.)
Croquis de l’auteur.
. qui forme le bord oriental de la plaine, et, le coupant obliquement, nous nous trou¬
vons bientôt à une crête: au-dessous, apparaissent à nos pieds l’Ouad llir, ses dattiers
(1) Azararve ut dire « terrain labourable ».
DE MOGADOR A TISINT.
199
et son qçar. Je retrouve les palmiers après trois mois cl’absence. Une descente ra¬
pide à travers les rochers m’amène au fond de la vallée; il est couvert de cultures
ombragées de bon souaïr; l’Ouad S. Mohammed ou Iaqob, qu’on appelle aussi Ouad
llir, coule au milieu, n’ayant que 2 mètres d’eau dans un lit de 50 mètres. Le
qçar d’Uir est sur la rive gauche. J’y entre à 8 heures du matin.
Je m’installe à llir chez un ami du IJadj. Le qçar est grand et riche : la popula¬
tion, composée deChellaha, en est nombreuse; bien que voisine des Ait Jellal, elle
est indépendante et les nomades ne peuvent rien sur elle. llir est bâtie partie en
pierre, partie en pisé, ce dernier dominant.
Hier, nous sommes, depuis le col d’Azrar, restés dans le désert : nous eussions
pu, en continuant à descendre l’Ouad S. Mohammed ou Iaqob, marcher en terre
habitée. C’est à dessein que nous avons fait le contraire. Quand on est peu nombreux,
qu’on n’a pas de zetat du pays et de zetat puissant, il est de règle d’éviter les cen¬
tres; la vue de voyageurs en petite troupe et mal escortés inspire à ceux devant
qui ils passent la pensée de courir à leur poursuite et de les piller : c’est un danger
de tous les instants en contrée peuplée. On s’y soustrait en échappant aux regards
et en prenant les chemins déserts. C’est pour ce motif que, dans la vallée du Sous,
au lieu d’aller de village en village le long les rives du fleuve, noüs avons passé
au nord, traversant tantôt des forêts, tantôt des prairies, nous tenant sans cesse à
l’écart des centres. Du col d’Azrar à llir, c’est pour éviter les campements des Ait
Jellal, situés le long de l’Ouad S. Mohammed ou Iaqob, que nous avons pris par le
désert d’Imi n Tels. Les Musulmans de ces contrées, quand ils voyagent sans anaïa
et sans escorte ont deux principes : marcher de nuit dans les endroits très dan¬
gereux; choisir toujours les chemins les moins fréquentés et les plus déserts.
La tribu d’Azrar que j’ai traversée hier est une petite tribu chleuha indépendante.
29 mars.
Séjour à llir. Pendant la nuit que j’ai passée dans l’Azarar Imi n Tels, il est tombé,
me dit-on, beaucoup de neige au Tizi Azrar. Ni de Tazenakht, ni d’Agni, ni du
Sahara, ni de chez les Ualen, je n’avais aperçu trace de neige sur le Petit Atlas; de¬
puis mon départ de Mogador, j’en ai remarqué deux fois sur sus crêtes : c’étaient
des lils blancs à peine visibles qui rayaient de lignes minces deux hautes croupes ,
l’une en face de Taroudant, vue de la vallée du Sous, l’autre à l’ouest du col d’Az¬
rar, distinguée avant-hier.
30 mars.
D'Ilir à Vqqa lien, nous avons à franchir un long désert appelé KhtJa Adnan.
L>00
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Dangereux toujours et pour tous, il l’est en particulier pour le Hadj; on y passe en
vue du qçar de Tisenna s Amin, en ce moment en guerre avec Agadir Tisint. Si mon
compagnon tombait aux mains de ses ennemis, il serait perdu. Aussi notre hôte
fait-il appel à ses parents et amis, et c’est avec 20 fusils que nous gagnons Aqqa lren.
Cette escorte est gratuite : l’anaïa, qui se vend souvent cher aux étrangers, se donne
de la manière la plus généreuse aux amis : dans mon voyage de Tisint à Mogador,
et de Mogador à Tisint, grâce aux connaissances de Ou Addi et du Hadj, je n’ai pas
eu à payer ceux qui m’ont escorté : accompagner son ami jusqu’au gîte suivant
ou jusqu’en lieu sur fait partie des devoirs de l’hospitalité. C’est chose toute sim¬
ple qui se fait sans qu’on ait besoin de la demander.
Départ à 7 heures du matin. D’Ilir à Aqqa lren, le chemin, suivant d’abord le
cours de l’Ouad S. Mohammed ou Iaqob, puis celui de l’Ouad Aqqa lren, traverse
un pays uniforme : vallées ou plaines à sol uni, tantôt sablonneux, tantôt pierreux;
les unes et les autres sont enfermées entre des parois de roche noire et
luisante, hautes, escarpées, nues. Dans les fonds, la végétation ne manque pas :
genêts blancs et kemcha dans le bassin de l’Ouad S. Mohammed ou Iaqob; kem-
cha, aggaïa el melbina dans celui de l’Ouad Aqqa lren. A Aïoun Cliikh Mohammed
Aqqa lren (maison avec une source et quelques jardins), les gommiers appa¬
raissent; delà à Aqqa lren, on les rencontre, clairsemés d’abord, puis de plus en
plus nombreux. Les rivières sont toutes à sec; toutes ont des lits de galets de 40 à
50 mètres de large. Telle est la triste région qu’on appelle le désert d’Adnan. A
3 heures et demie, j’arrive à Aqqa lren.
Aqqa lren est une oasis aussi grande que celle deQaçba el Djoua. Elle renferme un
seul village, Tabia Aqqa lren; on voit dans les palmiers les ruines d’une seconde
localité, Agadir Aqqa lren, aujourd’hui abandonnée. Tabia compte 500 à 600 fusils;
la population est composée de Chellaha et surtout de Baratin ; elle est vassale des
Ida ou Blal. Dans cette oasis, le sable est mélangé de roches blanches apparaissant
à (leur de sol; le terrain est blanc ainsi que le pisé des maisons.
Je reçois ici des nouvelles du Sahara. On a moissonné vers le 1er mars. La ré¬
colte, au mader comme dans les champs des oasis, a été superbe; de mémoire
d’homme, on n’en a vu plus belle; l’abondance règne partout : la mesure d’orge,
qui valait 1 fr. 50 à mon départ, se vend 20 centimes aujourd’hui. Pour comble de
bonheur, le mader a été inondé, il y a quelques jours, par les eaux du haut Dra : on
pourra avoir double moisson cette année.
31 mars.
Si l’abondance règne à Tisint, c’est le contraire dans le moyen cours du Dra et
DE MOGADOIl A TISINT.
201
chez les Oulad Iahia : une famine terrible, dont la mauvaise récolte de dattes faite
dans le Dra l’automne dernier est cause en partie, sévit dans ces régions (1).
700 tentes des Aït Alouan (Berâber), chassées par la disette, sont venues s’établir
entre Tisint et Mrimima. La présence de ces étrangers rend la, Feïja moins sûre
encore qu’à l’ordinaire; ils y font des courses continuelles : c’est chaque jour un
nouveau pillage. Nous reprenons notre ancienne méthode, celle des marches de
nuit. A 2 heures du matin, nous quittons Aqqa Iren et, traversant cette Feïja au¬
jourd’hui connue, nous nous dirigeons vers Tisint. Nous entrons à 7 heures du
matin à Agadir.
Je retrouvai là le rabbin Mardochée qui m’avait fidèlement attendu.
(1) En traversant le Mezgita, j’apprendrai que dans tout le pays de Dra le qantar (environ 45 kilogram¬
mes) de dattes se paie 50 mitkals, alors que d’habitude il en vaut 8.
rkconnaissanc.i: vu n non.
2 fi
RECONNAISSANCE AU MAROC.
202
VIII.
DE TISINT AU DADES.
1°. — DE TISINT A TÀZENAKIIT.
Après de nouveaux mais vains efforts pour gagner le Dra en passant par Zgid,
je me décidai à y aller par une autre voie, celle de Tazenaklit. La route de Zgid,
difficile en tous temps, était impraticable par suite de la famine qui sévissait
dans la contrée; je ne trouvai personne qui voulût se charger de m’v escorter. Obligé
de passer par Tazenaklit, où j’avais déjà fait un long séjour, je tins à prendre,
pour y retourner, un chemin différent de celui que j’avais suivi cinq mois aupa¬
ravant. Des trois routes qui existent entre Tisint et Tazenaklit, j’avais pris à l’aller
la plus orientale, celle du Tizi Agni; je choisis cette fois la plus à l’ouest, celle
du Tizi il Haroun.
fi avril 1884.
Départ d’Agadir à minuit. Le Hadj, un de ses frères et un de ses cousins m’escor¬
tent. Mardochée est avec moi; je ne me séparerai pl us de lui d’ici à Lalla Marnia.
Je traverse la Feija en passant auprès des ruines d’Imazzen, qçar abandonné. 11 ne
me reste rien à dire sur cette plaine : toujours mêmes sables, mêmes gommiers.
J’en sors en remontant l’Ouad Aginan depuis le point où il y débouche. Il a
100 mètres de large; lit de galets, à sec. Le fond de la vallée est un sol pierreux,
semé de gommiers; de 400 mètres de large d’abord, il se rétrécit par de¬
grés; en même temps les flancs, talus de roche noire peu élevés au début, devien¬
nent hauts et escarpés. De l’Ouad Aginan, je passe à un de ses affluents, l’Ouad
lkis, appelé aussi Ignan n Ikis, que je remonte à son tour. Vallée identique, mais
plus étroite. Au bout de quelque temps, le fond se remplit de cultures et de dat¬
tiers : un filet d’eau apparaît; c’est Tamessoult : bientôt j’arrive aux maisons. Je fais
halte. Il est 7 heures du matin.
Tamessoult est un gros village, construit en pierre à mi-côte du flanc gauche de
l’Ouad lkis, à une assez grande hauteur au-dessus de son lit. Au milieu se dresse la
DE TISINT AU DADES.
203
zaouïa de S. Abel er Rahman, vaste bâtiment dominé par un donjon : c’est là que
je suis descendu. Le marabout qui y réside est un homme puissant : il a pour ser¬
viteurs religieux les districts et les tribus de la montagne à 30 ou 40 kilomètres à la
ronde; son influence s’étend jusque sur les Zenâga. Ici je me sépare de ceux qui
m’ont amené d’Agadir : S. Abd er Rahman me donne une escorte de trois hommes
qui me conduira chez les Zenâga; elle m’y remettra entre les mains d’un des
grands personnages de la tribu, Abd Allah d Ait Taleb. Celui-ci, pour qui on me
donne une lettre, m’accompagnera à son tour jusqu’à Tazenakht. Je fais mes adieux
au Hadj Bou Rhim ; ce n’est pas sans émotion que je quitte cet homme, qui a
été si bon pour moi, avec qui je viens de vivre durant trois mois, et que je ne re¬
verrai peut-être jamais.
Départ de Tamessoult à 10 heures. Je remonte d’abord la rive gauche de l’Ouad
Ikis à flanc de coteau. Chemin rocheux, difficile. Le cours d’eau est à mes pieds : le
lit, rempli de palmiers, a 40 mètres de large; il occupe tout le fond de la vallée, et
coule entre deux parois de roche verticales de 10 mètres d’élévation. Au-dessus ap¬
paraissent quelques cultures en escaliers, semées de quantité de cellules en pierre
destinées aux abeilles; puis s’élèvent des flancs de roche jaune, hauts, escarpés et
nus. Au bout de 40 minutes, l’ouad sort de cette gorge et traverse une petite plaine
déserte; sol pierreux; genêts blancs et seboula el far : cette dernière plante atteint
40 à 50 centimètres de hauteur. De là, la rivière rentre dans la montagne où elle
coule dans un ravin désert : le fond en a 50 à 60 mètres de large dont 15 occupés par
le lit; celui-ci est à sec et couvert de galets; le reste est pierreux avec de rares ge¬
nêts blancs; flancs très élevés, très raides, de roche jaune. Je chemine le long du
cours d’eau jusqu’à 1 heure; à ce moment, on le voit se garnir de palmiers : un qçar
apparaît sur sa rive droite; c’est Ikis, dernier point habité de son cours. Là, le che¬
min quitte les bords de l’ouad pour gravir le flanc gauche : celui-ci est formé par
un haut massif très escarpé connu sous le nom de Djebel Anisi; il me faut deux
heures pour parvenir à son sommet : c’est un des passages les plus pénibles que
j’aie rencontrés dans mon voyage. On ne peut marcher qu’à pied; le chemin, long
escalier, s’élève en serpentant entre des précipices immenses et des parois à pic; le
massif est tout roche : murailles de couleur tantôt jaune, tantôt rosée. Bien que le
sol paraisse n’ètre que pierre, une foule de petites plantes, herbes et fleurs, crois¬
sent au bord du chemin, entre les fissures du roc. A 3 heures, je parviens à une
crête; devant moi s’étend un plateau étroit et pierreux avec de rares touffes d’halfa;
ce plateau, que je parcours, ne tarde pas à se changer en une côte inclinée vers le
nord; je descends, et je me retrouve sur les bords de l’Ouad Ikis. 11 n’a que 20 mè¬
tres de large; son lit, galets desséchés, occupe toute la largeur d’un ravin; celui-ci
a des flancs d’élévation moyenne, pierreux, raides, tapissés d’halfa. Il coule ainsi
RECONNAISSANCE AU MAROC.
204
durant quelque temps, puis les hauteurs s’abaissent, la vallée s’élargit, et tout à
coup on se trouve sur un plateau. Plus de montagnes, plus de rochers : une sur¬
face plane, à peine ondulée, est couverte d’épaisses touffes d’halfa. Le terrain est
mi-sable, mi-pierre; la rivière serpente entre des flancs en pente très douce d’une
trentaine de mètres d élévation; çà et là, seuls accidents, des buttes rocheuses
isolées, hautes de 50 ou 00 mètres, dressent leur tête noire au-dessus des ondu¬
lations vertes du sol. De temps à autre, on rencontre un campement de bergers
Zenâga : ils viennent s’installer ici durant une partie de l’année, construisant des
huttes de pierres sèches et faisant paître leurs troupeaux aux alentours. A 7 heures
du soir, je m’arrête à une de ces stations pour y passer la nuit. Pendant la dernière
portion de la route, l’Ouad Ikis avait 20 mètres de large; le lit, mi-sable, mi-galets,
en était parsemé de flaques d’eau. Durant cette journée, aucun voyageur ne s’est
rencontré sur mon chemin.
/ avril.
Vue prise du Tizi n Haroun, dans
la direetion du nord. (Les montagnes ombrées sont couvertes de neige.)
Croquis de l’auteur.
Départ à 7 heures du matin. Je chemine quelque temps sur le plateau où j’étais
hier soir; puis, laissant et la
Djebei siroua. plaine et l’halfa, je m’engage
dans un ravin étroit , à flancs
escarpés de roche noire et
luisante : montée courte, mais
raide ; à 8 heures, j’atteins un
col, Tizi n Haroun : là passe
la ligne de faite du Petit Al¬
las; je la franchis pour la
quatrième fois. Un chemin
très difficile, au milieu d’énormes rochers, me conduit dans un profond ravin; je
le descends quelques instants, d'immenses murailles noires suspendues au-dessus
de ma tète : bientôt j’en
aperçois la bouche, où
s’élève le riant village de
Takdicht : plus loin , on
distingue, s’étendant à
perte de vue , la plaine des
Zenâga. A 9 heures et
Portion do la plaine des Zenâga.
(Vue prise do Takdicht, dans la direction do l’est.)
Croquis do l’auteur.
demie, j’arrive à Takdicht;
c est la résidence d Abd Allah d Ait Taleb ; sa maison, tirremt aux tourelles de pisé
découpé et couvert de moulures, rappelle les gracieuses demeures des environs du
DK TISINT AU DADES.
Ü05
Dra. J y suis bien reçu par Abel Allah : il ne me cache pas que j'ai eu un rare
bonheur d’arriver jusqu’à lui avec une si faible escorte et des gens inconnus : si lui
ou ses fils m’avaient rencontré en route, ils m’eussent, dit-il, indubitablement pillé.
Maintenant que je suis entré dans sa maison et que je lui ai remis une lettre de
S. Abd er Rahman, il ne voit en moi qu’un hôte recommandé par son ami : je suis
le bienvenu, et demain il me conduira eu personne à destination.
8 avril.
A 8 heures du matin, Abd Allah monte à cheval ; nous partons. Me voici traversant
pour la seconde fois cette belle plaine des Zenâga; rien à en dire de nouveau; telle
je l’ai vue dans sa portion orientale, telle je la retrouve ici : même sol uni comme
une glace, excellente terre dont une partie est cultivée, dont la totalité pourrait
l’être. Le talus qui borde la plaine à l’ouest, est pareil à celui qui la limite à l’est :
muraille de roche noire et luisante, perpendiculaire dans le haut, en pente adoucie et
couverte de pierres vers le pied. Je passe auprès de plusieurs villages et qçars; le
plus remarquable est Azdif , où la résidence du chikli est une forteresse entourée de
plusieurs enceintes, hérissée d’une foule de tours; elle est en pisé, comme tou¬
tes les constructions des Zenâga, et
Azdif. (Vue prise du chemin de Tnkdicht à Ta/emiklit.)
Croquis de l’auteur.
ami : il m’amène à El Aïn, va trouver S
qui appartient le qçar, lui demande une <
près m’avoir vu partir pour Tazenakht
ornée avec élégance. Je rencontre aussi
plusieurs zaouïas. Mon zetat, me conduit
jusqu’au delà des limites des Zenâga;
là s’arrête son pouvoir : sorti de sa tribu,
sa protection cesse d’être efficace. Ce¬
pendant il ne m’abandonne pas; il fait
honneur jusqu’au bout à la lettre de son
. Hamed ou Abd er Rahman, marabout à
ïscorte pour moi, et ne quitte El Aïn qu’a-
accompagné par l’esclave de confiance de
S. Hamed.
D’El Aïn à Tazenakht, une seule chose à signaler : les régions pierreuses qui s’é¬
tendent au nord del’Ouad Timjijt, et que j’ai trouvées nues il y a cinq mois, sont au¬
jourd’hui couvertes de seboula el far. C’est pendant ce trajet que je fais la rencon¬
tre de l’Azdifi, racontée plus haut. A 4 heures, j’arrive à Tazenakht.
Sauf l’Azdifi, je n’ai vu sur la route aucun voyageur. Les principaux cours d’eau
traversés sont : l'Ouad Tiouiin (lit, moitié sable, moitié gravier, de 20 mètres de
large; à sec; berges de 0m, 50 de hauteur); l’Ouad Timjijt (20 mètres de large; lit de
sable: à sec).
RECONNAISSANCE AU MAROC.
206
2°. — DE TAZENAKHT AU MEZGITA.
Pas d’obstacle qui ne se dresse pour m’empêcher de gagner le Dra. En arrivant à
Tazenakht, j’apprends que la route du Mezgîta est coupée. La guerre vient d’éclater,
sur son parcours, entre le qçar de Tasla et les Ait Hammou, fraction des Oulad
Iahia limitrophe du Mezgîta. Ces derniers firent une razia de 200 tètes de bétail sur
les gens de Tasla, qui aussitôt appelèrent à leur secours leur allié le Zanifi; Chikh
Abd el Ouahad tomba ces jours-ci sur les Ait Hammou, leur tua 10 hommes et prit
150 animaux. Voici Tazenakht en guerre avec la tribu qu’on traverse pour aller au
Dra : aucun habitant ne peut me servir de zetat sur ce chemin. C’est jouer de mal¬
heur, car d’ordinaire cette voie ne présente point de difficulté : sous la protection
des chikhs de Tazenakht, on la prend avec sécurité; des caravanes la sillonnent
sans cesse. Avec les événements présents, je ne sais quand je pourrai partir.
Après quatre jours d’attente, je trouve un zetat; c’est un homme des Ait Ham¬
mou qui vient d’arriver; il se charge de me conduire au Mezgîta : lui-même est
ici en pays ennemi; il n’a pu entrer qu’avec une anaïa et ne saurait passer par Tasla :
nous ferons un détour; nous prendrons par le désert jusqu’au territoire de sa tribu,
et traverserons de nuit la région la plus dangereuse.
13 avril.
Départ à 1 heure de l’après-midi. Je gagne, par le chemin connu, la vallée de
l'Ouad Ait Tigdi Ouchchen ; je la remonte jusqu’à peu de distance de Tislit. Là, je
la laisse et me jette dans le massif rocheux qui en forme le flanc droit. Pendant une
heure, je chemine en terrain montueux, succession de ravins à sec et de côtes pier¬
reuses, sans autre végétation qu’un peu de seboula el far. A 4 heures et demie,
le pays change : un vaste plateau étend ses ondulations légères; un tapis de seboula
el far garnit les fonds; les parties hautes sont des blocs de roche noire et luisante
émergeant çà et là de la terre verte. Je marche sur ce plateau pendant la fin de la
journée : il demeure le même, sol plat, pierreux, garni de verdure. A minuit, nous
nous arrêtons. La zone dangereuse pour mon zetat est passée; nous pouvons sans
inquiétude nous reposer jusqu’au matin. Le point où nous faisons halte est au pied
d’une haute arête rocheuse , le Djebel Tifernin. J’ai rencontré beaucoup de monde
dans la vallée de l'Ouad Ait Tigdi Ouchchen et dans la montagne : à dater de l’heure
où j'ai quitté cette dernière, je n’ai aperçu personne; dans les commencements, on
distinguait un troupeau de loin en loin; puis on n’a plus rien vu. L’Ouad Tazenakht
DE TIS1NT ALI DA DES.
207
avait aujourd’hui 6 mètres d’eau courante au point où je l’ai franchi. Sur le pla¬
teau, trois rivières de quelque importance. La première a un lit de sable avec de nom¬
breuses tlaques d'eau; elle coule au fond d’une tranchée de 300 mètres de large, en
contre-bas du sol environnant, séparée de lui par deux parois de roche verticales,
hautes de 10 mètres. La seconde a son cours au niveau du plateau; le lit en est sa¬
blonneux, large de 15 mètres, avec 4 mètres d’eau. La troisième a un lit de 20 mè¬
tres, resserré entre deux berges de pierre de 12 mètres; elle a 4 mètres d’eau courante.
14 avril.
Départ à 5 heures du matin. Je gravis le Djebel Tifernin, arête de roche nue iso¬
lée au milieu du plateau : c’est la ligne de faite du Petit Atlas. J’en atteins le som¬
met à 5 heures et demie, et je le passe à un col situé peu au-dessous du niveau gé¬
néral des crêtes, Tizi Tifernin. Aucune largeur au col; je descends l’autre versant :
la descente est difficile, comme l’avait été la montée; le chemin serpente entre de
grands rochers gris. Au bout de quelque temps, les pentes s’adoucissent et se cou¬
vrent d’halfa et de seboula el far; elles me conduisent à une vallée bordée d’une
petite chaîne rocheuse où apparaît un col. Je traverse la première et je gagne le
col. Celui-ci, Tizi n Omrad, se trouve au fond d’une brèche perçant jusqu’au pied
la montagne; il est presque au niveau du thalweg qu’on vient de franchir. Après
l’avoir passé, je descends par un ravin étroit et rocheux vers le qçar de Tesaouant,
qui se voit dans le bas au milieu d’une large vallée. Chemin difficile, serpentant à
mi-côte; les tlancs du ravin sont de roche jaune, très escarpés; verdure et fleurs
dans le fond. Le versant sud de la chaîne est beaucoup plus
long que le versant nord : il me faut une heure pour en
atteindre le pied. En y parvenant, je me trouve dans la
vallée de l’Ouad Tamtsift. Une côte en pente douce, à sol
pierreux couvert de seboula el far, m’amène au bord de la rivière, où est bâtie Te¬
saouant. J’entre à 8 heures
un quart du matin dans le
qçar. Mon zetat nie conduit
à sa maison.
Tesaouant est un petit
qçar appartenant aux Ait
Hammou, fraction impor¬
tante des Oulad Iahia; il est
bâti suivant le modèle des constructions du Dra, en pisé, avec une foule de mou¬
lures et d’ornements couvrant ses murs, de tours et de tourelles dominant ses ter-
Tesaouant. (Vue prise du nord-est.)
Croquis de l’auteur.
208
RECONNAISSANCE AU MAROC.
rasses. Des plantations de dattiers, produisant des bon feggouç, comme celles de
Tasla, l’entourent de deux côtés; elles sont situées sur les rives de l’Ouad Tamtsift,
qui coule à quelques pas de l’enceinte. La rivière est presque au niveau du pied
des maisons; le lit, de galets, large de 60 mètres, bordé de berges de 50 centi¬
mètres de haut, est à sec. Des puits et des canaux alimentent le qçar. En ce mo¬
ment, ce dernier est désert : les habitants sont dispersés aux environs, vivant sous
des huttes de roseaux et faisant paître leurs troupeaux.
15 avril.
Départ à 9 heures du matin. Jusqu’à mon arrivée au Mezgîta, je suivrai le cours
de l’Ouad Tamtsift. La coupe de la vallée varie durant le trajet : le fond est plus ou
moins large; la rivière coule tantôt au pied du flanc droit, tantôt au pied du gauche;
mais les caractères essentiels se conservent : le flanc gauche est beaucoup plus élevé
que le droit; il est de roche jaune; la pente générale en semble de rapidité moyenne;
on y voit de loin, çà et là, des bouquets de palmiers poussant au fond des ravins.
Le flanc droit est formé de roche noire et luisante; il n’est pas très raide; de forme,
de composition et de couleur, il rappelle Djebel Mheïjiba; comme lui, il est, dit-on,
riche en minerais. Entre ces deux talus s’étend une vallée faite de deux côtes
en pente douce, s’allongeant des pieds des flancs aux bords de la rivière; quelque¬
fois elles ne parviennent pas jusque-là, et un espace plat les sépare; cette partie
centrale, lorsqu’elle existe, est un ruban de verdure, herbages, broussailles, ta-
marix et jujubiers sauvages, au milieu desquels serpente l’ouad; les côtes, au con¬
traire, sont pierreuses; le sol s’y couvre de melbina, de seboula el far et de gert; en
approchant du Mezgîta, on voit quelques gommiers. Je passe par deux lieux habités;
ils diffèrent d’importance : l’un, le village d’Ida ou Genad, se compose de quelques
huttes en pierres sèches disposées sans ordre auprès d’une petite oasis; l’autre,
Ourika, est un qçar situé sur la rive gauche de la rivière, dont le lit, mais le lit seul,
se remplit en ce point de palmiers. Il y a une autre Ourika à peu de distance au nord
de celle-ci; je n’ai pu la voir, cachée qu’elle était par un pli de terrain : ces deux
localités portent le nom collectif d’Iouriken; elles sont comptées du Mezgîta. A Ou¬
rika, l’Ouad Tamtsift, qui possédait déjà un peu d’eau à Ida ou Genad, a, outre
plusieurs canaux, 4 mètres d’eau courante dans son lit. D’Ourika on aperçoit le
Mezgîta : ce n’est encore qu’une ligne noire de dattiers, s’allongeant au pied d’une
haute chaîne de montagnes, et barrant devant moi la vallée où je marche. D’ici là,
le chemin est désert et la végétation diminue; plus ni tamarix ni jujubiers sau¬
vages, plus même de seboula el far; des touffes de melbina seulement, et de rares
gommiers; le sol cesse d’être pierreux et devient sablonneux et blanc.
DE TISINT AU DADES.
Ü09
A 1 heure, j’arrive à l’Ouacl Dra. La vallée apparaît comme une bancle verte
serpentant entre deux chaînes de montagnes : à mes yeux s’étendent des palmiers
innombrables, mêlés de mille arbres fruitiers; entre les branches, on aperçoit,
de distance en distance, un ruban d’argent, les eaux du fleuve; une foule de
qçars, masses brunes ou roses hérissées de tourelles, s’échelonnent à la lisière
des plantations et sur les premières pentes des flancs. Ceux-ci sont : à gauche,
Ouad Dra, dans le Mezgitn. (Vue prise d’Ouriz, dans la direction du nord.)
Croquis de l’auteur.
les parois tourmentées et escarpées, pleines de crevasses et de cavernes, du
Kisan, chaîne nue de roche rose, de 200 à 300 mètres de hauteur; à droite, un
talus de pierre noire et luisante, aux crêtes uniformes, aux surfaces lisses, aux
côtes raides; il s’appelle Ivoudia Oulad labia; il a 150 à 200 mètres d’élévation.
Entre ces deux murailles s’étend le fond de la vallée, surface de 1 200 à I 800 mè¬
tres de large, couverte de sable fin, et unie comme une glace; au milieu coule l’Ouad
Dra, sur un lit de sable sans berges, presque au niveau du sol voisin, qu’il
inonde dans ses crues; le lit a une largeur moyenne de 150 mètres, dont 00 à 100
toujours remplis d’eau. Sur ses rives, le fond de la vallée esl un jardin enchan¬
teur : figuiers, tciqqaïout (1), grenadiers s’y pressent ; ils confondent leur feuillage
(1) Le taqqaïout se trouve en abondance dans plusieurs oasis, et surtout dans celles des bassins du
Dra et du Ziz. ("est un arbre atteignant d’assez fortes dimensions et ayant, par son feuillage et sa fleur, beau¬
coup d’analogie avec le tamarix; le fruit en sert à la teinture des belles peaux qu’on prépare si bien dans le
27
Il KCONX A 1 SS VNCE \U MAROC.
210
RECONNAISSANCE AU MAROC.
et répandent sur le sol une ombre épaisse; au-dessus se balancent les hauts pana¬
ches des dattiers. Sous ce dôme, c’est un seul tapis de verdure : pas une place nue;
la terre n’est que cultures, que semis; elle est divisée avec un ordre minutieux en
une infinité de parcelles, chacune close de murs de pisé; une foule de canaux la
sillonnent, apportant l’eau et la fraîcheur. Partout éclate la fertilité de ce sol bien¬
faisant, partout se reconnaît la présence d’une race laborieuse, partout apparaissent
les indices d’une population riche : à côté des céréales, des légumes poussant sous
les palmiers et les arbres à fruits, se voient des tonnelles garnies de vigne, des
pavillons en pisé, lieux de repos où l’on passe, dans l’ombre et la fraîcheur, les
heures chaudes du jour. Telle est, depuis le pied des parois de roche qui la bor¬
dent , toute la vallée du Dra, jardin merveilleux de 150 kilomètres de long. Une
foule innombrable de qçars s’échelonnent sur les premières pentes des deux flancs :
peu sont dans la vallée, autant par économie d’un sol précieux que par crainte des
inondations. Ils ont tous ce caractère d’élégance qui est particulier aux constructions
du Dra; point de murs qui ne soient couverts de moulures, de dessins, et percés de
créneaux blanchis; de hautes tirremts, des tours s’élèvent de toutes parts; les maisons
les plus pauvres même sont garnies de clochetons, d’arcades, de balustrades à jour. Un
des principaux de ces qçars, la capitale du Mezgîta, Tamnougalt, est mon but d’au¬
jourd’hui. J’y arrive à 2 heures et demie, en cheminant à l’ombre des grands arbres.
Avant d’y entrer, j’ai traversé l'Ouad Dra; on ne peut le franchir partout : il faut
prendre les gués. Celui où je l’ai passé présentait une nappe d’eau de 120 mètres de
large, avec GO à 70 centimètres de profondeur. Le fond était de sable, les eaux
jaunes, fraîches et bonnes.. Courant rapide.
Tamnougalt est un beau qçar, résidence d’Abd er Rahman ben El Hasen, chikli
héréditaire du Mezgîta, et capitale de ce district. Elle est, comme tout le Dra, peuplée
exclusivement de Haratîn. J’y séjournerai quelques jours avant de prendre ma
course vers le Dâdes.
Le Mezgîta se compose de la bordure de cultures et de qçars qui garnit les deux
rives de l’Ouad Dra dans la région où je me trouve ; il ne s’étend pas au delà de la
vallée propre du fleuve. C’est une bande longue et étroite, qui n’a jamais plus de
2 kilomètres de large. 11 en est de même des autres districts du Dra, sans excep¬
tion : T Ait Seddrât, T Ait Zeri, le Tinzoulin, le Ternata, le Eezouata, le Qtaoua,
El Mhamid sont identiques; tels d’entre eux ne se composent même que de la demi-
vallée du fleuve. Ce sont, comme le Mezgîta, des tronçons plus ou moins grands
de cette longue ligne verte qui serpente dans le Sahara, et qu’on appelle le pays
Sahara Marocain. .1 ai toujours entendu appeler l'arbre, comme le fruit, taqqaïout. D'après des renseignements
<pie m'a communiqués M. Pilard, ce serait un abus : selon lui, le vrai nom de l'arbre est qbda, et en quelques
points telaia; le fruit seul s’appellerait taqqaïout, ou mieux tcggauut.
LEE DE L'OUAD DRA._VUE DE TAMNOUG.
DE TISINT AU DADES.
■2 11
de Dra. Celui-ci est donc une ligne : le nom 11e s’en applique qu’à la vallée propre
de l’Ouad Dra, c’est-à-dire aux 500 mètres de dattiers qui, du Mezgita à El Mhamid,
bordent chaque rive. Nulle part la bande ne s’étend davantage. Au-dessous du Tin-
zou lin, les hautes montagnes qui la resserrent jusque-là s’écartent par degrés, et le
Dra finit par couler en plaine; mais le ruban de palmiers et de cultures 11e s’élargit
pas : il reste toujours ce qu’il est ici. 11 y a loin de cette ligne aux vastes territoires
marqués sur nos anciennes cartes. J’observerai le même fait pour les autres oasis
que je verrai : le Todra, le Ferkla, le Reris, les divers districts du Ziz, 11e sont pas
différents. Ce sont des lignes.
3°. — I)U MEZGITA AU DADES.
■
20 avril.
Il y a quatre chemins principaux pour aller du haut Dra à l’Ouad Dâdes; ce sont:
1° Triq Idili. — Il part de Tiniril, qçar d’Afella 11 Dra, traverse l’Ouad Aqqa el Medfa
(se jetant dans l’Ouad Dâdes sur le territoire des Imerrân), puis l’Ouad Tanzit, et
aboutit au pays des Imerrân : deux jours de chemin, sans cesse dans le désert. O11
passe la nuit au bord de l’Ouad Aqqa.
2° Triq Anfoug (appelé aussi Triq Tcigzart). — 11 part d’entre Afra et Ta 11
Amelloul, franchit successivement les ouads Aqqa el Medfa, Tanzit el Aqqa 11 Ourel-
laï, et aboutit à volonté dans le Dâdes ou chez les Imerrân : deux jours de chemin,
dans le désert. O11 passe la nuit au Djebel Anfoug.
3° Trig Iril n Oittôb. — C’est celui que je prendrai.
4U Triq Tilqü. — - Il part d’Aït Abd Allah (Ait Seddrât), traverse le Kliela Tilqit <>t
débouche dans le Dâdes à Ait Aqqa ou Ali (Zaouïa Sidi Dris) : deux jours de marche,
sans sortir du désert. On franchit l’Ouad Tagmout à mi-route et on passe la nuit sur
ses bords.
Ces chemins traversent tous quatre un vaste désert montagneux, la haute chaîne du
Sarro. Cette chaîne 11’est autre que le Petit Atlas, auquel 011 donne ce nom à l’est de
l’Ouad Dra. Si le Sarro n’a pas d’habitants lixes, il a une population nomade assez
nombreuse : Imerrân et Ait Seddrât y plantent leurs tentes et y font paître leurs
troupeaux.
D’ici au Dâdes, ce sont les Ait Seddrât qui servent de zetats; j’ai profité du grand
nombre d’hommes de cette tribu qui viennent ici au marché du jeudi pour m’en¬
tendre avec l’un d’eux : mon zetat me prendra aujourd’hui, j’irai passer la nuit dans
son qçar, et demain matin nous partirons pour le Dâdes.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
2 1 2
Départ de Tamnougalt à midi. Je descends la vallée du Dra, en suivant la ligne
«les qçars, à la lisière des plantations. Le chemin, passant sur les premières
pentes des flancs, est pierreux, parfois rocheux. Rien à ajouter à ce que j'ai dit de
la vallée : toujours même largeur et même aspect. A 3 heures et demie, je par¬
viens à la résidence de mon zetat, Tirremt Ali Ait El Hasen. C’est le terme de
mon trajet pour aujourd’hui.
En route, j’ai traversé l’Ouad Dra (lit de sable de 150 mètres; les eaux ont 00 mè¬
tres de large avec 90 centimètres de profondeur; courant rapide).
21 avril.
Départ à 5 heures du matin. J’ai pour escorte mon zetat et deux autres fusils.
On franchit d’abord le Dra (70 mètres de large et 0m, 80 de profondeur), puis
on traverse sa vallée et on entre dans une plaine déserte : la haute chaîne du Ivisan
s’interrompt tout à coup, et une plaine s’étend à sa place au delà des plantations qui
bordent le fleuve. Le Ivisan reprend plus bas, longeant de nouveau l’ouad comme
il le fait dans le Mezgita; il ne finit définitivement qu’à hauteur d’Ousreït, dans le
Ternata. Chemin faisant, on voit très bien la chaîne, qui apparaît pendant quelque
temps de profil : c’est une lame rocheuse isolée , s’élevant entre le Dra et une autre
vallée, déserte et assez large, parallèle à la première; elle a de l’analogie avec le
Bani, mais est plus haute, plus large et de couleur comme de structure différentes.
La base en est un talus, doux d’abord, de plus
o Dra Djebci Kisan en pl us rai de ensuite; les parties moyennes et
; supérieures sont une succession de murailles
presque verticales s’étageant par gradins. Vers
le sommet se trouvent des cavernes, œuvre «les
Chrétiens au dire des habitants; on voit des
restes de murs à leurs bouches. Cette portion du Ivisan est une arête droite, com¬
mençant à hauteur d’Agdz, finissant ici. D’où je suis, on voit l’Ouad Dra couler
longtemps encore dans la direction qu’il a depuis Tamnougalt. Tant qu’il la garde,
le Kisan ne reparaît pas à sa gauche où succèdent à la plaine des collines sans élé¬
vation. Puis on distingue un coude très prononcé que fait le fleuve, dans le Tin-
zouliii, me dit-on. A partir de là, le Kisan renaît : on le voit de loin, dans une
direction nouvelle, presque perpendiculaire à celle qu’il suivait ici, ayant même
hauteur et même forme, et s’élevant immédiatement sur la rive gauche de l’ouad.
La plaine où je chemine a un sol pierreux; des gommiers, de nombreuses touffes
de melbina y poussent. Elle est bornée au nord par les premières pentes du Sarro;
je me dirige vers elles : à 7 heures, je suis à leur pied; de ce moment à celui où j’at-
DU TI SI NT AU DADUS.
mi
teindrai l’Ouad Dàdes, je ne cesserai démarcher dans ce massif; il se compose d’un
haut plateau, de 2000 mètres d’altitude moyenne, auquel ou parvient par une lon¬
gue succession de côtes, tantôt pierreuses , tantôt rocheuses, reliées entre elles par
des talus escarpés. Le plateau supérieur présente une vaste surface unie et ver¬
doyante; le sol , pierreux, sans une ondulation, y est couvert d’herbe fine. Là surtout
campent les Ait Seddrût et les Imerrân; j’y rencontrerai plusieurs groupes de tentes
et des troupeaux de chameaux et de moutons. Les rampes qui y mènent forment
une région très accidentée : des ravins profonds, aux flancs rocheux et escar¬
pés, les coupent; des vallées les sillonnent; des arêtes, des pics les hérissent de
leurs masses noires. Cette région , tourmentée et difficile, est d’ordinaire déserte.
L’eau abonde dans le Sarro. Je traverse, au fond de plusieurs ravins, des ruis¬
seaux de 4 ou 5 mètres de large dont les eaux, claires et courantes, ne tarissent ja¬
mais; point de rivières. La verdure ne fait pas défaut : non seulement le
plateau supérieur en est couvert, les côtes douces, le fond et les premières pentes
des vallées, sont en partie tapissés d’halfa, de melbina, de seboula el far et d’autres
herbages; il existe des jujubiers sauvages; au bord de l’eau apparaît le laurier-rose :
il n’est pas jusqu’aux endroits les plus rocheux, flancs de ravins, surface de talus,
où l’on ne trouve, poussant entre les fentes de la pierre, de petites herbes et des
fleurs.
Vers 1 heure, j’atteins le plateau qui couronne le Sarro; à 3 heures, je fais halte
auprès de quelques tentes d’Aït Seddrât. De la vallée du Dra à ce point, je n’ai pas
rencontré un seul être vivant. La route1, facile à la fin, a été pénible au commence¬
ment : il a fallu mettre pied à terre pour remonter l’Ouad Tangarfa, dont le lit, en¬
combré de blocs de roc, forme un chemin difficile pour les animaux. A deux autres
endroits, la marche a été retardée : à Cliaba Ouin s Tlit et au profond ravin qui se
trouve entre elle et le gîte.
22 avril.
Départ à 7 heures du matin. A 8 heures, je suis à une crête qui forme la limite
du plateau supérieur du Sarro et la ligne culminante de cette chaîne. En la pas¬
sant, je franchis pour la dernière fois le faite du Défit Atlas. De là apparaissent à
mes yeux, au delà d’une longue série de croupes brunes, la vallée de l’Ouad Dàdes
et, derrière elle, bordant l’horizon, la ligne bleue du Grand Atlas avec ses cimes
couvertes de neige. Une descente très raide au milieu des rochers me ramène à la
région des côtes, où je chemine, passant de vallée en vallée, jusqu’à 4 heures et demie.
A ce moment je me trouve au pied du Sarro et au bord de 1 Ouad Dàdes : la chaîne
expire à 300 mètres de la rivière. A son pied commencent les cultures qui remplis-
RliCONNAISSANCH AU MAROC.
il 4
sent le lbnd de lu vallée; elles forment une bande dont la largeur moyenne est de
1 kilomètre; au milieu coule en serpentant l’Ouad Dâdes. Large de 30 mètres,
il remplit le tiers d’un lit sablonneux et en partie couvert de roseaux; c’est un tor¬
rent, au courant très rapide, aux eaux jaunes et glacées. Les champs qui le bordent
ne rappellent en rien les merveilles du Dra; ils présentent les cultures des pays hauts
et froids. Plus un dattier; très peu d’arbres; point d’oliviers : à peine quelques ra¬
res figuiers, noyers et trembles aux alentours des qçars. Le reste n’est que champs
d’orge et de blé, tapis monotone d’un vert cru, sans ombre ni gaieté. Cette végétation
paraît triste à qui vient du sud. Les lianes sombres du Sarro la bornent à gauche; à
droite règne le long de la vallée une vaste plaine blanche, peu élevée au-dessus de
son niveau, et séparée d’elle par un talus doux. Cette plaine a au moins 8 kilomè¬
tres de large et est limitée au nord par les premières pentes du Grand Atlas, der¬
rière lesquelles apparaissent les masses neigeuses qui couronnent la chaîne. Les cul¬
tures sont bordées de chaque côté par un cordon de qçars. Les qcars de l’Ouad Dâdes
ont un aspect particulier et ne ressemblent ni à ceux que j’ai vus ni à ceux que je
verrai. Pour le détail des constructions, ils sont pareils à ceux du Dra et de l’O.uad
Iounil : même élégance, môme pisé couvert d’ornements; mais, au lieu de former un
massif compact de maisons d’où émergent les tourelles des tirremts, ils sont compo¬
sés chacun de plusieurs petits groupes d’habitations, séparés les uns des autres et
échelonnés le long des cultures; ils en comprennent jusqu’à 8 ou 10, les uns ouverts,
la plupart fortifiés, tous ayant au moins une tirremt. Ces groupes se trouvant à
100, 200, 300 mètres les uns des autres, on voit quelle longueur occupe un qçar. 11
résulte de là que les localités, d’autre part très nombreuses, sont fort rapprochées;
la distance n’est, la plupart du temps, pas plus grande entre les groupes
limitrophes de centres différents qu’entre deux groupes du même : il est très dif¬
ficile de discerner où commence et où finit chacun, dans ce cordon non interrompu
de maisons et de tirremts qui garnit les deux rives de l’ouad. Les demeures sont,
comme dans le Dra et comme presque partout, sur la lisière et non au milieu des
cultures : ici aussi les inondations sont à craindre; il n’est pas rare de voir les eaux
de la rivière couvrir tout le fond de la vallée et venir battre les murailles des
qçars. Ceux-ci ne sont pas les seules constructions de l’Ouad Dâdes. Je vois apparaî¬
tre en grand nombre des bâtiments curieux dont j’avais remarqué quelques types
chez les Ait Seddràt du Dra : ce sont les <iged<lun (1); l’usage en parait spécial à
l’Ouad Dâdes, au Todra, au Ferkla et à certains districts du Dra : du moins je ne
les ai vus qu’en ces endroits; dans les deux premières régions ils sont nombreux, on
en rencontre à chaque pas; dans les deux autres ils sont moins fréquents. Ici, sur les
il) Au pluriel, on dit vjcdman.
DE TIS1NT AU DADES.
215
limites des qçars, au bord de l’ouad, au milieu des cultures, les ageddims se dres¬
sent en foule; ce sont des tours isolées, de 10 à 12 mètres de hauteur, en briques
séchées au soleil, de forme carrée, percées de créneaux et garnies de mâchicoulis :
elles sont surtout nombreuses sur les lignes formant frontière entre les localités;
elles s’y dressent d’ordinaire par deux, se faisant face, une de chaque côté. Dès
qu’éclate une guerre entre qçars, ce qui arrive presque tous les jours (le lendemain
de mon passage, une s’est allumée et a coûté la vie à plusieurs personnes), chaque
parti emplit ses tours d’hommes armés, avec mission de protéger cultures et canaux
et de tirer sur tout individu du camp opposé qui passe à portée; la fusillade com¬
mence aussitôt de tour à tour, fusillade vive par moments, surtout quand une troupe
paraît dans la vallée pour essayer de ravager les champs de ses adversaires. Des
questions de conduites d’eau donnent naissance à la plupart de ces guerres. Elles
durent parfois longtemps, mais ne sont acharnées que les premiers jours : dans
cette période il est rare qu’il n’y ait du sang versé; ensuite elles traînent en lon¬
gueur et les hostilités se bornent à envoyer quelques coups de fusil dans le qçar en¬
nemi, chaque fois qu’apparaît du monde sur une terrasse, dans les jardins, quand
quelqu’un approche delà frontière.
Je m’arrête au point où je suis sorti du Sarro, dans le qçar de Timichcha, au pied
duquel débouche le chemin. 11 fait partie du district d’Aït Iahia, appartenant aux
Ait Seddràt. Ce district, comme tous ceux de l’Ouad Dra et de l’Ouad Dâdes, se
compose exclusivement de l’étroite bande de cultures et de qçars qui borde les rives
du cours d’eau.
Nulle part, excepté sur le plateau supérieur du Sarro et aux approches de l’Ouad
Dâdes, je n’ai rencontré de monde pendant cette journée. Il s’est présenté trois
passages difficiles sur la route : la descente, après la ligne de faite du Sarro, le ravin
de l’Ouad Aqqa n Ourellaï et celui qui le suit.
23 avril.
Départ à 7 heures du matin. Je remonte l’Ouad Dâdes. Sauf un court défilé désert
sflUUI
Vallee de l’Ouad Dâdes.
(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.)
(Vue prise du chemin de Timichcha à Tiilil, dans la direction du nord-est.)
Croquis de l’auteur.
qu’il traverse entre le district d’Aït Iahia et celui du Dâdes, il demeure sur mon
RECONNAISSANCE AU MAROC.
211.
parcours tel que je l’ai vu hier : mêmes cultures semées d’ageddims, mêmes cor¬
dons non interrompus de qçars et de maisons. Si ce n’est pendant son passage dans
ce kheneg, on ne saurait trouver sur l’une ou l’autre de ses rives 200 mètres sans
constructions. Rien de nouveau à signaler : les flancs comme le fond de la vallée res¬
tent les mêmes jusqu’à mon arrivée à Tiilit, où je m’arrête.
Chemin facile. Beaucoup de monde. J’ai traversé l’Ouad Dâdes; il n’est pas fran¬
chissable en tous points, mais seulement en certains endroits où il présente des
gués; à celui où je l’ai passé, il avait 20 mètres de large sur 80 à 90 centimètres de
profondeur; courant très rapide. Des qçars que j’ai rencontrés, deux ont attiré
mon attention : celui d’Aït Bon Amran (entre Azdag et Taourirt), où se voit une
belle qoubba, et celui d’Imzour, remarquable par l’étendue des cinq ou six groupes
qui le forment et par l’importance de sa population.
Au Mezgîta, dans le district d’Aït Seddrât, dans celui d’Aït labia, les vêtements
des Musulmans sont les suivants : khenîfs, bernous de poil de chèvre bruns ou gris,
ces derniers rayés de fines bandes blanches et noires, haïks blancs et bruns; tète
nue ou ceinte, mais non couverte, de petits turbans blancs ou noirs; les femmes
riches sont vêtues de khent, les pauvres de laine blanche ou brune. Dans le Dâdes,
les costumes des femmes restent les mêmes; ceux des hommes sont, soit le khenif,
soit un long bernous de laine teinte, noir ou bleu foncé. Depuis Tazenakht, les ar¬
mes demeurent uniformes : long fusil à crosse étroite et poignard recourbé. L’équi¬
pement offre une variation : à partir du district d’Aït Seddrât (Dra), la corne à
poudre disparaît et se remplace par une petite gibecière de maroquin rouge cou¬
verte de broderies de soie; elle se suspend au côté gauche par une bretelle de cuir:
cet objet gracieux est d’un usage universel dans la région que je traverse, depuis
les Ait Seddrât du Dra jusqu’à Qçâbi ech Cheurfa.
11 y avait aujourd’hui marché à Imzour, près de Tiilit. J’en ai profité pour faire
chercher, parmi les Ait Seddrât qui s’y trouvaient, un zetat sûr, qui me menât au
Todra. On en a choisi un; l’arrangement a été conclu avec lui; il a été fait en forme,
devant le taleb présent au marché : celui-ci a dressé un acte en partie double cons¬
tatant que le Seddrâti un tel s’engageait, moyennant une somme de 15 francs, paya¬
ble à l’arrivée, à me conduire au Todra; il serait responsable de tout dommage qui
me serait fait durant le trajet et, au cas où je ne parviendrais pas à destination,
devrait à la communauté juive de Tiilit une indemnité de 5000 francs. Ces for¬
malités sont employées dans diverses régions du Sahara, surtout chez les Berâber
et les Ait Seddrât; dans ces deux tribus, il est rare qu’un Israélite se mette en route
sans s’être, par un acte de ce genre, mis en sûreté contre son zetat. Cela ne se fait
pas entre Musulmans. Cette différence vient «h1 ce que partout un homme serait
déshonoré s’il avait violé l’engagement pris avec un autre Mahométan, et profité de
DK T1SINT AU DADES.
217
sa confiance pour l’assassiner; au contraire, dans certaines tribus, comme celle où
je suis, qu'un Musulman promette à un Juif de l’escorter et de le protéger et que,
chemin faisant, il le pille et le tue, ce sera regardé comme une peccadille ou comme
un bon tour. Aussi prend-on des précautions spéciales.
24 avril.
Départ à 9 heures du matin. Je me mets en route avec mon zetat pour gagner le
qçar qu’il habite. J’y passerai la nuit, et demain matin on partira pour le Todra. Je
remonte l’Ouad Dâdes, dont les bords demeurent ce que je les ai vus : mêmes cultu¬
res, mêmes cordons continus de qçars. La largeur de la vallée, qui jusqu’ici n’avait
pas varié d’une manière sensible, diminue peu à peu : elle avait 1000 mètres à
Tiilit; elle en a 600 à Ivhemîs S. Bon lahia, 300 à Ait lidir. A mesure qu’on avance,
les arbres, noyers et figuiers, augmentent. Les flancs subissent à Tiilit une brusque
transformation. Jusque-là c’étaient le Sarro à gauche, une plaine à droite; aujour¬
d'hui ce seront, durant toute la marche, à droite des côtes assez hautes, à gauche une
plaine dépassant à peine le niveau de la vallée, la plaine d’Anbed.
A 1 heure , j’arrive à Ait lidir, qçar du haut Dâdes, résidence de mon zetat. Je
traverse là l’Ouad Dâdes; il coule en deux bras, l’un de 12 mètres, l’autre de 20 mè¬
tres, d’une profondeur égale d’environ 60 centimètres; courant très rapide.
RECONNAISSANCE U M\ROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
2\ S
IX.
DU DADES A QGABI ECU GHEURFA.
1°. — DU DADES AU QÇAR ES SOUQ.
23 avril.
Départ à 5 heures du matin. Mon Seddrâti, accompagné d’un second fusil, m’es¬
corte. J’abandonne l’Ouad Dàdes. Au-dessus d’Aït Iidir, on en voit la vallée rester
la même durant 4 ou 5 kilomètres, puis elle se resserre : la plaine qui s’étendait à
sa gauche finit, et est remplacée par un haut talus; la rivière , sans cesser d’être gar¬
nie de verdure, entre dans un défilé étroit où on la perd de vue. Elle s’enfonce dans
le Grand Atlas. Je passe sur le plateau
bas et uni qui la borde à l’est. J’aborde
un mouvement de terrain des plus re¬
marquables : le plateau où je m’engage
est l’extrémité occidentale d’une im¬
mense plaine qui, commençant à l’est
de l’Ouad Ziz et même de l’Ouad Gir,
s’étend vers l’ouest jusqu’à l’Ouad Dà¬
des. Cette grande dépression sépare le
Grand et le Petit Atlas, et s’enfonce
entre les deux chaînes comme un golfe
profond. Entré ici en cette plaine, j’y demeurerai jusqu’au Ziz. Dans toute cette
région, elle se décompose en deux sections qu’on peut appeler supérieure et infé¬
rieure : la première, où je suis en ce moment, que je traverserai d’ici à Imiter et du
Péris au Qçar es Souq, est la partie primitive de la plaine; elle s’étend le long du
Grand Atlas et a pour limites : au nord, cette chaîne; à l’ouest, l’Ouad Dàdes; au
sud, le Petit Atlas du Dàdes à Imiter, et au delà la section inférieure. Celle-ci, où
j entrerai à Imiter pour y rester jusqu’au Reris, se trouve au pied du Petit Atlas
el est bornée : au sud, par cetfe chaîne; à l’ouesl cl au nord, par la section supé-
DU DADES A QÇABI ECU CHEURFA.
2l!l
rieure. La seconde portion est en contre-bas de la première et séparée d’elle sur-
toute sa longueur par un talus uniforme. Celui-ci est comme un degré placé entre
les deux étages de la plaine; il est partout le même : la hauteur en est d’environ
100 mètres; il est composé de roche rose et a la forme qu’indique la figure, à pic au
sommet et en pente douce au pied. La section inférieure a sans
doute été creusée par les eaux du Grand Atlas qui, se précipitant — A
perpendiculairement de ses cimes dans la plaine, se sont heurtées
aux masses rocheuses du Sarro, si tourmentées sur ce versant,
et se sont pratiqué cette excavation à leur pied. C’est le long des
premières pentes du Petit Atlas que l’étage inférieur est le plus bas: là se déroulent
les lits des cours d’eau; là coulent et l’Ouad Imiter et l’Ouad Todra. La ligne de thal¬
weg entre le Grand et le Petit Atlas se trouve donc dans la seconde partie. L’étage
supérieur comme l’étage inférieur présentent un sol uni, dur, souvent pierreux;
aucun mouvement n’interrompt l’uniformité plate du premier, si ce n’est des massifs
rocheux au nord du Todra et une butte près de Qçar es Souq, témoins isolés au milieu
de la plaine. Dans l’étage inférieur, comme s’il avait été moins complètement balayé
que l’autre, les témoins sont plus nombreux et s’élèvent en masse plus compacte :
ce sont d’abord le barrage qui se voit à Test de Timatreouin, puis le massif situé
entre le Todra, le Reris et le Ferkla, enfin les collines isolées que je laisserai à droite
en allant du Todra au Ferkla; ces divers groupes paraissent d’altitude moindre que
le talus qui sépare les deux étages.
Ma route d’aujourd’hui se divise en deux parties : l’une dans la section supérieure
de la plaine, d’Aït Iidir aux abords d’imiter, l’autre dans la section inférieure, d’i¬
miter au Todra. Ces deux parties offrent une égale facilité; dans chacune on marche
en terrain plat. Dans la première, je parcours une plaine de plus de lo kilo¬
mètres de large, sans une ondulation; on l’appelle Outa Anbed; elle est bornée :
au sud, par le Sarro, longue ligne noire à reflets brillants; au nord, parmi talus brun
de hauteur médiocre, commençant à la gorge où s’enfonce l’Ouad Dàdes en amont
d’Aït Iidir; à l’ouest, par la vallée de cette rivière; vers l’est, rien ne limite l’horizon :
tant qu’on marche dans la plaine, on ne voit qu’elle devant soi. On en sort sans s’en
apercevoir, en s’engageant dans le lit d’une rivière dont les berges rocheuses, basses
d’abord, vont en s’élevant et finissent par devenir les lianes d’un ravin. C’est
un court passage d’où on débouche, à Imiter, dans une nouvelle plaine, la seconde
section, l’étage inférieur. Le sol de TOuta Anbed est uni comme une glace; c’est
un terrain sablonneux et dur, semé de petites pierres; il est aux deux tiers nu;
un tiers est couvert de menus herbages. De rares ruisseaux le sillonnent, leurs lits
desséchés et bordés de grands genêts blancs. Imiter est un groupe de quatre qçars
appartenant aux Berâber. Il se trouve à la bouche d’une vallée étroite, dont les flancs
220
RECONNAISSANCE AU MAROC.
sont (les talus de roche rose de 100 mètres de haut, raides, sans végétation, sem¬
blables à ceux qui bordent le ravin que je viens de descendre. La rivière qui en sort,
l’Ouad Imiter, débouche ici dans la plaine inférieure, où elle s’unit au cours d’eau
que j’ai suivi. Les qçars d’imiter sont construits avec élégance, comme ceux duDra.
Quelques cultures d’orge et de blé les entourent, avec des figuiers et des trembles.
A Imiter commencent la seconde portion de ma route et le second étage de la
plaine; celui-ci est une longue surface plate gardant d’ici, son origine, jusqu’au
Todra, où il est coupé par la bande de palmiers de l’oasis, une largeur moyenne
de 3 kilomètres; après le Todra, il s’élargit par degrés et atteint 18 kilomè¬
tres entre le Ferkla et le Iieris; au delà de ces points, je le verrai s’étendre à perte
de vue vers l’est, avec une largeur qui paraîtra augmenter encore : sur toute
son étendue il reste le même, borné au nord par le talus uniforme de roche rose qui
le sépare de l’étage supérieur, au sud par une ligne de hauteurs noires et rocheuses,
premières pentes du Sarro. D’Imiter au Todra, le sol est uni; il consiste en un sable
rose semé de pierres, rares au début, plus nombreuses à mesure qu’on avance vers
Test. On ne voit presque pas de végétation : à peine un peu de thym et de
mousse (1). Un seul accident de terrain coupe la monotonie de la plaine : une ligne
de collines de 50 à 60 mètres de hauteur la barre vers Timatreouin, formant une
digue sur toute sa largeur; ces collines sont en pente douce; le chemin qui les
franchit n’offre aucune difficulté. Le col où on les passe, Foum el Qous n Tazoult,
est un point important : il forme limite entre les Ait Melrad et les autres fractions
des Ait Iafelman; le sol en est intéressant : composé moitié de roche rose, moitié
de roche noire, il réunit les éléments du Grand et du Petit Atlas. Après l’avoir tra¬
versé , je me retrouve sur la plaine : dans le lointain apparaissent les palmiers du
Todra, comme une ligne noire. Je les atteins à 4 heures du soir. A 4 heures et
demie, je fais halte dans le qçar de Taourirt.
L’oasis du Todra se compose uniquement des rives de l’Ouad Todra; c’est un long
ruban, dont la largeur varie de 800 à 2000 mètres, couvert de plantations au milieu
desquelles serpente la rivière. Elle est ombragée sur toute son étendue d’une multi¬
tude de palmiers auxquels se mêlent, surtout dans la partie nord et aux environs
immédiats des qçars, des grenadiers, des figuiers et des oliviers, mi-cachés sous les
rameaux grimpants delà vigne et des rosiers. Tel je vois le Todra, telles seront les
oasis du Ferkla, du Reris, du Qçar es Souq, minces serpents noirs s’allongeant dans
la plaine.
Durant la route d’aujourd’hui, je n’ai cessé de voir dans le lointain, vers le nord,
(1) Mousse blanchâtre poussant par grosses touffes; elle verdit en temps de pluie et sert alors de nourriture
aux chameaux. On la rencontre, paraît-il. dans tous les hamadas du Sahara Marocain.
DU DADES A QÇABI ECU CIIEURFA.
221
au delà des hauteurs peu élevées bordant l’Outa Anbed et du talus limitant l’étage
inférieur, de hautes montagnes brunes avec des taches de neige sur leur faîte : ce
n’étaient pas les crêtes supérieures du Grand Atlas, mais d’importants échelons de
la chaîne. Comme rivières, j’ai rencontré l’Ouad Imiter (100 mètres de large; lit
moitié sable, moitié gravier; à sec; berges de sable de 2 mètres de haut) et l’Ouad
Todra (20 mètres de large, dont 15 remplis d’eau courante; fond de gravier; point
de berges; l’Ouad Todra a une eau limpide et agréable au goût; son lit n’en man¬
que jamais; un grand nombre de canaux en dérivent, donnant en tout temps un ar¬
rosage abondant aux plantations qui le bordent. Pendant la partie de son cours où
il traverse l’étage inférieur de la plaine, il coule au milieu d’une tranchée d’envi¬
ron 1000 mètres de large, séparée du terrain voisin par des talus escarpés de 8 ou
10 mètres. Le fond de la tranchée, de sable, est couvert de cultures et de palmiers :
c’est le cœur de l’oasis; la plupart du temps, dattiers et champs débordent un peu
des deux côtés de l’encaissement; jamais ils n’en dépassent beaucoup les bords; pareil-
droits, ils s’y arrêtent. Je verrai plus loin l’Ouad Ziz couler à Qçar es Souq dans une
excavation semblable. Dans la partie où il traverse l’étage supérieur, l’Ouad Todra
s’y creuse une vallée à pentes douces ayant au fond 1200 à 1500 mètres de large).
Entre Imiter et le Todra, j’ai vu deux lieux habités, deux petits qçars, l’un auprès
duquel je suis passé, l’autre aperçu de loin. Le premier, Timatreouin Ignaouen , ap¬
partient aux Berâber (les Ignaouen sont une subdivision des Aït Atta); il est bordé
de jardins et de cultures semblables à ceux d’imiter; comme là, il n’y a pas un pal¬
mier; un canal descendant des premières pentes du Grand Atlas y apporte une eau
courante et limpide. Le second est Qciba Aït Moulei Hamed. Il fait partie d’un groupe
de trois qçars situés sur les bords de l’Ouad Imiter, non loin de son continent avec
l’Ouad Todra; tous trois sont entourés de dattiers. A l’exception des travailleurs dis¬
persés dans les plantations d'imiter et de Timatreouin , je n’ai rencontré personne
sur la route.
20 et 27 avril.
Séjour à Taourirt. L’oasis du Todra, une de sa nature, se divise au point de vue
politique en deux portions : la première, le Todra proprement dit, se compose de la
partie haute; elle est habitée par des C bel 1 ali a indépendants; la seconde, qui est située
au-dessous d’elle et n’en est séparée par rien d’apparent, appartient aux Berâber; ils
y sont mêlés; plusieurs fractions se la partagent. Dans tout le Todra, chaque loca¬
lité est indépendante de ses voisines. L’oasis est fort peuplée; elle comprend 50 à GO
qçars, échelonnés les uns contre les autres le long des plantations. La plupart sont
construits en des points (‘levés : ceux de l’étage inférieur de la plaine, au bord de la
R ECO NN A ISS A N G K AU MAROC.
999
tranchée que s’y est creusée l’Ouad Todra, les autres au pied des flancs de sa vallée,
comme Tiidrin et Tirremt, ou sur des buttes isolées près de ses rives, comme Taou-
rirt et Ait Ourjedal. Cette disposition, que j’ai trouvée dans le Dra et le Dâdes, se
prend ici pour les mêmes motifs qu’en ces régions; il s’en ajoute un de plus : la né-
Ouad Todra et qçar do Tiidrin. (Vue prise de Taourirt.)
Croquis de l’auteur.
cessité d’avoir une position aisée à défendre. Les guerres, fréquentes ailleurs, sont
continuelles au Todra; aussi point de précaution qu’on ne prenne : chaque localité
est resserrée dans un étroit mur d’enceinte : de toutes parts se dressent des aged-
dims. Durant le temps que j’ai passé à Taourirt, ce
qçar était en guerre avec son voisin, Aït Ourjedal;
chaque jour on se tirait des coups de fusil; les fenê¬
tres, les lucarnes des maisons étaient bouchées; on
n'osait monter sur les terrasses de crainte de servir
de point de mire : les deux localités sont si proches
que, malgré le peu de portée des armes, on s’attei¬
gnait de l’une à l’autre. On ne se contente pas toujours
de tirailler à distance; il n’est pas rare de voir les
habitants d’un qçar en assiéger un autre, le prendre
d’assaut et le piller.
La langue du Todra est le tamazirt; beaucoup
d’hommes savent l’arabe. Les Musulmans sont ha¬
billés de haïks et de bernons de laine blanche, rare¬
ment de kheidous; ils ont d’ordinaire la tête nue; quelquefois ils la ceignent, sans
la couvrir, d’un petit turban blanc. L’armement reste jusqu’au Ziz ce qu’il était au
\
Coiffure d'une .luive du Todra.
Croquis de l’auleur.
DU DADES A QÇABI ECU CHEÜRFA.
003
Dàdes. Le vêtement des femmes demeure le même; à partir d’ici, il sera toujours de
laine ou de cotonnade blanche : plus de klient. Pas de Haratin.
28 avril.
Du Todra au bassin de laMlouïa, je serai en plein pays des Beràber. D’ici à l’Ouad
Ziz, la région à traverser est une vaste plaine déserte semée d’oasis. Elle est sans
cesse parcourue par plusieurs fractions des Beràber, surtout par les Ait Melrad el les
Ait Atta. Comme la mésintelligence règne en ce moment entre Ait Melrad et Ait Atta
d’une part, et de l’autre entre les deux grandes branches des Ait Atta, les Ait Zem-
roui et les Aït Hachchou, il me faudra trois zetats d’ici à Qçar es Souq : un des Ait
Melrad et deux des Ait Atta. Je me suis, pendant mon séjour à Taourirt, assuré de
ceux qui me conduiront au Ferkla. Ils doivent me prendre aujourd’hui; on passera
la nuit au qç-ar de l’un d’eux, dans le bas Todra : demain matin on partira pour le
Ferkla, en se joignant à la caravane qui y va tous les mardis.
Départ de Taourirt à 4 heures du soir. Arrivée à Tadafals, mon gîte, à 7 heures.
Je n’ai fait que longer la lisière de l'oasis, cheminant tout le temps dans l’étage in¬
férieur de la plaine; il ne cesse pas d’être uni; le sol y est sablonneux en restant dur.
A hauteur des dernières localités du Todra, commence sur la, rive gauche de la ri¬
vière et assez loin d’elle un massif isolé de collines basses que je côtoierai pendant
la marche de demain. A Aït Mhammed finit l’excavation dans laquelle coulait TOuad
Todra. A partir de là, le lit est au niveau de la plaine. Chemin faisant, j’ai traversé
TOuad Imiter (60 mètres de large; lit de sable; à sec); au point où je l’ai passé,
une digue en maçonnerie barrait le cours de la rivière; c’est l’ouvrage de ce genre le
mieux construit que j’aie vu au Maroc.
29 avril.
Départ à 6 heures du matin. Bientôt qçars et palmiers disparaissent sur les rives
de TOuad Todra. Le lit s’en dessèche, et je suis dans le désert. Je chemine dans la
plaine où je me trouvais hier, marchant entre TOuad Todra et le massif qui s’élève
à sa gauche; le sol est de sable blanc, pur auprès de la rivière, semé de petits cail¬
loux noirs aux abords des collines; au pied de celles-ci, la terre en est couverte
comme d’une écaille. Peu de végétation : dans les régions pierreuses, quelques touf¬
fes de thym; dans le sable, qui occupe la portion la plus grande, un peu de
melbina et de jujubiers sauvages. Je vois au sud, bornant la plaine, les premières
pentes du Petit Atlas portant encore le nom de Sarro, ligne sombre de hauteurs
tourmentées, aux flancs de roche noire et luisante, avec de minces filets de neige ap-
RECONNAISSANCE AU MAROC.
i
paraissant cà et là sur les crêtes. Vers le nord , une partie de l’étage inférieur et le
laïus rose qui le borde sont masqués pendant une portion du trajet parles collines
dont je suis le pied: celles-ci forment un massif gris, aux flancs rocheux et nus, aux
côtes douces, élevé de 30 à 40 mètres; il s’élève isolé dans la plaine, occupant la partie
centrale du triangle dont le Todra, le Ferkla et le Reris sont les sommets. Au delà
de sa ligne mince, apparaît dans le lointain une longue chaîne de hautes montagnes
brunes : les premiers échelons du Grand Atlas. Tel est ici l’étage inférieur de la
plaine, où je marche jusqu’au Ferkla. A 1 heure, j’atteins les premiers palmiers de
l’oasis; à 1 heure 20 m., je m’arrête au qçar d’Asrir. Depuis 0 heures du matin, on
se croyait sans cesse au point d’arriver, trompé qu’on était par de continuels effets
de mirage. C’était la première fois que j’apercevais ce phénomène au Maroc : il se re¬
présenta le lendemain durant presque tout le trajet du Ferkla au Reris. Depuis je ne
le vis plus.
Je marchais aujourd’hui avec une nombreuse caravane, au milieu de laquelle me
protégeaient trois zetats; elle se composait de 100 à 150 personnes, moitié Ait Atta,
moitié Ait Melrad. Il y avait dans le nombre 60 à 70 fusils, sans un cavalier. Tout
ce monde venait du Souq et Tenîn du Todra et se rendait au Ferkla. Les bêtes de
somme, ânes et mulets, étaient 120 ou 150; les mulets sont très communs dans le
pays. Je n’ai point aperçu d’autres voyageurs que nous sur la route. L’Ouad Todra,
que j’ai traversé ce matin au sortir de l’oasis, y avait 60 mètres de large; il était à
sec; le lit en était formé de gros galets et sans berges. Il reste tel jusqu’au Ferkla,
toujours desséché et au niveau du sol : point de trace de végétation ni dans son
lit ni sur ses rives; rien qui de loin en dessine le cours à la surface blanche de la
plaine. Le Ferkla est en tout semblable au Todra : c’est une bande de palmiers
large de 1 000 à 2000 mètres; au milieu se déroule l’Ouad Todra, dont le lit s’emplit
de nouveau d’une eau abondante et limpide. Il coule à fleur de terre; l’oasis entière
est au niveau de la plaine. Le Ferkla est moins grand que le Todra : sa longueur est
moindre; ses localités et ses habitants sont en nombre plus faible. Il appartient en
partie aux Ait Melrad, en partie à des Chellaha isolés : leurs qcars sont mélangés;
chacun de ceux-ci est indépendant, aussi bien ceux des Chellaha que ceux des Berâ-
ber. Par une exception unique, les Chellaha du Todra, du Ferkla et une partie de
ceux du Reris gardent une liberté absolue auprès de leurs puissants voisins : ils n’ont
pas sur eux la moindre debiha. A quoi faut-il l’attribuer? Sans doute à leur cohésion
lorsqu’il s’agit de défendre la liberté commune, et à leur caractère belliqueux. A
ce propos, il faut remarquer qu’il ne se trouve pas un seul Hartâni parmi eux. J’ai
cessé de voir des Haratin dès que j’ai quitté l’Ouad Dâdes : dorénavant je n’en ren¬
contrerai pl us. Au Ferkla comme au Todra, je trouve les élégantes constructions du
Dra. Les productions du sol sont les mêmes ici qu’au Todra, avec celle différence
DU DADES A QÇABI ECU GHEURFA.
±2'â
qu’en arbres il n’y a guère que des dattiers; les autres essences sont rares : on voit
quelques troncs de figuiers, de grenadiers, de pêchers, d’oliviers, et de la vigne,
niais en petite quantité; au contraire, les palmiers sont nombreux et beaux : ils
sont plantés serrés et forment une forêt touffue. A leur ombre, entre leurs pieds, se
pressent des cultures arrosées de canaux.
,')() avril.
Aujourd'hui je vais au Reris, autre oasis analogue à celle-ci. Départ à 8 heures du
matin, .l’ai mon escorte obligatoire de trois Berâber; je marche avec une cara¬
vane d’une vingtaine de personnes dont la moitié est armée. Le massif de collines
que j’ai eu ;'i main gauche durant la marche d’hier expire entre le Ferkla et le
Reris : on en distingue les dernières côtes à l’ouest du chemin. Vers le nord s’aper¬
çoit, à grande distance, une haute chaîne brune, aux nombreuses découpures, entre
lesquelles brillent des croupes plus éloignées couvertes de neige : le Grand Atlas.
L’étage inférieur de la plaine apparaît ici dans toute son étendue : il s’étale entre le
Petit Atlas et le talus de roche rose au pied duquel est le Reris; plus un mouvement
n’en plisse l'immensité plate qu’on voit s’allonger vers l’est à 1 infini , toujours la
même, aussi loin que la vue peut porter. C’est, une surface nue et blanche se dérou¬
lant jusqu’à l’horizon. Là coulent les ouads Todra et Reris; là est leur confluent :
dans l’éblouissante blancheur de la plaine, leurs lits desséchés et sans verdure ne se
distinguent pas. Seules, paraissent quelques lointaines oasis, points noirs se reflétant
dans les étangs et les longs lacs bleus que fait briller le mirage. Du Ferkla au Reris,
le sol est de sable dur semé çà et là de cailloux noirs : comme seule végétation, la
mousse des hamadas, excepté en quelques points où le subie forme des dunes de
50 centimètres de haut, et où poussent des touffes de drin.
A I heure et demie, j’arrive au Reris. Cette oasis est, en forme et en productions,
semblable au Todra et au Ferkla, au Todra surtout, auquel elle est en quelque sorte
symétrique. Comme lui, elle est située au point où le cours d’eau qui la féconde sort
du talus rocheux et débouche de l’étage supérieur dans le second; comme lui, elle se
trouve partie en deçà du talus, resserrée au fond d’une vallée, partie au delà, en
plaine. C’est une bande de palmiers ombrageant des cultures au milieu desquelles
coule l’ouad et s’élèvent de nombreux qçars. Les constructions sont faites à la façon
de celles du Dra. Peut-être ont-elles moins de moulures sur les murs; en revanche
la plupart des localités possèdent des enceintes élevées et, auprès des portes, des
tours d’une grande hauteur, telles que je n’en ai vu nulle part ailleurs. Comme au
Ferkla, les palmiers forment une forêt épaisse et ont entre eux peu d’arbres d’essence
différente. L’Ouad Reris est de la force de l’Ouad Todra : il a 30 mètres de large,
2 y
hkconnaissvncis vu mvkoc.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
226
dont 12 remplis d’eau claire et courante de 60 centimètres de profondeur. Le lit est
moitié sable, moitié gravier ; il a des berges de sable de 2 mètres de haut. Pendant le
trajet d’aujourd’hui, je n’ai rencontré personne. J’ai passé à proximité de deux lieux
habités : Zaouïa Sidi El Houari, groupe de quelques maisons entouré de grands jar¬
dins d’oliviers et de grenadiers, sans un palmier; El Mkhater, petit qçar avec
dattiers.
En ce moment, le Reris est fort agité. On s’attend à ce que les Ait Atta et les Ait
Melrad en viennent aux mains bientôt dans ces parages : chaque qçar se tient sur
ses gardes; chacun a des veilleurs sur ses tours, pour guetter et donner l’alarme
en cas de surprise. Nous avons dit qu’Aït Atta et Ait Melrad étaient en mauvaise
intelligence. Au printemps dernier (1883), ils se sont livré une grande bataille
non loin d'ici, auprès de Tilouin, petite oasis isolée à l’est du Ferkla. Les Ait Atta
étaient au nombre de 8000 fantassins et 600 chevaux; les Ait Melrad comptaient
12000 hommes de pied et 700 cavaliers. Les Ait Atta furent vaincus; 1600 péri¬
rent: la perte des Ait Melrad fut de 400 hommes (1). Le combat n’avait duré qu’une
matinée. Cette sanglante rencontre fut suivie d’une trêve d’une année : il fut cou-
venu qu’on se mesurerait de nouveau au printemps suivant. On s’attend chaque jour
à voir commencer les hostilités. Le principal théâtre de la lutte sera sans doute le Re¬
ris. Les Ait Atta enlevèrent, il y a une trentaine d’années, aux Ait Melrad une partie
des qçars qu’ils possédaient dans cette oasis, entre autres Gelmima, l’un des princi¬
paux de la contrée. Les Ait Melrad vont, pense-t-on, essayer de reprendre ce dernier.
Ce n’est pas sans raison qu’on considère la reprise de la guerre comme imminente.
J’apprendrai demain, en arrivant à Qçar es Souq, qu’aujourd’hui même les Ait Atta
ont pillé une caravane d’Aït Melrad : c’est le début des hostilités.
1er mai.
Départ de Gelmima à 4 heures du matin. .Je vais au Qçar es Souq, petit district
sur l’Ouad Ziz. Point de caravane : je pars avec mes trois Berâber. On commence
par longer le pied du talus de roche rose qui sépare les deux étages de la plaine.
A sa base, le sable devient rose et se sème de pierres; presque point de végé¬
tation : quelques touffes de melbina et de mousse du hamada. Vers 7 heures et de¬
mie, je cesse de suivre le talus et je le gravis. Arrivé à sa crête, je me trouve au
bord d’un plateau; il s’étend à perte de vue à l’est et à l’ouest; il est borné au
sud par le talus que j’ai monté; au nord, par un premier échelon du Grand Atlas
qui se dresse comme une muraille à 20 kilomètres de moi : c’est la première
(1) .le ne puis croire à ce chiffre de 2000 morts en un combat : cependant il m’a été affirmé comme exact
en quatre points différents, au Todra, au Ferkla, au Rcris, à Qçar es Souq.
DU DADES A QÇAB1 ECU CHEURFA.
227
section de la plaine, l’étage supérieur. A mes pieds s’étend la partie inférieure, que je
viens de quitter : immense étendue blanche où paraissent, comme deux points, les
oasis de Tilouin et de Mekhtara Aït Abbou ; elle se prolonge toujours la même,
bordée par la ligne sombre du Sarro , aussi loin que porte la vue. A la
surface de la section où je suis, s’aperçoit vers le nord-ouest un tronçon de ligne
verte, portion des palmiers de Taderoucht; ils apparaissent par une légère dépres¬
sion de la plaine. D’un autre côté, au nord-est, se voit un mamelon rougeâtre dres¬
sant sa tête isolée au milieu du désert. 11 se trouve dans la direction du Qçar es
Souq : je marche droit sur lui. Le sol de cet étage supérieur est mi-pierreux, mi-
rocheux sur les bords; il devient sablonneux à mesure qu’on se rapproche du milieu :
dans cette partie il y a parfois de petites dunes de 1 à 2 mètres de haut. La végé¬
tation se compose, dans le sable, d’un peu de thym, de mousse du hamada, de rares
jujubiers sauvages. Les parties pierreuses sont plus nues : à peine y voit-on quel¬
ques touffes de mousse. Le terrain est uni; on n’y distingue pas d’autre accident
que la butte isolée qui me sert de signal; elle est peu élevée : je passerai à son pied
à 2 heures; elle me semblera avoir 60 ou 80 mètres de haut. C’est un mamelon de
roche rouge, escarpé. Les eaux de cette partie de la plaine vont d’une part à l’Ouad
Ziz, de l’autre à l’Ouad Reris. Cela donne naissance à la dépression par laquelle j’ai
aperçu une parcelle du Taderoucht.
A 3 heures et demie, l’Ouad Ziz apparaît. Il est à quelque distance. C’est une
ligne noire sortant du flanc de l’Atlas et s’allongeant à perte de vue dans la plaine.
Aucun mouvement ne borne l’horizon, ni à l'est, ni à l’ouest, ni au sud : on ne voit
en ces trois directions qu’une surface plate et blanche s’étendant à l’infini; au milieu
serpente la longue file des palmiers de l’Ouad Ziz, sans que la ligne s’en interrompe
depuis le point où ils débouchent de la montagne jusqu’à celui où on les perd
des yeux aux limites de l’horizon. Les districts qui se succèdent sur les bords du
Ziz sont, comme ceux du Dra, un ruban étroit se déroulant au milieu du désert :
comme eux, bien que portant des noms divers, Qçar es Souq, Metrara, Reteb,
Tizimi, Tafilelt, ils forment une seule oasis, bande de dattiers bordant sans inter¬
ruption le fleuve, depuis le qçar le plus haut du Qçar es Souq jusqu’à la localité1
la plus basse du Tafilelt.
A 4 heures et demie, je parviens au Qçar es Souq. Je m’arrête au mellali. Je n’ai
rencontré personne durant ma route. J’ai passé près d’un endroit habité, le petit qçar
de Tarza, appartenant aux Ait Izdeg. Deux cours d’eau se réunissent au-dessus de lui
et se dirigent vers le sud en creusant dans la plaine une vallée de 500 mètres de
large : le qçar se trouve au fond de celle-ci, entouré de champs, d’oliviers el de
figuiers; point de palmiers. Le principal des deux cours d’eau, l’Ouad Tarza, a
50 mètres de large; le lit, moitié sable, moitié gravier, en est à soc.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
±2H
Le Qçar es Souq est un district situé sur les bords du Ziz : c’est l’un des plus pe¬
tits de son cours et le premier après sa sortie du Grand Atlas; il commence au point
où le fleuve débouche de la montagne. Lavallée du Ziz y offre une bande de palmiers
large de 500 à 1500 mètres, au milieu de laquelle coule le fleuve et s’élèvent des
qçars. Les constructions sont en pisé; les tirremts, nombreuses, sont moins or¬
nées que dans le Dra. D’ici à Foum Riour, où l’Ouad Ziz sort de l’Atlas, le cours d’eau
et la majeure partie des dattiers sont encaissés dans une tranchée profonde de
plusieurs mètres, pareille à celle où coule quelque temps l’Ouad Todra; le fond
en est de sable, les parois de roche : en dehors sont le reste des palmiers et la
plupart des qçars. L’Ouad Ziz a ici 40 mètres de large, 80 centimètres de profondeur,
une eau verte au courant impétueux; il a de nombreux rapides et ne se traverse
qu’à des gués déterminés; lit tantôt de gravier, tantôt de sable, sans berges.
Le costume et les armes sont les mêmes, à peu de chose près, que dans les oasis
précédentes. Le gracieux sac à poudre de filai i brodé de soie se porte toujours. La-
seule modification est dans la coiffure : on garde le dessus de la tête nu; l’étroite
bande de coton blanc dont on se ceignait le front au Dâdes, au Todra et au Reris
se remplace par quelques tours de fil de poil de chameau ou de cordelette de soie;
celle-ci est d’ordinaire rose et de 7 à 8 millimètres de diamètre. 11 est de mode
d’avoir un anneau d’argent à l’oreille gauche. Peu de kheidous : on ne s’habille que
de blanc; les bernons, de laine ou de coton, sont fréquemment ornés de broderies
de soie aux couleurs vives. Costume et armement resteront les mêmes d’ici à Qçâbi
ech Cheurfa.
2°. — DU
QCAR ES
SOUQ A QÇABI ECH CHEURFA.
2 mai.
Le Qçar es Souq, le Tiallalin, tous les pays que je traverserai d’ici au col de
Telremt, faîte du Grand Atlas, appartiennent à un même rameau des Rerâber, les Ait
Izdeg. Je prends trois fusils de cette fraction pour m’escorter jusqu’au Tiallalin,
mon gîte de ce soir. Ce district, situé sur le Ziz, se trouve de l’autre côté de l’épaisse
chaîne rocheuse au pied de laquelle est le Qçar es Souq. Deux chemins y mènent :
l’un longe le cours du fleuve, au fond d’une gorge profonde, l’autre laisse l’ouad de
côté et gravit les crêtes de la montagne. Ce dernier est plein de difficultés : on
le prend en cas de nécessité absolue, lorsque l’Ouad Ziz, que la première route
traverse plusieurs fois, se trouve infranchissable. Bien que je sois à l’époque de la
crue du fleuve, et que des pluies récentes en aient gonflé les eaux et rendu le pas-
DU DADES A QÇABI ECU GHEURFA.
sage difficile, je prendrai la première voie. Au sortir du Qçar es Souq, j’entre dans la
montagne. Celle-ci est une large chaîne de roche nue; elle semble former une suc¬
cession de murailles à pic et de talus, séparés par des côtes plus ou moins raides,
tantôt rocheuses, tantôt pierreuses. Le massif est presque en entier de couleur rouge
vif: aux abords du Tiallalin, les flancs changent de ton et deviennent d’un gris bleuâ¬
tre. L’Ouad Ziz traverse cette chaîne par une longue gorge aux parois escarpées, qui
se changent parfois en murailles verticales; le fond a par endroits 300 ou 400 mètres
de large, souvent 50 ou 60. 11 est sablonneux, couvert de cultures et jalonné de qçars
sur presque toute sa longueur; la partie supérieure seule, celle qui touche à la plaine
du Tiallalin, est rocheuse, nue et déserte. L’autre forme un district séparé, El
Kheneg. Des dattiers ne cessent d’ombrager les cultures depuis Qçar es Souq jusqu’au
qçar de Tamerrâkecht. Là ils disparaissent : je n’en verrai plus d’ici à la fin de mon
voyage. Dans ce défilé, le chemin est difficile, à cause de la quantité de fois qu’il faut
traverser l’Ouad Ziz : quoique j’aie fait un détour dans la montagne pour diminuer
le nombre de ces passages, je l’ai franchi à six reprises; la plupart des gués avaient
environ 25 mètres de large et 80 centimètres de profondeur; la rapidité très grande du
courant rendait longue chacune des traversées. Parti de Qçar es Souq à 7 heures du
matin, je n’arrive qu’à 3 heures et demie à l’extrémité nord du défilé. Là je me trouve
en face d’une plaine où je m’engage : la plaine du Tiallalin. Elle est bornée : au
sud, par la chaîne de laquelle
je sors; au nord par une autre
chaîne nue et rocheuse, pa¬
rallèle à celle-ci; à l’ouest,
par un demi-cercle de hautes
montagnes, un peu plus éle¬
vées que celles que je viens
de traverser, et dont le pied ,
à sa plus grande distance,
peut être à 12 ou 15 kilomètres. Vers l’est, la plaine s’étend jusqu’aux limites de
l’horizon. Cette étendue est nue et plate; le sol en est pierreux, avec quelques
parties rocheuses et d’autres sablonneuses. L’Ouad Ziz la traverse dans sa largeur;
les deux rives du fleuve sont bordées d’un ruban continu de cultures et de villages
qui se prolongent par delà la plaine, derrière la chaîne qui la limite au nord. C’est
le Tiallalin.
Le Tiallalin a, comme végétation, l’aspect du bas Dades : mômes cultures tristes,
même apparence morne, même absence d’arbres. Les champs, répartis sur les deux
bords de l’Ouad Ziz, forment une bande non interrompue d’une extrémité a l’autre
du district : la bandeest de largeur inégale, tantôt elle a 2000 mètres, tantôt ;i peine
Foum .label.
Portion méridionale du Tiallalin. (Vue prise de Kerrando.)
Croquis de l’auteur.
RKCONNAISSAN G K AU MAROC.
230
1 000. Si par la pauvreté de la végétation le Tiallalin rappelle le Dâdes, il ne lui res¬
semble en rien en ce qui concerne les qçars. Depuis que j'ai quitté le bassin du
Dra, l’architecture va en déclinant : jusqu’au Qçar es Souq inclus, elle avait gardé
de l’élégance; il n’y en a plus au Tiallalin : les bâtiments y sont de pisé sans orne¬
ment; il existe des tirremts; mais leurs quatre murs flanqués de tours sont d’une
simplicité absolue : ni découpures, ni moulures. Les ageddims ont disparu avec les
derniers palmiers du Reris. Les constructions, d’ici à Oudjda, rappelleront celles
du Tâdla, des Aït Atab, des Entifa. Au Tiallalin, elles sont non seulement moins
élégantes qu’au Dâdes, mais aussi moins nombreuses; elles forment une série de vil¬
lages peu espacés, et non cette suite continue d’habitations qui donne au Dâdes un
aspect si particulier.
Je suis entré dans le Tiallalin à 4 heures; je m’y arrête à 5 heures à Qcîba el Ihoud,
petit village situé presque à l’extrémité de 1a. plaine.
3 et 4 mai.
Séjour au Tiallalin. Une pluie continuelle, bénie par les habitants, peu agréa¬
ble à un voyageur, m’v retient deux jours.
5 mai.
Départ à 8 heures du matin. Bientôt je suis hors de la plaine. L’Ouad Ziz y entre
par un kheneg d’environ 100 mètres de large, entre le Djebel Bon Qandil, haute
montagne brune aux côtes raides, à Test, et le Djebel Gers, longue chaîne de roche
jaune, à l’ouest. Cette dernière est en pente faible pendant 1 à 2 kilomètres , puis s’é¬
lève à son tour; elle forme le flanc droit d’une vallée où coule l’Ouad Ziz avant de
passer dans la plaine. Le flanc gauche en est un talus à crête uniforme, en rampe
douce au pied, se terminant au sommet par une muraille à pic; il n’est que roche
et pierres sans végétation. Le fond,
que je remonte, a un sol terreux;
la largeur moyenne en est de 1 500
mètres. Il est occupé par les cul-
tures et les villages du Tiallalin et
du Gers; les deux districts s’y suc¬
cèdent sans intervalle : ils s’éten¬
dent sur toute la longueur de la
vallée, mais n’en embrassent pas toute la largeur, n’occupant jamais qu’une des
rives du fleuve, l’autre restant inculte et déserte. Je traverse une dernière fois l’Ouad
Ziz : au gué, il forme deux bras, de 50 mètres de large chacun; la profondeur du
Aït Khozman.
Vallée de l'Ouad Ziz et qçar d’Aït Khozman. (Vue prise de Kerrando.)
Croquis de l’auteur.
DU DADES A QÇABI ECU CHEURFA.
^31
premier esl de 80 centimètres, celle du second de 50 centimètres; les eaux coulent
sur un lit de gravier, sans berges; le courant est très rapide. Dans le lointain, appa¬
raît la cime blanche du Djebel el Aïach i . Elle ne cessera de briller à mes yeux d’ici à
Qçâbi ech Cheurfa, et de là jusqu’à Misour. Vers 1 1 heures, je me trouve à l’extrémité
de la vallée : le flanc gauche s’abaisse tout à coup, et fait place à une plaine bornée,
au nord, par une chaîne rocheuse et rouge qui s’élève à plusieurs kilomètres d’ici; au
sud, par le prolongement du Djebel Gers; vers l’ouest et le nord-ouest, elle s’étend
à une grande distance et est limitée par de hautes montagnes très éloignées : de
là vient l’Ouad Ziz : on distingue au loin à la surface blanche de la plaine les taches
noires des jardins qui en marquent le cours. Pour moi, je l’abandonne et marche
d roi t au nord , vers la chaîne qui se dresse de ce côté; jusque-là, sol pierreux, plat,
sans végétation. A 1 heure moins un quart, j’arrive au pied du massif; je le gravis :
une montée d’une heure, par un ravin nu et rocheux, me conduit à un col. Là
commence un plateau accidenté, au sol terreux, couvert de gecldim (sorte d’halfa) et
de thym. Je le traverse; au bout de quelque temps, j’atteins une crête : c’est l’extrémité
nord du plateau. Devant moi s’étend une côte peu rapide, garnie de geddim, et au
delà une longue plaine orientée comme celle du Tiallalin, de l’ouest-sud-ouest à l’est-
nord-est. Elle est limitée : au sud, par le massif que je finis de franchir; au nord, par¬
le Djebel el Abbarat, haute chaîne de roche rouge, et, en avant de lui, par un massif
de collines grises de 40 à 50 mètres de hauteur, qui s’y adosse, tout en en étant
distinct; à l’ouest, par un demi-cercle de montagnes assez élevées. Vers l’est, elle
s’étend à perte de vue. L’Ouad Nezala la traverse dans sa largeur; trois hameaux
isolés apparaissent avec leur maigre verdure au milieu de sa surface déserte. Bientôt
je suis dans la plaine; le sol, sablonneux, est couvert d’herbages où le genêt do¬
mine. Je gagne l’Ouad Nezala, que je suivrai jusqu’au col de Telremt, faîte du Grand
Atlas. Au bout de la plaine, j’entre dans le massif de collines qui précède le Djebel
el Abbarat. L’Ouad Nezala s’y creuse une vallée de 100 mètres de large; les flancs,
terre avec quelques pierres, sont couverts de geddim. A 4 heures, je suis au
point où finit ce massif et où sortent de terre les parois escarpées du Djebel el
Abbarat. A droite, à gauche, sont des cols entre les coteaux et la montagne. En avant,
s’ouvre dans le flanc de cette dernière une brèche étroite, Klieneg
el Abbarat, phénomène des plus curieux. La chaîne où elle est
percée est une digue de plus de 200 mètres 'd’élévation, à
crête rocheuse et à base pierreuse; les crêtes vont en s’abaissant
près du klieneg : elles diminuent d’une manière rapide et régu¬
lière, en décrivant un demi-cercle; la crête supérieure elle-même semble le décrire,
de façon qu’au fond du klieneg la muraille du faite a l’air de s’être abaissée au niveau
de la rivière : ainsi ce klieneg ne paraît point percé comme les autres par l’action
RECONNAISSANCE AU MAROC.
232
des eaux; il semble formé par un pli de la bande rocheuse qui compose la chaîne.
Il a 100 mètres de long et. à peine 30 mètres de large; le fond comme les parois en
sont de roche : je le traverse dans le lit de l’Ouad Nezala. Au sortir du défilé, la
vallée demeure étroite; ses flancs s’abaissent : ceux-ci sont les pentes septentrio¬
nales du Djebel el Abbarat; elles étaient nues sur l’autre versant; ici, tout en gar¬
dant la même nature rocheuse, elles se sèment de quelques arbres. Ce sont les
premières côtes boisées que je voie depuis la vallée du Sous. Bientôt le flanc droit ex¬
pire et fait place à un plateau nu , élevé de 10 mètres au-dessus du niveau de la ri¬
vière; le flanc gauche continue à la border; il n’a plus que 40 à 50 mètres de haut :
c’est un talus de roche grise, en pente douce. Plusieurs petits qçars d’aspect misé¬
rable, sans jardins ni cultures, sont échelonnés le long de la vallée. Je m’arrête
à Pun d’eux, Nezala, qui est, comme ce nom l’indique, un gîte habituel des voyageurs
sur cette route.
Je marche depuis ce matin avec une caravane de muletiers du Metrara; je me suis
rencontré avec eux au Tialla lin ; ils feront route avec moi jusqu’à Qçâbi ech Cheurfa.
Leur métier est de transporter des marchandises entre le Tafilelt et Fâs. J’ai loué,
de concert avec eux , une escorte d’Aït Izdeg : ceux-ci sont maîtres de tout le pays,
du Qcar es Souq au col de Telremt. Ils prennent, pour servir de zetats du Tial-
lalin au col, 5 francs par mule, par Juif et par chameau, et la moitié pour les ânes;
les Musulmans ne paient pas pour leur personne : moyennant cette redevance, les
Aït Izdeg escortent les caravanes et en garantissent la sûreté. Nos zetats se compo¬
sent de 3 cavaliers et 6 ou ? fantassins.
Beaucoup de monde aujourd’hui sur le chemin. J’ai croisé sept ou huit convois
de 50 à 80 bêtes de somme chacun; les animaux étaient des mulets, des ânes et des
chameaux, les deux dernières espèces dominant. La route que je suis, voie habi¬
tuelle entre Fâs et le Tafilelt, est toujours aussi fréquentée. Depuis l’Ouad Ziz, j’ai
rencontré deux cours d’eau de quelque importance : l’Ouad Tira n Imin (an point
où je l’ai passé pour la première fois, il avait 10 mètres d’eau limpide de 15 centi¬
mètres de profondeur; courant rapide), et l’Ouad Nezala (à hauteur d’Aït Hammou
ou Saïd, le lit en avait 80 mètres de large, dont 15 remplis d’eau claire et courante
de 60 centimètres de profondeur. A Nezala, le lit n’a plus que 15 mètres de large, et
l’eau 6; celle-ci a 15 centimètres de profondeur). Le kheneg el Abbarat, que j’ai tra¬
versé à 4 heures, est célèbre et redouté pour les brigandages qu’y exercent les Ait
Hediddou. Maintes fois ils ont guetté des caravanes, embusqués au col que j’y ai vu
à main gauche, et les ont pillées.
Nezala est un petit qcar délabré, élevé naguère par un sultan qui voulu! en faire
un poste d’observation et un gîte pour les voyageurs. Il ne sert plus qu’à ce dernier
usage. C’esf une enceinte carrée, flanquée de mauvaises tours, le tout très bas, en pisé
DU DADES A QÇABI ECU CHEURFA.
233
gris; à l’intérieur se trouvent quelques maisons, résidences de cinq ou six familles
habitant ici, et un grand nombre de cours, d’écuries, de hangars, la plupart à demi
ruinés, où s’installent les voyageurs.
Sur la route que j’ai parcourue aujourd’hui, il n’y a pas de passage difficile. Une
seule côte un peu raide, vers 2 heures; le reste du temps j’ai marché en plaine. De¬
main, durant toute la journée, le chemin sera plus uni encore. L’aisance extrême
avec laquelle on franchit ici le Grand Atlas contraste avec les difficultés que j’ai ren¬
contrées en le passant pour la première fois, au Tizi n Telouet. Aucun trait de res¬
semblance, hors l’altitude, n’existe entre l’Atlas des Glaoua et celui-ci. Là, une
chaîne aux crêtes nues et rocheuses est formée de longs escarpements presque in¬
franchissables; les deux versants, celui du nord surtout, profondément ravinés par
l’action des eaux, ont perdu leur forme primitive et se présentent sous l’aspect de
contreforts perpendiculaires à l’arête centrale; rocheux, tourmentés, ils cachent dans
leurs flancs d’étroites vallées resserrées entre des murailles de roche, seuls refuges
de la végétation et de la vie en cette contrée inaccessible, désolée, déserte. Ces vallées,
comme les contreforts qui les séparent, ont leur direction normale à la ligne culmi¬
nante de la chaîne. Ici, au contraire, le sommet est en partie boisé : on y arrive par
un chemin d’une facilité extrême : le massif se compose, non d’innombrables mon¬
tagnes couvrant tout le pays, avec l’apparence de rameaux perpendiculaires à un
tronc, mais d'une série de chaînes (1) parallèles à l’arête principale et séparées entre
elles par des plaines qui occupent la plus grande partie de la contrée. Les cours
d’eau, auprès desquels les villages sont tantôt nombreux, tantôt clairsemés, s’écou¬
lent au niveau des plaines, traversant les diverses lignes de montagnes par autant
de khenegs qui s’y ouvrent comme des portes sur leur passage. Quelques-unes de
ces plaines sont si longues
que deux rivières les tra¬
versent dans leur largeur,
à une grande distance l’une
de l’autre : telle la plaine
du Tiallalin, dont le pro¬
longement est arrosé par
l'Ouad Gir. Outre cette dif¬
férence de nature, les deux parties du Grand Atlas que nous avons franchies en
présentent une autre : le Tizi n Glaoui était des deux côtés entouré de hautes cimes
presque en tout temps couvertes de neige : il formait une dépression au milieu de
montagnes très élevées. Le Tizi n Telremt se trouve au point où la chaîne commence
Tizi n Telremt.
l)j. El Aiaelii.
Tizi n Telremt Et Djebel el Aiuehi.
(Les parties ombrées sont couvertes de neige.) (Vue prise de yaçba el Makhzen.)
Croquis do l’auteur.
(1) Nous en avons traversé cinq avant d'arriver à la chaîne principale.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
30
234
RECONNAISSANCE AU MAROC.
à décroître : à l’ouest du col, s’élèvent les hautes crêtes toujours blanches du Djebel
El Aïachi, l’un des massifs les plus élevés de l’Atlas; à l’est, il n’y a plus trace de
neige, et la chaîne s’abaisse rapidement. Je l’aurai longtemps sous les yeux dans le
bassin de la Mlouïa. Au delà du Djebel El Aïachi, elle apparaît comme un long
talus brun, à crête uniforme, allant sans cesse en décroissant. Elle s’allonge vers
l’est, diminuant toujours de hauteur, jusqu’au point où on la perd de vue aux
limites de l’horizon.
6 mai.
Départ à 5 heures du matin. Jusqu’au col de Telremt, je resterai en terrain plat :
sol dur, terre semée de gravier et de petites pierres; une végétation maigre le recou¬
vre à moitié : geddim, thym, menus herbages. D’ici au col, je traverse trois plaines
unies, sans la moindre ondulation; la première s’étend au loin vers l’ouest et le
nord-ouest, bornée dans cette direction par le pied même du Djebel El Aïachi, dont
on voit les pentes, poudrées de neige à la base, se transformant peu à peu en une
large masse d’un blanc mat, émerger de sa surface; elle est limitée à l’est par un
talus gris de 40 à 50 mètres de hauteur, aux côtes pierreuses, peu rapides, clairse¬
mées de geddim. La seconde plaine se prolonge à une grande distance vers l’est,
où des montagnes d’élévation moyenne la bordent; elle est séparée de la précédente
et limitée à l’ouest par des massifs de collines aux pentes douces en partie tapissées
de geddim. Au nord, la borne en est une haute chaîne de montagnes, dont le nom
est célèbre, le Djebel El Abbari. C’est une arête élevée, dressant ses crêtes à plus de
200 mètres au-dessus du niveau de la plaine : les lianes, de couleur rouge, en sont
rocheux et escarpés, couverts de geddim dans le bas, d’arbres vers le sommet. Bien
que le col soit plus loin, le faite de cette chaîne est la ligne culminante du Grand
Atlas. Par un fait curieux, l’Ouad Nezala, au lieu de prendre sa source sur le ver¬
sant méridional, la prend au delà, sur le versant nord. 11 traverse le Djebel El
Abbari par un khenegde 30 mètres de large. J’entre par ce kheneg dans la troisième
plaine; elle est petite et sans ressemblance avec les précédentes, en étendue; adossée
au sud au Djebel El Abbari, elle est bordée à l’est par un talus en contre-bas donnant
sur un autre bassin, au nord par un bourrelet pierreux, aux pentes boisées (1),
haut de 30 mètres. Au bout de cette petite plaine se trouve le col de Telremt, où je
passe du bassin du Ziz dans celui de la Mlouïa. Je le franchis à 9 heures du matin;
il est à 2182 mètres d’altitude. Quant à la ligne de faîte générale de l’Atlas, je l’ai
passée en traversant le Djebel El Abbari. Du col de Telremt, je gagne un ravin pro-
(1) Les arbres donc il est question ici sont des arbres de petite taille, de 2 à 3 mètres au plus d'élévation; ils
sont clairsemés et en aucun point ne forment de bois compact.
DU DADES A QÇABI ECII CHEURFA.
235
fond dont la partie inférieure, large de 20 mètres, est bordée de talus raides garnis
de geddim dans le bas, d’arbres dans le haut. Je le descends; il n’est pas long : au
bout de peu de temps les flancs s’abaissent, s’adoucissent; bientôt ils disparaissent :
je suis en plaine. La plaine où j’entre porte le nom de Çahab el Geddim. Elle est
unie, mais en pente prononcée vers le nord; le sol, moitié terre, moitié pierres, est
couvert de hautes touffes de geddim. Au delà de Çahab el Geddim, lui faisant suite,
j’ai devant moi, en contre-bas, une seconde plaine où la Mlouïa creuse son lit; cette
plaine est très large; on l’appelle Çahab el Ermes. Un long talus brun de moyenne
élévation, premières pentes du Moyen Atlas, la borne au nord. Au delà se voient
un grand nombre d’autres crêtes, succession de chaînes grises s’étageant les unes
derrière les autres, puis, les dominant toutes, une bande bleue dont le haut est
couvert de neige : c’est le faite du Moyen Atlas, ligne uniforme- où surgissent deux
sommets en larges masses blanches : l’un, le Djebel
Tsouqt, est au milieu de la chaîne, l’autre, le Djebel
Oulad Ali, à son extrémité orientale. Celui-ci termine
le massif de la façon la plus brusque et la plus étrange;
après s’être élevé très haut, il tombe presque à pic au
bord de la vallée de la Mlouïa : son versant est a l’as¬
pect d’un talus à 2/1 de plus de 1500 mètres d’éléva¬
tion. Cette falaise énorme, où s’arrête court une si haute et si longue chaîne, est de
l’effet le plus extraordinaire. Je reverrai de près le Djebel Oulad Ali dans la vallée
moyenne de la Mlouïa.
De Çahab el Geddim, une rampe douce, de 25 mètres de hauteur, me conduit
dans Çahab el Ermes. Comme la première, cette plaine s’étend à perte de vue vers
l’est, et vers l’ouest; le sol est sablonneux; de rares places sont nues, en d’autres
pousse du thym : la plus grande partie est tapissée de la plante basse qu’on appelle
ermes. On aperçoit de loin en loin «le petites tirremts d’aspect misérable, isolées
Dj. Tsouqt.
t)j. O. Ali.
Dj. Oulad Ali.
. . . . . . 1 rl.UTfl* I O ■ - -
Mlouïa et Qaçba el Maklizen (Qçfthi eeli Cheurfa.)
(I,es parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.) (Vue prise du sud-ouest).
Croquis de l'auteur.
dans le désert. Je chemine dans cette plaine jusqu’à 3 heures et demie; à ce mo¬
ment s’ouvre à mes pieds une tranchée : élit* a 1500 mètres de large; le fond en
RECONNAISSANCE AU MAROC.
236
est couvert de verdure et de feuillage; à demi cachés sous la multitude des ar¬
bres fruitiers, plusieurs qçars y montrent leurs terrasses brunes; au milieu coule
un fleuve : c’est Qçâbi ech Cheurfa et la Mlouïa. Un talus de sable nu me conduit
au fond de rencaissement; le sol y est de sable : j’y marche au milieu des champs et
des vergers. Au bout d’un quart d’heure, je parviens à Qaçba el Makhzen, terme de
ma route.
Qçâbi ech Cheurfa se compose de localités toutes situées dans la tranchée où coule
la Mlouïa; elles sont unies par des cultures et des jardins ombragés d’une_ foule
d’arbres, oliviers, figuiers, grenadiers : ces feuillages donnent au district un air de
gaieté et de fête qui contraste avec l’aspect morne du Tiallalin et du Gers. Qçâbi ech
Cheurfa est ainsi un ruban de cultures et de qçars, enfermé entre deux hautes berges,
et au milieu duquel coule la Mlouïa.
J’ai rencontré moins de monde qu’hier sur la route : les caravanes croisées ont
été au nombre de trois, formant ensemble 150 bêtes de somme. Ainsi qu’il était
convenu, mes zetats m’ont abandonné au col de Telremt. Là commence le blad
el makhzen : au nord du col , les Ait Izdeg, qui sont en mauvais termes avec le sul¬
tan , trouveraient du danger à s’avancer en petit nombre, et les voyageurs, étant en
pays soumis, n’ont plus besoin d’escorte. Du col à El Qçâbi, on est sur le territoire des
Ait, ou Afella, petite tribu qui, formant par son origine une fraction des Ait Izdeg,
est séparée d’eux politiquement et obéit au sultan. On y marche sans anaïa, et elle
est responsable < les pillages commis sur son territoire : pour la dédommager des
bénéfices que sa soumission lui fait perdre, le gouvernement l’a autorisée à préle¬
ver un droit sur ce qui passe sur ses terres; ce droit est de 1 franc par bête de
somme et par Juif. Ma caravane a dû l’acquitter à deux reprises; souvent, où on ne
devrait payer qu’une fois, on le fait trois ou quatre; voici comment : à peu de dis¬
tance du col de Telremt, quelques hommes nous accostèrent; ils demandèrent le
montant de la redevance, nous le donnâmes; assez loin de là, dans la plaine, nous
trouvâmes une forte troupe installée en travers de la route; elle déclara que nous ne
passerions qu 'après lui avoir remis cette même somme; le chef de la caravane de
se récrier : nous l’avions déjà donnée. « Ceux que vous avez rencontrés étaient des
escrocs; ils n’avaient droit de rien réclamer : nous seuls sommes délégués pour per¬
cevoir le péage. Vous n’irez que quand nous l’aurons reçu ». Comme la délégation
se composait de quarante hommes armés, il fallut en passer par où elle voulut.
Des faits de ce genre se reproduisent tous les jours : les régions du blad el makh¬
zen où sont installés ces péages (qui portent le nom de nezala ) sont souvent plus
onéreuses à traverser que le blad es sîba; par bonheur, elles sont rares : ce sont d’or¬
dinaire des contrées dont la population, à peine soumise, pillerait ouvertement, sans
qu’on puisse l’en empêcher, si on ne lui donnait cette compensation. Je n’ai cou-
DU DADES A QÇABI ECU GU EU li FA.
237
naissance de nezalas de ce genre qu’en deux tribus, les Ait ou Afella et les Ait
loussi : dans cette dernière, elles sont nombreuses : on en compte 10, dit-on, de
Qçâbi ech Cheurfa à Sfrou. C’est une ruine pour les commerçants.
/ mai.
Séjour à Qaçba el Makhzen. Ce lieu est une enceinte rectangulaire garnie de tours,
de construction récente, servant de résidence au qaïd, à la garnison et aux Juifs.
Autrefois les cherifs, possesseurs du sol du district, y étaient seuls maîtres et ne re¬
connaissaient aucune autorité; aujourd’hui le pays est blad el makhzen et un qaïd y
commande : de tout temps le district a été tributaire des Ait Izdeg. Il l’est en¬
core, et ce n’est pas un spectacle peu curieux de voir une province du sultan vas¬
sale d’une fraction indépendante. C’est Moulei El Hasen qui, il y a sept ans, soumit
Qçâbi ech Cheurfa. 11 y envoya un qaïd et des soldats; ils y achetèrent un terrain
et construisirent l’enceinte où je suis : nul ne s’y opposa, et la suprématie du sultan
s’établit sans résistance. La première année, elle s’étendit sur les Aït ou Afella,
les Oulad Khaoua et les Aït Izdeg; dès la seconde, ces derniers cessèrent de la re¬
connaître et refusèrent l’impôt. Les choses en restèrent là depuis lors; l’autorité du
qaïd est limitée au district de Qçâbi ech Cheurfa, aux Aït ou Afella et aux Oulad
Khaoua. C’est une autorité précaire : dans le district même, elle est peu respectée :
souvent les cherifs reçoivent à coups de fusil les ordres ou les demandes d’impôts.
Le qaïd actuel est un homme de Fâs, un Bokkari. Il a avec lui une centaine de sol
dats réguliers, askris, et deux canons de montagne.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
2,18
X.
DE QÇABI ECH CHEURFA A LALLA MARNIA.
1°. — DE QÇABI ECH CIIEURFA A OUTAT OULAD EL II AD J.
8 mai.
Départ deQâçba elMakhzen à G heures du matin. La Mlouïa, au pied de la qaçba,
a 20 mètres de large, des berges rocheuses et escarpées de 3 ou 4 mètres, une eau
jaune et profonde. Point de gué en ce lieu : je traverse le fleuve un peu plus bas. Il
a 25 mètres de large, 1 m, 20 de profondeur, un courant assez rapide; le lit est moitié
sable, moitié galets. Après l’avoir franchi , je quitte la tranchée dans laquelle il coule
et qui continue à être remplie de cultures; elle est bordée à gauche par un talus mi-
sable, mi-roche; je le gravis : en atteignant la crête, je me trouve dans une longue
plaine bornée au sud par la Mlouïa, au nord par les premières pentes du Moyen Atlas.
Elle a 3 à 6 kilomètres de large, suivant les endroits : un coude brusque du fleuve
la limite près d’ici, à l’ouest; à l’est, elle s’étend jusqu’aux deux tiers de la distance
entre El Qçabi et Misour: là, elle se heurte à un massif de hautes collines rocheuses
au pied duquel elle finit. C’est une plaine ondulée, coupée de nombreuses ravines; le
sol y est moitié sable, moitié gravier, la plupart du temps sans végétation. Elle est
de couleur rouge, comme les massifs nus qui la bordent au nord. .le m’engage dans
cette plaine, où je marche jusqu a 8 heures : je redescends alors et traverse la Mlouïa :
elle coule dans son excavation encore remplie de cultures et de qçars ; c’est toujours
le district de Qçabi ech Cheurfa. Le fleuve a la même profondeur, les mêmes eaux
chargées de terre qu’au gué précédent; la largeur en est de 30 mètres. Sitôt parvenu
sur sa rive droite, je monte le talus qui borde l’encaissement de ce côté et je me re¬
trouve en plaine.
Près du point où je viens de passer la Mlouïa, s’élève sur ses bords le village
d’Aït Blal. Je suis parti de Qçabi ech Cheurfa avec trois zetats, deux Chellaha d’Aït
Rial et un Arabe des Oulad Ivhaoua. Les deux Chellaha se séparent ici de moi, disant
qu’ils vont chercher dans leurs maisons du pain pour la route et me rejoindront plus
loin : dans la suite , j’aurai beau m’arrêter plusieurs fois, je ne les verrai pas; ils
DE QÇABl ECH CHEURFA A LALLA MARNIA.
239
m’ont trompé : j’avais eu le tort, sur les instances des Juifs d’El Qçâbi, de les payer
d’avance; n’ayant plus rien à gagner, ils m’ont abandonné. Je continuerai dans le
désert sans autre escorte que mon Arabe : c’est un joli jeune homme d’une quin¬
zaine d’années; il m’accompagnera fidèlement, mais, en cas de mauvaise rencontre,
c’eût été une faible protection : son fusil n’était pas en état de servir. Je n’aperçus
personne jusqu’à l’arrivée dans son village.
La plaine où je m’engage est immense : c’est un désert blanc, s’étendant au nord
jusqu’à la Mlouïa, au sud jusqu’au Grand Atlas, à l’est jusqu’au Rekkam , à l’ouest
aussi loin que la vue peut porter. La surface en est ondulée; le sol en est dur, tan¬
tôt sablonneux, tantôt pierreux; il est couvert presque en entier de geddim. Le
Grand Atlas est une longue chaîne brune à crête uniforme, qui fuit vers l’orient et
s’abaisse de plus en plus; à l’est du Djebel El Aïachi , plus de trace de neige sur ses
cimes. Le Rekkam est très éloigné; le faite en paraît à peine : c’est d’ici une ligne
jaune clair qui borde l’horizon. Je le verrai demain plus distinctement : il se compose
d’une série de hauteurs sablonneuses, très basses, bordant à l’est la vallée de la Mlouïa,
entre le Grand Atlas et les monts Debdou.
Vers "2 heures, l’horizon, jusqu’alors fermé vers le nord par les massifs s’élevant
en face d’El Qçâbi, s’ouvre tout à coup : les montagnes cessent d’arrêter la vue et
toute la vallée de la Mlouïa apparaît : c’est une immense plaine blanche, unie et nue,
bordée à droite par la ligne claire, à peine visible, du Rekkam, à gauche par le
Moyen Atlas, haute chaîne noire couronnée de neige, se dressant à pic, comme une
muraille, au-dessus de sa surface. La vallée s’allonge à perte de vue vers le nord, où
elle forme l’horizon. La largeur en est extrême; près d’ici, elle a plus de 30 kilomè¬
tres. A sa surface apparaît une ligne verte : Misour, où j’arriverai ce soir; on dirait
MOYEN ATLAS. MISOUR REKKAM.
Djebel Oulad Ali. Ras Rekkam.
Uuiu.ufïlUll:.
Vallée de la Mlouïa, Misour, Moyen Atlas et Rekkam.
(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.) (Vue prise du chemin d’El Bridja à Misour.)
Croquis de l’auteur.
le Todra ou le Reris : dans cette vaste plaine de la Mlouïa, plaine plus nue et plus
déserte qu’aucune portion du Sahara Marocain, les rares groupes d’habitations qui
s’élèvent hors de la tranchée du fleuve ont de tout point l’aspect des oasis du sud :
même isolement au fond du désert; même richesse de végétation; même fraîcheur
délicieuse au milieu de la plaine aride : il ne manque que les dattiers.
240
RECONNAISSANCE AU MAROC.
A 4 heures, je me retrouve au bord de la Mlouïa : elle est dans l’encaissement où
elle coulait plus haut : de Qçàbi ech Cheurfa jusqu’au delà d’Outat Oulad el Hadj il
en sera de même. Ici, le fond de l’excavation, toujours sablonneux, est garni de
cultures : elles appartiennent aux Oulad Kliaoua et dépendent du hameau d’El
Bridja, résidence de mon zetat. Je traverse le fleuve, que bordent de grands tamarix,
et je gagne le village. J’y laisse mon jeune compagnon : son père monte à cheval et
m’accompagne pendant le reste du trajet. D’El Bridja à Misour, on chemine dans la
vallée de la Mlouïa que j’apercevais tout à l’heure : c’est une plaine unie comme une
glace, sans une ride. Le sol est dur, il est formé moitié de sable, moitié de gravier.
La plupart du temps, point de végétation; parfois un maigre buisson de jujubier
sauvage. Devant moi, la plaine de la Mlouïa s’étend à l’infini : à droite, s’allonge dans
le lointain la ligne claire du Rekkam; à gauche, se dressent au-dessus de ma tête les
hauts massifs sombres que domine le Djebel Oulad Ali. A 6 heures et demie, j’entre
dans les jardins de Misour. Marchant par des sentiers tortueux entourés de haies
ou de murs de pisé, au milieu d’une multitude d’oliviers, de figuiers, de pommiers,
d’arbres de toute sorte ombrageant des cultures, je parviens à 7 heures au qçar de
Bon Kenzt, où mon zetat me confie à un marabout de ses amis. J’y passerai la nuit.
Je n’ai rencontré personne sur la route, excepté aux lieux habités où j’ai passé,
Qcâbi ech Cheurfa et El Bridja. La dernière fois que je l’ai traversée, la Mlouïa avait
35 mètres de large, lm,20 de profondeur, un courant assez rapide; toujours même
eau, jaune, mais de goût agréable. Hors le fleuve, je n'ai franchi que deux cours
d’eau de quelque importance : l’Ouad Ouizert (8 mètres de large; 30 à 40 centimètres
de profondeur; eau claire et verte; courant rapide), et une rivière qui se jette dans
la Mlouïa immédiatement au-dessous d’El Bridja (lit de sable, à sec, de 100 mètres
de large; deux canaux pleins d’eau coulent sur ses rives).
Misour est un îlot de verdure situé au confluent de l’Ouad Sont' ech Cherg et de la
Mlouïa; la plus grande partie de cette sorte d’oasis se trouve sur la rive droite de
l’Ouad Soufech Cherg. Les arbres fruitiers forment un massif compact ombrageant
des cultures et entourant une dizaine de qçars; c’est une forêt d’oliviers produisant
une huile excellente, de pommiers dont on exporte les fruits jusqu’à Fâs, de gre¬
nadiers, de figuiers : ces beaux arbres donnent à ce lieu l’aspect le plus riant.
Les jardins sont arrosés de nombreux canaux, saignées faites à l’Ouad Souf ech
Cherg, dont les eaux, au-dessous des cultures, ont encore une largeur de 20 mètres
et 50 centimètres de profondeur; elles sont limpides et courantes et descendent sur
un lit de gravier sans berges de 60 mètres de large. Les constructions de Misour sont
en pisé; elles sont simples : ni tirremts, ni tours, ni ornements.
Le costume demeure le même, sauf la coiffure : le cordon de soie disparaît, et je
vois commencer l’usage algérien de la corde de poil de chameau maintenant le
DIS QÇABI ECU GHEURFA A LALLA MARNIA.
241
haïk sur la tête au-dessus du turban blanc. L’armement subit, dès Qçàbi ech Cheurfa,
des modifications importantes : à partir de là, plus de sac à poudre de filali, ni de
poignard recourbé. Le premier se remplace par la poire de bois dont on se sert à
Fàs et à Tàza, le second par un poignard droit assez long, qu’on voit aussi du côté
de Fàs. On porte donc : un fusil, d’ordinaire court (nombreux fusils à deux coups,
à capsule, d’origine française; nombreux mousquetons européens, à pierre), un
poignard droit, une poire à poudre, souvent un sabre et un pistolet : on voit beau¬
coup de ceux-ci à capsule.
En entrant à Misour, j’ai quitté le blad el makhzen. Les Oulad Ivhaoua, sur les ter¬
res desquels j’ai marché la majeure partie de la journée, sont soumis au sultan :
c’est une soumission peu effective, bornée à la remise d’un léger impôt entre les
mains du qaïd d’El Qçàbi; du reste, la tribu se gouverne à sa guise. On ne peut
circuler sur son territoire qu’avec un zetât, bien qu’il soit compté blad el makh¬
zen. Il finit à Misour : ce district est indépendant : au delà, j’entrerai sur les terres
de la grande tribu des Oulad el Hadj qui l’est aussi. Je ne sortirai du blad es sîba
qu’aux abords de Debdou. La population de Misour est composée , partie de mara¬
bouts, partie d’Arabes. Chaque qçar y est libre, sans lien avec ses voisins. Misour ne
reconnaît point l’autorité du sultan : quelques marabouts du district vont chaque
année en pèlerinage à Fàs lui rendre hommage, ils lui apportent des présents, en re¬
çoivent en échange de plus considérables et reviennent : c’est une démarche privée.
Un changement important s’est opéré depuis que j’ai quitté Qçàbi ech Cheurfa : il
concerne le langage. Dans le bassin du Ziz, chez les Ait ou Afella, la langue uni¬
verselle était le tamazirt. A El Qçàbi, les uns parlent le tamazirt, les autres l’a¬
rabe; les deux idiomes sont en usage. Depuis mon entrée chez les Oulad Ivhaoua,
on ne parle que l’arabe. Cette langue est seule employée à Misour et sur le territoire
des Oulad el Hadj. Les Oulad Ivhaoua sont une fraction de cette dernière tribu, mais
ils en sont séparés politiquement, comme les Ait ou Afella des Ait Izdeg.
9 mai.
Je me suis entendu hier soir avec le marabout mon hôte pour qu’il me serve de
zetat jusqu’à Outat Oulad el Hadj. Je pars avec lui à 6 heures du matin. Au départ,
une petite caravane avec laquelle nous ferons route se joint à nous. Elle se compose
de six hommes armés et de quatre femmes : ces dernières sont des cherifas montées
à àne ou à mulet.
Le chemin d’aujourd’hui se fera dans la plaine où je suis entré hier. Elle demeure
très large, bien qu’elle se resserre à mesure qu’on avance vers le nord; elle ne cesse
pas d’être déserte; aucun lieu habité ne s’y distingue : il en existe plusieurs au fond
31
HEC.ONN AISSWCK \U M Vil OC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
2 i2
de la tranchée où coule la Mlouïa; rares, et espacés à grands intervalles, ils n’appa¬
raissent pas à la surface de la plaine et restent cachés entre les talus qui bordent le
fleuve. De Misour à El Outat, aucune trace de culture ni de vie ne s’aperçoit dans
cette vaste vallée, région la plus nue et la plus déserte qu’on puisse voir. Le sol est
sablonneux et dur et prend parfois l’apparence de vase desséchée; en certains endroits
il est parsemé de gravier. La végétation se réduit à quelques touffes de thym et à de
rares buissons de jujubier sauvage; en un seul point, au quart du chemin entre
Touggour et El Outat , je rencontre de la verdure, genêts blancs, jujubiers sauvages,
et çà et là des betoums; cela dure peu : au bout de 2 kilomètres, la plaine devient
aussi nue qu’avant. Jusqu’à l’arrivée, les flancs de la vallée restent ce qu’ils étaient
hier, haute muraille sombre couronnée de neige à gauche, mince ligne jaune pres¬
que imperceptible à droite. A mi-côte de l’une et de l’autre, apparaissent de loin en
loin des taches vertes, groupes de qçars et de jardins échelonnés sur leurs pentes.
Outat. Oulad el Hadj a le même aspect que Misour : comme lui, c’est une ligne verte
qui barre une partie de la plaine. Tels paraissent de loin le Todra, le Reris, toutes
les oasis que j’ai vues. De même qu’à Misour, il ne manque que les dattiers pour que
la ressemblance soit complète. Je m’arrête à 5 heures du soir au mellah d’El Outat.
Je n’ai rencontré personne sur ma route. Je n’ai pas traversé de cours d’eau im¬
portant depuis l’Ouad Souf ech Cherg. L’eau manque dans la plaine. J’ai passé
près de plusieurs sources et vu un grand nombre de ruisseaux dont les lits, de roche
blanche ou de galets, la plupart à fleur du sol, contiennent des flaques d’eau.
Je suis descendu un instant dans la tranchée de la Mlouïa; le sol y était moitié
sable, moitié gravier; elle était déserte et remplie de grands tamarix à l’ombre
desquels poussait du gazon : à un moment il s’est fait une clairière dans cette forêt;
le fond s’y est garni de cultures au milieu desquelles se dressaient des tentes , de
pauvres maisons et des huttes, groupées autour d’une qoubba : c’était le village de
Touggour. Aujourd’hui j’ai pu dis¬
tinguer la forme du Rekkam , quoi¬
qu’il fût encore loin. Ce n’est point
une chaîne, mais une rampe douce
s’élevant par degrés imperceptibles
et conduisant à un plateau qui la couronne : on dirait une série de côtes à peine
accentuées, se succédant par étages, séparées par des plateaux s’échelonnant les
uns derrière les autres. La crête est fort peu élevée au-dessus du pied, bien
qu’elle en paraisse éloignée. L’ensemble est jaune clair, sans arbres , et paraît
sablonneux.
A/i>y</i Ail
Xtfaui*
DE QÇABI ECU CHEURFA A LALLA MARNIA.
243
10 et 11 mai.
Séjour à Outat Oulad el Hadj. Ce nom désigne un vaste îlot de verdure isolé au
milieu de la plaine, au confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Chegg el Ard; il est en en¬
tier sur les bords de cette dernière rivière et en majeure partie sur sa rive droite.
Tout ce qui a été dit de l’aspect de Misour lui est applicable : même multitude d’ar¬
bres fruitiers, même prospérité, même air riant; mais El Outat est plus grand : au
milieu de ces superbes vergers ne sont pas disséminés moins de 31 qçars; ils appar¬
tiennent aux Oulad el Hadj ; il existe dans le nombre plusieurs zaouïas.
Les Oulad el Hadj sont une grande tribu indépendante; ils se disent d’origine
arabe : ayant à la fois des qçars et des tentes, ils sont moitié sédentaires, moitié
nomades. Ils habitent les deux rives de la Mlouïa et la plaine au milieu de laquelle
coule ce fleuve depuis Qçâbi ech Cheurfa jusqu’au qç-ar d’Oulad Hamid, et s’éten¬
dent sur le massif du Rekkam et sur une partie des monts Debdou ; les qçars chellaha
du flanc gauche de la Mlouïa leur sont alliés ou liés par des debihas. Une de leurs
fractions, celle des Oulad Khaoua, est séparée du reste de la tribu; depuis long¬
temps elle en est détachée et compte politiquement avec les Ait Izdeg; il y a quel¬
ques années, elle s’est rangée sous l’autorité du qaïd d’El Qçâbi.
Jusqu’en 1882, les Oulad El Hadj en totalité reconnaissaient de nom le sultan. Us
avaient un qaïd, élu parmi eux, et reconnu par lui. Ce qaïd étant allé, il y a 5 ans,
à Fâs, y fut accusé par un de ses cousins auprès de Moulei El IJasen et mis en prison
avec un autre personnage distingué de la tribu. Le dénonciateur revint et prit le titre
de qaïd; il fut agréé par le sultan. Il était de la fraction des Oulad Abd el Kerim;
en 1882, il fut tué par des Toual. Depuis lors, la tribu est sans chef et ne reconnaît
plus M. El Hasen; chaque fraction se gouverne à sa guise. Sauf trois, celles des Béni
H iis , des Ahel Rechida et des Oulad Admer, qui sont soumises au qaïd de Tàza,
toutes sont non seulement indépendantes, mais en hostilité ouverte avec le gouverne¬
ment : aussi, à l’exception des Béni Riis et des gens de Rechida et d’Admer, aucun
individu des Oulad el Hadj ne peut circuler en blad el makhzen.
2°. _ D’OUTAT OULAD EL HADJ A DEBDOU.
12 mai.
Je me suis arrangé hier avec les zetats qui me conduiront d’ici à Debdou : ce sont
trois Oulad el Hadj, de la subdivision dos Hamouziin. Ils seront payés au retour,
par losef (fl Asri, Juif d’El Outat; j’ai remis la somme convenue entre ses mains, en
MECONNAISSANCE AU MAROC.
2'c'i
présence «les trois zetats : il la leur donnera en échange d’une lettre de son fils,
jeune homme qui fait ses études à Debdou, attestant que je suis arrivé sain et sauf
dans cette localité.
Mon escorte vient me prendre aujourd’hui à 4 heures du matin ; au moment du
départ, trois Juifs pauvres se joignent à nous. Notre petite caravane traverse l’Ouad
Chegg el Ard au pied du mellah, puis s’engage au milieu de plantations d’o¬
liviers; bientôt des champs, partie cultivés, partie en friche, leur succèdent. A 4 heu¬
res 25 minutes, je traverse le dernier des canaux qui les arrosent, et me voici de
nouveau dans le désert. C’est toujours la plaine unie et nue, au sol de sable dur semé
de gravier, sans autre végétation que, de loin en loin, un peu de thym ou de juju¬
bier sauvage : telle elle était à El Bridja, à Misour, telle elle est ici; il n’y a qu’une
différence : elle est moins large. Chemin faisant, j’aperçois à ma gauche un grand
îlot de verdure : El Arzan; les arbres que je distingue entourent un groupe de qçars
appartenant aux Oulad el Hadj. Je traverse pendant quelques minutes des champs
qui en dépendent. AG heures du matin, j’arrive sur les bords de la Mlouïa ; elle
coule au niveau de la plaine : plus de trace de la tranchée où je l’ai vue jusqu’à
présent; elle est séparée du sol de sa vallée par deux berges sablonneuses en pente
douce, à 1/5, de 3 mètres de hauteur. Le lit a 120 mètres de large; l’eau y occupe en
général 35 à 40 mètres; le reste est tantôt nu, tantôt couvert d’herbages et de tarna-
rix. 11 se trouve ici un gué où je franchis le fleuve : il a 50 mètres de large, lm,20 de
profondeur, un courant rapide; les eaux ont la même couleur jaune que je leur ai
vue dès Qçâbi ech Cheurfa. Je viens de les traverser pour la dernière fois : je quitte
la Mlouïa pour ne plus la revoir. La marche se continue dans la vallée; elle est
toujours unie, déserte, sablonneuse; sur son sol devenu doux, on ne sent plus de
gravier; elle demeure en grande partie nue : à peine y pousse-t-il quelques touffes
d’herbe. J’aperçois des vols de gangas, les premiers que je voie au Maroc. A 8 heu¬
res, je passe non loin de Tiissaf, frais rideau vert cachant plusieurs qçars sous ses
ombrages. A quelque distance de là, le sol change de nature : d’uni, il devient ondulé;
les pierres se mêlent au sable : c’est le commencement du Rekkam. J’y marche jusqu’au
soir : il ne cessera d’être ce qu’il est maintenant : une série d’ondulations légères,
côtes et terrasses s’étageant, succédant insensiblement à la plaine. Ces échelons
successifs forment une rampe large et basse dont le sommet est un plateau s’éten¬
dant au loin. Sol tantôt sable, tantôt roche d’un jaune clair; des touffes d’halfa
y poussent çh «4 là : c’est la seule végétation qui s’y montre.
Je cheminais ainsi, lorsque se produisit un fait qui faillit mettre lin à mon voyage.
De mes trois zetats, l’un, nommé Bel Kasem, était un honnête homme; les deux au¬
tres s’étant figuré, à la blancheur de mes habits, à la bonne mine de mon mulet, et,
paraît-il, d’après les dires de Juifs d’El Outat, que j’étais chargé d’or, ne s’étaient
DG QÇABI EGH GHEURFA A LALLA MARNIA.
i.»
offerts à m’escorter que dans le but de me piller. Rien 11e parut d’abord. A midi et
demi, comme je marchais en tête de la caravane, prenant mes notes, je me sentis
tout à coup tiré en arrière et jeté à bas de ma monture : puis on me rabattit mon
capuchon sur la figure, et mes deux zetats se mirent à me fouiller : l’un me tenait,
pendant que l’autre me visitait méthodiquement. A cette vue, Bel Kasem d’accourir :
il brandit son fusil, menace, veut empêcher le pillage; mais il est impuissant à
arrêter ses compagnons : tout ce qu’il peut est de prendre ma personne sous sa
protection : il me rend la liberté et assiste, les larmes aux yeux, au déballage de
mes effets. On m’avait pris ce que j’avais sur moi; on se mit à chercher dans mon
bagage : il était léger : on 11’y trouva pas grand’chose; mes deux zetats s’emparèrent
de ce que j’avais d’argent (une fort petite somme) et des objets qui leur parurent bons
à quelque usage; on me laissa comme sans valeur les seules choses auxquelles je
tinsse : mes notes et mes instruments. Puis 011 me fit remonter sur mon mulet et on
continua la route, Bel Kasem mélancolique d’avoir vu violer sous ses yeux son anaïa,
mes deux voleurs mécontents de 11’avoir fait que demi-besogne, étonnés de n’avoir
pas trouvé plus d’argent et se reprochant de m’avoir laissé les seules choses qu’ils
ne m’avaient pas prises, la vie et mon mulet. Durant le reste de cette journée et
durant toute celle du lendemain, ils discutèrent ce sujet, pressant Bel Kasem de
m’abandonner, de les laisser me dépêcher d’un coup de fusil, lui faisant des offres,
lui promettant sa part. Bel Kasem fut inébranlable et déclara qu’ils n’auraient ma
vie qu’avec la sienne; il leur fit des raisonnements : comment feraient-ils au retour
s’ils n’apportaient à El Asri la lettre de son fils prouvant mon arrivée à Debdou ? Ma
mort connue, ce Juif, envers qui ils s'étaient engagés à me conduire, se vengerait :
son seigneur était un des hommes les plus puissants d’une fraction des Oulad el
Hadj beaucoup plus nombreuse que la leur : elle s’armerait contre eux et les ruine¬
rait. Cette dernière considération, jointe à l’attitude ferme de Bel Kasem et à l’adresse
qu’il eut de faire traîner la discussion en longueur, me sauva. En approchant de
Béni K iis, 011 décida qu’il ne me serait pas fait de mal, et qu’on me forcerait, en
vue de Debdou, à envoyer un billet au jeune Israélite, annonçant mon arrivée, de¬
mandant la lettre pour son père, et déclarant que mon escorte avait été parfaite.
Ce fut au dernier moment et en désespoir de cause que ce plan fut accepté : jusque-là
la discussion 11e cessa pas; je n’en perdais pas un mot. Etrange situation d’en¬
tendre durant un jour et demi agiter sa vie ou sa mort par si peu d’hommes, et
de ne rien pouvoir pour sa défense. Il n’y avait point à agir. J étais sans armes :
un revolver était dans mon bagage; il m’avait été pris : l’eussé-je eu, il ne m’eût
point servi : que faire seul dans le désert, au milieu de tribus où tout étranger est
un ennemi? Il n’y avait qu’un parti à prendre : la patience; elle m’a réussi. Au mo¬
ment de la bagarre, le rabbin Mardochée s’était bien conduit : il était venu à mon
RECONNAISSANCE AU MAROC.
2/i6
secours; mais que pouvait-il? On lui fit sentir la pointe d’un sabre et on l’écarta.
Quant à mon domestique et aux Juifs qui s’étaient joints à moi, ils se sauvèrent le
plus loin qu’ils purent , et on ne les revit que lorsque nous eûmes recommencé à
marcher.
Après cet incident, nous reprîmes notre route, continuant à cheminer dans le
Rekkam jusqu’au soir. A 5 heures, nous arrivons à une crête; à nos pieds s’ouvre un
petit ravin à flancs rocheux et escarpés : un chemin raide nous conduit au
fond; celui-ci n’a pas plus de 30 mètres de largo ; nous le suivons pendant un ins¬
tant; à 5 heures un quart, nous nous arrêtons. Nous sommes pres¬
que à la bouche du ravin : à quelques pas d’ici, ses flancs tom¬
bent brusquement et le ruisseau entre en plaine. Nous nous abri¬
tons dans un creux de rocher et nous y passons la nuit.
De toute la journée, je n’ai rencontré personne sur la route. Hors la Mlouïa et
l’Ouad Chegg el Ard, je n’ai traversé qu’un cours d’eau de quelque importance; il
coulait dans le Rekkam : au point où je l’ai passé, une qoubba et un cimetière se
trouvaient sur sa rive, et une dizaine de palmiers dans son lit; ce dernier avait
20 mètres de large, moitié sable, moitié roche; un filet d’eau courante de 2 mètres y
serpentait à l’ombre de lauriers-roses. Ras Rekkam est une butte isolée, de 30 à
40 mètres de hauteur; elle est, comme tout le massif, moitié sable, moitié roche
jaune : seul accident de
terrain du Rekkam, elle se
voit de loin malgré son
peu d’élévation : je l’aper¬
cevais des Oulad Khaoua,
avant d’arriver à El Bridja.
Pendant la fin de la jour¬
née, j’ai devant les yeux
un massif de montagnes
sombres; je m’y engagerai
demain : derrière lui, est Debdou. Tout le jour, j’ai continué à apercevoir la vallée
de la Mlouïa; elle reste jusqu’au dernier moment ce qu’elle était plus haut, avec
cette différence qu’elle se rétrécit de plus en plus; le flanc gauche en est toujours
formé par le Moyen Atlas qui, tout en restant élevé, décroît à partir du mont Reg-
gou. Celui-ci est le dernier dont la cime soit couverte de neige. On n’en voit plus à
l’est de ce sommet.
Dj. Oulad Ali.
Dj. Roggou.
Djebel Oulad Ali el Djebel Reggou.
(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.)
(Vue prise du chemin de Outat Oulad el Hadj à Debdou, â 24 kil. d’Outat Oulad el Hadj.)
Crorpiis de l’auteur.
DE QÇABI ECU CHEÜRPA A LALLA MARNIA.
2'ü
l.'i mai.
Départ à 4 heures du matin. D’ici partent deux chemins pour Debdou : l’un en
plaine, par la vallée de la Mlouïa; l’autre en montagne, par les monts Debdou, qui
en forment le flanc droit. Je prends le dernier, le premier étant périlleux pour mes
zetats, dont la fraction est en guerre avec Rechida, près d’où il faudrait passer. Je
continue à marcher dans le Rekkam, me dirigeant vers le massif qui se dresse de¬
vant moi; j’arrive à son pied à 8 heures du matin. Je gravis une longue rampe,
accidentée, coupée de vallées et semée de collines, sans pentes raides; le sol est
pierreux, souvent rocheux, en grande partie tapissé d’halfa, avec quelques ar¬
bres, rares d’abord, de plus en plus nombreux à mesure que l’on monte. A midi,
je parviens au sommet : le terrain cesse d’être mouvementé : on débouche sur un
vaste plateau. Une épaisse forêt le couvre : elle est composée de grands arbres,
arar, taqqa, kerrich de 6 à 8 mètres de hauteur. Ce plateau boisé, qui couronne la
chaîne, porte le nom de Cad a Debdou; dans le pays, on l’appelle la Gada. Le sol,
tantôt pierres, tantôt terre, y est uni. Beaucoup d’eau : sources et mares. Sous les ar¬
bres, la terre est un tapis de gazon et de mousse. Il y a des clairières; elles sont
rares : les unes sont couvertes de gazon; j’en traverse d’autres en partie cultivées ap¬
partenant aux habitants de Rechida : ce qçar est à peu de distance à l’ouest, sur le
revers occidental du plateau.
Je marche jusqu’à 3 heures dans cette forêt, l’une des plus belles que j’aie vues au
Maroc. A 3 heures, j’arrive à une crête : à mes pieds se creuse un profond ravin dont
les pentes inférieures sont garnies de cultures, les parties hautes sont rocheuses et
boisées. Dans le bas coule un torrent, l’Ouad Béni Riis, dont la source est ici. Je quitte
le plateau et descends par un chemin raide et difficile vers le fond du ravin. Je l’at¬
teins à 4 heures et demie, à Oulad Ben el Houl, village des Béni Riis. Je fais halte
à 5 heures moins un quart, chez un ami de Bel Kasem, en la maison de qui celui-ci
se hâte de me mettre en sûreté.
Toute la marche d’aujourd’hui s’est faite dans le désert : pas un être vivant sur le
chemin. Le seul cours d’eau que j’aie vu est l’Ouad Béni Riis; je l’ai traversé cinq
minutes avant de m’arrêter; il avait 3 mètres de large, 0m,25 de profondeur, un cou¬
rant impétueux : c’est un torrent bondissant sur un lit de roches et de grosses pierres.
Oulad Ben el Houl est un grand village appartenant aux Béni Riis, fraction des
Oulad el Hadj. 11 est construit en long des deux côtés de l’Ouad Béni Riis. Le ra¬
vin où il se trouve n’a aucune largeur au fond ; ses flancs sont couverts de maisons
vers le bas, puis de cultures coupées de cactus; plus haut, c’est boisé : de grands
troupeaux de chèvres paissent dans cette dernière région; très escarpés près du
RECONNAISSANCE AU MAROC.
248
sommet, les lianes sont raides dès leur pied. Les habitations des Béni Biis sont sem¬
blables à celles des Riata : elles sont en pisé, très liasses et mal construites. Les Béni
Biis sont une des trois fractions des Oulacl el il ad j reconnaissant l’autorité du sultan.
I l mai.
Les Hamouziin ne peuvent aller au delà d’Oulad Ben el lloul. Leur groupe est en
démêlés avec les tribus des environs de Debdou. Bel Ivasem me confie pour la fin
du trajet à mon hôte et à trois autres de ses amis; ses deux compagnons leur recom¬
mandent longuement de ne me laisser entrer à Debdou qu’une fois la lettre con¬
venue entre leurs mains. Départ à, 6 heures du matin. Je descends l’Ouad Béni
Biis; sa vallée reste ce qu’elle était hier, couverte de champs dans le bas, hérissée
de roches et boisée dans le haut. Au bout d’un quart d’heure, j’arrive au confluent
de l’Ouad Béni Biis avec l’Ouad Oulad Otman, petit cours d’eau de même force que
lui. Je remonte cette nouvelle vallée : elle est identique à celle d’où je sors, mais
plus large au début. J’en suis le fond quelque temps; bientôt elle se rétrécit : elle de¬
vient enfin un ravin étroit, rocheux, sans trace de cultures, boisé depuis le lit du
torrent jusqu’au sommet des flancs. Je la quitte alors; je gravis son flanc droit : la
montée, au milieu de grands blocs de roche, est très difficile. A 8 heures et demie, je
parviens au sommet; je continue à marcher sous bois : les forêts que je vois ce matin
sont en tout semblables à celles que j’ai traversées hier; ce plateau fait partie de la
Gada. A 0 heures moins un quart, Debdou apparaît : une petite ville, dominée par
son minaret, étale à mes pieds ses maisons roses au fond d’une verte vallée; alen¬
tour s’étendent des prairies et des jardins; au-dessus s’élèvent de hautes parois de
roc, aux crêtes boisées que couronne la Gada. Je descends vers ce lieu riant. Un che¬
min pierreux, raide et pénible, y conduit. A 10 heures, je suis à Debdou. Aies zetats,
qui , n’ayant pas été mis dans le secret de l’aventure, n’ont rien compris aux recom¬
mandations des Hamouziin, me laissent entrer aussitôt.
J’ai rencontré beaucoup de monde sur la route. L’Ouad Oulad Otman, seul cours
d’eau que j’aie traversé, avait 3 mètres de large, 20 centimètres de profondeur, une
eau claire et courante.
Debdou est située dans une position délicieuse, au pied du flanc droit de la vallée,
qui s’élève en muraille perpendiculaire à 80 mètres au-dessus du fond; il forme une
haute paroi de roche jaune, aux tons dorés, que de longues lianes rayent de leur
feuillage sombre. Au sommet se trouve un plateau, avec une vieille forteresse dres¬
sant avec majesté au bord du précipice ses tours croulantes et son haut minaret. Au
delà du plateau, une succession de murailles à pic et de talus escarpés s’élève jus¬
qu'au faite du flanc. Là, à 500 mètres au-dessus de Debdou, se dessine une longue
DE QÇABI ECU CHEURFA A LALLA MAHNIA.
210
crête couronnée d’arbres, la Gada. Des ruisseaux, se précipitant du sommet de la
montagne, bondissent en hautes cascades le long de ces parois abruptes et en revê¬
tent la surface de leurs mailles d’argent. Rien ne peut exprimer la fraîcheur de ce
tableau. Debdou est entourée de jardins superbes : vignes, oliviers, figuiers, grena-
Djebel Mergeshoum.
Debdou cl vallée de l’Ouad Debdou. (Les parties ombrées des montagnes sont boisées.)
(Vue prise du liane droit de la vallée, enlrc Debdou et Qaçba Debdou.)
Croquis de l’auteur.
diers, pêchers y forment auprès de la ville de profonds bosquets et au delà s’étendent
en ligne sombre sur les bords de l’ouad. Le reste de la vallée est couvert de prairies,
de champs d’orge et de blé se prolongeant sur les premières pentes des lianes.
La bourgade se compose d’environ 400 maisons construites en pisé; elles ont la
disposition ordinaire : petite cour intérieure, rez-de-chaussée et premier étage;
comme à Tlemsen, bon nombre de cours et de rez-de-chaussée sont au-dessous du
niveau du sol. Les rues sont étroites, mais non à l’excès connue dans les qçars.
Point de mur d’enceinte. La localité est alimentée par un grand nombre de sources
dont les eaux sont délicieuses et restent fraîches durant l’été; l’une d’elles jaillit dans
la partie basse de Debdou , à la limite des jardins. Le voisinage en est abondamment
pourvu : Qaçba Debdou, la vieille forteresse qui domine la ville, en possède plusieurs
dans son enceinte. Debdou est soumise au sultan ainsi que les villages de sa vallée;
la population de ces divers points est comprise sous le nom d’Ahel Debdou. Point de
qaï'd, point de chikh, point de dépositaire de l’autorité; le pays se gouverne à sa
guise, et tous les ans le qaïd de Tâza, de qui relève le district, ou un de ses lieute-
32
ÎIECONNAISSANCE VU MAROC.
230
RECONNAISSANCE AU MAROC.
liants, y fait une tournée, règle les différends et perçoit l’impôt. La population de
Debdou présente un fait curieux, les Israélites en forment les trois quarts; sur envi¬
ron 2000 habitants, ils sont au nombre de 1500. C’est la seule localité du Maroc où
le nombre des Juifs dépasse celui des Musulmans.
Debdou est le premier point que je rencontre faisant un commerce régulier avec
l'Algérie : un va-et-vient continuel existe entre cette petite ville et Tlemsen. Les né¬
gociants Israélites y cherchent les marchandises qui ailleurs viennent des capitales
marocaines ou de la côte; ils les emmagasinent chez eux, et les écoulent peu à peu
sur place et dans les marchés du voisinage. Debdou a quelques relations avec Fâs
et Melilla, mais ses seuls rapports importants sont avec l’Algérie; il en sera de
même des centres par lesquels je passerai désormais, Qaçba el Aïoun et Oudjda.
Debdou et le massif de montagnes qui porte son nom nourrissent de grands trou¬
peaux de chèvres, des vaches et d’excellents mulets dont la race est renommée.
3°. — DE DEBDOU A LALLA MARNIA.
Arrivé à Debdou dépouillé de tout argent, sans un centime, j’eusse été fort em¬
barrassé si je n’avais été près delà frontière. Je n’étais qu’à trois ou quatre jour¬
nées de La lia Marnia. Je vendis mes mulets : cela me fournit de quoi gagner la fron¬
tière française sur des animaux de louage.
18 mai.
Je me mets en route avec une nombreuse caravane de Juifs se rendant au tenîn
du Za. On arrivera demain à Dar Ech Chaoui, lieu du marché; aujourd’hui, on va
à Qaçba Moulei Ismaïl, sur l’Ouad Za. Environ trente Israélites, montés la plu¬
part sur des mulets, forment la caravane; elle est protégée par six zetats à pied, Ke-
rarma auxquels on paie un prix convenu au départ, tant par Juif, tant par mulet,
tant par âne.
Départ à 9 heures du matin. Je descends la vallée de l’Ouad Debdou; le sol en
est terreux, semé de quelques pierres; elle reste tout le temps ce qu’elle était au dé¬
part, si ce n’est que les cultures y diminuent : elles n’occupent bientôt qu’une partie
du fond, dont le reste se couvre de hautes broussailles où surgissent çà et là quelques
grands arbres. A 10 heures et demie, je suis à l’extrémité de la vallée et j’entre dans
la plaine de Ta f rata : c’est une immense étendue déserte, unie comme une glace,
à sol de sable; souvent pendant plusieurs années cette surface reste nue, stérile, sans
végétation; à cette heure, grâce aux pluies de l’hiver, elle est clairsemée d’herbe
UK CKJABl KGU CHKUltFA A LALLA MAItNIA.
251
tendre : cela lui donne un aspect verdoyant qu’elle a rarement; en deux points se
trouvent des datas, ou maders, où le sol est vaseux, coupé de flaques d’eau et couvert
de hautes herbes. La plaine s’étend à l’ouest jusqu’à la Mlouïa : de ce côté, on aper¬
çoit dans le lointain les montagnes bleues des Riata et du Rif et la ligne basse du
Gelez dominée par la cime du Djebel Béni Bon Iahi; à l’est, elle est bordée par un
demi-cercle de montagnes grises moins hautes que le Djebel Debdou, auquel elles se
rattachent; au sud, par le Djebel Debdou s’étendant jusqu’à Rechida; au nord, par
les deux sommets bruns du Mergeshoum et la ligne blanche du Gelob, vers lequel
je marche. Je franchis ce dernier à 3 heures et demie; c’est un bourrelet calcaire de
peu de hauteur qui se traverse en quelques minutes. De là je passe dans une plaine
ondulée à sol terreux semé de pierres, presque nue; les mêmes herbes que dans
le désert de Tafrâta y poussent, mais rares, ne déguisant nulle part l'aspect jaune
do son sol. Elle paraît bornée au sud par le Mergeshoum et le Gelob, au nord et à
l’est par l’Ouad Za. J’y marche le reste de la journée. A 5 heures 50, je me trouve
à la crête d’un talus : au-dessous, la vallée de l’Ouad Za s’étend à mes pieds, rem¬
plie de cultures, de jardins et de douars. Le talus est peu élevé et en pente douce;
il est composé moitié de sable, moitié de roche (galets roulés) : je le descends et
j’entre dans la vallée; au milieu d’elle se dressent, sur une butte isolée, les ruines
imposantes d’une vieille forteresse : c’est Qaçba Moulei Ismaïl , détachant ses hautes
murailles roses sur le fond vert du sol. Je marche vers elle, cheminant au milieu
des champs et des arbres fruitiers, franchissant à chaque pas des canaux d’eau
limpide. A 6 heures, j’y parviens : c’est le terme de ma route d’aujourd’hui.
Je n’ai rencontré personne sur mon parcours depuis l’entrée dans le Tafrâta. Les
deux seuls cours d’eau de quelque importance que j’aie traversés sont : l’Ouad
Debdou (3 mètres de large, 20 centimètres de profondeur, eau claire et courante cou¬
lant sur un lit de gravier; pas de berges) et Aïn Hammou (2 mètres d’eau coulant sur
un lit large de 4 mètres, encaissé entre des berges de sable de 15 mètres de haut).
Qaçba Moulei Ismaïl porte aussi le nom de Taourirt : on la désigne d’habitude
dans le pays sous cette dernière appellation. Elle s’élève sur un mamelon isolé,
dans un coude de l’Ouad Za, dont la vallée s’élargissant forme une petite plaine : la
vallée, bordée à gauche par la rampe que j’ai descendue, l’est à droite par un talus
escarpé, partie sable, partie roche jaune, de 60 à 80 mètres de haut. Le fond présente
l’aspect le plus frais et le plus riant; il est tapissé de cultures et d’une mul¬
titude de bouquets d’arbres, oliviers, grenadiers, figuiers, taches sombres sur cette
nappe verte. Au milieu se dressent une foule de tentes dispersées par petits groupes,
disparaissant sous la verdure. Les rives de l’Ouad Za, dans cette région, présen¬
tent partout même aspect : elles sont, d’une richesse extrême; cette prospérité est
due à l’abondance des eaux de la rivière; jamais elles ne tarissent : c’est une supé-
MECONNAISSANCE AU MAROC.
2o2
riorité du pays de Za (on appelle bleui Za les bords du cours d’eau) sur Debdou et
ses environs, où les belles sources que j’ai vues se dessèchent en partie pendant les
étés très chauds.
Qaçba Moulei Ismaïl, ou Taourirt, est une enceinte de murailles de pisé, en partie
écroulée, dont il reste des portions importantes; les murs, bien construits, sont
élevés et épais, garnis de banquettes, flanqués de hautes tours rapprochées; ils sont
du type de ceux de Meknâs et de Qaçba Tàdla. De larges brèches s’ouvrent dans
l’enceinte, qui n’est plus défendable. Au milieu s’élève, sur le sommet de la butte,
que les murailles ceignent à mi-côte, un bâtiment carré de construction récente servant
aux Kerarma à emmagasiner leurs grains : la tribu a ici la plupart de ses réserves.
Cette sorte de maison, neuve, mal bâtie, basse, contraste avec l’air de grandeur
des vieilles murailles de la Qaçba.
Départ à 6 heures un quart du matin. Je remonte la vallée du Za; elle reste
ce qu’elle était à Taourirt, couverte de cultures et de jardins et très peuplée.
A 7 heures, une maison se dresse au haut de la rampe qui en forme le flanc gauche ;
c’est Dar Ech Chaoui, résidence de Chikh Ben Ech Chaoui, chikh héréditaire et au¬
jourd’hui qaïd des Kerarma, tribu à laquelle appartient cette portion du Za. Je monte
DJEBEL MERGESHOUM.
Vallée de l'Ouad Za rl Djebel Mergeshoum. (Vue prise de Dar Ech Chaoui.)
Croquis de l’auteur.
vers la maison; au pied de ses murs, sur le plateau dont elle occupe le bord,
se trouve le marché auquel se rend ma caravane, Tenin el Kerarma. J’y fais halte.
On distingue d’ici la vallée de l’Ouad Za à une certaine distance vers le sud;
jusqu’à un tournant où on la perd de vue, elle garde même aspect, toujours
verte, toujours habitée.
Le marché où je suis, très animé d’habitude, l’est peu aujourd’hui : les habitants
de la rive gauche de la Mlouïa n’ont pu s’y rendre, le fleuve étant infranchissable
depuis plusieurs jours. Il est toujours gros en cette saison; c’est l’époque de sa crue :
qu’il pleuve ou non, les eaux en sont fortes et difficiles ou impossibles à passer de
la mi-avril à la mi-juin.
Je quitte le marché à 1
heure. J’ai pris deux zetats Chedja, qui me conduiront à
DE QÇABI ECU CIIEURFA A DALLA MARNIA.
Qaçba el Aïoun. où j’arriverai demain. Je redescends dans la vallée du Za et je la
traverse ainsi que la rivière; puis je gravis le talus qui en forme le flanc droit. Par¬
venu au sommet, je me trouve dans une plaine sablonneuse ondulée. Je suis
dans le désert d’Angad ; j’y resterai jusqu’à mon arrivée à Lalla Marnia. C’est une
plaine immense ayant pour limites : à l’ouest, l’Ouad Zaet la Mlouïa; à l'est, les hau¬
teurs qui bordent la Tafna; au nord, le Djebel Béni Iznâten (1); au sud, les djebels
Béni Bou Zeggou et Zekkara faisant suite au Mergeshoum. Parfaitement plate au
centre, elle est ondulée sur ses lisières nord et sud, d’une manière d’autant plus ac¬
centuée qu’on se rapproche davantage des montagnes qui la bordent. Le sol en est
sablonneux; il est dur lorsqu’il est sec, et forme une vase glissante, où la marche
est difficile, aussitôt qu'il pleut. Nu d’ordinaire, le désert d’Angad se couvre d’une
herbe abondante après les hivers humides; cette année, la surface en est toute
verte : c’est un bonheur pour les tribus nomades, dont les troupeaux trouvent à foi¬
son la nourriture que d’habitude il faut chercher dans le Dahra. Cette bonne
fortune arrive rarement : la plaine , si riante en ce moment , vient d’être
durant cinq années nue et stérile, triste étendue de sable jaune sans un brin de ver¬
dure. Le désert d’Angad est occupé par trois tribus nomades, les Mhaïa, les Chedja
et les Angad. En outre, plusieurs tribus montagnardes qui habitent ses limites
empiètent sur lui en des endroits de sa lisière : ainsi le cours de l’Ouad Meseg-
mar est garni de cultures et de douars appartenant aux Béni Bou Zeggou. Cette
plaine, jusqu’à la frontière française, est, ainsi que les montagnes qui la bordent,
soumise au sultan; il en est de même du pays que je traverse depuis Debdou. La
réduction de ces contrées est complète et réelle, mais ne date que de 187(3 ; elle est le
résultat de l’expédition que fit alors Moulei el Hasen et dans laquelle il vint jusqu’à
Oudjda. Auparavant, presque toute la contrée était insoumise. Je chemine dans le
désert d’Angad jusqu’à 5 heures un quart; à ce moment j’arrive au bord de l’Ouad
Mesegmar; je le traverse el je m’arrête sur sa rive droite, dans une tente où je pas¬
serai la nuit.
Sur ma route, il y avait un assez grand nombre de passants; ils revenaient comme
moi du marché. .J’ai vu peu de lieux habités, quelques rares douars des Béni Bou
Zeggou; ils étaient petits, de G à 8 tentes chacun, et isolés les uns des autres. L’Ouad
Za, au point où je l’ai passé, avait un lit de sable de 80 mètres de large : l’eau y oc¬
cupait 20 mètres; elle avait 80 centimètres de profondeur et un courant rapide. De
cette rivière à l’Ouad Mesegmar, j’ai traversé des ruisseaux sans importance, ayant un
peu d’eau par suite dos pluies récentes; plusieurs étaient difficiles à franchir à cause
(1) Los Boni Iznâten (Boni Zenàta) sont la grande tribu qui est désignée d'habitude sur nos cartes sous le
nom de Béni Snassen.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
254
de leurs berges escarpées, hautes souvent de 7 à 8 mètres, qui en faisaient de vraies
coupures dans la plaine. L’Ouad Mesegmar a (3 mètres de large, dont 3 remplis
d’eau courante; il coule entre deux berges de sable à 1/1 de 20 mètres de hauteur.
Le point où je l’ai atteint est le plus haut de la bande de cultures qui le borde; il n’y
a pas de tentes au-dessus de celle où je suis. Ici et tout le long du cours d’eau , en
le descendant, les deux rives sont garnies de champs, de jardins, de grands
arbres et de nombreuses tentes, les unes isolées, les autres groupées par deux ou
trois. C’est, un ruban vert, moucheté de noir, se déroulant dans le désert.
Les tentes du Za étaient en flidj, celles de l’Ouad Mesegmar sont en nattes gros¬
sières : toutes sont vastes. Point de maison dans le Za, sauf celle de Chikh Ben Ech
Chaoui. Il y en a une sur l’Ouad Mesegmar; elle est à quelques pas d’ici : c’est
la résidence du qaïd des Béni Bon Zeggou. Ce dernier, Qaïd Hamada, était le chikh
delà tribu avant d’en être qaïd de par le sultan; c’était le plus grand pillard de
la contrée avant 1876; à présent, au contraire, il est d’une sévérité extrême contre •
les voleurs et fait régner l’ordre le plus rigoureux sur son territoire.
20 mai.
Départ à 5 heures un quart du matin. Je continue à cheminer dans le désert d’An-
gad. J’arrive à 11 heures du matin à Qaçba el Aïoun. La marche était difficile à
cause de l’état du sol, détrempé par des pluies récentes. Je n'ai rencontré personne
durant le trajet. Les cours d’eau que j’ai franchis sont au nombre de deux : l’Ouad
Metlili (lit de 5 mètres; 1 m , oO d’eau; berges de sable de 12 mètres de hauteur; ce
cours d’eau prend, me dit-on, sa source au Djebel Béni Iala); l’Ouad el Qceb (25 mè¬
tres de large; lit de galets, à sec; berges de sable, à pic, hautes de 15 mètres. Cette
rivière prend sa source chez les Béni Iala et se jette dans la Mlouïa chez les Béni
Oukil; elle reçoit, m’assure-t-on, l’Ouad Mesegmar sur sa rive gauche).
Qaçba Aïoun Sidi Mellouk, appelée d’ordinaire Qaçba el Aïoun, s’élève isolée au
milieu du désert d’Angad. Aux environs, apparaissent quelques cultures et un certain
nombre de petits douars des Chedja. La Qaçba est une enceinte rectangulaire de murs
de pisé ayant 4 à 5 mètres do haut et 30 à 40 centimètres d’épaisseur; ni banquettes,
ni fossés. A l’intérieur sont des maisons, la plupart en mauvais état, n’ayant
qu’un rez-de-chaussée; elles sont bâties par pâtés, séparés tantôt par de larges pas¬
sages, tantôt par des places : point de rues proprement dites, et moins encore de ces
ruelles étroites qu’on voit dans les qçars. Un grand nombre d’habitations sont blan¬
chies. Au milieu de la Qaçba, sont creusés plusieurs puits qui l’alimentent. La vue
intérieure de Qaçba el Aïoun rappelle de loin celle de certains quartiers de Géry-
ville : mêmes voies larges, mêmes demeures basses, même population de petits mar-
DE QÇABI ECU GHEURFA A LALLA MAHNIA.
r\ v v
zoo
chauds. En dehors de l’enceinte, vers l’angle nord-est, se trouve un bouquet d’arbres
et, au milieu, la qoubba de S. Mellouk; auprès jaillissent plusieurs sources, donnant
une eau abondante et bonne; on les appelle Aïoun S. Mellouk, d’où le nom delà
Qaçba. Celle-ci est ancienne, mais tombait en ruine et était déserte lors de l’expé¬
dition de Moulei El Hasen en 187(3. Il la restaura et y installa la garnison qui s’y
trouve : elle se compose d’une centaine de réguliers (askris), commandés par un ara.
Qaçba el Aïoun est en outre la résidence du qaïd des Chedja, Chikh Hamida ech
Chergi, chef suprême dans la place; il a auprès de lui son lieutenant et quelques
hommes du makhzen. Les autres habitants sont des marchands musulmans et juifs,
ceux-ci originaires de Debdou ou de Tlemsen, qui vendent des denrées d’Europe et
d’Algérie aux soldats et aux tribus des environs.
Le sultan croit avoir ici 600 réguliers commandés par un ara, Hadj Mohammed :
de fait, il y possède 100 ou 150 malheureux qui n’ont de soldats que le nom. Il envoie
5000 fr. par mois pour la solde de la troupe : les hommes ne touchent rien, sont
nus et meurent de faim; l’ara et ses lieutenants gardent tout.
Le commerce de Qaçba el Aïoun a de l’importance. Les boutiques installées dans
son enceinte sont bien approvisionnées. Chaque semaine, se tient au pied de ses
murs un marché, le Tlàta Sidi Mellouk. Ce jour-là, les tribus des environs, celles de
la montagne comme celles de la plaine, viennent en foule, apportant des laines, des
tellis, des flidjs, des tapis, des peaux, et les échangeant contre des objets de provenance
algérienne, 'cotonnades, etc. Les années de bonne récolte, les petits marchands de la
Qaçba font d’excellentes affaires : ils vendent en grande quantité du café, de l’eau-
de-vie, du vin, du thé, du sucre, du kif, des cotonnades, des faïences, des verres,
des bougies, des belras, de la mercerie, du papier, aux soldats et aux tribus voisines,
dont quelques-unes, les Béni Iznâten surtout, sont très riches. Quand la terre est
stérile, que la moisson manque, qu’il y a disette, le trafic est nul : c’est ce qui a eu
lieu ces derniers temps. Cette année, beaucoup de pluie est tombée au printemps;
on espère une excellente récolte; depuis cinq ans on manquait d’eau, il y avait
sécheresse et famine.
21 mai.
Séjour à Qaçba el Aïoun. Une pluie torrentielle qui tombe depuis hier soir m’em¬
pêche de partir.
On est fort enflammé ici des exploits du Chéri/' (c’est le nom qu’on donne dans le
Maroc au Malidi), (pie la grâce de Dieu a rendu invulnérable et invincible, (pii a
chassé les Chrétiens d’Egypte et qui marche sur Tunis : on a reçu à Eàs plusieurs
lettres de lui : le sultan les a fait lire dans les mosquées. Moulei El Hasen est en ce
RECONNAISSANCE AU MAROC.
2ol3
moment à Meknâs; il ;i ordonné des levées de troupes considérables : onze corps sont
prêts à l’heure qu’il est, deux sur le Sebou, neuf dans le Sous; ils présentent un
effectif total de 40,000 hommes et sont formés de contingents tirés des tribus les plus
guerrières du royaume de Merrâkech et du Sous. C’est contre les Français que se
font ces préparatifs. Au mois de ramdân, le sultan se mettra à la tète des troupes,
et en avant vers Oudjda! — Ce sont les réguliers et les mkhaznis de la Qaçba qui ra¬
content ces fables : ils y croient, et cette perspective de guerre leur fait faire la gri¬
mace. Des bruits aussi ridicules et plus encore circulent dans toute l’étendue du
Maroc. Partout les esprits y sont occupés des événements du Soudan égyptien , qui
grossissent dans des proportions fantastiques en traversant l’Afrique. A Tisint, à
Tatta, dans le Sous, le Cherif, après avoir conquis l’Egypte, avait pris Tripoli, Tunis,
Alger, et avait mis à mort tout ce qui était chrétien. Dans la vallée du Ziz, il n’était
pas à Alger, mais Tunis était tombé en son pouvoir et les Français vaincus fuyaient
devant lui. A Debdou, il était à Tripoli. A Qaçba el Aïoun et à Oudjda, il n’a conquis
que l’Égypte, avec le Caire et Alexandrie. Partout, aussi bien dans le sud qu’ici,
chez les Ida ou Dial et dans le Sous comme chez les Berâber, on est curieux de ces
nouvelles : aussitôt que j’arrivais en un lieu, la première question qu’on m’adressait,
à titre d’étranger, était : « Quelles nouvelles du Cherif? » Mais, si l’on s’occupe de
lui, on paraît s’en occuper avec calme et attendre patiemment qu’il vienne, sans se
soucier de prendre les armes pour lui tendre la main. En résumé, il excite une vive
curiosité, mais peu d’enthousiasme, surtout dans les tribus indépendantes. Les tribus
soumises, en général plus dévotes, plus instruites, plus fanatiques que les autres,
moins occupées par des luttes de chaque jour avec les voisins, prêtent une attention
voyage. Nulle part on ne désirait la guerre sainte; mais l’ignorance, qu’entretient
la politique craintive des puissances européennes, est si grande que tout peut arriver :
malgré le calme actuel, il suffirait que soit le sultan, soit quelque grand chef reli¬
gieux, comme Chikh Mohammed El Arabi el Derkaoui, levât l'étendard de la
guerre sainte pour réunir en quelques jours une armée de 50000 hommes. Cette
masse, animée plutôt par l’espoir du pillage que par le zèle religieux, s’évanouirait
à la première défaite, et se doublerait au moindre succès.
22 mai.
Départ à 6 heures et demie du matin. Je reprends ma route dans le désert d’An-
gad, cheminant au milieu de la plaine, avec mes deux chaînes monotones à droite et
à gauche. Ce sont deux longues lignes de montagnes sombres, à peu près de même
hauteur, nues l’une et l’autre comme tous les massifs que j’ai vus depuis le Djebel
DE QÇABI ECU CHEURFA A [.ALLA MARNIA.
257
Debdou. Au flanc du Djebel Béni Iznâten apparaissent de nombreuses taches noires,
villages et jardins. Le sol ne change pas : il demeure sablonneux et couvert d’her¬
bages; après Qaçba el Aïoun, il est pendant trois ou quatre kilomètres semé de
quelques arbres. Je rencontre des douars, plusieurs troupeaux de chameaux, de
moutons et de chèvres, et, en un ou deux points, des cultures. Profitant du bienfait
de la pluie, qui vient de fertiliser les sables de l’Angad, les Chedja se sont hâtés
d’ensemencer quelques parcelles de terre. Durant toute la journée le pays reste très
plat; ce n’est qu’en approchant d’Oudjda que deux accidents de terrain changent
l’aspect du désert. Vers le nord, une côte en pente douce, parallèle au Djebel Béni
Iznâten, se projette en avant de lui dans la plaine et se termine au cours de l’Isli. Vers
l’est, on voit la fameuse Koudia el Khodra, théâtre du champ de bataille de l’Isli ; de
loin, elle apparaît comme un long talus verdoyant, bas, à crête uniforme, barrant
toute la plaine d’Angad depuis le Djebel Zekkara, dont il se détache et auquel il est
perpendiculaire, jusqu’à la côte qu’on vient de signaler : entré celle-ci et FJ Koudia
el Khodra, se trouve une trouée où passe l’Ouad Isli. A 2 heures 40, je parviens à cette
rivière. Elle a 12 mètres de large et 70 centimètres de profondeur; le courant est ra¬
pide; le lit, de gros galets, est en entier couvert par les eaux; deux berges de sable
à 1/1, de 8 mètres de haut, rencaissent. L’ouad coule au pied même de El Koudia el
Khodra : sa berge droite se confond avec le versant occidental de ces hauteurs. Je
commence à monter au sortir de la rivière : côte douce, mélange de terre et de pier¬
res; à 2 heures 50, je suis au sommet. Un plateau s’y étend, ridé d’ondulations légè¬
res; il est couvert d’herbe; le sol en est terreux, avec des pierres et des endroits ro¬
cheux. Je le traverse. A 3 heures et demie, j’en atteins le bord oriental. Depuis quelque
temps, j’aperçois Oudjda, étalant au-dessous de moi ses maisons blanches au milieu
de grandes plantations d’oliviers. Une rampe, pareille à celle qui le limite à l’ouest,
courte et douce, borne ici le plateau. Je la descends et ne tarde pas à entrer dans les
jardins d’Oudjda : vastes et bien cultivés, ombragés d’une multitude d’arbres, ils
sont la seule chose digne d’attention en ce lieu. Je m’arrête, à 4 heures un quart,
dans un des foudoqs de la ville.
Oudjda est située au pied de El Koudia el Khodra, en terrain plat, dans la plaine
d’Angad, qui se prolonge au delà jusqu’à Lalla Marnia. C’est une fort petite ville :
elle semble moins peuplée qu’El Qçar. La richesse et la prospérité y régnent; la pré¬
sence d’un qaïd . de mkhaznis , le passage des caravanes, le commerce avec l’Algérie ,
y entretiennent l’animation et y apportent la fortune.
Un mkhazni à cheval m’a escorté de Qaçba el Aïoun à Oudjda; un autre m’accom¬
pagnera d’Oudjda à la frontière française. Il a suffi de les demander aux qaïds;
une escorte de ce genre s’accorde toujours, à condition de payer : le prix est mo¬
dique. Le gouvernement concourt à fournir les zetats dans les régions du blad (4
33
RECONNAISSANCE \L MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
258
inakiizen trop peu sûres, comme celle-ci, pour y voyager seul. Chemin faisant,
j’ai rencontré une caravane; elle se composait de marchands juifs venant de Tlem-
sen et allant à Debdou. Hors l’Ouad Isli, je n’ai traversé qu’un cours d’eau de quel¬
que importance : l’Üuad Bon Rdim ((3 mètres de large; 1 mètre de profondeur; courant
insensible; berges de lm,50 d élévation , à 1/1. Les eaux proviennent des pluies der¬
nières; la rivière, à sec toute l’année, se gonfle à la moindre averse et se dessèche
aussi vite : hier elle était infranchissable).
23 mai.
Départ d’Oudjda à 7 heures du matin. A 10 heures, je passe la frontière et j’entre
en terre française. Peu après j’arrivai à Lalla Marnia, terme de mon voyage.
FIN DE LA PREMIERE PARTIE.
SECONDE PARTIE.
RENSEIGNEMENTS.
I.
BASSIN DE L’GUAD OU MM ER REBIA.
E’Ouad Oumm er Rebia prend sa source sur le territoire des Boni Mgild , à une haute montagne d’où
sort aussi la Mlouïa. De là il traverse les tribus des Zaïan, des Ichqern , des Qetaïa, des Ait Rouba, des
Béni Amir, des Béni Mousa, ces quatre dernières faisant partie du Tàdla. En sortant des terres des Boni
Mousa , il reçoit l’Ouad el Abid , qui est la limite et de cette tribu et du pays de Tàdla. A partir de là, il ne
cesse de couler entre des tribus différentes, formant frontière entre elles : d’abord entre les Boni Miskin
au nord et les Srarna au sud; puis entre les Chaouïa (nord) et les Rhamna (sud); ensuite entre les
Chaouïa (nord) et les Doukkala (sud); enfin entre les Chtouga (nord) et les Doukkala (sud).
Les tribus mentionnées en aval du Tàdla sont nomades, parlent l'arabe et se disent de race arabe.
Elles sont soumises au sultan. Trois d’entre elles sont regardées comme les plus puissantes du blad el
makhzen : celles des Rhamna, des Chaouïa et des Doukkala : les premiers peuvent, dit-on, mettre
1 1 000 hommes à cheval, les seconds 7 000, les derniers 6 000.
AFFLUENTS. — L’ Ouad Oumm er Rebia reçoit un grand nombre d’affluents, parmi lesquels on
remarque, en descendant son cours: l’Ouad Derna, l’Ouad Daï, l'Ouad el Abid, l'Ouad Teççaout. Ces
quatre cours d'eau se jettent sur sa rive gauche. L'un d'eux, l’Ouad el Abid, égale en importance
l’Oumm er Rebia elle-même.
1” OUAD DERNA. — Cette rivière prend sa source dans le Djebel Ait Seri, arrose le grand village de
Tagzirt et, à 2 heures de marche au-dessous de ce point, entre dans le territoire des Ait Iaïch : elle se jette
dans l’Oumm er Rebia à Zidania, vieille qaçba qui ressemble à celle de Fichlâla et qui a été construite
aussi par Moulei Ismaïl. Zidania est située à a heures de marche au-dessous de Qaçba Tàdla, chez les Ou-
lad Abd Allah, fraction des Béni Amir. Point de ville du nom de Derna.
2° OUAD DA/. — Cette rivière roule à peu près le même volume d’eau que l’Ouad Derna : elle prend
sa source dans la même chaîne de montagnes : c’est chez les Oulad Bou Bekr, fraction des Béni Mellal,
qu'elle entre en plaine. Elle se jette sur la rive gauche de l’Oumm er Rebia dans le territoire des Béni
Mousa. Point de ville du nom de Daï.
3° OUAD EL Alill). — Les sources de cette grande rivière sont, comme celles de l’Oumm er Rebia,
dans une contrée sauvage, boisée, infestée de lions et de panthères, région peu fréquentée el que ne tra¬
verse aucun chemin. En remontant l'Ouad el Abid au-dessus d’Ouaouizcrt , on trouve les Ait Messat sur
sa rive gauche et les Ait Atta d Arnalou sur sa rive droite : la rivière forme frontière entre les deux tri¬
bus. Puis elle entre dans celle des Ait Seri. A partir de là, plus de bourgades; il n’y a que de petits
villages, des huttes et des tentes groupées autour de tirremts.
Au-dessous d’Ouaouizert , c’est encore la grande tribu des Ait Messat qui occupe la rive gauche de
RECONNAISSANCE AU MAROC.
260
l’ouad : les Entifa, puis les Srarnalui font suite. Sur la rive droite, on traverse successivement, en des¬
cendant la rivière, les Ait Atta d Amalou, les Ait Bou Zîd , les Ait Atab et enlin les Béni Mousa.
L’Ouad el Abid a deux points de passage importants dans la portion inférieure de son cours :
A 3 heures de marche en amont de son confluent avecl'Oumm er Rebia, se trouve légué de Bou Aqba,
célèbre par la bataille qui s’y livra. En cet endroit, l'Ouad el Abid forme limite entre les Entifa et les
Béni Mousa.
5 heures plus haut, c’est-à-dire à H heures du confluent, se trouve un pont construit par Moulei Is-
maïl et encore en bon état : il n’a point de nom particulier : on l’appelle El Qantra.
AFFLUENT. — L’Ouad el Abid reçoit sur sa rive gauche une rivière importante dont nous avons aperçu
le confluent entre Ouaouizert et Ait ou Akeddir; c’est l'Ouad Ait Messat.
Ouad Ait Messat. — Cette rivière prend sa source dans le Grand Atlas un peu au-dessus de Zaouïa
Abansal. Elle arrose sur son cours un grand nombre de qçars : ils appartiennent aux Ait Isbaq, l’une
des 5 fractions des Ait Messat. Voici les principaux d’entre eux, dans l’ordre où on les trouve en descen¬
dant l’ouad :
Zaouïa Ahansal (zaouïa très importante, dont le chef actuel se nomme Sidi Ilamed ou
Hamed Ahansal).
Ait Tamzout . rive droite.
Zaouïa Ait Sidi Ali ou llaseïn . rive droite.
Tillougit . rive droite.
Ait Aïssa . rive droite.
Izerouan (3 qçars) . rive droite.
Distances : de l’Oussikis à Zaouïa Ahansal . 1 jour.
De Zaouïa Ahansal à Ouaouizert . 2 jours.
4° OU AD TEÇÇAOIJT. — Cette rivière se jette sur la rive gauche de l’Oumm er Rebia, à 7 heures de
marche au-dessous du confluent de ce fleuve avec l’Ouad el Abid. La Teççaout est formée de la réunion
de deux cours d’eau : le premier, Teççaout Fouqia ou Ouad Akhdeur, passe entre Demnât et Bezzou ; le
second , Teççaout Tabtia ou Teççaout Morràkech, passe entre Demnât et El Qlaa. Ces deux rivières
prennent leur source dans un même massif de montagnes et se dirigent vers le nord, l’une par l’est,
l’autre par l’ouest : elles se réunissent en plaine entre El Qlaa et Bezzou, et de là vont se jeter dans
l’Oumm er Rebia. Le chemin qui va en ligne directe de Demnât au Dâdes, chemin très suivi, re¬
monte la Teççaout Fouqia jusqu’à sa source : de là il passe sur le territoire des Haskoura, dans le bas¬
sin du Dra. La Teççaout orientale a tout son cours supérieur occupé par la grande tribu tamazirt
indépendante des Ait b Ououlli. Elle traverse ensuite le territoire des Aït Abbes, puis celui des En¬
tifa, enfin celui des Srarna, sur lequel les deux Teççaout se réunissent et se jettent dans l’Oumm er
Rebia.
AFFLUENTS. — La Teççaout Fouqia reçoit plusieurs affluents dont le principal est l’Ouad el Arous, se
jetant sur sa rive droite au point frontière entre les Ait b Ououlli et les Ait Abbes.
Ouad el Auous. — A 2 kilomètres au-dessus de son confluent avec l’Ouad Teççaout, il reçoit lui-même
sur sa rive droite, au village d’Agerd n Ouzrou, un cours d’eau important, l’Ouad b Ougemmez.
Ouad b Ougemmez. — Cette rivière porte aussi le nom d’Ouad Ait Ouaham. Elle prend sa source
dans le Grand Atlas, auprès du Tizi Izourar : le cours en appartient tout entier à la tribu des Aït b Ou¬
gemmez : un grand nombre de qçars s’échelonnent le long de ses rives : le plus rapproché de sa
source est Zaouïa Aït Ouaham (appelé aussi Zaouïa Alonzi) ; le plus bas est Agerd n Ouzrou, où il se
jette dans l’Ouad el Arous. Entre eux, il en existe d’autres, dont les principaux sont, en descendant: Ait
Ali, Ait Ouriad.
Entre Ait Ouriad et Agerd n Ouzrou, l'Ouad b Ougemmez reçoit sur sa rive gauche un affluent,
l’Ouad Ibakellioun.
Ouad Ibakellioun. — Le cours en appartient aussi en entier aux Aït b Ougemmez : il est bordé de
BASSIN DE L’OIJAD OUMM Eli BEBIA.
261
nombreux qçars : le plus considérable d’entre eux est Ibakellioun, situé non loin de la source de l’ouad.
Cette rivière reçoit elle-même un affluent, l’Ouad Tizi Ait Imi, se jetant sur sa rive gauche dans la
partie basse de son cours.
Ouad Tizi au imi. — Il prend sa source au col d’Aït Imi, dans le Grand Atlas. Le cours en appartient
à la tribu des Ait b Ougemmez. Il arrose plusieurs qçars.
Les localités situées sur les cours des ouads b Ougemmez, Ibakellioun et Tizi Ait Imi forment la
totalité de la tribu des Ait b Ougemmez, tribu indépendante, de race et de langue tamazirt.
Pas de marché chez les Ait b Ougemmez.
Un mellah , sur l'Ouad b Ougemmez.
Distances : de FOussikis à Ait Ouaham . forte 1/2 journée.
D’Aït Ouaham à Had Ait Atab . 1 jour.
» Agerd n Ouzrou . 17 kilomètres.
» Demnât . 2 petites journées.
Renseignements sur les tribus.
TRIBUS DU T AD LA. — Voici la décomposition des tribus du Tàdla :
Ourdirra
Oulad Bhar el Kebar.
Oulad Bhar es Srar.
Oulad Brahim.
Goutta.
( Béni Khelf.
I Mfasis .
I Oulad Azzouz.
) Oulad Smir.
Béni Khîran.
Madna .
v Béni llasen.
Oulad Bou Radi.
Béni Mancour.
Genadiz.
i Torch.
Smàla. . .
Oulad Aïssa.
Oulad lousef. {
Béni Zemmour
Béni Bataou
Ait lahi
Beraksa.
j Asasga.
1 Houasen.
< Oulad Fennan.
! Chraa.
Oulad Gaouch.
Ait Cal eh. )
Nouaser. . \
Berachona. . (
Oulad Nahr. \
Béni Zrandil.
Ababsa.
Oulad Brahim.
Zania.
Soual.
Rouased.
Aït Bihi.
\ Aït Mousa.
Ahouraïn.
Geraïat.
/
Oetaïa
Semget.
Ait Ala .
Ait Brahim.
Ait Kerkaït.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
0-2
Oulad Saïd..
Reni Madan ; Ait Rouba. ! Oulad lousef.
Oulad Smaïn.
Oulad Iaqoub.
Oulad Bou laoud.
Bezzaza.
Oulad Iaïch.
Oulad Mammer.
Boni Amir .
Béni Mousa.
Zouaïr.
Béni Mellal.
Oulad Assoun ...
Oulad Nedja _ _
Oulad Abd Allah.
Beradia. . . j
Abel Sous. ■ i
Oulad Ali. 1
Oulad Hasen .
Krifat .
Oulad Zian . L
Oulad Bou Herrou. /
Béni Chegdal.. \
Oulad Rejia.... ' i
Mouali el Ouad. ^
Oulad Zalira.
El Amgar.
Oulad Zmarn.
Asara.
Oulad Smida.
Béni Aoun.
Oulad Merah.
Krazza.
Oulad Arif.
Aït Seri . .
Aït Ouirra.
(Béni Oujjin.
Oulad Brahim.
Ahel Zerberraebi.
Béni Miskin.
AIT SE H/. — Voici la décomposition des Aït Seri, tribu tamazirl indépendante
Imhaouchen.
Aït Daoud.
\ Aït Mesaoud.
Aït El Hasen.
Aït Alou ou Brahim.
Aït ou Azzou.
Aït Ousaden.
Aït Iqqo.
Aït Abd es Selam.
Aït Iaqoub.
Aït Smaïn.
Aït Hammi.
Aït Bou Bekr.
Aït Ichcbo.
Mrabten.
Aït Daoud.
Ait Ousakki.
Mharir.
Aït Alou ou El Hasen.
Aït Ioudi.
Aït Mhammed.
Aït Abd el Ouali.
Friata .
Aït Hebibi.
Aït Ma ha . i
Aït Abd en Nour. |
BASSIN DE L’OUAD OUMM ER REBIA.
2B3
Aït Saïd
, Aït Ali ou Seliman.
IAït Hammou ou Saïd.
Aït Ishaq.
Ihebaren.
Aït Hammou ou Mançour.
Aït Daoud ou Bou Hïa.
Aït Daoud ou Iousef.
\ Aït Ougrar.
Les Aït Seri sont de langue comme de race lamazirt. Partie nomades, partie sédentaires, ils ont des
tentes et des villages; ces derniers dominent. Leur territoire nourrit peu de chevaux; pouvant armer
un très grand nombre de fantassins , ils n’ont presque pas de cavaliers.
Deux fractions des Aït Seri , les Ai t Ouirra et les Aït Mhammed, sont célèbres pour leur hostilité aux
Juifs : leur territoire est absolument interdit à cette race. Un Israélite veut-il le traverser quand même,
il lui faut se travestir et prendre garde de ne point se trahir : s’il était reconnu, il n’échapperait pas à la
mort. Tout Juif trouvé est tué , et l'horreur qu’il inspire va si loin qu'on ne dépouille pas son cadavre et
que ses marchandises sont jetées au vent.
ICHQERN . — Les Ichqern sont une tribu de race et de langue tamazirt bornée au nord par les Zaïan,
à l’ouest par le Tâdla (Béni Zemmour et Qetaïa), au sud par les Ait Seri (Ait Ouirra). 11 y a 4 heures de
chemin entre Qaçba Tâdla et leur frontière. Ils peuvent mettre environ 8000 hommes à cheval. Ils sont
indépendants, bien qu’un qaïd in partibus vive chez eux. Ils ont, en ce qui concerne les Juifs , le même
usage que les Ait Ouirra et les Ait Mhammed, usage qui n’existe nulle part ailleurs au Maroc.
Sur la frontière nord des Ichqern , se trouve le point assez connu de Khanifra. Khanifra est une qaçba
un peu plus grande que Fichtâla, située à!» heures de marche à l’est-nord-est de Bou el Djad; sur la
limite même des Ichqern et des Zaïan, elle fut longtemps un sujet de disputes pour ces deux tribus.
Fondée par les premiers, elle appartient aujourd’hui aux seconds. Là habite ce malheureux qaïd des
Zaïan dont nous avons parlé plus haut.
CHAOUIA. — Les Chaouïa sont nomades et parlent l’arabe : ils forment une nombreuse tribu soumise
au sultan. A'oici leur décomposition :
Oulad Mhammed (3 qaïds). <
Khesasra (1 qaïd).
1 1 qaïd i
Oulad Zireg.
Oulad Chaïb.
El Khlot.
Oulad Aniama.
Oulad Bou Bekr.
Oulad El Asri.
Brasiin.
Oulad Mnisf.
El Aoulad (1 qaïd).
Oulad Bou Arif.
Béni Iinman..
I llamdaoua.
Béni Sqeten.
El Elf.
Béni Brahim.
Mnia.
Djemoua.
Oulad Fers.
Oulad Senjej.
Oulad Sidi Ben Daoud (1 qaïd).
Oulad Bou Ziri (1 qaïd).
Oulad Saïd (1 qaïd).
Msamsa (I qaïd).
Chaouïa | Mzab (1 qaïd)
RECONNAISSANCE AU MAROC.
264
I Oulad Haris. j (Réunies, ces deux fractions forment un groupe plus
I Medarra. j nombreux encore que les Mzab. — 1 qaïd.)
F Oulad Zian (1 qaïd).
Mediouna (1 qaïd).
| Siaïda (2 qaïds).
Zenata (1 qaïd).
La fraction des Mzab contient un grand nombre de zaouïas; telles sont : Oulad Sidi Aïssa, Qeradma ,
Oulad Sidi el Hadj, Oulad Sidi Bel Qasem, El Kaouka.
Z MIT — Les Zaïr forment une puissante tribu indépendante, de race et de langue tamazirt. Leur ter¬
ritoire se trouve à l'ouest de celui des Zaïan et au nord-ouest du Tàdla. Quoique ce pays soit monta¬
gneux, ils possèdent un grand nombre de chevaux.
AIT MESSAT. — C’est une puissante tribu chleuba (1), indépendante, qui a pour limites, au sud la
crête supérieure du Grand Allas, au nord l’Ouad el Abid, à l’est les Ait Seri et les Berâber, à l’ouest les
ouads b Ougemmez et Teççaout. Les Ait Messat habitent, les uns dans des qçars, les autres sous la
tente : ceux-ci sont les plus nombreux. La tribu peut, en tout, armer 4000 fantassins et 300 à 500 cava¬
liers. Elle se décompose en cinq fractions.
Ait Isliaq.
Ait Mohammed.
Ait Ougoudid. ï
Ait Abd Allah. , Atferkal.
Ibararen . . . )
Les Ait Isliaq forment environ 2000 fusils. Ils s’étendent entre la zaouïa d’Ahansal et l’Ouad el
Abid : tout le cours de l’Ouad Ait Messat leur appartient : à eux encore les deux groupes de qçars d’Aïl
Mazir et d’Aït lssoumour. Ait Mazir est une collection de qçars répartis dans la montagne entre l’Ouad
el Abid et l’Ouad Ait Messat, au delà de la rive gauche de ce dernier. Ait lssoumour est une réunion de
3 qçars situés près de l’Ouad el Abid au-dessus d’Aït Mazir : on compte 17 kilomètres d’Aït lssoumour
à Ouaouizert. Les Ait Isliaq sont la seule des cinq fractions des Ait Messat qui possède des qçars. Les
quatre autres n’ont que des tentes et des tirremts.
Les Ait Mobammed sont limitrophes des Ait Isliaq : ils s’étendent entre eux, les Ait b Ougemmez,
l’Ouad el Abid et la crête du Grand Atlas : à l’est des Ait b Ougemmez , ils occupent le vaste plateau
d’Iferres. Pas de rivière sur leur territoire; mais les sources sont nombreuses. Pays montagneux et
boisé. Point de qçars : les Ait Mohammed emmagasinent leurs biens dans des tirremts pendant qu’ils
vivent sous la tente. Ils sont environ 500 fusils.
Les Ait Ougoudid habitent à l’ouest des Ait Mobammed, entre eux et les Ait Abd Allah. Ils n’ont que
des tentes et des tirremts. Il en sera de même des fractions suivantes : leur pays, comme celui des
Ait Abd Allah et celui des Ibararen, est en tout semblable à celui des Ait Mohammed. Les Ait Ougoudid
comptent 500 fusils.
Les Aït Abd Allah habitent à l’ouest des Ait Ougoudid, entre eux et les Ibararen. Us sont en face des
Ait Atab. Ils peuvent lever 500 fusils.
Les Ibararen se trouvent à l’ouest des Ait Abd Allah , auprès des Entifa : ils forment environ 500 fusils.
Ces trois dernières fractions portent le nom collectif d’Atferkal.
Ainsi qu’on le voit , une seule rivière arrose le territoire des Ait Messat, celle qui porte le nom de la
tribu.
Il existe chez les Ait Messat une zaouïa dont le chef est tout-puissant sur eux : la zaouïa d’Ahansal. Le
(1) Lorsque nous nous rapprocherons du sud, nous emploierons souvent le mot de Clileuh pour désigner la race à laquelle ap¬
partiennent les populations, afin de marquer qu’elles sont composées d’ima/iren blancs « Cliellalia » , et non d’imaziren noirs
« Haralin ».
BASSIN DE L'OUAD OUMM ER REBIA.
265
pouvoir de son chikli est absolu sur les Ait Messat, et son influence s’étend beaucoup plus loin. Jusqu’à
Merràkech d’une part, jusqu'au Dâdes et au Todra de l’autre, il est connu et vénéré. Un esclave de Sidi
Hamed ou Hamed Ahansal , chef actuel de la zaouïa , suffit pour conduire en sûreté une caravane du To¬
dra à Merràkech. A lui a recours quiconque veut voyager dans ces régions.
Les Ait Messat ne parlent que le tamazirt : très peu parmi eux savent l’arabe.
Deux marchés sur leur territoire : Khemls Ait Khelift (Ait Abd Allah), Arbaa Tabaroucht (Ail Ishaq).
Point de Juifs.
AIT B OUOULLl . — C’est une nombreuse tribu chleuha, indépendante, cantonnée sur le haut cours
de la Teççaout Fouqia et sur tout celui de l’Ouad el Arous. Elle n’habite que des qçars. Les Ait b Ououlli
parlent le tamazirt.
Point de marché sur leur territoire.
Un mellah.
AIT ABIŒS. — Petite tribu chleuha cantonnée sur les rives de l’Ouad Teççaout au-dessous des Ait b
Ououlli. Nominalement, elle dépend du qaid des Entifa : de fait, elle est peu soumise. Les Ait Abbes
n’habitent que des qçars. Ils parlent le tamazirt.
Point de marché.
Un mellah.
Distance : des Ait Abbes aux Ait Bon llarazen comme d’imiter à Taourirt (Todra).
AIT BOU HARAZEN. — Petite tribu chleuha située à quelque distance à l est de Djemaaa Entifa.
Elle fait partie du blad el makhzen et obéit au qaid des Entifa. Point de rivière sur son territoire : celui-
ci n’est arrosé que par des sources. Les Ait Bou llarazen n’habitent que des qçars : leur langue est le
tamazirt, mais beaucoup d’entre eux savent l’arabe.
Un marché, l’Arbaa Bou llarazen.
Deux mellahs.
Distance : d'Arbaa Bou llarazen à Djemaaa Entifa comme de Timatreouinà Taourirt (Todra),
INKTO. — Petite tribu chleuba au sud des Entifa. Elle appartient au blad el makhzen et obéit au qaid
de Demnât. Elle n’habite que des qçars. La langue en est le tamazirt. Le territoire, situé à l’est de l’Ouad
Teççaout Fouqia, n’en est arrosé que par des sources : on n’y voit aucun cours d’eau.
Un marché , l’ Arbaa Ouaoula.
Pas de Juifs.
Distances : d’Inkloà Demnât comme d’Aïtlidir (Dâdes) à Taourirt (Todra).
» Djemaaa Entifa comme d’Aït lidir » »
AIT A! AD. — Tribu chleuha indépendante occupant les premières pentes du Moyen Atlas au nord-est
des Ait Atab. La fraction des Ait Atab qui la limite de ce dernier côté s’appelle les Ikadousen. Les Ait
Aïad peuvent mettre en ligne environ ! 000 hommes, dont 100 cavaliers. Ils sont habituellement alliés
aux Ait Atab.
Un marché, le Tlâta Ait Aïad.
Un mellah.
Itinéraires.
DE FAS t BOU EL DJ AD. — Fâs, Sl’rou, Ait Ioussi, Béni Mgild, Vin cl Louh, Akebab, Ichqern ,
Bou el Djad.
DE FAS A ROU EL DJAD. — Fâs, Sfron, Ait Ioussi, Béni Mgild, Zaïan, Bou el Djad.
DU TADLA A QÇARl ECU CHEUBFA. — Du Tàdla, un chemin remonte le cours de l'Ouad Oumm
cr Rebia jusqu'à sa source : de là on peut gagner Oçâbi ech Cheurfa. Cette route n’est point fréquentée :
3 i
RECONNAISSANCE AU MAROC.
266 RECONNAISSANCE AU MAROC.
les animaux féroces, lions et panthères, qui peuplent les grandes forêts traversées par le haut cours
de rOumm er Rebia, en sont cause en partie.
DE BOIJ EL DJ AD A MOU LE I il O U IAZZA. — De Bou cl Djad à Moulei Bon Iazza, on compte
10 heures de marche : chemin faisant : on rencontre deux lieux habités , Sidi Bou Abbed, situé à 4 heures
de Bou el Djad, et Sidi Oumbarek, qui se trouve à 7 heures de cette même ville. Entre Sidi Bou Abbed
et Sidi Oumbarek, on traverse l’Ouad Crou , entre S. Oumbarek et Moulei Bou Iazza, on franchit la
frontière du Tàdla, et on passe des Béni Zemmour chez les Zaïan.
Sidi Bou Abbed est un village de 200 maisons : au milieu s’élèvent la qoubba de Sidi Bou Abbed et
une zuouïa où vivent ses descendants.
Sidi Mohammed Oumbarek était un cherif vénéré; mort depuis très longtemps, il a laissé une posté¬
rité nombreuse qui habite autour de sa qoubba, dans un village de 400 maisons : ce village a pris son
nom ; il est situé au milieu de grandes forêts.
Moulei Bou Iazza est une bourgade de 1 200 à 1 400 habitants. Elle porte le nom d’un cherif célèbre,
mort là depuis des siècles. Il n’a laissé ni postérité ni disciples, le souvenir de ses vertus et son tom¬
beau sont tout ce qui reste de lui; son mausolée, reconstruit jadis par Moulei Ismaïl, est fort beau : il
est du même modèle que ceux de Bou el Djad. Celte qoubba est l’objet d’une grande vénération.
DE DEMNAT A I1EZZOU. — Une journée de marche. Chemin faisant, on traverse l’Ouad Teççaout
Fouqia. Bezzou est une bourgade de 1 500 habitants avec un mellah. Elle ressemble de tous points à
Djemaaa Entifa. Elle est située en plaine entre l’Ouad Teççaout et l’Ouad el Abid. Elle est sous la juri¬
diction du qaïd des Entifa.
DE DEMNAT A EL QLAA. — Un jour et demi de marche, soit : de Demnât à Zaouïa Sidi Reliai, une
journée; de Zaouïa Sidi Reliai à El Qlaa, une demi-journée. Entre ces deux derniers points on chemine
constamment en plaine et on ne traverse aucun cours d'eau. El Qlaa est sur le territoire des Srarna. C’est
une ville de 3 000 habitants, de l’importance de Demnât. Elle possède un grand mellah. Située à l’ouest
de la Teççaout Talitia, à l'est de l’Ouad Rdât, elle n’a d’autre eau que celle qui lui est amenée de la
Teççaout par des feggara (I).
DE DEMNAT AU T1Z1 N GLAOUl. — 11 y a deux chemins : l'un, plus long mais beaucoup meilleur,
passant par Zaouïa Sidi Reliai, Tagmout, etc.; l’autre, plus court mais très diflicile, entrant à Demnât
dans la montagne el allant tout droit vers le col : le dernier est très peu fréquenté.
DE Z ARAKTEN AU 7 ELOUET. — H y a deux chemins : l’un est celui que nous avons pris; voici
l’autre : Zarakten, Aqoub es Soullân (en tamazirt, Asaou n Ougellid), point de croisée du sentier
venant de Tagmout, Tikhfar (l’Ouad Rdât étant à main droite), Talatin n Ouadil, Timi Ourrt, Amsen-
sa, traversée de l’Ouad Amsensa, affluent de l’Ouad n Iri, Tanzmoul (sur l’Ouad Amsensa), Ider (sur
l’Ouad n lri). A partir de là, on reprend le chemin connu.
D’OU AOUIZERT A L’OUSSIKIS. — D’Ouaouizert à l’Ouad el Abid, 1 heure. Jusque-là on est sur le
territoire des Ait Atla d Amalou.
De l'Ouad el Abid à Talmest, un jour. Talmest est sur les terres des Berâber. Entre l’Ouad el Abid
et les Berâber se trouve le territoire des Ait Messat. C’est là. qu’on a marché durant la plus grande par¬
tie de la journée : le chemin y traverse le groupe de qçars d’Aïl Issoumour.
De Talmest à Tarhamt, un jour. Tarhamt est un endroit désert où les caravanes ont l’habitude défaire
halte pour passer la nuit.
De Tarhamt à l’Oussikis, un jour. De Talmest à l’Oussikis on n’a cessé de marcher sur le territoire des
Berâber. L'Ouad Dâdes, auquel on arrive dans l’Oussikis, est la première rivière qu’on rencontre depuis
l’Ouad el Abid : entre ces deux cours d’eau ce ne sont que montagnes : point de neige sur le chemin
en été; à dater du mois de novembre, il y en a fréquemment.
(1) Ou donne le nom de feggara à des canaux souterrains offrant des jours de distance en distance : ces jours sont d’ordinaire
très rapprochés : il est rare iju’ils aient 10 mètres d’espace de l’un à l’autre.
BASSIN DE L’OUAD OüMM ER REBIA.
^07
DU TOI) R A AUX A IT A TA R HT A DEMNA T. - — Du Todra à l’Oussikis, une journée de marche. On
passe au départ sur la rive droite de l’Ouad Todra; puis on entre dans la montagne, ou l’on reste jus¬
qu'à TOussikis sans rencontrer de toute la route ni qçar ni cours d’eau. Dans ce long désert on ne
trouve que des tentes des Ait Bou Iknifen; encore n’y sont-elles qu’en été : en hiver elles se transpor¬
tent sur le Sarro.
De TOussikis trois chemins conduisent à la plaine d’Izourar, plateau désert :
Triq Aqqa (à Test).
Triq Izilal (au centre).
Triq Tairont (à l’ouest).
Dans la plaine d lzourar campent en été des Ait ou Allai et des Ait Bou Daoud. De. cette plaine on
passe à la vallée de TOuad b Ougemmez : un seul chemin y conduit : on franchit au Tizi Izourar une
crête qui marque l’extrémité du plateau, et de là on descend directement dans la vallée de TOuad b
Ougemmez : on l’atteint à Zaouïa Ait Ouaham. De TOussikis à Ait Ouaham, un piéton isolé met une
forte demi-journée. Pour les caravanes il faut une journée.
D’Aït Ouaham partent deux routes, Tune vers les Ait Atab, l’autre vers Demnât.
La première monte sur le flanc droit de TOuad b Ougemmez, en face même de la zaouïa, puis fran¬
chit un col, le Tizi n Tirrist. C’est un passage difficile. De là on entre dans la vaste plaine d lferres.
Elle est occupée par les tentes des Ait Mohammed (fraction des Ait Messat). On descend ensuite dans
la vallée de TOuad el Abid. Un piéton isolé ne met qu’une journée pour aller d’Aït Ouaham à Had Ait
Atab.
Si Ton prend la seconde voie, celle de Demnât, on descend TOuad b Ougemmez jusqu’à Agerd n
Ouzrou, puis TOuad el Arous jusqu’à son confluent avec la Teççaout Fouqia. On remonte ensuite la
Teççaout pendant 4 heures environ; puis on passe sur sa rive gauche, on franchit le Djebel Tamatout
(montée très difficile), et de là on se rend à Demnât. Il y a deux petites journées d’Aït Ouaham à
Demnât. On passe la nuit dans le haut de la tribu des Ait b Ououlli, sur les rives de la Teççaout.
DE L’OUSSIKIS A OUAOUIZEHT. — Ou gagne le plateau d’izourar par le chemin le plus oriental,
Triq Aqqa. On traverse le plateau, puis on franchit successivement le Tizi n Terrisin et le Tizi n Ter-
boula. De là on débouche, à Zaouïa Ahansal , dans la vallée de TOuad Ait Messat. On descend cette ri¬
vière jusqu’à son confluent avec TOuad el Abid, et on gagne Ouaouizert. On compte un jour de
TOussikis à Zaouïa Ahansal , et deux jours de la zaouïa à Ouaouizert. Ce chemin a pour les caravanes
l’avantage de passer par Zaouïa Ahansal, résidence d’un puissant chef religieux de qui elles prennent
Tanaïa. Ce marabout est la ressource habituelle de ceux qui voyagent chez les Ait Messat.
RECONNAISSANCE AU MAROC-
-2118
II.
BASSIN DE L’OUAD DBA.
Le cours du Dra se divise en trois portions : cours supérieur, depuis les sources des ouads Idermi et
Dâdes jusqu’au point où ces cours d’eau se réunissent; cours moyen, depuis ce confluent jusqu’à Mha-
rnid el Kozlân; cours inférieur de Mhainid el Rozlân à l’Océan.
Dans le cours supérieur, point de rivière portant le nom de Dra : deux torrents, dont la réunion for¬
mera le fleuve, roulent au pied de l’Atlas leurs eaux froides et impétueuses; les rives en sont presque
constamment bordées de villages et de cultures : région montagneuse; végétation des pays froids:
les crêtes du Grand Atlas se dessinent tout près des vallées en longue masse blanche; dans les
fonds, point de palmiers : des oliviers, des figuiers, des noyers.
Dans son cours moyen, l’Ouad Dra, formé de la réunion des deux rivières précédentes, prend une
nouvelle direction : il coule perpendiculairement à l’Atlas et s’enfonce dans le sud : c’est un large
fleuve, au cours majestueux, faisant miroiter ses belles ondes, claires et paisibles, à l’ombre de pal¬
miers innombrables : il coule sans interruption entre les dattiers et les villages, oasis longue de 40
lieues, pays le plus beau et le plus riche du Maroc. 11 a presque toujours une eau abondante; que, par
extraordinaire, elle manque dans son lit, les nombreux canaux qui le bordent en restent pleins. La val¬
lée est bordée do montagnes qui vont s’abaissant et s’écartant à mesure qu’elles s'avancent vers le sud.
Dans le cours inférieur, plus un dattier, plus une maison ; au sortir d’El Mhamid, l’Ouad Dra entre
dans le désert; il y reste jusqu’à la mer. Il coule en plaine; plus d’eau; son lit à sec s’élargit déme¬
surément; ses bords sont aussi désolés qu’ils étaient riants tout à l’heure. Sa direction a changé : il a
fait un coude brusque à angle droit, et il se dirige vers l’Océan parallèlement aux crêtes de l’Atlas.
Nous allons nous occuper successivement de chacune de ces trois portions du cours de l’Ouad Dra.
1°. — BASSIN SUPÉRIEUR DU DBA.
Le bassin supérieur du Dra se compose de ceux des deux rivières dont la jonction forme ce fleuve :
l’Ouad Dâdes et l’Ouad Idermi.
Nous allons étudier séparément chacun de ces deux cours d’eau.
Ouad Dâdes.
L’Ouad Dâdes prend sa source dans le Grand Atlas : il traverse, en descendant, les districts ci-des-
sons ipii se succèdent immédiatement les uns aux autres : lmdras, Ait Atta, Ait Seddrât, Dâdes, Ait
labia, Ishihen, linerrân, Ait Bon Delai. Au-dessous d" Ait Bon Delai, il s’unit à l’Ouad Idermi au kheneg
de 1 area. La jonction des deux rivières forme l’Ouad Dra. L’Ouad Dâdes, par l’importance de son
volume d’eau, est la principale source du fleuve.
Le district (V i nuira. << est lormé de quelques qçars tous situés sur l’Ouad Dâdes : l’Imdras est habité
BASSIN DE l/OUAD DR A.
2119
par îinr* fraction dos Ait Melrad (Berâber). Il ne se compose que d’une djemaaa, c’est-à-dire qu’il ne
forme politiquement qu’un seul groupe.
la1 district d’.nc Atta est aussi composé de qçars s’élevant tous sur les rives mêmes de l’Ouad Dâ-
des : il est habité par des Ait Atta (Berâber); il se divise en deux groupes ou djemaaas, le Semrir et
l'Oussikis, le premier en amont, le second en aval.
Le district d 'au Seddrât se compose également de qçars situés sur les rives mêmes de l’Ouad Dâdes ;
les habitants en sont des Ait Seddrât; ils ont leur chikh el aam particulier ; ce district ne forme qu’une
djemaaa. Le principal de ses qçars est celui d’Aït Saoun : on appelle quelquefois de son nom tout le
district, pour le distinguer du grand nombre d’autres régions peuplées d’Aït Seddrât.
Le district du Dâdes ne se compose, comme les précédents, que de qçars situés au bord même de
l'Ouad Dâdes. Le Dâdes est habité partie de Draoua (Baratin), partie de Berâber, partie d’Aït Seddrât.
Ces derniers sont les plus nombreux : Draoua, Berâber et Ait Seddrât sont mélangés et dans les dje¬
maaas et dans les qçars ; tout le pouvoir est entre les mains des Ait Seddrât et des Berâber. Le
Dâdes est divisé en six groupes ou djemaaas; chacun d’eux a son chikh el aam particulier : il n’y a de
chikh supérieur, réunissant plusieurs djemaaas sous son autorité, que dans des cas exceptionnels, lors¬
que des djemaaas s’unissent pour une guerre. Voici les noms de ces six subdivisions du Dâdes, dans
l’ordre où on les trouve en descendant le cours de l’ouad : Ait Temouted, Ait Ounir, Ait Hammou,
Ait ou Allai, Iourtegin, Arba Mia. Les chikh el aam qui administrent chacune de ces djemaaas n’ont
pour fonction que d’en gérer les affaires générales : ils ne se mêlent point du gouvernement particu¬
lier des qçars : chacun de ceux-ci s’administre comme il l’entend, réglant ses affaires à sa guise et se
battant avec les localités voisines à tout instant. Les guerres, journalières entre qçars, sont rares entre
djemaaas, et ne deviennent presque jamais générales. Cette façon de se gouverner, ces querelles intes¬
tines sont des coutumes invariables des Ait Seddrât : elles existent et dans toute leur tribu et dans les
régions où, comme ici, ils dominent.
Le district à' au Tahia appartient aux Ait Seddrât: dans chaque qçar se trouvent, mélangés avec eux,
un petit nombre de Draoua (Baratin); mais ils n'ont aucune part aux affaires. L’Ait labia ne forme
qu’une djemaaa : il a son chikh cl aam particulier. Comme les districts précédents, celui-ci se com¬
pose de qçars situés sur les bords de l’Ouad Dâdes. L’Ait labia peut mettre sur pied environ 1 500 fusils.
Le district d' ishihen- Les Ishihen sont encore des Ait Seddrât. Comme les Ait labia, comme leurs frères
du Dâdes et d’Aït Saoun, ils ne sont pas une fraction homogène de la tribu des Ait Seddrât, mais un
mélange d’Aït Zouli et d’Aït Mehelli, de tous les groupes. L’ïshihen a un chikh el aam particulier : il
ne forme qu’une seule djemaaa. Même remarque que pour le Dâdes et les autres pays d’Aït Seddrât :
ce chikh el aam, apparence de gouvernement régulier, n’empêche pas les guerres continuelles de qçar
à qçar. Les Ishihen forment environ 200 fusils.
Le district d'/merràn appartient à la grande tribu, moitié sédentaire, moitié nomade, qui porte ce
nom. Elle possède ce district sur l’Ouad Dâdes, occupe une vaste région au nord de cette rivière et
étend ses tentes sur la partie occidentale du Djebel Sarro. La portion de l’Ouad Dâdes possédée par les
Imcrrân se divise en quatre djemaaas : ce sont, en descendant la rivière, celles de Tarzout Imerrân,
d'imasin, de Tamesraoul, et d’Assaka. Elles ont chacune leur chikh el aam et se gouvernent séparé¬
ment. Les qçars sont tous sur les rives mêmes de l’ouad.
Le district d 'au Bon Delai se compose d’une douzaine de qçars situés sur les bords de l’Ouad Dâdes:
le principal d’entre eux est Zaouïa Sidi Felali; on se sert quelquefois de son nom pour désigner tout
le groupe dont il fait partie.
Les districts que nous venons d’énumérer sont, ainsi que le bassin entier de l’Ouad Dâdes, indépen¬
dants du sultan.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
I. — District du Dàdes.
Voici les principaux qçars dont il se compose : tous sont sur les bords mêmes de l’Ouad Dàdes.
RIVE DROITE :
Ait Mesaoud . 1
Irerm Melloul . i
Qçar Zida . Ait Temouted.
Irerm n Imzil . \
Tirremt Ait Ali ou labia. . . . j
Tarmoucht . | Ait Ounir.
Ait Rou lousef (3 qçars). . .
El H ara .
Tilmiouin (2 qçars) .
Ait Mezber .
Ait Kasi ou Ali (3 tirremts)
khemis Sidi Rou labia (marclie) . / ... ,
, . r ,\ , , . , , Ait ou Allai.
Qoubba Sidi Rou labia (qoubba isolee) i
Ait b Oulman . /
Amdnar . )
Ifri . ' Iourtegin.
Tiilit . \
Ait Rou Heddou . \
hiizour .
Irerm n Igran .
Taourirt Izknasen .
Taourirt Izknasen .
Cheurfa Ait Rou Amran . |
Ait Haroun . ) Arba Mia.
Zaouïa Ait Rou Rekr .
Azdag .
Cheurfa Ait Rou Amran .
Zaouïa el Oustia Ait Rou Amran .
Cheurfa Ait Taltmanart . !
Cheurfa Ait Rou Amran . j
Ait Ruinmou.
30 fusils.
40
GO
200
10
30
GO
100
40
100
150
G0
40
50
G0
RIVE GAUCHE :
Ait Seliman . ...
Akboub .
Ait Iidir .
Ait Slillo .
Tirremt Ait Merset .
Ait b Oumal .
Tirremt Hamed .
Ait Hamed .
Ait Ioud .
Tirremt Ait Mezber .
Aït Rou Rekr . .
Ait Rou Allai .
Aït Ouzzin .
Tagenza (Zaouïa Aït Sidi El Rordad). .
Iattasen .
Aserrin . . . .
Tirremt Kasi .
Aït El Haseïn .
Aït Temouted.
Aït Ounir.
/ Aït Hammou.
Aït ou Allai.
Iourtegin.
50 fusils.
30
20
100
10
150
20
20
20
20
20
GO
50
30
50
20
20
50
BASSIN DE L’OUAD DBA.
271
Imzour .
Zaouïa Fouqania Sidi Dris . .
El Maïach .
Zaouïa Sidi Dris . .
Aït Aqqo ou Ali .
Aït Haroun .
Ait Bou Bekr .
Azdag .
Zaouïa Aït Sidi Mouloud Fouqania. . .
Zaouïa Aït Sidi Mouloud Tahtania. . . .
Aït Ioul .... . .
Aït Bou Bekr .
| Arba Mia.
100 fusils
Les marchés du Dâdes sont : le Khcmîs Sidi Bou labia, l’Arbaa Imzour, l’Arbaa Ait b Oumal.
Il y a au Dâdes deux mellahs.
II. — District d'Aït Iahia.
Il se compose des qçars suivants, tous situés dans la vallée de l’Ouad Dâdes, les uns sur ses rives
mêmes, les autres sur celles de l'Ouad Imgoun, auprès de son confluent. C’est à Tagnit Ba
Ilammou d Aït Taleb que cette rivière se jette dans l’Ouad Dâdes. Les qçars de la rive droite situés
au-dessous de Tagnit sont donc sur l’Ouad Dâdes même; ceux qui sont au-dessus se trouvent sur
l’Ouad Imgoun. Mais ces localités sont si rapprochées les unes des autres, si groupées que, bien que
sur deux rivières différentes, elles sont toutes dans la vallée de l’Ouad Dâdes.
Voici les qçars dont l’ensemble forme le district d’Aït Iahia, dans l’ordre où on les trouve en des¬
cendant la vallée :
RIVE DROITE :
Tirremt Ifertioun.
Aït Er Râmi.
Ibarahen.
Aït Abbou.
Ilouahen.
Ikazzour.
Tagnit Aït Mobo.
Tagnit Ba Ilammou d Ait Taleb.
Tirremt Ait El Hasen.
Tirremt Ouazen.
Aït Er Ridi.
El H ara.
Taourirt.
Aït Tazarin.
Tirigiout.
Ikeddaren.
Ait Igmad.
RIVE GAUCHE :
Zaouïa Ouad Zfal.
Aïlkemt.
Aït ou Addar.
Timichcha (8 qçars .
l'as de marché dans h’ district d’Aït Iahia.
Dans l’ Aït Iahia, comme dans le Dâdes, les deux rives de l’ouad sont bordées d’un ruban non inter-
272
RECONNAISSANCE AU MAROC.
rompu de cultures : mais elles sont un instant désertes entre les deux districts; à cet endroit, la ri¬
vière traverse une petite gorge inculte et inhabitée de 1 200 à 1 400 mètres de long : c’est la frontière.
III. — District d'Ishihen.
Tous les qçars qui composent Tlshihen sont sur les bords de l’Ouad Dâdes. Celui-ci a, sur toute la
longueur du district, ses deux rives garnies d’une bande continue de cultures. Avant d’y entrer, il a
été quelque temps désert : entre T Ait labia et Tlshihen, il a traversé une gorge inculte et inhabitée qui
forme frontière entre eux; la longueur de ce désert est égale à la distance de Taourirt à Asfalou (To-
dra). Voici les qçars dont se compose l’Ishihen, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :
RIVE DROITE I
Tirremt Ait Sidi Ali .
» Ait ou Ben Ali .
» Isso ouMhammed..
» Ben Zizi .
» Ibarahen . [ ,. u<7... . ,
I tirrematin Ait n Aglou.
» 1 barahen 1 ahtia. . . . I
» Isso ou Hamed.... |
» Hammou d Ait Ioub. /
Taria (1) Ait Amer.
Taria Ait Ali ou Moha.
Taria Ben Sekri.
Tirremt Taria ala sagia Imerrân.
RIVE GAUCHE I
Ait Bakhous.
Tirremt Issoun Ben Touda.
Tirremt Ali Heddou.
Tirremt Heddou Nzaha (Ait Isso).
Tirremt Ait el Mallem.
Tirremt Ait Heddou.
Ait Iqqo.
Tirremt Ait Heddou ou Saïd.
Tirremt Ousfia.
Distances : d’Aït Bakhous à Tirremt Ousfia, 2 fois comme de Taourirt à Tinrir (Todra).
Ait n Aglou est en face d’Aït Bakhous.
Tirremt Taria ala sagia Imerrân est en face de Tirremt Ousfia.
11 n’y a dans Tlshihen ni zaouïa, ni marché, ni Juifs.
portant le nom collectif
IV. — District d'Imerran.
La portion de la grande tribu des Imerrân qui habite, sur l'Ouad Dâdes, ce district, auquel elle a
donné son nom, comprend les qçars qu’on va lire, tous sur le cours même de la rivière. Les bords de
celle-ci sont, dans tout le district, garnis d’une double bande de cultures qui ne s’interrompt qu’à
un seul endroit et sur un très court espace, entre Tirremt Ait Brahim et Tirremt Ait Temoudout.
Entre Tlshihen et l’Imerrân, la vallée est un instant déserte ; l’ouad y traverse une petite gorge inculte
et inhabitée : on l’appelle Khela Igrikan; elle forme la limite entre les deux districts. Ce désert a peu
de longueur : autant qu’il y a de distance de Tamnougalt à Takatert.
(lj Taria veut dire château; ce mot a le même scus <jue celui de tirremt.
BASSIN DE L'OUAD DBA.
273
RIVE DROITE :
Ait Hammou ou Fekou.. . .
Tirremt El Hasen d Ait Isso .
Tirremt Ait Assa .
Ait Ben Saïd .
Talat n Tanout (Clierifs. 3 qçîbas).. .
Iaraben . .
Ali Ait El Hasen ou Saïd .
Tirremt Ou Tmakecht .
Tirremt Saïd d Aït Lalla. . .
Cheurfa Aït Mohammed .
Irrem Aqdim .
Moulei lousef d Aït Ba El Hasen. . . .
Ifran Ali ou Reho .
Tirremt Moulei Es Srîr. .
Tirremt Aït Abd Allah .
Aït Bou Meshaoul .
Cheuria El Bour .
Mesgoug .
Tigemmi Tazouggart Aït El Ilaseïn.
Tirremt Aït ou Aggoun .
Tirremt Aït Brahim .
Tirremt Aït Teinoudout .
Tirremt Bou Ouchchan .
Tirremt Aït Kelb ou Ouchchen .
Tirremt Azarif .
Tarzout.
25 fusils.
8
12
7
12
8
8
15
20
20
■ Imasin.
30
15
20
-10
20
I ,
j
Famesraout.
\
Assaka.
10
20
40
20
20
12
RIVE GAUCHE :
Entre Tirremt
série* : c'est le se
Taleint Bou Heddou.
Tirremt Iderdar. . . .
Tirremt Izeggaren
70 fusils
Tirremt Hammou d Ait Ali.
Tirremt Imi n Ichil .
Agerd Oumerri
Tarzout.
4
50
12
8
50
45
50
Assaka.
Distances
Agerd Ait Zaïneb .
Amerdoul (10 tirremts) .
Aït Zanet .
Tirremt Aaraben .
Aït Gendou (4 tirremts) .
Bou Iqba (8 tirremts) .
Amerdoul Aït Imi (8 tirremts). . .
Tirremt Aït Iladdou ou Amr .
Tirremt Aït Mohammed . .
Tirremt Idir Aït Temoudout .
Tirremt Aït Iddi Ikniouin .
Tirremt Bou Tezouerin .
d Ait Hammou ou Fekou à Ifran comme deux fois de Taourirt à Tinrir (Todra).
D'Ifran à Mesgoug comme de Tamnougalt à Asellim.
De Mesgoug à Tirremt Ait Brahim comme de Taourirt à Tinrir.
De Tirremt Aït Brahim à Tirremt Aït Temoudout comme deux fois de Taourirt à
De Tirremt Aït Temoudout à Tirremt Azarif comme de Tamnougalt à Asellim.
Ait Brahim el Tirremt Ait Temoudout, l’Ouad Dûdes traverse une petite gor
il point de l’Imerràn où les rives en soient inhabitées.
35
20
12
11)
8
mrir.
ItlXONN.USSVNCE \ L 51 \l, or..
RECONNAISSANCE AU MAROC.
274
Un marché, le I lad Imasin, au bord de la rivière, entre Mesgoug et Tirremt Ait A bd Allah.
Point de Juifs.
V. — Affluents cle l'Ouad Dàdes.
L’Ouad Dàdes a peu d'alfluents sur sa rive gauche : ceux qu’il y reçoit sont peu importants et ont
des cours déserts. Sur sa rive droite, au contraire, il en reçoit un assez grand nombre, et parmi eux
fie considérables. Beaucoup traversent des lieux habités : la région comprise entre l'Ouad Dàdes et
le Grand Allas est très peuplée.
Voici les quelques affluents dont nous avons pu savoir les noms : c’est une liste fort incomplète.
ni ve oauciie :
Ouad Tagmout. — (Ayant son continent dans le Dàdes; cours désert.
Ouad Aqqa el Med/a. — - (Ayant son confluent dans l’Imerràn; cours désert.)
iuve droite :
Achil Sidi Bou Jahia. — (Ayant son confluent à Ooubba Sidi Bou labia, dans le Dàdes.)
Ouad imyoun. — (Ayant son continent à Tagnit Ba Ilammou d Ait Taleb. 11 arrose les territoires de
plusieurs tribus; il fera l’objet d'un article spécial.
Ouad Iserki. — (Ayant son confluent dans l’Ail Bou Delai). 11 prend sa source dans le Grand Atlas et
arrose successivement les qçars suivants appartenant à la tribu des Imerràn :
Dar Ait labia.
Oumm er Remman.
Dar Aït Moulei.
Tidrest.
De plus, entre Dar Aït Moulei et Tidrest, se trouvent, à une heure de distance de l'ouad, sur le
flanc gauche de sa vallée, les quatre qçars suivants :
Tifl.it.
Timtedit.
Irerm n Tizi.
Irerm Amellal.
Us appartiennent aussi aux Imerràn.
Distances : de l’Ouad Iserki à Tikirt , une petite journée de marche.
De l’Ouad Iserki à Tizgi, une petite journée de marche.
Cette énumération est très incomplète : il y manque, entre autres, les rivières arrosant d’autres
portions des Imerràn et celles de la grande tribu des Haskoura.
OUAD IM GO UN. — Il prend naissance au Djebel Tarkeddit, dans le Grand Atlas: en descendant, il
arrose trois tribus dont il porte successivement les noms pendant qu’il est sur leurs territoires : on
l’appelle d’abord Ouad Tourza Aït Sekri, puis Ouad Ait llamed, enfin Ouad Imgoun. Le premier dis¬
trict qu’il traverse est celui de Tourza Ait Sekri; il se compose d'une certaine quantité de qçars qui
appartiennent tous aux Imerràn : ce sont , en descendant :
Aït ou Ahman (groupe de 7 qçars). 150 fusils.
Ait Daoud (groupe de 7 qçars). 200
Aït Mousa ou Daoud (groupe de 8 qçars). 200
Aït Toumert (groupe de 8 qçars). 150
BASSIN DE L'OUAD DBA.
: / o
De là il passe dans la tribu des Vît Ilamed : il y arrose un assez grand nombre de localités; elles for¬
ment toute la tribu : celle-ci compte environ 700 fusils. Elle est isolée et indépendante.
Des Ait Ilamed, il entre dans le territoire des Imgoun : il y arrose successivement les qçars suivants;
Agouti . rive droite.
El Bout . rive droite.
Bon Terrar . rive droite.
Ait Qlaa . rive gauche.
Tazrout.
Azrou.
Aït Hammou ou labia.
Gheurfa Iifar.
Iberroussen.
Tirremt Izouralen d Aït Hammou ou labia.
Tabarkhast.
Tazrout.
Ouarsdik.
Tabaouchit.
Aït Irmad d Imgoun.
El Mima.
Zaouïa Agerd.
Talmout.
Er Reken.
El Qlaa.
llara Imroudas.
Aït Merrar.
Ges qçars, avec trois autres situés sur l’Ouad Vît Meraou, et dont nous parlerons plus bas, com¬
posent toute la tribu d’Imgoun. Au-dessous d’ Aït Merrar, EOuad Imgoun n’arrose que les quidques
localités du district d’ Aït labia énumérées plus haut, puis il se jette dans l’üuad Dâdes.
Distances : de T Aït labia à Aït Merrar comme de Tiilit à, Kliemîs Sidi Bou labia.
D’Aït Merrar à Aït Qlaa comme de Tiilit à Aït Iidir.
D'Aït Merrar à Bou Terrar comme de Tiilit à Aït Iidir.
De Bou Terrar à Agouti comme de Tiilit à Aït Iidir.
De Bou Terrar aux premiers qçars de Tourza Aït Zekri comme de T Aït labia à Aït Iidir.
11 n’y a point de désert entre l’Imgoun et l'Aï t labia : les rives de l’Ouad Imgoun sont , entre ces
territoires comme dans chacun d’eux, bordées d’une ligne continue de cultures.
11 existe deux mellabs sur l’Ouad Imgoun, l’un et l’autre dans la tribu d'Iingoum
Un marché, le T 1 à t a Imgoun.
AFFLUENTS. — EOuad Imgoun reçoit sur sa rive gauche l’Ouad Aït Meraou, qui s’y jette à Aït Qlaa.
Ouap Ait Meraou. — Il prend sa source dans le Grand Atlas, puis arrose le territoire des Ait Me¬
raou : cette tribu se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les bords de l’ouad; elle
compte 700 ou 800 fusils. Vu-dessous des Ail Meraou, la rivière entre dans la tribu des Imgoun, où elle
passe par les trois qçars suivants, avant de se jeter dans l’Ouad Imgoun :
Igourramen.
Taria Aït Meraou (très grand qçar; 200 fusils et 50 chevaux).
Timstiggit.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
270
VI. — Renseignements sur quelques tribus au nord de l'Ouad Dâdes.
Les pentes du Grand Allas, au nord de l’Ouad Dâdes, sont habitées par une population nombreuse.
Elles appartiennent à plusieurs tribus dont les principales sont : à l’est, divers groupes des Ait Melrad
(subdivision des Ait lafelman, qui sont eux-mêmes une fraction des Berâber); à l'ouest, les Imerrân
et les Haskoura.
IMERRAN. — C’est une grande tribu pouvant mettre sur pied 3000 à 3 300 fusils el 150 chevaux :
elle est ehleuha et ne parle que le tamazirt ; elle est indépendante. Les Imerrân ont des tentes et sur¬
tout des qçars. Les tentes sont dans b' Sarro et sur les pentes méridionales du Grand Atlas. Les qçars
forment un grand nombre de districts dont voici les principaux :
imerrân (sur l’Ouad Dâdes; les qçars en ont été énumérés plus haut).
Tour -a Ait Sekrî (sur l'Ouad Imgoun ; les qçars en ont été énumérés plus haut).
Ahei Ouad IserH, (sur l’Ouad Iserki ; les qçars en ont été énumérés plus haut).
Jf/ernan (situé à 2 jours de l'Irnasin, à 2 j. du Telouet, à 3 j. de üemnât).
ikandoul (ou Kandnula ) (à 1 jour de Llgernan, à 3,j. du Telouet, à I j. de l'Imasin : le chemin de
l'Irnasin traverse le Tizi n Taddart).
Ait i ahia nu Ali (à 2 jours de l’Imasin, à 1 j. de Donnât, tout près du Telouet).
Ait Hammou ou AU (touche à T Ait labia ou Ali).
Zaouia An Zerrouq (à 2 jours de l'Imasin , à 2 j. de üemnât , à 2 j. 1 2 du Telouet).
Ait Outfaou (à 1 jour 1/2 de l’Imasin, à 2 j. du Telouet, à 1/2 journée de Tourza Ait Sekri).
Tirrematin igehnouz (4 qçars. — Al petite journée de l’Imasin, à 1/2 j. de Tourza Ait Sekri, à 1/2 j. de
l'Ail Outfaou, à 2 j. du Telouet).
Targanada (à 1/2 jour de l'Imasin, à I j. 1 ;2 du Telouet, à 1 j. de Tourza Ait Sekri, à 1 j. de l'Ouar-
zazât).
J g H Ait Zarwr (à 1 jour de l’Imasin, â 1 j. de Tourza Ait Sekri, à 1 j. de l’Ouarzazât).
Timicha (à 1 jour de l’Imasin , à 1 j. de Tourza Ait Sekri , à 1 j. de l'Ouarzazàt ; du district de Timicha
à celui d’Igli Ail Zarar, même distance que d’Ourika â Ouriz ; une rivière passe entre eux: 1 ' Ig U est sur
la rive droite, le Timicha sur la gauche).
Tinrinut (sur la même rivière que le Timicha, mais plus bas : du Tindout au Timicha comme de
Tesaouant à Ourika).
Les diverses fractions des Imerrân se gouvernent d’une manière identique : elles s'unissent par
groupes plus ou moins nombreux, et chacun d’eux élit un chikh el aam.
Il existe chez les Imerrân quatre mollahs : dans le Targanada, l’Igli Ait Zarar, le Timicha el h1 Tin-
doul.
H AS 1(0/ RA . — Les Haskoura sont une nombreuse tribu comprenant plus de 200 qçars.
VII. — Itinéraires.
1° DE L'IMASIN A TOURZA AIT SEKIll. — Pour aller de l’Imasin aux qçars de Tourza Ait Sekri,
sur le haut Ouad Imgoun, on quitte l’Ouad Dâdes dès le départ et on gagne d’abord l’Ouad el Melh :
ce dernier est une rivière qui prend sa source dans h1 désert de Timasinin, puis qui descend vers l’Ima-
sin; avant d’y parvenir et d’atteindre l’Ouad Dâdes, elle déverse ses eaux dans une dépression nommée
Issin Imariren : il se forme là un vaste marais qui n’a pas d’écoulement et ne communique point
avec l'Ouad Dâdes. Lorsque ce marais se dessèche, on ramasse beaucoup de sel dans son lit. On re¬
monte ensuite l'Ouad el Melh jusqu’au Khela ,’l’imasinin ; on traverse ce désert : à son extrémité se
trouvent la vallée de l'Ouad Imgoun et les qçars de Tourza Ait Sekri. — Il y a une journée et demie
de chemin entre l'Imasin et Tourza Ait Sekri; la nuit se passe dans le désert, dans la plaine d'Azbed.
BASSIN DE L’OUAD DBA.
2° COLS DANS LE GRAND Al LAS. — Le Grand Atlas, quoique très élevé et presque toujours rou¬
vert de neige entre l’Ouad Dâdes et le bassin de l'Qumm er Rebia , est percé de plusieurs cols pratica¬
bles toute l'année; quand les neiges couvrent l’un d'eux d’une couche trop épaisse, on attend huit,
dix, quinze jours au village le plus rapproché, ou bien on essaie de passer par un autre : en aucune
saison les relations ne sont interrompues entre les deux versants de la chaîne. Les quatre principaux
cols sont, en allant de l’est à l'ouest :
’l’izi ou Rijimt (chemin de l’Ouad Imgoun), Tizi Ait Imi (chemin de l’Ouad b Ougenimez), Tizi
Tarkeddit , Tizi Amzoug.
Ouad Idermi.
I. — Ouad Idermi.
L’Ouad Idermi, dont la réunion avec l’Ouad Dâdes forme TOuad Dru, résulte du confluent de deux
rivières : TOuad lounil et l'Ouad [mini : ce continent se trouve entre Tazentout et Tikirt. A peu de
distance au-dessus de ces points, les deux cours d’eau avaient reçu, chacun sur leur rive droite, un
tributaire d’une importance égale à la leur, savoir ; l’Asif Marron , se jetant dans l’Ouad lounil entre
Taztelt et Tamdakht; l’Ouad Iriri , se jetant dans TOuad Imini entre Tizgzaouin et Imzouren.
Nous allons étudier séparément chacune de ces quatre rivières , puis nous passerons à TOuad Idermi.
1° OUAD ÎOUNIL. — On l’appelle aussi quelquefois Ouad Bou Felfoul. Les eaux en sont douces. Il
prend sa source au Djebel Anremer; il passe d’abord par 1 os villages de :
Tirza, Zaouïa Bou Felfoul.
Fuis il entre dans le district d’Ounila , appelé aussi Iounilen, et y arrose successivement les vil¬
lages do :
Irris, Ait Sidi Aïssa, Anmiter, Irounan, Timsal, Angelz, Tiourassin, Tiferoui (1).
De là il entre dans le district d’Assaka, où il arrose :
Tiinellilt, Tagendouzt, Tajegjit, Ait Heddou, Ait Oumazir, Bedaan, Tametkal, Zaouïa Igourra-
men, Ait Alla, Ida ou Tazert , And Ait Mesaoud (2).
Ensuite il passe dans le district de Tizgi , où il arrose :
Takerrat, Zaouïa Igourramen, Berda, Torora, Tizgi (3).
De là il passe dans celui «T Ait Zaïneb, où il arrose :
Tamakouchl , \chahod, Ait Fers, T'igert, Taïl’st, Ouaounsemt , Tazleft, Tamdakht, \sfalou, Ait b
Oulinan, Ait Aïssa, Itelouan, Agilan, Taselmant , Tabourabt, Tazentout (A).
Sur tout son cours, depuis Zaouïa Bou Felfoul jusqu’à Tazentout , ses deux rives sont cultivées. Il a
généralement de l’eau toute Tannée.
La réunion des deux villages do Tazleft et de Tamdakht, entre lesquels l’Asif Marren so jette dans
TOuad lounil, porte le nom de Teççaïout.
Les villages de celte région ont en moyenne de 201) à 500 habitants; Tizgi peut en avoir 500 ou 000;
Tiourassin, la première Zaouïa Igourramen, Ait Aïssa et Tikirt , de 000 à SOI).
La portion de désert s'étendant entre Itelouan (Ouad lounil) et le Tammasl (Ouad Idermi) porte le
nom de Khela Afella 1 fri . ,
2" ASIE MARREN. — (In l'appelle aussi Ouad el Molli et Ouad Tamdakht. Ses eaux sont douces dans
son cours supérieur, jusqu’à Imirren ; là elles traversent de grands gisements de sel et deviennent sa-
(I) Ces villages forment la totalité du district d’Ouuila.
(-2i Ces villages forment la totalité du district d’Assaka.
(3) Ces villages forment la totalité du district de Tizgi.
(i) I.e district d’Ait Zaïnel) se compose : l" des villages que nous venons d’énumérer, 2° de ceu\ que nous mentionnerons plus
loin sur le cours de l'Ouad Imini.
I1EC0NNAISSANCE AU MAIIOC.
21 H
lées. Il prend sa source dans le Grand Allas, à l’ouest du Djebel Vnremer : de là il traverse d’abord la
plaine du Telouet, y recevant sur sa rive droite plusieurs petits affluents, au bord desquels se trouvent
la plupart des villages du district.
Dans le Telouet, l’Asif Marron arrose successivement :
Adbaa, rive droite; Imi n Zgi, rive droite; Imirren, rive droite.
Entre ces deux derniers points , il y a un court désert. Après Imirren, la rivière sort du Telouet. Elle
I raverse le désert d’Assaka Ourami.
Puis ses bords se couvrent de cultures, et elle arrose :
Timountout Fouqia (avec une source d’eau douce, Aïn Amezouar), rive droite ; Timountout Tabtia,
rive droite.
Ces deux villages forment un district séparé : au-dessous, elle rentre dans un désert, celui d'Auun-
kou. Elle arrose ensuite un village isolé;
Tadellast, rive gauche.
Nouveau désert, puis autre village isolé :
Ankhessa (qoubba et zaouïa vénérées).
Nouveau désert jusqu’à Tecçaïoul : là elle entre dans le dislriel d’Aït Zaïneb , et, avec Tazleft sur sa
rive gauche, Tamdakht sur la droite, elle se jette dans l'Ouad Iounil.
L’Asif Marron a habiluellement de l’eau dans son cours inférieur, d’ïmirren à Teççaïout ; au-dessus
d’Imirren, il n'en a que rarement , au moment des grandes pluies ou à celui de la fonte des neiges :
l'eau des ruisseaux qui devraient l’alimenter dans cette région est retenue pour l’irrigation du Telouet.
Le district du Telouet se compose des villages ci-dessous, dont trois sont situés sur le cours de l’Asif
Marron, les autres sur des affluents de sa rive droite :
Tasga, Tardas!, Vît llammou ou Ali, Ait Baddou, Tabougoumt, Toumjoujt, 1 ri 1 el Abian, Tamer-
ranist, Areg, llaïndàken, lmaounin (appelé aussi Dar el Glaoui et Dar el Qaïd), Aaclioun, Adaha, Imi
n Zgi, Imirren.
Dans cette énumération, on a commencé par les villages du bassin supérieur, en descendant pro¬
gressivement à ceux des affluents inférieurs. Entre Tarilast et Ait llammou ou Ali, se trouve la qoubba
isolée de Sidi Mançour ou llamed. A Imirren sont de vastes gisements salins : on y extrait le sel par
grandes dalles semblables à celles du Tâdla.
AFFLUENT. — L’Asif .Marron ne reçoit qu’un affluent, encore est-il de peu d'importance ; c’est
l’Ouad Tichka; il descend du col de ce nom et se jette sur la rive droite de la rivière à Imirren.
3° OUAD JM/NI. — On l’appelle aussi Ouad Tidili. Les eaux en sont douces. 11 prend sa source au
Djbel Tidili. Puis il eidre dans le district de Tidili, où il arrose successivement une quinzaine de villa¬
ges (I) dont les principaux sont :
Timjdout, Sour, Dir, Igadaïn, Urman, Timzrit, Timkist, Ascii.
Il passe de là dans le district de Tizgi n Ouzalim, où il arrose environ dix villages (2).
11 s’engage ensuite dans le district d lmini, oi'i il arrose successivement :
Iflilt, Iril, Tagnit, Afella lsli, Taourirt, Taskoukt, Amerzeggan, El Médina (3).
Il entre enfin dans le district d’Aït Zaïneb, où il arrose :
Tadoula, Tizgzaouin, Imzouren, Ait Bou Mhind, El Mollah, Zaouïa Sidi Ahmed, Tikirt.
Sur tout son cours, depuis Timjdout jusqu’à Tikirt, l’Ouad lmini est cultivé.
L’Ouad lmini et l'Ouad Iriri coulent de même manière que l’Ouad Iounil ; les villages sont exclusi¬
vement sur leurs bords, et le fond seul de leurs vallées est cultivé. Ces vallées sont semblables
à celle de POuad Iounil, fort étroites et fort encaissées jusque auprès de leur confluent , et s'élargissant
(I) Composant la totalité fin district.
(-2) Composant la totalité de ce district.
(3) Ces villages forment la totalité de l'tmini.
BASSIN DE L'OUAD DRA.
2 7!)
à son approche. Entre elles, comme entre l’üuad Iounil el EAsit Marron, et comme entre l’Asif Mit mm
et l’Ouad Imini, le désert est absolu. Le désert qui s’étend de l’Üuad Imini à l’Asif Marron s’appelle
Khela Tamrart.
Le principal village du Tidili est Timjdout; le principal de l'Ail Zaïneb est Tikirl : il n’y en a point
de marquant dans l'Imini.
AFFLUENT. — Hors l’Ouad Iriri, l’Ouad Imini ne reçoit qu’un affluent : l’Üuad Tamanat, petit
cours d’eau sans importance descendant du col du même nom et se jetant sur sa rive gauche dans le
Tidili.
1" OU Al) IIUM. — Les eaux en sont douces. 11 prend sa source dans le Siroua. De là il entre dans
la tribu des Ikhzama, tribu portant aussi quelquefois le nom d’Aït ou Zgid, où il arrose successive¬
ment les trois villages suivants :
Tesakoust, Tourtit, Ait Nbdaz (1), rive droite.
Luis il entre dans un désert , où il coule pendant un certain temps.
De là il passe dans la tribu des Ait Abd Allah, où il arrose :
Azreg, Tagouïamt, Tasrekht (2).
Puis il traverse le désert do Bon Izri.
h heures.
1 /2 jour.
1/2 heure.
4 heures.
3/4 d’heure.
rive gauche. Le premier
En sortant de là, il entre dans la tribu des Ait Touaïa, où il arrose :
Tazeggert, Taoura, Seroub, Ait Bou Khtir, Ansekki, Zaouïa Iggourramen (3).
De là il se jette dans l’Ouad Imini, un peu au-dessus d’Imzouren.
Distances : de Tikirt à Tazeggert (pas de désert) .
De Tazeggert à Tasrekht (désert) .
De Tasrekht à Azreg (pas de désert .
D’Azreg à Ait Nbdaz (désert) .
D’Aït Nbdaz à Tesakoust (pas de désert) .
AFFLUENTS. — L’Üuad Iriri reçoit deux affluents, l'un et l’autre sur s
est l’Ouad Amasin, s’y jetant entre Tesakoust et Tourtit; le second, l’Ouad Bou Igouldan, s’y jetant un
peu au-dessous de Tourtit.
Ouad Amasin. — • 11 prend sa source au Tizi n Ougdour. Il coule dans le désert jusqu'au village
d’Amasin, l’un des principaux des Ikhzama. 11 reste sur lo territoire de cotte tribu jusqu’à son con¬
fluent, sans arroser d'autre lieu habité.
Distances : d’Amasin à Tesakoust . . . . 3 heures.
D’Amasin à Tizi n Ougdour . 1 heure 1/2.
Ouad Bou Igouldan. — Il prend sa source dans le désert de Bon Igouldan. De là il passe dans la tri¬
bu des Ait Marlif, où il arrose 8 ou 10 villages dont les principaux sont :
Arbar, Agdour, Almid, Tleinsen, Tagdourt n Touda, Ait Tagdourt.
Puis il passe, pour n’en plus sortir, sur le territoire des Ikhzama , où il arrose le village d’üurti, le
seul de cette tribu (pii soit sur son cours.
Les Ait Marlif reconnaissent nominalement la suprématie de Mohammed ou Abd Allah , l’un des
chikhs des Ait Tameldou. Leur tribu ne se compose que des villages qu'elle possède sur l’Üuad Bou
Igouldan.
Distance : de Tourtit à Ait Tagdourt (sans passer par Ourti ,
qui est dans un coude de la rivière) . 1 heure 1/2.
OUAD IDERMI. — Aussitôt après le confluent des deux rivières qui le forment, il s’enfonce dans
une gorge étroite et déserte, appelée Khela Assaka, ayant pour flanc droit une haute croupe rocheuse
très escarpée, lrrem n Ououl. Ce défilé forme la limite entre le disliicl d’Aït Zaïneb et celui d’üuar-
(1) Le territoire des Ikhzama s'étend sur une partie du cours de trois rivières, savoir : l’Ouad Iriri, l’Ouad Amasin, l’Ouad Hou
Igouldan.
(•J) Ces villages tonnent la totalité. de la tribu.
(3) Ces villages tonnent la totalité de la tribu.
2, su
RECONNAISSANCE AU MAROC.
zazût'. Après l'avoir franchi, l'Ouad Idermi entre dans ce dernier. Pendant tout le temps qu’il y demeure,
il coule à l’ombre des palmiers et au milieu de riches villages. Le Ouarzazât se décompose en 3 sub¬
divisions : il les traverse l’une après l'autre.
11 arrose d’abord celle de Tammast, où il baigne successivement les villages et les qçars de :
Tiffoultout .
Aran .
Aït Iousef ou Talil .
Tamasint .
Tarramt .
Fedragoum . .
De là il passe dans celle de l’Ouarzazàt proprement dit, où il arrose :
Zaouïa Sidi Otman (grand village de 300 familles). . .
Tamerzast . .
Tabount .
Tigemmi Djedid .
Tadja .
Taourirt .
Tazrout .
Tenmasla .
Qoubba Sidi Daoud (qoubba isolée , sans village) .
Aït Kedif .
T al et .
Aourz .
rive gauche,
rive droite,
rive gauche,
rive gauche,
rive droite,
rive gauche.
rive droite,
rive gauche
rive droite,
rive droite,
rive droite,
rive gauche,
rive droite,
rive droite,
rive gauche,
rive gauche,
rive droite,
rive gauche.
Puis il passe dans celle de Raid, où il arrose :
Tademricht (grand village avec zaouïa) . rive gauche.
Hebib . rive droite.
Raid . rive droite.
Là linit l’Ouarzazât. L’Ouad Idermi rentre dans le désert et y reste jusqu’au point où, s’unissant à
l’Ouad Dâdes, il forme l’Ouad Dru. Ce désert s’appelle Khela Timikirt.
Les trois subdivisions et les villages que nous venons d’énumérer forment la totalité de l’Ouarzazât.
Ce district est soumis au sultan, et surtout au qaïd des Olaoua, qui, fonctionnaire du makhzen au
Telouet, est ici chef héréditaire. 11 exerce son pouvoir avec douceur, à la façon des chikhs de Tikirt
et de Tazenakht; aussi s’aperçoit-on à peine dans le Ouarzazât qu’on est en blad el makhzen. Au-des¬
sous de lui, trois chikhs, dont les ressorts ne répondent pas tout à fait aux trois subdivisions du pays,
se partagent l’autorité. Ce sont : Chikh El lloseïn ould Amrar Mhind , résidant à Tiffoultout; un fils du
qaïd des Olaoua, Chikh Hammadi, à Taourirt; Chikh I lamina Ali, à Tenmasla.
11 n’y a qu’un marché dans l’Ouarzazât : le Khemîs Sidi Otman. Les marchés sont fort rares dans
ces régions : dans le bassin entier de l’Ouad Idermi, on n’en compte que trois, le tenîn de Telouet, le
khemis de Ouarzazât el le khemîs de Tazenakht.
Il y a 7 mollahs dans l’Ouarzazât. Les Juifs sont nombreux dans ces contrées : il existe 44 mol¬
lahs dans le bassin de l'Ouad Idermi; ils se répartissent de la manière suivante : Assaka (Ouad Iounil),
3 mollahs; Tizgi (Ouad Iounil), 1; Aït Zaïneb, 6; Telouet, 4; Tidili, 7; Irnini, 4; Ikhzama, 2; Aït
Touaïa, I : Ait Marlif, 2; Ouarzazât, 7; Ait Amer, 2; Zenàga, 3; Irels, I ; Tammasin, I.
Distances : de Tikirt à Tiffoultout . . 2 heures.
De Tiffoultout à Taourirt . 1 heure.
De Taourirt à Raid . . 1 heure.
De Ralil à Afelia n Dra (Ouad Dra) . 1 jour.
BASSIN DE L’OUAD DBA.
281
AFFLUENT. — L’Ouad Idermi ne reçoit qu’un affluent important, l’Ouad Ait Tigdi Ouchchen, se je¬
tant sur sa rive droite au lieu appelé Bin elOuidan, dans le désert de Timikirt. Cette rivière est presque
aussi considérable que l'Ouad Idermi lui-même.
II. — Ouad Aït Tigdi Ouchchen.
L’Ouad Ait Tigdi Ouchchen, qui se jette sur la rive droite de l’Ouad Idermi entre le Ouarzazât et
le Dra, est formé de la réunion de deux rivières, l’Ouad Tazenakht et l’Ouad Azgemerzi. Leur confluent
se trouve dans la tribu des Ait Tigdi Ouchchen, au village d'Assaka.
I" OUAD TAZENAKHT. — Il est formé lui-même de la jonction, à Imdrer Tahtani, de trois cours
d’eau, l’Ouad Siroua , l’Ouad Ta n Amelloul et l’Ouad Tasrirt : nous allons décrire ces trois rivières,
puis nous passerons à l’Ouad Tazenakht.
Ouad Siroua. — Il prend sa source dans le mont Siroua. Il coule d’abord dans le désert, puis
entre dans la tribu des Ait Ouarrda; il y arrose successivement les villages suivants :
Temsasar, Taloust, Imirleïn, Areg, Temouddat.
Puis il passe dans le district d’Amara, dépendance de celui de Tazenakht, dans lequel on le confond
quelquefois; il y arrose :
Imdrer Fouqani, Imdrer Tahtani.
A ce dernier point, il s’unit aux deux autres rivières pour former l’Ouad Tazenakht.
Distance : d’Imdrer Tahtani à Temsasar . 1/2 jour.
Ouad Ta n Amelloul. — Il prend sa source dans le désert de Ta n Amelloul. De là il entre dans la
tribu des Ait Ouarrda, où il arrose successivement les villages de :
Afella ou Asif, Tazrout, Tafrent, Tamjerjt, Nekeb Fouqani, Nekeb Tahtani.
Puis il passe dans le district d’Amara et coule, sans rencontrer de lieu habité, jusqu'à Imdrer Tah¬
tani, où il se réunit aux ouads Siroua et Tasrirt.
Distances : d’Imdrer Tahtani à Afella ou Asif . 4 heures.
D’Imdrer Tahtani à Tamjerjt . 1 heure 1/2.
Ouad Tasrirt. — Il prend sa source dans le Khela Tasrirt. Après avoir coulé longtemps dans le dé¬
sert, il entre dans le district d’Amara, où il arrose l’un après l’autre les villages de :
Tamzerra (avec la qoubba de S. El Hasen Ali), Ansera.
En face d’Imdrer Tahtani, il se réunit aux deux autres rivières.
Distances : d’Imdrer Tahtani à Tamzerra . 3 heures.
De Tamzerra au Khela Tasrirt . 1/2 jour.
OUAD TAZENAKHT. — On lui donne aussi le nom d’Ouad Ait Ouzanif. Au-dessous d’Imdrer Tahtani ,
il continue d’abord à couler dans le district d’Amara ; il y arrose successivement les villages de :
lmreld, Tareddout.
Puis il passe dans le district (h1 Tazenakht, où il baigne :
Taourirt, Adreg, Tagadirt Ait Daoud, Tagadirt Ait Atto, Tazenakht , Tazrout.
De là il passe dans la tribu des Ait Tigdi Ouchchen, où il s’unit, à Assaka, à l’Ouad \zgemerzi.
Distances : de Tazenakht à Imdrer Tahtani . 4 heures.
De Tazenakht à Assaka . 1/3 heure.
Les villages du Tazenakht et de l’Amara que nous avons énumérés sur ces différents cours d’eau
composent la totalité de ces districts.
La tribu des Ait Ouarrda ne comprend qu’un village en plus de ceux que nous avons mentionnés :
ce village esl Ainasin , situé entre les ouads Siroua et Ta n Amelloul, à 3 heures de Temsasar cl à
I heure et demie de Tamjerjt. Los Aït Ouarrda sont une tribu tamazirt (ohleulia) indépendante, \ucun
lien ne les unit à leurs voisins. Les plus importants de leurs villages sont l’amjerjt, Afella on \sif,
Tazrout.
IIECO.NNVISSMNCK MUtOC..
RECONNAISSANCE AU MAROC.
282
Les points où prennent leur source les trois rivières dont est formé l’Ouad Tazenakht demandent
quelques explications. Le Djebel Siroua appartient, le versant est aux Ait Ouarrda, le versant sud aux
Ait Oubliai , le versant ouest aux Ait Tedrart. Le Khela Ta n Amelloul s'étend entre les Ait Ouarrda et
les Ait Oubial, le Khela Tasrirt entre les Zenâga et les Seketàna. Ces deux déserts, qui se font suite,
s’étendent depuis le Siroua jusqu'au Petit Atlas; c'est dans leurs solitudes, série de plateaux rocheux,
qu’est la ligne de partage des eaux entre les deux bassins du Sous et du Dra.
2" OUAD AZGEIUE HZ I. — On lui donne aussi le nom d’Ouad Ifenouan. 11 prend sa source dans le
voisinage du col d’Agni, sur le territoire des Zenâga. 11 arrose successivement dans cette tribu les vil¬
lages suivants :
Isil, Ta/oult, El Kharbt, Terga, Tamarouft, Ifenouan.
De là il passe sur le territoire des Ait Amer, où il arrose :
Temdaouzgez, Taloust.
Enfin il s’unit à l’Ouad Tazenakht un peu au-dessous d’Assaka.
Distances : de Taloust à Temdaouzgez . 3 heures.
D’Assaka à Taloust . 1/2 heure.
AFFLUENTS. — L’Ouad Azgemerzi reçoit deux affluents importants , l’un et l’autre sur sa rive gauche :
l'üuad Tiouiin, s’y jetant à Temdaouzgez, et l’Ouad Timjijt, s’y jetant à quelques pas au-dessus de Ta¬
loust.
Ouad Tiouiin. — 11 prend sa source dans le désert de Tasrirt. 11 y demeure jusqu’au moment où, à
Kerkda, il débouche dans la plaine des Zenâga; il y arrose les villages suivants, tous de cette tribu :
Kerkda, Agelmim, Ait Mesri, Atrcs, Tiouiin.
De Tiouiin, les bords en sont inhabités jusqu’à Temdaouzgez, où il entre dans le territoire des Ait
Amer el se jette dans l’Ouad Azgemerzi.
Distances : de Kerkda à Ait Mesri . 1 heure 1/2.
D’Aït Mesri à Atres . 3 heures.
D’Atres à Tiouiin . 1 heure 1/2.
De Tiouiin à Temdaouzgez . 8 heures.
Ouad Timjijt. — Il prend sa source dans le désert de Tasrirt. En sortant de là, il entre dans la plaine
des Zenâga, où il arrose d’abord les villages suivants, qui font partie de leur territoire :
Igjgan, Tilsekht, Itkhisen, El Ain Ait Hamed, Zaouïa Sidi El Hoseïn.
Puis il passe sur les terres des Ait Amer, où il arrose successivement :
Zaouïa Sidi Abd Allah ou Mliind, El Ain Igourramen, Ait Ali ou lous, Agdal, Ait ou Ansera, Ait
Allioun, Tizi, Asersa, Talmodat.
Enfin il se jette dans l’Ouad Azgemerzi.
Les quatre villages d’Aït Ali ou lous, Agdal, Ait ou Ansera, Ait Allioun, sont compris sous la déno¬
mination collective de Timjijt.
Distances : de Taloust à Aït Allioun . 2 heures.
D’Aït Ali ou lous à Igjgan . 4 heures.
REMARQUES SUR LES TRIBUS. — Les deux principales tribus du bassin de l'Ouad Azgemerzi sont
les Ait Amer et les Zenâga.
Ait Amer. — Leur territoire comprend uniquement des villages que nous avons énumérés plus haut.
Parmi eux se remarque une zaouïa fort influente dans la contrée, celle de Sidi Abd Allah ou Mliind. Le
chef actuel en est Sidi Ilamed ou Abd er Rabman, descendant du saint. Il possède, outre le village de
la zaouïa, celui d'El Aïn Igourramen.
Zenaga. — Cette tribu se compose des villages mentionnés sur les ouads Azgemerzi, Tiouiin, Tim-
jijl, et d’un certain nombre d’autres situés entre ces cours d’eau. Ceux-ci sont la plupart sur de petits
affluents des trois rivières principales, ou sur des canaux qui en dérivent. Tous se trouvent dans
la grande plaine des Zenâga. Les principaux d’entre eux sont :
BASSIN DE L'ÜUAD DBA.
Azdif, Taleouin (entre Azdif el Vît Ylesri), Ougins (à 3 heures d'Azdif), Toudma (à \ heures d’Ou-
gins), Vît Ersal (à 3 heures de Toudma, sur un ruisseau tributaire de l’Ouad Azgemerzi), Betlal là
! heure et demie d’Aït Ersal), Ait Khouzoud (à quelque distance de Tazoult), Angalt' (à l’ouest de Ta-
ZOlllt).
De ces villages, le plus important est Azdif.
3° OUAD AIT TIGDI OUGHGHEN. — Dès le point où il se trouve formé, par la réunion des
ouads Tazenakht et Azgemerzi, il entre dans la tribu des Ait Tigdi Ouchchen : il y arrose successive¬
ment les villages de :
Assaka, Talonnent, Tislit Ait Tigdi Ouchchen, El Bordj (1).
Puis il sort de cette tribu : un peu plus loin il arrose Tagentout.
Au delà, on ne trouve plus qu’un seul point habité sur son cours : c’est Fint, village isolé, recon¬
naissant la suzeraineté du qaïd de l’Ouarzazât. \ Fini, les palmiers reparaissent.
AFFLUENTS. — L’Ouad Ait Tigdi Ouchchen a deux affluents principaux; il les reçoit l’un et l’autre
sur sa rive gauche; ce sont : l’Ouad Ait Semgan, s’y jetant à Tislit; l’Ouad Irels, s’y jetant à Fini .
Ouau Ait Semgan. — Il prend sa source au Siroua; il s’engage d’abord dans le district des Ait
Semgan, où il arrose successivement les villages de \ïl Irmor, Idrar, Ait Tigga.
De là il passe dans celui de Tammasin, où il baigne : Tinzalin, llelouqt , Tislit Tammasin.
Au-dessous de Tislit, il entre dans h* désert d’Iseldeï, où il reste jusqu’à son confluent avec l’Ouad
Ait Tigdi Ouchchen.
Distances : les 3 villages des Ait Semgan sont groupés au pied même du Siroua.
Des Ait Semgan à Tinzalin . 4 heures.
De Tinzalin à llelouqt . 1 heure.
De Helouq à Tislit Tammasin . 3 heures.
De Tislit Tammasin à Tislit Ait Tigdi Ouchchen . 0 heures.
AFFLUENTS. — L’Ouad Ait Semgan a deux affluents : l’Ouad Bachkoum, se jetant sur sa rive droite
à llelouqt, et l’Ouad Asdrem, se jetant sur sa rive gaucho à Tislit Tammasin.
Ouad Bachkoum. — Il prend sa source dans le Khela Bachkoum et si1 jette dans FOuad Ait Semgan
sans avoir arrosé un seul lieu habité. Il reste tout le long de son cours dans le désert.
Distance : de Helouqt au Khela Bachkoum . 4 heures
Ouad Asdrem. — 11 prend sa source dans le désert d’Asdrem; il arrose successivement les villages
suivants, du district de Tammasin : Tamazirt, Tamellakout; , EzZaouïa, Ait Mekraz, Enzel.
De là il se jette à Tislit dans l’Ouad Ait Semgan.
Distances : du Khela Asdrem à Tamazirt . 1 heure.
De Tamazirt à Tislit Tammasin . 3 heures.
Oitad Irels. — 11 prend sa source sur le territoire des Ikhzama, dans les montagnes qui forment le
flanc droit de l’Ouad I ri ri . De là il entre dans le désert de Tazga Asdrem, situé au nord de celui d’As¬
drem. Après l’avoir traversé , il passe dans le district de Tammasin, où il arrose le village de Indiout.
De là il rentre dans h1 désert, où il reste jusqu’au groupe isolé d’ trois ; il en arrose les deux qcars :
Irels et Tamaïoust.
Puis il coule de nouveau dans le désert; il y demeure jusqu’à Fint, où il se jette dans l’Ouad Ait
Tigdi Ouchchen.
A Irels commencent les dattiers : il n’v en a point dans le district de Tammasin. Celui-ci se compose
exclusivement des villages mentionnés sur une partie des cours des ouads Ail Semgan, Asdrem et Irels;
il reconnaît l’autorité du Zanifi.
Distances : de la frontière des Ikhzama à Indiout . 3 heures 1 '2.
D’Indiout à Irels . 1/2 jour.
D’Irels à Fint . 1 heure 1/2.
(I) Ce s villages forment la totalité de la tribu.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
-2 S',
III. — Itinéraires.
1" DE 1JOUAD IOUNIL A IJ ASIE MA lilŒ N. — Un chemin conduit de Zaouïa Bou Felfoul à Ta-
bougoumt (Telouet).
Distance : 2 heures de marche dans le désert.
2° DU TELOUET A Tl Kl DT. — On peut faire ce trajet en descendant le cours de l'Asif Marren :
ce chemin est un peu plus court que celui de l’Ouad lounil; mais les déserts qu'il traverse le rendent
plus dangereux : aussi est-il beaucoup moins fréquenté.
:u DE TAZENAKHT AUX AIT MA HUE. — Le chemin est le suivant :
De Tazenakht au Tammasin . 8 heures.
Du Tammasin à Tesakoust (Ouad Iriri) . 5 heures.
De Tesakoust à Tourtit . 1/2 heure.
De Tourtit à Tagdourt n Touda (Ail Marlitj . 1 heure 1/2.
4° DE II Kl H T A TA/ENAKIIT. — Au départ de Tikirt, on s’engage dans le désert de Tilzir. On y
reste jusqu'à :
Tilzir (qçar isolé) . 1 heure.
De là on rentre dans le désert, où on demeure jusqu’à :
Tisili (qçar isolé) . 2 heures.
Ou y reste de nouveau jusqu'à :
Tislit Tammasin . 3 heures.
De là on passe dans le désert de Bachkoum, puis dans celui de Tala qui lui fait suite : une source
d’eau vive sert de borne entre eux.
On aboutit à : Adreg (sur l’Ouad Tazenakht .
Distance : de Tislit Tammasin à Tazenakht . 1 jour.
5" DE TI KIR T Al MEZGITA. — Il y a trois chemins principaux :
a. — En quittant Tikirt, on descend h' cours de l’Ouad Idermi jusqu'à l’extrémité sud du Ouarzazât.
A R.alil, on s’en écarte un peu et on h' longe dès lors à quelque distance, dans le désert de Taria. On y
marche durant toute une journée : au bout de ce temps, on arrive à l’Ouad Dra, aux villages d’Afella
n Dra.
C’est le nom d’une subdivision du Mezgîta.
n. — En quittant Tikirt , on descend le cours de l’Ouad Idermi jusqu'à Tenmasla (Ouarzazât). Là on
le quitte el , sans rencontrer aucun lieu habité, on traverse successivement trois déserts, ceux d’irirel
Hadj , d’Aïn n Zeggert et d’Izezgir. Puis on arrive à Ait Saoun (village isolé, allié au Mezgîta. Les dat¬
tiers n'y apparaissent pas encore).
De là on traverse l’un après l’autre deux déserts, ceux d’Irf n Isli et d’Ouaourmest : au bout de celui-
ci, on trouve le Mezgîta, où on débouche à Agdz.
Distances : de Tenmasla à Ait Saoun . 1 jour.
D'Aït Saoun à Agdz . 2 heures.
c. — De Tikirt à Tagenzalt. Là on s’engage dans le Ivhela Tifernin, où Ton marche durant une jour¬
née entière. Vu bout de ce temps on arrive à Ait Semgan (qçar unique de 400 familles; il est isolé; il
n’a aucun rapport avec la tribu qui habite l'Ouad Ait Semgan. Beaucoup de dattiers).
De là on passe successivement par : Tesaouant (des Ait Ilammou), Zaouïa Ouzdiin, louriken (groupe
BASSIN DE L'OUAD DliA.
285
do deux villages appelés chacun Ourika, situés l'un sur l’Ouad Tamtsift , l'autre à quelque distance
de cette rivière, dans les collines formant le flanc gauche de sa vallée).
Enfin on parvient à l'Ouad Dra à Agdz (Mezgîta).
Distance : d’Aït Semgan à Iouriken . 1/2 jour.
6" DE TAZ ENAKHT AU MEZGITA. — Au sortir de Tazenakht, on entre dans le Khela I; idan; dé¬
sert pierreux; pas de rivières : il fait partie du territoire du Zanifi. On y marche durant un jour. Puis
on parvient au qçar de Tarokht (sur l'Ouad Tamtsift; zaouïa; dattiers).
On suit le cours de l’Ouad Tamtsift : on arrive à :
Tasla Ait Brahim (dattiers) . 1 heure.
Jusque-là on est resté sur le territoire du Zanifi : on le quitte ici ainsi que l’Ouad Tamtsift. On atteint :
Aït Semgan (qçar isolé; dattiers) . 1 heure.
Puis on revient à l’Ouad Tamtsift, qu’on retrouve au qçar de Tesaouant (appartenant aux Aït Ham-
mou, fraction des Oulad laliia).
De là on suit l’Ouad Tamtsift jusqu’à son confluent avec le Dra, entre Agdz et Ouriz (Mezgîta). On
passe, chemin faisant, par deux points habités, Ida ou Genad et Ourika. En dehors de la route, à 2 ou
B heures au sud d’Ida ou Genad, se trouve, dans la montagne, le grand qçar d’El Feggara : il appar¬
tient aux Oulad Iahia.
7" DE TAZENAKHT A TISINT. — 11 y a trois chemins entre ces deux points :
Le premier, à l'est, franchissant le Petit Atlas au Tizi Agni ;
Le second, à l’ouest, le franchissant au Tizi n Haroun;
Le troisième, entre les deux précédents, le franchissant au Tizi n Baroukh.
2° BASSIN MOYEN DU DBA.
La réunion des ouads Dàdes et Idermi au Kheneg Tarea forme le fleuve connu sous le nom d’Ouad
Dra. Le cours en est d’abord resserré entre les flancs du Petit Atlas qu’il traverse; puis la vallée s'élar¬
git; au-dessous de Tamegrout, il perce une dernière chaîne de montagnes, le Bani; ensuite il entre en
plaine. Jusqu’au Bani, la direction du Dra est du nord-ouest au sud-est. Au delà elle paraît être de
l’E.-N.-E à TO.-S.-O. Du Kheneg Tarea au Bani, les bords du fleuve sont, sans interruption, couverts de
palmiers et de qçars. Ils sont divisés en plusieurs districts, chacun uniquement composé des rives de
l’onad; ce sont : le Mezgîta, l’Aït Seddrât, T Aït Zeri, le Tinzoulin, le Ternata, le Fezouata. Au delà du
Bani les bords du Dra se garnissent encore à deux reprises de dattiers et d'habitations : il s'v forme
ainsi deux derniers districts, le Qlaoua el El Mhamid, semblables aux précédents, mais séparés d’eux
et isolés l’un de l’autre par de courts déserts. Au delà d’El Mhamid, l'Ouad Dra est désert jusqu’à son
embouchure dans l’Océan. C’est dans cette vaste portion inhabitée de son cours qu’il traverse le üebaïa
et forme les nniders dont nous parlerons plus bas. [/ensemble des parties peuplées de ses rives, com¬
posé des huit districts énumérés ci-dessus, porte le nom de B/ad Dra ou Dra. C’est de cette région
que nous allons nous occuper.
Dans le Mezgîta, l’Ouad Dra coule en une vallée étroite, de 1 500 mètres de largeur moyenne, en¬
caissée enfre deux flancs élevés et rocheux. Dans T Aït Seddrât, I \ ï f Zeri et le Tinzoulin, la vallée esl
la même qu’au Mezgîta : elle demeure ainsi jusqu’à El Douirat (Ternata). A partir de là, elle s'élargit :
le flanc droit reste contre le fleuve; mais le flanc gauche s’en écarte beaucoup. De Béni Zouli à
Mançouria, il y a entre les deux flancs la distance de Tamnougall à Tesaouant. Les qçars et les cultures
sont toujours uniquement au bord de l’ouad : dans la vallée ainsi élargie, le désert seul règne enfre h;
RECONNAISSANCE AU MAROC.
2tf(i
lien vo et le flanc gauche. Dans tout lu Dra il on est de môme : l’ouad au milieu; dans son lit, cultures
et palmiers , ainsi que sur ses rives; en dehors des plantations, à leur lisière, les qcars; au delà, le dé¬
sert. Au-dessous de Mançouria, la vallée s’étend encore : le flanc droit s'éloigne à son tour. A(Tame-
grout,lcs deux flancs sont fort loin, à une demi-journée de marche chacun. Après Tamegrout, le fleuve
entre dans un désert appelé El Kheneg : il y a ses rives incultes et inhabitées, pour la première fois de¬
puis sa naissance : point de qcars, point de cultures, point de palmiers, même dans son lit. Ce désert
a une longueur double de la distance de Tamnougalt à Ourika. Il est borné au sud par le Bani, que le
Dra traverse par un passage étroit, Foum Taqqat. Au-dessous du Bani, le fleuve entre en plaine et y
reste jusqu’au Debaïa ; plus de montagne en vue, ni à l’est, ni à l’ouest, ni au sud.
Nous avons décrit le Mezgîta au cours de notre voyage : tout le Dra ale même aspect enchanteur:
partout même fraîcheur, même abondance d’eau, même végétation luxuriante. Cependant il n’y existe
pas de lieu où l'eau ne tarisse jamais dans le fleuve : certains étés, des parties de son lit se dessè¬
chent; mais les années où cela arrive sont rares, et, même alors, les canaux qui servent à l’alimen¬
tation et à l’arrosage ne cessent pas de couler à pleins bords. Dans le Dra, les inondations sont plus
fréquentes que les sécheresses : il n’est pas rare de voir, en hiver, le fleuve envahir toute la vallée et
venir battre les murailles des qcars. L'eau de l'Ouad Dra, quoiqu’un peu jaune, est agréable à boire.
Parmi les arbres innombrables qui ombragent le cours du fleuve , partout les dattiers dominent : ils
sont, du Kheneg Tarea à Tamegrout, des espèces suivantes : bou feggouç, bou sekri , djihel, bou
souaïr, timikelt (qualité inférieure); au sud de Tamegrout, il n’y a plus que des djihels avec quelques
bon feggoue. Dans tout le Dra, on trouve aussi bon nombre de takkaïouts, sortes de grands tamarix
dont on se sert pour donner la couleur rouge aux peaux : ils forment une des fortunes du pays : les
peaux du Dra sont, avec celles du Tafllelt, les plus renommées du Maroc. Nous avons vu qu’à Tam¬
nougalt il y avait une grande quantité d’arbres fruitiers, figuiers, grenadiers, pêchers, vigne, etc.;
ils sont très nombreux entre Tamnougalt et Akhellouf. En dehors de ce tronçon, il n’y a guère que des
dattiers. Dans tout le pays de Dra, les abeilles sont nombreuses et le miel abonde.
La population du Dra est mêlée. Celle du Mezgîta est formée de Draoua; celle de l’Aït Seddrât, de
Draoua et d’Aït Seddrât; celle de l’Aït Zeri, d'Oulad labia; celle du Tinzoulin, de Draoua; celle du
Ternata, de Draoua, de Boha, d’Oulad labia, les Roha dominant, les Oulad labia étant en minorité;
celle du Fezouata, du Qtaoua, d’El Mhaniid, de Draoua, sous la domination des Ait Atta. Les Ait Sed¬
drât, les Oulad labia, les Roha, sont des tribus séparées dont nous avons déjà eu occasion de parler
ou dont nous parlerons plus tard. Les Ait Atta sont une fraction de la tribu des Berâber. Quant
aux Draoua, ce sont ceux qu’ailleurs on appelle Haratîn. Ici, Draoui et Hartâni sont synonymes. Les
Draoua forment la partie de beaucoup la plus grande de la population du Dra; ils passent pour les re¬
présentants de la race primitive du pays. Ils ne parlent que le tamazirt , pou d’entre eux savent l’a¬
rabe; on les dit bonnes gens , mais lâches et mous de caractère. Dans le Mezgîta seul, ils ont gardé
leur indépendance; partout ailleurs ils sont tributaires.
I. — Mezgîta.
Le Mezgîta est un district qui comprend les rives de l'Ouad Dra, depuis le point où elles commen¬
cent à être habitées, au sud du Kheneg Tarea, jusqu'au district de l’Ail Seddrât. Il se compose, en
descendant la vallée, des qcars suivants :
RIVE DROITE :
Tizgi. . (
50 fusib
Incheï . 1 Ras Dra.
80
Tarrout. (
40
Rebat.
200
Zaouïa Griourin (Zaouïa Sidi Cou Bekr, appelée
BASSIN DE L’OUAD DBA.
aussi Zaouïa Ait Ben Nacer, dépendant de celle de
Tainegrout) .
1 00
Tarmast.
50
Asellim Agdz.
200
Agdz.
200
Hara Agdz.
50
Ouriz.
75
Takatert.
100
Aremd.
40
Tassourl.
30
Aït el Khrodj.
15
El Kebbalm.
15
Iîoudat.
20
El Bordj.
1110
Tigit.
100
Zekak.
10
Igmoden.
30
Argioun.
50
Timidert.
300-
Irirer.
150
kivk gauciil :
Tanamrout.
Sefala. . .
Arbalou. .
Tiniril. . .
El 11 ara . .
Intliten . .
Taleouin.
Ras I iras.
40 fusils.
200
20
60
40
30
40
60
100
40
20
20
20
40
40
30
10
30
15
20
30
15
Tafergalt.
Tamnougalt (résidence de Chikli el Mezgîti).
Asellim.
Zouaoui (Zaouïa es Sagia; Mrabtin Ait Sidi Mouloud).
Asellim Tahtani.
Zaouïa es Souq.
Qaçba Ait Ali.
Talmzit.
Ibousas.
Taourirt Ibousas.
Talat Ait labia.
Zaouïa Mrabtin Sidi Ech Chergi.
Ait el Qaïd El Amer.
Takatert Ait Ikhelf.
Zaouïa Sidi Mobammed ou Abd Allah.
Distances : du Kheneg Tarea à Tizgi comme d’Ourika à Tesaouant.
De Tizgi à Tarrout comme d’Ourika à Tesaouant.
De Tarrout à Tamnougalt comme d'Ourika à Tesaouant.
De Tamnougalt à Irerm Azeggar comme de Tamnougalt à Agdz.
Irerm Azeggar fait face à Irirer.
Intliten est à peu près en face de Rebat, un peu plus haut que lui.
De Tizgi à Irirer, pas de désert, tout est palmiers.
Les trois premiers qçars de la rive droite et les six premiers de la rive gauche portent le nom
collectif de Bas Dra, ou Bas Mezgîta, ou Afella n A si C , ou Afella n Dra.
Le Mezgîta est un district indépendant. Sa population, exclusivement composée de Draoua ( Bara¬
tin), est gouvernée par un chikh héréditaire. Ce chikh, ou plutôt ce qaïd, car tel est le titre qu'il prend.
288
est actuellement Qaïd A bd er Rahnian ben El Hasen; il réside à Tamnougalt; il est blanc ainsi que
ses enfants : ceux-ci sont fils d’une sœur du Zaniti, chikh de Tazenakht. Sa famille a le pouvoir su¬
prême dans le Mezgîta depuis plusieurs siècles; elle est originaire du Tazarin. 11 ne reconnaît le sul¬
tan que comme autorité spirituelle et, de fait, n’admet point sa suprématie. 11 lui envoie chaque an¬
née un cadeau consistant en deux qantars de henné et un ou deux chevaux de bât. 11 est fort riche, a
de grandes propriétés et lève un impôt annuel de 55 000 francs; 50000 francs sont payés par ses sujets
musulmans, 5 000 par les Juifs. Un ordre sévère règne sur son territoire : tout voleur est puni de mort :
c’est la seule peine qu’il connaisse. Aussi, quoique ses Etats n’aient aucun rapport avec le sultan, dit-
on qu’ils sont « blad el makhzen », allusion à la sûreté et à l’ordre qui y régnent. Le Mezgîta, le dis¬
trict d’Aït Zeri et le Tinzoulin sont les seuls lieux du Maroc qui, bien qu’indépendants du sultan, soient
dits « blad el makhzen », façon d exprimer la régularité de leur gouvernement.
En dehors du Mezgîta proprement dit, dont nous venons de parler, on compte comme en faisant
partie les deux petits qçars d’Ourika (Iouriken), dans la vallée de l’Ouad Tamtsift.
Il y a à peine 7 ou 8 chevaux dans le Mezgîta : le qaïd en possède i.
Le Mezgîta a deux marchés : le Had Agdz et le Khemîs Tamnougalt.
Il contient 5 mellahs.
II. — Ait Seddrât.
Le district de l’Aït Seddrât fait suite à celui du Mezgîta : il se compose des rives de l’Ouad Dra, de
la limite du Mezgîta à celles de l’Aït Zeri et du Tinzoulin. On passe du Mezgîta dans l’ Ait Seddrât sans
s’en apercevoir, en marchant toujours à l’ombre des palmiers. Voici les qçars dont se compose ce dis¬
trict, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le ileuve :
1UVE DROITE
Ait Ougzi.
20 fusils.
Zaouïa Tamkasselt.
Ait Iaïsi.
Tamkasselt el Hara.
40
20
40
200
40
40
30
20
40
00
Tansikht.
Abernous.
Tanzmout.
El Had.
Ait Aïssa.
Qaçba Ait Arbi.
Irsig.
RIVE GAUCHE
Irir n Azeggar.
Ait Ilammou ou Saïd.
El Hara.
Ait Melekt.
80
50
00
20
80
00
50
30
10
50
20
llll)
30 fusils.
Imjdoudar.
Ait Ishaq.
Ait Khelfoun.
Ait Abd Allah.
Tizi n Isekfan.
Zaouïa Sidi Dris.
Azagour.
Ait Sakt.
Taaqilt.
Distances : d’Irirer à Ait Ougzi connue de Tamnougalt à Ouriz.
BASSIN DE L’OÜAD DIIA.
289
Ait Hammou ou Saïd fait face à Ait Ougzi.
D'Aït Hammou ou Saïd à Taaqilt comme de Tesaouant à Tamnougalt.
Irsig fait face à Taaqilt.
Les Ait Seddrât sont une nombreuse tribu tamazirt, partie sédentaire, partie nomade, possédant
des qçars et des tentes. Les qçars sont sur l'Ouad Dra et l’Ouad Dâdes, les tentes entre ces deux cours
d’eau, dans le massif du Sarro. Ils se divisent en deux groupes, les Ait Zouli etles Ait Mehelli. Chacun
d’eux compte environ 2000 fusils. Voici la décomposition des Ait Seddrât :
Aït Ali ou Haseïn.
Ait Iidir.
Imzdouder.
Aït Bou Taliammart.
Les différentes fractions des Ait Seddrât ne vivent pas groupées : elles sont disséminées et mélan¬
gées entre elles, aussi bien dans les qçars du Dra que dans ceux de l’Ouad Dâdes. Voici comment la
tribu se gouverne : ceux qui sont dans le Dra élisent un chikh pour une année; un an, il est pris parmi
les Ait Zouli, un an parmi les Ait Mebelli. Ceux de l’Ouad Dâdes font de même. Les nomades se
réunissent pour cette élection, qui à ceux du Dra, qui à ceux de l’Ouad Dâdes. Ces chikhs nommés
pour une année, que nous avons vus apparaître la première fois sur l’Ouad Dâdes, sont appelés chikh
cl nam. L’usage des chikh el aam est spécial, dans le Maroc, aux trois tribus des Ait Seddrât, des
Imerrân et des Berâber. Ces derniers, dans toute l’étendue de leur immense territoire et dans leurs
innombrables subdivisions, ont cette méthode uniforme de gouvernement, qui est un de leurs carac¬
tères particuliers.
Les Ait Seddrât sont blancs, mais bronzés. Ils sont très braves : leur réputation de courage s’étend
au loin. Ils ne parlent que le tamazirt.
Les Ait Seddrât n’ont aucune relation avec le sultan. Ils sont, comme toutes les tribus de l’Ouad
Dra et comme le pays de Dra, entièrement indépendants.
Le district de E Aït Seddrât est habité par des Draoua et par des Aït Seddrât : le gouvernement est
entre les mains de ces derniers. Il y a environ 30 chevaux dans le district.
Un marché, le Tlâta Tanzmout.
Un mellah.
III. — Aït Zeri et Tinzoulin.
Au-dessous du district d’Aït Seddrât, lui faisant suite, se trouvent : sur la rive droite, le district de
l'Aït Zeri, puis celui du Tinzoulin, réunis sous l’autorité d’un seul chef, Chikh Kl Arabi ben Olman ;
sur la rive gauche, d’abord deux qçars, l’un indépendant, l'autre sous le pouvoir de Chikh ben Olman;
puis le commencement du grand district du Ternata. Cette portion du Ternata qui fait face à I Vît. Zeri
et au Tinzoulin a un nom spécial, lias Ternata. Nous en parlerons plus tard en même temps que du
Ternata.
En quittant l’Aït Seddrât , on trouve donc sur l’Ouad Dra :
rive gauche :
Ifriouin (zaouïa indépendante habitée par des marabouts).
Timesla (soumise à Chikh El Arabi tien Otman).
30 fusils.
150
Puis on entre dans Ras Ternata.
RECONNAISSANCE Al) MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
200
III VE DROITE :
Ait Zeri
Tinzoulin
Qciba Chikh El Arabi ben Otman (porte aussi le nom d’Aït Otman).
.r>0 fusils
Tinegza.
20
Ouriz Oulad Megeddem.
60
Oulad Mousa.
50
Igdaoun.
150
Aqebt.
30
Oulad Mesad.
100
Zaouïa Amadar.
30
El 11 ara.
10
Qaçba el Makhzen.
100
Aït Rehou.
30
El Haddan.
40
Rebat.
200
Amerdoul.
30
Aït el Hadj El Hasen.
100
Idderb.
30
Timskalt.
50
Zaouïa el Feggouç.
20
Distances : d'Irsig à Qcîba Chikh El Arabi comme de Tamnougalt à Ourika.
D’Ifriouin à Taacjilt comme d’Ouriz à Tamnougalt.
De Qciba Chikh el Arabi à Aqebt comme de Tesaouant à Ourika
D’Aqebt à Zaouïa el Feggouç comme de Tesaouant à Tamnougalt
Pas de marché dans T Ait Zeri. Deux marchés
dans le Tinzoulin : le tenîn et le khemis de Rebat.
Un mollah dans FAït Zeri, et deux dans le Tinzoulin.
Les Ait Zeri sont une fraction des Oulad Iahiu, grande tribu nomade dont nous parlerons plus loin.
Chikh El Arabi ben Otman appartient à cette tribu, à la tête de laquelle est depuis longtemps sa famille :
les États de Chikh El Arabi sont formés de fous les Oulad labia, aussi bien les nomades, ceux du
Zgid, etc., que ceux qui habitent le Ternata et que les Ait Zeri, puis du Tinzoulin et de Timesla. Ti-
mosla el le Tinzoulin sonl peuplés de Ilraoua, l’Aït Zeri d’Oulad labia. Chikh ben Otman a un pouvoir
despotique sur ses sujets des bords de l’Ouad Dra, et une autorité très limitée sur les autres.
Il y a une trentaine de chevaux parmi les Oulad labia des bords de l’Ouad Dra; il n’y en a que deux
ou trois dans le Tinzoulin.
IV. — Ternata.
Au-dessous du Tinzoulin, se trouve le district du Ternata : nous avons vu que sur la rive gauche il
commence plus haut, après Timesla : le Ternata se compose donc de deux portions, l’une où il s’é¬
tend sur les deux rives du Dra, c’est le Ternata proprement dit; l’autre où il n’en occupe que la rive
gauche, c’est Ras Ternata. Les divers qçars du Ternata sont, en descendant le fleuve à partir de Ti¬
mesla :
RIVE GAUCHE :
Aït Abd Allah ou Mimoun J
200 fusils.
Akhellouf . 1
300
ISou Nan . ' ,
150
„ ■ ) Ras 1 ernata.
Zergan . 1
75
Tiggint . \
75
El Douirat . )
50
Imi Ougni.
50
Arlal Fouqani.
30
Qaçba Foum Tazenakht (appelée aussi Tafroust).
60
Béni Zouli.
300
BASSIN DE L’OUAD DBA.
291
Takhelil. 200 fusils.
Tanagamt. 40
Ilara el Khoubz. • 40
El Ilara. 40
Tinegdid. 40
Irerdaïn. 100
Asouhad. 40
Aderbaz. 40
Astour. 300
Bou Zergan. 200
Tidsi. 00
Bir Chat. 80
Qcar Djedid. 50
Zaouïa Sidi Ben Nacer. 15
El Mançouria. 150
Bou Khelal. 200
Tamzout. 30
Tamazirt. 80
Oulad el Hadj (2 petits qçars : Qçîba Oulad el Agid et Qçîba Oulad cl Bacha). 100
Zaouïa el Qlaa (appelée aussi Zaouïa el Ftah). 40
RIVE DROITE I
Afra Oulad es Soultân. 150 fusils.
El Kaba (Oulad Ioub) (2 qçars). 400
Zaouïa Oulad Ioub. 20
Tarzout. 80
El Meqatra (2 qçars). 150
Mêlai. 200
Oulad Ousa. 300
Qçîba Oulad Ousa. 30
Rebat el Hadjer. 80
Zaouïa Amrou ou Abd er Rabman. 100
Tisergat. 200
Tirzert. 80
El Kherraza. GO
Tigit Oulad Chaouf. 200
Tigit Ait b Oulman. 70
Aria ou Asif. 50
Qçîba Sidi Oumbarek. 40
Qçîba el Mqadra. 50
Qçîba Berda. 00
El Aroumiat. 300
Asrir Ilemsan (ce qçar est compté du Fezouata). 80
Iqoubban (zaouïa). 30
Mehdia. 100
Tanzita (2 qçars, le plus haut habité par des cherifs). 200
Zaouïa Tanzita (porte aussi le nom de Zaouïa cl Baraka). 30
Distances : d’Ifriouin à Béni Zouli 1 fois et demie comme de Tamnougalt à Tesaouant.
De Béni Zouli à Astour comme de Tamnougalt à Ourika.
D'Astour à Mançouria comme de Tamnougalt à Ourika.
De Mançouria à Zaouïa el Qlaa comme de Tamnougalt à Ouriz.
De Zaouïa el Feggouç à Afra Oulad es Soultân comme de Tamnougalt à Agdz.
D’Afra Oulad es Soultân à El Aroumiat comme de Tamnougalt à Tesaouant.
D’El Aroumiat à Zaouïa Tanzita comme de Tamnougalt à Agdz.
Afra Oulad es Soultân est immédiatement au-dessous de Zaouïa el Feggouç.
Bou Nana est en face de Zaouïa el Feggouç.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
292
Béni Zouli est en face de Mêlai et d’Oulad Ousa.
Tisergat est en face d’Astour.
Mançouria est en face d‘El Aroumiat.
Mehdia est en face de Zaouïa el Qlaa.
Zaouïa el Baraka est en face d’Amzrou (Fezouata).
Le l'orna ta n’est pas un État compact comme le Mezgîta, TAïtSeddrât, l’Aït Zeri et le Tinzoulin.
C’est une réunion de qçars appartenant à deux tribus différentes, sans qu’aucune autorité supérieure,
assemblée ou chikh, les unisse jamais. Les habitants du Ternata sont : des Draoua, disséminés dans
toutes les localités, mais n’en possédant aucune, les Itoha et des Oulad labia. Ces deux dernières tribus
se partagent tous les qçars; voici comment :
Los Roha possèdent : 1" la portion du Ternata située sur la rive gauche de TOuad Dra (Ras Ternata
compris); 2° sur la rive droite : Afra, El Meqatra, et ce qui est au-dessous de Tigit Ait b Oulman,
ainsi que ce dernier qçar, moins Asrir Ilemsan.
Les Oulad f aida possèdent le reste de la rive droite.
Enfin, un des qçars du Ternata, Asrir Ilemsan, appartient aux Beràber et est compté du Fezouata.
Les Roha forment une tribu à part. Ils se disent d’origine arabe et ne parlent qu’arabe. Ils n’habi-
tent que des qçars; les seuls qu’ils aient sont ceux du Ternata. Là se trouve massée toute leur tribu.
Chez eux, point de chikh, point de chef ni héréditaire ni temporaire : chaque localité se gouverne à
sa fantaisie et a une existence politique isolée de celle de ses voisins. Les Roha sont aussi indépen¬
dants que les Beràber eux-mêmes, et ne sont vassaux de personne. Ils ont environ 50 chevaux.
Les marchés du Ternata sont : l'Arbaa Akhellouf, le Kheinîs Béni Zouli, le Had Astour, le Tenîn
El Aroumiat, le Djemaa Tisergat.
Il y a au Ternata (! mellahs.
V. — Fezouata.
Au district du Ternata succède, immédiatement au-dessous de lui, celui du Fezouata, appelé aussi
Tagnnadart. Le Fezouata comprend les deux rives de l’Ouad Dra; il est limité dans sa partie inférieure
par le désert d’El Kheneg.
Voici les qçars dont il se compose, dans Tordre où on les trouve en descendant le fleuve :
RIVE GAUCHE :
Amzrou (debiha sur les Imsouffa). 300 fusils.
Qcîba Aït Aqqo (debiha sur les Imsouffa). 20
Charet (debiha sur les Imsouffa). 150
Ait Kheddou (debiha sur les Imsouffa). 40
Asrir Ignaouen (debiha sur les Ait Aïssa ou Brahim). 70
Qcîba Ilemsan (debiha sur les Ilemsan). 50
Béni Otman (debiha sur les Imsouffa). 30
Aria Oudrar (debiha sur les Imsouffa). 500
Agrour (debiha sur les Imsouffa). 50
Timtig (2 qçars habités par des cherifs; debiha sur les Imsouffa). 80
Béni Khallouf (debiha sur les Ignaouen). 150
Oulad Bou Ions (debiha sur les Aïtlsfoul). 100
Tamegrout Ait Ben Nacer (Zaouïa Sidi Ben Nacer; le chef de la famille et de la
zaouïa est aujourd'hui Sidi Mohammed ou Bou Bekr). 100!)
Sefalat (pas de debiha sur les Beràber. Les Sefalat sont des Roha indépendants). 800
Qçàbi Izligen (debiha sur les Izligen). 100
RIVE DROITE I
Oulad Brahim (debiha sur les Aït Isfoul). 300 fusils.
El Megarba (debiha sur les Izakenniouen). 80
BASSIN DE L’OUAD DBA.
293
Agni (debiha sur les Ignaouen). GO fusils.
Tazrout (debiha sur les Aït Bou Iknifen). 100
Tinfou (debiha sur les Izligen). 100
Zaouïa Sidi Bou Nou. 100
Distances : d’Amzrou à Tamegrout comme de Tamnougalt à Tesaouant.
De Timtig à Tamegrout comme de Tamnougalt à Iouriken.
De Tamegrout à Qçâbi Izligen comme de Tamnougalt à Tesaouant.
Oulad Braliim esta hauteur de Tamegrout.
On voit qu’entre Amzrou et Tamegrout il n’y a point de qçar sur la rive droite. Cependant les deux
bords et une partie du lit du fleuve ne cessent sur cette étendue d’être couverts de palmiers.
Au Fezouata appartient encore le qçar d’Asrir Ilemsan, situé sur le territoire du Ternata.
Fezouata ou Tagmadart est, comme Ternata, le nom d’une région et non celui d’une tribu. Ici non
plus, ni assemblée ni chikh ne gouverne tout le district. Chaque localité vit isolée et s’administre à
sa guise. Les qçars appartiennent à leurs habitants, qui sont des Draoua : chacun est indépendant des
autres, et a, séparément, sa debiha sur une fraction dos Berâber. De même que les Draoua du nord
sont soumis qui aux Aït Scddrât, qui aux Oulad labia, qui aux Boha, ceux du Fezouata et des districts
situés au sud du Fezouata, c’est-à-dire du Qtaoua et d’El Mhamid, sont soumis aux Berâber. Cette
sujétion diffère, par ses conditions, de celle du nord. Là, les Draoua, enveloppés dans une popula¬
tion étrangère souvent plus nombreuse qu’eux, partout mélangés avec elle, n’ont aucune part à l’ad¬
ministration et ne sont comptés pour rien. A partir d’ici, ils] sont les seuls habitants fixes; mais,
comme les qçars de Tatta, et bien plus qu’eux, ils sont obligés, pour être à l’abri de la puissante
tribu nomade qui les entoure, d’avoir chacun leur debiha sur une de ses fractions. En raison de la
faiblesse des Draoua et de la puissance de leurs voisins , les Ait Atta (l’un des deux grands groupes
des Berâber), les charges du vasselage sonl lourdes pour les trois districts du bas Dra. Nous avons in¬
diqué plus haut sur quelle fraction des Aït Alta chaque qçar du Fezouata a sa debiha.
La population du Fezouata se compose donc d’abord des habitants fixes, les Draoua, qui se gou¬
vernent eux-mêmes, chaque qçar séparément, comme les gens de Tisint et de Talla; puis de Berâber
de passage : ceux-ci ont dans les qçars des maisons où ils déposent leurs provisions, mais où ils n’ha¬
bitent pas, vivant d’ordinaire sous la tente.
Point de chevaux chez les Draoua du Fezouata, ni chez ceux du Qtaoua et d’El Mhamid.
Deux marchés dans le Fezouata : l’Arbaa Amzrou et le Sebl Tamegrout.
Un mollah.
Entre Zaouïa el Qlaa et Amzrou, sont les ruines d’une ville autrefois la plus peuplée et la plus puis¬
sante du Dra, Zegoura.
Tamegrout est le siège d’une des plus grandes zaouïas du Maroc. C’est l’une des cinq dont l’influence
politique aussi bien que religieuse s’étend an loin et peut acquérir par les circonstances une impor¬
tance énorme : ces cinq zaouïas sont : celle d’Ouazzân (Moulei Abd es Selam), celle de Bou el Djad
(Sidi Ben Daoud), celle du Metrara (Chikh Mohammed el Arabi el Derkaoui), celle de Tamegrout (Si¬
di Mohammed ou Bou Bekr), celle du Tazeroualt (Sidi El lloseïn). En ce moment, l'influence des qua¬
tre premières est surtout religieuse, celle de la cinquième surtout politique. Le pouvoir de Sidi Ben
Nacer est immense dans toute la vallée de l'Ouad Dra, dans celle du Sous, dans celles des ouads Dâ-
des et Idermi; il s'étend jusqu’à Tatta et Agadir Irir à l’ouest, jusqu’à moitié chemin du Tafilelt à
l'est. Cette zone, qui comprend une grande partie de la tribu des Berâber, presque tout le groupe des
Aït Atta, est entièrement à sa dévotion. On vient en pèlerinage à Tamegrout de bien plus loin encore,
de Mogador, du Sahel, du Tafilelt : le nom de Sidi Mohammed ou Bon Bekr est connu et vénéré dans
tout le Maroc. Le sultan marque en toute occasion le plus grand respect pour ce saint.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
VI. — Qtaoua.
En sortant du Fczouata, l’Ouad Dra entre dans un désert appelé El Khewg : plus de cultures, plus de
palmiers, ni dans son lit ni sur ses bords : le désert est absolu ; mais il n’est pas long. La longueur en
est égale à deux fois la distance de Tanmougalt à Ourika. C'est à l’extrémité de ce désert que le fleuve
traverse le Bani : il perce la chaîne au kliencg appelé Foum Tacjqat. Cette trouée par laquelle l'Ouad
Dra débouche dans le Sahara proprement dit, au sud de la digue si étrange du Bani, a une grande
célébrité chez les Berûber. Ils la regardent comme le lieu de leur origine première, comme leur ber¬
ceau commun, et y font chaque année des pèlerinages et des sacrifices. Après avoir passé Foum Taq-
q a t , on arrive bientôt au district du Qtaoua.
Le Qtaoua, qu’on appelle aussi fi Azrar, est borné au nord par le petit désert d’El Kheneg et au sud
par celui de Bou Selman. 11 se compose des qçars suivants, situés sur les bords de l’Ouad Dra : voici
leur énumération, en descendant le fleuve :
RIVE DROITE I
100 fusils.
Béni Semgin (debiha sur les Ignaouen).
Qçâbi Oulad Bon Ijerira (debiha sur les Ignaouen).
Regba (debiha sur les Ignaouen).
Insrad (debiha sur les Ignaouen).
Béni Haïoun (debiha sur les Ignaouen).
Qacba er Remla (debiha sur les Ilemsan).
Iklichouan (debiha sur les Ilemsan).
Béni Ilenaït (debiha sur les Aït Bou Iknifen).
Zaouïa Sidi Çaleh.
Béni Sbih (debiha sur les Aït Bou Iknifen).
Aït Reba (debiha sur les Ignaouen).
40
GO
1000
G00
50
200
200
400
80
Zaouïa Sidi Abd el Ali.
Zaouïa el Berrania.
Distances : de Qçâbi Izligen à Béni Semgin comme de Tanmougalt à Tesaouant.
De Béni Semgin à Insrad comme de Tamnougalt à Ouriz.
DTnsrad à Béni Haïoun comme de Tamnougalt à Takatert.
De Béni Haïoun à Béni Sbih comme de Tamnougalt à Ouriz.
De Béni Sbih à Zaouïa el Berrania comme de Tamnougalt à Ouriz.
La population du Qtaoua est la même ct.se trouve dans les mêmes conditions que celle du Fczouata.
Elle se compose de Draoua (ilaratîn) se gouvernant à leur fantaisie dans leurs murs, mais tributaires
des Berûber : un certain nombre de ces derniers habitent parmi eux, à litre d’étrangers; ils ont des
maisons dans les qçars, y vivent une partie de l’année, et l’autre errent sous la tente. En dehors des
Draoua et des Berûber, il y a une troisième classe de personnes : celle des chéri fs et des marabouts :
ils sont, comme presque partout, indépendants.
Il existe trois très grands qçars dans le Qtaoua : Insrad, Béni Haïoun et Boni Sbih.
Insrad est remarquable par l’instruction et la piété de sa population : presque tous les hommes sont
talebs ou hadjs. Le qçar est administré par un.chikh : le chikh actuel s’appelle Er Ilijel ; c’est un Draoui
des plus noirs. Insrad n'a qu’une seule porte; quiconque pénètre dans la ville y dépose ses armes en
entrant.
Béni Haïoun est gouverné par son chikh, El Bechra ould Mellouk. C’est l’homme le plus puissant du
Qtaoua. Il a sous son autorité plusieurs autres qçars : Béni Henaïl, Ikhehouan, Qaçba er Remla, Zaouïa
Sidi Çaleh. Béni Haïoun, sa résidence, forme ainsi la capitale d’une petite confédération : c’est pour¬
quoi on donne parfois à ce qçar le nom d’El Qtaoua. Chikh El Bechra est , comme ses voisins, vassal
des Berûber. Il est célèbre par ses richesses et son luxe: il possède un immense jardin où sont enfer-
BASSIN DE L’OUAD DBA.
2«j;,
rués des mouflons, des gazelles, des autruches et d’autres animaux du désert. Outre ses marchés heb¬
domadaires, Béni llaïoun a un marché permanent au milieu du qçar.
Béni Sbih est un grand qçar, rival de Béni llaïoun et souvent en guerre avec lui; il a pour chikh un
Draoui , Chikh lil Aziz. Béni Sbih possède six mosquées et un marché permanent. L’enceinte du qçar
n’a que deux portes.
Les marchés du Qtaoua sont, outre les marchés permanents mentionnés : le had et le khemîs de
Béni llaïoun, le had et le khemîs de Béni Sbih.
Deux mellahs, l’un à Béni llaïoun, l’autre à Béni Sbih.
VII. — El Mhamicl.
El Mhamid, ou, comme on l’appelle pour le distinguer d'autres lieux du même nom, Mhamid el
Rozlân, est le dernier district du pays de Dra. Entre le Qtaoua et lui se trouve un court désert, Khela
Bon Selman. Le fleuve le traverse, les rives stériles. 11 en sort pour entrer dans El Mhamid, où ses
bords se couvrent de nouveau de palmiers et de qçars; voici les noms de ces derniers, dans l’ordre où
on les rencontre en descendanl le fleuve :
RIVE GAUCHE :
Oulad Dris (debiha sur les Aït Bou Daoud). 400 fusils.
Bou Non (debiha sur les Aït Alouan). 80
Tleha (debiha sur les Aït Bou Daoud). 100
El Mharza (debiha sur les Ignaouen). 50
Qciba Aït Aïssa ou Brahim (Aït Aïssa ou Brahini). 100
Oulad Hamed (debiha sur les Ignaouen). 300
El Betha (debiha sur les Aït Bou Daoud). 80
Cendouga (debiha sur les Ignaouen). 40
Oulad Mhiia (debiha sur les Aït Alouan). 200
Qciba Chiadma (pas de debiha. Les Chiadma sont Arabes et indépendants). 200
Qciba Sidi Zaoui (debiha sur les Aït Alouan). 100
Distances : de Zaouïa el Berrania à El Betha comme de Tamnougalt à Tesaouant.
D’El Betha à Oulad Hamed . 000 mètres.
D'Oulad Hamed à Cendouga comme de Tamnougalt à Takatert.
De Cendouga à Qciba Chiadma. . . . 800 mètres.
D’Oulad Hamed à Oulad Dris comme de Tamnougalt à Ouriz.
D’Oulad Dris à El Betha comme de Tamnougalt à Ouriz.
D’Oulad Mhiia à Cendouga . 800 mètres.
La population d’El Mhamid est semblable à celle du Qtaoua et du Fezouata et se trouve dans les
mêmes conditions : Uraoua tributaires des Berâber, possédant les qçars, et se gouvernant dans chacun
d’eux isolément et à leur guise; Berâber de passage; cherifs indépendants.
Point d’autre marché que le marché permanent d’Oulad Hamed.
Un mellah.
Au sortir d’El Mhamid, l’Ouad Dra s’enfonce dans le désert : il y reste jusqu’à l’Océan.
VIII. — Affluents de l'Ouad Dra.
Voici les noms de quelques-uns des affluents de l’Ouad Dra, entre le Klicneg Tarea et El Mhamid.
Affluents de la rive droite :
Ouad imider. — 11 a son confluent au-dessus de Rebat (Mczgîta). Il ne traverse que le désert.
Ouad Tamtsift. — Il a son confluent au-dessus d’Ouriz. Il arrose successivement la qoubba de Tarourt,
Tasla Aït Brahim, Aït Semgan (appelé aussi Amenrirka), Tesaouant, Ourika. A Ourika, se jette sur sa
rive gauche un ruisseau prenant sa source à Aïnach, zaouïa avec dattiers et cultures située à quelque
distance dans la montagne.
290
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Ouad Agni Ouremd. — 11 a son confluent au-dessus d’Aremd; il ne traverse que le désert.
Ouad Bou Louytin. — Il a son confluent à Argioun. Cette localité est à égale distance de Tamnougalt et
d’Ourika.
Ouad Alemt. — Il a son confluent au-dessus de Tamkasselt; il ne traverse que le désert : c’est un cours
d’eau d’une assez grande longueur.
Ouad Tansikht. — Il a son confluent au-dessus d’Aït Oussilii; c'est un cours d’eau assez long, mais ne
traversant que le désert.
Ouad Alemta. — Il a son confluent au-dessus de ltebat Ait Mimoun; il ne traverse que le désert, bien
qu’assez long. Alemta est le nom d’une montagne d’où descendent plusieurs rivières.
Ouad Tasminert. — - Il a son confluent entre Aqcbt et Oulad Mesad. 11 vient du Khela Tasminert et de¬
meure pendant tout son cours dans le désert.
Ouad . — 11 a son confluent au-dessus de Zaouïa Amadar; il ne traverse que le désert.
Ouad M hit. — Il a son confluent au-dessus de Timskalt. Il ne traverse que le désert.
Ouad . — Il a son confluent sous Zaouïa el Feggouç. Il ne traverse que le désert.
Ouad Nfui. — 11 a son confluent sous Qaçba el Kaba. Il ne traverse que le désert.
Ouad El Batha el Beida. — 11 a son confluent au-dessus de Tarzout. Il ne traverse que le désert.
Ouad Gremar. — Il a son confluent au-dessus d’El Meqatra. Il ne traverse que le désert.
Ouad Abd Allah. — Il a son confluent au-dessus de Rebat el Hadjer. Il ne traverse que le désert.
Ouad Mergou. — Il a son confluent au-dessus d’El Aroumiat. Il ne traverse que le désert.
Ouad el Feja. — Il a son confluent au-dessous de Zaouïa el Baraka: c’est un cours d’eau long, mais désert.
Ouad el Miet. — Il a son confluent au-dessous d’Oulad Brahim. Il ne traverse que le désert.
Ouad Zerri. — Il a son confluent au-dessus d’Anagam. Il ne traverse que le désert.
Affluents de la rive gauche :
Ouad idili. — Il a son confluent au-dessous de Tiniril. Il prend sa source dans le Sarro : le cours en
est désert.
Ouad Tara Melloul. — 11 a son confluent au-dessous de Taleouin. Le cours en est désert.
Ouad Abdi. — Il a son confluent au-dessus de Talat : il ne traverse que le désert. Il prend sa source
dans le Djebel Kisan et n’est qu’un ravin très court : au contraire, les cours d’eau précédents sont longs.
Ouad au Aïssa ou Daoud. — Il a son confluent au-dessous d’Aït Khelfoun ; il ne traverse que le désert.
Ouad Tangarfa. — Il a son confluent au-dessous d’Aït Khelfoun : il ne traverse que le désert, et se jette
audessous du cours d’eau précédent.
Ouad Ousreït. — Il a son confluent au-dessous d’Abernous; il ne traverse que le désert.
Ouad Tamellalt. — Il a son confluent au-dessous de Zaouïa Sidi Dris; il ne traverse que le désert.
Ouad . — Il a son confluent entre Taaqilt et Ifriouin; il ne traverse que le désert.
Ouad. . — Il a son confluent entre Ifriouin et Timesla; il ne traverse que le désert.
Chaba Moulei laqob. Il — a son confluent, au-dessus d’Aït Abd Allah ou Mimoun; il ne traverse que
désert.
Chaba Moulei Bou Fers. — Il a son confluent au-dessus d'Akhellouf; il ne traverse que le désert.
Chaba . — Il a son confluent au-dessus d’El Douirat. Il ne traverse que le désert. Ce
cours d’eau, ainsi que les quatre précédents, prend sa source dans le Khela Bou Zeroual.
Chaba . — Il a son confluent sous Tafroust; il ne traverse que le désert. On appelle
Tazenakht l’endroit où il se jette dans le fleuve.
Ouad el Miet. — 11 a son confluent sous Bou Zergan : c’est une rivière longue; elle ne traverse que
le désert.
Ouad el Farer. — 11 a son confluent entre Zegoura el Zaouïa el Ftah. Il prend sa source à Foum Ténia
Tatilelt. 11 ne traverse que le désert.
La plupart des rivières que nous venons d'énumérer sont presque toujours à sec.
BASSIN DE L’OUAD DBA.
2'.n
3°. — BASSIN INFÉRIEUR DU DBA.
L’Ouad Dra, des derniers palmiers d’El Mliamid à l’Océan, coule dans le désert. Sur sa rive droite,
c’est une plaine ondulée s’étendant jusqu’au Bani , plaine rayée par endroit de collines basses, et par¬
tout telle que nous l’avons vue au sud de Tintazart. Sur la rive gauche, on trouve, après avoir gravi
un talus, une plaine semblable à celle de droite : sol ondulé, avec de petits cours d’eau, et de la végé¬
tation au printemps. On appelle ces deux plaines les Feïja. La dernière a, en moyenne, une journée de
marche en profondeur; un nouveau talus, visible de Tatta, la borne au sud. Si l’on monte sur ce talus,
on trouve le hamada, vaste plateau où rien ne borne plus l’horizon : sol plat, dur et pierreux, sans
eau ni végétation. Le hamada s’étend au loin vers le sud : c’est le commencement du grand désert.
Si les bords du fleuve ne sont pas habités, les trois déserts qui l’entourent servent de terrains de
parcours à diverses tribus nomades; ce sont :
Les Tajakant, tribu religieuse, dont tous les membres sont marabouts. Elle est établie dans le ha¬
mada, au sud des Ida ou Blal et des Ait ou Mribet; elle a des tentes, et un qçar, Tindouf.
Les Arib , tribu nomade possédant un qçar, Zaïr, et des tentes : leurs campements s’étendent parfois
fort loin, dans le hamada à l’est des Tajakant, dans la Feïja méridionale en face des Beràber, et dans
le désert compris entre le sud du Talîlelt et le sud du Dra : d’ordinaire ils son? massés au sud du De-
baïa. Cette tribu . jadis considérable, est déchue aujourd’hui de son antique puissance. Les Arib se di¬
sent Arabes : ils sont blancs de peau et ne parlent que l’arabe.
Les Beràber , ou du moins certaines parcelles d’entre eux, surtout des portions des Ait Alouan (les
Ait Alouan font partie des Ait Atta) ; ils campent dans la Feïja septentrionale, en face de la région oc¬
cupée par les Arib ; ils ont pour limites : au nord le Bani, à l’est et au sud l’Ouad Dra, à l’ouest les Ida
ou Blal.
Les Icla ou Blal; ils occupent les deux Feïja, celle de la rive gauche comme celle de la rive droite,
entre les Arib et les Beràber à l'est et les Ait ou Mribet à l’ouest.
Les Ait ou Mribet ; ils occupent aussi les deux Feïja, entre les Ida ou Blal d’une part, et de l’autre des
tribus du Sahel sur lesquelles je n’ai pu recueillir de renseignements.
Au milieu de ces tribus nomades, on ne trouve que cinq qçars, isolés dans le désert ; ce sont :
Tindouf, sur le hamada, au sud de l’Ouad Dra. Ce qçar, de fondation récente, appartient aux Tajakant.
Il est important comme centre religieux et plus encore comme point de départ et d’arrivée de caravanes
annuelles du Soudan.
Zaïr, sur la rive gauche du Dra, à quelque distance de son lit. Ce qçar a été construit, il y a peu d’années,
par les Arib. La population, appartenant toute à cette tribu, en est d’environ 500 fusils. Il est arrosé
par des sources et possède quelques plantations de dattiers. Sa distance au lit du Dra est celle de Tam-
nougalt à Ouriz; sa distance au qçar le plus méridional d’El Mliamid est celle de Tesaouant à Ouriz.
QrarKhsa, situé sur la rive droite du Dra, à 3 ou 4 heures de son lit. Il appartient aux Khsa, fraction
des Oulad labia; la population en est d’environ 400 fusils; il est arrosé par un canal qui lui apporte
l’eau du Dra; point de dattiers. Sa distance à Zaïr est deux fois celle de Tamnougalt à Ourika; sa dis¬
tance à l’Ouad Dra est à peu près la même.
El Mhazel , sur la rive droite du Dra, à une certaine distance de son lit. C’est un grand qçar de 400 feux
habité par les Ait Sidi Abd en Nebi, marabouts descendant du saint de ce nom, dont la qoubba est
dans le qçar : la zaouïa est importante. El Mhazel est arrosée par des sources; point de dattiers. Elle
est au sud-ouest de Qçar Khsa, à une distance (pii est une fois cl un tiers celle de Tesaouant à Tam¬
nougalt.
Mrimima, ofi nous avons séjourné.
A côté de ces tribus nomades et de ces quelques qçars, se trouvent deux petits groupes de inara-
RECONNAISSANCE AU MAROC. 38
208
RECONNAISSANCE AU MAROC.
bouts vivant côte à côte sous la tente, en des lieux invariables, au nord du Debaïa : avec eux finit la
liste des populations qui occupent les déserts du Dra inférieur. Ces deux groupes sont :
Oulad sidi Amer , marabouts campant à quelque distance au nord du Debaïa, dans les collines de
Soussia.
Mrabtîn Hamîrin , marabouts campant non loin des précédents, dans les mêmes collines de Soussia.
Ainsi que nous l’avons dit en parlant des maders, l'Ouad Dra est presque toujours à sec dans son cours
inférieur : certaines années seulement, ses eaux dépassent El Mhamid et s’écoulent jusqu’à la mer; en¬
core cette crue ne dure-t-elle que quelques jours. En dehors de ces rares périodes, il n’a point d’eau,
sauf le peu que lui apportent en temps de pluie scs principaux affluents. Son lit est, dans cette portion,
presque partout sablonneux : ce fond, lorsqu’il est arrosé, devient très fertile : il produit une végéta¬
tion abondante et, si on l’ensemence, de superbes récoltes. Ces parties cultivables du Dra sont, d’a¬
bord, le Debaïa; puis, plus bas, différents tronçons portant le nom de mader. Le Debaïa et les maders
sont seuls labourables dans le Dra inférieur : le reste est stérile.
Le DEBAÏA. — Le Debaïa est une plaine de sable, longue de 2 jours de marche et large de 1 jour t/2.
L’Ouad Dra passe au milieu , la traversant dans sa longueur. Une partie de cette plaine se cultive cha¬
que année : les tribus voisines s’en sont partagé les terres; tous les automnes, elles viennent y passer
deux ou trois semaines, arrosent au moyen de canaux dérivés du Dra, et labourent ce qu’elles peuvent.
Si l’année est pluvieuse et la crue forte, les eaux du fleuve couvrent tout le Debaïa durant plusieurs
jours : sinon, les canaux seuls s’emplissent : enfin, s’il a fait très sec, l’eau manque entièrement et la se¬
mence est perdue. Les tribus qui cultivent dans le Debaïa sont : les Arib, les Aït Alouan (Ait Atta), les
Khsa (Oulad labia), les Oulad Chaouf (Oulad labia), les Nesasda (Oulad labia), les Ait Abd en Nebi , les
Oulad Sidi Amer, les Mrabtîn Hamirin.
Le Debaïa a son extrémité orientale à hauteur de Zaïr.
Les MADER. — Il y a une grande différence entre le Debaïa et les maders : le premier est une plaine
traversée par le Dra, les seconds sont le lit même du fleuve; l'un est arrosé par les eaux propres du
Dra, les autres ne le sont habituellement que par celles de ses affluents ; le Dra forme celui-là, les ri¬
vières qui s’y jettent produisent ceux-ci. Le Debaïa est situé de telle façon qu’il reçoit tout l’excédant
des eaux du Dra. Les maders sont chacun au confluent d’un tributaire du fleuve et se fertilisent du sur¬
plus de leurs eaux. Point de cours d’eau important se jetant dans le Dra qui n’y forme un mader ; point
de mader qui ail une origine différente. Flus la rivière est forte, plus la portion arrosée est considéra¬
ble, plus le mader est grand. Ces différents maders sont séparés entre eux et du Debaïa par des por¬
tions stériles; parfois, dans les grands maders, les cultures sont entrecoupées de courts tronçons im¬
propres au labourage.
Nous n’avons plus à décrire les maders, auxquels nous avons fait une visite racontée plus haut : les
eaux du haut Dra, arrêtées au Debaïa, y viennent rarement : on ne compte point sur elles pour
la récolte, la terre s’arrosant assez par l’eau qu’y déversent les rivières qui les forment. On y cul¬
tive de l'orge, un peu de blé et du maïs. Ce dernier devient d’une taille prodigieuse : les tiges en sont,
dit-on, plus hautes qu'un cavalier monté; les épis en ont près d’une coudée de long. Les années 1878,
1879, 1880, on a cultivé les maders; on ne l'a point fait en 1881 ni en 1882 : on n’ensemence que quand
des nuages apparaissent en automne, donnant l’espoir d’un hiver pluvieux, non qu’on ait besoin de
pluie dans les maders mêmes, mais il faut qu’il en tombe dans la montagne pour remplir les rivières
qui les arrosent.
11 y a six maders : le Mader Ida ou Blal , le Mader Tatta, le Mader Aqqa, le Mader Tizgi, le Mader
Icht, le Mader Imi Ougadir; ces maders sont séparés entre eux par des portions stériles plus ou moins
longues. Le premier est arrosé parles ouads Zgid et Kheneg et Teurfa, les cinq derniers par les ri¬
vières qui leur ont donné à chacun leur nom. Les Ida ou Blal et les habitants de Tisint labourent le
Mader Ida ou Blal ; les Ida ou Blal, les gens de Tatta et les Aït ou Mrîbet, le Mader Tatta; les Ait ou
BASSIN DE L’OUAD DBA.
299
Mrîbet et les gens d’Aqqa, le Mader Aqqa; les Ait o« Mrîbet et les gens des oasis voisines, les trois der¬
niers. Dans le Mader Ida ou B 1 a 1 , le terrain est imprégné de sel; l’eau, quand il y en a, est salée; si
l'on creuse des puits, c’est de l’eau salée qu’on trouve. Le meilleur des six maders, comme terrain, est
le Mader Aqqa; le plus vaste de beaucoup est le Mader Ida ou Blal. Ce dernier se divise en plusieurs
portions ayant des noms distincts et séparées entre elles par de courts espaces stériles : voici ces por¬
tions dans l'ordre où elles se présentent lorsqu’on descend le fleuve :
Zbar (1). . .
Zouaia. . . .
Bou Halg..
Tingaï .
Steïla .
Djema .
Bel Lebhan
Bou Rioul.
Chebka Djedeïd. . .
Rist Djedeïd .
Bou Arbaïn .
Hedeb Bou Naïla. .
Khrouf .
Bou Abd Allah. . . .
Ta Bou Abd Allah.
Tiba Marnia .
Qçar Chair .
Lebdia .
( entre eux est un espace stérile long comme la distance de Tisint à Aqqa Iren.
| entre eux est un espace stérile long comme la distance de Tisint à Aqqa Igiren.
( entre eux est un espace stérile long comme la distance de Tisint à Trit.
| entre eux est un espace stérile long comme la distance de Tisint à Trit.
J entre eux est un espace stérile long comme la distance de Qaçba el Djoua à Trit.
J entre eux est un espace stérile long comme la distance de Qaçba el Djoua à Tisint.
j entre eux est un espace stérile long comme la distance de Qaçba el Djoua à Trit.
j entre eux est un espace stérile long comme la distance de Tisint à Aqqa Ait Sidi.
! . id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
Distances : de Zbar à Tingaï comme de Tintazart à Qaçba el Djoua.
de Tingaï à Rist Djedeïd comme de Tintazart à Aqqa Igiren.
de Rist Djedeïd à Lebdia comme de Tintazart à Qoubba Sidi El Hoseïn.
de Tisint à Tingaï comme de Tisint à Kheouïa.
de Tisint à Zbar comme de Tisint à Kheouïa.
Quant au Mader Tatta, il est d’une pièce et n’est coupé d’aucune place stérile : la longueur en est
égale à la distance de Qaçba el Djoua à Tisint. 11 est séparé de Lebdia, dernier point du Mader Ida ou
Blal, par un désert : il faut, pour parcourir ce dernier, le même temps que pour aller de Tisint il Aqqa
Igiren.
AFFLUENTS. — D’El Mbamid au Sahel, l’Ouad Dra reçoit successivement un grand nombre d'af¬
fluents dont les principaux sont les suivants :
Affluents de la rive droite :
Ouad Ilamsailikh.
Ouad Zgîd, s’y jetant à Tingaï (Mader Ida ou Blal).
Ouad Bou Tamat, s’y jetant à Tingaï (Mader Ida ou Blal).
Ouad Jfenina, s’y jetant à Rist Djedeïd (Mader Ida ou Blal).
Ouad et Qtib, s’y jetant il Rist Djedeïd (Mader Ida ou Blal).
Ouad Kheneg et Tewfa, s’y jetant à Bou Arbaïn (Mader Ida ou Blal). ^
Ouad Bent en Nas, s’y jetant à Khrouf (Mader Ida ou Blal).
Ouad Tatta, s’y jetant il Areg Souir (Mader Tatta).
Ouad Meskaou, s’y jetant à Souekh (Mader Tatta).
(I) A Zbar se trouve, dit-on, au bord même du Dra, une hauteur rocheuse dont les flancs sont couverts d’inscriptions que nul
n’a pu déchiffrer : point de dessins, point de figures, rien que des caractères d’écriture.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
300
Ouad A/jqa, s'y jetant à Qoubba Sidi Amara (Mader Aqqa).
Ouad Tizÿi el iiaratin, s’y jetant à Mader Tizgi.
Ouad Ida, s’y jetant à Mader Iclit.
Ouad imi Ougadir, s’y jetant à Mader Imi Ougadir.
Affluent de la rive gauche :
Ouad Tangarfa, s’y jetant à Bel Lebhan (Mader Ida ou Blal) : cette rivière prend sa source dans le ba-
mada : sur ses bords, déserts aujourd’hui, on voit les ruines d’un qçar depuis longtemps abandonné;
une légende prétend que les habitants en ont été chassés par les moustiques. Pas d’eau dans l’ouad,
mais des puits d’eau douce en son lit.
Nous allons étudier séparément les divers cours d’eau tributaires de droite du Dra.
I. — Ouad Hamsaïlikli.
Ci1 n’est qu’un ruisseau, prenant sa source entre le Djebel Hamsaïlikh et le Djebel Mheïjiba et se je¬
tant dans l’Ouad Dra un peu plus haut que l’Ouad Zgid. Il ne coule que dans le désert.
II. — Ouad Zgid.
L’Ouad Zgid est formé de deux rivières, l’Ouad Arlal et l’Ouad El Qabia : il ne prend son nom qu’à
partir du confluent de ces deux cours d’eau, confluent situé un peu en amont du qçar de Smira. Il se
jette dans l’Ouad Dra au Mader Ida ou Blal, à Tingaï. Nous étudierons séparément l’Ouad Arlal, l’Ouad
El (Jabia et l’Ouad Zgid.
1" OUAD ARLAL. — 11 porte aussi, dans son cours supérieur, le nom d’Ouad El Gloa. Il prend sa source
dans le Petit Atlas et coule d’abord dans une vallée étroite, resserrée dans les flancs de cette chaîne. Il
y arrose successivement les qçars suivants, qui appartiennent aux Oulad labia et forment la région
appelée El Kheneg : ce sont, en descendant :
Bou er Iîebia 40 fusils.
El Merja 50 — •
Oulad Hammou
Oulad Adim
El Geddara
El Gloa 200 fusils.
C’est jusqu’ici que l'Ouad Arlal porte souvent le nom d’Ouad El Gloa; au-dessous, on ne l’appelle
qu’Ouad Arlal.)
Asemlil Qedîm
Asemlil Djedid
Assaka 30 fusils.
Agenf 30 —
Tagemt 30 —
Arlal 00 —
A Arlal, l’Ouad Arlal sort du Petit Atlas et entre dans la Feïja : cette Feïja est le prolongement de
celle que nous avo*s traversée avant d’arriver à Tanzida, vaste étendue plate et sablonneuse, déserte,
bornée au nord par les premières pentes du Petit Atlas, au sud par le Bani. La rivière y coule dans le
désert jusqu’auprès de Smira, où elle s’unit à l’Ouad el (Jabia.
Sur tous les cours d'eau du bassin de l’Ouad Zgid, sans exception, on trouve des dattiers à chaque
point habité : pas un village, pas un qçar, si petit qu’il soit, qui n’ait ses plantations de palmiers. Ces
rivières sont aussi les mêmes en ce qui concerne leurs eaux : elles en ont aux lieux habités et rarement
ailleurs.
Distances : de Smira à Arlal comme de Mrimima à Agadir Tisint.
de Smira à El Gloa comme de Tazenakht à Irels.
BASSIN DE L'OUAD DBA.
301
2" OU AD EL QABIA. — Il porte aussi les noms d’Ouad Ouinjgal et d’Ouad Alougoum. Il prend sa source
dans le désert de Tarouni. Ce désert a une longueur d’une journée de marche : il commence à Tazenakht
et finit à Ouinjgal; le sol en est rocheux et pierreux, sans aucune végétation. La .vallée de l’ouad est
d’abord encaissée entre les pentes du Petit Atlas et étroite : on trouve successivement sur son cours,
en le descendant, les qçars suivants :
Ouinjgal, Ouagginekht, Taouinekht (2 qçars), Zaouïa Sidi Blal , Tagergint, Amazzer, Ait Aïssa, Ait
Mrabet, Talat, Tastift, Foum el Ouad, Talill, Ait Taleb, Tirremt (Ait Taleb et Tirremt ont ensemble
200 fusils).
Les premiers qçars, jusqu’à Foum el Ouad inclus, forment le territoire des Ait ou Hamidi; les trois
derniers forment celui d’Alougoum; tous ensemble sont ce qu’on appelle le pays de Qabia. La popu¬
lation d'El Qabia, après avoir été longtemps alliée aux Oulad labia, s’est mise de sa propre volonté
sous l’autorité du Zanifi; cette région est donc regardée aujourd’hui comme faisant partie des États de
ce dernier.
A Tirremt, l'Ouad El Qabia sort du Petit Atlas et entre dans la Feïja : il y demeure, dans le désert,
jusqu’au point où il s’unit à l’Ouad Arlal.
D’Ouinjgal à Tirremt , les bords de l’ouad sont garnis de cultures, d’habitations et de dattiers for¬
mant une bande continue qui s’interrompt en un seul endroit, entre Taouinekht et Zaouïa Sidi Blal.
Entre ces points, les deux rives sont stériles et inhabitées : c’est un désert d’une heure de lon¬
gueur.
Pas de marché dans le Qabia.
Distances : de Tazenakht à Ouinjgal . 1 jour.
d’Ouinjgal à Tastift . 1/2 jour.
de Tastift à Tirremt . 1 heure 1/2.
d’El Mhamid à El Qabia comme de Tisint à Mrimima .
d’Oulad Djerrar à El Qabia (par Smira) . 1 jour.
d’El Mhamid à T Alougoum (en coupant au court par la Feïja). . 1/2 jour.
3n OUAD ZGID. — Il coule d’abord dans la Feïja. A hauteur du confluent dont il résulte se trouvent
trois petits qçars entourés chacun de nombreux palmiers, massés en un seul groupe, à 4 ou 5 kilomè¬
tres de distance de son lit, sur sa rive gauche : ce sont, en descendant :
Oulad Merah 70 fusils.
El Kheouïa
Nkheïla 150 fusils.
Ces trois qçars appartiennent aux Oulad labia (fraction des Oulad llellal).
A quelques pas au-dessous du confluent où il prend naissance , l’Ouad Zgid entre dans l'oasis de
Zgid : il y arrose successivement les qçars suivants :
Smira .
Oulad Ilammou
Oulad Hamida.
Oulad Djema. .
El Mharoug.. .
Oulad Bou Qdir
El Rouanem. .
Amzou .
El Mhamid. . .
Agroud .
Tamzaourout. .
Amzaourou. . .
Aqqa .
Bou Delai . . .
M hindi .
rive
gauche
70 fusils
rive
gauche
rive
gauche
rive
gauche
rive
gauche
20 fusils.
rive
gauche
rive
gauche
rive
gauche
50 fusils,
rive
droite
150 —
rive
gauche
rive
droite
30 fusils
rive
droite
30 —
rive
droite
rive
gauche
30 fusils
rive
droit*1
400 —
RECONNAISSANCE AU MAROC.
302
Bou Gir . rive gauche 40 fusils.
Oulad Belqas . rive droite
Oulad Djerrar . rive gauche
Tabia en Nkheïla ) . , , . „ . , ,_A .
„ . compris sous le nom de labia n Boro . rive gauche 150 tusils.
labia Djedida
Ces qçars sont échelonnés dans la Feïja au bord même de l’ouad; de Smira à Tabia en Nkheïla, les
rives de celui-ci sont, sans interruption, bordées de dattiers. L'oasis de Zgid ne comprend pas d’au¬
tres qçars que ceux qui viennent d’être mentionnés : elle appartient à deux fractions des Oulad Ialiia,
les Oulad Reliai possédant tout ce qui est sur la rive gauche, l’Ahel El Mhamid possédant tout ce qui
est sur la rive droite. L’oasis de Zgid se trouve, comme celles de Tisint, de Tatta, d’Aqqa, au pied du
Bani, auprès d’un kheneg par où s’écoule la rivière qui l’arrose; mais, au lieu d’être au sud du Bani
comme Tisint et Aqqa , elle est au nord comme Tanzida, comme une partie de Tatta. Pas un seul
qçar du Zgid n’est au sud de la chaîne.
Un marché dans le Zgid, le tenin de Smira.
Immédiatement au-dessous de Tabia en Nkheïla, la Feïja finit, et l’Ouad Zgiçl traverse le Bani au
kheneg dit Foum Zgid. De là, il entre dans une vaste plaine déserte où il coule jusqu’au village isolé
de Mrimima. De ce point à son confluent avec le Dra, à Tingaï, son cours se continue dans la même
plaine, aussi unie et aussi déserte qu’auparavant; à l’approche de l’Ouad Dra, elle prend le nom de
Terf ed Del et devient sablonneuse : dans cette partie, les eaux de l’Ouad Zgid la fertilisent et elle pro¬
duit de belles moissons. Cette plaine de Terf ed Del est analogue à celle de Medelles, que nous avons
visitée, et est, comme elle, séparée du lit du Dra par un mince bourrelet rocheux.
Distances : de Mrimima à Oulad Djerrar. . . . 1 jour.
de Tisint à Tabia n Boro (par la Feïja) . 3/4 de jour.
de Tabia n Boro à Mhinch . 3/4 d’heure.
de Mhinch à El Mhamid . 1/2 heure.
d’El Mhamid à Tabia en Nkheïla . 3 heures.
Il y a doux mollahs dans le bassin de l’Ouad Zgid; l’un dans le Zgid, l’autre dans l’Alougoum.
AFFLUENTS. — L’Ouad Zgid a trois affluents principaux, tous sur sa rive droite; ce sont : l’Ouad
Tlit, s’y jetant à El Mhamid ; l’Ouad el Feïja, s’y jetant aussi à El Mhamid, quelques pas plus bas; l’Ouad
Tisint , s’y jetant à environ 2 kilomètres au-dessous de Mrimima.
Ouad Tlit. — L’Ouad Tlit prend sa source dans le Khela Ikis, désert montagneux, rocheux, sans vé¬
gétation : sa vallée, enfermée entre les pentes du Petit Atlas, est d’abord fort étroite : il y arrose suc¬
cessivement les qçars suivants :
Amdzgin, Tafrouqt (Zaouïa Sidi Merri), Argemmi, Tagadirt, Taourirt n Ouzenag, Seroub (mara¬
bouts), Qioud, Taourirt n Tilles, Agred, Imi n Tlit, Aoufelgach.
Ces qçars, avec ceux que nous mentionnerons plus loin sur l’Ouad Temgissin, forment tout le ter¬
ritoire du Tlit. Il est sous l’autorité du Zenâgi, à l’exception d'Argemmi, de Tagadirt et d’Aoufel-
gach qui se sont rangés sous celle du Zanifi.
A Aoufelgach, l’Ouad Tlit sort de la montagne et entre dans la Feïja : il y coule dans le désert jus¬
qu’à son confluent avec l’Ouad Zgid, à El Mhamid.
Point de marché dans le Tlit. Une zaouïa importante, celle de Sidi Merri, à Tafrouqt : là se trouve le
tombeau de ce saint; il est très vénéré : c’est tout ce qui reste de Sidi Merri; il n’existe plus de des¬
cendant de lui dans la zaouïa.
Distances : de Temdaouzgez au désert d’Ikis (à travers le désert d’Ifenouan) . . 3 heures.
longueur du désert d’Ikis . 3 heures.
de Temdaouzgez au Tlit . 1/2 jour.
d’Amdzgin à Imi n Tlit . 3 heures.
d’Imi n Tlit à Aoufelgach . 1 heure.
d’Aoufelgach à El Mfyamid . 1/2 jour.
BASSIN DE L'OUAD DRA.
303
AFFLUENTS. — L’Ouad Tlit a un affluent, l’Ouad Temgissin, se jetant sur sa rive droite à Imi n
Tlit.
Ouad Temgissin. — Il coule entre les pentes du Petit Atlas. Dans son cours inférieur, il arrose suc¬
cessivement les trois qçars que voici; ils font partie du Tlit :
Temgissin, Ait Maouas, Imaraten.
Le premier reconnaît l’autorité du Zanifl; le dernier, celui de l’Azdifl; quant à Ait Maouas, c’est un
qçar de marabouts : il est indépendant.
Distance : d’Imi n Tlit à Temgissin . 3 heures.
Ouad kl Feija. — Il prend sa source dans la Feïja, entre Tanzida et Zgid. Un seul point habité sur
son cours, le qçar d’Erhal. *
Ouad Tisint. — Cette rivière, aussi importante que l’Ouad Zgid lui-même, fera l’objet d’un article
spécial.
REMARQUE SUR LA TRIBU DES OULAD IAHIA. — La vaste région comprise entre le Bani au sud, le Dra
à l’est, les abords du Ouarzazât au nord, les Ait Tigdi Ouchchen , les Ait Amer, les Zenàga, les Ida ou
Blal à l’ouest, forme le territoire des Oulad labia : on voit que presque tout le bassin de l’Ouad Zgid y
est renfermé. Les Oulad Iahia sont une nombreuse et puissante tribu de nomades, habitant la plupart
sous la tente , mais ayant aussi un certain nombre de qçars : ces qçars sont , les uns dans le bassin de
l’Ouad Zgid, les autres plus au nord, sur de petits affluents du Dra, enfin un certain nombre sur le
Dra (Ait Zeri, Ternata). Ils se disent de race arabe. Leur langue est l’arabe, mais beaucoup d’entre eux
savent le tamazirt. Ils sont très blancs de peau; leur type ressemble à celui des Ida ou Blal; leurs
femmes sont d’une beauté remarquable. Dans leurs vêtements, ils se rapprochent plutôt des Chellaha
que des Ida ou Blal : moins de khent, moins de bernons blancs que ces derniers : des khenifs, des
bernous gris et bruns, des baïks rayés de diverses couleurs. Les femmes ont le costume qu’on porte à
Tisint et chez les Ida ou Blal.
Les Oulad Iahia réunis forment environ 3000 à 3300 fusils. Ils sont sous le commandement d’un
chikh unique, Chikh El Arabi ben Otman, dont la famille exerce depuis un temps immémorial le pou¬
voir suprême sur toute la tribu. Chikh Ben Otman réside sur les bords du Dra dans le qçar appelé in¬
différemment Qcîba Chikh El Arabi, ou Ait Otman (Ait Zeri). Chikh El Arabi est indépendant et n’a
aucune relation avec le sultan. Son pouvoir est très efficace sur des rives du Dra : il va s’affaiblissant
à mesure qu’on s’éloigne d’elles. Le chikh est en ce moment en paix avec ses voisins; c’est une excep¬
tion : il est presque toujours en guerre avec eux, surtout avec le Zanifl et le Mezgîti. Chikh El Arabi
a sous son autorité non seulement tous les Oulad Iahia, mais encore le district du Tinzoulin et le grand
qçar de Timesla, peuplés l’un et l’autre de Draoua.
Trois centres religieux ont une grande influence sur les Oulad labia :ce sont les zaouïas de Mrimima
(Zaouïa Sidi Abd Allah Oumbarek), de Tamegrout (Zaouïa Sidi Ben Nacer) et de Bon Mousi (Sidi Ali
ou Abd er Rahman). Les marabouts de Bou Mousi sont ceux qu’ils vénèrent d’une façon spéciale, ceux
auxquels ils remettent chaque année leur principale redevance religieuse.
Les Oulad Iahia se décomposent en :
Oulad Bechili (habitant l’Ouad Dra : les Aït Zeri en sont une fraction);
El Kaba (qçars dans le Tinzoulin et désert) ;
Oulad Kerzab (qçar de Mêlai dans le Ternata et désert);
Nesasda (Rebat el Iladjer, Qaçba Ali ou Mousa,Gheradna dans le Ternata et désert);
Oulad Chaouf (Tignit dans le Ternata et désert);
Khsa (Tansita Fouqania, Qçar Khsa et désert);
Oulad Aïssa (qçars de l’Ouad El Gloa et autres, et désert);
Kerazba Tleuh (Ilir, El Kheouïa, Ansig et désert) ;
Nesoula (désert entre Tisint et Zgid);
RECONNAISSANCE AU MAROC.
30 4
Oulad Hellal (Zgid et désert) ;
Ahel El Mhamid (Zgid et désert);
Ait Hammou (qçars d’Ouzdiin, de Tesaouant, d’El Feggara et désert).
ITINÉRAIRES. — 1° De Mrimima au Tinzoulin. — De Mrimima à Zgid; de Zgid à Ait Taleb (Alou-
goum), en passanl par Smira; puis Arlal , Agent, Assaka, Asemlil , El Gloa, El Merja, Bou er Rebia. De là
on gagne Ijdouin (I) (zaouïa; 60 feux), Aïnach (zaouïa; 30 feux), El Feggara (qçar des Ait. Hammou;
400 fusils); enfin on arrive au Tinzoulin. On met en général 4 jours 1/2 pour faire ce chemin.
2° De Mrimima a Ait Otman. — De Mrimima à Oulad Djerrar, 1 jour; d’Oulad Djerrar à El Qabia(en
passant par Smira), 1 jour; d’El Qabia à Asemlil, 1 jour; d’Asemlil à El Feggara, 1 jour; d’El Feggara
à Ait Otman, 1 grande demi-journée. On met donc, par ce chemin, qui tjst à peu près le même que le
précédent , 4 jours 1/2 : c’est calculé à raison d’une marche de vitesse moyenne.
3" De Tazenakht au Tlit. — De Tazenakht, on gagne Temdaouzgez sur l’Ouad Azgemerzi. On passe
sur la rive droite de cette rivière et on s’engage dans le désert d’Ifenouan , portion de la plaine des Ze-
nâga, sol terreux où on laboure les années pluvieuses; du Khela Ifenouan, on entre dans le Khela Ikis,
en gravissant le talus rocheux qui limite la plaine des Zenâga. Le Khela Ikis est un désert pierreux,
montagneux; terrain difficile, point de végétation. On y marche jusqu'à Amdzgin , qçar le plus haut
du Tlit. — On compte une 1/2 journée de marche de Temdaouzgez à Amdzgin, la moitié de la route
s’effectuant dans le désert d’Ifenouan, l’autre dans celui d'Ikis.
4° Distances de Mrimima au Dra. — En marchant bien, on va de Mrimima à Mhamid el Rozlàn en
2 jours 4/2, et de Mrimima à Qcîba Chikh Ben Otman (par le Zgid) en 3 jours 1/2. De Mhamid el
Rozlàn à Qcîba Chikh Ben Otman, on compte deux fortes journées.
III. — Ouad Tisint.
L’Ouad Tisint est un cours d’eau résultant de la jonction de trois rivières qui s’unissent au pied du
Bani, à la porte du kheneg de Tisint. Ces trois rivières sont : 4° l’Ouad Tanzida, 2° l’Ouad Aginan,
qui se joint au premier auprès d’un groupe de palmiers appelé Tamjerjt , à 700 mètres en amont d’Aqqa
Ait Sidi, 3° l’Ouad Qaçba el Djoua s’unissant aux deux précédents peu au-dessous de leur conlluent, à
Aqqa Ait Sidi.
Nous allons étudier séparément ces trois cours d’eau ; puis nous passerons à l’Ouad Tisint.
1° OUAD TANZIDA. — Cette rivière prend sa source dans la Feïja et n’a d’autre localité sur son
cours que le qçar de Tanzida.
L’Ouad Tanzida, ainsi que tous les cours d’eau du bassin de l’Ouad Tisint, n’a d’eau qu’aux appro¬
ches des lieux habités.
AFFLUENTS. — 11 reçoit quatre affluents : l’un sur sa rive droite : c’est l’Ouad Agni, s’y jetant à Tan¬
zida; les trois autres sur sa rive gauche : ce sont les ouads Asengar, Agmour, Adres.
Ouad Agni. — 11 prend sa source au Tizi Agni et baigne le village d’Agni; celui-ci est le seul point
habité de son cours.
Ouad Asengar. — Ouad Agmour. — Ouad Adres. — Ces trois rivières se jettent dans l’Ouad Tanzida
dans l'ordre où nous les nommons, la première en amont, la dernière en aval, la seconde entre les deux
autres. Les cours en ont très peu de longueur. Elles descendent toutes trois du Bani, et ont chacune sur
leurs rives un qçar du même nom qu’elles, avec des plantations de palmiers : ces trois qçars sont des
zaouïas; ils sont indépendants et en dehors de toute tribu.
Distances : de Tanzida à Adres comme de Tisint à Qaçba el Djoua.
d'Adres à Agmour comme de Tisint à Qaçba el Djoua.
d’Agmour à Asengar comme de Tisint à Qaçba el Djoua.
(I) Sans cloute la même que la zaouïa cl’Ouzdiin.
BASSIN DL L'OUAD DH A.
305
2" OUAD AGINAN. — Il prend sa source dans le désert de Tasrirt. Puis il entre dans la tribu
d’Ounzin : il y arrose successivement les qçars suivants :
Tamdrart (célèbre pour ses poteries; on l’appelle aussi, à cause de cela, Qçar el Qdour).
Igerda, Taltgmout el Haratîn, Lemdint.
Jusqu’ici il n’y avait pas de palmiers : au-dessous de Lemdint, il y en a en tous les lieux habités de
la rivière :
Aserrar, Iril.
L’ouad sort après Iril de la tribu d’Ounzin et passe dans le district d’Aginan, où il arrose :
Doutourirt, Iferd Aginan (appelée aussi Fiirir), Azegza.
Ces trois qçars forment tout l’Aginan. Au-dessous d’eux, la rivière entre dans la tribu des Ait Bon
labia; elle en arrose deux des qçars, Kiriout, Timzourit.
Puis elle coule dans le désert et y reste jusqu’au point où elle s’unit à l’Ouad Tanzida.
Le territoire des Ait Bon labia se compose des deux qçars mentionnés et de quelques autres que
nous énumérerons plus loin : celui du district d’Aginan ne comprend que les trois qui viennent d’être
cités : celui de l’Ounzin en contient un grand nombre d’autres qui seront l'objet d’une mention spé¬
ciale : ces trois territoires ont pour population des Imaziren sédentaires, mélange de Haratîn et de Chel-
lalia, les derniers dominant : la langue y est le tamazirt. Les Ait Bou labia, l’Aginan et l’Ounzin sont
tous vassaux des Ida ou Blal.
Distances : de Tisint aux Ait Bou labia comme de Tisint à Aqqa Izenqad.
des Ait Bou labia à l’ Aginan comme de Tisint à Aqqa Ait Sidi.
de l’Aginan à Aserrar comme de Tisint à Trit.
d'Aserrar à Lemdint comme de Trit à Qaçba el Djoua.
de Lemdint à Igerda comme de Tisint à Aqqa Ait Sidi.
d’Igerda à Tamdrart comme de Tisint à Trit.
AFFLUENT. — L’Ouad A ginan reçoit un affluent, l’Ouad Ignan n Ikis, se jetant sur sa rive gauche
à quelque distance au-dessous de Timzourit.
Ouad Ignan n Ikis. — 11 prend sa source au Tizi n Haroun, dans le désert, sur le territoire des Ze-
nàga. Il arrose en descendant trois qçars qui forment le reste du territoire des Ait Bou labia; ce sont :
Ikis, Atrs n Ouafil, Tamessoult (Zaouïa Sidi Abd er Babman).
11 y a des palmiers en chacun de ces trois endroits, seuls lieux habités de la rivière.
Distance : d’Atrs n Ouafil à l’Aginan . 1/2 journée.
3" OUAD QAÇBA EL DJOUA. — Il prend sa source dans le défilé qui se trouve entre le massif des
Koudia Bou Tizen et le Bani ; il arrose trois qçars :
Qaçba el Djoua, Trit, Aqqa Ait Sidi.
AFFLUENTS. — L’Ouad Qaçba el Djoua reçoit trois affluents, tous sur sa rive gauche; ce sont : l’Ouad
Anbed Tesatift, s’y jetant à quelque distance au-dessus de Qaçba el Djoua; l’Ouad Triq Targant, s’y je¬
tant à Qaçba el Djoua; l’Ouad Aqqa Iren, s’y jetant à Trit.
Ouad Anbed Tesatift. — Il prend sa source au col appelé Kheneg Tesatift et coule sans cesse dans
le désert.
Ouad Triq Targant. — Il prend sa source à un col situé entre son bassin el celui de l'Ouad Targant;
le cours en est désert.
Ouad Aqqa Iren. — Il prend sa source dans le Khela Tasrirt. Il arrose ensuite un groupe de doux
qçars faisant partie de la tribu d’Ounzin : ce groupe de deux qçars s’appelle Ait Mançour.
Après Ait Mançour, il sort du territoire des Ounzin et entre dans le désert, où il demeure jusqu’à
Aqqa Iren.
D’Aqqa Iren, le cours, traversant la Feïja, est de nouveau désert jusqu’à Trit.
A Trit, Aqqa Iren, Ait Mançour, il y a des dattiers.
RECONNAISSANCE AU MAROC. 3‘>
RECONNAISSANCE AU MAROC.
306
Toutes les tribus ou fractions cantonnées sur cette rivière sont vassales des Ida ou Blal.
Distances : de Trit à Aqqa Iren comme de Tisint à Qaçba el Djoua.
d’Aqqa Iren à Aït Mançour comme de Tisint à Klieneg Tçsatift.
4n OUAD TISINT. — Nous connaissons déjà le cours de TOuad Tisint qui, commençant à Aqqa Ait
Sidi, traverse aussitôt après le kheneg appelé Foum Tisint, puis arrose l'oasis de Tisint; des 5 qçars
de celle-ci, un seul, Agadir, est sur ses rives mêmes. En sortant des palmiers de Tisint , la rivière en¬
tre dans le désert et y reste jusqu’au moment où elle se jette dans l’Ouad Zgid. Auprès de son con-
fluent, dans le voisinage de Mrimima, l’aspect en est le suivant : 150 mètres de largeur; lit de galets
et de sable; au milieu est une bande verte, large de 50 mètres, tamarix el gazon : là serpente d’habi¬
tude un peu d’eau : au mois de janvier 1884, la nappe avait 10 mètres de large et 20 centimètres de
profondeur; de plus, en divers endroits, se trouvaient des redirs : berges en pente douce de 3 à 4
mètres de haut.
11 n’y a point d’Israélites dans le bassin de TOuad Tisint.
REMARQUE SUR LA TRIBU D'OUNZIN. — La tribu d’Ounzin, qu’on appelle aussi quelquefois Iounzioun,
compte environ 1,200 feux : ils sont répartis en un grand nombre de villages situés sur les deux ver¬
sants du Petit Atlas. Ces villages sont :
Sur le versant sud , ceux que nous avons énumérés sur les cours des ouads Aginan et Aqqa Iren , et
un, Tisfrioui, sur TOuad Targant.
Sur le versant nord (bassin du Sous) :
Tamda Aïtbir, El Aïn Ounzin (appelé aussi Imi el Ain), Iranim, El Houaïdj Imersi (2 qçars), Imoula
(grand qçar), Anisi (ou Inisi) , Agouidir, Anamer, Ioulioul , Ould Fatma Hammou, Tamellakout, Tam-
jejrt, Agerd n Oulili, Ait Hamed, Taïfst.
Nous avons énuméré ces qçars en commençant par les plus septentrionaux et en finissant par les
méridionaux. Aucune rivière ne les arrose ; ils ne sont alimentés que par des sources.
Pas de marché dans l’Ounzin : les habitants vont à l’Arbaa Ammeïn et au Had Imtaoun.
Point de Juifs.
Cette tribu se trouve sur la route menant des Zagmouzen à Tisint. Elle est limitée au nord par les
Seketâna, au sud par TAginan et les Ait Bou labia.
ITINÉRAIRES. — 1" Des Zagmouzen a l’ Aginan. — On va d’abord au had des Seketâna : de là, on ga¬
gne le territoire des Imadiden. Des Imadiden on entre dans le désert de Talart Imadid, long d’une
heure de marche ; puis on passe dans la tribu d’Ounzin à Tamda : de Tamda, on va à El Aïn. Entre El
Ain et TOuad Aginan s’étend le désert de Tasrirt, long d’une journée : on le traverse. En en sortant,
on aboutit à Taltgmout, qçar des Ounzin sur TOuad Aginan : on descend ce cours d’eau jusqu’à TA¬
ginan.
2° De l’Aginan a Tamda Aïtbir (Ounzin). — On remonte TOuad Aginan jusqu’à Tamdrart. Puis
on le laisse et on gravit le flanc droit de sa vallée : après une forte montée, on parvient à un plateau,
Areg Igni n Imerraden. C’est un désert. On le parcourt et on passe dans un autre appelé Tougdin, puis
dans un troisième du nom de Taznout. Ces trois déserts font partie du Khela Tasrirt. A l'extrémité du
dernier se trouve le qçar d'El Aïn Ounzin : de là, on gagne Tamda. Point de rivière depuis TOuad Agi¬
nan. El Aïn est dans le bassin du Sous.
3n De Tisint a Tinfat. — De Tisint , on va rejoindre TOuad Aginan et on le remonte jusqu’à Tam¬
drart. De là, on gagne le qçar d’Argoummi, puis celui d’Irri, puis un groupe de plusieurs qçars appelé
Tinfat; Argoummi, Irri et Tinfat font partie de la fraction d’Imskal de la tribu des Seketâna. Ils sont
dans le bassin du Sous.
Distances : de Tamdrart à Argoummi comme de Tisint à Kheneg Tesatift.
d’Argoummi à Irri comme de Tisint à Qaçba el Djoua.
d’Irri à Tinfat comme de Tisint à Trit.
i" De Tisint a Tazouli. — On va à Aqqa Iren : de là, on remonte TOuad Aqqa Iren jusqu'à Ait Man-
BASSIN DE L'OUAD DBA.
307
cour. On quitte la rivière et on gagne successivement les qçars suivants : Taïfst, Inisi, Imi et Aïn, Tam¬
da, Madida (groupe de plusieurs qçars), Ifri Madida, Imtaoun (groupe de 4 qçars) et Tazouli (groupe
de 7 qçars) : tous sont dans le bassin de l’Ouad Sous; tous, sauf ceux de Tazouli, ne sont arrosés que
par des sources : depuis Ait Mançour, on ne rencontre aucun cours d’eau sur le chemin jusqu’à Tazouli :
là on trouve une rivière, l’Ouad Tazouli , venant du pays des Zenàga et se jetant dans l’Ouad Ait
Semmeg.
Taïfst, Inisi, Imi el Aïn , Tamda font partie de la tribu d’Ounzin. Madida et Ifri Madida font partie
de la fraction des Imadiden, de la tribu des Seketâna. Toutes ces localités, jusqu’à Tazouli, sont tribu¬
taires des Ida ou Blal.
Distances : d’Aït Mançour à Taïfst comme de Tisint à Qaçba el Djoua.
de Taïfst à Inisi comme de Tisint à Trit.
d’Inisi à Imi el Aïn comme de Tisint à Aqqa Iren.
d’Imi el Aïn à Tamda comme de Tisint à Aqqa Ait Sidi.
de Tamda à Madida comme de Trit à Aqqa Ait Sidi.
de Madida à Ifri Madida comme de Tisint à Aqqa Aït Sidi.
d’Ifri Madida à Imtaoun comme de Tisint à Trit.
d’Imtaoun à Tazouli comme de Tisint à Qaçba el Djoua.
IV. — Ouads Bou Tamat, Henina, el Qcib, Kheneg et Teurfa, Bent en Nas.
1° OUA D BOU TA MA T. — Il prend naissance à l’ouest do Tisint , sur le versant sud du Bani : près de
sa source, il passe à Qoubba Sidi Ali ou Azza, mausolée entouré de palmiers : un chéri f, gardien du
sanctuaire, habite seul ce lieu. De là, TOuad Bou Tamat va se jeter dans le Dra à Tingaï.
Distance : de Sidi Ali ou Azza à Agadir Tisint comme d’Agadir Tisint à Trit.
2° OU AD HENINA. — La source en est à l’ouest de celle de TOuad Bou Tamat, sur les pentes méri¬
dionales du Bani. Le cours en est parallèle à celui de TOuad Bou Tamat, mais ne traverse que le dé¬
sert. L’Ouad Ilenina se jette dans le Dra à Itist Djedeïd.
Aux environs de leurs sources, les ouads Henina et Bou Tamat sont éloignés comme Tisint l’est de
Trit.
3° OU AD EL QCIB. — Il prend naissance sur le versant sud du Bani, à l’ouest de TOuad Henina. Entre
les sources de ces deux rivières se trouve la distance d’Agadir Tisint à Aqqa Aït Sidi. L’Ouad el Qcib a
son cours désert et se jette dans le Dra à Bist Djedeïd.
4° OU AD KHENEG ET TEURFA. — Il est formé de trois cours d’eau se réunissant à la porte du
Kheneg et Teurfa; ce sont : TOuad Aqqa Izen, TOuad Tesatift et TOuad Aqqa Igiren. Nous étudierons
séparément ces trois rivières, puis nous passerons à TOuad Kheneg et Teurfa :
Ouad Aqqa Izen. — Cours d’eau sans importance ne traversant que le désert. Il prend sa source au
Kheneg Aqqa Izen.
Ouad Tesatift. — Cours d’eau sans importance, sans cesse dans le désert. 11 sort du Kheneg Tesatift.
Ouad Aqqa Ioiiien. — Cette rivière ne porte en général ce nom qu’entre Aqqa Igiren et le Kheneg
et Teurfa; au-dessus, dans tout son cours supérieur, on l'appelle Ouad Targant. Elle prend sa source
aux crêtes du Petit Atlas et arrose en descendant les qçars de Tisfrioui, Tisennasamin, Targant, Aqqa
Igiren (groupe de deux qçars).
Toutes ces localités sont entourées de dattiers. La première compte comme faisant partie de l’Oun-
zin ; Tisennasamin, Targant, Aqqa Igiren sont isolées. Dans (rois de ces lieux, la population est la
même, mélange de Haratîn et de Ghellaha vassaux des Ida ou Blal. A Targant seule il n’en est pas
ainsi : ce point, habité par des marabouts, est indépendant : Targant n’est d’ailleurs qu un petit qçar,
fort misérable.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
308
L’Ouad Aqqa Igiren, comme tous ceux qui prennent leur source sur le versant sud du Petit Atlas,
est partout à sec, si ce n’est aux points habités.
Distance : d'Aqqa Igiren à Targant . 4 heures.
AFFLUENTS. — L’Ouad Aqqa Igiren ou Ouad Targant reçoit entre Tisennasamin et Targant, sur
sa rive droite, un affluent important, l'Ouad Sidi Mohammed ou Iaqob.
Ouad Sidi Mohammed ou Iaqob. — On l’appelle aussi Ouad Ilir : prenant sa source à la crête du Pe¬
tit Allas, non loin du col d’Azrar, il traverse d’abord, en descendant, les déserts où campent les Ait
Jellal ; puis il arrose les qçars suivants :
Sidi Mohammed ou Iaqob (zaouïa), Fedoukkes, Reken, Ilir.
Les deux derniers sont entourés de dattiers; les premiers n’en ont point. Ces divers qçars sont iso¬
lés les uns des autres. Sidi Mohammed ou Iaqob se trouve sur la rive gauche de l’ouad : c’est une
zaouïa qu’habitent les descendants de Sidi Mohammed ou Iaqob ; le tombeau de ce saint se trouve là.
Les marabouts sont au nombre d’environ 80; on vient les visiter de fort loin. Ce point est un lieu de
pèlerinage fréquenté par les gens de Tisint, de Tatta et d’Aqqa, et par les Zenâga.
Distances : de Toug er Rih à Ilir comme de Toug er Rih à Foum Asgig.
d’Ilir à Reken comme de Tisint à Trit.
de Reken à Fedoukkes comme 2 fois de Tisint à Aqqa Ait Sidi.
de Fedoukkes à S. Mohammed ou Iaqob comme de Tisint à Aqqa Iren.
OUAD KHENEG ET TEURFA. — 11 passe, après sa sortie du Kheneg et Teurfa à El Mehagen (bas co¬
teaux); puis à Ain Delai (bouquets de palmiers, sans habitations) ; à Ain Chcbar (source); ensuite il
entre dans la plaine semée de gommiers d’El Kheroua, à l’extrémité de laquelle il traverse le Kheneg
el Gerzim : il descend de là à Gerzima (plaine de sable avec du sebt), puis arrose la plaine de Medel-
les et enfin se jette dans le Dra, dans la portion du Mader Ida ou Blal appelée Bou Arbaïn.
AFFLUENTS. — L’Ouad Kheneg et Teurfa a trois principaux affluents, deux sur sa rive droite et un
sur sa rive gauche. Les premiers sont l’Ouad Toufasour, s’y jetant au Kheneg el Gerzim , et l’Ouad
Asgig, s’y jetant au point même où il finit, à Bou Arbaïn. Celui de gauche est l’Ouad Djedari, s’y jetant
au sud du Gelob, au pied de ce mont.
Ouad Toufasour. — Il prend sa source dans l’areg, au sud du Bani, à Aoumasin (bouquets de pal¬
miers sans habitations), puis passe à Toufasour (quelques palmiers sans maisons); de là, il entre dans
la plaine d’El Kheroua, où il se jette, au Kheneg el Gerzim, dans l'Ouad Kheneg et Teurfa. Le cours
en est désert.
Affluent. — L’Ouad Toufasour reçoit un affluent, l’Ouad Mezarreb , se jetant sur sa rive gauche
dans la plaine d’El Kheroua.
Ouad Mezarreb. — 11 prend sa source aux collines d’El Mezarreb, au sud du Bani; le cours en est
désert.
Ouad Asgig. — 11 prend sa source dans les collines qui sont au sud de Tatta ; le cours en est désert.
Ouad el Djedari. — 11 prend sa source dans le flanc sud du Bani, entre l’Ouad el Qcib et le Kheneg
et Teurfa. Le cours en est désert. Il se jette dans l’Ouad Kheneg et Teurfa au pied du Gelob, mon¬
tagne nue, déserte et isolée qu’on voit de Rist Djedeïd : le massif du Gelob se trouve entre les deux
rivières qui coulent, l’une contre son flanc est, l’autre contre son flanc ouest, et se réunissent à son
extrémité sud. Le Gelob contient des mines d’antimoine.
5° OUAD BENT EN NAS. — L’Ouad Bent en Nas, qu’on appelle aussi dans son haut cours Ouad
Kheneg Zrorha , prend sa source un peu au nord du Kheneg Zrorha , traverse ce kheneg, s’engage
dans la plaine de Bouddeïr, en sort par le Kheneg Bent en Nas et enfin se jette dans le Dra au Khrouf.
Le cours en est désert.
AFFLUENTS. — Il reçoit deux affluents, l’Ouad Aïn es Seka, se jetant sur sa rive droite, et l’Ouad el
Bouir, se jetant sur sa rive gauche.
Ouad Ain es Seka. — Il prend sa source dans la plaine de Bouddeïr, passe à Aïn es Seka (source et
BASSIN DU L'OUAD DBA.
309
bouquets de palmiers, sans habitations), puis à Art el Mamoun (lieu désert), et enfin se jette dans
l’Ouad Bent en Nas.
Ouad el Bouir. — Il prend sa source à des puits situés à l’est de l’Ouad Bent en Nas. Le cours en est
désert.
REMARQUE SUR LA TRIBU DES AIT JELLAL. — I jes Ait Jellal, qu’on appelle aussi quelquefois Oulad
Jellal, sont une tribu nomade installée au nord des Ida ou Blal, avec qui ils sont presque toujours en
guerre, quoiqu'ils leur paient une debiha. Ils sont, avec les Oulad labia, la seule tribu nomade campant
sur le versant sud du Petit Atlas. Encore les Oulad labia ne sont-ils nomades qu’à demi et ont-ils bon
nombre de qçars ; les Ait Jellal, au contraire, n’en possèdent pas un seul et ne vivent que sous la tente.
Ils peuvent lever 800 à 900 fusils; leurs campements habituels sont sur les bords de l’Ouad Sidi Mo¬
hammed ou laqob, au-dessus de la zaouïa. Leurs limites sont : au nord la crête supérieure du Petit
Atlas, à l’ouest les Isaffen, à l’est l’Ounzin, au sud les Ida ou Blal; jamais ils ne descendent au-des¬
sous d’Afra sur l’Ouad Tatta, d’Ilir sur l’Ouad Sidi Mohammed ou laqob; ils ne sortent pas de la
montagne, où ils vivent du produit de leurs moutons et de leurs chameaux. Les Ait Jellal ne parlent
qu’arabe. Gomme les Ounzin, comme toutes les tribus de ces régions, ils sont indépendants. Les de-
bibas comme les leurs ne sont en aucune façon des marques de dépendance.
ITINÉRAIRE D'AQQA IGIREN A EL HOUAIDJ IMERSI. — On part d’Aqqa Igiren; on remonte l’Ouad
Targant en passant par Targant, Tisennasamin et Tisfrioui, puis on le quitte et, continuant à marcher sur
le territoire d’Ounzin où l’on est entré à Tisfrioui, on y traverse successivement les qçars d’Ould Fatma
Hammou, d’Agouidir, d’Imoula (très grand qçar); de là, on parvient à El Houaïdj Imersi (2 qçars). Ces
derniers qçars appartiennent à la tribu d’Ounzin; ils ne sont arrosés que par des sources et n’ont point
de dattiers; ils sont dans le bassin du Sous.
V. — Ouad Tatta.
L’Ouad Tatta prend naissance à la crête du Petit Atlas , dans la tribu des Ida ou Kensous : cette tri¬
bu occupe la portion du plateau supérieur de la chaîne siluée an nord de cette rivière, les sources
de celle-ci et son cours supérieur. L’Ouad Tatta arrose d’abord un certain nombre de villages des Ida
ou Kensous, puis il passe dans la tribu de Tagmout; il y baigne les qçars dont elle se compose. Là
commencent les dattiers. Le Tagmout succède immédiatement aux Ida ou Kensous : point de désert
entre eux. Au-dessous du Tagmout, au contraire, il y a un désert assez long. L’ouad le traverse et en¬
suite entre dans l’oasis de Tatta; il y arrose successivement les qçars suivants :
Afra (qui se prononce aussi Ofra; elle est formée de deux qçars : l’un, appelé Agadir Afra, ou Aga¬
dir el Hena, est sur le bord de la rivière; l’autre est situé à quelque distance, sur les premières pentes
du liane droit : il porte le nom d’Afra Fouqania, ou d’Aït Hoseïn. C’est dans ce dernier que se trouve
la qoubba de Sidi Mohammed d Ait Hoseïn).
Ait Iasin (formée de deux qçars)
Tarla . rive droite.
Tiiti . rive gauche.
Qacba el Makhzen (ruines d’une qaçba depuis longtemps,
déserte) . rive droite.
Tigiselt . rive gauche.
Agerzaggen . rive gauche.
Tiiggan (à quelque distance de l’ouad, sur sa rive gauche).
Au-dessous de Tiiggan, l’ouad entre dans une vaste plaine, Areg Bon Ajaj : à partir de là, il coule
dans le désert et y reste jusqu’à son confluent avec le Dca, dans le Mader Tatta, à F Areg Souir.
En tous les points habités du Tagmout et de Tatta, il y a des palmiers. Entre les divers qçars du Tag-
RECONNAISSANCE AU MAROC
.110
moût, point de portion déserte; il y a un désert assez long entre le Tagmout et Afra; il y en a d’autres
plus courts entre Afra et Ait Iasin, entre Ait lasin et Tarla, entre Tiiti et Qaçba el Makhzen, entre
Qaçba el Makhzen et Tigiselt, entre Tigiselt et Agerzaggen, entre Agerzaggen et Tiiggan. Ce n’est
qu’entre Tarla et Tiiti qu’il n’y en a point : encore les plantations ne s’y prolongent-elles que sur la
rive gauche de la rivière. C’est à hauteur de Tiiti que l’Ouad Tatta franchit le Bani, au Kheneg Adis :
il passe contre le flanc ouest du kheneg, le long de la montagne dont il baigne le pied; à ce point, il
est étroitement enfermé entre la paroi du Bani d’une part, les murs de Tiiti de l’autre.
De sa source à Ait Iasin, l’Ouad Tatta coule dans une vallée étroite et profonde, encaissée entre les
pentes du Petit Atlas; d’Aït Iasin à Tiiti, il descend par une série de plaines, areg , s’étageant entre
des lignes de collines rocheuses de 00 à 100 mètres de hauteur, toutes parallèles au Bani. Tarla est si¬
tuée au pied méridional de la dernière de ces chaînes avant le Bani. La région montagneuse que tra¬
verse la rivière entre le Tagmout et Afra s’appelle Bon Oudi.
Distances : de Qaçba el Makhzen à Tarla comme de Qaçba el Djoua à Trit.
de Tarla à Ait Iasin comme d’Agadir Tisint à Trit. -
d’Aït Iasin à Afra comme d’Adis à Toug er Rih.
de Toug er Rih au Tagmout comme de Toug er Rih à Kheneg Tesatift.
AFFLUENTS. — L’Ouad Tatta reçoit quatre affluents principaux : trois sur sa rive droite, un sur sa
rive gauche. Ce sont : sur sa rive droite : l’Ouad Sidi Nacer, s’y jetant dans le désert entre le Tagmout
et Tatta, à un point appelé Irir (gidi ; l’Ouad Asmerdan, s’y jetant entre Tarla et Ait Iasin; l’Ouad
Azerftin, s’y jetant dans le désert non loin de Tiiggan : sur sa rive gauche : l’Ouad Adis, s'y jetant dans
le désert, en un point appelé Beka Ghikh en Nahr.
Ouad Sidi Nacer. — Je n’ai pu avoir aucun renseignement sur lui.
Ouad Asmerdan. — Il prend sa source dans un massif de montagnes appelé Asmerdan. Il arrose en
descendant deux qçars, faisant partie de Tatta; ce sont :
Aïgou, Agellouz, l’un et l’autre entourés de dattiers.
Distances : de Tarla à Agellouz comme d’Aqqa Izenqad à Aqqa Izen.
d’Agellouz à Aïgou comme de Tintazart à Toug er Rih.
Ouad Azerftin. — Il prend sa source sur les premières pentes du Petit Atlas, traverse le Bani au
Kheneg Azerftin, puis se jette dans l’Ouad Tatta. Le cours en est désert.
Ouad Adis. — Il prend sa source dans le Petit Atlas, où il traverse un kheneg du nom d’Imi n ou
Aqqa. Le cours en est désert jusqu'au point où il entre dans l’oasis de Tatta, à Aqqa Izenqad : jusque-
là il est appelé Ouad Imi n ou Aqqa; c’est à partir d’Aqqa Izenqad qu’il porte le nom d’Ouad Adis. 11
arrose en descendant :
Aqqa Izenqad ;
Adis (2 qçars, Tamessoult sur la rive gauche de la rivière, Ait ou Ahman du même côté , mais à
quelque distance du bord);
Zaouïa Aïl Ben Nacer;
Qoubba Sidi Ali ben Djebira;
Djerfel Hammam (bouquets de palmiers; point d'habitations);
Tazoult ;
Eufriin (bouquets de palmiers et sources; point d’habitations).
Depuis Tazoult, il coule dans le désert, jusqu’au point où il se jette dans l’Ouad Tatta.
Il franchit le Bani au Kheneg Adis, dans la partie est de ce passage, au pied de Tamessoult dont
il baigne les murs.
AFFLUENTS. — L’Ouad Adis reçoit quatre affluents principaux, deux sur sa rive droite et deux sur
sa rive gauche. Ceux de droite sont : l’Ouad Izourzen, s’y jetant à Aqqa Izenqad; l’Ouad Toug er Rih,
s’y jetant entre la qoubba de Sidi Ali ben Djebira et Djerf el Hammam. Ceux de gauche sont : l’Asif
Oudad, s’y jetant un peu au-dessus d’Aqqa Izenqad; l’Ouad Djebaïr, s’y jetant à Eufriin.
BASSIN DE L’OUAD DBA.
31 1
Ouad Izourzen. — 11 prend sa source dans la région moyenne du Petit Atlas; le cours en est désert.
Affluent. — L’Ouad Izourzen reçoit sur sa rive droite, tout près d’Aqqa Izenqad, l’Ouad Bon
Chaked.
Ouad Bon Chaked. - — 11 prend sa source au puits de Bou Chaked; le cours en est désert.
Ouad Toug er Rih. — Cette rivière importante porte un grand nombre d’autres noms : on l’appelle
aussi Ouad Bou Herhour, Ouad Tirremt, Ouad Ijja. Elle prend sa source dans le massif montagneux
d'Azegga; elle entre ensuite dans l’oasis de Tattà où elle arrose successivement les qçars que voici :
Tifrest
Serrina \
Aït Ijja ( compris sous le nom d’Aït Zouli ;
Tazoulit )
Tirremt (composée de 3 ou 4 qçars) ;
Agjgal (appelée aussi Raliba) (à hauteur et non loin d’Afra sur l’Ouad Tatta);
Imtüan (à hauteur et près d’Aït Iasin sur l’Ouad Tatta),
Tigzmert (sur la rive droite de l’ouad, à quelque distance de son lit);
Taldnount (se compose de 2 qçars, Aglagal et Tammast : Taldnount en comprenait autrefois 7, mais
les 5 autres ont été détruits, il y a trente ans, par les Ida ou Blal; les ruines qu’on voit au point nommé
Ras Irir en faisaient partie. — Aglagal et Tammast sont sur la rive gauche de l’ouad ;
El Qçàhi (appelé aussi El Qcîbat et El Qaçbat; c’est un seul qcar formé de deux quartiers, Tirremt
et Aït Jellal, compris dans une même enceinte);
Tiiti ;
Toug er Rih (appelé aussi Isbabaten).
Auprès de ce dernier qçar, la rivière se jette dans l’Ouad Adis.
Elle traverse le Bani au kheneg d’Adis , passant au milieu du défilé, entre l’Ouad Tatta et l’Ouad
Adis.
Tous les points habités de l’Ouad Toug er Rih ont des palmiers.
Distances : d’El Qçâbi à Tigzmert comme de Toug er Rih à Adis.
de Tigzmert à Imtfian comme de Toug er Rih à Adis.
d’Imtfian à Agjgal comme de Toug er Rih à El Qçâbi.
d’Agjgal à Tirremt comme d’El Qçâbi à Adis.
de Tirremt à Tazoulit comme de Toug er Rih à Adis.
Asif Oudad. — Il prend sa source sur les pentes inférieures du Petit Atlas, aux collines d’Anamelloul,
et se jette dans l’Ouad Imi n ou Aqqa, peu au-dessous d’Aqqa Izenqad : le cours en est désert; on y
trouve, dans la montagne, le puits Hasi El Hasen Mohammed, creusé en son lit.
Affluent. — L’Asif Oudad reçoit au pied du Bani un affluent, l’Ouad Kheouïa, qui se jette sur sa
rive gauche.
Ouad Kheouia. — 11 prend sa source dans les pentes inférieures du Petit Atlas, aux collines de
Kheouïa. Le cours en esl désert.
Ouad Djebaïr. — Il prend sa source Anrerif, puis passe à Djebaïr, ensuite à Sidi El Medaoui (bou¬
quets de palmiers sans habitations), puis à Eufriin, où il se jette sur la rive gauche de l’Ouad Adis.
REMARQUE SUR LES TRIBUS. - — Ainsi qu’on le voit, les eaux du bassin de l’Ouad Tatta n’ar¬
rosent que trois territoires, ceux des Ida ou Kensous,du Tagmout et de Tatta. Les Ida ou Kensous
et le Tagmout sont des tribus. Tatta est un district dont les qçars ne sont unis entre eux par aucun
lien. Nous connaissons Tatta : nous nous occuperons ici des Ida ou Kensous et du Tagmout.
Ida ou Kensous. — Ils s’étendent sur une partie du haut plateau qui couronne les deux versants du
Petit Atlas , et occupent les sources de l’Ouad Tatta et le cours supérieur de cette rivière. Leur territoire
a pour limites, à l’ouest les Ida ou Zkri, au sud le Tagmout et les Aït Jellal, à l'est la tribu d'Azrar.
Leurs terres prolongent celles des Ida ou Zkri et >ont dans une situation analogue : ces deux territoires
312
RECONNAISSANCE AU MAROC.
se touchent , et on passe d’une tribu à l’autre sans sortir des villages et des cultures. La famille des
chikhs héréditaires des Ida ou Kensous s’étant éteinte il y a quelque temps , ceux-ci se sont placés
d’eux-mêmes sous l’autorité de Hadj Mohammed Amerri, chikh héréditaire des Ida ou Zkri : c’est lui
qui les gouverne à présent. Ils ne reconnaissent pas le sultan. Leur pays renferme un très grand nom¬
bre de qçars. Ils forment plus de 2,500 fusils. C’est une tribu riche et industrieuse : elle est renom¬
mée pour ses belles maisons et pour ses ouvriers en cuivre et autres métaux; elle fabrique les plus
beaux poignards, les plus beaux fusils, les plus belles cornes à poudre du sud du Maroc. Les Ida ou
Kensous ont trois ou quatre agadirs. Pas de marché. Ils vont à ceux de Tatta, des Isaffen, des Ida ou
Zkri. Pas de Juifs. Point de dattiers ni d’oliviers chez eux, mais un très grand nombre d’amandiers.
L’Ouad Tatta est la seule rivière qui arrose leur territoire. La plupart de leurs qçars ne sont alimentés
que par des citernes.
Les Ida ou Kensous sont Chellaha et ne parlent que le tamazirt. Ils sont sédentaires.
En ce moment, les Ida ou Kensous sont en guerre avec Qaçba el Djoua.
Tagmout. — Cette tribu ne comprend qu’une douzaine de qçars , tous situés sur les rives mêmes de
l'Ouad Tatta, immédiatement au-dessous de ceux des Ida ou Kensous. Les Ait Tagmout forment en¬
viron 700 fusils. Us n’ont pas de chikh ; ils se gouvernent démocratiquement par une djemaaa. Point
d’agadir. Pas de marché ni de Juifs. Les Ail Tagm«ut sont Chellaha et sédentaires et ne parlent que
le tamazirt. Ils ont des palmiers et aussi des amandiers : ce dernier arbre disparaît au-dessous de leur
territoire.
Dans les montagnes des environs de Tagmout, il y a du minerai d’argent.
VI. — Ouad Meskaou.
L’Ouad Meskaou prend sa source sur les premières pentes du Petit Atlas entre Tatta et Aqqa , tra¬
verse le Bani au kheneg appelé Foum Meskoua, et se jette dans le Dra au Mader Tatta, dans la partie
nommée Souekh. Le cours en est désert.
VII. — Ouad Aqqa.
L’Ouad Aqqa, qui, dans son haut cours, est appelé souvent Ouad Isaffen, prend naissance à la crête
supérieure du Petit Atlas, dans la tribu des Ida ou Zkri : cette dernière occupe le haut plateau qui
couronne la chaîne au nord de la rivière, les sources de celle-ci et tout son cours supérieur, qu’elle gar¬
nit de ses qçars. En sortant des Ida ou Zkri , l’Ouad Aqqa entre chez les Isaffen : ces deux tribus se
font suite sans qu’aucun désert les sépare; point de désert non plus entre les divers villages ou qçars
de chacune d’elles : depuis les sources jusqu’au point le plus bas des Isaffen , les bords de l’ouad ne sont,
sans interruption, que qçars et que cultures : oliviers, figuiers, amandiers surtout, chez les Ida ou
Zkri; oliviers, figuiers et palmiers chez les Isaffen et au-dessous d’eux. En quittant les Isaffen, l’Ouad
Aqqa traverse un court espace désert, puis arrose le grand village de Tizgi Ida ou Baloul. De là, il en¬
tre dans le vaste désert d’Iinaouen, où il reste jusqu’au Bani : il traverse cette chaîne à Foum Aqqa; en¬
suite il entre dans l’oasis d' Aqqa ; il en arrose les plantations, et passe au pied de plusieurs de ses
qçars : Ez Zaouïa, Erhal, Ait Bou Fedaïl, Ait Djellal, Ait Aliter sont sur ses bords. Au sortir d’Aqqa,
l’ouad rentre dans le désert, où il demeure jusqu’à son confluent avec le Dra, auprès de la qoubba de
Sidi Amara, dans le Mader Aqqa. Sur tout son cours, il n’a d’eau d’une manière habituelle qu’aux points
où il est habité.
AFFLUENTS. — L’Ouad Aqqa reçoit quatre affluents principaux, deux sur sa rive droite el deux sur
sa rive gauche; les deux de droite sont : l’Ouad Iberqaqen, s’y jetant chez les Isaffen, en un point qui
BASSIN DE L’OUAD DBA.
313
forme la limite entre deux fractions de cette tribu, les Ait Tasousekht au sud et les Ait Ouagrou au
nord; l’Ouad Tizert, s’v jetant dans le petit désert qui sépare les Isaffen de Tizgi Ida ou Baloul. Les
deux affluents de gauche sont : l'Ouad Imiteq, s’y jetant dans le désert d’Imaouen; l’Ouad Kebbaba,
s’y jetant dans le désert au sud d’Aqqa.
Ouad Iberqaqen. — 11 descend des crêtes supérieures du Petit Atlas. Le cours en appartient en
entier à la tribu des Iberqaqen. Cette rivière a, sur toute sa longueur, ses bords peuplés et cultivés :
le fond de la vallée, très étroit et très encaissé, est partout couvert de qçars et de jardins, oliviers et
figuiers dans la portion supérieure, palmiers dans la partie basse.
Ouad Tizert. — Comme la rivière précédente, il reste tout le long de son cours enfermé entre les
pentes du Petit Atlas, qui encaissent profondément sa vallée. Il arrose une dizaine de qçars alignés les
uns auprès des autres sur ses bords et formant un seul groupe appelé Tizert.
Ouad Imiteq. — Il prend sa source aux pentes moyennes du Petit Atlas, arrose le qçar d’Imiteq
(qçar isolé entouré de palmiers, habité par des Chellaba et des Haratîn), puis se jette dans l’Ouad
Aqqa dans le désert d’Imaouen.
Ouad Kebbaba. — Il coule à Test de l’Ouad Aqqa, longe la lisière orientale de l'oasis d’Aqqa, où il
arrose. les deux qçars d’Agadir Ouzrou et d’El Kebbaba, puis se jette dans l’Ouad Aqqa dans le désert.
AFFLUENT. — L’Ouab Kebbaba reçoit un affluent, l’Ouad Defalia, se jetant sur sa rive gauche au-
dessous d’Aqqa , dans le désert.
Ouad Defalia. — Il prend sa source sur le flanc sud du Bani et arrose le petit qçar d’Oumm el Aleg
(se composant de 30 maisons divisées en deux quartiers; il appartient aux Ait ou Mribet). Le reste du
cours est désert et à sec.
REMARQUES SUR LES TRIBUS. — Le bassin de l'Ouad Aqqa appartient en entier, à l’exception des
qçars d’Imiteq et de Tizgi Ida ou Baloul, qui sont isolés, à 3 tribus : les Ida ou Zkri, les Isaffen, les
Iberqaqen, les Ait Tizert, les Ait ou Mribet; sur le territoire de ces derniers se trouve l'oasis d’Aqqa.
Nous avons déjà parlé et d’Aqqa et des Ait ou Mribet. Nous allons dire quelques mots des quatre
autres tribus.
Ida ou Zkri. — Cette tribu habite le haut plateau qui couronne le Petit Atlas au nord de l’Ouad
Aqqa, les sources de cette rivière, -sa vallée supérieure jusqu’aux Isaffen, et les plateaux qui, en cette
partie de son cours, s’étendent des deux côtés de sa vallée. Elle est tout entière gouvernée par un
seul chikli, Iladj Mohammed Amerri; ce chikh est très puissant : plusieurs tribus voisines se sont,
par des debihas, constituées ses vassales. Les Ida ou Zkri ne reconnaissent point le sultan. Ils ont un
marché, le Djemaa Izalaren, qu’on appelle aussi Djemaa Amerri parce qu’il se tient près de la de¬
meure du chikh. Leur pays renferme un grand nombre de qçars; ils ont trois ou quatre agadirs ; ils
peuvent lever 2000 fusils. Leur sol est très fertile : les bords de l’Ouad Aqqa sont couverts d’oliviers;
le plateau qui forme la plus grande partie de leur territoire , et qui s’étend sur le haut des deux ver¬
sants du Petit Atlas, n’est que champs et qu’amandiers. Les Ida ou Zkri sont Chellaba et sédentaires.
Comme famille, ils sont frères des Ilalen, tout en étant une tribu séparée. Us ont pour limites : à Test
les Ida ou Kensous, au sud les Isaffen, à l’ouest les Iberqaqen et les Ilalen.
Distances : de Taroudant à la maison de Chikh Amerri . 1 jour.
de Tizgi Ida ou Baloul à la maison de Chikh Amerri. . 1 jour.
Isaffen. — Cette tribu, appelée aussi Ait Isaffen, n’habite que la vallée même de l'Ouad Aqqa;
elle est limitée, au nord par les Ida ou Zkri, au sud par un petit désert qui la sépare de Tizgi Ida ou
Baloul. Point de désert entre les Isaffen et les Ida ou Zkri; on passe d'une tribu dans l’autre sans sor¬
tir des jardins et des cultures. Les Isaffen se subdivisent en trois fractions; ce sont, en descendant
l'Ouad Aqqa :
Les Ida ou Tints (sur les bords de l’Ouad Aqqa, au-dessous des Ida ou Zkri et au-dessus des Ait
Ouagrou. Us sont gouvernés par un chikh héréditaire, Chikh Bel Aid Et Taleb).
KLCONNAISSANCE AU MVROC.
40
314
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Les Ait Ouagrou (sur les bords de l’Ouad Aqqa, au-dessous des Ida ou Tiuts. Ils sont gouvernés par
un ehikh héréditaire, Ould el Hadj labia).
Les Ait Tasousekht (sur les bords de l’Ouad Aqqa, au-dessus des Ait Ouagrou. Ils sont gouvernés
par un chikh héréditaire, Ou Bon Hamed. Cette fraction est celle que nous avons traversée en allant
à Mogador. Le point où nous avons quitté l’Ouad Aqqa, le confluent de l’Ouad Iberqaqen, en est la
limite nord).
Comme on le voit, les Isaffen sont gouvernés par trois chikhs héréditaires. C’est une tribu séden¬
taire et chleuha : point de Haratln, on n’y parle que le tamazirt; cependant quelques hommes sa¬
vent l’arabe.
Un marché, le Khemîs Isaffen; il se tient au pied de Qaçba Chikh Ould el Hadj labia.
Les Isaffen ont la plus mauvaise réputation auprès des étrangers : voleurs, pillards, ils rançonnaient
impitoyablement, il y a peu de temps encore, les voyageurs et les caravanes qui traversaient leur ter¬
ritoire : le chef de la zaouïa d’Aït Haroun Isaffen se distinguait entre tous, et on ne pouvait passer de¬
vant la maison de Dieu sans être dévalisé; aussi, depuis 1877 (1), les convois de Mogador à Aqqa et
à Tizounin ne prenaient plus leur route habituelle par le territoire des Isaffen (celle que j’ai prise moi-
même en allant à Mogador) : ils passaient par l’ouad et la tribu de Tizert et débouchaient de là sur
Tizgi, quoique ce chemin soit très difficile pour les bêtes de somme. Depuis une année environ, les
caravanes reprennent leur ancienne voie. Le chef de la zaouïa d’Aït Haroun a été longtemps absent et
est revenu plus calme : les autres Isaffen ont décidé de même qu’à l’avenir les voyageurs passeraient en
paix; ce changement s’est produit après un châtiment que Dieu leur a infligé : ils ont été maudits par
un marabout à cause de leurs brigandages, leur rivière s’est desséchée et il y a eu une famine épou¬
vantable; les eaux ne sont revenues que lorsqu’ils se furent amendés.
Iberqaqen. — Cette tribu habite d'une part le haut plateau qui couronne le versant sud du Petit
Atlas, de l’autre la vallée de l’Ouad Iberqaqen. Elle ne forme qu’un seul groupe : une seule djemaaa
la gouverne. Point de chikh. Elle a trois agadirs, portant l’un le nom de Tidgar, les deux autres ceux
d’Agadir Iberqaqen (Fouqani et Tahtani). Les Iberqaqen sont Chellaha et sédentaires. Leur langue est
le tamazirt. Peu parmi eux comprennent l’arabe. Point de marché sur leur territoire : ils vont au
Khemîs Isaffen et au Djemaa Amerri. Les Iberqaqen sont une tribu nombreuse et puissante, moins
cependant que leurs voisins les Isaffen avec lesquels ils sont souvent en guerre.
Tizert. — Cette tribu comprend environ douze qçars, échelonnés sur l’Ouad Tizert et unis entre
eux par des jardins. De plus, Tizgi Ida ou Baloul, sur l’Ouad Aqqa, est quelquefois comptée comme
faisant partie de Tizert. Point de chikh : une djemaaa gouverne la tribu. Les Ait Tizert sont Chellaha
et sédentaires. Leur langue est le tamazirt. Pas de marché : on va au Khemîs Isaffen.
Point de Juifs. 11 n’y a qu’un mellah dans le bassin de l’Ouad Aqqa, celui qui se trouve dans l’oasis
d’Aqqa.
VIII. — Ouad Tizgi el Haratln.
Il est appelé aussi Ouad Tizgi ïriren. Il prend sa source dans le Petit Atlas et traverse le Bani à un
kheneg où se trouvent deux qçars : l’un, Ait Oumcndil, est au milieu même du kheneg, l’autre, Tizgi
el Haratln, est immédiatement au-dessous : l’un et l’autre s’élèvent sur les bords mêmes de la rivière;
leurs jardins se touchent et entre eux les rives de l’ouad ne cessent d’être ombragées de dattiers.
Après avoir traversé cette oasis, l’ouacl rentre dans le désert où il reste jusqu’à son confluent avec le
Dra, au Mader Tizgi.
Tizgi el 1 lara tin est un grand qçar de loO feux, formé de deux quartiers compris en une même en-
(1) 1877-1878 ou 1205, appelé dans le langage usuel l’an 95; celle année est tristement célèbre dans le sud du .Maroc, à cause
de la famine terrible qui la signala.
BASSIN DE L'OUAD DBA.
315
ceinte. Il s’y tient un marché permanent, comme à Agadir Tisint. La population y est un mélange de
Chellaha et de Haratîn, ceux-ci dominant; elle est tributaire des Ait ou Mrîbet (fraction d’Idgich).
Tizgi el Haratîn, qu’on appelle aussi Tizgi Iriren, est située, comme Tisint, à la bouche d’un kheneg
du Bani.
Ait Oumendil qui se trouve, comme ïiili, au milieu même du kheneg, est un qçar de 100 feux,
peuplé de Chellaha et de Haratîn, sous la suzeraineté des Ait ou Mrîbet (fraction d ldgich).
Distances : de Tizounin à Tizgi el Haratîn comme d’Agadir Tisint à Mrimima.
d’Aït Oumendil à Tizgi el Haratîn comme d’Agadir Tisint à Ait ou Iran.
AFFLUENTS. — L’Ouad sTizgi el Haratîn reçoit un affluent, l’Ouad Tizounin, se jetant sur sa rive
gauche dans le désert, entre Tizgi et l’Ouad Dra.
Ouad Tizounin. — C’est un cours d’eau sans importance. Il prend sa source sur le flanc sud du
Bani, puis arrose successivement les deux qçars de Tizounin et d’Igdi.
Ils sont séparés l’un de l’autre par un désert de plusieurs kilomètres. Au-dessous d'Igdi, la rivière
coule dans le désert jusqu’à son confluent avec l’Ouad Tizgi el Haratîn.
Tizounin est un grand qçar, isolé dans la plaine , appartenant aux Ait ou Mrîbet. C’est là que rési¬
dent les chikhs de celte tribu, ou du moins ceux de la fraction des Ait ou Iran, qui a aujourd’hui en¬
viron quinze chikhs. Les Ait ou Mrîbet forment la grande majorité de la population de Tizounin; les
autres habitants sont quelques Haratîn pauvres. Les belles maisons, les jardins sont aux chikhs. Outre
l’ouad, qui est peu important, il y a plusieurs sources; les vergers produisent de bonnes dattes, mais
sont peu étendus. Pas de mellah; quelques Juifs isolés viennent trafiquer comme à Agadir Tisint et
comme à Tizgi el Haratîn. Marché permanent comme dans ces deux localités. Tizounin contient 400 à
500 maisons ; celles des chikhs sont les seules qui soient toujours habitées : les autres appartiennent
à des nomades de leur fraction qui y emmagasinent leurs grains, y viennent de temps en temps, mais
passent la plus grande partie de l’année sous la tente. Le premier des chikhs de Tizounin est Chikh
Hamed. C'est le seul qui ait de l’autorité : les autres chikhs sont ses cousins, qui, par la noblesse de
leur naissance, ont droit au titre de chikh, sans pour cela partager le pouvoir avec leur aîné. En
effet, parmi les familles où le titre de chikh est héréditaire, il y en a, et c’est le plus grand nombre,
où le chef seul porte ce titre; mais il y en a d'autres, comme celle-ci, où, soit plusieurs frères, soit
même toute une génération de cousins, le prennent également.
Igdi est un petit qçar entouré de quelques dattiers : il appartient à la fraction d’Idgich des Ait ou
Mrîbet.
Distance : de Tizounin à Igdi comme dkàgadir Tisint à Bou Mousi.
IX. — Ouad Icht.
C’est un cours d’eau peu important prenant sa source dans une plaine située au nord du Bani, entre
cette chaîne et le Petit Atlas : il traverse le Bani au Kheneg Icht et, immédiatement au-dessous, à
sa bouche même, arrose l’oasis qui lui donne son nom. De là, il rentre dans le désert, et y reste jusqu’à
son confluent avec le Dra au Mader Icht.
L’oasis dTcht ne renferme qu’un qçar, situé sur la rive gauche de l’ouad, et entouré de vastes plan¬
tations de palmiers s’étendant des deux côtés de la rivière jusqu’au pied du Bani. Ce qçar, d’environ
200 maisons, est peuplé de Chellaha mêlés de quelques Haratîn; il est gouverné par un chikh, El
Hoseïn ; il reconnaît la suzeraineté des Ait ou Mrîbet. Icht est riche, prospère, puissante. Marché per¬
manent comme à Agadir Tisint, Tizounin et Tizgi Iriren. L’Ouad Icht est presque toujours à sec,
même dans l’oasis; mais il y a un grand nombre de sources, aussi bien dans les jardins qu’à 1 intérieur
du qçar. Les dattiers sont nombreux, mais d’espèces médiocres : ce sont des bou souaïr.
Distance : de Tizgi el Haratîn à Icht comme de Qacba el Djoua à Tatta.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
316
X. — Ouad Imi Ougadir.
L’Ouad Imi Ougadir porte aussi le nom d’Ouad Tamanart : il prend sa source dans la tribu des Ait
lmejjat et reçoit les eaux de celle d’Ifran et d'une partie de celle d'Id Brahim. Après avoir traversé une
portion du territoire des Ait lmejjat, il arrose l’oasis de Tamanart : les quatre qçars qui la composent
se trouvent sur ses rives : ce sont, en descendant :
Agerd.
Qaçba Ait Herbil . rive droite.
Irir . rive gauche.
Igouïaz . rive gauche.
Entre ces quatre qçars les bords de l’ouad sont, sans interruption, bordés de dattiers. Au-dessous
de Tamanart, la rivière entre dans le désert et y reste jusqu’au Bani : elle traverse cette chaîne au
Kheneg Imi Ougadir. La longueur de ce passage est égale ou un peu moindre à celle du kheneg de
Tisint : palmiers au milieu : à la bouche sud se trouve un grand qçar entouré de dattiers : c’est :
Imi Ougadir.
En sortant d'Imi Ougadir, l’ouad rentre dans le désert et y demeure jusqu’à l’Ouad Dra, où il se jette
au Mader Imi Ougadir.
Ce mader, comme ceux d’Icht et de Tizgi, produit des moissons superbes : tous trois sont cultivés
surtout par les Ait ou Mribet. Les habitants des oasis voisines et ceux du Petit Atlas y labourent
aussi : on y voit venir jusqu’à des Isafïen et des Iberqaqen.
Imi Ougadir est un grand qçar de 400 maisons, où neuf ou dix groupes des Ait ou Mribet possèdent
des demeures et emmagasinent grains et dattes. Quelques habitants chellaha s’y trouvent, mais ils sont
en petit nombre : ce lieu est avant tout un grand agadir des Ait ou Mribet. Marché permanent au mi¬
lieu du qçar, comme à Agadir Tisint. Juifs commerçants comme dans cette dernière localité, mais pas
de mellah.
Distances : de Tamanart à Icht comme d’Agadir Tisint à Mrimima.
d’Agerd à Qaçba Ait Herbil comme d’Agadir Tisint à Bou Mousi.
de Qaçba Ait Herbil à Irir comme d’Agadir Tisint à Ez Zaouïa.
d’Irir à Igouïaz comme d’Agadir Tisint à Foum Tisint.
de Tamanart à Imi Ougadir comme d’Agadir Tisint à Mrimima.
d’Imi Ougadir à Icht comme d’Agadir Tisint à Trit.
REMARQUES SUR LES TRIBUS. — La partie méridionale du cours de l’Ouad Imi Ougadir, de même
que tout ce qui est situé au sud du Bani dans les bassins des ouads Icht, Tizgi el Haratîn, Aqqa et
Meskaou, fait partie du territoire des Ait ou Mribet. Le haut bassin de l'Ouad Imi Ougadir appartient
à trois tribus, les Ait lmejjat, les Ifran, les Id Brahim. Le cours moyen en est occupé par le district
isolé de Tamanart.
Ait Imejjat. — Ils peuvent former 3 000 fusils. C’est une puissante tribu sédentaire, possédant de
nombreux qçars. Les Ait lmejjat sont Chellaha : leur langue est le tamazirt. Ils ont vaincu, il y a quel¬
ques années, Sidi El Hoseïn ben Hachera, le célèbre marabout du Tazeroualt. Auparavant ils étaient ses
sujets : aujourd’hui il n’a plus d’autorité sur eux. Indépendants du sultan depuis un temps immémorial,
les Ait lmejjat se sont soumis à Moulei El llasen en 1882, en même temps que la plupart des tribus du
Sahel, lors de son expédition dans le bas Sous et le Sahel Marocain. Le sultan leur a donné deux qaïds.
L’un d’eux est Chikh Mohammed, d’Agerd (Tamanart).
Ifran. — On les appelle aussi Ofran. C’est une tribu chleuha et sédentaire située au sud-ouest des
Ait lmejjat: ils sont soumis au sultan depuis la même époque et dans les mêmes conditions que ces
derniers. Moulei El Hasen les a réunis, avec le Tazeroualt et les Ida ou Semlal, sous le qaïdat de Hadj
’l’ahar, fils de Sidi El Hoseïn ben Hachera. Les Ifran sont une tribu de moyenne importance.
BASSIN DE L’OUAD DBA.
317
Id Brahim. — Grande tribu, soumise au sultan de la môme manière que les précédentes; son terri¬
toire, au sud de celui des Ifran et de celui des Ait Imejjat, s’étend au loin vers l'ouest. Moulei El
Ilasen l’a mise avec Tamanart sous le commandement d’un qaïd unique, H ad j Hamed El Manari, chikli
héréditaire de Qaçba Ait Herbil à Tamanart. Les Id Brahim sont comptés, ainsi que les Ifran et les Ait
Imejjat, comme appartenant au Sahel : en effet, la plus grande partie des territoires de ces trois tribus
se trouve dans le bassin de l’Océan, et non dans celui du Dra. Les Id Brahim sont Chellaha et sédentai¬
res : leur langue est le tamazirt. Ils se décomposent en :
Ida ou Leggan, Ait Herbil, Ait Ouadaï, Ait Illoul, Ait Mousa ou Daoud, Ait Bou Achra, Ait Zkri,
Ait Bouhou.
Tamanart. — C’est une oasis composée de quatre qçars, Agerd, Qaçba Ait Herbil, Irir, Igouïaz.
Ces quatre localités sont enveloppées dans une longue bande de dattiers : les fruits que produisent ces
derniers sont abondants, mais de qualité médiocre : ce sont des bou souaïr. Avant leur récente soumis¬
sion au sultan, la guerre régnait presque toujours entre les qçars de Tamanart. Agerd était en hosti¬
lité à peu près perpétuelle avec ses trois sœurs : les tribus voisines se mêlaient à ces querelles; les
Ait Imejjat et d'autres tribus du nord venaient au secours d’Agerd, les Ait ou Mribet prêtaient leur appui
aux trois autres localités. Aujourd’hui Tamanart vit en paix : l’oasis a fait sa soumission en 1882 , en
même temps que les Ait Imejjat et les Id Brahim : le chikh de Qaçba Ait Herbil a été nommé qaïd de
l'oasis et des Id Brahim par Moulei El Hasen. Là s’arrête l'autorité de ce dernier (1) : toutes les tribus
qui sont au sud et à l’est des Ait Imejjat, de Tamanart et des Id Brahim, telles que les Ait ou Mribet, etc.,
ne la reconnaissent plus. Agerd se compose de 200 maisons et a un marché, dont on ne peut me dési¬
gner le jour, seul marché de Tamanart; Qaçba Ait Herbil a 200 maisons, Irir n’en a que 50, et Igouïaz
que lo. Entre Agerd et Qaçba Ait Herbil, sur une colline, se trouve une tour toujours gardée par une
quinzaine de fusils de Qaçba Ait Herbil, surveillant le pays et dominant Agerd. La population est
chleuha avec quelques Haratîn. Un mellah à Agerd, le seul du bassin de l’Ouad Imi Üugadir. 11 n’y a
d’Israélites ni chez les Ait Imejjat, ni chez les Ifran, ni chez les Id Brahim.
Itinéraire de Tisint à Ouad Noun.
1er jour. — De Tisint à Aqqa Igiren.
‘t jour. — D'Aqqa Icjiren à Tiiggan.
3 jour. — De Tiiggan à Tizounin.
On passe par Oumm el Aleg, et de là on va à Tizounin : beaucoup de gazelles dans la plaine, autour
de Tizounin : c’est le seul lieu où Ton trouve du gibier. Dans la même région, on rencontre aussi un
grand nombre de moufllons, mais en montagne, dans le Bani. Entre Oumm el Aleg et Tizounin, déserl
à sol dur et plat avec quelques gommiers.
Distance : d’Oumm el Aleg à Tizounin comme d'EI Feggouçat à Mrimima.
4° jour. — De Tizounin à Tizgi el Haratîn.
On traverse un désert pierreux; sol plat, sans autre végétation que des jujubiers sauvages et quelques
gommiers. Le chemin ne passe par aucun lieu habité , mais on distingue à main gauche le qçar d’igdi,
pendant la première partie de la route.
Distance : de Tizounin à Tizgi el Haratîn comme d’Agadir Tisint à Mrimima.
5 jour. — De Tizgi el Ilaratin à Icftl.
Entre Tizgi et Icht, on continue à longer le pied méridional du Bani, en l’ayant toujours à main droite
au nord). Tas de kheneg dans la chaîne entre ces deux points. Pendant la première moitié du chemin.
(1) Ou m’a assuré que, depuis mou voyage, la plupart des tribus soumises par le sultan en celte expédition, tant celles du Salicl
que celles du bas Sous et du Ras el Ouad, s’étaient soulevées el avaient repris leur indépendance. Ces faits se seraient passés
en automne issi.
318
RECONNAISSANCE AU MAROC.
on marche au milieu d’un areg , plaine sablonneuse avec des gommiers : à mi-route, on rencontre, des¬
cendant des crêtes du Bani, le lit desséché d’un ruisseau, au milieu duquel se trouvent des puits (point
de palmiers ni de végétation auprès d’eux). A partir de là, le terrain reste toujours plat, mais les gom¬
miers se mêlent de quelques rares troncs d'argans. De Tizgi à Icht , le pays est désert.
En arrivant à Icht , on voit d'abord , à la lisière de l’oasis , une qoubba ; c’est auprès d’elle qu’on en¬
tre sous les palmiers : on chemine quelque temps à leur ombre, en remontant l’Ouad Icht : les dattiers
en bordent les deux rives, mais il n’y en a point dans son lit : on parvient ainsi au qçar d’Icht.
Distance : de Tizgi el Haratîn à Icht comme de Qaçba el Djoua à Tatta.
fi joui*. — D'Iclit à Tamanart.
Icht est situé, comme Tisint, à la bouche sud d’un kheneg du Bani. Pour aller à Tamanart, on traverse
le kheneg et on passe au nord de la chaîne : de là à Ouad Noun, le Bani restera toujours au sud du che¬
min. En allant d'icht à Tamanart, on Ta, durant toute la route, en arrière et à gauche. Chemin plat et
désert, tantôt sablonneux, tantôt pierreux; beaucoup de gommiers.
Le premier qçar auquel on arrive est Igouïaz, puis on gagne celui d’Irir.
Distance : d’icht à Tamanart comme d’Agadir Tisint à Mrimima.
ïc jour. — De Tamanart à Tarjijt.
Entre ces deux points, le chemin traverse une plaine unie et déserte, un areg. Sol pierreux, avec
quelques gommiers. On se tient sans cesse au nord du Bani, qu’on distingue pendant tout le trajet à
une certaine distance dans le sud. On ne traverse ni ne voit aucun lieu habité jusqu’à Tarjijt. A
partir du point où Ton est sorti de Tamanart, on marche sur le territoire des Id Brahim. Tarjijt est
un groupe de plusieurs qçars faisant partie d’une des fractions de cette tribu ; une petite rivière y passe :
les eaux s’en écoulent, comme toutes celles de cette contrée, vers l’ouest ou le sud-ouest pour aller
aboutir à Tirmert qu’elles arrosent. Tarjijt a un grand nombre de palmiers, bou souaïr et rares bou
feggouç. De Tarjijt on voit le Bani; il en est à la même distance que le mont Taïmzour de Mrimima.
Distance : de Tamanart à Tarjijt comme d’Idroumen (dunes de sable) à Tatta.
8e joui*. — De Tarjijt à Tirmert.
Entre ces deux points, le chemin traverse un pays accidenté, mais sans passage difficile. On franchit
quelques ruisseaux; on voit à droite et à gauche des qçars; je n’ai pu en savoir les noms. Au sortir de
Tarjijt on quitte la tribu des Id Brahim et on entre dans celle des . C’est une tribu nombreuse, se
disant d’origine arabe, habitant en partie la tente, en partie des qçars. Celui de Tirmert est sur son
territoire : il est la résidence de son qaïd, Ould Ilamed ou Saloum.
Distance : de Tarjijt à Tirmert comme de Tatta à Tizgi Ida ou Baloul.
»° jour. — De Tirmert à Aougelmim.
Aougelmim est le principal des qçars qui composent le district d’Ouad Noun et la résidence de son
chikh, El Habib ould Beïrouk. De Tirmert à ce point, ce n’est qu’une plaine unie et déserte, sans un
cours d’eau , sans un gommier.
Distance : de Tirmert à Aougelmim comme d’Agadir Tisint à Mrimima.
Seketâna et Gezoula.
Toutes les populations habitant entre l’Ouad Sous,TOuad Dra et le Sahel sont divisées en deux gran¬
des familles, les Seketâna et les Gezoula. Personne dans toute cette région, les marabouts exceptés,
qui n’entre dans une de ces deux familles : les quelques tribus se disant d’origine arabe en font partie
au même titre que les Imaziren reconnus, les Haratîn au même titre que les Chellaha. Les marabouts,
les cherifs et les Juifs restent seuls en dehors de cette division; encore l’exception n’est-elle pas
absolue pour les marabouts ni pour les cherifs : quelques zaouïas sont Seketâna ou Gezoula. Les tri¬
bus sont entièrement de l’une ou de l’autre famille : il ne saurait en être différemment. Mais les dis-
BASSIN DE L'OUAD DBA.
319
tricts , les oasis, comme Tisint, Tatta, etc., où les divers qçars n’ont aucun lien entre eux, sont pres¬
que toujours mélangés : telle localité estGezoula, telle autre voisine Seketâna; on voit même des qçars
mi-Seketâna, mi-Gezoula.
La région où les populations sont ainsi divisées en Seketâna et Gezoula est, en résumé, celle qui est
arrosée par les affluents de gauche de l’Ouad Sous d’une part, par les affluents de droite du Dra d’au¬
tre part, c’est-à-dire le massif presque entier du Petit Atlas. Au nord de cette contrée, sur la rive
droite du Sous, on ne m’a plus paru connaître la classification en Gezoula et Seketâna; au sud , il n’y a
que le désert; à l’ouest se trouvent les tribus du Sahel, parmi lesquelles cette division n’existe pas; à
l'est, sur la rive gauche du Dra, sont les Berâber : ceux-ci ne sont ni Gezoula ni Seketâna, ils ne sont
que Berâber : leur tribu, avec ses nombreuses fractions, est, en population comme en étendue de ter¬
ritoire, égale, sinon supérieure aux Gezoula ou aux Seketâna : c’est un troisième peuple, mais qui a
gardé jusqu’à ce jour son homogénéité , son fractionnement naturel , son organisation régulière et son
groupement compact, choses que les deux autres onl perdues depuis un temps déjà lointain dont ils n’ont
pas souvenance.
La classification en Seketâna et Gezoula n’est pas seulement un souvenir généalogique : c’est, encore
à présent, une division réelle : un qçar, une tribu Seketâna a-t-elle une guerre contre un qçar ou une
tribu Gezoula, c’est toujours parmi les fractions de sa race qu’elle cherchera des alliés. Les Seketâna
se prêtent secours entre eux, même à une grande distance, et les Gezoula de même. Ainsi, il y a
quelques jours, les habitants de Qaçba el Djoua ont été jusque dans le bassin du Sous porter aide à
une fraction des Ait Semmeg qui avait réclamé leur assistance. De même, pendant mon séjour à Tin-
tazart, il était parti 60 Chellaha et Haratîn de Tatta pour secourir leurs frères dans le voisinage de
l’Ouad Isalfen. Gela n’empêche pas cependant les querelles et guerres entre membres d’une des deux
familles : bien plus, il arrive parfois, bien que rarement, qu’un qçar ou une fraction, appartenant
d’origine à l’une des deux races , change de camp à la suite de querelles intestines et se range du côté
de l’autre : on la compte dès lors comme faisant partie de cette dernière. C’est ainsi que les Indaou-
zal, tout en n’étant d’origine qu’une seule tribu, sont comptés aujourd’hui mi-Seketâna, mi-Ge¬
zoula.
Dans le bassin du Sous, on remplace souvent les appellations de Seketâna et de Gezoula par celles
d’Aït Semmeg et d’Oulad labia : les Ait Semmeg sont Seketâna, et les Oulad labia Gezoula; cela re¬
vient donc au même.
Deux tribus ont , comme nom propre, l’une celui de Seketâna, l’autre celui de Gezoula. Toutes
deux habitent le bassin de l’Ouad Sous; la première est sur la rive gauche, au sud des Zagmouzen,
dans le Petit Atlas; la seconde est sur un des affluents de droite du fleuve, dans le Grand Atlas. Nous
manquons de détails sur cette dernière. Quant à la première, c’est une tribu importante, comptée
comme Seketâna et entourée de tous côtés de Seketâna : les Zenâga, les Ounzin, les Ait Semmeg, qui
l’avoisinent à l’est, au sud et à l’ouest, sont tous Seketâna. On pourrait peut-être considérer cette tri¬
bu, qui a gardé en propre le nom générique de toute la famille, comme en étant en quelque sorte le
noyau.
Voici comment sont répartis les Seketâna et les Gezoula :
Oulad labia (du bassin du Sous) . Gezoula.
Indaouzal . mi-Gezoula, mi-Seketâna.
Aït Semmeg . Seketâna.
Seketâna . »
Ait Amer . »
Zenâga . »
Tagmout (Ouad Tatta) . »
Ida ou Kensous . Gezoula.
Ait Jellal . »
Ilir (Ouad Sidi Mohammed ou Iaqob) . »
320
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Reken
Fedoukkes. . .
Tazouli. . .
Imtaoun. . . .
Ounzin . . . .
Aginan . . . .
Aït Bou labia. .
Aqqa Iren. . .
Qcour Beïdin. .
Qaçba el Djoua
Trit.
Tanzida. . . .
(
Tisint \
Agadir. . .
Aït ou Iran
Bou Mousi.
Taznout. .
( Ez Zaouïa
Aït Sidi Mhind
Aït Sidi Ali. .
Aqqa Igiren .
Tintazart .
Anrerif .
Adis .
Tiiti .
Aqqa Izenqad .
Tirremt .
„ ^ , Isbabaten (Toug er Rih).
Tigiselt .
Taldnount .
Imtfian .
Aït Iasin .
Agjgal .
Aït Sidi El Hoseïn. . .
Aït Zouli .
Aqqa .
Oulad Iahia (du bassin du Dra)
Ida ou Blal .
Aït ou Mrîbet .
Gezoula.
))
Seketâna.
»
»
»
Gezoula.
Seketâna et Gezoula mélangés.
Seketâna.
Gezoula.
Seketâna.
Seketâna.
Gezoula.
n’est d’aucune famille.
Seketâna.
Seketâna.
Gezoula.
Seketâna.
Seketâna.
»
»
»
»
»
Gezoula.
»
»
»
»
»
mi-Seketâna, mi-Gezoula.
Seketâna et Gezoula mélangés.
Gezoula.
Seketâna.
Gezoula.
BASSIN DE L’OUAD SOUS.
:U2I
III.
BASSIN DE L’OUAD SOUS.
L'Ouad Sous porte en son cours supérieur le nom d’Ouad Tifnout : il ne prend celui de Sous qu’à
partir de son confluent avec l’Ouad Zagmouzen. Cette rivière, presque aussi considérable que lui, se jette
sur sa rive gauche au village de Tinmekkoul (Iouzioun). Nous étudierons séparément l’Ouad Tifnout,
l’Ouad Zagmouzen et l’Ouad Sous.
1°. — OUAD TIFNOUT.
L’Ouad Tifnout, avant sa jonction avec l’Ouad Zagmouzen, reçoit sur sa rive gauche, entre Tabia et
Taïssa, un autre affluent important, l’Ouad Ait Tameldou. Nous nous occuperons successivement de ces
deux rivières.
1" OUAD TIFNOUT. — On l’appelle souvent dans son cours inférieur Ouad Iouzioun. Il sort
du flanc du Grand Atlas à un point nommé Tinzer (narine). Ce lieu est ainsi appelé parce qu’il s’y trouve
deux ouvertures juxtaposées comme des narines : l’une est bouchée, à l’intérieur, par un poisson mons¬
trueux; de l’autre jaillit l’Ouad Tifnout. Cette source merveilleuse est célèbre à plus d’un titre : elle a,
dit-on, des propriétés médicales extraordinaires. Au-dessous de Tinzer, l’Ouad Tifnout entre dans la
tribu des Ait Tameldou; il y arrose d’abord un groupe de quatre villages appelé
Tizgi n Taqquïn;
puis , restant toujours dans la même tribu, il passe successivement par un grand nombre de villages dont
voici les principaux :
Imelil.
Taagnit.
Ouaounzourt.
Mezgemmat.
Asareg.
Tasoult.
Amzarko.
Imi n Amoumen.
Tizourin.
Ait Irmor. . )
Askaoun ' ' ^es duah’e filages sont compris sous le nom d’Aït Oureld.
Moumalou. ^
Dar Ougadir.
Heloud.
Dou Ougadir.
Agerd n Ougadir.
And Ait Dra.
Igidi.
Arled Fouqani.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
41
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Timiter.
Arled Tahtani.
Mzi.
Tilkit.
Tarneouin.
Tabia.
Ici l’Ouad Tifnout sort du territoire des Ait Tameldou et entre sur celui des Iouzioun. Il y arrose suc¬
cessivement les villages de :
Taïssa.
Takherri.
Tamararsent.
Toug el Khir.
Agaouz.
Tinksif.
Agdz Igourramen.
Taouarsout.
Ichakoukf.
Idergan.
Asoul.
Tarrat.
Ibergnat.
Asaoun.
Tabia.
Agdz Ait ou Asrar.
Aoufour.
Toug el Khir Tahtani.
Anmid.
Tinmekkoul.
A ce village, l’Ouad Tifnout s’unit à l’Ouad Zagmouzen : là commence l'Ouad Sous.
L’Ouad Tifnout a de l’eau durant l’année entière sur toute l’étendue de son cours. Les bords en sont
d'une richesse extrême : de la source de la rivière au confluent où elle finit, ils ne sont qu'un long jar¬
din. Les eaux ne cessent de couler au milieu des cultures et à l’ombre des arbres fruitiers. Noyers , gre¬
nadiers, oliviers se pressent sur les rives; la vigne court le long de leurs branches; blés, orges, maïs
font un tapis à leurs pieds.
Distances : de Tinzer à Tabia . 1 jour.
de Tinzer à Tizgi n Taqqaïn . 3 heures.
de Tizgi n Taqqaïn à Imelil . 1 heure.
de Imelil à Ouaounzourt . 3/4 d’heure.
de Ouaounzourt à Imi n Amoumen . 1 h. 1/2.
de Imi n Amoumen à Agerd n Ougadir . 1 h. 1/2.
de Agerd n Ougadir à Dou Ougadir . 1/2 heure.
de Dou Ougadir à Timiter . 1 heure.
de Timiter à Dar Ougadir . 1 h. 1/2.
de Imelil à Tabia . fort 1/2 jour.
de Tabia à Taïssa . 1 heure.
AFFLUENTS. — L’Ouad Tifnout reçoit un grand nombre d’affluents; ce sont :
RIVE DROITE :
Ouad Amoumen, s’y jetant à Imi n Amoumen.
Ouad Idikel, s’y jetant à Dar Ougadir.
Ouad Izgrouzen, s’y jetant à Dou Ougadir.
Ouad Ikis, s’y jetant à Agerd n Ougadir.
RIVE GAUCHE :
Ouad Inmarakht, s’y jetant à Ouaounzourt.
BASSIN DE L’OUAD SOUS.
323
Ouad Saksad, s’y jetant à Dar Ougadir.
Ouad Msount, s’y jetant à Timiter.
Ouad Tizgi n Mousi, s’y jetant à Mzi.
Ouad Amoumen. — Il prend sa source dans le Grand Atlas, traverse le territoire des Ait ou Amoumen
(composé de 9 villages, tous sur son cours), et se jette dans l'Ouad Tifnout. Les Ait ou Amoumen sont
une fraction des Ait Tameldou.
L'Ouad Amoumen a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.
Distances : de l’Adrar n Deren aux Ait ou Amoumen . 1/2 jour.
des Ait ou Amoumen à Imi n Amoumen . 1 heure.
Ouad Idikel. — Il prend sa source au Djebel Idikel. De là il traverse, en descendant, d’abord le dis¬
trict d’Idikel (composé de 14 villages, tous sur son cours); puis, au-dessous, celui de Talat n Ig (4 villa¬
ges). L’un et l’autre sont des fractions des Ait Tameldou.
L’Ouad Idikel n’a d'eau cpie pendant la saison des pluies.
Distances : de l’Idikel au Talat n Ig . 5 heures.
du Talat n Ig à Dar Ougadir . 1 h. 1/2.
du Talat n Ig à Arled Fouqani (route dans le désert) . 3 heures.
Ouad Izgrouzen. — Il prend sa source au Tizi n Tamejjout. Il passe d’abord par le village de Ta-
mejjout, puis il traverse le territoire des Izgrouzen, composé de 21 villages, tous sur son cours. De là il
se jette dans l'Ouad Tifnout. Tamejjout, ainsi que les Izgrouzen, fait partie de la tribu des Ait Tameldou.
L'Ouad Izgrouzen n’a d’eau que pendant la saison des pluies.
Le Tizi n Tamejjout est traversé par un chemin allant des Izgrouzen à Agoundis : d’Agoundis on peut
gagner Dar El Gentaü, et de là Merrâkech.
Distances : du Tizi n Tamejjout à Tamejjout . 1 heure.
de Tamejjout aux Izgrouzen . 1 heure.
des Izgrouzen à Dou Ougadir . 1 h. 1/2.
des Izgrouzen à Agoundis . fort 1/2 jour.
d’Agoundis à Dar El Gentafi . fort 1/2 jour.
Ouad lias. — 11 prend sa source dans le Grand Atlas et traverse ensuite le territoire d’Ikis (composé
de 14 villages, tous sur son cours); de là il se jette dans l’Ouad Tifnout. L’Ikis est une fraction des Ait
Tameldou.
Cette rivière n’a d’eau que dans la saison des pluies.
Distances : de l’Adrar n Deren à l’Ikis . 1/2 jour.
de l’Ikis à Agerd n Ougadir . 1/2 jour.
Ouad Inmarakht. — Il traverse d’abord la fraction d’Inmarakht (composée de 7 villages tous sur son
cours); de là il passe dans celle des Ait Leti (composée de 13 villages, tous sur son cours), puis dans
celle d’Asif n Sous (3 villages) ; de là il se jette dans l’Ouad Tifnout. Les divers groupes que traverse
l’Ouad Inmarakkt font tous partie des Ait Tameldou.
Cette rivière a de l’eau en abondance sur tout son cours, pendant l’année entière.
Distances : d’Inmarakht aux Ait Leti . 1 heure 1/2.
des Ait Leti à Asif n Sous . 1 heure.
d’Asif n Sous à Ouaounzourt . 1 heure.
Ouad Saksad. — Il prend sa source au Djebel Saksad ; de là il arrose successivement les deux villa¬
ges d’Ifergan et d'And Imzilen. L’un et l’autre font partie des Ait Irmor, fraction des Ait Tameldou.
11 y a toujours de l’eau dans l’Ouad Saksad , et sur tout son cours.
Distances : du Djebel Saksad à Ifergan . 1 heure.
d'Ifergan à Dar Ougadir . 1 heure.
Ouad Msount. — Il prend sa source dans le Khela Tamzernit (forêt de teceft). Au sortir de ce désert,
il entre sur le territoire des Ait Msount, fraction des Ait Tameldou ; il y arrose successivement les vil¬
lages delsherin, Izoukennan, AïtIIedin, Ait ou Allai, Tidirmit, Imi n Msount.
324
RECONNAISSANCE AU MAROC.
De là il gagne limiter, où il se jette clans l’Ouad Tifnout.
Il n’a d’eau que clans la saison des pluies.
Distances : du Khela Tamzernit à Isherin . 1 heure.
d’Isherin à limiter . 1 heure.
AFFLUENT. — L’Ouad Msount en reçoit un , l’Ouad Ait Mesri , se jetant sur sa rive gauche à Isherin.
Ouacl Ait Mesri. — Il traverse le territoire des Ait Mesri (7 villages, tous sur son cours), fraction des
Ait Tameldou.
Il n’a d’eau que durant la saison des pluies.
Distance : des Ait Mesri à Isherin . 1/2 jour.
Ouad TizGi n Mousi. — On l’appelle aussi Ouacl Izgern. La source en est clans le désert, peu au-
dessus de Tizgi n Mousi. Il passe d’abord par le village de Tizgi n Mousi, puis par l’Amzaourou (G vil¬
lages, tous sur son cours); de là il traverse le territoire des Izgern (9 villages); il rentre ensuite clans
le désert, où il reste jusqu’à son confluent avec l’Ouad Tifnout. Les villages et fractions situés sur son
cours font partie des Ait Tameldou.
11 n’a d'eau que durant la saison des pluies.
Distances : de Mial (Ouad Ait Tameldou) à Tizgi n Mousi (désert) . 3 heures.
de Tizgi n Mousi à TAmzaourou . 1 heure.
de l’Amzaourou aux Izgern . 3 heures.
des Izgern à Mzi (Ouad Tifnout) . 1/2 jour.
REMARQUES SUR LES TRIBUS. — Le territoire des Iouzioun se compose exclusivement des villages
que nous avons énumérés sur le cours de l’Ouad Tifnout. Les Iouzioun forment une tribu séparée; ils
sont indépendants du sultan, mais reconnaissent la suprématie des deux puissants chikhs des Ait Ta¬
meldou : chacun de ces chefs a la moitié d’entre eux sous son autorité. Les Iouzioun sont de race et de
langue tamazirt. Us sont Chellaha. C’est une tribu riche et commerçante. Un marché, le Tlâta Tabia.
Deux mellahs.
2° OUAD AIT TAMELDOU. — On lui donne aussi parfois le nom d’Ouad Tittal. 11 prend sa source
clans le désert d’Igisel. De là il entre dans la tribu des Ait Tameldou , où il reste pendant tout son cours ;
il y arrose successivement les villages suivants :
Tittal, Mial, Tazoult, Aban, Bou Tizi, Ait Melloul, Ikouchoden, Id Marmouch, Inmerzen, Igourzan ,
Ida ou Amrar, Talat n Ougnal , Arbalou, Iril, Tammarouin, Ait Qedni.
Ce village est le dernier de l’Ouad Ait Tameldou, qui de là se jette sur la rive gauche de l’Ouad Tifnout,
un peu au-dessous de Taïssa.
L’Ouad Ait Tameldou a toujours beaucoup d’eau dans son lit, tout le long de son cours.
Distances : de Tizi n Ougdour à Tittal . 5 heures.
de Tittal à Mial . 1 heure.
de Mial à Tazoult . 1 heure.
de Tazoult à Ait Melloul . 1 heure.
d’Aït Melloul à Arbalou . 2 h. 1/2.
d’Arbalou à Ait Qedni . 1 h. 1/2.
d’Aït Qedni à Taïssa . 1 h. 1/2.
AFFLUENTS. — L’Ouacl Ait Tameldou reçoit plusieurs affluents; ce sont :
RIVE DROITE I
Ouad Amzarou , s’y jetant à Tazoult.
Ouad Igemran, s’y jetant à Aït Melloul.
Ouad Mançour, s’y jetant à Arbalou.
rive gauche :
Ouad Achakski, s’y jetant à Mial.
Ouad Aoullous.
Ouad Amzarou. — Il prend sa source au désert d’Ifenouan. Tout le cours en est sur le territoire des
BASSIN DE L’OUAD SOUS.
Ait Tameldou. Il arrose successivement les villages de Tagrioualt, Araben , Assaka, Ida El Hasen Ali,
Ait Ouahou, Anrouz, Tazoult.
A ce dernier point, il se jette dans l'Ouad Ait Tameldou.
L’Ouad Amzarou a de l’eau pendant toute l’année et sur tout son cours.
Distances : du Khela Ifenouan à Tagrioualt . 3 heures.
de Tagrioualt à Assaka . 1/2 heure.
d’Assaka à Tazoult . 1 heure.
AFFLUENT. — L’Ouad Amzarou reçoit un affluent, l’Ouad Tasoukt, se jetant sur sa rive gauche à
Assaka.
Ouad Tasoukt. — 11 prend sa source dans le désert de Tiddes. Tout le cours en est sur le territoire des
Ait Tameldou; il y arrose d’abord un groupe de 3 villages appelé Ait Ouartasa puis successivement,
Akchtim, Ait Iferd, Assaka, où est son confluent avec l’Ouad Amzarou.
Il a de l’eau en toute saison sur tout son cours.
Distances : du Khela Tiddes à Ait Ouartasa . faible 1/2 jour.
d’Aït Ouartasa à Assaka . 1 heure.
Ouad Igemran. — -U prend sa source au Djebel Agendi, montagne boisée, couverte de grandes fo¬
rêts de teceft. Tout le cours en est sur le territoire des Ait Tameldou : il y arrose successivement les
villages suivants :
Igemran (formée de 2 villages), Tizgi n Ouhakki, Tamjerjt (très grand village), Ait Melloul.
Il n'a d’eau que pendant la saison des pluies.
Distances : du Djebel Agendi à Igemran . 1/2 heure.
d’Igemran à Tamjerjt . 1,2 heure.
de Tamjerjt à Ait Melloul . 1/2 heure.
AFFLUENT. — L’Ouad Igemran reçoit l’Ouad Ait Tougda, se jetant sur sa rive droite un peu au-dessus
d’Aït Melloul.
Ouad Ait Tougda. — 11 prend sa source au Djebel Agendi. Tout le cours en est sur le territoire des
Ait Tameldou. Il arrose successivement les villages suivants :
Ait Ouzarar, Ait Tougda.
Puis il se jette dans l'Ouad Igemran.
Il n’a d’eau que pendant la saison des pluies.
Distances : du Djebel Agendi à Ait Ouzarar . 1 heure.
d’Aït Ouzarar à Ait Melloul . 1/2 heure.
Ouad Mançour. — Il prend sa source au désert de Timoures. Tout le cours en est sur le territoire des
Ait Tameldou. Il arrose successivement les villages suivants :
Mançour, Tlzoui, Amazzer, Agerd n Zarar, Tagadirt, Tareroucht, Iloukous, Ilemsen, Taourirt, Imoula,
Timiter, Ouaouzgert, Arbalou.
A ce dernier village est le confluent de l’Ouad Mançour et de l’Ouad Ait Tameldou.
La rivière a de l’eau sur tout son cours et pendant toute l’année.
Distances : du Khela Timoures à Mançour . 1 heure.
de Mançour à Tlzoui . 1/2 heure.
de Tlzoui à Arbalou . 1 h. 1/2.
AFFLUENT. — L’Ouad Mançour reçoit l’Ouad Tizgi, qui se jette sur sa rive droite à Tlzoui.
Ouad Tizgi. — Il prend sa source au désert d’ifenouan. Tout le cours en est sur le territoire des Ait
Tameldou. Il arrose successivement ;
Tizgi, Talmoudat, Igourdan, Tichki, Ida Ali ou llammou, Imskal , Timgdal, Tlzoui.
A ce dernier point est son confluent avec l’Ouad Mançour.
II a toujours de l’eau dans son lit , sur tout son cours et en toute saison.
Distances : du Khela Ifenouan à Tizgi . 1 heure.
de Tizgi à Tlzoui . 1 heure.
326
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Ouad Achakski. — On l’appelle aussi Ouad Mial. Il prend sa source au Djebel Achakski. Pas un seul
lieu habité sur son cours.
11 n’a d’eau que pendant la saison des pluies.
Ouad Aoullous. — On l’appelle aussi Ouad Ait Tedrart. Il prend sa source dans le Siroua : il arrose
sur son cours les villages suivants , appartenant tous aux Ait Tedrart :
Tadmamt, Aoullous, Tamalout, Azgaour, Adrer, Tamalout Ait Amer ou Ali , Asif Zimer, Agerd n Ou-
drer, Aglagal, Askaoun.
De là, plus de lieu habité sur son cours jusqu’à son confluent avec l’Ouad Ait Tameldou.
Les Ait Tedrart sont une fraction de la tribu des Ait Selîman.
Distances : de Tadmamt à Askaoun . 2 heures.
d’Aoullous à Amasin- (Ikhzama) . 1/2 jour.
d’Agerd n Oudrer à Iril n Oro (en traversant le désert de Teddref) . . 1/2 jour.
d’Agerd n Oudrer à Taïssa . 3 h. 1/2.
AFFLUENT. — L’Ouad Aoullous reçoit à Askaoun l’Ouad Id ou Illoun, qui se jette sur sa rive gauche.
Ouad Id ou Illoun. — Il reste pendant tout son cours sur le territoire des Id ou Illoun, où il arrose suc¬
cessivement les villages de :
Tinzert, Iferran, Agni , Almessa, Aouzrout.
Les Id ou Illoun sont une fraction de la tribu des Ait Selîman.
Distances : de Tinzert à Aouzrout . 1 heure.
d’Agni à Aglagal (Ouad Aoullous) . 1 heure.
d’Agni à Outoura (Ouad Zagmouzen) . 2 heures.
REMARQUES SUR LES TRIBUS. — Nous avons rencontré sur les cours d’eau que nous venons d’étudier
trois tribus : les Iouzioun, dont il a déjà été parlé, les Ait Selîman et les Ait Tameldou. Toutes trois sont
indépendantes et de race comme de langue tamazirt. Elles sont Chellalia : il n’existe point de Haratîn dans
le bassin du Sous. Elles sont sédentaires : le bassin du Sous ne renferme à peu près point de nomades.
Ait Selîman. — Tribu se subdivisant en deux fractions, les Ait Tedrart et les Id ou Illoun. La pre¬
mière est la plus nombreuse. Chacune se compose d’une certaine quantité de villages, les uns sur les
cours d’eau , où nous les avons mentionnés, les autres dans la montagne, alimentés par des sources. Les
Ait Selîman sont gouvernés par un chikh, dont le pouvoir est héréditaire : le chikh actuel s’appelle Abd
Allah Ait Ali ou Ious : la maison des Ait Ali ou Ious réside à Aoullous ; elle n’a aucune relation ni avec
le sultan ni avec le Telouet. Pas de marché chez les Ait Selîman. Deux mellahs.
Ait Tameldou. — Ils sont indépendants et gouvernés par leurs chikhs héréditaires : ceux-ci sont au
nombre de deux : voici comment ils se partagent le pouvoir.
A Tamjerjt réside la famille de chikhs des Id ou Mhind; le chef en est en ce moment Mohammed ou
llammou ; il a sous son autorité une partie de l’Ouad Tifnout , une partie de l'Ouad Inmarakht, l'Ouad
Amoumen, la moitié de l’Ouad Idikel, la moitié de l’Ouad Izgrouzen, l’Ouad Ikis, l'Ouad Msount, l’Ouad
Tizgi n Mousi, l’Ouad Amzarou, l’Ouad Igemran, l'Ouad Ait Tougda, l'Ouad Mançour, la moitié de
l’Ouad Tizgi. De plus , en dehors des Ait Tameldou , sa suprématie est reconnue d’une part par la moitié
des Iouzioun, do l’autre parles Ikhzama (bassin de l’Ouad Iriri).
A Ait Iferd réside la seconde famille de chikhs ; c’est une branche de la maison des Ait Ouzanif. Le
chef actuel en est Mohammed ou Abd Allah; il a sous son pouvoir le reste de l’Ouad Tifnout (les Ait
lrmor), les Ait Leti sur l’Ouad Inmarakht, la moitié de l'Ouad Idikel (Talat n Ig), l’Ouad Saksad, la moi¬
tié de l’Ouad Izgrouzen, l’Ouad,’ Ait Tameldou , l’Ouad Achakski, l’Ouad Tasoukt, la moitié de l’Ouad
Tizgi. Il faut y joindre, hors des Ail Tameldou, le reste des Iouzioun et les Ait Marlif (bassin de l'Ouad
Iriri).
Ces deux puissantes familles entretiennent avec le qaïd du Telouet des relations analogues à celles qu'a
avec lui le Zànifi : c’est leur seul lien avec le makhzen.
Les principaux produits de la tribu sont les noix et les olives, qui abondent sur tout son territoire. On
BASSIN DE L'ÛUAD SOUS.
327
récolte aussi des raisins et des grenades sur les rives de l’Ouad Tifnout. La vallée de cette rivière est la
partie la plus riche du pays des Ait Tameldou. Peu d’abeilles. De grands troupeaux de moutons et de
bœufs; beaucoup d’ânes et de mulets; des chevaux et des chameaux.
Les Ait Tameldou sortent peu de chez eux pour faire le commerce ; mais on se rend en leur pays de
Tazenakht, de T Ait Zaïneb, du Telouet, des bords de l’Ouad Sous, pour acheter des grains et des fruits ;
on en exporte ainsi du blé, de l’orge, des fèves, des noix, de l’huile.
Le centre le plus important de la tribu est Araben (120 familles musulmanes et 3 familles israélites).
Minerai de fer dans le désert d’Ifenouan.
Un seul marché chez les Ait Tameldou, le llad Tamjerjt.
Les Israélites sont nombreux sur leur territoire : ils y ont seize mellahs.
2°. — OUAD ZAGMOUZEN.
On l’appelle aussi quelquefois Ouad Ait Oubial et Ouad Ait Otman. Il prend sa source au mont Siroua.
Delà, il coule pendant quelque temps dans le désert, puis il entre dans la tribu des Ait Oubial; il y arrose
successivement les villages suivants :
Ait ou Alman, Ait Sin, Assaka, Tagouïamt.
De là il passe immédiatement dans la tribu des Ait Otman, où il arrose :
Ait Sin d Ait Otman, Tammenout, Outoura, Ait Sad, Takchtamt , Ait Aïcht, Tagmout (murailles ro¬
cheuses avec cavernes inaccessibles et restes de constructions).
Là finissent les Ait Otman : la rivière s’engage dans le long désert de Tifergin, où elle reste durant
plusieurs heures ; elle entre ensuite sur le terrritoire des Zagmouzen, où elle baigne :
Arfaman, Tagjdit, Anammer, Ikerouan, Tifourt, Irzi, Timicht, Taserga, Agadir Zagmouzen, Armed
Zagmouzen, Iril n Oro (très grand village), Tabia, Taltnezourt, Taourirt, Tirest, Iril Mechtiggil, Dou
Ouzrou, Taleouin,TabianBoro, Tagergoust, Bou Oulga, Timellilt.
De là, l’ouad, sans que les cultures s’interrompent sur ses rives, passe dans la tribu des Ait Semmeg;
il y arrose de nombreux villages, dont voici les principaux :
Imjijouin.
Targa n Mimoun . rive droite.
Ez Zaouïa (en face de Targa n Mimoun) . rive gauche.
Tazdert Fouqani.
Tazdert Tahtani.
Tagenza.
Puis il passe dans la tribu des Ait labia, où il baigne un grand nombre de villages, dont les principaux
sont :
Imi n Ougni.
Taourirt el Had . rive droite.
Arfaman.
Tazarin.
Tastift.
Amzaourou.
Bitgan.
Imider.
Imirgel.
A Imirgel finissent les Ait labia. Quelques pas plus bas, la rivière se réunit à l’Ouad Tifnout, au
village de Tinmekkoul, sur le territoire des Iouzioun.
Au-dessous d’Aït Aïcht, l’Ouad Zagmouzen a toujours de l’eau, quelle que soit la saison. Plus haut, il
est quelquefois à sec.
Distances : d’Aït Oubial à Tagmout . 1/2 jour.
328
RECONNAISSANCE AU MAROC.
de Tagmout à Iril n Oro . 1/2 jour.
d'Iril n Oro à Imirgel . 1 jour.
d’Imirgel à Tinmekkoul . 1/2 heure.
d’Arfaman (Ait Iahia) à Tinksif . 1/2 jour.
de Tinksif à Tasdremt (Aït Ououlouz) . 1 heure.
AFFLUENTS, — L’Ouad Zagmouzen reçoit deux affluents, l’un et l’autre sur sa rive gauche; ce sont :
l’Ouad Anializ, s’y jetant à Timicht (Zagmouzen), et l’Ouad Ait Semmeg, s’y jetant à Tagenza (Ait Sem-
meg).
Ouad Amaliz. — 11 prend sa source dans le désert Talart Imadid. De là il traverse le territoire des
Imadiden, fraction des Seketâna, puis il entre sur celui des Ait Abd el Ouirt, où il arrose successivement
les villages de Miggar el Iledid et d’Amaliz, séparés l’un de l’autre par le désert d'Igidi n Oumaliz. Les
jardins d’Amaliz touchent à ceux de Timicht, où la rivière se jette dans l’Ouad Zagmouzen.
Les Ait Abd el Ouirt sont une tribu à part, habituellement alliée aux Imadiden; elle ne se compose
que des deux villages que nous venons de citer et de deux autres, Tafrent et Tasrent, situés dans la mon¬
tagne, à peu de distance des premiers.
L’Ouad Amaliz a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.
Distance : d’Amaliz au désert Talart Imadid . 3 heures.
AFFLUENT. — L’Ouad Amaliz reçoit un affluent, l'Ouad Sidi Haseïn, se jetant sur sa rive droite à
Amaliz.
Ouad Sidi Haseïn. — Il prend sa source dans le Khela Tasrirt, passe au pied de la qoubba de Sidi
Haseïn, puis entre sur le territoire des Seketâna, dans la fraction des Imskal. Il y arrose d’abord Irri,
puis Tinfat, et se jette dans l’Ouad Amaliz au village d’Amaliz.
Ouad Ait Semmeg. — C’est une rivière importante, qui presque partout a de l’eau : elle prend sa
source dans le Petit Atlas, reçoit divers affluents et arrose sur son cours supérieur plusieurs tribus
(on ne peut me donner de renseignements sur cette portion); puis elle entre sur le territoire des Ait
Semmeg ; elle y arrose successivement un grand nombre de villages , dont voici les principaux :
Asedmer, Timichcha, Agadir Djedid , Ammeïn (groupe de plusieurs qçars), Doutourirt, Imzil, Tarzout.
Distance : d’Asedmer à Tagenza . 4 heures.
REMARQUES SUR LES TRIBUS. — Les tribus que nous avons mentionnées sur l’Ouad Zagmouzen et
ses affluents sont toutes indépendantes et toutes de race et de langue tamazirt. D’ailleurs le bassin de
l’Ouad Sous tout entier, sauf une ou deux exceptions insignifiantes, n’est peuplé que de Chellaha, et la
langue tamazirt y est partout l’idiome en usage. Parmi les tribus du bassin de l’Ouad Zagmouzen, les
unes, telles que les Aït Oubial, les Ait Otman, les Zagmouzen, les Aït labia, les Aït Abd el Ouirt, ne pos¬
sèdent que les villages que nous avons énumérés et d’autres intercalés entre eux, el ne s’étendent pas en
dehors des vallées des rivières; deux, au contraire, les Ait Semmeg et les Seketâna, sont de grandes
tribus dont nous n'avons mentionné qu’une faible portion.
Les Aït Oubial n’ont point de marché. Ils sont renommés pour l'excellent safran qui se récolte sur leur
territoire ; on en trouve dans la plus grande partie du haut Sous, mais celui de leur pays est réputé le
meilleur.
Les Ait Otrnan ont un marché, le Tenîn Aït Sin.
Les Zagmouzen en ont un aussi, le Khemîs Iril n Oro. On trouve, dit-on, du minerai d’argent sur
leur territoire.
Les Aït labia possèdent un marché, le Tenîn Taourirt el Had. Ils sont gouvernés par un chikh hé¬
réditaire résidant à Arfaman.
Pas de marché dans la petite tribu des Aït Abd el Ouirt.
Les Juifs sont nombreux dans ces régions: il y a douze mellabs dans le bassin de l’Ouad Zagmouzen.
Seketana. — Toutes les populations du bassin du Sous et toutes celles comprises entre Sous et Dra,
à l’exception du Sahel, se divisent en deux grandes familles : les Gezoula et les Seketâna. Nous avons
BASSIN DE L’OUAD SOUS.
329
énuméré plus haut les tribus et les groupes divers dont se composent l une et l’autre. Dans le bassin du
Sous, deux noyaux séparés ont conservé l’un le nom de Gezoula, l’autre celui de Seketâna , et se les sont
attribués comme dénominations particulières : nous parlerons plus loin des Gezoula, quand nous en
serons à l’Ouad Sous proprement dit; ici , dans le bassin de l’Ouad Zagmouzen, se trouve la tribu dite
des Seketâna.
Les Seketâna sont cantonnés dans le Polit Atlas, sur la rive gauche de l'Ouad Zagmouzen, à environ
6 ou 8 kilomètres de ce cours d’eau, à peu près à hauteur de la tribu des Zagmouzen. La plupart de
leurs villages sont alimentés par des sources : les deux rivières qui traversent leur territoire, l’Ouad
Amaliz et l’Ouad Sidi llaseïn, n’arrosent qu’un petit nombre de localités. Les Seketâna possèdent en
outre, à proximité de l’Ouad Zagmouzen, un gros village isolé, Ihoukern. Il s’élève à 2 kilomètres au
sud de la rivière, entre Tagmout et Ait Aïcht. Quoique presque enclavé dans les Ait Otman, c’est aux Se¬
ketâna qu’il appartient.
Ceux-ci se divisent en trois fractions : Seketâna proprement dits, Imadiden, Imskal. Les premiers
habitent la portion ouest du territoire, les seconds le centre, les derniers l’est.
Seketâna proprement dits. — Voici leurs principaux villages : Tizgi, Tirikiou, Allegou, Tanfekht, Aouirst,
Imgoun, Taglaout, Taourirt, Ait Abbou, Iriln Ouaman, Ait Dellia , Agdz, Tabadricht, Ait Heddou, Ti-
liona, Ait Rohou.
imadiden. — Voici leurs principaux villages : Aderdour, Iril n Tefraout, ïaddart, Tazga, Ait Rohou, Ifri
Imadiden.
imskal. — Voici leurs principaux villages : Argoummi, Irri, Gounin, Ifran, Imrid, Tazoult, l'izi n Tifourt,
Imi nOugni, Tamskourt, Agoudal, Timasinin, Timersit. Les cinq derniers portent le nom collectif de
Tinfat. Le village isolé d'Ihoukern compte avec les Imskal.
Ces trois fractions sont à peu de distance les unes des autres, surtout les deux dernières : dans cha¬
cune, les villages sont fort rapprochés et se touchent entre eux parleurs cultures.
Les principaux centres sont Imgoun, Aouirst, Tanfekht. Un marché, le Had Tirikiou.
Chacune des trois fractions des Seketâna est gouvernée séparément par son chikh héréditaire.
Les principales productions du pays sont les olives, les noix, les figues, et surtout le safran.
Ait Semjieg. — C’est une puissante tribu, atteignant les bords de l’Ouad Zagmouzen et s’étendant au
loin sur les pentes du Petit Allas, qui forme le flanc gauche de la vallée de cette rivière. Elle se divise
en nombreuses fractions; plusieurs cours d’eau eu arrosent le territoire. Elle est sous l’autorité d’un
chikh héréditaire résidant à Tagenza. Le chikh actuel s’appelle Ould Ahmed ou Ahman. Un marché,
l’Arbaa Doutourirt, qu’on appelle aussi Arbaa Ammeïn.
3°. — OUAD SOUS JUSQU’A TAROUDANT.
La portion de la vallée de l'Ouad Sous comprise entre Tinmekkoul, où il commence à prendre ce
nom, et Taroudant s’appelle Ras el Ouad. Cette dénomination est vague : tantôt elle ne s’applique qu'à
la plaine au milieu de laquelle coule le fleuve, tantôt on y comprend les versants des montagnes qui
la bordent.
L’Ouad Sous, l'Asif n Sous, comme on l’appelle le plus souvent, est très habité sur tout son cours;
pas un seul point désert sur ses rives : depuis Tinmekkoul jusqu’à la mer, elles sont couvertes de
cultures et de villages se succédant sans interruption. Le fleuve coule au milieu d’une plaine très unie
qui prend bientôt une grande largeur; cette largeur augmente sans cesse à mesure qu’on s’avance
vers la mer. C’est partout un sol d’une fertilité admirable; mais une partie seulement en est cultivée,
le reste est laissé en pâturages et en forêts. Plusieurs tribus habitent sur le cours du Sous : les unes
s’étendent sur ses deux rives, comme les Rhala; les autres sur une seule, comme les Menâba ou les
42
MECONNAISSANCE AO MAIIOC.
330
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Indaouzal; les unes ne possèdent que les bords mêmes du fleuve : tels les Rhala et les Menâba; d’au¬
tres s’enfoncent au loin dans les terres : tels les Oulad labia, les Indaouzal.
Au-dessous de Tinmekkoul, l’Ouad Sous entre immédiatement dans la tribu des Rhala. Elle se com¬
pose de trois fractions : Ida ou Gemmed, Ait Ououlouz , Ida ou Tift. Les Ida ou Gemmed sont sur
la rive droite, les deux autres groupes en face d'eux sur la rive gauche; les Ait Ououlouz sont en
amont, les Ida ou Tift en aval.
Tous les villages des Rhala se trouvent sur les bords mêmes du fleuve ; voici les principaux d’en¬
tre eux :
Sur la rive droite : fraction des Ida ou Gemmed :
Iranimin.
Koulat.
Sidi Omar.
Tir.
Tashmoumt .
Ikhfri .
Tagenza.
Aderdour .
Zaouïa Sidi Ious .
Tagadirt n Tafoukt .
Zaouïa el Ferfar .
El Ferfar .
Tigemmi n Talart .
Igedda.
Tiourza (appelé aussi Aourz). . . .
Aourir .
I milan .
Aoumselart .
Aougeddim .
Irk.
Tarlemt.
Tagadirt Ait Hamed ou lloummou.
Agdour .
Ait Selîman.
Tiflit .
Tagendout.
Ait Ouasaou.
Tinnikt.
Talat n Tiout.
en face d’Amerli.
en face de Tloussa.
en face de Tloussa . 120 fusils.
en face d’Aït Ouinbarek.
en face de Tasserlit.
en face de Tigider.
en face de Timikert.
en face de Tahalla.
en face de Tahalla.
en face d’Imilan.
en face de Bouour.
en face de Tassoumat.
entre Tassoumat et Assaka.
en face de Tahalla.
en face de Bouour.
en face de Louleïza.
Sur la rive gauche : d’abord la fraction des Aït Ououlouz :
Tasdremt.
Agerd.
Tamgout.
Agadir n Ousekti.
Agadir n Iblaz.
Zaouïa Moulei Ali.
El Qaçba.
Adouz.
Tamdrart.
Aourir.
Tagergoust.
Ces huit derniers villages sont compris sous le nom collectif d’Aoulouz.
Viennent ensuite ceux des Ida ou Tift :
Amerli
300 fusils.
BASSIN DE L’OUAD SÜUS.
Iferd n Khalifa.
Igedad . 150 fusils.
Amari.
Tagoust.
x\gadir Aït Haseïn.
Tloussa.
Zaouïa Sidi Mhind ou Iaqob.
Aït Oumbarek.
Taserlit.
Tigider.
Timikert.
Imejjat.
Bouour.
Tagadirt n Ououddiz.
A Bouour, en face des derniers villages des Ida ou Gemmed, commence, sur la rive
ritoire des Indaouzal. Au-dessous de Tinzert, on entre, sur la rive droite, dans celui
fleuve forme la frontière entre les deux tribus. Voici les villages qu’il arrose :
Rive droite : Menâba :
Tinzert .
Ida ou Qaïs (groupe compact de 7 villages) .
Zaouïa Moulei Abd el Qader.
Aïn n Ougeïda.
Igoudar.
Aït Ioub .
Oulad Ifasen .
Tamast (sur la rive gauche de l’ouad ; seul village des Menâba
dans cette situation) . .
Oulad Brahil . en face de Tamast.
Aïn el Asid.
Souatat .
Zrabia.
El Bordj.
Oulad Brahim.
Agedal.
Dir.
Sama.
Ida ou Gouilal .
Igli .
Erzagna.
Aït Aïssa.
Zaouïa Ben Abbou.
Agadir er Remel.
Rive gauche : Indaouzal :
150 fusils.
120 fusils.
150 fusils.
150 fusils.
300 fusils.
120 fusils.
150 fusils.
200 fusils.
Tassoumat.
Assaka.
Louleïza . 120 fusils.
Tafellount.
Tirkt.
Agadir el Bour.
Aït Merras.
Sidi Malek.
A Sidi Malek finit la portion occupée parles Indaouzal; ils sont suivis par les Ou
appartient toute la rive gauche du fleuve depuis là jusqu’à Taroudant : le long de cet
qu’une série non interrompue de villages ; voici seulement les noms des principaux :
gauche, le tor¬
des Menâba. Le
lad labia , à qui
espace, ce n’est
RECONNAISSANCE AU MAROC.
332
Tamast (appartenant aux Menâba, quoique sur la rive gauche).
Taourart.
Tezzart.
El Mhara.
Timdouin . . . 400 feux.
Arazan . 120 feux.
Taqtrant.
Agadir n Abbou.
Oulad Bou Ris . . . 120 feux.
Freïja.
Au-dessous des Menàba, sur la rive droite, se trouvent d'abord les Ait Iiggas, bordant l’ouad de
leurs villages; puis les Oulad labia, qui , à partir de là, occupent les deux rives du fleuve jusqu’à Ta-
roudant. Ce n’est, dans ces deux tribus, que succession constante de jardins, de hameaux et de bour¬
gades tout le long du cours d’eau : le principal centre, sur la rive droite, est le village de Ben Sifer.
L’Ouad Sous a toujours de l’eau dans son lit.
Nous avons dit le nombre de fusils des localités les plus importantes : les autres ont en général de
30 à 00 familles.
Distances : de Tinmekkoul à Aoulouz .
de Tinmekkoul à Tasdremt .
d’ Aoulouz à Tir .
de Tir à Tinzert .
de Tinzert à Igli .
de Tir à Ida ou Qaïs .
d’Aoulouz à Iferd n Khalifa .
d’Iferd n Khalifa à Tagadirt n Ououddiz .
d’Iril n Oro à Aderdour (en coupant au court) . . .
d’Iril n Oro à Aoulouz (en coupant au court) . . .
d’Iril n Oro à Igli .
d’Iril n Oro à Tinmekkoul (en longeant l’ouad). . .
d’Igli à Ida ou Gouilal .
d’Igoudar à Ida ou Gouilal .
d’Igoudar à Igli .
d’Igoudar à la frontière des Rhala .
de Zaouïa Ben Abbou à Agadir er Renie! .
d’Aït Aïssa à Agadir er Remel . . . .
de Tinnikt à Oulad Hasen .
de Tinnikt à Aourz .
de Tasdremt à Tirkt (en coupant au court) .
de Tasdremt à Bouour (en suivant l’ouad) ...
de Tirkt à Bouour (en suivant l’ouad) .
de Tirkt à Oulad Bou Ris .
d’Oulad Bou Ris à Freïja .
d’Oulad Hasen à Taroudant .
3 heures.
1 h. 1/2.
Le fleuve seul les sépare.
3 heures.
3 heures.
4 heures.
Leurs jardins se touchent.
2 heures,
fort 1/2 jour,
fort 1/2 jour.
1 jour 1/3.
forte journée.
Ils se touchent.
2 heures.
2 heures.
1 heure.
Les jardins se touchent.
Les jardins se touchent.
1 h. 1/2.
3 h. 1/2.
3 h. 1/2.
3 heures.
2 heures.
1 jour.
1 h. 1/2.
1 jour.
De l’examen de ces distances il ressort deux choses : la première, c’est que l’Ouad Sous fait un coude
considérable auprès d’Aoulouz; la seconde, que l’Ouad Zagmouzen décrit un long circuit avant de se
jeter dans l’Ouad Tifnout.
On ne met en effet que 3 heures et demie pour aller de Tasdremt à Tirkt : on laisse le fleuve à gau¬
che, on coupe au court à travers un désert, le Khela Ait Ouasaou, et on ne retrouve l’Ouad Sous qu’à
Tirkt. Si on voulait faire le même trajet en longeant le fleuve, au milieu des villages et des cultures,
il faudrait 5 heures de temps.
De même, pour se rendre d’Iril n Oro à Aoulouz, il suffit d’une forte demi-journée. On descend
l’Ouad Zagmouzen jusqu’à Taourirt el Had : là on le quitte et on coupe au court à travers les monta¬
gnes du flanc gauche. On monte d’abord par le désert Timezgida n Izrar; puis on arrive à la qoubba
BASSIN DE L’ÜUAD SUES.
333
de Sidi Bon Ueja, située au col même où se franchit le massif : ce col, fort célèbre, s’appelle Tizi n
Suus. De là on passe dans un nouveau désert, la forêt de Don Ouzrou Zouggar, célèbre par les brigandages
qui s’y commettent : non loin de là se trouve le village d’Agni nFad, qui reste en dehors de la route. Après
deux heures de marche dans cette solitude, on débouche chez les Rhala à Aourir, village du groupe
d’Aoulouz. Ce chemin est ce qu’on appelle le chemin de Tizi n Sous. Quoique en montagne, il n’est
pas très pénible. Il se fait en une demi-journée. On mettrait deux fois plus de temps en suivant le
fond des vallées : en effet, on compte une forte journée pour aller d’Iril n Oro à Tinmekkoul, et il y a
encore deux ou trois heures de ce point à Aoulouz.
Nous avons dit plus haut que, si les bords du Sous sont cultivés partout, il n’en est pas de même de
la large plaine formant le fond de la vallée : elle n’est cultivée qu’en partie : le reste est couvert de bois
et de pâturages. Les principales forêts sont : sur la rive droite, celle de Bon Taddout (Ait Iiggas et
Ûulad labia); sur la rive gauche, celle de Briouga (Oulad labia, entre Timdouin et Taroudant); au
milieu de cette dernière se trouve le grand village de Tiout, situé à mi-distance entre Igli et Taroudant.
REMARQUES SUR LES TRIBUS. — Les habitants du Sous, sauf un ou deux petits groupes d’Arabes
de quelques tentes seulement, comme celui des Oulad Dris, groupes jetés on ne sait comment et
noyés au milieu du reste de la population, sont tous de race tamazirt (chleuha) et de mœurs séden¬
taires. La langue usuelle y est partout le tamazirt. Dans le haut Sous, au-dessus du Ras el Ouad, et
dans les chaînes du Grand et du Petit Atlas, cette langue est à peu près la seule connue. Mais à me¬
sure qu’on descend le cours du fleuve et qu’on se rapproche du fond de sa vallée, le nombre des in¬
dividus sachant l’arabe augmente. A partir des Menàba, il est peu d’hommes, au bord de l’ouad, qui
ne connaissent cette langue.
L’état politique des tribus du Ras el Ouad a traversé depuis quelque temps diverses vicissitudes :
durant de longues années, ces tribus ont été insoumises, sans aucune relation avec le makhzen. Récem¬
ment, pendant l’été de 1883, Moulei El Hasen lit une campagne dans le bas Sous et le nord du Sahel
Marocain, et en profita pour inviter les habitants du Ras el Ouad à l'obéissance : c’était dans un moment
de famine; les populations, pauvres et affaiblies, ne voulurent pas entrer en lutte; d’ailleurs une por¬
tion d’entre elles, fatiguée d'une longue anarchie, souhaitait un gouvernement régulier : elles se sou¬
mirent. On donna le titre de qaïd à leurs chikhs héréditaires : ceux-ci furent chargés de collectionner
l'impôt et de lever des soldats pour le compte du sultan : au reste, point de garnisons, point d'hommes
du makhzen, pas un seul fonctionnaire étranger. Tel était l’état du pays au moment de mon voyage. On
était soumis au sultan, mais celui-ci n'exigeait que fort peu ; trop cependant , au gré de ces tribus ja¬
louses de leur liberté : même ceux qui naguère avaient désiré ce régime en étaient lassés : il est vrai
qu’ils n’y avaient point trouvé le bien qu’ils en attendaient. Aussi cet état de choses n’a, parait-il,
pas duré longtemps. Dès la première année d’abondance, la révolte a été générale : en automne 1884,
toutes les tribus ont, dit-on, refusé argent et soldats; en quelques lieux où les qaïds avaient abusé
de leur autorité ou voulu maintenir l’ordre établi, elles les ont chassés, en détruisant leurs demeures.
Depuis lors toutes vivent de nouveau dans une complète indépendance, sans aucun rapport avec
Moulei El Hasen.
Celui-ci avait divisé le Ras el Ouad en six provinces, amel. Chacune d’elles se composait d’une des
tribus ou fractions de tribus principales, que gouvernait son chikh avec le titre de qaïd : ce magistrat
avait de plus dans son ressort, surtout en ce qui concernait leurs rapports avec le sultan, les tribus
voisines moins considérables, ou celles dont la dépendance n'était pas complète. C'est ainsi que le
qaïd des Menàba avait dans son amel les Ait Iiggas et les Talkjount d'une part , les Indaouzal de l'au¬
tre. Les six amels étaient :
1" Rhala (Ida ou Gemmed).
3" Rhala (Ait Ououlouz et Ida ou Tift).
3" Menàba.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
334
4° Onlad Ialiia.
3° Aït Semmeg (sur l’Ouad el Amdad; versant sud du Grand Atlas).
0" Mentaga (dans le massif du Grand Atlas).
Rhala. — Tribu occupant les deux rives de l’Ouad Sous. Tous les villages en sont sur les bords
mômes du fleuve. Elle se divise, comme nous l’avons vu, en Ida ou Gemmed, Ait Ououlouz, Ida ou
Tiff. Deux chikbs héréditaires, portant aujourd'hui le titre de qaïd, les gouvernent : ce sont le qaïd
1 1 aida ould El Hasen ou Ahman, résidant à Tagenza : il a sous son autorité les Ida ou Gemmed; le
qaïd Omar el Aoulouzi, demeurant à Agadir n Iblaz : il commande aux Aït Ououlouz et aux Ida ou
Tilt. Deux marchés chez les Rhala, le llad Aoulouz et l’Arbaa Aoulouz. Cinq mellahs.
Menaba — Tribu Occupant la rive droite de l’Ouad Sous; elle forme une bande étroite le long du
fleuve et ne s’étend pas dans l’intérieur de la vallée. Elle est gouvernée par Qaïd El Arbi, résidant à
Igli; la maison de celui-ci, vaste "demeure avec grandes dépendances, s’appelle El Mkhatir. Trois
marchés dans la tribu, Had Igli, Djemaa Tinzert et Tlâta Ait loub : ce dernier, connu sous le nom
de Tlâta Menâba, est le marché le plus important du lias el Ouad. 11 y a 12 mellahs chez les Menâba.
Indaouzal. — C’est une grande et puissante tribu située sur la rive gauche de l’Ouad Sous ; sur les
bords immédiats du lleuve, elle n’occupe qu'une faible longueur; mais au delà elle s’étend au loin,
bornée à Test par les Aït labia et les Aït Semmeg, au nord par les Rhala et les Menâba, à l’ouest par
les Oulad Ialiia, au sud et au sud-ouest par diverses petites tribus indépendantes : toute la plaine qui
s’étend au sud des Menâba et des Rhala lui appartient, ainsi que les premières pentes du Petit Allas
sur une assez grande profondeur; le Tizi n Sous est sur son territoire. Elle a deux chikhs héréditaires
résidant, l'un à Akchtim, l’autre dans un village appelé de son nom, Ould Sidi Malek. De plus, les
localilés des Indaouzal limitrophes des Aït Ialiia se sont rangées sous l’autorité du chef de ces derniers,
le chikh d'Arfaman. Pour leurs rapports avec le sultan, les Indaouzal dépendent du qaïd El Arbi,
d’Igli. Cette tribu, en paix en ce moment, a été longtemps désolée par des querelles intestines : de¬
puis une époque très ancienne, elle est divisée en deux partis, presque toujours en guerre l’un contre
l’autre; dans ces luttes, chaque parti eut constamment pour soutien son voisin, l’un les Aït Semmeg,
l’autre les Oulad Ialiia. A la longue ils prirent les noms de ces alliés, en sorte qu’aujourd’hui une moitié
des Indaouzal est dite Ait Semmeg, l'autre Oulad Ialiia.
La tribu est chleuha et sédentaire; elle possède un grand nombre de villages : nous en avons
cité quelques-uns sur l'Ouad Sous; ce sont presque les seuls qui soient arrosés par une rivière;
la plupart des autres n’ont que des sources ou des citernes; voici les noms des principaux :
Tidnes, Agni n Fad, Kouilal, Tabia n lmaoun, Taourirt el Mrabtin, Aït Ions, Ait Djarna, Akchtim,
Amalou, Assaïn, Aït Bazmad, Aït Bou Iazza, Tamalalt, Amari, Es Sebl , Imi el Aïn.
Distances : d’Arfaman (Aït Ialiia) à Tidnes . 1 li. 1,2.
de Tidnes à Agni n Fad (forêt de Dou Ouzrou) . 3 heures.
d'Agni n Fad à Assaïn . 1 heure.
d'Assaïn à Assoumat . 3/4 d’heure.
Aït Bazmad, Aït Bou Iazza, Tamallalt, Amari, Es Sebt, Imi
el Aïn sont groupés autour d'Assaïn.
Deux marchés : l’un se tient le samedi, au village appelé pour ce motif Es Sebt; l’autre est l'Arbaa
Aït Abd Allah ou Mliind.
Deux mellahs.
Oulad 1ah:a. — Très grande tribu, la plus considérable du bassin du Sous. Elle s’étend sur la rive
droite du fleuve de Taroudant aux Aït liggas, sur sa rive gauche de Tamast à Taroudant. Sur toute
cette longueur, la vaste plaine située entre le Grand Atlas d'une part, le Petit Allas de l’autre,
lui appartient. Elle occupe la vallée dans tonte sa largeur, au lieu de ne comprendre, comme les
Rhala el les Menâba, que les bords de l’ouad. Elle est gouvernée par un chikh héréditaire, portant
aujourd'hui le titre de qaïd; il se nomme Ould El Djeïdli; sa résidence est Timdouin : c’est un
BASSIN DR L’OUAD SOUS.
333
homme riche et puissant. 11 y a quelques années, avant la soumission du lias el Ouad, ayant eu l’im¬
prudence d’aller à Taroudant, il y fut saisi et incarcéré par ordre du sultan : moyen de lui faire don¬
ner une partie de ses richesses. Il demeura près de (5 ans en prison , et 11e fut relâché que sur les ins¬
tances de Sidi Mohammed ou Bou Bekr, chef de la zaouïa de Tamegrout, lors d’un voyage que ce
saint personnage lit à Taroudant.
Le principal marché de la tribu est le Tenin Timdouin. Trois mollahs.
Mentaga. — Tribu soumise au sultan, que gouverne, avec le titre de qaïd , son chikh héréditaire,
Ali ou Malek. Il réside à Sidi Mousa. Les Mentaga habitent sur les pentes du Grand Atlas. Une seule
rivière, à laquelle ils donnent leur nom, arrose leur territoire : elle prend sa source à la crête même
de la chaîne; on ne peut me dire où elle se jette. Deux marchés, le Tlàta et l’Arbaa Mentaga.
AFFLUENTS. — L’Ouad Sous en a un grand nombre : voici les principaux : l’Üuad Tazioukt, s’y je¬
tant à Tasdremt; l’Ouad el Amdad, s’y jetant à Ida ou (Jais; l'Ouad Bou Srioul, s’y jetant à Üulad
Hasen; l’Ouad Talkjount, s’y jetant à Igli. Il reçoit tous ces cours d’eau sur sa rive droite.
Ouad Tazioukt. — Il sort du désert d’Iger n Znar, qui s’étend entre son cours et le district d’Ou¬
neïn. 11 arrose successivement les villages suivants :
Tagoulemt, Tanfit , Agersaf, Takemmou, Bou Mazir, Ihouzin, Tlemkaïa.
Leur ensemble forme le district de Tazioukt; il dépend du qaïd d’Aoulouz.
L'Ouad Tazioukt a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.
Distance : de Tasdremt à Tagoulemt . 3 heures.
Largeur du désert d’Iger 11 Znar . 3 heures.
Ouad el Amdad. — Dans son haut cours, on l’appelle souvent Ouad Ouneïn. Il prend sa source aux
crêtes du Grand Atlas; en descendant, il entre d'abord dans le district d’Ouneïn : il y arrose un grand
nombre de villages, dont les principaux sont :
Adouz, Irazin, Anzi, Taleouin.
De là il passe dans la tribu des Ait Semmeg; il y arrose successivement beaucoup de villages : les
principaux sont :
Sidi ou Aziz, Ait Bou Bekr (groupe de plusieurs villages), Aouftout, Touloua.
Durant tout ce temps, il reste en montagne. Ensuite il débouche en plaine par le kheneg d'Imi n ou
Asif : il entre là dans la vallée du Sous; il y traverse, dans sa partie orientale, la tribu des Talkjount;
puis il sert de limite pendant quelque temps entre les Bhala et les Menàba, et enfin il se jette dans
l'Ouad Sous, entre Ida ou (Jais et Ain n Ougeïda.
A Imi n ou Asif se trouve un grand village avec marché, Khemîs Sidi Mohammed ou Iaqob.
L’Ouad el Amdad a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.
Distance : d’Aderdour à Ouneïn . 1 jour.
Le district d’Ouneïn est fort peuplé ; il se compose non seulement des villages arrosés par l’Ouad
el Amdad, mais encore de plusieurs autres à proximité : il est gouverné par un chikh. Ce district a
fait sa soumission en même temps que tout le Bas el Ouad : auparavant le Gentafi s'était efforcé à plu¬
sieurs reprises de le réduire sous son autorité : il n'avait jamais pu y réussir. Un mollah dans TOuneïn.
Les Ait Semmeg sont une nombreuse tribu habitant les bords de l'Ouad el Amdad el la région voisine :
ils n’ont rien de commun avec les Ait Semmeg de l'Ouad Zagmouzen. Ceux que nous trouvons ici for¬
ment un des 0 amels du Bas el Ouad. Ils sont gouvernés par le qaïd Omar ben Bacha, résidant à Aouf¬
tout. Un mellah sur leur territoire. Deux marchés : le Khemîs Sidi ou Aziz et le Tenin Ait Bou Bekr.
Ce nom d’Aït Bou Bekr rappelle une triste histoire. En août 1880, un jeune Autrichien, M. Joseph
Ladeïn, quittait Merrâkech avec l’intention de gagner Taroudant par l’Atlas : c’est une route ordinai¬
rement sûre : il ne prit pas de travestissement, n’emmena point d’escorte, se pensant assez protégé en
se joignant à une caravane. Un domestique israélite le suivait. Il remonta l'Ouad Ntis, traversa l'Ouneïn,
entra chez les Ait Semmeg : jusque-là tout allait bien. Mais le malheureux ne devait pas dépasser les
336
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Ait Bou Bekr : cheminant sur leur territoire, il arriva au village d’Hierk, chez les Ait Ben Mançour,
non loin de la zaouïa de Sidi Bou Nega. Il voulut s’y arrêter quelques instants et demanda à boire : on
lui tendit un vase d’eau : au moment où il le portait à ses lèvres , on se jeta sur lui et on l’égorgea. Dans
la suite, les Ait Ben Mançour furent, dit-on, condamnés à une forte amende pour ce crime. Quel en avait
été le mobile? Ce n’était point le vol : le voyageur n'avait que des effets de peu de valeur; rien dans
son équipage ne dénotait qu’il fût riche. Tous ceux qui me racontèrent le fait me dirent qu’on l’avait
tué parce qu’il était chrétien.
Ouad Bou Srioul. — 11 prend sa source aux crêtes du Grand Atlas, non loin de celle de l’Ouad el
Gentafi, auprès du Djebel Arbar. Il passe d’abord dans diverses fractions, puis entre sur le territoire
des Gezoula : c’est une nombreuse tribu, restée insoumise au sultan; de là, la rivière débouche en
plaine et traverse successivement les terres des Talkjount et celles des Menâba.
L'Ouad Bou Srioul a toujours de l’eau dans son lit.
Distance : d’Oulad Hasen au Djebel Arbar . 1 jour.
Ouad Talkjount. — 11 prend sa source au Djebel Titouga; puis il entre chez les Ida ou Zeddar,
grande tribu soumise au makhzen : de là il débouche en plaine, et traverse d’abord le territoire des
Talkjount, puis celui des Menâba.
L’Ouad Talkjount a de l’eau pendant la plus grande partie de l’année.
Distance : d’Igli au Djebel Titouga . 1 jour.
4°. ITINÉRAIRES.
1" DE L'OUAD TIFNOUT AU TELOUET. — Un chemin mène de l'un à l’autre : on remonte
l’Ouad Tifnout jusqu’auprès de sa source; de là, une côte douce conduit à un col et au bassin opposé.
Point de pentes raides; route facile.
2° DE TAZENAKHT AUX AIT OIJBIAL. ■ — La distance est d’un jour de marche. De Tazenakht,
on remonte d’abord l’ouad du même nom, puis l’Ouad Ta n Amelloul jusqu’à sa source. On franchit
le désert de Ta n Amelloul : celui-ci s’étend entre les Ait Ouarrda et les Ait Oubial : on se trouve à cette
dernière tribu dès qu’on Ta traversé.
Distances : de Tazenakht à Imdrer . 3 heures.
d’Imdrer au Khela Ta n Amelloul . 3 heures.
Traversée du Khela Ta n Amelloul . 1 h. 1/2.
3° DE TAZENAKHT AUX ATT TEDRART. — On gagne les Ait Oubial, puis les Ait Otman; là on
laisse l'Ouad Zagmouzen à Outoura, et on monte vers le nord dans les montagnes qui en forment le
flanc droit : elles s’appellent à ce point Djebel lleddi et forment un désert dangereux. On y chemine
jusqu’aux Id ou llloun : il y a 2 heures entre leur territoire et Outoura. On traverse l’Ouad Id ou Illoun ;
on entre dans un nouveau désert, celui de Teddref : après l’avoir franchi, on se trouve à l’Ouad Ait
Tedrart. Une heure entre les Id ou Illoun et Aglagal.
4° DE TAZENAKHT AUX AIT TAMELDOU. — 11 y a deux chemins principaux; les voici :
I. — Gagner d’abord le territoire des Id ou Illoun, puis celui des Ait Tedrart; de là passer aux Ait
Tameldou, qui n’en sont qu’à 1 heure de distance. On marche tout le temps en pleine montagne.
IL — De Tazenakht, on gagne les Ikhzama à Tesakoust (Ouad Iriri). De là on va à Amasin (Ikhzama)
et on remonte l’ouad de ce nom jusqu’à sa source, au Tizi n Ougdour. On franchit ce col : c’est un pas¬
sage facile; il forme la limite entre les bassins du Dra et du Sous. De là on s’engage dans le désert
d’Igisel, où l'on marche durant 5 heures , jusqu’au village de Tittal , le premier des Ait Tameldou.
3° DE T A MAROUET A TUSFAT (SEKETANA). — On compte I jour de marche entre ces deux
points. On gagne le Khela Tasrirt en passant par Ait Mesri : on marche une demi-journée dans ce désert :
ou en sort à Irri, sur l’Ouad Sidi Haseïn. Irri n'esf qu’à une demi-heure de marche de Tintât.
BASSIN DE L’UUAD SOUS.
337
Distance : de Tamarouft au Khela Tasrirt . 4 heures.
6° D’IRIL N ORO AUX SE K ET AN A. — On suit les rives de l’Ouad Zagmouzen jusqu’à D'il Mech-
tiggil (Zagmouzen). Là on le quitte et, marchant vers le sud, on s’engage dans le Petit Atlas. Au bout
d’une heure de marche, on atteint le territoire des Seketâna : on passe d’abord à Tizgi, puis aussitôt
après on trouve Tirikiou. De là, si on veut se rendre chez les Seketâna proprement dits, on prend à
l’ouest; si on veut gagner soit les Imadiden, soit les Imskal, on se dirige vers l’est. Ces deux fractions
sont en face l une de l’autre, du même côté et presque à même distance de Tirikiou.
Distances : d'Iril n Oro à Iril Mechtiggil . 3/4 d’heure.
d'Iril Mechtiggil à Tirikiou . 1 h. 1/4.
7" DES AIT IAH1A [OU AD ZAGMOUZEN) A T ATT A. — Il y a un chemin partant du territoire
des Ait labia, remontant l'Ouad Ait Semmeg jusqu’à sa source, puis gagnant Tatta.
8° D’IRIL N ORO A MERRAKECH. — On compte 3 jours et demi de marche :
1er jour. — D’Iril n Oro à Tinmekkoul, en descendant l’Ouad Zagmouzen.
2° jour. — On gagne Tlemkaïa sur l’Ouad Tazioukt; on remonte cette rivière jusqu’à Tanût. Là on la
quitte, et on s’engage dans le désert d’Iger n Znar qui s’étend au delà de sa rive droite. On y marche
durant trois heures ; puis on atteint à Taleouin (district d’Ouneïn) l’Ouad el Amdad : on le remonte
jusqu’à Adouz.
3° jour. — On quitte l’Ouad el Amdad à Adouz : on s’engage dans une vaste plaine ; au bout de 3 heures,
on atteint un groupe formé de 2 villages : le premier est Tamsellount, le second Tamdroust : ils comp¬
tent dans le district d’Ouneïn. En sortant de Tamdroust, on entre dans le désert montagneux d’Ouich-
dan : côtes raides , chemin parfois difficile : au milieu de ce désert est le col où l’on franchit la crête
supérieure du Grand Atlas. On chemine dans le Khela Ouichdan jusqu’à la tin de la journée : le soir, on
parvient au village d’Alla où l’on s’arrête : on y entre sur le territoire des Gentafa. Alla est sur l’Ouad
El Gentafl, qui, à quelques pas plus bas, s’unit à l’Ouad Agoundis. La jonction de ces deux cours d’eau
forme l’Ouad Nfis.
4e jour. — D’Alla on gagne, à très peu de distance, Dar El Gentafl, où se trouve le confluent des deux
rivières. Dar El Gentali, appelée aussi Tagentaft, est un gros village, résidence du qaïd des Gentafa.
A partir de là, on descend le cours de l’Ouad Nfis : jusqu’au soir, on ne cesse d’en longer les bords. C’est
une vallée très encaissée, ressemblant à celle de l’Ouad Iounil : les flancs en sont des murailles à pic
presque partout infranchissables : on ne peut passer qu’au fond ; là, pas un point désert : tout est cou¬
vert de cultures et de villages; voici les principaux de ceux qu’on traverse successivement : Imerraoun,
Takherri, Ihenneïn, Targa, Ait Irai, Iger n Kouris, Toug el Khir, Tigourramin, Talat n As, Imidel,
Imgdal, Tagadirt el Bour, Ouirgan, Imariren. On passe la nuit à Imariren. Là s’arrêtent le territoire des
Gentafa et l’autorité de leur puissant qaïd.
5° jour. — On quitte l’Ouad Ntis, on gravit le flanc gauche de sa vallée, et on sort de celle-ci. Au bout de
3 heures de marche, on atteint un village, Asdrem Kilt : on entre là sur un nouveau territoire, soumis
au qaïd El Gergouri; on passe ensuite à Agdour Kik, Ouizil, Tigzit : ces quatre villages font partie de
la fraction de Kik, portion de la tribu où nous sommes. Au delà, on en traverse encore deux du ressort
d’El Gergouri, Agergour et Fres. A Eres s’arrête son autorité et commence la juridiction du bacha de
Merrâkech. Jusqu’au soir, on continue à cheminer en rencontrant de fréquents villages : les principaux
sont Tala Moumen, Toukhribin, Agadir Ait Teç.çaout, Akreïch. C’est dans ce dernier qu’on passe la
nuit. De toute la journée, on n’a pas aperçu une seule rivière sur la route. (D’Asdrem Kik à Agergour,
2 heures. — Agergour et Fres se touchent. — De Fres à Tala Moumen, 1 heure. — De Tala Moumen à
Agadir, 1 heure. — D’Agadir à Akreïch, 2 heures.)
6 e jour. — D’Akreïch à Merrâkech il n’y a que 4 heures de marche : durant tout ce temps on est en plaine
el sous bois : cet espace entier est occupé par une forêt de grands arbres, lieu désert et dangereux,
d’ordinaire infesté de brigands.
HlXOiNiNAlSSANCi: U. MAIIOC.
î.î
338
RECONNAISSANCE AU MAROC.
9" DE LOU AD TI F U OU T A ME RRAKECH. — On gagne Dou Ougadir : de là on remonte l’Ouad
Izgrouzen jusqu’à sa source. Celle-ci se trouve à la crête du Grand Atlas, au Tizi n Tamejjout. On fran¬
chit la chaîne à ce col et on débouche dans la vallée de l’Ouad Agoundis. On en descend le cours en
traversant un grand nombre de villages, dont voici les principaux : Tizi n Idikel, Tizi n Glouli , Igisel,
Irai n Rbar, Iberziz, Azgrouz, Agoundis, Taourbart, Dar el Mrabtin, Ijjoukak, Dar El Gentaü. De là
on suit la vallée de l’Ouad Nüs : le reste de l’itinéraire est le même qu’à l’article précédent.
Le cours de l’Ouad Agoundis est sous l’autorité de Qaïd El Gentaü. Ce personnage, dans la famille
de qui le pouvoir est héréditaire depuis de longues générations, est célèbre dans tout le Maroc par ses
immenses richesses : plusieurs légendes ont cours sur leur origine : les uns disent qu’il existe une mine d’or
sous son château, d’autres prétendent qu’il a trouvé la pierre philosophale. Pendant longtemps le Gentaü
a été insoumis. Il y a quelqnes années, Moulei El Hasen résolut de faire une expédition contre lui. Le
Gentaü n’osa résister ; il préféra désarmer le sultan par des présents : à son approche , il alla au-devant de
lui, se faisant précéder par des cadeaux dont voici l’énumération : 100 nègres, 100 négresses, 100 che¬
vaux, 100 vaches avec leurs veaux, 100 chamelles avec leurs petits. Devant de tels dons, Moulei El
Ilasen se tint pour satisfait. Il reçut la soumission du chikh et lui laissa son pouvoir, en lui donnant le
titre de qaïd. Seulement il emmena deux de ses filles, dont il fit ses épouses : le Gentaü a ainsi l’hon¬
neur d’être beau-père du sultan. Mais, de son côté, celui-ci a des otages précieux qui lui répondent
de la fidélité du puissant qaïd. Lorsque ce dernier vient à Merrâkech, il y est fort bien reçu, mais il ne
lui est permis ni de voir ni d’entretenir ses filles.
10 0 DE TINTAZART ( T ATT A ) A MERRAKECH . — Tintazart , Afra, Imi n ou Aqqa (kheneg désert),
Ti n Iargouten (qçar des Ait Hamid, Chellaha vassaux des Ait Jellal); Aït el Hazen (tribu formée de
plusieurs villages situés sur la rivière du même nom; versant nord du Petit Atlas); Arbaa Ammeïn (vil¬
lage avec marché le mercredi; il fait partie d’Ammeïn, groupe de plusieurs villages situés sur l’Ouad
Ait Semrneg); Tizi n Sous (c’est le col dont nous avons parlé plus haut, celui où se trouve laqoubba de
Sidi Bou Reja) ; Aoulouz ; on gravit la montagne d’Aougeddimt, et on gagne le village de Taleouin ; on
traverse TOuneïn ; de l’Ouneïn on entre dans le désert, où l'on franchit le mont Ouichdan, très haut mas¬
sif dont le sommet est presque toujours couronné de neige. De là on passe à l’Ouad Nüs : on le descend
assez longtemps, puis on gagne successivement Tagadirt el Bour, Kik, Ouizil, Akreïch, Merrâkech.
Distances : de Tintazart à Imi n ou Aqqa comme de Tintazart à Fourn Meskoua.
d’Imi n ou Aqqa à Talella comme de Tintazart à Foum Meskoua.
de Talella aux Aït Hamid comme de Tintazart à Tiiggan.
des Aït Ilamid aux Ait el Hazen comme de Tintazart à l’Ouad Tatta (sur la route d’Aqqa).
des Aït el Hazen à Arbaa Ammeïn comme de Tintazart à Foum Meskoua.
d’Arbaa Ammeïn à Tizi n Sous comme de Tintazart à Foum Meskoua.
de Tizi n Sous à Aoulouz comme de Tintazart à Foum Meskoua.
d’ Aoulouz à Taleouin comme de Tintazart à Aqqa.
de Taleouin à Djebel Ouichdan comme de Tizi n Tzgert à l’Ouad Tatta (sur la route d’Aqqa).
de Tagadirt el Bour à Kik comme de Tintazart à Aqqa.
de Kik à Ouizil comme de Tintazart à Adis.
d’Ouizil à Akreïch comme de Tintazart à Adis.
d’Akreïch à Merrâkech comme de Tintazart à Foum Meskoua.
IV.
SAHEL.
Tribu des Haha.
Le pays des Haha est merveilleux de fertilité et encore assez riche, bien qu’après avoir été pressuré
par OuldBihi(le dernier d’une famille de qaïds héréditaires qui a longtemps été à la tète de la tribu),
désolé par Anflous (serviteur d’Ould Bilii qui usurpa le pouvoir après que ce dernier eut été empoi¬
sonné par le sultan, et qui fut, lui aussi, pris par trahison et mis à mort), il soit aujourd’hui horrible¬
ment opprimé par le makhzen. A chaque pas, on voit des ruines, des maisons détruites, des tours à
demi renversées : ce sont les traces qu’a laissées la courte domination d’ Anflous. A chaque pas, on en¬
tend les plaintes des habitants sur les déprédations des représentants actuels du sultan : un homme
a-t-il quelque bien, on le dépouille aussitôt. Aussi beaucoup de Haha (on dit Haha en arabe, et Ihahan
en tamazirt) cherchent-ils à obtenir la protection de consuls chrétiens de Mogador. Malgré tant de
maux, le pays est assez prospère : demeures nombreuses; beaux troupeaux; vastes cultures. Mais
le terrain labourable qui reste inculte occupe une immense étendue : on pourrait ensemencer une
surface presque double de celle qu’on cultive.
Les Haha se divisent en 12 fractions, auxquelles M. El Hasen, depuis leur soumission récente (après
avoir été longtemps indépendants, ils viennent d’être en révolte durant plusieurs années), a préposé
4 qaïds. Ces qaïds ont sous leurs ordres des chikhs et des aamels. Les chikhs sont ici les gouverneurs
des fractions : il y en a un pour chacune des douze; les aamels sont chargés de percevoir les impôts
pour le sultan : ils sont en plus grand nombre.
Les 12 fractions sont :
Ida ou Gert, Ikcnafen, Ida ou Isaren, Ida ou Gelloul, Ida ou Tromma, Ait Amir, Ida ou Aïssi,
Ida ou Zenzen, Ida ou Khelf, Ida ou Bou Zia, Ida ou Mada . (1).
Les quatre premières sont les plus importantes.
Les Haha sont serviteurs de plusieurs marabouts : ils paient des redevances aux Geraga et à Sidi
Abd Allah d Ait labia : nous avons dit que celui-ci était originaire d’Ez Zaouïa, à Tisinl. Quant aux
Geraga, c’est une célèbre famille de religieux, originaire du Chiadma, où elle a encore sa principale
zaouïa, entre Mogador et Safi.
La tribu des Haha est sédentaire; elle parle le tamazirt , mais l’arabe y est assez répandu (2).
Pas de Juifs chez les Haha en dehors des deux villes qui sont sur leur territoire sans appartenir à leur
tribu, Mogador et Agadir Irir.
District de Tidsi.
Le district do Tidsi se compose de 3 grands villages : Tidsi (300 fusils), El Qaçba (200 fusils), Oum-
sedikht (700 fusils); ils sont à peu de distance les uns des autres. Le Tidsi est gouverné par un seul
(I) On n’a pu me dire le nom de la douzième fraction.
(â) Une légende qui a cours dans le pays veut que les llalia soient Arabes d'origine et que ce soit par leur long séjour au milieu
d'imaziren qu’ils aient pris les mœurs et la langue de ces derniers.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
:i 40
chikh, en même temps marabout; il s’appelle Sidi El Hanafi. Le Tidsi reconnaît le sultan, mais n’est
point administré par lui : les mkhaznis n’y entrent point, et il n’y a ni qaïd ni aamel nommé par Mou-
lei El Hasen; mais le chikh héréditaire, tout en ne tenant son autorité que de son sang et de la volonté
de ses concitoyens, reconnaît le sultan et va chaque année apporter un tribut à Taroudant.
Pas de Juifs. Un marché, d’une grande importance, le Khernîs Tidsi, se tenant dans le village de
Tidsi. Ce village est quelquefois appelé Ez Zaouïa parce que c’est là qu'est la zaouïa, résidence du
chikh. Terrain fertile : blé, orge, maïs, lentilles, olives. Pas de rivière; le pays est arrosé par des
sources. 11 est en plaine, au pied du versant septentrional du Petit Atlas. Les gens du Tidsi sont Chel-
laha et parlent le tamazirt.
Distances : du Tidsi à Taroudant comme d’Aqqa Igiren à Trit.
du Tidsi à Afikourahen comme d’Aqqa Igiren à Tatta.
Tribu des Ilalen.
Les Ilalen sont une nombreuse tribu tamazirt se divisant en 18 fractions, savoir :
Ida ou Ska (450 fusils; nous avons traversé leur territoire).
au Touf el Azz (300 fusils ; nous avons traversé leur territoire).
isendalen (1600 fusils; nous les avons laissés au sud).
au Toufaout (1 500 fusils; nous les avons laissés au sud : nous avons passé près de leurs frontières en
sortant des Ait Touf el Azz).
Tazalart (200 fusils ; leur territoire contient de grandes mines de cuivre. Les ouvriers, s'habillant de
vêtements de cuir, descendent l'extraire à 200 ou 300 coudées au-dessous de la surface du sol).
Ait Abd Allah (1 600 fusils; nous les avons laissés au sud : ils sont voisins des Ait Tazalart).
in Tîmmelt (2000 fusils; nous les avons laissés au sud; cette fraction habite les bords de l’Ouad In
Timmelt , affluent de l’Ouad Üulrass).
Amzaourou (100 fusils).
Tasdmît (200 fusils ; cette fraction est située, par rapport à Afikourahen, au delà de celle d’Amzaou-
rou et dans la même direction).
Ait Oaassou (600 fusils ; ils habitent les bords de l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessus des
Ikhoullan).
au Ali (1200 fusils; ils habitent sur l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessus dos Ait Ouassou).
ikhoullan (300 fusils. Nous avons traversé leur territoire).
Mezdaggen (320 fusils. Sur l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessous des Ikhoullan).
Ida ou Ska (450 fusils. Cette seconde fraction d’Ida ou Ska est sur l'Ouad Ikhoullan, immédiatement
au-dessous des Mezdaggen).
A fra (360 fusils. Nous avons traversé ce territoire).
Tazgelt (1 100 fusils. Nous avons traversé cette fraction).
Ida ou Genadif (1 700 fusils. Ils occupent la vallée de l’Ouad Ait Mezal, immédiatement au-dessus des
Ait Mezal).
irer (300 fusils. Fraction habitant sur l’Ouad Ait Mezal, immédiatement au-dessus des Ida ou Genadif).
Les Ilalen ne reconnaissent point le sultan; ils sont indépendants. Chacune de leurs 18 fractions a
son administration séparée : point de chikhs héréditaires, si ce n’est dans une seule fraction, les Ait
Abd Allah : ceux-ci ont un chikh, Hadj Ilammou; mais là même il y a plutôt un titre qu'un pouvoir,
Hadj Ilammou ne fait que les volontés de la djemaaa. Chaque fraction est gouvernée par sa djemaaa,
qu'on appelle ici anfaliz : cette assemblée se compose de délégués de toutes les familles de la fraction;
chacune en envoie un : l’ensemble de ces chefs de famille forme l’anfaliz, qui règle toutes les affaires du
groupe.
SAHEL.
34 !
Chaque fraction a au moins un agaclir; quelques-unes en ont deux ou trois. L’agadir, village où cha¬
que famille a sa chambre ou sa maison renfermant ses grains, ses provisions de toute sorte, ses objets
précieux, est le magasin général de la fraction et son réduit en temps de guerre. C’est aussi là que
s’assemble l’anfaliz.
Pas de grande zaouïa chez les Ilalen. Mais chacune des LS fractions en possède une petile où elle
entretient un taleb : il est chargé de faire les écrits dont on a besoin et d’enseigner à lire à ceux qui
voudraient apprendre. 11 est pourvu aux frais de cette zaouïa de la façon suivante : à l’entrée des grains
dans l’agadir, on en prélève la dîme, c’est-à-dire exactement un dixième; un tiers de cette dime est
donné à la zaouïa, les deux autres sont distribués aux pauvres.
Les cultures se composent de beaucoup d'orge, d'un peu de blé et de lentilles : mais la richesse des
Ilalen est surtout dans leurs amandes et leur huile d’argan. Pas de Juifs sur leur territoire. Les mar¬
chés de la tribu sont :
Tlàta Aït Toufaout.
Arbaa Aït Abd Allah.
Khcmîs Ait Ali.
Tenîn Aït Touf el Azz.
Djemaa Ida ou Genadif.
Les rivières qui l’arrosent sont au nombre de trois : l’Ouad Ikhoullan (affluent du Sous), l’Ouad Aït
Mezal et l’Ouad In Timmelt.
Comme nous l’avons vu de nos yeux, les diverses fractions des Ilalen sont souvent en guerre entre elles.
Les Ilalen sont Chellaha et sédentaires : ils ne parlent que le tamazirt; très peu d’entre eux savent
l’arabe.
Itinéraire d’Afikourahen au Tazeroualt.
D’Afikourahen on gagne la fraction des Aït Mezal; on la traverse, et on entre dans celle des Ait Ilou-
gaïm : c’est la première journée. De là on franchit l’Ouad Oulrass, et on arrive dans la tribu de Zarar
Ida Oultit; on y passe la nuit dans un village, le plus souvent dans celui de Bou el Hanna : c’est le
deuxième jour. De là on part de grand matin et on parvient le lendemain, de bonne heure, après
3 jours 1/2 de marche, à la qoubba de Sidi Hamed ou Mousa, c’est-à-dire à la zaouïa de Sidi El Hoseïn.
On est au cœur du Tazeroualt.
Ait Ilougaim. — Ils forment une fraction des Chtouka : ce sont donc des Chellaha sédentaires par¬
lant le tamazirt. Comme tous les Chtouka, ils sont soumis au makhzen et sous la juridiction du qaïd
Ould Ben Dleïmi. Ils comprennent une centaine de villages. Pas d’agadir (il n’y en a nulle part en
blad el makhzen : chacun y enfouit ses grains dans des silos, qu’on appelle ici matmora). Pas de chikh
général ni de djemaaa collective : chaque village a soit son chikh local, soit sa djemaaa. Un marché,
le Tenîn Ilougaim, à Tamaliht; il forme un centre commercial important. Dans le village de Tamaliht,
il y a HO familles juives, les seules de la tribu.
Pas de rivière chez les Ait Ilougaim. Mais non loin de là coule l’Ouad Oulrass, où ils ont de nom¬
breux heïouan (on donne ce nom aux terres qu’on possède sur le territoire de tribus étrangères). Les
Aït Ilougaim sont riches; ils ont beaucoup de chevaux. A partir des Ait Mezal, et jusqu’au Tazeroualt,
les tribus qu’on rencontre en possèdent un grand nombre : il n’y en a au contraire à peu près poinl
dans la portion du Petit Atlas située à l'est des Chtouka.
Quand on vient des Ilalen, on passe d’habitude la nuit dans le groupe des Aït Ilougaim portant le
nom d’Aït ou Adrim. De chez eux on gagne les
Ait Oulrass. — Ils habitent les bords de l’Ouad Oulrass. Fraction importante des Chtouka, ils sont
soumis au sultan et sous l’autorité d’Ould Ben Dleïmi. Point de chikh ni de djemaaa : ils sont en cela
dans les mêmes conditions que les Ait Ilougaim. Ils ont environ 100 villages.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
342
Pas de marché, ni de Juifs.
La vallée de l'Ouad Oulrass est très riche : quelques palmiers, mais ne donnant que de mauvaises
dattes , arbres fruitiers et céréales en abondance. L’Ouad Oulrass se jette dans la mer, après avoir, au-
dessous des Ait Oulrass, traversé la tribu de Massa, qu’on appelle aussi Mast.
Des Ait Oulrass, on entre dans la tribu de
Zarar Ida Oultit. — Grande tribu qui habite au sud des Ait Oulrass, au delà du flanc gauche de la vallée
de l'Ouad Oulrass. Elle est blad el makhzen depuis l’expédition du sultan dans le Sous et le Sahel , et ap¬
partient à la juridiction d is Oublar, qaïd des Ida ou Garsmouk : pas de chikh héréditaire; un anfaliz
règle les affaires de la tribu. Les Zarar Ida Oultit sont une tribu chleuba el sédentaire, parlant le la-
mazirt. Beaucoup de qçars; le principal est Ouizzân, qui se prononce aussi Ouzzân et Oujjân. Nom¬
breux chevaux. Point de rivière : des sources et des citernes.
Un marché, très fréquenté, le tlàta d’Ouizzân. Un mellah dans la même localité.
De cette tribu , on passe dans celle des
Ida ou Baaqil. — Grande tribu , autrefois libre comme la précédente , nominalement soumise au
sultan depuis l’expédition de 1882. Elle a été placée , avec plusieurs autres, sous le qaïdat de Hadj Ta-
har, lils de Sidi El Hoseïn, le marabout du Tazeroualt. Tribu riche et puissante. Jadis elle faisait sou¬
vent la guerre à Sidi El Hoseïn, qui ne l’apaisait qu’à prix d’argent. Les Ida ou Baaqil sont Chellaha
et sédentaires. Leur langue est le tamazirt. Beaucoup de qçars et beaucoup de chevaux.
Point de marché ni de Juifs sur leur territoire. Celui-ci n’est arrosé par aucune rivière.
De là on passe dans le district de
Tazeroualt. — Le Tazeroualt est un grand district traversé par l’Ouad Tazeroualt.
L’Ouad Tazeroualt vient du territoire des Aïl Imejjat : de là il entre dans le Tazeroualt; il y arrose
d’abord Agadir Sidi El Hoseïn , puis Zaouïa Sidi Hamed ou Mousa (connue aussi sous le nom de
Zaouïa Sidi El Hoseïn et sous celui de Tallent Sidi Hachem), enfin Ilir. Du Tazeroualt il passe chez les
Ait Bou Amran, où il reste jusqu’à son embouchure dans l’Océan. C’est, disent les indigènes, à l’em¬
bouchure de cette rivière que des chrétiens sont venus en 1882 vendre des grains et diverses denrées :
c’est, ajoutent-ils, en partie pour empêcher qu'ils ne reviennent sur la côte et que pareil fait ne se re¬
nouvelle que le sultan est venu aussitôt après dans le pays, qu’il en a obtenu la soumission nominale
et qu’il y a investi des qaïds. Il a même laissé chez les Ait Bou Amran un camp de 1200 à 2 000 sol¬
dats qui depuis lors y sont en permanence.
Le Tazeroualt est riche et fait un grand commerce. Là se tient, deux fois par an, l’une en mars
et l’autre à la fin d’octobre, la fameuse foire de Sidi Hamed ou Mousa, célèbre dans le Sahel,
dans le Sahara et dans le Sous, où l’on vient en foule de Mogador et même de Merrâkech. Outre ces
foires, les pareilles de celle de Mrimima et de Souq el Mouloud, le Tazeroualt a un marché chaque
semaine, le had d’Ilir. Il existe à Ilir un grand mellah, le seul du district.
Le Tazeroualt est depuis un temps immémorial gouverné par des marabouts qui descendent de Sidi
Hamed ou Mousa. Le chef de la zaouïa et chikh du pays est en ce moment Sidi El Hoseïn ou Hachem.
Il a trois résidences principales : 1° Ilir , grand et riche qçar, le plus important du Tazeroualt et l’un
des plus peuplés de tout le sud : là est son habitation principale, avec la plupart de ses femmes et
de ses négresses; c’est sa demeure la plus somptueuse et la plus agréable, celle où il vit habituelle¬
ment; il y a une garde de 200 cavaliers nègres, ses esclaves. 2° Ez Zaouïa; ainsi que l’indique ce
nom, c’est le sanctuaire religieux de la famille : là sont les qoubbas de Sidi Hachem, père de Sidi El
Hoseïn, de Sidi Hamed ou Mousa, son ancêtre, de tous ses aïeux; là habitent les marabouts de sa race,
ses cousins, ses neveux. On appelle aussi Ez Zaouïa de divers autres noms, Tallent Sidi Hachem,
Zaouïa Sidi Hamed ou Mousa, Zaouïa Sidi El Hoseïn. 3 0 Agadir Sidi El Hoseïn; c’est une forteresse
bâtie sur le roc au sommet d’un mont escarpé. Sidi El Hoseïn y a entassé toutes ses richesses, et a
accumulé les défenses de tout genre pour les protéger : l’agadir, situé à la frontière est du territoire,
Sahel.
343
est dans une position telle qu’on ne peut y monter que par un long chemin en escalier, creusé dans
le roc et faisant mille lacets; les murs de la forteresse sont d’une épaisseur extrême; les tours en
sont garnies de canons ; elle est sans cesse gardée par une forte garnison d’esclaves dévoués : c’est là
que le marabout s’était enfermé en 1882, à l’approche du sultan.
Ainsi que nous l’avons dit, l’ancêtre des puissants chefs du Tazei’oualt est Sidi Hamed Ou Mousa :
sa qoubba s’élève auprès d’Ez Zaouïa. Ce n’était qu’un mendiant à qui Dieu, en récompense de ses
mérites, accorda ses grâces, grâces qui de son vivant même se manifestèrent par de nombreux mi¬
racles. L’époque à laquelle vivait ce saint est très reculée; il laissa des descendants à qui il légua la
bénédiction divine, qui se perpétua en eux jusqu’à ce jour. Mais s’il fut le fondateur de leur grandeur
religieuse, il ne fut point celui de leur puissance temporelle. Celle-ci n’échut à sa maison qu’après
plusieurs générations : ce fut l’un de ses successeurs, Sidi Ali Bon Dmia, qui l’établit, à une époque
elle-même très lointaine. Sidi Ali Bou Dmia, à la fois marabout et guerrier, étendit au loin le pouvoir
de la zaouïa de Tazeroualt et acquit une grande célébrité : les ruines imposantes de son palais sub¬
sistent encore à peu de distance de la zaouïa actuelle. Depuis sa mort, bien des générations se sont
succédé : la puissance de sa dynastie, tout en restant considérable, a subi des phases diverses. Sidi
Hachem, père du marabout actuel, avait donné un grand éclat à sa maison. Brave et guerrier, il avait
marché sur les traces de Sidi Ali Bou Dmia, et, payant sans cesse de sa personne, n’avait pas tardé à
se faire un grand renom de valeur dans les régions environnantes. Grâce à cette réputation, à l’admi¬
ration et à la crainte qu’il inspirait, il était parvenu à grouper autour de lui toutes les tribus du voi¬
sinage. Pendant sa vie, elles lui restèrent soumises, moitié de gré, moitié de force. Cet édilice s’écroula
en partie à sa mort. Sidi El Hoseïn, son (ils et son successeur, âgé de 70 ans aujourd’hui, fut orphelin
de bonne heure ; un certain nombre de tribus en profitèrent pour s’émanciper : il ne montra dans la
suite aucune des qualités belliqueuses de son père ; aussi n’est-il plus réellement maître que du Ta¬
zeroualt. Mais il est très riche; ses trésors sont immenses; l’autorité que ne lui a pas donnée son
caractère, son or la lui procure quand il le veut; il arme à prix d’argent les tribus des environs et
peut ainsi réunir à son gré autour de lui tous les fusils du Sahel : c’est ce qu’on lui a vu faire il y a
quelques années. Aussi Sidi El Hoseïn est-il aujourd’hui encore le plus grand pouvoir qui existe de
l’océan Atlantique au pays de Dra. 11 peut mettre en armes tout le Sahel, Ghtouka compris, et se faire
envoyer des contingents de diverses tribus du bassin inférieur du Dra. Son influence religieuse est con¬
sidérable. Son nom est connu dans tout le Maroc, dont Sidi Hamed ou Mousa est un des saints les plus
vénérés. Une grande partie des zaouïas du Sahel , du Sous et du Sahara, entre Sous et Dra, appartient à
des rameaux de la famille dont il est le chef. Par sa célébrité, son influence religieuse, ses richesses,
sa puissance, l’étendue de son autorité, la zaouïa de Sidi Hamed ou Mousa peut être comptée comme
une des cinq grandes zaouïas du Maroc, allant de pair avec celles d’Ouazzân, de Bou el Djad, de Tame-
grout, du Metrara (Sidi Mohammed El Arabi el Derkaoui).
Distances : d’Agadir Sidi El Hoseïn à Ez Zaouïa comme d’Agadir Tisint à Aïoun S. Abd Allah ou Mhind.
d’Ez Zaouïa à Ilir comme d’Agadir Tisint à Trit.
Campagne de Moulei El Hasen dans le Sous en 1882.
Un événement considérable s’est passé récemment dans le bas Sous et dans le Sahel : le sultan y a fait
une expédition et a reçu la soumission d’un grand nombre de tribus qui étaient indépendantes depuis
un temps immémorial. Ce fait est l’objet de tous les entretiens dans le Sahara, dans le Sous et dans
les contrées voisines : voici le résumé de ce que j'ai entendu dire, aussi bien à Tatta et à Mrimima que
dans le Sous, le Sahel et chez les llaha.
Au commencement de Tété de 1882, Moulei El Hasen traversa l’( )uad Sous , auprès de son embouchure,
RECONNAISSANCE AU MAROC.
3 44
à la tête d’une armée puissante : il avait assemblé tous les contingents de son empire , ceux des tribus
de Fâs comme ceux des tribus de Merrâkech : tout ce qu'il avait pu lever, il l’avait emmené : celte ar¬
mée pouvait être, au début de l’expédition, de 40000 hommes; une fois en marche, ce chiffre tomba
assez vite par suite des nombreuses désertions. Avec ces forces imposantes, le sultan s’avança jusqu'aux
limites du Tazeroualt : il s’y arrêta à une localité du nom de Tiznit. Il convoqua alors tous les chikhs ou
notables des tribus voisines et en premier lieu les deux principaux personnages du pays, Sidi El Hoseïn,
chef du Tazeroualt, et El Habib ould Beïrouk, chikh du district d’Ouad Noun. Sidi El Hoseïn avait des
motifs graves de se défier du sultan : d’une part, il avait toujours témoigné à Moulei El Hasen une hos¬
tilité extrême ; de l’autre, il passait pour le seigneur le plus riche du Maroc : il était fort probable que s’il
se rendait à l’invitation du sultan, celui-ci, le tenant enti’e ses mains, le mettrait à mort, autant
par rancune que par cupidité. Aussi, malgré les mille instances de Moulei El Hasen, malgré les protes¬
tations d’amitié qu’il lui prodigua, se garda-t-il de se rendre à sa convocation; mais il se fit représenter
auprès de lui, pendant que de sa personne il allait s’enfermer, à l’abri de ses canons, dans son agadir.
Quant aux autres chefs mandés, ils vinrent trouver le sultan. Celui-ci leur tint ce langage : « Vous
voyez les Chrétiens installés au sud d’Ouad Noun; d’autres veulent s’établir à Uni , d’autres ailleurs.
Cela vous plaît-il ? Non, je veux le croire. Qui peut l’empêcher ? Est-ce vous ? Vous n’en avez pas la force.
Et-ce moi? A mes observations, ils répondent que le pays n’est point sous mon autorité. Il n’y a qu’un
moyen de s’opposer à leurs empiétements : reconnaissez mon pouvoir : je vous promets que non seu¬
lement il ne vous sera pas lourd , mais même il vous sera profitable. Que les Chrétiens , quand ils
viendront sur ces rivages, ne trouvent que des sujets de Moulei El Hasen : il suffit; vous n’aurez plus
rien à craindre de leur côté ; et pour ce qui est de moi , vous ne serez pas longtemps sans éprouver les
bienfaits de mon alliance. » Il sortit de là l’arrangement suivant : tous les chikhs présents reconnurent
l’autorité du sultan; celui-ci les nomma qaïds dans leurs tribus ou leurs districts et les renvoya avec
des présents : il était sous-entendu que le pouvoir du sultan ne serait que nominal , mais qu’il allait
l’affirmer et en donner une preuve visible aux yeux des Chrétiens en construisant une ville au cœur de
la région qui venait de se ranger sous ses lois.
La contrée qui fit ainsi, en été 1882, sa soumission à Moulei El Hasen, est celle qui est comprise entre
l’Ouad Sous au nord , l’Océan à l’ouest, l’Ouad Dra au sud, les Ait ou Mrîbet au sud-est. Cette dernière
tribu est restée indépendante : à elle s’arrête le blad el makhzen. Mais il ne faut pas oublier que ce
blad el makhzen ne l’est que bel kedeb , « d’une façon mensongère », comme disent les indigènes , et de
nom seulement : c’est une domination qui coûte beaucoup plus au sultan , en cadeaux pour entretenir
l'alliance, qu’elle ne lui rapporte en impôts. Cette domination, Moulei El Ilasen voulut, avonsnous
dit, en donner une preuve en élevant une ville dans la contrée : il choisit Remplacement de Tiznit, où il
avait campé, et convint avec les chikhs des environs, désormais qaïds, qu’ils y construiraient pour lui une
ville dont il leur donnerait les plans : il paierait leur travail. En effet, peu de jours après le départ de
l’armée, arrivèrent plans et architectes : on commença aussitôt : on se mit à construire une cité avec
ses mosquées, sa qaçba, son mellah, ses fondoqs; on fit une vaste enceinte carrée avec des murs de
cinq largeurs de main d’épaisseur et avec 36 tours sur chaque côté. La ville n’est pas éloignée de la
mer : le sultan veut en faire une sorte d'entrepôt où viennent commercer les Européens.
Des Chrétiens sont récemment venus par mer sur cette côte, cherchant un lieu favorable à Rétablis¬
sement d'un port. Ils ont visité Aglou , Ifiii et d’autres points. Ifni, dans la tribu des Ait Bou Amran, a
paru leur plaire. On ne sait pas autre chose de leurs entreprises.
C’est la première fois que les contrées qui viennent de reconnaître le sultan font acte de soumission;
mais ce n’est pas la première fois que Moulei El Ilasen a affaire à elles. Il y a plusieurs années, du vi¬
vant de Sidi Mohammed, Moulei El Hasen, son fils aîné, fit une campagne de ce côté. 11 s’avança jusqu a
l’Ouad Oulrass ; mais là il se trouva face à face avec Sidi El Hoseïn ould Hachem qui lui barrait le pas¬
sage à la tête d’une armée : le marabout lui envoya un message, lui donnant I rois jours pour battre en
SAHEL,.
retraite : au delà de ce délai, il l’y forcerait les armes à la main. Moulei El Hasen, ne se trouvant pas
en force, se retira; en partant, il répondit à la lettre de Sidi El Hoseïn : « Vous m'avez donné trois
jours pour me retirer; je vous donne trois ans pour vous soumettre. » Peu après, Sidi Mohammed
mourut et Moulei El Hasen monta sur le trône : depuis ce temps, on se disait chaque année dans le Ta-
zeroualt et dans l’Ouad Noun : « C’est cette année qu’il va venir. » Enûn il est venu en 1882. Dès que Sidi
El Hoseïn eut connaissance de son approche, il fit transporter tout ce qu’il avait de plus précieux dans
son agadir, y accumula des provisions énormes et s’y enferma avec sa famille et son armée d’esclaves.
Puis il envoya au-devant du sultan un messager, chargé de présents et d’une lettre fort humble : il priait
Moulei El Hasen de lui pardonner, de le ménager; il n’était qu’un simple religieux, uniquement con¬
sacré à Dieu, n’ayant ni le pouvoir ni la volonté de s’opposer à ses desseins. Moulei El Hasen lui répon¬
dit qu'il suffisait qu'il ait eu peur, qu’il ait déménagé à son approche et qu’il se soit humilié; à présent
qu’il était soumis, il ne voyait plus en lui qu’un marabout, descendant d’un saint, et en conséquence il
lui envoyait des cadeaux, hommage à son caractère sacré. En même temps il l’engageait à venir auprès
de lui. Nous avons vu comment Sidi El Hoseïn eut la sagesse de ne pas se rendre à cette invitation, quel¬
ques instances que fît dans la suite le sultan. Mais s’il refusa de se présenter lui-même , il envoya à
Moulei El Hasen un de ses fils qui fut fort bien reçu.
Telle fut, selon les indigènes, cette campagne dans laquelle le sultan reçut la soumission de la partie
du Sahel dont nous avons donné les limites plus haut et en même temps de la vallée de l’Ouad Sous, de¬
puis l’embouchure de ce fleuve jusqu’au haut du Ras el Ouad. L’expédition fut de courte durée : le
6 juin 1882, Moulei El Hasen passait avec son armée à proximité de Mogador; le 2 juillet, il arrivait chez
les Massa, tribu habitant le bas cours de l'Ouad Oulrass et comptant environ 1 500 maisons (le plus
grand village des Massa est Agoubalou, près de l’embouchure de la rivière dans l'Océan); le 20 juillet, le
sultan écrivait dans les villes de son empire que la campagne était terminée et avait eu plein succès :
on célébra à cette occasion des réjouissances publiques.
Voici, pour un certain nombre de tribus du Sahel , comment le sultan a réparti les qaïds :
Ksima .
Chtouka .
Assaka .
Ouizzân .
Aït Jerrar .
Ida ou Seinlal .
Tazeroualt .
Ifran .
Tiznit (ville nouvelle).
Assa .
Ait Bou Amran .
Aglou .
Aït Imejjat .
El Akhsas .
Ait Brahim .
Aït Abd Allah .
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
I qaïd.
I qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd.
1 qaïd (Ould Ben Dleïmi).
réunis sous le qaïdat de Hadj Tahar ben Sidi El Hoseïn.
Isbouïa . .
Tamanart
«
RECONNAISSANCE AU MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
3 4 fi
Aït Hamed .
Ait Mesaoud .
Aït Azouafid .
Aït Iasin .
Aït ’Bou Hioualat ....
Aït Mo usa ou Ali ... . \
Ait Cheggout .
Aït El Hasen .
Aït El Haseïn .
Ait Chergouout .
Ait Mejjat .
Aït Tedrarin .
Oulad Bon Aïta .
Oulad Izenqad .
Oulad Taoubbalt ....
Ouad Noun . 1 qaïd.
Ainsi qu’on Jo voit, l’expédition do Moulei El Hasen dans le Sous et le Sahel avait sans. doute un dou¬
ble objet : l’un d’affirmer aux yeux des Chrétiens sa suprématie sur ces contrées; l’autre de s’emparer
de la personne de Sidi El Hosein, contre qui il nourrissait une vieille rancune et de qui les trésors lui
offraient une riche proie. Les instances sans nombre qu’il fit auprès du marabout pour l'attirer dans
son camp prouvent le prix qu’il attachait à sa capture. De ces deux buts , c’était, je crois, le second que
le sultan avait le plus à cœur. Il ne put l'atteindre. Le premier au contraire fut rempli sans difficulté.
Si l’on s’étonne qu’un si grand nombre de tribus aient aisément consenti à se soumettre, que ni elles
ni Sidi El Hosein n'aient tenté aucune résistance, on trouvera la principale cause de cette conduite dans
la famine épouvantable qui régnait alors en ces régions. Le pays était affaibli ; chacun était obligé
d’aller chercher des vivres au loin; on n'avait plus de bestiaux, plus de provisions, on avait dû vendre
les chevaux, enfin on était dans de très mauvaises conditions pour faire la guerre. Il parut sage de se
soumettre, quitte à se révolter quand, l’abondance revenue, on serait en état de lutter. On m’a assuré
que c’était déjà fait. Lors de mon voyage (hiver et printemps 1884), le pays était encore en l’état où
l’avait laissé le sultan. Mais il paraît que, 5 ou 6 mois après, la récolte ayant été excellente et la ri¬
chesse régnant partout, on s’est soulevé de tous les côtés à la fois et que la plus grande partie des tri¬
bus du Sahel, du Ras el Ouad et même du bas Sous, les Ghtouka entre autres, ont secoué le joug.
Notes diverses sur le Sahel
1° DAR BEN DLEIMl est un grand village situé au bord de la mer, à un jour de marche au sud
d’Agadir Irir. Il se trouve sur le territoire des Ghtouka et est la résidence du qaïd de cette tribu , Ould
Ben Dleïmi.
2° OUAD NOUN n'est ni le nom d’une rivière ni celui d’une ville, mais celui d’un petit district
formé de la réunion de plusieurs qçars; ceux-ci s’élèvent au milieu d’une plaine nue et stérile; autour
d’eux, ni palmiers, ni jardins, ni labourages : ils se dressent isolés dans l'areg. L’Ouad Noun a un chikh
héréditaire, El Habib ould Beïrouk • c’est un personnage peu aimé , mais puissant et craint aux environs.
Le sultan a nommé son frère, Dabman, qaïd du district.
3° REGI BAT , OULAD DELE1M. — Ce sont deux tribus nomades ayant leurs campements dans
le Sahel, au sud du Maroc, entre l’Ouad Noun et l’Adrar. Leurs rezous écument le Sahara entre Tim-
bouktou et Tindouf et apparaissent parfois sur le cours inférieur du Dra.
4° CHQARNA. — Tribu nomade errant dans le Sahel , au sud du Maroc. Elle comptait, il y a 20 ans,
300 ou 000 combattants montés à chameau ; c’est à peine si elle en possède 200 aujourd’hui. Les
Chqarna n’ont point de chevaux, le chameau est leur seule monture.
*
Aït Bella. . ,
Aït Djemel.
1 qaïd.
BASSIN DE L’OUAD ZIZ.
Y
BASSIN DE L’OUAD ZIZ.
1°. — OUAD ZIZ.
L’Ouad Ziz prend sa source aux crêtes supérieures du Grand Atlas, dans la grande fraction des Ait
llediddou. 11 coule pendant quelque temps sur leur territoire; cette partie de son cours prend le nom
de district des Ait llediddou ; des qçars nombreux sont sur ses bords ; sa vallée est dominée par de
hautes montagnes. En sortant des Ait llediddou, il reste désert un certain temps; puis il entre dans le
district du Ziz. Le Ziz se compose de 25 à 30 qçars, tous sur les rives du fleuve; il appartient aux Ait
Izdeg. Après avoir arrosé le Ziz, l'ouad traverse un court passage désert et entre dans le Gers. G’esl
un nouveau district; il le traverse, en baigne tous les qçars, et de là passe immédiatement dans le Tial-
lalin. En sortant du Tiallalin, le fleuve se trouve de nouveau, mais pour la dernière fois, dans le dé¬
sert ; après y avoir coulé pendant quelque temps, il s’engage dans le district d ' E 1 Kheneg, où commen¬
cent les palmiers : à partir de là, il ne cesse d’en avoir son cours ombragé, et il se déroule jusqu’au
Taûlelt entre deux rubans continus de dattiers et de qçars; ses rives, devenues un des endroits les
plus riches du Maroc, s’appellent alors successivement districts de Qçar es Souq, du Metrara, de Ite-
teb, de Tizimi et du Taûlelt.
Nous allons examiner une partie de ces districts.
Nous nous occuperons ensuite des affluents de l’Ouad Ziz.
I. — District des Ait Hediddou.
de qçars appartenant aux Ait Hediddou et échelonnés sur les deux rives du fleuve : ces qçars, avec quel¬
ques autres situés sur l’Ouad Sidi Hamza, sont les seuls que possèdent les Ait Hediddou , fraction très
nombreuse des Ait Iafelman, mais composée surtout de nomades. En voici l’énumération, dans l’ordre
où on les trouve en descendant l’ouad :
RIVE DROITE I
Ait Bou Üuzellif (2 qçars).
Sountat.
Toulgdit.
Ait Ouazerf.
Aqdim.
Imtras.
Ait Amer.
Taberracht.
Ait Ali ou Iqqo.
Tarribant.
Ait Amer.
50 fusils.
100
20
100
100
300
3(1
00
50
20
50
RECONNAISSANCE AU MAROC.
:i 48
RIVE GAUCHE :
Imelouan. 50 fusils.
Aït Amer. 150
Ait Ali ou Iqqo. 30
lgli, Ait Amer, Tarribant forment un groupe distinct, séparé du reste du district par un long kheneg.
La réunion de ces trois qçars se nomme Ait Saïd ou Heddou. Les autres portent le nom collectit de
Qçour Asif Melloul : l’Ouad Ziz, au nord du kheneg, s’appelle Asif Melloul.
Plus de qçar sur l’ Asif Melloul au-dessus de ceux que nous venons de nommer. Ce sont les plus hauts
de l’Ouad Ziz.
Les Ait Hediddou, maîtres de ce pays, en sont les seuls habitants. Ils sont indépendants. Point de
relations avec le makhzen.
Langue tamazirt.
Deux marchés : tenîn et khemîsà Aqdim.
Pas de Juifs.
Distances : de Mezizelt à lgli comme de Mellah Tiallalin à Ait Otman.
d’Aït Bou Ouzellif à lgli comme de Mellah Tiallalin à Qçar es Souq.
de Tarribant à Ait Ali ou lqqo comme de Mellah Tiallalin à Tamerrakecht.
Ait Ali ou Iqqo (de la rive gauche) est en face de Taberracht.
Imelouan est en face de Toulgdit.
11 y a un espace désert entre Tarribant et Ait Ali ou Iqqo; les autres qçars sont les uns
près des autres, unis par leurs cultures.
II. — Ziz.
Le district du Ziz se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les deux rives de l’Ouad
Ziz; en voici l’énumération, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le ileuve :
Tabia.
RIVE DROITE
Mezizelt.
Zaouïa Sidi Bou Qil (2 qçars).
Tabia. .
El H ara
Ait Saïd.
Ait Zebbour.
Ait llammou el l.ladj.
Tirezdet.
Ait Mousa ou Ali.
Irezd (cherifs; 3 qçars).
Ait el Hadj Saïd.
Ait Kharroub.
Ibzazen . )
Ait Bou el Khial
Izourar .
Rich.
Ait Ialiia ou Khalifa.
RIVE GAUCHE
Tamagourt.
Gafaï.
Tasiset.
Tabarkaït.
Ou Allai.
Izebban.
Izebban.
Tagersift.
20 fusils.
500
300
20
15
80
70
150
10
4
150
20
100 fusils.
100
18
25
00
15
80
100
BASSIN DE L'OUAD ZiZ.
341)
Le pays de Ziz appartient aux Ail Izdeg et n’est habité que par eux. Les Ait Izdeg sont une fraction
des Ait Iafelman. Ils sont indépendants.
Langue tamazirt.
Deux marchés : tenîn et khemîs à Zaouïa Sidi Bou Qil.
Pas de Juifs.
Distances : de Tirilasin à Rich comme de Souq Tiallalin à Mellah Tiallalin.
de Rich à Mezizelt comme de Tamerrakeclit à Mellah Tiallalin.
de Tamagourt à Igli (Ait Hediddou) comme d’Aït Otman à Mellah Tiallalin.
Désert entre Tamagourt et Igli.
Pas de désert entre Rich et Mezizelt, sur les rives de l’ouad.
Tamagourt est en face de Mezizelt.
Tagersift est en face d’Aït lahia ou Khalifa.
III. — Gers.
Le district du Gers se compose d’un certain nombre de qçars situés sur les bords de l’Ouad Ziz et
tous sur sa rive droite : en face d’eux, la rive gauche est déserte. Voici les noms des qçars du Gers,
dans l’ordre où on les trouve en descendant l'Ouad Ziz :
RIVE DROITE :
Tirilasin Qedîm ) .. .
Aït Tikkert . | Ilrilasl"'
Kherzouza.
Qcîra Ait Aouda.
Amalou.
El Bain.
Ait El Feqih.
Qcîra Alibou (Alibou est le chikh cl aam de toute la fraction des Ait Izdeg, cette année).
Cedouqa.
lu fusils.
40
40
25
60
150
50
20
30
De plus, entre Amalou et El llaïn, on voit les ruines de Douar, grand qçar détruit.
Le district du Gers appartient aux Ait Izdeg. La population y est un mélange d’Aït Izdeg et de Qe-
bala (1).
Langue tamazirt.
Point de marché.
Pas de Juifs. Mellah ruiné à Douar.
Distances : Cedouqa est en face d’Aït Khozman, sur la rive opposée de l'ouad.
de Cedouqa à Aït Tikkert comme de Mellah Tiallalin à Ait Çaleh,
IV. — Tiallalin.
Le Tiallalin se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les deux rives de l’Uuad Ziz. En
voici l’énumération , dans l’ordre où on les trouve en descendant le ileuve :
rive droite :
Kerrando. 50 fusils.
Qcira el Ihoud (appelée aussi Mellah Tiallalin).
(I) C’est en approchant de l’ouad Ziz que j’ai entendu ce nom pour la première fois. Il est employé sur tout le cours du Ziz et
dans le bassin supérieur de la Mlouïa. 11 ne désigne point une race, mais l’état d’une partie de la population. Une portion des
lmaziren sédentaires de cette contrée n’a pas su conserver son indépendance et a été réduite par des tribus nomades voisines à
l’état de tributaire : ce sont ces tributaires qu’on appelle Qebala. Ils sont presque tous Chellalia, de même race, par conséquent,
et de même couleur que la plupart de leurs dominateurs. Par extension, on désigne quelquefois du nom de Qebala des Chellalia sé¬
dentaires, même indépendants, lorsque ces Chellalia vivent isolés, sans aucun lieu avec personne. Ainsi les Chellalia du Reris et
de linéiques autres oasis sont souveut dits Qebala, bien que libres.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
350
Iserdan.
30 fusils
Bousam.
20
Tadaout.
20
Qcîra Ait Aba.
10
Ait ou Alil.
50
Ait Hahou.
15
Ait Amer.
4
Ait Çaleh.
RIVE GAUCHE :
30
Ait Khozman.
40 fusils.
Ait Heqqou.
20
Ait ou Jsaden.
20
Ait ou Innou.
20
Ait Zaïa.
15
Bou Idiren.
00
Qcîr Cherif.
15
Qcir Sidi Omar.
50
Izabouben.
10
Ait labia ou Khalifa.
10
Ait Brahim.
10
Ait Attou.
30
El Qçar el Kebir.
20
Tamdafelt.
12
Taouahit.
80
Imazan.
60
Tamazount.
15
Izerrahen.
15
Isaffen.
6
Ait labia.
50
Timrirt.
12
Imri.
30
Le Tiallalin appartient aux Ait Izdeg et n'est peuplé que d'eux. Chez les Ait Izdeg, chaque district,
pour les sédentaires, chaque campement, pour les nomades, se gouverne à sa fantaisie, sans chikh, ni
à l’année, ni autre : quelquefois on en nomme, mais pour quelques mois, pour la durée d’une guerre
par exemple. Ces jours-ci, on en a élu; voici pourquoi : le sultan a prié les Ait Izdeg de lui envoyer
leurs chikhs : après délibération, ils y ont consenti, en ont nommé et les lui ont envoyés. Mais ils ne
dépendent point de Moulei El Hasen; ils ne lui paient rien et n’ont, disent-ils, que de la poudre à lui
donner. S'ils n'ont pas de chikhs permanents dans leurs diverses subdivisions, ils en ont toujours un
pour l’ensemble des Ait Izdeg : c’est un chikh el aam, qui est nommé chaque année par l’assemblée des
diverses djemaaas.
Langue tamazirt.
Trois marchés à Ait ou Alil, le had , le tlâla, le khemîs.
Un mellali.
Distances : Qcir Sidi Omar est juste en face de Qcira el lhoud.
V. — El Kheneg.
On appelle de ce nom le district formé par les qçars échelonnés sur les deux rives de l’Ouad Ziz dans
le long défilé qu'il traverse entre Foum Jabel et Foum Riour. Voici les noms de ces qçars, dans l’ordre
où on les rencontre en descendant le fleuve :
BASSTN DE E’OUAD Z1Z.
RIVE DROITE :
Asbarou.
20 fusils
Ait ütman.
200
Qcîra el Mehenni.
30
Oui Itgir.
60
Serrin.
40
Cheba.
20
RIVE GAUCHE :
Tamerrakecht (3 petits qçars).
40 fusils
I fri (3 petits qçars).
40
Ait Isfa ou Daoud.
30
Amzou.
300
Ingbi.
30
Tingbit.
40
Béni Iffous.
50
Ait Moulei Mohammed.
100
Timzourin (2 qçars).
40
El Kheneg appartient aux Ait Izdeg et n’est peuplé que d’eux.
Langue tamazirt.
Pas de marché.
Pas de Juifs.
VI. — Qçar es Souq.
Le district du Qçar es Souq se compose d’un certain nombre de qcars échelonnés sur les rives de
l’Ouad Ziz; en voici l’énumération, dans l'ordre où on les trouve en descendant le fleuve.
RIVE DROITE :
Tazouqa. 200 fusils.
Tagnit. 40
Qçar es Souq (composée de 5 qçars : Mouskel-
lal, Qcîba Ait Moha ou Ali, El Haratîn,
Agaouz, Azrou ; ils forment un cercle au mi¬
lieu duquel sont, le marché et le mellah). 300
Tisgedlt. 100
Tarzout (2 qçars). 100
Azemmour. 1 50
Targa (2 qçars). 150
rive gauche :
Tiriourin. 150 fusils.
Béni Ouaraïn (3 qcars). 100
Er Rahba. 60
Qçar Djedid Ait Hammou (3 qcars). 60
Le Qçar es Souq est peuplé d’Aït Izdeg et de cherifs. Ceux-ci sont indépendants des premiers. Point
de djemaaa ni de chikh pour l’ensemble du district. Chaque qçar a sa djemaaa et son gouvernement à
part ; ils ne s’unissent entre eux qu’en cas de guerre.
Langue tamazirt.
Un marché, à Qçar es Souq.
Un mellah.
Distances : de Mellah Qçar es Souq à Targa comme de Mellah Tiallalin à Ait Çaleh.
Qçar Djedid Ait Hammou est en face de Tarzout.
Tiriourin est en face de Tazouqa.
352
RECONNAISSANCE AU MAROC.
VII. — Metrara.
Le district se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les bords de l'Ouad Ziz. En voici
l’énumération, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le cours du fleuve :
RIVE DROITE :
Tisgedlt.
40 fusils.
Béni Mehelli.
100
Asrir.
200
Mediouna.
20
El Hibous.
400
Qaçba Qedîma.
400
RIVE GAUCHE :
Oulad el Hadj.
300 fusils.
Qçar Dekhlani.
150
El Rrouch.
40
Qçar Djedid.
100
Zaouïa Moulei Abd Allah.
20
Qçar Berrani.
100
Taourirt.
100
Sidi Bou Abd Allah.
300
Titaf.
200
Qaçba Djedida.
200
Béni Mousi.
300
Geri Ourgaz.
4
Gaouz.
100
Tazenagt.
400
Le Metrara n’est habité que par des cherifs et des Qebala : les premiers sont les plus nombreux et
ont la prépondérance. Ils sont seuls maîtres du pays. Ils sont libres, n’obéissent pas au sultan et ne
sont sous la dépendance d’aucune tribu : ni Berâber ni autres n'ont droit de parler dans le Metrara.
Cherifs et Qebala sont mélangés dans les divers qçars. Point de chikh ni de djemaaa administrant l’en¬
semble du district. Chaque qçar a son existence isolée, se gouverne au moyen de sa djemaaa et ne s’u¬
nit à d’autres qu’en cas de guerre.
On ne parle que l’arabe.
Quatre marchés : tenîn et khemîs à Qaçba Qedîma ; tonîn ei khemîs â Sidi Bou Abd Allah.
Pas de Juifs.
Un homme est tout-puissant dans le Metrara et a en sa main tout le district, c’est Chikh Mohammed
El Arabi el Derkaoui. Ce chef religieux, qui réside à Gaouz, est extrêmement influent : chaque année, le
sultan lui envoie sa part de dîme; il y a deux ans, il lui a expédié 40 qantars (le qantar vaut ici
1250 francs). Sidi Mohammed El Arabi avait, à la fin de 1881 , appelé les Beràber à la guerre sainte
contre les Français; mais peu après il les contremanda. Son pouvoir est énorme sur tous les Berâber,
Ait Atta comme Ait Iafelman. D’un mot, il peut les armer. Par le nombre et la valeur guerrière de ces
tribus, tout à sa dévotion, il est un des cinq chefs religieux les plus puissants du Maroc. 11 compte au
même rang que. Moulei Abd es Selam el Ouazzâni, Sidi Ben Daoud, Sidi Mohammed ou Bou Bekr et
Sidi El Hoseïn.
Distances : point de désert entre le Qçar es Souq et le Metrara.
d’Oulad el Hadj à Tazenagt comme de Mellah Tiallalin à Tamerrakecht.
de Qçar Djedid Ait Hammou à Oulad el Hadj comme de Mellah Tiallalin à Ait Çaleh.
de Tisgedlt à Targa comme de Mellah Tiallalin à Ait Çaleh.
Béni Mousi est en face de Qaçba Qedîma.
BASSIN DE L’OUAD ZIZ.
353
VIII. — Districts inférieurs.
Los trois districts les plus bas de l’Ouad Ziz se composent chacun, comme les précédents, d’une dou¬
ble ligne de qçars échelonnés sur les deux rives du fleuve.
Le Reteb comprend 30 ou 40 qçars : population mélangée, cherifs, marabouts, Qebala. Langue arabe.
Un mellah.
Le Tizimi se compose de 30 40 qçars. Deux mellabs.
Le Tafllelt, d’environ 300 qçars. Cinq mellabs.
IX. — Affluents de l’Ouad Ziz.
L’Ouad Ziz reçoit divers affluents; voici quelques-uns d’entre eux :
1° L’Ouad Ait labia, se jetant sur sa rive gauche à Igli (Ait Hediddou).
2° L’Ouad Zaouïa Sidi Hamza, se jetant sur sa rive gauche à Tagersift (district du Ziz).
3° L’Ouad Todra, se jetant sur sa rive droite au-dessous du Reteb, dans un des districts de son cours
inférieur.
1° Ouad Ait Iahia. — Il prend sa source dans le Grand Atlas et se jette sur la rive gauche de l’Ouad
Ziz à Igli (Ait Hediddou). Voici les qçars que l'on rencontre sur son cours, en le descendant :
rive gauche :
Tazarin.
Izloufa.
Tabouarbit.
Anfergal.
El Bordj.
90 fusils.
20
50
150
10
Ces qçars appartiennent aux Ait labia, fraction des Ait lafelman. Les Ait labia sont très nombreux,
mais presque tous nomades; ils ne possèdent pas d’autres qçars que les 3 précédents. Ils sont indé¬
pendants et passent pour grands pillards. Leurs quelques qçars n’ont point de chikh spécial.
Langue tamazirt.
Ni marché, ni Juifs.
Distances : d’El Bordj à Igli comme de Mellah Tiallalin à Ait ou Alil.
d’El Bordj à Tazarin comme de Mellah Tiallalin à Ait Çaleh.
Point de désert entre ces deux derniers points.
2" Ouad Sidi IIamza. — Il prend sa source au Djebel El Aïachi et se jette sur la rive gauche de l’Ouad
Ziz à Tagersift (Ziz). Voici les qçars qu’il arrose, dans l’ordre où on les trouve en le descendant :
RIVE DROITE :
Tazrouft (marabouts).
200 fusib
Zaouïa Sidi Hamza (marabouts).
300
Aït ou Allou (2 qçars) (Aït Izdeg).
100
Ait Iaqob (Aït Hediddou).
000
Tanrerift (Aït Hediddou).
50
Toullist (4 qçars) (Aït Izdeg).
200
Langue tamazirt.
Pas de marché.
Deux Juifs à Zaouïa Sidi Hamza.
Distances : de Tagersift à Tanrerift comme de Mellah Tiallalin à Qçar es Souq.
Défilé désert assez long entre ces deux points, appelé Kheneg Tarq.
de Tanrerift à Ait Iaqob comme de Mellah Tiallalin à Ait ou Alil.
RF.r,ONNAISS\NCR AU MAROC.
45
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Désert entre ces deux points.
d’Aït Iaqob à Ait ou Allou comme de Mellah Tiallalin à Qçar es Souq.
Désert entre ces deux points.
d’Aït ou Allou à Zaouïa Sidi Hamza comme de Mellah Tiallalin à Aït Otman.
Désert entre ces deux points.
de Zaouïa Sidi Hamza à Tazrouft comme de Mellah Tiallalin à Aït ou Alil.
Désert entre ces deux points.
de Toullist à Tagersift comme de Mellah Tiallalin à Aït ou Alil.
L’Ouad Zaouïa Sidi Hamza reçoit un affluent, l’Ouad Nezala, se jetant sur sa rive gauche à Toullist.
Ouad Nezala. — 11 prend sa source au Djebel El Abbari ; voici les qçars qui se trouvent sur son cours,
dans l’ordre où on les trouve en le descendant :
Ibabahen .
Abbari .
Qcîra ou Ba El Hasen .
Bou Seroual .
Nezala . .
Tiffitra .
Semlal .
Tazalart. . . .
Tous ces qçars appartiennent aux Aït Izdeg.
Langue tamazirt.
Ni marché, ni Juifs.
rive droite,
0 fusils
rive gauche,
40
rive gauche,
20
rive droite,
20
rive droite,
20
rive droite,
8
rive gauche,
10
rive gauche,
30
Distances : de Toullist à Tazalart comme de Mellah Tiallalin à Aït Çaleh.
Désert entre ces deux points.
de Tazalart à Semlal comme de Mellah Tiallalin à Aït Çaleh.
Désert entre ces deux points.
de Semlal à Tiffitra comme de Mellah Tiallalin à Aït ou Alil.
Désert entre ces deux points.
de Tiffitra à Nezala comme de Mellah Tiallalin à Aït Otman.
Désert Taqqat Nezala entre ces deux points.
de Nezala à Ibabahen comme de Mellah Tiallalin à Aït ou Alil.
3° O u ad Todra. — L’Ouad Todra, d’une grande importance, et par lui-même, et par son affluent
l'Ouad Reris, fera l’objet d’un article spécial.
2°. — OUAD TODRA.
I. Ouad Todra.
L'Ouad Todra prend sa source à peu de distance de l’oasis du Todra, dans les hauts massifs qu’on en
aperçoit vers le nord-ouest. Le mont d’où il sort s’appelle Aqqa Tizgi; c’est une muraille rocheuse du
pied de laquelle jaillissent des sources abondantes qui forment l'Ouad Todra. De là il va arroser la longue
bande du Todra, où il a toujours de l’eau, été et hiver. Au sortir de cette oasis, le lit s’en dessèche et les
bords en deviennent déserts jusqu’au Ferkla. Il arrose le Ferkla, puis rentre dans le désert : du point
où il sort du Ferkla à celui où il se jette dans le Ziz, on ne trouve plus sur ses rives aucune grande
oasis, mais seulement de loin en loin quelque qçar isolé entouré de dattiers, simple tache dans la plaine.
Dans la portion inférieure de son cours, il porte souvent le nom d’Ouad Ferkla.
Nous allons étudier successivement le Todra, le Ferkla et les qçars au-dessous de Ferkla.
1° TOI) HA. — L’oasis du Todra se compose de deux parties : d’abord le Todra proprement dit, formé
des qçars appartenant à la tribu chleuha des Todra, en second lieu une série de qçars appartenant aux
Berâber. Tous sont sur le cours même de l’Ouad Todra, ceux-ci au-dessous des premiers. Une longue
BASSIN DE L’OUAU Z1Z.
355
bande de palmiers, courant sans interruption sur les bords de la rivière , enveloppe les uns et les autres .
aucune frontière apparente n’existe entre ceux des Todra et ceux des Berâber.
Todra proprement dit. — Voici les noms des qçars qui le composent, dans l’ordre où on les rencon¬
tre en descendant l’Ouad Todra :
Ait Baba .
rive gauclie ,
20 fusils
Ait Ousal (Zaouïa Sidi Abd el Ali. . .
' Tizgi .
120
Tabia .
rive gauche ,
30
Ait Acbeba . . .
.... rive droite ,
25
Ait Sidi ou Brahim. . .
Ait Zakri .
Ait Segmounni . ;
Ait Ismen . '
1
• Aït Senan. .
rive gauche , 1
rive gauche, 1
rive gaucho , t
100
300
Ait < aib ou Otman. . . [
Ihedzamen . '
Zaouïa Ihedzamen . . . /
rive gauche , i
rive gauche , 1
rive gauche , )
Ait Aritan .
100
Ait Ijjou .
15
Ait Barra . . . .
40
Ait Ouzana . . .
100
Asfalou .
50
Ait Zilal .
30
Tagounsa .
35
Ait Bou Oujjan .
120
Ismarin .
40
Tikoutar . . . .
100
Tiidrin .
80
Taourirt . • . .
150
Ait Ourjedal. . .
40
Afanour .
200
Tirremt .
50
Tinrir .
200
Imousas . . . .
30
Ilougan (Zaouïa Oulad Sidi Hamed Ben Abd ec Cadoq) . .
30
Helloul .
70
Tamasint . . . .
50
Aït b Oulman . .
25
Azrou .
25
Tagoummast . .
200
Ifri .
20
Ait El Ilasen ou
Ali . ,
30
Ait El Qati . . .
20
Iadouan .
60
Ait labia . . . .
10
Ait Mohammed .
150
Ait Iala .
Ikhb . ]
50
Ait Bou labia. .
Aït Hammi .... ,
•Ainzaourou . . . .
rive gauche,
200
Hara Imziouan . j j ar.t
Hara Mrabtin (Zaouia Sidi el Hadj Amer) . . j
600
Les qçars que nous venons d’énumérer composent toute la tribu des Todra. Les Todra sont Chellaha;
ils se subdivisent en deux fractions, Ait Çaleh et Ait Genad : tel qçar appartient à telle fraction; dans
certains, les deux fractions sont mélangées. Chaque qçar a son gouvernement à part et vit isolé des au¬
tres, ne s'en rapprochant qu’en cas de guerre; leur organisation à tous est identique : ils se nomment
chacun un chikh el aam tous les premiers de l’an. En temps ordinaire, aucun lien entre les différent-
MECONNAISSANCE AU MAROC.
350
qçars : on ne se concerte, on ne se réunit que s’il y a guerre. Les Todra sont indépendants. Ils n'ont de
debiha sur personne, pas même sur leurs puissants voisins les Berâber. Leur nombre et surtout leur
caractère belliqueux ont sauvé leur indépendance.
Les Todra ont un qacli, Sidi Hamed d Ait Sidi Aïssa, habitant Tinrir.
Langue tamazirt.
Deux marchés, tenîn et khemîs de Tinrir.
Quatre mellahs.
Distances : de Tinrir à El llara comme de Tinrir à Tizgi, ou quelques centaines de mètres de plus,
de Taourirt à Asfalou 2 fois 1/2 comme de Taourirt à Tinrir.
d’Asfalou à Tizgi 4 fois comme de Taourirt à Tinrir.
De Tizgi à El llara, tout l’ouad n’est que cultures et dattiers (bou lèggouç et bou souaïr); pas de
désert.
Qçars des Beraber faisant partie de l’oasis. — Voici leur énumération, dans l’ordre où on les ren¬
contre en descendant l’ouad ; ils font suite immédiatement aux précédents :
Taria Ilemsan . rive droite, 40 fusils.
Tirremt Ait b ou Iknifen . rive droite, 20
Ignaouen . rive droite, 50
Tirremt Ait Iazza. . . . . . rive gauche, 50
Ait el Miskin (zaouïa) . rive gauche, 30
Tirrematin Ait Aïssa ou Brahim (2 qçars : Tirremt Fouqania, Tirremt
Tahtania) . rive gauche, 100
Tachbacht Aït Isfoul . rive gauche, 50
Ces qçars, bien que se touchant, sont indépendants les uns des autres; ils appartiennent, l’un à telle
fraction des Berâber, l’autre à telle autre, et suivent le sort de leurs propriétaires.
Distances : de El llara à Taria Ilemsan comme de Taourirt à Asfalou.
de Taria à Tirremt Ait b ou Iknifen comme de Taourirt à Asfalou.
de Tirremt Ait b ou Iknifen à Ignaouen comme de Taourirt à Asfalou.
de Tirremt Ait Iazza à T. Ait Aïssa ou Brahim comme de Taourirt à Tinrir.
de T. Aït Aïssa ou Brahim à Tachbacht Aït Isfoul comme de Taourirt à Asfalou.
Ignaouen et Tirremt Ait Iazza se font face.
2° FERKLA. — L'oasis du Ferlda se compose d'un certain nombre de qçars, échelonnés sur les deux
rives de l’Ouad Todra, au milieu d’une bande de palmiers qui les enveloppe tous. Voici l’énumération
de ces qçars, dans l’ordre où on les rencontre en descendant l’ouad :
RIVE DROITE :
El Khorbat (Aït Melrad). 400 fusils.
Chat (2 qçars) (Aït Melrad). 200
Aït Ben Nacer (marabouts). 30
Ait Asem (Aït Melrad). 200
Tirdouin (Aliel Ferkla). 120
Gardmit (Ait Melrad). 200
RIVE GAUCHE :
Asrir (Abel Ferkla). 000 fusils.
Cheurfa Taïrza (cherifs). 50
Talalt (Ahel Ferkla). 50
Tirfert (Baratin). 200
Aït Sidi El Houari (marabouts). 400
üulad Mammer (Ahel Ferkla). 150
La population du Ferkla est composée partie d’Aït Melrad, partie d’Ahel Ferkla, partie de Baratin,
partie de marabouts. Les uns cl les autres sont indépendants. Les Ahel Ferkla sont des Chellaba; les
qçars que nous venons de mentionner comme leur appartenant, forment toute leur tribu; ils sont libres
BASSIN DL L’OUAD Z1Z.
357
et n’ont de debiha sur personne : les Ait Melrad mêmes, leurs puissants voisins, ne sont pas plus
indépendants qu’eux. Les Haratin et les marabouts ont su également conserver leur liberté.
Les divers qçars du Ferkla vivent isolés les uns des autres, chacun avec son gouvernement particulier ;
ce gouvernement est le même dans tous : celui d’un chikhel aam. Aucun lien commun n’unit les qçars
entre eux.
Les dattes du Ferkla sont des bou feggouç et des bou souaïr.
Langue tamazirt.
Deux marchés, had et khemîs d’Asrir.
Un mellah.
Distances : d’El Khorbat à Oulad Mammer comme de Tinrir (Todra) à Ait Mohammed.
Gardmit est en face d’Oulad Mammer.
3° QÇARS AU-DESSOUS DU FERKLA. — 11 existe un chemin direct du Todra au Talilelt, par le
cours de l’Ouad Todra. Le voici :
On quitte le Ferkla et l’on s’engage dans le désert en descendant la rive droite de l’Ouad Todra. On
arrive d’abord à :
Izelf Ait Mclracl, qçar de 50 fusils, entouré de dattiers ; il est à quelque distance de l'Ouad Todra et
n’est alimenté que par des sources.
Distance : du Ferkla à Izelf comme d’imiter à Timatreouin.
De là on gagne :
lyli Ait Khelifa, grand qçar de 300 fusils, entouré de dattiers, habité par une population de mara¬
bouts (Oulad Sidi El Houari), de Haratin et d' Aït Khelifa (Ait Alla). 11 est aussi à quelque distance de
la rivière, sur sa rive droite; il est arrosé par des sources.
Distance : d’Izelf à Igli comme 2 fois de Taourirt (Todra) à Asfalou.
Puis on passe à :
Mellab Ait lazza , qçar de 100 fusils, entouré de dattiers. Mellah se trouve sur la rive gauche de l’Ouad
Todra. Chemin faisant, on a traversé la rivière à mi-route entre Jgli et Mellab.
Distance : d’Igli à Mellab comme deux fois de Taourirt à Asfalou.
On continue à descendre la rive gauche du cours d’eau et on arrive à :
Oui Touroug. , qçar de 150 fusils, entouré de dattiers, appartenant aux Ait lazza et aux Ait Khelifa. Il
est situé sur le bord même de l’ouad (rive gauche).
Distance : de Mellab à Oui Touroug comme de Taourirt (Todra) à Foum el Qous n Tazoult.
De là on continue à descendre l’Ouad Todra, «pii, peu au-dessous d’Oul Touroug, reçoit sur sa rive
gauche l’Ouad Reris. Puis on parvient à :
Tilouin, grand qçar, entouré de dattiers , situé sur le bord de la rivière (rive gauche). C’est auprès
de Tilouin qu’eut lieu, en 1883, une grande bataille entre les Ait Alta et les Ait Melrad. Le qçar ap¬
partient actuellement aux Ait Melrad.
Distance : d’Oul Touroug à Tilouin comme de Mellab à Oui Touroug.
De Tilouin, en descendant toujours l’Ouad Todra, on arrive à :
Fezna, qçar de 300 fusils, entouré de dattiers, s’élevant au bord du cours d’eau (rive gauche). 11 ap¬
partient aux Ait Iafelman.
Distance : de Tilouin à Fezna comme de Taourirt (Todra) à Imiter.
Peu au-dessous de Fezna, l’Ouad Todra se jette, dit-on, dans l’Ouad Ziz:ce confluent se trouverait
non loin d'El Ojerf sur le Ziz.
II. — Ouad Imiter.
L’Ouad Todra reçoit deux affluents importants : l’Ouad Imiter, se jetant sur sa rive droite dans la
358
RECONNAISSANCE AC MAROC.
portion inférieure de l'oasis du Todra, au-dessous du qçar d’Aït labia, en face de celui d’Aït Moham¬
med; l'Ouad Reris, se jetant sur sa rive gauche à quelque distance au-dessous d’Oul Touroug.
Nous allons les étudier l’un après l’autre.
L’Ouad Imiter prend sa source dans les massifs qui s’élèvent au nord dé la plaine d’Anbed. Il arrose
successivement sur son cours :
Imiter (groupe de quatre qçars contigus : Ait Brahim ,
Irir, Taouahmant, Ait Mohammed, appartenant tous
aux Ait b ou Iknifen;. 150 fusils.
Timatreouin Ignaouen.
50
Qeiba Ait Moulei Hamed.... j
rive gauche
)
Qeiba Moulei Brabim . \
rive droite ,
50
Qeiba Imougar . . . )
rive gauche >
)
Les jardins de ces trois derniers qçars se touchent; ceux-ci ne forment qu’un seul groupe; deux
d’entre eux appartiennent à des cherifs, le dernier à des Ait Atta (les Imougar sont une subdivision des
Ait Isfoul).
De là, l’Ouad Imiter passe à
Tilouin Ait Isfoul . rive droite, 20 fusils.
Puis il va se jeter dans l’Ouad Todra, en face d’Aït Mohammed.
Des trois qcîbas à Tilouin, comme de Tilouin à Ait Mohammed, il n’y a que le désert.
Distances : de Qeiba Imougar à Tilouin comme de Timatreouin à Foum el Qous.
de Tilouin à Ait Mohammed comme de Timatreouin à Foum el Qous.
III. — Ouad Reris.
L'Ouad Reris prend sa source sur le versant méridional du Grand Atlas. Le premier endroit habité
qu’il arrose est le district d’Amtrous. Après l’avoir traversé, il rentre dans le désert; puis on trouve
successivement sur son cours, en le descendant : une réunion de 5 qçars appartenant aux Ait Melrad,
un désert, le district de Semgat, un désert, un groupe de 4 qçars des Ait Melrad, un désert, l’oasis de
Taderoucht, un désert, le Reris. Au sortir du Reris, il rentre dans le désert et y demeure jusqu’à son
confluent avec l’Ouad Todra, à peu de distance d’Oul Touroug.
AMTROUS. — Le district d’Amtrous se compose d’un certain nombre de qçars, situés sur l’Ouad
Reris; en voici les noms, dans Tordre où on les trouve en descendant la rivière :
Toumlilin .
Ait Daoud ou Azzi
Taadadats. . . .
Timoula .
Igedman .
Ait Hani . . . .
Tizeggarin . . . .
Asing .
Tiidrin .
rive droite , 30 fusils,
rive gauche, 70
rive gauche, 50
rive gauche, 50
rive droite, 40
rive gauche , 50
rive gauche, 30
rive gauche, 100
rive gauche, 100
Le district d’Amtrous est habité partie d'Ait Melrad, partie- d’Aït Ilediddou. Les deux fractions se
partagent les différents qçars.
Ni marché , ni Juifs.
Distance : d’Aroraï à Tiidrin comme de Taourirt à El Hara (Todra).
AIT MELRAD. — Au-dessous de ce district, se trouvent, séparés de lui par un désert assez court,
5 qçars unis en un seul groupe, appartenant aux Ait Melrad; ce sont, dans l’ordre où on les trouve
en descendant la rivière :
BASSIN DK r/OUAD ZIZ.
Aroraï. 100 fusils.
Achoul Sidi Bou Iaqob. 100
Aït Sidi Mohammed ou Iousef. 20
Ait er Riban . 30
Amougger. 100
Ni marché, ni Juifs.
Distance : d’imiter à Amougger comme de Tinrir à El Hara.
Les cinq qcars se touchent.
SEMGAT. — Au-dessous de ces cinq qcars, sur le cours de l’Ouad Reris, se trouve, séparé d’eux par
un court désert, le district de Scmgat. 11 se compose des qçars suivants, échelonnés sur les bords de la
rivière; les voici, dans l’ordre où on les rencontre en la descendant :
Aït Bou Izzem.
Imelouan. . .
Ni marché, ni Juifs.
en descendant la rivière :
rivé gauche ,
100 fusils.
rive gauche ,
30
rive gauche ,
50
rive gauche,
80
rive droite,
30
rive gauche ,
50
rive gauche,
40
é que d’eux.
sgi à El Hara (T
odra).
i Tinrir.
1
n désert assez
court , se
Ce sont, dans Tordre où
Tahamdount . rive droite, 30 fusils.
Qçar Kebir Aït Brahim . rive droite, 30
Qçar Ait Brahim . rive gauche, 30
Timzgit (2 qçars) . sur les deux rives, 50
Ces localités sont toutes entourées de dattiers; ce sont les premières de l’Ouad Iteris qui en possè¬
dent; plus haut, cet arbre ne croît pas : au-dessus de Tahamdount, les oliviers, les grenadiers, les
figuiers sont les seules essences qui poussent sur les bords de la rivière : au-dessous de ce qçar, pas un
lieu habité où il n’y ait des palmiers.
Ni Juifs, ni marché.
Distances : de Timzgit au Taderoucht comme d’Asfalou à Aït Mohammed,
de Timzgit à Aït Brahim comme de Taourirt à Tinrir.
Qçar Kebir Ait Brahim fait face à Qçar Ait Brahim.
De Qçar Kebir Ait Brahim à Tahamdount, 400 mètres.
TADEROUCHT. — Au-dessous de ces 4 qcars, séparée d’eux par un court désert, se trouve, sur l’Quad
Reris, l’oasis de Taderoucht; elle se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les deux
rives du cours d’eau, au milieu d’une bande continue de palmiers. Voici les noms de ces localités,
dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :
Moui (Qebala) .
Aourir (marabouts) .
Irerrn n Cherif (Qebala) .
El Hara (marabouts et Qebala) ....
Qcirat Sidi Abd Allah ou Ali (marabouts
Taziat (Beràber). . . .' .
Zenba (marabouts) .
El Bordj (marabouts) .
rive droite,
200 fusils.
rive gauche,
50
rive gauche,
20
rive gauche,
00
rive gauche,
10
rive gauche,
80
rive gauche ,
30
rive gauche,
50
RECONNAISSANCE AU MAROC.
300
Aucun lien n'existe en temps habituel entre les divers qçars du Taderoucht. Chacun vit isolément,
administré par son chikh el aam.
Langue tamazirt.
Pas de marché.
Un mollah.
Distances : du Reris au Taderoucht comme de Tinrir à El Ilara (Todra).
d’El Bordj à Moui comme de Taourirt à Tinrir.
RE RIS. — Au-dessous du Taderoucht, séparée de lui par un court désert, se trouve, sur le cours
de la même rivière, la grande oasis du Reris. C’est une longue ligne de qçars échelonnés sur les bords
de l’Ouad Reris, au milieu d’un ruban d’épaisses plantations de dattiers. Voici l’énumération de ces
qçars, dans l’ordre où on les trouve en descendant le cours d’eau; ils sont tous sur la rive droite :
Maggaman (Berâber).
30 fusils.
Ait Iahia ou Otman (Berâber).
400
Gelmima (Berâber).
250
Kherraza (Berâber).
50
Aït Mouch (Chellaha indépendants).
50
Takatirt (Berâber).
40
Bou Tnefit (Chellaha indépendants).
150
Sidi Mohammed ou El Hasen (marabouts).
30
Gaouz Aït Sidi Amer (marabouts).
25
Aït Sidi Amer (marabouts).
50
Cheurfa Aqqa (cherifs).
50
Ifsahen (Chellaha indépendants).
100
Ait Iaqob (Chellaha indépendants).
40
Aït Sidi Ali (marabouts).
30
Aït Sidi Amer (marabouts).
30
Amtoz (Chellaha indépendants).
40
Aït Mouh ou Iahia (Chellaha indépendants).
80
Khelil (Chellaha indépendants).
50
Tourza (marabouts).
Tous ces qçars sont au bord même de l'ouad, arrosés par la conduite dite sagia talitia, « canal
inférieur ». Il y a encore 5 localités, situées à quelques centaines de mètres du cours d’eau, sur la
même rive, alimentées par un autre canal, sagia fouqania, « canal supérieur ». Elles sont unies en un
seul groupe et fort rapprochées les unes des autres; elles se trouvent vis-à-vis d’Aït Iahia ou Otman
et de Gelmima. En voici les noms :
Irerrer (Chellaha indépendants). 50 fusils.
Tiouanin (Chellaha indépendants). 40
Zerrara (Chellaha indépendants). 40
Ait Ketto (Chellaha indépendants). 100
Ait Hart (Chellaha indépendants).
Les habitants du Reris sont indépendants; chaque qçar appartient à ceux qui l’habitent. Tous s’ad¬
ministrent isolément, comme dans le Ferkla. L’organisation en est uniforme : ils ont chacun leur chikh
el aam. Aucun lien ne les unit entre eux; ils ne se joignent qu'en cas de guerre.
Les dattiers du Reris produisent des bou feggouç et îles bou souaïr.
Langue tamazirt.
Deux marchés : tenîn et khemîs à Ait Iahia ou Otman.
Deux mollahs.
Distance : de Maggaman à Tourza comme d’Asfalou à Iadouan (Todra).
BASSIN DK L OUAI) ZIZ.
30 1
IV. — Localités entre les ouads Todra et Reris.
Entre les ouads Todra et Reris, se trouvent trois petites localités; ce sont, dans l’ordre où on les
trouve en allant du Todra à Oui Touroug :
Taddart n Oumira. — Petit qçar situé entre le Todra et le Reris, à quelque distance au sud du talus
de roche rose qui borde le nord de la plaine entre ces deux oasis. Population mélangée d’Aït Atta et
d’Aït Melrad. 40 fusils. Point de cours d’eau; les jardins sont arrosés par des sources. On laisse ce
qçar à main gauche en allant du Ferkla au Reris et on ne l’aperçoit pas du chemin.
Distances : de Taddart n Oumira au Ferkla comme d'El Khorbat à Oulad Mammer.
de Taddart n Oumira au Ferkla comme 2 fois de Taourirt (Todra) à Asfalou (Todra).
de Taddart n Oumira au Todra comme 2 fois de Taourirt (Todra) à Ait Iidir (Dàdes).
de Taddart n Oumira au Iîeris comme 2 fois de Taourirt (Todra) à Timatreouin.
El Mkhater. — Petit qçar entouré de palmiers situé, entre le Ferkla et le Iteris, près de Taddart n
Oumira.
Zaouïa Sidi El Houari. — Petite zaouïa située au milieu de la plaine, entourée de jardins sans pal¬
miers; l’eau qui l’alimente provient des sources de Taddart n Oumira et est amenée par des canaux.
On passe auprès d’elle en allant du Ferkla au Reris.
V. — Qçars du Sarro.
Toute la région s’étendant au nord du Todra , de cette oasis à l’Oussikis , est inhabitée. C’est une
contrée montagneuse et déserte.
Au sud du Todra, au contraire, dans le Petit Atlas qui porte encore le nom de Sarro, il existe plu¬
sieurs localités.
Le Sarro, qui s’étend du Mezgîta au Dàdes et qui se prolonge jusque auprès du Ferkla, ne va pas plus
loin vers l’est. Au delà du Ferkla, ou, comme je le crois, le Petit Atlas expire, ou du moins il cesse
de porter le nom de Sarro. Il existe plusieurs qçars dans les flancs de cette chaîne : on les appelle les
qçars du Sarro; en voici les noms :
Tagdielt Ait Bou Daoud. — Ce sont trois tirremts qui ne sont point habitées d’une manière continue,
et où les Ait Bou Daoud emmagasinent leurs biens tandis qu’eux-mêmes vivent sous la tente. Tag¬
dielt est arrosée par des sources; elle se trouve à la lisière sud de la vaste plaine d’Anbcd, dans un
repli de la montagne.
Distances : de Tagdielt à Imiter comme de Taourirt à Timatreouin.
de Tagdielt à Tiilit comme de Taourirt à Timatreouin.
Ait Merset. — Une seule qaçba appartenant aux Ait Merset, fraction des Ait Ounir. Elle est arrosée
par des sources. Elle est située dans un fond, sur les premières pentes du Sarro.
Distances : d’Aït Merset à Tagdielt comme d’imiter à Timatreouin.
d’Aït Merset à Imiter comme d’imiter à Foum el Qous.
d’Aït Merset à Tiilit comme d’imiter à Taourirt.
Qçtbat llemsan. — Elles se composent de 4 tirremts. Des sources les alimentent; un cours d’eau se
trouve auprès, mais il n’a d’eau que lorsqu’il pleut.
Distances : de Qcîbat llemsan à Ait Merset comme de Taourirt à Foum el Qous.
de Qcîbat llemsan à Imiter comme de Taourirt à Foum el Qous.
de Qcibat llemsan à Taourirt comme 2 fois de Taourirt à Timatreouin.
de Qcîbat llemsan à Tiilit comme 2 fois de Taourirt à Timatreouin.
46
i;i-:conn\iss\nce vu m.yroc.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
3R2
Ti n lourkan. — Elle est formée d’un grand qçar et de 4 tirremts. Elle appartient à des Ait Atta de
diverses fractions, Ignaouen, Ait b ou Iknifen, Ait Iazza. Des sources l’alimentent. De là part un che¬
min qui se rend au Dra, par le Tazarin : deux jours de marche de Ti n lourkan au Tazarin, deux au¬
tres de Tazarin au Qtaoua.
Distances : de Ti n lourkan à Qcîbat Ilemsan comme de Taourirt à Foum el Qous.
de Ti n lourkan à Tiilit comme de Taourirt à Ait Iidir (Dâdes).
de Ti n lourkan à Taourirt comme de Taourirt à Imiter.
Irerman Azdar. — Elle est formée de 4 tirremts et habitée, comme Ti n lourkan, par des Ait Atta
de diverses fractions. Des sources l’alimentent.
Distances : d’Jrerman Azdar à Ti n lourkan comme 2 fois de Taourirt à Asfalou.
d’Irerman Azdar à Taourirt comme de Taourirt à Imiter.
d’Irerman Azdar à Qcîbat Ilemsan comme de Taourirt à Foum el Qous.
Point de dattiers dans le Sarro; à tous les qçars que nous venons de citer, il y a pour toute verdure
quelques cultures de céréales et de maigres jardins, comme à Imiter.
Pas de marché, ni de Juifs.
3°. — BER A BER.
Les Berâber, dont le nom est si célèbre, sont une grande tribu, la plus puissante du Maroc. Elle
couvre de ses tentes le vaste quadrilatère compris entre l’Ouad Ziz, l'Ouad Dâdes et TOuad Dra, pos¬
sède une foule de qçars sur ces trois cours d’eau et, dépassant ces limites, s’étend au nord sur des
portions du versant septentrional du Grand Atlas. Au sud, aucune tribu ne la borne : ses campements
s'avancent jusqu’au seuil du Grand Désert, ses rezous, terreur du Sahara, le parcourent jusqu'au Sou¬
dan. Gomme les Ida ou Blal, les Berâber font métier d’escorter et de piller les caravanes sur la route
de Timbouktou. A Test et à l’ouest, ils débordent en quelques points au delà des fleuves qui leur ser¬
vent de frontières naturelles, et s’étendent au nord-est sur le haut cours du Gir, au sud-ouest jus¬
qu’aux Ida ou Blal.
Les Berâber sont Imaziren et ne parlent que le tamazirt. Un certain nombre sont sédentaires ; la
plupart, de beaucoup, sont nomades. Ils se divisent en deux grandes branches, les Ait Atta et les Ait
Iafelman; chacune d’elles se subdivise elle-même en de nombreuses fractions. En temps ordinaire, ces
fractions se gouvernent isolément, tout petit groupe, tout qçar ayant son chikh el aam, magistrat élu,
se renouvelant chaque année, possesseur d’une autorité fort limitée. En cas d’affaire grave, on se con¬
certe, soit dans les différentes parties d’une fraction, soit plusieurs fractions ensemble, soit tout un
groupe, soit la totalité des Berâber : alors on s’assemble partout, on nomme des députés qui se réunis¬
sent en djemaaa générale, délibèrent et décident. En 1882, rassemblée générale des Berâber s’est, dit-on,
réunie; elle était composée de délégués de toutes les fractions et formait un total de près de 1000 per¬
sonnes. Ce fait a lieu rarement , car presque toujours la discorde règne parmi les Berâber : lors de
mon passage, Ait Atta et Ait Iafelman étaient en hostilités, et les Ait Atta étaient divisés entre eux. En
cas de guerre générale, les Berâber élisent un chikh unique dont l’autorité est illimitée; dans les guer¬
res particulières, chaque parti agit de même.
Voici la décomposition des Berâber :
BASSIN DE L’OUAD ZIZ.
363
Ait Zemroui..
Aït b ou Iknifen (Dra, Oussikis, Tazarin, désert) .
Ilemsan (Ternata, Dàdes, désert) .
Ignaouen (Qtaoua, Dâdes, désert) .
Ait Aïssa ou Brahim (auxquels appartiennent les
Izknasen) (Fezouata, Dàdes, désert) .
1 500 fusils.
300
500
500
Aït Ounir (Dra, Dàdes, désert) . 800
Aït Atta .
Aït Hachchou J
Kheb
Berâber
Ait Isfoul (Fezouata, Dàdes, désert) .
Aït Bou Daoud (Qtaoua, Dâdes, Tazarin, désert).
Ait Khelifa (Igli, Oui Touroug, au-dessous du
Ferkla) .
Ouchchan (aux environs du Tafilelt) .
Aït El Fersi (au-dessous du Todra). .
Ait Ounbegi (ils portent aussi le nom d’Aït
bach (ou Kliebbas) (Dra, Reteb, désert).
Aït Iazza (qçar au sud du Todra, désert).
Aït ou Allai (desquels font partie les Aït Alouan ,
les Aït b Oulman, les Imsouffa) .
Izligen (Qtaoua) .
Les Aït Hediddou n'ont pas d’autres qçars que
ceux qui ont été mentionnés plus haut; très
grand nombre de tentes; 3000 fantassins et
600 chevaux.
Aït labia (ils ne possèdent comme qçars que ceux qui ont été mentionnés plus
haut, mais ont un très grand nombre de tentes. Ils s’étendent jusqu’aux Aït
Seri et jusque près des Ichqern, sur les pentes nord de l’Atlas. Leur terri¬
toire est tout entier en montagne. 4000 fantassins et 40 chevaux).
Les Ait Melrad habitent le haut cours de
l'Ouad Dàdes, tout l’Ouad Reris, les
1 000
500
150
200
30
2000
1500
2000
80
Aït Hediddou
Aït Brahim
Aït Amer. .
Aït Iazza...
Aït Iafelman
Aït Melrad
Aït Mhammed .
Aït Amer ou Mançour
Aït Ioub .
Aït Mesri .
Irbiben . .
déserts montagneux avoisinant cette
rivière et le Ferkla; leur limite sud
est presque partout le talus de roche
rose qu’on voit d’imiter au Todra et
de là au Reris. Les Aït Melrad sont
très nombreux.
Aït Ali ou Brahim (campant vers Tounfid).
Aït Izdeg (ils possèdent en qçars ceux qui ont été mentionnés et ceux qui le
seront plus bas dans les bassins du Gir et de la Mlouïa; de plus, ils ont un
très grand nombre de tentes. 3000 fantassins et 500 chevaux).
Aït Aïssa bou Hamar (résidant sur l’Ouad Gir et dans ses environs; qçars et
tentes; 2000 fantassins et 200 chevaux).
Aït Kratikhsen (habitant vers le Ferkla et vers Asif Melloul).
Aït Aïach (ils ont des qçars sur l’Ouad Ait Aïach et des tentes auprès de cette
rivière, de l’Ouad Outat Aït Izdeg et de la Mlouïa. Ils sont limitrophes des
Béni Mgild. 800 fantassins et 40 chevaux).
i". — ITINÉRAIRES.
I. — DU TADEROUCHT AL ZIZ. — Il existe un chemin menant du Taderoucht au district du
Ziz. Du Taderoucht on gagne El Haroun (qçar isolé, sans palmiers, appartenant aux Aït Melrad; 30 fu¬
sils). D’El Haroun on passe à El Bordj (qçar isolé, sans palmiers, appartenant aux Aït Melrad; 20 fusils).
D’El Bordj on va à Zaouïa Sidi Bou Qil, dans le district du Ziz. Entre ces divers points, la région qu’on
traverse est montagneuse et déserte.
Distances : du Taderoucht à El Haroun comme de Mellah Tiallalin à Aït Otman.
d'El Haroun à El Bordj comme de Mellah Tiallalin à Aït Otman.
d’El Bordj à Zaouïa S. Bou Qil comme de Mellah Tiallalin à Tamerrakecht.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
364
II. — DU TODRA AU DRA PAR LE TAZARIN. — Il y a 5 jours de roule. Voici l’itinéraire qu’on
suit :
Ie'- ow. — Du Todra au Sarro. On fait gîte dans un des qçars du Sarro, Ti n Iourkan ou Irerman
Azdar, par exemple. On a marché jusque-là dans le désert.
2° jour. — Du qçar où l’on a passé la nuit à Foum Aserts. On donne ce nom à un klieneg désert où
campent en hiver des Ait Atta. Une rivière le traverse; elle a habituellement de l'eau dans son lit; au¬
cun lieu habité n’est sur son cours. Ce second jour encore, on marche sans cesse dans le désert.
3 * jour. — De Foum Aserts au Tazarin. Chemin désert toute la journée.
Le Tazarin est une longue oasis, plus grande et plus peuplée que le Todra, mais lui ressem¬
blant d’ailleurs de tout point : une double chaîne de qçars s’échelonne sur les deux bords d’une ri¬
vière, au milieu d’un ruban de palmiers. Une partie des localités du Tazarin appartient à des Ghellaha
indépendants, l’autre à des Ait Atta de diverses fractions, Ait Bou Daoud, Ait ou Allai, Ait b ou Iknifen.
Les principaux qçars du Tazarin sont, en descendant l’ouad : Ikhf n Orri , Ait Saïd, Qcîba Ait Bou
Daoud, Qcîba Ignaouen, Ait Abbarioul, Tamda, Ait Sidi Msad, Ait Gennoun, Ida Khennioun.
Langue tamazirt.
Marché permanent à Ait Abbarioul. C’est le seul.
Pas de Juifs. Mellah détruit à Ait Abbarioul.
4e jour. — Du Tazarin à Foum Tizi n Dra. Il n’y a pas un lieu habité sur le chemin du Tazarin au Dra;
tout le trajet se fait dans le désert. On n’est plus ici dans la chaîne du Sarro; ou en est sorti au Taza¬
rin. Foum Tizi n Dra est un point d’eau : pas de rivière, mais une source : ce lieu est fréquenté en
hiver par des Ait Atta nomades; le reste de l’année, il est désert.
5e jour. — De Foum Tizi n Dra au Qtaoua.
Distances : de Ti n Iourkan à Foum Aserts comme deux fois de Taourirt à Timatreouin.
de Foum Aserts au Tazarin comme deux fois de Taourirt à Timatreouin.
de Foum Tizi n Dra au Qtaoua comme de Taourirt à Ait lidir.
5°. — SOURCES DE L’OUAD GIR.
OUAD GIR — L ( )uad Gir prend naissance.au Djebel Chouf Agmar, près du Djebel El Abbari.
Voici les premiers qçars qu’on rencontre sur son cours, en le descendant à partir de sa source :
RIVE DROITE !
Tiouzzagin (Ait Izdeg).
Tit n Ali (Qebala).
Mogger (Qebala).
RIVE GAUCHE :
Talbarit (Qebala).
El Heri (Qebala).
Tagrirt (Qebala).
1 00
300
10(1
000
400
150
50
00
100
00 fusils.
Tizgi n Gerrama (Ait Izdeg).
Toulal (Ait Izdeg).
Mellaha (Ait Izdeg).
Batnou (Ait Aïssa Bou Hamar).
Irara (Qebala).
Keddoucha (Ait Aïssa Bou Hamar).
El Geraan (Ait Aïssa Bou Hamar).
que qçar en appartient à ses habitants, Qebala, Ait Izdeg ou Ait Aïssa.
Langue tamazirt.
Pas de marché.
Deux mellahs.
BASSIN DE L’OUAD VA/.
365
Distances : de Tiouzzagin à Mogger comme de Mellah Tiallalin à Ait ou Alil.
de Talharit à El Geraan comme de Mellah Tiallalin à Qçar es Souq.
de Talharit à Mogger, quelques centaines de mètres.
De Mellah Tiallalin on peut aller directement à Talharit. Entre ces deux points s’étend une vaste
plaine déserte que nous avions à notre droite en traversant le district du Tiallalin; elle s’étend jus¬
qu’à l'Ouad Gir et porte le nom d’Outa n Sema.
Distance : de Mellah Tiallalin à Talharit comme de Mellah Tiallalin à Ait Otman.
Il y a un chemin conduisant du district du Gir à Misour, en remontant la vallée de l’Ouad Gir.
AFFLUENT. — Parmi ses affluents, l’Ouad Gir en reçoit un dont la source n’est pas éloignée de la
sienne : c’est l'Ouad Béni Mesri. Nous allons dire quelques mots de son cours supérieur.
Ouad Béni Mesri. — Il prend sa source aux crêtes du Grand Atlas. 11 arrose plusieurs qçars dans
la partie haute de son cours; voici les principaux, dans l'ordre où on les trouve en descendant :
El Bour (Qebala) . rive droite, 100 fusils.
Aït Iahia ou Aïssa (marabouts) . rive droite, 100
Ait Aïssa ou Ali (Qebala) . rive gauche , 30
Takhoualt (Qebala) . rive droite, 120
Ait Heddou (Aït Aïssa) (Berâber) . rive droite, 50
Aït Mohammed (Aït Aïssa) . rive droite, 100
Bou Chiba (Aït Aïssa) . rive gauche, 30
Tirza (Aït Aïssa) . rive droite , 00
Béni Tzit (Qebala) . rive gauche , 300
Aït latin (Qebala) . rive droite, 80
Ces divers qçars n’ont entre eux aucun lien politique : chacun appartient à ses habitants, Qebala, ma¬
rabouts ou Ait Aïssa. Ceux qui sont compris entre Ait Iahia ou Aïssa et Tirza, ces deux localités inclu¬
ses, portent le nom collectif de Béni Mesri.
Langue tamazirt.
Marché permanent à Béni Tzit.
Un mellah.
Pour se rendre de Qçâbi ech Cheurfa à El Bour, on gagne d’abord Tanslemt; puis on franchit l’Atlas
et on descend à El Bour.
Distances : de Tanslemt à El Bour comme d’Aït Çaleh au Gers,
de Aït latin à Aïn Chaïr 2 jours.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
366
VI.
BASSIN DE L'OUAD MLOUIA.
U’. — COURS DE LA MLOUIA.
La Mlouïa prend sa source dans le désert appelé Khela Mlouïa, sur le territoire des Béni Mgild.
Puis elle coule durant assez longtemps en arrosant les terres de cette tribu.
Elle les quitte au point où elle reçoit l’Ouad Outat Ait ïzdeg; ce confluent est la limite entre les
Béni Mgild d’une part, les Ait Ioussi et les Ait ou Afella de l’autre : ceux-ci possèdent la rive droite du
Heure, ceux-là ont la gauche. Dans cette partie de son cours, la Mlouïa se déroule au milieu d’une large
plaine; elle a déjà beaucoup d’eau, mais ses rives sont à peu près désertes : des tribus entre lesquelles
elle coule, la première n’a aucun établissement sur ses bords, ni même dans sa vallée, et ne vient que
rarement planter ses tentes ou faire paître ses troupeaux le long de ses eaux; la seconde, peu nom¬
breuse, possède quelques qçars dans la vallée, mais n’en a qu’un sur les rives mêmes du fleuve; ce
qçar, Abouli (50 fusils; rive droite) , est situé à peu de distance au-dessous du confluent de l’Ouad Outat
Ait ïzdeg. Abouli est le seul point habité du cours de la Mlouïa entre ce confluent et Qçàbi echCheurfa.
Au-dessous d’Ahouli , après avoir coulé dans le désert , en formant limite entre les Ait Ioussi et les
Ait ou Afella, la Mlouïa se borde subitement de cultures, de jardins et de qçars : c’est le district de
Qçàbi ech Cheurfa. A cet endroit le fleuve coule au fond d’une tranchée, profonde d’environ 40 mètres
et large de 1500. C'est cette tranchée qui, remplie sans interruption de plantations et de jardins sur
une longueur de plus de 15 kilomètres et semée de nombreux qçars, forme le district de Qçàbi ech
Cheurfa. Celui-ci ne s’étend pas ailleurs et se compose des seules rives du fleuve, sans déborder dans
sa vallée. Des deux côtés du district, la vallée, de plus en plus plate et de plus en plus large, est occu¬
pée par les mêmes tribus qu’un peu plus haut, Aïl Ioussi à gauche, Ait ou Afella à droite. Le district
les sépare comme les séparaient auparavant les eaux du fleuve.
Après être sortie de Qçàbi ech Cheurfa, et avant d’entrer dans le désert, la Mlouïa arrose encore deux
qçars : ils font suite au district d’El Qçàbi, mais n'en dépendent pas; ce sont, d’abord Tamdafelt (rive gau¬
che ; 120 fusils), puis plus bas Izerran (rive droite ; 30 fusils). Le premier appartient aux Aït ou Afella, le
second aux Aït ïzdeg. Les rives du fleuve, au fond de l’encaissement où il coule, ne cessent pas un ins¬
tant, entre Qçàbi ech Cheurfa et Tamdafelt, comme entre Tamdafelt et Izerran, d’être garnies de cul¬
tures. Quant à la vallée, elle appartient toujours, d'un côté aux Aït Ioussi, de l’autre aux Aït ou Afella.
Au-dessous d’Izerran, la Mlouïa rentre dans le désert; elle continue à couler entre deux tribus : les
Aït Ioussi sont encore à gauche; mais ce sont les Oulad Khaoua qui occupent à présent la rive droite :
ils succèdent ici aux Aït ou Afella. La Mlouïa est toujours dans sa tranchée, de même largeur et de
même profondeur qu’à Qçàbi ech Cheurfa, mais déserte; les riantes cultures y sont remplacées par
d'épais taillis de tamarix au milieu desquels serpentent, avec mille détours, les eaux jaunes du fleuve.
D’Izerran à Misour, la Mlouïa coule ainsi, entre les deux mêmes tribus. Sur ce long espace, sa vallée,
immense plaine, est habituellement déserte du côté des Aït Ioussi, semée de quelques campements du
BASSIN DE L’OUAD MLUU1A.
367
côté des Oulad Ivhaoua. Son cours n’a que deux points habités, deux qçars situés assez loin l'un de
l'autre, isolés chacun sur ses bords, où ils coupent un instant le long ruban de tamarix; tous deux ap¬
partiennent aux Oulad Kbaoua ; ils se nomment, l’un Megdoul, l’autre El Bridja. Le premier est le
plus haut, il est situé sur la rive droite et se compose de 40 maisons ; El Bridja est à onze kilomètres
plus bas, sur la rive gauche; elle a à peine 13 ou 20 feux. Le bois de tamarix qui remplit l’encaisse¬
ment du lleuve porte, entre Megdoul et El Bridja, le nom de Raha Oumm el Lefa.
Ainsi coule la Mlouïa jusqu’à Misour. Ce lieu est un groupe de 10 à 12 qçars entourés d’admirables
jardins, situé au conlluent de la Mlouïa et de l’Ouad Souf ech Ghcrg, tributaire de sa rive gauche. Les
qçars de Misour sont tous sur l’Ouad Souf ech Cberg, à l’exception d’un seul, Igli, qui se trouve sur la
Mlouïa. Il s’élève sur sa rive gauche, un peu au-dessous du confluent; c’est une localité importante,
pouvant lever 300 fusils. Elle est située au bord même du fleuve, au fond de la tranchée où il a coulé
jusqu’ici et où il continuera à être jusqu’à Outat Oulad el Hadj.
A hauteur de Misour finissent les territoires des Ait Ioussi et des Oulad Kbaoua. En les quittant, la
Mlouïa entre sur celui des Oulad el Hadj; cette puissante tribu occupe tout le fond de sa vallée, sur
les deux rives : la vallée est ici une plaine immense, nue et déserte, triste région rappelant les Hauts
Plateaux d’Algérie. Le fleuve coule au milieu, caché au fond de son encaissement, que remplissent tou¬
jours des tamarix touffus. Il demeure ainsi de Misour à Outat Oulad el Hadj. Sur cette portion de son
cours, il baigne un seul lieu habité, Touggour, petit village situé sur sa rive même, du côté gauche :
le hameau se compose d’environ 30 habitations, occupées par des cherifs, descendants de Moulei Iaqob
ben Selîman, et d’une qoubba, mausolée de ce saint. Touggour est située à peu près à mi-distance de
Misour à Outat Oulad el Hadj. Elle coupe ainsi la longue ligne de tamarix qui, au-dessus et au-dessous
d’elle, garnit l’excavation du fleuve, en deux parties presque égales. Elles ont chacune leur nom : de
Misour à Touggour, c’est Raba Sidi Abd el Ouahad, ainsi appelée d’une qoubba qui s’y trouve ; de
Touggour à Outat Oulad el Hadj , c’est Raba el Aricb.
Outat Oulad el Hadj est un groupe d’environ 30 qçars unis entre eux et enveloppés par de superbes
jardins; il est situé au confluent de la Mlouïa el de l'Ouad Chegg el Ard, son tributaire de gauche. Les
jardins de cette sorte d’oasis touchent au lleuve, mais aucune localité n’est, sur son cours; toutes sont
sur l’Ouad Chegg el Ard.
Au-dessous d’Outat Oulad el Hadj , la Mlouïa demeure encore longtemps sur le territoire des Oulad
el Hadj. La vallée tout entière leur appartient jusqu’au petit centre d’Oulad Hamid. Dans cette nou¬
velle portion, la vallée et les rives de la Mlouïa sont un peu différentes de ce qu’elles étaient aupara¬
vant. La vallée est toujours une vaste plaine, mais elle est moins large : elle avait plus de 30 kilomètres
à hauteur de Misour, elle n’en a que 20 à El Outat et ne cesse de se rétrécir jusqu’à Oulad Ilamid. Elle
reste déserte, avec çà et là de rares campements de nomades. Quant au fleuve, à partir d’El Outat, il
n’est plus encaissé et coule au niveau de la plaine ; plus de tamarix sur ses bords. Encore désert pen¬
dant une grande partie de son cours, il se garnit de qçars de distance en distance; ces qçars sont, en
le descendant : Oulad Jerrar (rive droite; 20 fusils), Bardad (rive gauche; 40 fusils), Oulad El Hasen
(rive droite; 40 fusils), Ez Zaouïa (rive droite; 40 fusils), Oulad Sidi Ben Aïada (rive gauche; 30 fusils),
Zerzaïa (rive gauche; 80 fusils), Oulad Sidi Bou Iaqob (rive droite; 30 fusils), Oulad Hamid (petite
qaçba entourée de tentes et de buttes réparties sur les deux rives du fleuve; 200 fusils). Il y a environ
47 kilomètres d’El Outat à Oulad Jerrar. Les autres localités s’échelonnent au-dessous, ayant tantôt
peu , tantôt beaucoup de distance entre elles. Les qçars d’Oulad Sidi Ben Aïada et d’Oulad Sidi Bou
Iaqob sont peuplés de marabouts, celui de Zerzaïa de Qebala, les autres d’Oulad el Hadj. Tous appar¬
tiennent à celte tribu. Les espaces qui les séparent sont déserts, excepté d’Oulad Sidi Bou Iaqob
à Oulad Hamid; entre ces deux points, les bords du fleuve sont sans interruption garnis de cultures.
En sortant du territoire des Oulad el Hadj , la Mlouïa passe à Refoula. G’esf une petite qaçba entou¬
rée d’un certain nombre de tentes qui, comme celles d’Oulad Hamid, comme celles du Za, de l'Ouad
RECONNAISSANCE AU MAROC.
308
Mesegmar, sont là constamment, aussi fixes que des maisons. Refoula appartient aux Hallaf, bien que le
gros de cette tribu soit plus bas, séparé d’elle par les Houara. D'Oulad Hamid à Refoula, les bords
du fleuve ne cessent d’être couverts de cultures.
De Refoula, la Mlouïa entre sur le territoire des Houara. Cette tribu en occupe les deux rives et par¬
court la vaste plaine au milieu de laquelle elle coule. La vallée, après s’être beaucoup rétrécie aux en¬
virons d’Oulad llamid, resserrée entre les monts des Riata et les monts Debdou, s’élargit ensuite subi¬
tement : les montagnes font place à d’immenses plaines, le Tafrâta, l’Angad, le Joli, le Raret; le fleuve
coule à leur niveau; on ne voit plus de limite à sa vallée. C’est dans ces plaines, sur les deux rives de
l’ouad, que campent les Ilouara. Nomades, ils n’ont que deux établissements lixes au bord du fleuve;
ce sont deux qaçbas, Gersif (ou Agersif) et Oulad Hammou ou Mousa. La première, très ancienne,
mais délabrée aujourd’hui, commande un gué important; elle appartient à la fraction des Oulad Me-
saoud ; la seconde est à une certaine distance au-dessous de la première; toutes deux sont sur la rive
gauche. A défaut d’habitations lixes sur la Mlouïa, les Houara y ont un certain nombre de tentes et
beaucoup de cultures. Ils ont divisé le cours du fleuve entre leurs diverses fractions; chacune en pos¬
sède un (ronron, où elle laboure au bord de l’eau et où elle campe pendant une partie de l’année;
voici, en descendant l’ouad, en quel ordre les fractions des Houara s’y succèdent : Atamna, Oulad Se-
dira, Mezarcha, Zergan, Oulad Mesaoud, Oulad Hammou ou Mousa. Tant que la Mlouïa est sur le ter¬
ritoire des Houara, et depuis Refoula, les deux côtés ne cessent d’en être garnis de cultures.
Des Houara, la Mlouïa passe chez les Hallaf; ce sont encore des nomades; ils occupent les deux
rives du fleuve et les plaines qui le bordent. Chez eux, pas une seule construction sur son cours; mais
il ne cesse d’être garni de cultures tout le temps qu’il demeure sur leur territoire. Celui-ci succédant
immédiatement au territoire des Houara, les plantations ne s’interrompent pas entre les deux tribus :
ainsi depuis Oulad Sidi Bou Iaqob, chez les Oulad el Hadj, jusqu’au point le plus bas des Hallaf, les
deux rives de la Mlouïa sont constamment cultivées. Comme les Houara, les Hallaf ont partagé le cours
du fleuve entre leurs diverses fractions; voici, en le descendant, dans quel ordre elles s’y suivent :
Oulad Rehou, Medafra, Oulad Sidi Mohammed bel Hoseïn (cherifs), Oulad Mahdi, El Arba, Oulad So¬
liman.
En sortant de chez les Hallaf, la Mlouïa entre chez les Béni Oukil. C’est une tribu de marabouts,
n’ayant que des tentes, mais installés toujours aux mêmes lieux et ne quittant pas les bords du fleuve
dont ils possèdent les deux rives. Ils se divisent en trois fractions : chacune d’elles campe groupée en
un point déterminé du cours de la Mlouïa. Ces trois points sont espacés à environ 13 kilomètres les
uns des autres; on n’a pu me dire le nom de la fraction qui est le plus haut, la seconde s’appelle El
Khorb, la plus basse Oulad çl Bacha. Entre ces trois groupes, comme entre le premier et la frontière
des Hallaf, le fleuve est désert ; plus de cultures sur ses bords.
Au-dessous des Béni Oukil, la Mlouïa coule dans le désert jusqu’à son embouchure dans la Méditer¬
ranée; dans cet espace, ni lieu habité ni plantations sur ses rives. Cette dernière portion de son
cours est étroitement resserrée entre deux chaînes de montagnes, l’une à droite habitée par les Béni
Iznaten, l’autre à gauche occupée par les Kebdana.
Distances : de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) au confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Outat Ait Izdeg
comme de Kerrando à Nezala.
de Qaçba el Makhzen (Qçàbi ech Cheurfa) au qçar le plus haut du district comme d’Aït Çaleh à
Mellah Tiallalin.
de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) au qçar le plus bas du district comme 2 fois d’Aït
Çaleh à Mollah Tiallalin.
de Qaçba el Makhzen (Qçàbi ech Cheurfa) à Ahouli comme d’Aït Çaleh au Gers.
de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) à Megdoul comme d’Aït Otman à Mellah Tiallalin.
de Qçâbi ech Cheurfa à Izerran comme d’Aït ou Alil à Mellah Tiallalin.
de Megdoul à El Bridja comme d’El Bridja à Misour.
du confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Souf ech Cherg à Igli comme d’Aït ou Alil à Mellah Tiallalin.
BASSIN DG L’OUAD MLOÜIA.
369
d'Igli à Touggour comme du Gers à Nezala.
de Touggour à Outat Oulad el Hadj comme du Gers à Nezala.
d’El Arzan à Oulad Jerrar comme d’Aït Otman à Qçar es Souq.
d’Oulad Jerrar à Bardad comme d’Aït Çaleh à Mellah Tiallalin.
Oulad El Hasen est en face de Bardad.
Ez Zaouïa touche Oulad El Hasen.
de Reggou à Oulad Sidi Ben Aïada comme de Qçar es Souq à Ait Otman.
de Feggouç à Zerzaïa comme d’Aït Otman à Tamerrakecht.
de Zerzaïa à Oulad Hamid comme d’El Bridja à Misour.
d’Oulad Sidi Bou Iaqob à Oulad Hamid, la moitié de la distance d’Oudjda à Lalla Marnia.
d'Oulad Sidi Bou Iaqob à Gersif comme du Za à Qaçba el Aïoun.
de Debdou à Gersif comme du Za à Qaçba el Aïoun.
d’Oulad Seliman au groupe le plus haut des Béni Oukil, la moitié de la distance d’Oudjda à Lalla
Marnia.
du groupe le plus haut des Béni Oukil à El Khorb, la moitié de la distance d’Oudjda à Lalla
Marnia.
d’El Khorb à Oulad el Bacha, la moitié de la distance d'Oudjda à Lalla Marnia.
Après avoir décrit dans son ensemble le cours de la Mlouïa, nous allons étudier séparément les trois
importants groupes de qçars qui se trouvent l’un sur ses rives mêmes, les deux autres tout près d’el¬
les : Qçàbi ech Gheurfa, Misour, Outat Oulad el Hadj.
Qçâbi ech Cheurfa.
Ce district se compose d'un certain nombre de qçars, tous situés sur les rives de la Mlouïa; en voici
les noms, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :
Oulad Teïr (Qebala) . rive droite, 30 fusils.
Tarzout (cherifs et Haratîn) . rive droite, 120
Oulad Arzin (cherifs et Haratîn) . rive droite, 25
Qçar Djedid (cherifs et Haratîn) . rive droite , GO
El Qçâbi (cherifs et Haratîn) . rive droite, 150
Chegg el Ouad (cherifs et Haratîn) . rive gauche, 30
El Mektoufa (cherifs et Haratîn) . rive gauche, 20
Saïda (Ait Tserrouchen) . rive droite, 50
Aït Blal (Aït Izdeg) . rive droite , 50
Akhsab (Aït Izdeg) . rive gauche, 30
Le district appartient aux cherifs qui l'habitent : eux seuls y possèdent la terre et ont part à l’admi¬
nistration. Dans quelques endroits, tels que Saïda et Aït Blal, ils louent la terre à des étrangers, mais
sans l’aliéner. Jadis indépendants du sultan, ils se sont soumis à lui sans résistance en 1877. Depuis
ce temps, ils ont un qaïd , résidant à El Qçâbi , dans une* qaçba appelée Qaçba el Makhzen. Mais celui-ci
ne s’ingère point dans leurs affaires locales; il est peu respecté des cherifs, qui plus d une fois ont
répondu à ses demandes par des coups de fusil. De tout temps le district a eu une debiha sur les Ait
Izdeg : il l’a aujourd’hui encore et continue, bien que blad el makhzen, à leur payer tribut.
Les cherifs de Qçâbi ech Cheurfa sont originaires du Tafilelt; ils appartiennent à deux rameaux de
la branche des Alaouïa, ceux des Oulad Moulei Hachein et des Oulad Moulei Ali.
L’arabe et le tamazirt sont également en usage dans le district. La plupart des habitants parlent
les deux langues.
Marché permanent dans la localité d’El Qçâbi; c’est le seul du district.
Un mellah.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
370
Misour.
Misour est un district indépendant, formé d’un certain nombre de qçars qui s’élèvent auprès du con¬
fluent de l'Ouad Souf ech Cherg et de la Mlouïa; il est divisé en deux parties distinctes, l’une située
sur les rives de l’Ouad Souf ech Cherg, l’autre sur celles de la Mlouïa. La première, Misour propre¬
ment dit, est de beaucoup la plus considérable ; elle se compose de tous les qçars du district à l’exception
d’un. La seconde est formée de la seule localité d’Igli. Nous avons déjà indiqué la position d’Igli ; nous
ne parlerons donc que de la portion de Misour placée sur l’Ouad Souf ech Cherg. Celle-ci ne forme qu’un
seul îlot de verdure où sont disséminés les neuf qçars qui la composent ; voici les noms de ces der¬
niers, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :
Oulad Bou Hafra .
Oulad Bou Jejia .
Oulad Selîman . rive droite ,
El Gara (ce sont 3 tours construites sur une
éminence : on les emplit de tireurs en temps
de guerre ; elles sont inhabitées pendant la
paix) . rive droite,
Oulad Sereïr (située sur une colline) . rive droite,
Gebdour . rive droite,
El Ilarsa .
Bou Kenzt . rive droite,
Oulad Sidi Bou el Alam . rive droite,
i composent
; voici les
rive droite,
15 fusils.
rive droite ,
60
rive droite ,
80
rive droite ,
rive droite ,
100 fusils.
rive droite,
50
rive droite,
30
rive droite,
300
rive droite ,
50
Les cinq premiers qçars sont très rapprochés les uns des autres; ils portent le nom collectif d’Oulad
Abbad. Les 4 derniers sont plus espacés; ils portent le nom d’Oulad Bou Tîb.
Misour est indépendant et du sultan et des tribus voisines. Chaque qçar s’y administre isolément,
sans aucun lien avec les autres.
La population de Misour se compose partie d’Arabes, partie de marabouts. On n’y parle que l’arabe.
Pas de marché.
Un mellah.
Distances : d’Oulad Bou Hafra à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Àlil à Kerrando.
d’Oulad Bou Jejia à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’Oulad Selîman à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’El Gara à l’Ouad Souf ech Cherg, 200 mètres de plus que d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’Oulad Sereïr à l’Ouad Souf ech Cherg, 200 mètres de plus que d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’Oulad Bou Hafra à Oulad Bou Jejia, 500 mètres.
d’Oulad Bou Jejia à Oulad Selîman, 200 mètres.
d’Oulad Bou Jejia à El Gara, 200 mètres.
d’Oulad Selîman à Oulad Sereïr, 200 mètres.
d’El Gara à Oulad Sereïr, 200 mètres.
d’Oulad Bou Hafra à Oulad Selîman, 700 mètres.
de Gebdour à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’El Ilarsa à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
de Bou Kenzt à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
Oulad Sidi Bou el Alam est sur la rive même de l’Ouad Souf ech Cherg.
d’Oulad Selîman à Gebdour, 1 000 mètres.
de Gebdour à El Ilarsa, 1500 mètres.
d’El Ilarsa à Bou Kenzt, 000 mètres.
d'El Ilarsa à Oulad Sidi Bou el Alain, 2000 mètres.
d'Oulad Bou Hafra à l’Ouad Mlouïa comme de Tamerrakecht à Ait Çaleli.
d’Oulad S. Bou el Alain à Igii comme d’Aït Çaleh au Gers.
BASSIN DE L’OUAD MLOUIA.
.371
Outat Oulad El Hadj.
Outat Uulad el Hadj , ou El Outat, comme on l’appelle le plus souvent, est un groupe d’une tren¬
taine de qçars situés sur les rives de l’Ouad Chegg el Ard auprès de son confluent avec la Mlouïa. Ces
qçars sont enveloppés et unis par de superbes vergers qui font du groupe un seul îlot de verdure. El
Outat appartient aux Oulad el Hadj, sur le territoire desquels elle est située, el n’est peuplée que d’eux,
à l’exception' de quelques localités habitées par des marabouts. Voici les qçars qui la composent, dans
l’ordre où on les trouve en descendant l’Ouad Chegg el Ard :
Oulad El Fedil . rive droite, 6 fusils.
Oulad Abd el Malek . rive gauche, 20
Mellah el Ihoud . rive droite, 30
Oulad El Bekri . rive gauche, 20
El Angab (2 qçars) . rive droite, 30
El Hamouziin . rive droite, 30
Zaouïa Sidi Abd el Ouahad. . rive gauche, 40
El Harar . . . rive droite, 50
Oulad Mellouk (groupe de 12 qçars) . rive droite, 300
Cheurfa Qouaret (Oulad Moulei Iaqob; 3 qçars). . . . rive droite, 50
Cheurfa Touggour’(Oulad Moulei laqob ; 3 qçars). . . rive droite, 50
Zaouïa Sidi Abd el Ouahad . rive gauche, 40
Zaouïa Sidi Oumbarek (marabouts de Kenadsa) . . . rive gauche ,
Kechchacha (2 qçars) . rive droite , 30
Béni Bou Hi . . rive gauche, 150
Ces localités sont toutes situées sur la rivière même ou très près d’elle, à l’exception d'Oulad AI e 1 -
louk; les 12 qçars qui composent ce groupe, presque contigus les uns aux autres, s’élèvent à environ
2 kilomètres de la rivière et des autres qçars; ils leur sont unis par des jardins et sont compris dans
l’ilot général d’El Outat. Oulad Mellouk est alimentée par des canaux dérivés de l’Oulad Chegg el Ard.
El Outat, étant aux Oulad el Hadj , suit leur sort, et chaque qçar suit celui de la fraction à laquelle il
appartient. En ce moment, la tribu est insoumise au sultan. Les Oulad el Hadj sont de race et de langue
arabe; mais beaucoup d’habitants d’El Outat savent aussi le tamazirt.
Point de marché à Outat Oulad el Hadj.
Un mellah.
On considère souvent comme faisant partie d’Outat Oulad^el Hadj le groupe isolé d’El Arzan : il se
compose d’environ 10 qçars (300 fusils) entourés de jardins. C’est un îlot, séparé de celui d’El Outat et
distant de lui de 5 kilomètres; il appartient aussi aux Oulad el Hadj et est de tout point analogue à
celui dont on le regarde comme un complément.
Distances : d’Oulad El Fedil à Kechchacha comme de Mellah Tiallalin au Gers.
d’El Arzan à l’Ouad Chegg el Ard comme d’Aït Çaleh à Ait ou A I i I .
d’El Arzan à Kechchacha comme d’Aït Çaleh à Kerrando.
Zaouïa Sidi Abd el Ouahad est en face d’El Hamouziin.
Béni Bou Hi est en face de Kechchacha.
2°. _ VALLÉE DE LA MLOUIA.
La vallée de la Mlouïa est en général très large; voici les aspects qu’elle prend successivement.
Nous ne savons point ce qu elle est dans sa partie haute, chez les Béni Mgild.
Du confluent de l'Ouad Outat Ait Izdegà El Bridja, elle a une largeur uniforme d’environ 10 kilomè-
372
RECONNAISSANCE AU MAROC.
très. C’est une vaste plaine, unie au milieu, en pente légère sur les deux bords, bornée à gauche par le
pied du Moyen Atlas , à droite par le Grand Atlas.
A El Bridja, la vallée s’élargit beaucoup ; à Misour, elle atteint sa plus grande largeur, environ 32 ki¬
lomètres. De là à Oulad Hamid, c'est une immense plaine, unie et nue, appelée du nom du fleuve,
Mlouïa; elle est bornée à gauche par le Moyen Atlas, haute muraille sombre aux crêtes neigeuses; à
droite par le Rekkam, mouvement de terrain à peine sensible apparaissant comme une ligne jaune à
l’horizon : le Rekkam est une succession de côtes très douces et de plateaux très bas, formant dans
leur ensemble une longue rampe ondulée, de pente très faible, au sommet de laquelle commence,
sous le nom de Dahra, la vaste région des Hauts Plateaux. Le Rekkam a son origine au Grand Atlas,
se dirige à peu près du sud au nord, et se prolonge jusqu’aux monts Debdou. De Misour à Oulad Hamid,
la vallée va en se rétrécissant d’une façon insensible, mais continue. A Outat Oulad el Hadj , elle n'a plus
que 20 kilomètres; à Oulad Hamid, elle est beaucoup plus étroite. Aux environs de ce point, le lleuve
traverse un kheneg. C’est la trouée par laquelle il perce le Moyen Atlas; là, le Rekkam a disparu : des
deux côtés du fleuve, s’élèvent les hautes murailles de la chaîne où il se fraie un passage, après en avoir
si longtemps longé le pied. A droite du kheneg, le Moyen Atlas porte le nom de Djebel Debdou. A sa
gauche, il n’a pas de nom spécial; c’est la partie de la chaîne occupée, à quelque distance du fleuve,
par les Béni Ouaraïn.
A cet étranglement de la vallée succède une plaine : sur la rive droite , c’est le vaste désert de Ta-
frâta, commençant près d’Oulad Hamid et se prolongeant jusqu’au pays de Za; sur la rive gauche, c’est
la vallée de l’Ouad Melillo : celui-ci coule entre le Moyen Atlas et la chaîne des Riata et se jette
dans la Mlouïa à Gersif.
Cette plaine est suivie d’une autre, qui est séparée de la première par une ligne de coteaux très bas
unissant le Djebel Riata à la chaîne des monts Mergeshoum, Béni Bou Zeggou et Zekkara, son prolon¬
gement; le fleuve perce ces hauteurs presque insensibles vers les confins des Houara et des Hallaf, et
entre dans la nouvelle plaine qui porte à droite le nom d’Angad, à gauche ceux de Jell d’abord, de
Raret ensuite : la plaine de Jell et celle de Raret sont séparées par une chaîne de collines peu élevées,
le Gelez. L’Angad, le Tafrâta, le Jell, le Raret sont de vastes surfaces unies et désertes s’étendant
très loin à l’est et à l’ouest, et bornées dans ces directions par des mouvements de terrain peu élevés
qu’on n’aperçoit pas de la Mlouïa; rien, pendant que le fleuve parcourt ces plaines, ne détermine les
limites de sa vallée.
L’Angad et le Raret finissent au-dessous des dernières tentes des Béni Oukil. Là le fleuve rentre en
montagne. Sa vallée, jusqu’à la mer, demeure resserrée entre les flancs d’une haute chaîne au milieu
de laquelle il s’est percé un passage; cette chaîne, prenant les noms des tribus qui l’habitent, s’appelle,
à droite de la Mlouïa, Djebel Béni Iznâtcn, à gauche Djebel Kebdana.
Après avoir dessiné à grands traits la vallée de la Mlouïa, nous allons énumérer les qçars qui s’y trou¬
vent, situés dans le fond ou sur les flancs, sans être sur le cours du fleuve ni sur ceux de ses affluents.
11 y en a fort peu dans le fond, mais un certain nombre sur les premières pentes des chaînes qui le
bordent. Nous les diviserons en cinq classes :
1° Qçars des Ait ou Afella.
2° Qçars au pied du Grand Atlas.
3° Qçars du Rekkam.
•iü Qçars des premières pentes du flanc gaucbe de la vallée (Moyen Atlas).
5° Qçars du Djebel Debdou (Moyen Atlas).
BASSIN DE E’OUAD MLÜUIA.
373
1" Qçars des Aït ou Afella.
Ils sont au nombre de trois, tous situés dans le fond de la vallée, entre le Grand Atlas et la Mlouïa:
ce sont :
Zebznt. 200 fusils.
Bou Aïach (arrosée par un ruisseau sortant du Djebel Aldoun dans le Grand Atlas). 30
Entrit (arrosée par des sources). 15
Nous les avons vus tous trois en allant du col de Telremt à Qçâbi ech Cheurfa: les deux premiers
étaient à l'ouest de notre route, le dernier à l’est.
Distances : de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Entrit comme d’Aït Çaleh à Kerrando.
d’Entrit à Bou Aïach comme d’Aït Çaleh à Kerrando.
de Qaçba el Makhzen à Zebzat comme d’Aït Otman à Mellah Tiallalin.
2 Qçars au pied du Grand Atlas.
Voici leurs noms, dans l’ordre où on les rencontre en longeant le pied du Grand Atlas, de l’ouest iï
l’est :
Zriouila (Aït Tserrouchen et Aït Izdeg). 20 fusils.
Bertat (Aït Izdeg). 200
Ges localités sont arrosées par des sources; elles appartiennent aux tribus que nous venons de citer.
Dans chacune, la population se compose partie d’individus de la tribu qui possède le qçar, partie de
Qebala.
Ni marché, ni Juifs en aucun de ces points.
Distances : de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Zriouila comme d’Aït Çaleh au Gers,
de Zriouila à Bertat comme d’Aït Çaleh à Mellah Tiallalin.
de Bertat à Aïat (Ouad Ouizert) comme d’Aït Otman à Mellah Tiallalin.
d’Aïat à Bou Sellam comme d’Aït Çaleh au Gers,
de Bou Sellam à Tagenza comme du Gers à Nezala.
de Tagenza à Azdad comme d’Aït Otman à Aït Çaleh.
de Qaçba el Makhzen à Azdad , un jour 1/2 de marche,
de Tagenza à Tanslemt comme d’Aït Otman à Qçar es Souq.
de Tanslemt à Talsit comme de Qçar es Souq à Mellah Tiallalin.
de Talsit à Anoual comme de Nezala à Qçâbi ech Cheurfa.
Les cinq points d’Azdad, de Talsit, d’Anoual , de Tagenza et de Tanslemt, dont il est parlé ici,
sont des localités du Dahra ou du pied du Grand Atlas. Azdad est un groupe de 3 qçars appartenant
aux Aït Tserrouchen : 200 fusils. Talsit est un groupe indépendant de 3 qçars contigus, habités par des
marabouts de Sidi Ben Abd Allah; il est situé sur une rivière de même nom que lui, dont le reste du
Cours est à sec et désert: 300 fusils. Anoual est un qçar de (10 fusils, peuplé d’Aït Tserrouchen et de
marabouts; il compte dans le Dahra (1). Tagenza est un qçar de HO fusils, peuplé moitié d’Aït Izdeg,
moitié d’Aït Tserrouchen, et dépendant des deux tribus; il est situé sur un petit cours d’eau de
même nom que lui dont le reste du cours est désert. Tanslemt est un qçar isolé de 100 fusils, habité
par des Qebala; ceux-ci, comme les autres Qebala de la région, sont vassaux des puissantes tribus
voisines et indépendants du sultan; Tanslemt est sur une petite rivière dont le reste du cours est dé¬
sert.
(1) « Anoual, ou Zaouïa Anoual se compose de î>0 à 60 maisons habitées par des cheurfa des Oulad Moulei Ali ben Amer (Idrissin)
• appartenant aux Ait Tserrouchen. Ils descendent, comme les marabouts de Kenadsa, de Moulei Abd Allah el Rezouani (enterré à
• Merrâkech). Mais ils sont berbérisés et parlent tamazirt plus qu’arabe. Us ont quelques maigres cultures dans les pierres, arro-
" sées par des fontaines et par l’ouad dit des Oulad Ali. Cette rivière tombe dans l’Ouad Ait Aïssa à KhenegC.ro, à environ x kilomè-
■. très au sud de la zaouïa. » (Renseignement fourni par M. Pilard.)
RECONNAISSANCE AU MAROC.
37 '<
3 Qçars du Rekkam.
Ils sont au nombre de quatre, contigus les uns aux autres, et enveloppés dans une même ceinture
de jardins. Ce groupe se nomme.
Tiissaf. 300 fusils.
La population de Tiissaf est composée de marabouts des Oulad Sidi Aïssa; ces religieux sont regar¬
dés comme formant une des fractions des Oulad el Hadj.
Une grande daïa alimente ce lieu.
Distances : de Tiissaf au lit de la Mlouïa comme d’Aït Çaleh au Gers.
Tiissaf est à peu près en face de Tirnest par rapport à la Mlouïa.
4 Qçars sur les premières pentes du flanc gauche de la vallée.
Ils forment cinq groupes, situés sur les premières pentes du Moyen Atlas, dans la région de cette
chaîne comprise entre Misour et Oulad Hamid. En voici les noms, dans Tordre où on les trouve en
suivant les premières pentes du Moyen Atlas du sud au nord :
Almis (un seul village; Chellaha). 250 fusils.
Tirnest (10 qçars; Oulad el Hadj). 600
Reggou (5 qçars; Chellaha). 400
Qçar el Mallemin (1 qçar; Chellaha), 12
Feggouç (2 qçars; marabouts des Oulad Sidi Iaqob). 80
Tous ces points sont arrosés par des sources et entourés de jardins fertiles. Tirnest, Reggou, Feg¬
gouç ont chacun leurs qçars contigus et groupés au milieu d'un seul ilôt de verdure, comme Misour
et El Outat. Almis et Reggou, bien que peuplés de Chellaha, sont constamment alliés aux Oulad el
Hadj. Qçar el Mallemin dépend des Oulad el Hadj. A Tirnest, ils forment la majorité des habitants et
sont les maîtres. Ni marché, ni Juifs dans aucune de ces localités.
Almis est fort riche; ce village possède à lui seul 100 chevaux.
Distances : d’Almis à Outat Oulad el Hadj comme d’Outat Oulad el Hadj à Misour.
d’ Almis à Misour comme de Megdoul à Misour.
d’Almis à Tiouant comme de Megdoul à Misour.
de Tirnest à Mellah el Ihoud (Outat Oulad el Hadj) comme de Megdoul à Misour.
de Tirnest à El Arzan comme d’Aït Çaleh à Kerrando.
de Tirnest à Oulad Ali (Ouad Chegg el Ard) comme de Qçabi ech Cheurfa à Megdoul.
de Tirnest à Reggou comme de Megdoul à Misour.
de Reggou à Oulad Jerrar comme d’El Bridja à Misour.
de Reggou à l'Ouad Mlouïa comme de Qçar es Souq à Aït Otman.
de Reggou à Oulad S. Ben Aïada comme de Qçar es Souq à Ait Otman.
de Reggou à Qçar el Mallemin comme de Kerrando au Gers.
de Qçar el Mallemin à l’Ouad Mlouïa comme d’Aït Çaleh au Gers.
de Qçar el Mallemin à Feggouç comme d’Aït Çaleh à Kerrando.
de Feggouç à Reggou comme de Megdoul à Misour.
de Feggouç à l'Ouad Mlouïa comme d'Aït Çaleh à Kerrando.
5° Qçars du Djebel Debdou.
On appelle Djebel Debdou la portion du Moyen Atlas qui s'étend de Sidi Ali ben Abd er Rabman d
Admer à Sidi Ali ben Samah d Oulad Amer, c’est-à-dire de la Mlouïa à l'Ouad Za.
BASSIN DE L'OUAD MLOU1A.
375
Ce massif renferme un assez grand nombre de qçars et de villages; on leur donne le nom général
de Ilaouz Debdon. Ils peuvent se diviser en trois groupes :
I. Villages de la vallée de l’Ouad Debdou.
II. Rechida et qçars voisins.
III. Villages des Boni Riis.
Nous allons dire un mot des deux premiers groupes; le troisième est situé sur un affluent de la
Mlouïa dont il sera parlé plus bas.
/. VILLAGES DE LA VALLÉE DE L’OUAD DEBDOU. — L’Ouad Debdou n’est qu’un ruisseau
qui se perd dans le désert de Tafrâta, sans atteindre la Mlouïa. Les villages de sa vallée se composent
d’abord de ceux qui sont situés au fond; ce sont, en descendant :
Debdou (300 familles Israélites et 100 musulmanes). . . rive droite, 100 fusils.
Qaqba Debdou . . rive droite, 50
Qoubbouin . rive droite, 15
El Mes alla. . . rive gauche, 100
Bon Aïach . rive gauche, 10
ensuite de ceux qui se trouvent à mi-côte des lianes; ce sont, en descendant la vallée :
Sellaout . . . . flanc droit, 50 fusils.
Flouch . flanc gauche, 30
Ces 7 villages, avec les deux groupes de tentes des Béni Fâchât (contigu à Sellaout; flanc droit;
150 fusils) et des Béni Ouchgel (en aval du précédent; flanc droit; 30 fusils), groupes qui, situés au¬
près de sources, de jardins, de cultures, sont aussi invariables dans leurs positions que des villages,
forment ce qu’on appelle le pays de Debdou, El Debdou.
Le Debdou est soumis au sultan et dépend du qaïd de Tàza (en ce moment Abd Allah Ech Cher-
radi); mais celui-ci n'y a placé ni lieutenant, ni mkhaznis, ni aucun représentant de l’autorité; il se
borne à venir en tournée tous les ans ou tous les deux ans, et à envoyer de temps en temps quelques
mkhaznis lever l’impôt sur les Musulmans. Chose curieuse, le qaïd de Tàza n’a sous ses ordres directs
que les Musulmans du Debdou; les Israélites, fort nombreux dans le district, dépendent non de lui,
mais d’un des hachas de Fâs, Ould Ba Mohammed; c’est à ce dernier qu’ils remettent tous les ans
le montant de leur tribut.
Les habitants du Debdou s’administrent donc eux-mêmes et, pour les difficultés, s’en réfèrent à
Tàza. On les désigne sous le nom d’Abel Debdou. Ce semble être une population mêlée, Arabes et
Chellaha, ces derniers dominant. La langue est pour les uns l’arabe, pour les autres le tamazirt.
Marché permanent au village de Debdou et, de plus, souq el khemts dans la même localité.
Un mellali.
II. RECHIDA ET QÇARS VOISINS. — Ce second groupe se compose d’un certain nombre de
qçars isolés les uns des autres, situés ceux-ci sur les pentes, ceux-là au pied du revers occidental du
Djebel Debdou; ils sont beaucoup plus près de la Mlouïa que les précédents et sont situés sur le flanc
même de sa vallée. Voici leurs noms, dans Tordre où on les rencontre en descendant celle-ci :
Admer (marabouts de Sidi Ali ben Abd er Rahman).
100 fusils.
Béni Khelften.
150
Rechida (marabouts).
200
Alouana.
30
Les habitants de Rechida et d’Admer sont marabouts. Ils font partie, ainsi que les gens de Béni
Khelften, des Oulad el lladj, dont les Ahcl Rechida et les Oulad Admer sont deux fractions. Mais en ce
moment ils sont en guerre avec le reste de leur tribu. Celle-ci est insoumise; eux obéissent au sultan;
d’où querelle.
Rechida est un grand et beau qçar, situé à mi-côte du Djebel Debdou, dans un lieu escarpé. Sources
abondantes, grands jardins, beaux oliviers.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
376
Béni Khelften est au pied de Rechida, dans la position de Debdou par rapport à Qaçba Debdou.
Admer est au sud de Béni Khelften ; des sources l’arrosent.
Alouana se trouve dans un repli de la montagne, au nord-ouest de Debdou.
Admer, Béni Khelften, Rechida, Alouana, sont soumis au sultan et dépendent du qaïd de Tâza.
Distances : d’ Admer à Béni Khelften, le tiers de la distance de Lalla Marnia à Oudjda.
d’Admer à Oulad Sidi Bou Iaqob, la moitié de la distance de Lalla Marnia à Oudjda.
de Rechida à la Mlouïa, la distance de Lalla Marnia à Oudjda.
de Rechida à Béni Riis, la moitié de la distance de Lalla Marnia à Oudjda.
de Debdou à Béni Riis, la moitié de la distance de Lalla Marnia à Oudjda.
Béni Khelften est au pied de Rechida.
3". — AFFLUENTS DE LA MLOUÏA.
La Mlouïa reçoit un grand nombre d’affluents. Yoici les principaux d’entre eux, dans l’ordre où on
les rencontre en descendant le fleuve :
Ouad Outat Ait Izdeg, se jetant sur sa rive droite aux confins des Béni Mgild et des Ait ou Afella.
Ouad Ouizert, se jetant sur sa rive droite entre Megdoul et El Bridja.
Ouad Souf ech Cherg, se jetant sur sa rive gauche à quelques mètres au-dessus d'Igli.
Ouad Tiddarin, se jetant sur sa rive droite à 1 000 mètres au-dessous d’Igli.
Ouad Tiouant, se jetant sur sa rive gauche entre Touggour et Outat Oulad el Hadj.
Ouad Medfa Keddou, se jetant sur sa rive droite entre Touggour et Outat Oulad el Hadj.
Ouad Chegg el Ard, se jetant sur sa rive gauche à Outat Oulad el Hadj.
Ouad Béni Riis , se jetant sur sa rive droite dans la fraction des Atamna (Houara).
Ouad Melillo, se jetant sur sa rive gauche à Gersif.
Ouad Messoun, se jetant sur sa rive gauche dans la fraction des Oulad Rehou (Hallaf).
Ouad Za, se jetant sur sa rive droite dans la plus haute des 3 fractions des Béni Oukil.
Ouad el Qceb, se jetant sur sa rive droite chez les Béni Oukil, au-dessous du Za.
OUAD OUTAT AIT IZDEG. — Cette rivière prend sa source dans le Grand Atlas au Djebel El
Aïachi. Elle arrose sur son cours le district d’Outat Ait Izdeg; le reste du temps, elle coule dans le dé¬
sert. Voici les qçars dont se compose Outat Ait Izdeg, dans l’ordre où on les trouve en descendant
l’ouad :
RIVE DROITE :
Tatteouin.
60 fusils
Afelilou (2 qçars).
150
Tissouit.
20
Asellim (2 qçars).
150
Ait ou Afella (3 qçars).
100
Ikher Imzioun.
60
RIVE GAUCHE :
Berrom.
100 fusils
Tabnattout.
50
Semmoura.
60
Bou Zmella.
60
Ait Otman ou Mousa.
150
Teccaouit.
100
Ces divers qçars ne forment qu’un seul groupe et sont, sur chaque rive, unis entre eux par des cul¬
tures. Ils appartiennent aux Ait Izdeg. Ceux-ci en sont la seule population. La localité d’Aït ou Afella
dépend de la fraction de ce nom.
Le district étant la propriété des Ait Izdeg, il va de soi qu’il est indépendant du sultan et qu’on y
parle le tamazirt.
BASSIN DE L’OUAD MLOUIA.
377
Marche permanent (le samedi excepté) à Bon Zmella. C’est le seul d’Outat Ait Izdeg.
Deux mellahs.
Distances : de Tatteouin à Ikher Imzioun comme de Mellah Tiallalin à Ait ou Alil.
Berrom est en face d’Asellim.
Ikher Imzioun est en face d’Aït Otinan ou Mousa.
d'Outat Ait Izdeg au confluent de FOuad Outat Ait Izdeg et de la Mlouïa comme de Mellah
Tiallalin à Qçar es Souq.
AFFLUENT. — L’Ouad Outat Ait Izdeg reçoit un affluent, l’Ouad Ait Aiach, se jetant sur sa rive gau¬
che à une certaine distance au-dessous du district d’Outat Ait Izdeg.
Ouad Ait Aiach. — Il prend sa source au Djebel El Aïachi et arrose en descendant quatre qçars ap¬
partenant aux Ait Aiach; le reste de son cours est désert. Voici les quatre qçars, dans l'ordre où on
les trouve en descendant la rivière :
Ait Tiferrahin . rive droite, 50 fusils.
Ait Tourast . rive droite, 50
Ait Ben Ali . rive gauche , 50
Ansegmir . rive gauche, 150
Les deux derniers qçars sont en face des deux premiers; ils ne forment tous quatre qu’un seul
groupe; les jardins sont unis sur chaque rive du cours d’eau.
Les Ait Aiach sont une fraction des Ait Iafelman. C’est dire qu’ils sont indépendants et parlent le
tamazirt. Ils composent la seule population des 4 qçars de l’Ouad Ait Aiach.
Ni marché, ni Juifs dans aucun d’eux.
Distances : du confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Outat Ait Izdeg à celui de FOuad Outat Ait Izdeg et de
l’Ouad Aït Aiach comme de Qçar es Souq à Ait Otinan.
de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Ansegmir comme de Nezala à El Qçàbi.
OUAD OU1ZERT. — 11 prend sa source dans le Grand Atlas, au sommet appelé Ikhf n Irir (Djebel
Gir). Plusieurs qçars se trouvent sur son cours; les voici, dans l’ordre où on les rencontre en le
descendant :
Aïat (3 petits qçars : Qcira Cheurfa; Qcîra Ait Attou ; Qcira Sidi Ben Hachem). 60 fusils.
Bou Sellam (5 petits qçars : Qçar Toual, rive gauche; Qcîra Sidi Mohammed
bel Bachir, rive gauche; Qcîra ech Cheurfa, rive gauche; Qçar Oulad Moulei
El Jlasen, rive droite; Qçar Ousebri, rive droite). 200
Tisana . rive gauche, 10
Tikoutamin (2 qçars : Haselfa; Oulad Dehou). 50
Ouizert (3 qçars : Oulad Dehou; Oulad Ious; Oulad Abbou) . rive droite, 150
Ces localités sont échelonnées sur la rivière, assez loin les unes des autres. Aucun lien ne les unit.
Entre elles, au-dessus et au-dessous, le cours de l’ouad est désert.
Aïat est peuplée de cherifs et d’Aït Tserrouchen, Bou Sellam de Qebala, Tisana de Qebala, Tikouta¬
min et Ouizert d’Oulad Khaoua.
Distances : d’Aïat à Bou Sellam comme d’Aït Caleh au Gers.
de Bou Sellam à Tisana comme d’Aït Caleh au Gers,
de Tisana à Tikoutamin comme d’Aït Çaleh à Aït ou Alil.
de Tikoutamin à Ouizert comme d’Aït Caleh à Aït ou Alil.
d'Ouizert à Megdoul comme d’Aït Caleh à Aït ou Alil.
d'Ouizert à Megdoul comme de Mellah Tiallalin au Gers.
d'Ouizert au confluent de FOuad Ouizert et de la Mlouïa comme d’Aït Caleh à Kerrando.
d'Ouizert à Igli comme d’Aït Otinan au Gers.
de Megdoul au confluent de FOuad Ouizert et de la Mlouïa comme d’Aït Otinan au Gers.
OUAD SOLt ECU CHERG. — Il prend sa source dans le Moyen Atlas, sur le territoire des Ait
Ioussi. 11 arrose deux qçars avant d’arriver à Misour; ce sont, en descendant la rivière :
Qcîra Aït Hamed ou Seliman. 40 fusils.
El K seat. 40
De là il passe à Misour, qui a été décrit plus haut.
ULCONNAISSANCË AU MAROC. iS
378
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Qcîra Ait Hamed ou Selîman et El Kseat sont habités par des Ait Ioussi et appartiennent à cette tri¬
bu. Ces deux qçars sont isolés l’un de l’autre; entre eux, au-dessus et au-dessous, le cours de la ri¬
vière est désert.
Distances : de Misour à El Kseat comme d’Aït Otman à Kerrando.
d’El Kseat à Qcîra Aït Hamed ou Selîman comme du Gers à Aït Çaleh.
OU AD TIDDARIN. — 11 prend sa source dans le Grand Atlas. Tout le cours en est désert.
OU AD TIOUANT. — 11 prend sa source dans le Moyen Atlas, au Djebel Tiouant. Cette montagne,
où Ton trouve du sel, est située, par rapport à la Mlouïa, au-dessus de Touggour. A son pied, la ri¬
vière arrose quelques villages qui composent le district de Tiouant. Ce sont les seuls lieux habités de
son cours, .qui tout le reste du temps est désert. Voici les noms de ces villages, dans Tordre où on les
rencontre en descendant l’ouad :
Bou Hennoun . . rive droite, 80 fusils.
Aït Hammou . rive gauche, 150
Aït Aïssa . . . rive gauche, 80
Aït Baroukh . rive gauche, 120
Aït ou Iahian (2 petits villages se faisant face, l'un sur la rive droite,
l’autre sur la rive gauche) . 150
Ces localités ne forment qu’un seul groupe; leurs cultures se touchent sur les deux rives du cours
d’eau. A elles cinq, elles composent tout le district de Tiouant.
Les gens du Tiouant sont toujours alliés aux Oulad el lladj. Ils sont Chellaha et sédentaires. Leur
langue est le tamazirt. Point de relations avec le sultan.
Ni marché, ni Juifs sur leur territoire.
L’Ouad Tiouant a toujours de l’eau dans son lit.
Distances : de la Mlouïa à Aït ou Iahian 1/2 jour de chemin.
de la Mlouïa à Aït ou Iahian comme d’Aït Otman à Kerrando.
d’Aït Hammou à Aït ou Iahian comme de Mellah Outat Oulad el lladj à Kechchacha.
Aït Hammou et Bou Hennoun se font face.
OU AD IUEDFA KEDDOU. — Il prend naissance dans le Pahra. Tout le cours en est désert. De sa
source à son confluent avec la Mlouïa, il y a environ 2 jours de marche.
OU AD CHEGG EL ARD. — La source en est dans le Moyen Atlas. Avant d’arriver à Outat Oulad
el Hadj , il arrose plusieurs villages. En voici les noms, dans Tordre où on les trouve en descendant la
rivière :
Oulad Bou Rilas (bien qu’isolé, ce village compte avec les Béni Hassan), rive droite,
Béni Hassan (4 villages; 1 sur la rive gauche, 3 sur la rive droite). . . GOO fusils.
Oulad Ali (4 villages) . rive gauche , 200
Béni Haïoun (2 villages) . rive droite , 200
Oulad Saïd . rive gauche , 30
De là il descend à Outat Oulad el Hadj.
Ces diverses localités sont espacées, à distance les unes des autres; entre elles, le cours de la rivière
est désert.
Des villages situés sur l’Ouad Chegg el Ard au-dessus d’Outat Oulad el Hadj, quatre, Béni Hassan,
Oulad Ali, Béni Haïoun, Oulad Saïd, ont chacun leur organisation séparée et n’ont aucun lien entre
eux. Oulad Bou Rilas est peuplée de gens de Boni Hassan et dépend do cette localité. Ces divers centres
ont pour habitants des Chellaha sédentaires n’appartenant à aucune tribu. Ils sont la plupart du temps,
mais non toujours, alliés aux Oulad el Hadj. Leur position géographique les met, pour certaines
choses, dans la dépendance de cette tribu. Elle est la seule avec laquelle ils puissent faire le commerce :
d’elle leur viennent et les huiles et les grains. 11 y a bien, à travers la montagne, des chemins vers Eàs
et vers Tàza; mais ils sont très difliciles et on ne les prend pas. Cependant ces villages n’ont pas de
debiha sur les Oulad el Hadj : ils ne sont vassaux d’aucune tribu. Au temps où les Oulad el lladj
BASSIN DE E’OUAD MEOUIA.
379
étaient soumis au sultan, ils s’étaient rangés sous l’autorité deleurqaïd. Depuis que les Oulad el Hadj
ont secoué le joug, eux aussi ont repris leur indépendance.
Ni marché, ni Juifs dans aucune de ces localités.
Langue tamazirt.
La rivière a en toute saison de l’eau jusqu’à Outat Oulad cl Hadj; au printemps et au moment des
pluies, les eaux atteignent la Mlouïa; le reste de l'année, elles sont absorbées par les irrigations d’El
< tutat.
Distances* : d’Outat Oulad el Hadj à Oulad Saïd comme d’Aït Blal à Megdoul.
d’Oulad Saïd à Béni Haïoun comme de Mellah El Outat à Kechchacha.
de Béni Haïoun à Oulad Ali comme de Megdoul à Misour.
d’Oulad Ali à Béni Hassan comme d’El Bridja à Misour.
de Béni Hassan à Oulad Bou Rilas comme de El Bridja à Misour.
OUAD DENI DUS. — Il prend sa source dans le Djebel Debdou. Sur son cours se trouve le grand
village de :
Oulad Ben el H oui, sur les 2 rives de l’ouad; 400 fusils.
Cette localité appartient aux Béni Itiis, fraction des Oulad el Hadj. Nous l’avons traversée en allant
à Debdou. C’est le, seul lieu habité qui soit sur la rivière ; le reste de son cours est désert.
AFFLUENT. — L’Ouad Boni Itiis reçoit un affluent, l’Ouad Oulad Otman, se jetant sur sa rive droite
à 1 kilomètre environ au-dessous d’Oulad Ben el Houl.
Ouad Oulad Otman. — Il prend sa source dans le Djebel Debdou. Sur ses bords se trouvent trois pe¬
tits villages très rapprochés entre eux, portant le nom collectif de :
Oulad Otman . rive droite , 200 fusils.
Pas d’autre lieu habité sur cette rivière. Le reste de son cours est désert. Oulad Otman, comme Ou¬
lad Ben el Houl, appartient aux Béni Itiis. Les habitants de ces deux endroits composent toute la frac¬
tion. Les Béni Riis sont soumis au sultan et dépendent du qaïd de Tâza.
Nous avons traversé Oulad Otman en allant à Debdou.
OUAD MELILLO. — 11 prend sa source dans le Djebel Béni Ouaraïn et se jette dans la Mlouïa à
Gersif.
OUAD MESSOUN. — 11 prend sa source dans le Bif , du côté des Gezennaïa; puis il traverse le Fhama,
plateau ondulé s’étendant entre les monts du Bif et ceux des Biata; ensuite il entre dans la plaine de
Jell, où il reste jusqu'à son confluent avec la Mlouïa. Un seul établissement fixe sur ses bords : c'est Qaçba
Messoun, située dans le Fhama et appartenant aux Houara. Tout le reste de son cours est désert ou oc¬
cupé passagèrement par des nomades. Les eaux de l’Ouad Messoun sont salées.
Distances : de Qaçba Messoun à Tâza comme de Lalla Marnia à Oudjda.
de Qaçba Messoun à Gersif comme de Taourirt (Ouad Z a)’ à Qaçba el Aïoun.
OUAD Z A. — II prend sa source dans la partie du Dahra parcourue par les Ait Bou Ouchchaouen,
auprès d’un groupe de puits appelé Tisreïn. Pendant plusieurs journées , son cours se poursuit dans le
Dahra, c’est-à-dire sur un immense plateau désert.
Il y reste jusqu’à Tegafeït. De sa source à ce point, il n’a qu’un seul lieu habité sur ses bords,
Qaçba Ras cl Aïn Béni Matar. 100 fusils.
Sauf ce petit qçar, isolé dans la plaine solitaire, l’Ouad Za est désert jusqu’à Tegafeït. Là il change
brusquement d’aspect. Le, Dahra cesse; la rivière entre dans une étroite vallée, resserrée entre le Dje¬
bel Boni Bou Zeggou à droite, le Djebel Oulad Amer et le Djebel Mergeshoum à gauche. Les bords,
arides jusque-là, se couvrent de champs et de jardins, et resteront tels jusqu’au confluent de la rivière
avec la Mlouïa; de Tegafeït à ce point , l’Ouad Za n’est qu’un long verger : c’est cette riche partie de
son cours qu’on appelle bladZa. Elle se divise en deux portions : la première, de Tegafeït à Qaçba Béni
Qoulal ; l’Ouad Za reste en montagne , resserré entre les deux massifs (pie nous avons nommés ; la deuxiè¬
me, de Béni Qoulal à la Mlouïa; il coule en plaine, ruban vert se déroulant le long des sables de l’Angad.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
380
Tant qu'il est en montagne, l’Ouad Za, Rien que garni de superbes cultures, n’est pas très peuplé.
Les tribus auxquelles appartiennent champs et jardins, tribus qui ne vivent que sous la tente, habitent
le flanc de sa vallée et non le fond. Nous parlerons plus tard de ces tribus. Dans cette partie, le Za n'a
que quelques tentes dispersées au milieu des cultures, et deux villages :
Tegafeït. 100 fusils.
Qaçba Béni Qoulal. 50
Mais aussitôt qu’il entre en plaine, il devient très habité. Les Kerarma, qui possèdent cette dernière
partie de son cours, résident sur ses rives mêmes, leurs tentes disséminées au milieu des cultures. Ils
n’ont point de maisons; il n’existe que deux constructions dans cette portion du Za :
Dar Chikh Ech Chaoui.
Taourirt (appelée aussi Qaçba Moulei Ismaïl).
On voit donc que le cours de l’Ouad Za se divise en deux parties distinctes : l’une, de sa source à Te¬
gafeït , aride, inculte, déserte ; l’autre, de Tegafeït à son confluent avec la Mlouïa, cultivée, garnie de
jardins, aussi riche que la précédente était désolée, aussi verdoyante qu’elle était aride. Ces deux por¬
tions sont si différentes l’une de l'autre que les indigènes donnent à chacune un nom particulier. De Tis-
reïn à Ras el Aïn Béni Matar, ils appellent la rivière Ouad Charef; de Ras el Aïn Béni Matar à la Mlouïa,
ils la nomment Ouad Za. Ils n’étendent jamais la signification de ces deux termes et n’emploient pas
l’un pour l’autre. Le point de Bas el Aïn Béni Matar, qu’ils ont choisi comme marquant le lieu de chan¬
gement dans la manière d’être de l’ouad, est remarquable à un double titre : c’est le premier lieu ha¬
bité qui se trouve sur le cours de la rivière depuis sa source, et c'est à partir de là que l'Ouad Za
a de l’eau d’une façon permanente; au-dessus de ce point, il n’a que des redirs qui se remplissent au
moment des pluies ; au-dessous, il a de l’eau partout, en toutes saisons. De ce dernier fait vient le nom
de Bas el Aïn donné à la qaçba des Béni Matar.
Distances : de Tisreïn à Ras el Aïn Béni Matar comme de Misour à Debdou.
de Tisreïn à Debdou comme de Taourirt (Kerarma) à Lalla Marnia.
de Ras el Aïn Béni Matar à Tegafeït comme de Dar Ech Chaoui à Qaçba el Aïoun.
de Tegafeït à Qaçba Béni Qoulal comme de Qaçba el Aïoun à Oudjda.
de Qaçba Béni Qoulal à Taourirt (Kerarma) comme la 1/2 distance de Lalla Marnia à Oudjda.
de Taourirt (Kerarma) au confluent de l’Ouad Za et de la Mlouïa comme de Lalla Marnia à
Oudjda.
POINTS HABITÉS DU COURS DU ZA. — Voici quelques détails sur ces localités, déjà énumérées, et au
nombre de 5 seulement :
Bas el Aïn Béni Matar est une qaçba appartenant par moitié aux Béni Matar et aux Mhaïa. Elle est sur la
rive de l’ouad, au milieu du désert, en plein Dahra. 11 s’y trouve une source très abondante et ne ta¬
rissant jamais, dont les eaux forment l’Ouad Za.
Tegafeït est un village appartenant à un marabout qui l’habite, Ould Sidi Hamza.
Qaçba Béni Qoulal. Elle se compose d’une enceinte où les Béni Qoulal serrent leurs grains et d’un certain
nombre d’habitations. Elle appartient aux Béni Qoulal.
Dar Chikh Ech Chaoui. C’est une maison unique, demeure de Chikh Ben Ech Chaoui, qaïd des Kerarma.
Taourirt. C’est une qaçba construite par Moulei Ismaïl; elle est en partie ruinée et sert aux Kerarma
à emmagasiner leurs grains. Nous avons vu Taourirt, ainsi que Dar Chikh Ech Chaoui, en allant de
Debdou à Qaçba el Aïoun.
TRIBUS DU COURS DE L’OUAD ZA. — De sa source à Ras el Aïn Béni Matar, l’Ouad Za, coulant dans le
Dalira, traverse les terres de parcours de toutes les tribus qui fréquentent ce désert, mais n’arrose en
particulier aucune d’elles. Nous ne parlerons pas ici de ces tribus, dont il sera question plus bas on
même temps que du Dahra. Les tribus possédant des terres sur les rives de l’Ouad Za sont les sui¬
vantes, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière : Oulad Amer, Béni Chebel, Oulad el
Midi, Béni Qoulal, Kerarma. Les quatre premières habitent dans le massif du Djebel Oulad Amer et du
BASSIN DE L'OUAD MLOUIA.
38 1
Djebel Mergeshoum; la portion de l’Ouad Za comprise entre Tegafeït et Qaçba Béni Qoulal leur appar¬
tient. La dernière possède les rives du Za de Qaçba Béni Qoulal à la Mlouïa, et les habite. Toutes cinq ,
bien que sédentaires, vivent sous la tente. Pas de Juifs dans aucune d’elles. Deux marchés : Souq el
Arbaa Béni Qoulal et Souq et Tenîn Kerarma. Ce dernier, qui se tient iï Dar Ech Chaoui, est fort im¬
portant.
Oulad Amer. — Tribu séparée, soumise au sultan, du ressort du qaïd Ilamada des Béni Bou Zeggou. Elle
habite le massif du Djebel Oulad Amer, situé à gauche de l’Quad Za. Langue tamazirt. 1000 fusils.
50 chevaux.
Distance : de Debdou aux Oulad Amer comme d’Oudjda à Lalla Marnia.
Béni chebel. — Tribu séparée, soumise au sultan, sous l’autorité du qaïd Ilamada des Béni Bou Zeggou.
Elle habite le Djebel Mergeshoum situé ;\ gauche de l’Ouad Za. Langue tamazirt. 70 fusils.
Oulad el Midi. — Tribu séparée, soumise au sultan, dépendant du qaïd Ilamada des Boni Bou Zeggou.
Elle habite le Djebel Mergeshoum. Langue tamazirt. 200 fusils.
Béni Qoulal. — Tribu séparée, soumise au sultan, du ressort du qaïd Ilamada des Béni Bou Zeggou.
Elle habite le Djebel Mergeshoum et les rives du Za, où elle possède Qaçba Béni Qoulal. Langue tama¬
zirt. 150 fusils.
Kemrma. — Tribu séparée. Elle est soumise au sultan, qui lui a donné pour qaïd son propre chikh hé¬
réditaire, Ben Ech Chaoui, résidant à Dar Chikh Ech Ghaoui. Elle habite les bords de l’Ouad Za entre le con¬
tinent de cette rivière avec la Mlouïa et Qaçba Béni Qoulal. Dar Chikh Ech Chaoui et Taourirt lui ap¬
partiennent. Langue arabe. 500 fusils.
AFFLUENT. — L’Ouad Za, au-dessus de Bas el Ain Boni Matar, dans la portion de son cours où on
l’appelle Onad Charef, reçoit l’Ouad el Aououdj venant de l’est et se jetant sur sa rive droite. Cet af¬
fluent est une rivière sans eau, comme l’Ouad Charef.
OU AD EL QCEB. — Il prend sa source dans le Djebel Béni Iala, perce la chaîne des Béni Bou Zeg¬
gou et des Zekkara, traverse le désert d’Angad, où il passe auprès de Qaçba el Aïoun, et enfin se jette
dans la Mlouïa. Cette rivière n’a d’eau que les années pluvieuses et pendant quelques jours.
Distances : de Qaçba el Aïoun au Djebel Béni Iznâten comme de Lalla Marnia à Oudjda ou un peu moins,
de Qaçba el Aïoun au Djebel Béni Iala comme de Qaçba el Aïoun à Oudjda.
de Qaçba el Aïoun au Djebel Béni Bou Zeggou, 5 heures de marche,
de Qaçba el Aïoun au Djebel Zekkara, 5 heures de marche.
Le Djebel Béni Iala, où l’Ouad el Qceb prend sa source, est au sud des djebels Boni Bou Zeggou et
Zekkara, à hauteur du milieu environ de la chaîne.
AFFLUENT. — - L’Ouad el Qceb reçoit un affluent, l’Ouad Mescgmar, prenant sa source dans le Djebel
Béni Bou Zeggou et se jetant sur sa rive gauche.
4°. — TRIBUS DE LA VALLÉE DE LA MLOUIA.
Les tribus qui occupent ou parcourent la vallée de la Mlouïa sont, en la descendant : les Béni
Mgild, les Ait Aïach, les Ait ou Afella, les Oulad Khaoua, les Ait Ioussi, les Ait Tserrouchen, les Oulad
el I lad j , les Houara, les Ilallaf et les Béni Oukil. Nous allons dire un mot de chacune d’elles.
DENI MOI LD. — Puissante tribu limitée au nord par les Béni M tir, à l’est par les Ait Ioussi, à
l’ouest par les Zaïau et les Akebab, au sud par trois fractions des Ait lafelman, les Ait labia, les Ait
Aïach et les Ait Izdeg. Les Béni Mgild sont indépendants; ils sont de race et de langue tamazirt.
AIT AI AC H. — Us sont Beràber et forment une des fractions des Ait lafelman. Ils sont limités au
nord par le Djebel El Aïachi, à l’est par Ait Izdeg et les Ait ou Afella, à l’ouest par les Ait labia (autre
fraction des Ait lafelman) et les Béni Mgild, au sud par les Béni Mgild. Les Ail Aïach sont partie sé-
RECONNAISSANCE AU MAROC.
33 2
dentaires, partie nomades, ces derniers étant les plus nombreux. Ils ne possèdent que 4 qçars et des
tentes.
Les 4 qçars sont ceux qui se trouvent sur l’Ouad Ait Aïach; la population en est de 300 fusils.
Les tentes sont dans la vallée de l’Ouad Ait Aïach, sur l’Ouad Outat Ait Izdeg au-dessous du con¬
fluent des deux rivières, et parfois sur la Mlouïa au-dessous du confluent de l’Ouad Outat Ait Izdeg.
Les Ait Aïach forment 800 fusils et 40 chevaux.
Ils sont indépendants.
Langue tamazirt, comme tous les Berâber.
Ni marché, ni Juifs.
AIT OU AF ELLA. — Les Ait ou Afella sont une subdivision des Ait Izdeg. Ils sont bornés au nord
par la crête supérieure du Grand Atlas, au sud par la Mlouïa et le district de Qçâbi ech Cheurfa, à -l'est
par les Oulad Khaoua et les Ait Tserrouchen, à l’ouest par le district d’Outat Ait Izdeg, les Ait Aïach
et les Béni Mgild.
Les Ait ou Afella sont sédentaires et n’habitent que des qçars ; leurs principaux qçars sont :
Dans la plaine entre le Grand Atlas et la Mlouïa : Zebzat, Bou Aïach, Entrit.
Sur la Mlouïa : Ahouli et Tamdafelt.
Sur l’Ouad Outat Ait Izdeg : Ait ou Afella.
Ces six qçars contiennent environ 460 fusils : les Ait ou Afella en forment 600. Point de chevaux.
Bien que fraction des Ait Izdeg, les Ait ou Afella ne comptent pas actuellement avec eux. Ils en sont
séparés politiquement. Depuis l’installation d’un qaïd à Qçâbi ech Cheurfa, les Ait ou Afella sont sou¬
mis au sultan. Le reste des Ait Izdeg est resté indépendant. De là, séparation et hostilités.
Ni marché, ni Juifs.
OULAD KHAOUA. — Ils sont une fraction des Oulad el Hadj; mais, comme les Ait ou Afella, et
depuis plus longtemps qu’eux, ils sont séparés de leur tribu d’origine. Ils sont bornés au nord par
la Mlouïa et les Oulad el Hadj, et à l’ouest par les Ait ou Afella; au sud et à l’est, ils s’étendent jusqu’au
pied du Grand Atlas et du Rekkam, où commencent les terres des Ait Tserrouchen: cette tribu, qui oc¬
cupe ces deux massifs, les limite ainsi de-deux côtés.
Les Oulad Khaoua sont partie sédentaires, partie nomades; ceux-ci sont les plus nombreux.
Leurs qçars sont au nombre de quatre : deux sur la Mlouïa, Megdoul et El Bridja ; deux sur l’Ouad
Ouizert, Tikoutamin et Ouizert. A eux quatre, ils contiennent 230 à 260 fusils.
Leurs tentes sont dispersées dans la plaine, au sud de la Mlouïa et près de l’Ouad Ouizert.
Ils forment 600 à 700 fusils. Ils ont environ 30 chevaux.
Appartenant aux Oulad el Hadj, les Oulad Khaoua sont de race el de langue arabe. Politiquement,
ils sont, avons-nous dit, séparés de leur tribu. Cette séparation date de très loin. 11 y a bien des
années, les Oulad Khaoua, ayant eu des querelles avec les autres fractions des Oulad el Hadj, les aban¬
donnèrent et s’allièrent aux Ait Izdeg; leur union avec les Ait Izdeg dure toujours depuis cette épo¬
que; aujourd’hui encore, bien que d’origine étrangère, ils comptent comme faisant partie de cette
tribu. Lors de l’installation d’un qaïd à Qçâbi ech Cheurfa, ils ont fait leur soumission au sultan; de¬
puis ce temps, ils sont blad el makhzen; le qaïd d'El Qçâbi les a, ainsi que les Ait ou Afella, dans son
ressort. Le fait de leur soumission, contrairement à ce qui est arrivé pour les Ait ou Afella, ne les a
point brouillés avec les Ait Izdeg. Ils leur sont toujours étroitement unis.
Ni marché, ni Juifs.
AIT IOUSSI. - — C’est une grande tribu chleuha occupant toute la région qui s’étend entre Qçâbi
ech Cheurfa et Sfrou. Elle est bornée au nord par Sfrou, au sud par la Mlouïa, à l’ouest par les Béni
Mgild, à l’est par les Béni Ouarain, les Ait Tserrouchen el les Oulad el Hadj.
Les Ait Ioussi se divisent en trois fractions à peu près d’égale force :
Rerraba (au sud de Sfrou).
BASSIN DE LU U AD MLUU1A.
:J8B
Aït Helli (au sud des Rerraba).
Ait Mesaoud ou Ali (au sud des Ait Helli, entre la Mlouïa et le Djebel Oumra Djeniba).
Ils sont soumis au sultan et ont trois qaïds, un pour chaque fraction. Ils sont de race et de langue
tamazirt. Partie sédentaires, partie nomades, ils ont des villages et des tentes.
Ni marché, ni Juifs sur leur territoire.
Les Ait loussi sont une tribu de montagne : ils possèdent à la vérité une grande plaine, la moitié
de la vallée de la Mlouïa sur une longue étendue; mais ils n’y descendent presque jamais : de loin en loin,
on y voit apparaître quelques-uns de leurs douars ou de leurs troupeaux; mais ils ne font que passer et
bientôt regagnent les hauteurs. Tout le reste de leur territoire est montagneux; les diverses chaînes
qui le traversent sont nommées indifféremment Djebel Ait loussi. Les principales d’entre elles sont le
Moyen Atlas et celle que nous appelons chaîne Oulmess-Riata. On y remarque aussi le plateau mon-
tueux du Fezaz, qui sépare les Aït loussi des Béni Mgild.
Moyen Atlas. — Cette haute chaîne, dont nous avons vu au mois de mai presque toute la crête cou¬
verte de neige, commence au sud du Tàdla et se prolonge par les monts Debdou jusqu’aux Hauts Pla¬
teaux où elle expire. Dans sa portion comprise entre les Béni Mgild et la Mlouïa, on y remarque trois
sommets principaux : à l’ouest, le Djebel Tsouqt, sur le territoire des Ait loussi; à l’est, le Djebel
Oulad Ali (portant aussi les noms de Djebel Béni Hassan, de Djebel Tirnest et de Djebel Oulad el Hadj),
occupé partie par de petits groupes isolés de Ghellaha, partie par les Oulad el Hadj ; entre les deux, le
Djebel Oumm Djeniba, dont le versant ouest est habité par les Aït loussi, le versant est par les Ait
Tserrouchen. Entre le Djebel Tsouqt et le Djebel Oumm Djeniba, la chaîne est toute sur le territoire
des Ait loussi; du Djebel Oumm Djeniba au Djebel Oulad Ali, le versant septentrional en appartient
aux Béni Ouaraïn, le versant méridional aux Ait Tserrouchen.
Le chemin de Qçàbi ech Cheurfa à Fàs, par Sfrou, passe entre le Djebel Tsouqt et le Djebel Oumm
Djeniba. Sur cette route se remarque la data d’Ifrah, grand étang situé dans la montagne.
Chaîne Oulmess-Riata. — Commençant à l’ouest d’Oulmess, se continuant dans le Djebel Riata et se pro-
longeant jusqu’en Algérie par les monts Béni Bon Zeggou et Zekkara, cette chaîne traverse le territoire
des Ait loussi au nord de la précédente , à laquelle elle est à peu près parallèle. Entre les Ai t loussi et la
Mlouïa, elle appartient, le versant nord aux Riata, le versant sud aux Béni Ouarraïn.
Fezaz. — C’est un plateau élevé, montueux , allant du Moyen Atlas à la chaîne Oulmess-Riata; sa
direction est perpendiculaire à celle de ces deux chaînes entre lesquelles il est comme un trait d’union.
11 forme limite entre les Aït loussi et les Béni Mgild.
AIT TSERROUCHEN. — Les Ait Tserrouchen sont une puissante tribu tamazirt composée de deux
grandes fractions, l’une sédentaire, l’autre nomade. Les Ait Tserrouchen sont connus sous trois noms :
on les appelle indifféremment Ait Tserrouchen, Mermoucha, et Oulad Moulei Ali ben Amer; ils se font
donner ce dernier nom parce qu’ils prétendent descendre du cherif Moulei Ali ben Amer qui serait leur
souche commune (1).
Particularité rare, les deux fractions des Ait Tserrouchen vivent complètement isolées l’une de l’an¬
tre, sans aucune relation ensemble, leurs territoires séparés par d’autres tribus. L’une d’elles habite
le versant sud du Moyen Atlas, la seconde le revers nord du Grand Atlas et le Dahra. Toute la vallée
de la Mlouïa, avec ses vastes plaines et les tribus qui les occupent, les séparent. Ces deux fractions ne
sont pas moins différentes de mœurs qu'isolées de territoires : la première est composée de monta¬
gnards sédentaires, la seconde de nomades. Nous allons les étudier l’une après l’autre.
Les Ait Tserrouchen du nord sont bornés : à l’ouest, par les Ait loussi ; au sud. par la plaine déserte, ap¬
partenant aux Ait loussi, qui forme la vallée de la Mlouïa de Oçàbi ccli Cheurfa à Misour; à l’est, par
(1) « l.cs Aït Tserrouchen sont entièrement à la dévotion des marabouts de Kenadsa, qui ont riiez eux plusieurs zaouïas et dont
» les grandes familles de la tribu disent être parentes. « (Renseignement fourni par M. Pilard.) On a vu par une note précédente
que les descendants de Moulei Ali ben Amer et les marabouts de Kenadsa avaient une origine commune.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
381
les groupes isolés de Chellaha qui, d’Almis à Feggouç, occupent les dernières pentes du Moyen Atlas,
le long de la vallée de la Mlouïa; au nord, par les Béni Ouaraïn : la ligne de faîte du Moyen Atlas forme
frontière entre cette dernière tribu et les Ait Tserrouchen du nord. Ceux-ci sont donc entièrement
cantonnés dans le massif montagneux que forme le versant sud du Moyen Atlas et que limite à l'est
et au sud la vallée de la Mlouïa. Cotte fraction est sédentaire et n’habite que des villages. Elle peut
lever environ 2 000 fusils. Point de Juifs sur ses terres.
Les au Tserrouchen du sud occupent le revers septentrional du Grand Atlas au nord des Oulad Khaoua,
les deux versants de la chaîne à l'est de cette tribu, et une partie du Dahra. La plupart d’entre eux
sont nomades ; cependant ils possèdent un certain nombre de qçars. Ces qçars sont : Azdad (3 qçars)
et El Kaf, sur le revers nord du Grand Atlas, Taoura, non loin de Tanslemt, qui leur appartiennent
en entier; Zriouila, Aïat, Tagenza, situés dans la même région, qu’ils habitent en commun avec
d’autres tribus; do plus ils résident dans la localité de Saïda, dans le district de Qçâbi ech Cheurfa, et
ont quelques individus dispersés dans les qçars de Béni Mesri.
Voici la décomposition des Ait Tserrouchen du sud :
Ait Saïd (nomades, vivant habituellement entre Béni Tzit et Talsit). 200 fusils.
Ait Bou Ouchchaouen (ou Ait Bou Oussaouen) (nomades, vivant habituellement près
d’Anoual , dans le Dahra). 1000
Ait Saïd ou El Hasen (nomades, vivant dans le Dahra). 200
Aït Heddou ou Bel Hasen (nomades, vivant dans le Dahra). 200
Aït Bou Mariem (mi-sédentaires, mi-nomades , possèdent Azdad et ont des tentes). 000
Aït Ali Bou Mariem (mi- sédentaires, mi-nomades, quelques-uns d’entre eux sont
dispersés dans les qçars de Béni Mesri. Les autres vivent sous la tente). 80
Aït Ben Ouedfel (mi-sédentaires, mi-nomades, possèdent le qçar de Taoura et des tentes). 120
Aït Haseïn (nomades, vivant aux environs de l’Ouad Gir). 800
Aït Hammou Bel Hasen (nomades, vivant dans le Dahra). GO
Poinl de marché, ni de Juifs chez eux.
Tous les Aït Tserrouchen sont indépendants et sans relation avec le sultan. On a cru quelquefois
que les Ait Tserrouchen étaient une fraction des Aït Iafelman; c’est une erreur : les Aït Tserrouchen
ne sont point des Berâber. Ils forment une tribu à part. Ils sont Chellaha. Leur langue est le tama-
zirt.
OULAD EL HADJ. — Puissante tribu arabe, moitié nomade, moitié sédentaire; elle occupe les
deux rives de la Mlouïa et la vaste plaine qui en forme la vallée depuis Misour jusqu’à Oulad Hamid.
Plusieurs des qçars situés sur les premières pentes du Moyen Atlas lui appartiennent; les autres son!
ses alliés. Enfin elle possède le Rekkam et une partie du Djebel Debdou. Les Oulad el Hadj sont Ara¬
bes de race et de langue. Autrefois ils étaient, de nom plutôt que de fait, soumis au sultan et avaient
un qaïd nommé par lui. Depuis 1882, ils ne reconnaissent plus ni sultan ni qaïd et sont indépendants.
Voici leur décomposition :
Toual (nomades) . 100 fantassins.
Oulad Bou Qaïs (nomades, toujours unis aux Toual) . 100 fantassins.
Oulad Sidi Aïssa (marabouts sédentaires, habitant Tiissaf) . 300 fantassins.
Oulad ltamid (nomades et sédentaires; ces derniers habitent Oulad Hamid
sur la Mlouïa) . 300 fantassins.
Ahel Tirnest (sédentaires, habitant le groupe de qçars de ce nom) .... 600 fantassins.
Oulad Jerrar (nomades et sédentaires; ces derniers habitent divers qçars
de la Mlouïa) . 800 fantassins.
Oulad Daoud (nomades, ils campent dans le voisinage de Debdou) .... 200 fantassins.
Béni Riis (sédentaires, habitant des villages dans le Djebel Debdou). . . . 600 fantassins.
Ahel Rechida (marabouts sédentaires, habitant Rechida et Béni Khelften). 350 fantassins.
Oulad Admer (marabouts sédentaires, habitant Admer) . 100 fantassins.
Oulad El Bekri (nomades et sédentaires habitant à Outat Oulad el Hadj). . 120 fantassins.
30 cavaliers.
40 cavaliers.
40 cavaliers.
GO cavaliers.
30 cavaliers.
30 cavaliers.
BASSIN DE L’OUAD MLOUÏA.
385
Oulad Abd el Kerim (sédentaires, habitant dans les qçars d’Oulad- El
Fedil, Oulad Abd el Malek, El Angab, El Hamouziin, etc.) . 90 fantassins.
EPArzan (sédentaires, habitant le groupe de qçars de ce nom) . 250 fantassins. 50 cavaliers.
Oulad Mellouk (sédentaires, habitant les qçars de ce nom) . 300 fantassins.
Béni Bou Hi (sédentaires, habitant Outat Oulad el Hadj) . 150 fantassins.
El Harar (sédentaires, habitant le qçar de ce nom à Outat Oulad el Iladj). 50 fantassins.
El Kechchacha (sédentaires, résidant dans la localité de ce nom à El Outat). 30 fantassins,
enfin, et pour mémoire seulement :
Oulad Khaoua . 650 fantassins. 30 cavaliers.
Cette dernière fraction des Oulad el Hadj s'est séparée de ses frères et n’a plus de commun avec eux
que l’origine ; elle compte depuis longtemps avec les Ait Izdeg.
Trois autres fractions, les Béni Riis, les Ahel Rechida et les Oulad Admer, sont en ce moment en
dehors du concert des Oulad el Hadj. Pendant que ceux-ci sont insoumis, elles reconnaissent le sultan
et obéissent au qaïd de Tâza.
Il n’y a qu’un mellah chez les Oulad el Hadj, celui d’El Outat.
Deux marchés, tous deux à Oulad Hamid, tlâtaet djemaa.
BOU ARA. — Tribu nomade se disant de race arabe. La langue en est l’arabe. La principale instal¬
lation et les cultures les plus importantes en sont sur les deux rives de la Mlouïa, entre Refoula et le
gros des llallaf. Elle cultive aussi dans le Fhama. Ce sont les seuls labourages qu’elle possède. Quant
à ses troupeaux, elle les fait paître dans l’Angad, dans le Fhama, dans le Jell et jusque dans le Dahra.
Les Houara ne vivent que sous la tente, mais ils ont trois qaçbas qui leur servent de magasins; ce sont :
Gersif (ou Agersif), sur la Mlouïa.
Qaçba Oulad Hammou ou Mousa, sur la Mlouïa.
Qaçba Messoun, sur l’Ouad Messoun.
Les Ilouara sont une forte tribu, ils peuvent lever 1500 fantassins et 300 chevaux. Ils se décom¬
posent en 6 fractions :
Atamna, Oulad Sedira, Mezarcha, Zergan, Oulad Mesaoud, Oulad Hammou ou Mousa.
Les Houara sont soumis au sultan et ont quatre qaïds ; ceux-ci sont en ce moment :
Ali El Hamar, gouvernant les Atamna.
Mbammed bel Hadj El Ivorradi, gouvernant les Oulad Sedira et les Mezarcha.
Chikh Tîb El Hafi, gouvernant les Zergan et les Oulad Mesaoud.
Mbammed ould Qaddour ben Djilali, gouvernant les Oulad Hammou ou Mousa.
Deux marchés, le khemîs et le h ad de Gersif. Point de mellali; des Israélites do Debdou viennent,
sans emmener leur famille, passer une partie de l’année dans la tribu pour trafiquer.
HALLAF. — Tribu nomade, de race et de langue arabe. Elle se divise en deux groupes : les Ahel
Refoula et les Hallaf proprement dits. Les premiers ont une qaçba sur la Mlouïa, Refoula, et habitent
à l’entour sous la tente. Ils forment environ 100 fusils.
Les seconds, qu’on désigne seuls lorsqu’on prononce le nom de Hallaf, occupent les deux rives de la
Mlouïa entre les Houara et les Béni Oukil : là sont toutes leurs cultures et leurs tentes; leurs trou¬
peaux paissent dans les plaines voisines. Ils ne possèdent aucune construction. Cotte tribu peut lever
400 fantassins et 100 chevaux. Elle se décompose en 0 fractions, savoir :
Oulad Rehou, Medafra, Oulad Sidi Mbammed bel Hoseïn (cherifs), Oulad Mahdi, El Arba, Oulad
Seliman.
Los Abel Refoula elles Hallaf proprement dits formenttoute la tribu des Hallaf. Toutefois les Kerarma
(tribu de l’Ouad Za) sont considérés comme frères des Hallaf et comme Hallaf d’origine ; en cas (b1
guerre, ils leur sont toujours alliés.
Les Hallaf, ceux de Refoula comme les autres, sont soumis au sultan. Ils n’ont point do qaïd parti¬
culier. Tous dépendent du qaïd des Kerarma.
RECONNUSSVNCE UJ MAROC. ,U
RECONNAISSANCE AU MAROC.
380
Point dp marché. Quelques Juifs de Debdou viennent trafiquer dans la tribu, mais il n’y a poinl de
mellah.
BENI OUKIL. — Tribu de marabouts. Ils sont de mœurs sédentaires, bien que vivant sous la tente.
Us habitent trois points du cours de la Mlouïa entre les Hallaf et l’embouchure du fleuve. Leurs campe¬
ments sont en des lieux invariables, au milieu de leurs cultures et de leurs jardins. Aucune construc¬
tion. Ils forment environ 200 familles; point de chevaux ni de fusils chez eux; ils ne possèdent que
des chapelets.
Ils se divisent en 3 fractions. On n’a pu me dire le nom de la première ; les 2 autres s’appellent :
El Kborb, Oulad El Bacha.
Les Béni Oukil reconnaissent le sultan, mais, en qualité de marabouts, n'ont point de qaïd et no
paient pas d’impôt.
Ni marché, ni Juifs chez eux.
5°. — PLAINES ENTRE LA MLOUIA ET FAS.
Une des choses remarquables de la géographie du Maroc oriental est la large trouée qui forme une
voie naturelle entre l’Algérie et Fàs. De Lalla Marnia à cette capitale, le chemin est constamment en
sol uni. C’est une succession de plaines que la Mlouïa coupe en deux parties. Nous allons donner quel¬
ques renseignements sur chacune d’elles, en commençant par la contrée comprise entre la Mlouïa et
Fàs.
La région plate s’étendant entre la Mlouïa et Fàs se compose d’abord de deux plaines désertes, celle
de Jell et celle de Raret, situées l’une et l’autre sur la rive du fleuve, la première au sud de la seconde;
puis d’un plateau bas et ondulé, le Fhama, servant de ligne de partage entre le bassin de la Mlouïa et
celui du Sebou; enfin de la vallée de l’Ouad Innaouen, affluent du Sebou.
.Tell. — C’est une plaine déserte que parcourent en hiver et au printemps les troupeaux des
Ilouara. Elle a pour limites : au nord, le Gelez, ligne de collines très basses qui la sépare du Raret;
à l’est, la Mlouïa; à l’ouest, le plateau du Fhama; au sud, la chaîne des monts Riata, fort abaissée en
ce point et qui, aux environs de la Mlouïa, disparaît complètement pour reprendre plus loin avec un
autre nom sur la rive droite du fleuve.
Le Jell est arrosé par l'Ouad Messoun, qui y entre au-dessous de Qaçba Messoun et y demeure jusqu’à
son confluent avec la Mlouïa.
Raret. — Plaine déserte ayant pour limites : au nord, le Djebel Qelaïa et le Djebel Kebdana; à l’est,
la Mlouïa; à l’ouest, le Djebel Metalsa; au sud, les collines du Gelez qui la séparent du Jell. Dans le
désert de Raret campe la tribu nomade des Béni Bon labia.
Le Djebel Metalsa est situé à l'ouest de Qaçba Iselouan.
Le Djebel Qelaïa se trouve au nord de Qaçba Iselouan et à l’ouest du Djebel Kebdana.
Les Béni Bon labia, appelés aussi Béni Bon Ialii, sont une tribu nomade ne quittant point le désert de
Raret. Ils comptent 800 fantassins et 60 chevaux. Ils sont soumis au sultan et gouvernés par un qaïd
nommé par lui. Mohammed bel llirch. Leur langue est le tamazirt.
Fhama. — Plateau ondulé, désert la plus grande partie de l’année, cultivé en quelques points par
les Ilouara et parcouru par leurs troupeaux. Il a pour bornes : au nord, les montagnes du Rif (massifs
des Gezennaïa et des Metalsa); à l’est, la plaine du Jell; à l’ouest, le confluent de l’Ouad Bon el Djerf
et de l’Ouad el Arba, dont la réunion forme lTnnaouen; au sud, les monts des Riata.
Le peu d’élévation de ce plateau en rend l’accès et le parcours si faciles qu'il prolonge plutôt qu’il
ne coupe les plaines voisines. Ce n’est qu'un dos peu accentué séparant les bassins de la Mlouïa et du
Sebou.
BASSIN ÜE L’OUAD JM LU El A.
;j87
Il est arrosé par deux cours d’eau, l’Ouad Bou el Djerf, l’une des sources de l’Innaouen, et l’Uuad
Mossoun, tributaire de la Mlouïa.
(Jaçba Messoun, localité appartenant aux llouara, est située dans le Fhama.
Ouad Innaoüen. — Cette rivière, dont nous avons parcouru et décrit la vallée entre Tàza et Fàs, se
jette dans le Sebou un peu au-dessus de Hadjra ech Cberifa. Elle est formée de la jonclion de deux
cours d’eau, l’Ouad Bou el Djerf et l’Ouad el Arba, qui se réunissent à 2 heures de marche au-dessus
du continent de l’Ouad Tàza et de TOuad Innaoüen.
Ouad Bou el Djerf. — Il prend sa source dans la portion orientale des monts Riata, traverse ensuite
le Fhama et se joint enfin à l’Ouad el Arba à peu de distance de Tàza.
Ouad el Arba. — La source s’en trouve dans les montagnes du Rif, au massif du Djebel Brânes, ainsi
nommé de la tribu des Brànes qui l’habite. 11 arrose les terres de cette tribu, puis entre dans celle des
Miknâsa. C’est après l’avoir traversée qu’il s’unit à TOuad Bou el Djerf.
AFFLUENTS DE L’OUAD INNAOÜEN. — En outre des affluents que nous avons mentionnés dans
notre itinéraire, TOuad Innaoüen reçoit les quatre suivants :
Ouad Bou Helou, se jetant sur sa rive gauche à Adjib ech Cherif, point situé chez les lliaïna, à
l’extrémité du Djebel Riata.
Ouad Bou Zemlal, se jetant sur sa rive gauche au-dessous du précédent, dans la tribu des lliaïna.
Ouad Leben, se jetant sur sa rive droite au-dessous des deux premiers, dans la tribu des lliaïna.
Ouad El Hadar, se jetant sur sa rive droite à peu de distance de son confluent avec le Sebou.
Ouad Bou Helou. — Rivière assez considérable descendant du Djebel Béni Ouaraïn et arrosant le
territoire des Riata.
Ouad Bou Zemlal. — Cours d’eau peu important, prenant sa source dans le Djebel Béni Ouaraïn.
Ouad Leben. — Assez grande rivière descendant des montagnes du Rif, et ayant presque tout son cours
sur le territoiré des Hiaïna.
Ouad El Hadar. — Assez grande rivière qui prend sa source dans le Djebel Brànes. Elle arrose la tribu
des Brànes, puis, laissant les Miknâsa au sud, entre dans le territoire des Tsoul qu’elle traverse. De là
elle passe chez les lliaïna et, au point où elle se jette dans TOuad Innaoüen, forme frontière entre eux
et les Oulad Djema.
Ainsi qu’on le voit, cette longue bande plane s’étendant entre la Mlouïa et Fàs, et formée du Jell,
du Raret, du Fhama et de la vallée de TOuad Innaoüen, est bordée au nord et au sud par deux chaînes
de montagnes : monts du Rif au nord, monts des Riata au sud. L’une et l’autre sont habitées, et la
population y est même, dit-on, très dense. Les monts du Rif sont occupés par plusieurs tribus, d’im¬
portance diverse, de mœurs sédentaires, toutes Imaziren de langue et de race, quelques-unes sou¬
mises, la plupart indépendantes. Les monts des Riata sont habités, sur leur versant nord par les Riata,
sur leur versant sud par les Béni Ouaraïn. Nous allons dire un mot de cette dernière tribu.
Béni Ouaraïn. — Grande tribu chleuha limitée, au nord, par les Riata et les lliaïna; à l’ouest, par les
Ait Ioussi; à Test, par les petits groupes isolés de Chellaha qui garnissent la vallée de la Mlouïa au pied
de son liane gauche; au sud, par les Ait Tserrouchen. Les Béni Ouaraïn ne parlent que le tamazirt. De
mœurs sédentaires, ils habitent tous des villages. Ils vivent indépendants au fond de leurs montagnes,
sans avoir eu, depuis un temps immémorial, aucune relation avec les sultans.
Point de marché, ni de Juifs sur leur territoire : ils font peu de commerce; cependant ils ont d’excel¬
lentes laines , que les marchands de Sfrou vont acheter chez eux.
On compte plus d’une journée de marche pour aller de Sfrou aux Béni Ouaraïn.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
388
6°. — PLAINES ENTRE LA MLOUIA ET LALLA MARNIA.
Cos plaines sont au nombre de deux : celle de Tafrâta et celle d’Angad. L’une et l’autre touchent à la
Mlouïa; la première est au sud de la seconde. Voici quelques indications sur chacune d’elles.
Tafrata. — A’aste plaine désorte ayant pour limites : au nord, l'Ouad Za; à l’est, les monts Mer-
geshoum et Oulad Amer; à l’ouest, la Mlouïa; au sud, les monts Debdou. Le désert de Tafrâta n’ap¬
partient à aucune tribu; mais Houara, Chedja, Hallaf, et parfois même Oulad el lladj , viennent y faire
paître leurs troupeaux lorsque la verdure, après les pluies, y apparaît sur le sol nu d’ordinaire.
Aucune rivière n'arrose le Tafrâta; on y trouve quelques daïas, de très rares sources, des lits de
ruisseaux.
Angad. — Vaste plaine déserte ayant pour limites : au nord, le Djebel Béni Iznâten ; à Test, les hau¬
teurs qui bordent la Tafna; à l’ouest, la Mlouïa et l’Ouad Za; au sud, le Djebel Béni Bou Zeggou et le
Djebel Zekkara. Ce désert, le plus étendu de ceux dont nous venons de parler, est sillonné d’un grand
nombre de cours d’eau; souvent desséchés pendant plusieurs années, de grandes pluies en font durant
quelques heures des torrents impétueux. Plaine aride et nue la plupart du temps, TAngad se couvre,
dans les périodes pluvieuses, d'une végétation abondante, pâturages précieux pour les nomades.
11 n’existe que deux lieux construits dans le désert d’Angad : Oudjda et Qaçba el Aïoun. Mais trois
tribus nomades y ont leurs campements, les Mhaïa, les Chedja et les Angad.
Mhaïa. — Tribu nomade, parlant l’arabe. Les tentes et les troupeaux en sont partie dans le Dahra,
partie dans TAngad. Les Mhaïa sont continuellement en mouvement , circulant dans TAngad, dans le
Dahra, allant de l’un à l’autre; la stérilité de ces contrées les force à des changements incessants pour
nourrir leurs troupeaux.
Les Mhaïa peuvent lever environ 2000 fusils. Ils sont soumis au sultan depuis la campagne que lit
celui-ci en 1876. Un qaïd, qui leur fut donné alors, les gouverne; il s’appelle Bou Bekr, a une maison
à Oudjda, et vit habituellement sous latente dans TAngad.
Ni marché, ni Juifs.
Chedja. — Petite tribu nomade, de race et de langue arabe. Elle ne compte pas plus de 100 fusils.
Comme les Mhaïa, et pour les mêmes motifs, elle est constamment en voyage, parcourant tantôt TAn¬
gad , tantôt le Tafrâta, tantôt le Dahra. Son quartier général est TAngad; c'est là qu’elle est le plus
souvent. Jadis indépendante, elle s’est soumise au sultan lors de l’expédition de 1876. Elle a depuis ce
temps un qaïd, Si Hamida, qui réside à Qaçba el Aïoun.
Ni marché, ni Juifs.
Angad. — Petite tribu nomade, parlant l’arabe. Comme les précédentes, elle est presque toujours
errante, mais ses terrains de parcours ne s’étendent guère au delà de TAngad. Elle peut lever environ
400 fusils. Autrefois libre et renommée pour ses brigandages, ainsi d’ailleurs que les Chedja et les
Mhaïa, elle est, depuis l’expédition de 1876, soumise au sultan et gouvernée par un qaïd; son qaïd
actuel s’appelle Ould Bou Terfas et vit dans la tribu.
Les Angad se décomposent en quatre fractions :
Oulad Serir.
Mezaouir.
Oulad Ali ben Telha.
Houara Angad.
Ni marché , ni Juifs.
Le désert d’Angad est, avons-nous vu, bordé au nord et au sud par deux longues chaînes de monta¬
gnes. Prenant les noms des tribus qui les habitent, elles s’appellent, Tune, Djebel Béni Iznâten, l'autre,
BASSIN DE L'U U AD ML0U1A.
389
d’abord Djebel Béni Bou Zeggou, puis Djebel Zekkara. Nous allons dire un mot des Béni Iznâten, des
Béni Bou Zeggou et des Zekkara.
Béni iznâten. — Riche et puissante tribu habitant la chaîne de montagnes qui s’étend entre l’Angad et
la Méditerranée, de la frontière algérienne à la Mlouïa. Elle est citée dans la plupart des ouvrages fran¬
çais sous le nom altéré de Béni Snassen. C'est une tribu sédentaire, de race et de langue tamazirt. Elle
a été longtemps libre et était, il y a quelques années encore, gouvernée en toute indépendance par son
chikh héréditaire. Le dernier fut Hadj Mimoun ben El Bachir, célèbre et encore populaire dans toute
la contrée par sa puissance, ses richesses, et par la justice de son gouvernement. Dans une des pre¬
mières années de son règne, Moulei El Hasen, avec l’aide du moqaddem de la zaouïa de Moulei Edris
de Fâs, s’empara par trahison de sa personne et le jeta en prison. 11 espérait amener par là la soumis¬
sion des Béni Iznâten; mais elle ne se fit pas : ils vécurent dans l’anarchie jusqu’au moment où le sul¬
tan, en 1876, vint avec son armée à Oudjda. Ils se décidèrent alors à le reconnaître. Il les subdivisa en
quatre commandements; à la tête de chacun fut placé un qaïd à qui ils obéissent depuis tant bien que
mal.
Béni Bou Zeggou. — Tribu sédentaire bien que n’ayant que des tentes. Celles-ci sont, comme chez les
Kerarma, installées au milieu de cultures, en des lieux invariables. Les Béni Bou Zeggou habitent la
chaîne de montagnes à laquelle ils ont donné leur nom, entre le Dahra et l’Angad; de plus, ils s’éten¬
dent à son pied sur la lisière de l’Angad et occupent dans cette plaine le cours entier de l’Ouad Meseg-
mar. C’est une tribu tamazirt, de langue comme de race. Elle compte 1200 fantassins et 120 chevaux.
Indépendante jusqu’en 1876, elle s’est à cette époque soumise au sultan, au moment de l’expédition
d’Oudjda. Moulei El Hasen donna le titre de qaïd à son chikh héréditaire, Hamada. Celui-ci la gouverne
depuis lors, réprimant le vol et le brigandage avec une ardeur extrême, qu’égale seulement, dit-on,
celle qu’il mettait , avant sa soumission, à les pratiquer lui-même.
Point de Juifs chez les Béni Bou Zeggou.
Zekkara. — Petite tribu sédentaire. Elle vit dans des villages. C’est une tribu de montagne tout en¬
tière cantonnée dans le tronçon de chaîne qu’elle occupe et auquel elle a donné son nom. Elle ne
compte que 200 fantassins et n’a point de chevaux. Elle est tamazirt de langue comme de race. Les
Zekkara sont soumis au sultan depuis la campagne de 1876. Ils sont gouvernés par un chikh qui dépend
du qaïd d’Oudjda.
7°. — DAHRA.
Dahra est le nom que porte la région des Hauts Plateaux dans sa partie marocaine. Le Dahra esl li¬
mité, au nord, par les monts Debdou et Oulad Amer et par un long talus montagneux (pii le sépare de
l’Angad, talus dont les djebels Béni Bou Zeggou et Zekkara sont, les degrés inférieurs ; à l’est, par la fron¬
tière algérienne; à l’ouest, par le Rekkam; au sud, par les dernières pentes du Grand Atlas el le bassin
du Gir.
De tout point pareil aux Hauts Plateaux de la province d’Oran, le Dahra est une vaste étendue déserte,
au sol uni, dure sans être pierreuse, aride, sans autre végétation que l’halfa qui la couvre en entier,
sans autre eau que celle de rares puits creusés à grands intervalles, souvent à plus d’une journée de
marche l'une de l’autre. Encore les puits sont-ils fréquemment à sec ou comblés, et si l’on y trouve de
l’eau, elle est presque toujours saumâtre. Tels sont ces steppes désolés où cependant, comme dans
ceux d’Algérie, vivent des tribus nomades. Elles n’y ont point de territoire fixe : toujours en mouve¬
ment, changeant constamment de place pour donner de nouveaux pâturages à leurs troupeaux, elles
parcourent le Dahra en tous sens, tantôt groupées, tantôt éparpillées, tantôt côte à côte, tantôt loin les
unes des autres. Cependant certaines tribus sont plus souvent au sud, d’autres se tiennent généralement
RECONNAISSANCE AU MAROC.
3'JO
dans le nord. Les premières sont celles qui ont leurs qçars et leurs dépôts de grains au pied du Grand
Atlas, les secondes celles dont les magasins sont près du revers septentrional du plateau, ou dans
l’Angad.
Les tribus du sud sont :
Ait Tserrouchen , Boni Gil, Oulad Sidi Ali Bou Chnafa, Oulad Sidi Mhammed ben Hamed.
Celles du nord sont :
Béni Matar, Mhaïa, Chedja.
Les deux dernières n’y sont qu’une partie de l’année et n’y ont qu’une portion de leurs tentes; elles
vont et viennent, se partageant entre le Pahra et l’Angad.
Ces sept tribus, les unes imaziren, les autres arabes, sont toutes nomades. Celles du sud sont indé¬
pendantes, celles du nord sont soumises au sultan.
Les Béni Matar forment une très petite tribu : ils ne comptent que 150 fusils. Us sont nomades, mais
possèdent, de moitié avec les Mhaïa, un qçar où ils serrent leurs grains, Qaçba Ras el Aïn Béni Matar
(Ouad Za). Ils sont soumis au sultan et dépendent du qaïd des Mhaïa.
Les Béni Matar parlent l’arabe. Point de Juifs chez eux.
Le Pahra est sillonné par plusieurs rivières; mais ces rivières ne coulent jamais ; elles n’ont que
des redirs qui se remplissent à la saison des pluies.
11 existe quelques qçars dans la région méridionale de ce désert, auprès des dernières pentes du
Grand Atlas et vers les sources des affluents du Gir. Mais ils sont peu nombreux. Ce sont, soit dps
zaouïas, soit des dépôts de grains appartenant à des tribus nomades du Pahra. Les plus connus sont
Talsit, Anoual, et surtout Aïn Chair.
8°. — ITINÉRAIRES.
1° DE TAZA A DE IWOIJ. — De Tàza à Qaçba Messoun, 3 heures et demie de marche. De Qaçba
Messoun à Gersif, une demi-journée. De Gersif à Debdou , un jour.
2° DE DEBDOU A SEBDOU. — On monte sur le sommet du Djebel Debdou : il est couronné par
un vaste plateau pierreux, couvert de grands arbres, arrosé de nombreuses sources; ce plateau s’ap¬
pelle Gada Debdou. On y marche un espace égal à la distance de Lalla Marnia à Oudjda; sol uni, dur,
boisé. On se trouve alors à la limite du plateau : on quitte la Gada et on entre dans le Pahra. La forêt
cesse et fait place aux longs steppes couverts d’halfa. Après 3 journées et demie de marche faites
dans le Pahra et 3 nuits passées dans ce désert, on arrive à Sebdou, le soir du quatrième jour.
3° DE DEBDOU A MELILLA. — De Debdou à Taourirt (Ouad Za), 1 jour. De Taourirt à Mouàzen
Sidi Bel Khîr, i jour. De Mouàzen Sidi Bel Khîr à Melilla, une forte demi-journée.
1 & jour. — Cette partie du trajet a été faite par nous et décrite plus haut.
2° jour. — On traverse la Mlouïa entre Taourirt et Mouàzen Sidi Bel Khîr. Elle est à une distance de ce
dernier point égale à celle qui sépare Oudjda de Lalla Marnia. De Taourirt au fleuve, on est dans le
désert d’Angad, du fleuve à Mouàzen Sidi Bel Khîr dans celui de Raret. Mouàzen Sidi Bel Khir est un
lieu inhabité, simple point d’eau dans la plaine.
3e jour. — Entre Mouàzen Sidi Bel Khîr et Melilla , à mi-distance entre les deux points , se trouve sur le
chemin une localité, Qaçba Iselouan. Jusque-là on a continué à marcherdans le Raret. Cette qaçba en mar¬
que la ün. On est désormais au bord de la mer et dans la tribu des Qelaïa. Qaçba Iselouan est à une
demi-heure de la mer. De ce point à Melilla, on longe le rivage en ayant constamment la Méditerranée à
main droite et le Djebel Qelaïa à main gauche.
Qaçba Iselouan est la résidence du qaïd des Qelaïa; elle est arrosée par un petit cours d’eau, le seul
BASSIN DE L’OUAD MLOUIA.
301
que l'on traverse de la journée : il s’appelle Ouad Chlouk et se jette près de là dans la mer. Les eaux
en sont salées.
Les Qelaïa sont une tribu tamazirt sédentaire; ils sont soumis au sultan. Leur territoire est voisin
de celui des Kebdana, tribu de même race et de mœurs semblables; les Kebdana sont soumis et ont un
qaïd , Ould Harfouf.
Distance : de Mouâzen Sidi Bel Khîr à Melilla comme d’Oudjda à Lalla Marnia.
4° D'OU DJDA A PAS. — Des cavaliers bien montés mettent cinq journées pour aller d’Oudjda à Fâs.
ier jour. — D'Oudjda à Qaçba el Aïoun.
2e jour. — De Qaçba el Aïoun à Gersif. (On traverse, sans s’y arrêter, le pays de Za.)
3» jour. — De Gersif à Qaçba Miknâsa. (C'est une petite qaçba fort mal construite. On passe, chemin
faisant, sous les murs de Qaçba Messoun.)
4 «jour — De Qaçba Miknâsa aux Hiaïna.
5 e jour. — Des Hiaïna à Fâs.
FIN DE LA SECONDE PARTIE.
APPENDICE.
REflONN\ISS\Nr.F \r >l\ROr.
50
APPENDICE
LES ISRAÉLITES AU MAROC.
Los Israélites du Maroc se divisent en deux classes : ceux des régions soumises au sultan, Juifs de
blad el makhzen; ceux des contrées indépendantes, Juifs de blad es sîba.
Les premiers, protégés des puissances européennes, soutenus par le sultan, qui voit en eux un élé¬
ment nécessaire à la prospérité commerciale de son empire et à sa propre richesse, tiennent par la cor¬
ruption les magistrats, auxquels ils parlent fort haut, tout en leur baisant les mains, acquièrent de gran¬
des fortunes, oppriment les Musulmans pauvres, sont respectés des riches, et parviennent à résoudre
le problème diflicile de contenter à la fois leur avarice, leur orgueil et leur haine de ce qui n'est pas
juif. Ils vivent grassement, sont paresseux et efféminés, ont tous les vices et toutes les faiblesses de la
civilisation, sans en avoir aucune des délicatesses. Sans qualités et sans vertus , plaçant le bonheur dans
la satisfaction des sens et ne reculant devant rien pour l’atteindre, ils se trouvent heureux et se croient
sages. Les Juifs de blad es sîba ne sont pas moins méprisables, mais ils sont malheureux : attachés h la
glèbe, ayant chacun leur seigneur musulman, dont ils sont la propriété, pressurés sans mesure, se
voyant enlever au jour le jour ce qu’ils gagnent avec peine, sans sécurité ni pour leurs personnes ni
pour leurs biens , ils sont les plus infortunés des hommes. Paresseux, avares, gourmands, ivrognes,
menteurs, voleurs, haineux surtout, sans foi ni bonté, ils ont tous les vices des Juifs de blad el makhzen,
moins leur lâcheté. Les périls qui les menacent à toute heure leur ont donné une énergie de caractère
inconnue à ceux-ci, el qui dégénère parfois en sauvagerie sanguinaire (1).
I. — Israélites de blad el makhzen.
Le Juif se reconnaît à sa calotte et à ses pantoufles noires : il ne lui est pas permis de les porter d'une
autre couleur. Dans la campagne, il peut aller à âne et à mulet, mais s'il rencontre un religieux ou une
chapelle, il met pied à terre ou fait un détour. Aux péages el aux portes, il est soumis à une taxecomme
les bêtes de somme. En ville, il se déchausse et marche à pied ; les rues voisines de certains sanctuaires
lui sont interdites. Il demeure hors du contact des Musulmans, avec ses coreligionnaires, dans un quar¬
tier spécial appelé mellah : le mellah est entouré de murs; une ou deux portes lui donnent entrée; on
les ferme à 8 heures du soir. Dans le mellah, le Juif est chez lui : en y entrant, il remet ses chaussures,
et le voilà qui s’enfonce dans un dédale de ruelles sombres et sales ; il trotte au milieu des immondices ,
il trébuche contre des légumes pourris, il se heurte à un âne malade qui lui barre le chemin ; toutes les
mauvaises odeurs lui montent au nez: des sons discordants le frappent de toutes parts ; des femmes se
(l) J'écris des Juifs du Maroc moins de mal que je n’en pense; parler d’eux favorablement serait altérer la vérité. Mes observa¬
tions s’appliquent à la masse du peuple : dans le mal général, il existe d’heureuses exceptions. A Fâs, à Sfrou , à Meknûs, a Taxa ,
à Taxenakht, à Debdou, en d’autres lieux encore, j’ai vu des Israélites donner l’exemple de la vertu. I.e grand rabbin de F à s était,
aux yeux des Musulmans mêmes, un des hommes les plus justes de son temps. Mais ces modèles sont rares et on les imite peu.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
396
disputent d’une voix aigre dans les maisons voisines, des enfants psalmodient d'un ton nasillard à la
synagogue. 11 arrive au marché : de la viande , des légumes, beaucoup d’eau-de-vie , quelques denrées com¬
munes, tels sont les objets qu’on y trouve ; les belles choses sont dans la ville musulmane. Le Juif fait
ses achats et, reprenant sa route, il gagne sa maison; s’il est pauvre, il se glisse dans une chambrette où
grouillent, assis par terre, des femmes et des enfants : un réchaud, une marmite forment tout le mo¬
bilier; quelques légumes la semaine, des tripes, des œufs durs et un peu d’eau-de-vie le samedi, nour¬
rissent la famille. Mais notre Juif est riche. Au moment où il pousse la porte noire, surmontée de mains
pour préserver du mauvais œil, qui ferme sa demeure, il pénètre dans un monde nouveau. Voici le jour, la
propreté, la fraîcheur, la gaieté. Il entre dans une cour carrée entourée de deux étages de galeries donnant
accès aux chambres. Le ciel apparaît, d’un bleu ardent. Les derniers rayons du soleil font briller
comme des miroirs, au faîte de la maison, les faïences coloriées dont tout est revêtu, murs, colonnes,
sol de la cour, plancher des chambres. Une odeur de bois de cèdre remplit et parfume la demeure. Des
enfants rentrant de l’école jouent et crient. Des femmes, bras nus et poitrine découverte, vêtues d’une
jupe de couleur éclatante et d’une petite veste de velours brodée d'or, un mouchoir de soie sur la tête,
se délassent et causent, assises dans la cour. Au fond des chambres, des vieillards, à figure pâle, à
longue barbe blanche, attendent, le livre à la main, l'heure de la prière du soir. Dans les galeries, des
servantes, accroupies près des réchauds, apprêtent le repas. Il y a trois ou quatre pièces à chaque étage :
elles sont immenses, très élevées, à plafonds de bois de cèdre, à grands murs blancs garnis dans le bas
de faïences ou de tentures; portes, placards, plafonds, toutes les boiseries sont peintes d’or et de cou¬
leurs éclatantes. Peu de meubles : deux vastes armoires tenant la largeur entière de la chambre à ses
deux extrémités; au-dessus de chacune, un lit de fer; à terre des matelas, des tapis, des coussins; sur
les murs, quatre ou cinq pendules dont aucune ne marche et autant de grandes glaces couvertes de
rideaux de mousseline pour les protéger. Dans chacune de ces pièces vit une famille entière , le père,
ses épouses, ses enfants non mariés, ses hôtes. C’est une animation , un bourdonnement continuel; ce
sont aussi, entre femmes, des disputes de toute heure. « La femme querelleuse, » dit Salomon, « est sem¬
blable à un toit d’où l’eau dégoutte sans cesse au temps d’une grosse pluie ». 11 faut avoir habité avec
des Juifs pour bien comprendre ce proverbe. Tout à coup le silence se fait, les femmes parlent bas , les
enfants se taisent. Le soleil vient de se coucher. Chaque homme se lève et, se plaçant devant un mur,
récite, en se balançant, sa prière : tantôt il remue les lèvres en silence, tantôt il psalmodie à mi-voix; le
voici qui fai L une inclination profonde, la prière est finie; les causeries éclatent de nouveau : à table,
le dîner est prêt. Le Juif a un hôte ; il s’assied avec lui sur un lapis ou sur des coussins , le reste de la fa¬
mille mange à part, dans un coin. On place une petite table devant les deux hommes, on apporte le thé ;
il y a du thé à l’ambre, à la verveine, à la menthe; on en boit trois tasses, puis se succèdent un potage
très épicé, des quartiers de mouton bouilli, des boulettes de viande hachée au piment, des tripes et du
foie au piment, un poulet, des fruits contits dans le vinaigre, d’autres frais; c’est un repas distingné. Une
carafe pleine d'un liquide incolore est entre les deux Juifs; ils s’eu versent de grands verres et, tout en
mangeant, en boivent un litre à eux deux; on pourrait croire que c’est de l’eau : c’est de l’eau-de-vie.
Au milieu du dîner entrent trois musiciens; deux sont des Juifs; ils portent, le premier, une flûte,
l’autre, une sorte de guitare ; le dernier est musulman, il chante. Les chansons sont si légères qu’on n’en
peut rien dire, pas même les litres. Les instruments accompagnent. Les femmes et les enfants répètent les
refrains et battent des mains en cadence. Le bruit attire les voisins ; bientôt on est vingt-cinq ou trente
en cercle autour des artistes. (Juel contraste entre ce pauvre chanteur musulman et les Juifs qui l’en¬
tourent! lui, beau, la ligure éveillée, spirituelle, grands yeux expressifs, dents superbes, cheveux bien
plantés et rasés, barbe courte, bien fait, souple, mains et pieds charmants, et, quoique misérable, bril¬
lant de propreté. Eux, laids, à l’air endormi, presque tous louchant, boiteux ou borgnes, crevant de
graisse ou maigres comme des squelettes, chauves, la barbe longue et crasseuse, mains énormes et ve¬
lues, jambes grêles et arquées, pas de dents, et, même les riches, d'une saleté révoltante.
LES ISRAELITES Aü MAROC.
;tjt
Les Juifs sont très laids au Maroc. Les femmes, avec des traits réguliers , ont si peu de physionomie,
des yeux si éteints, le visage si pâle, qu’il n’en est guère d’agréables, même de quatorze à dix-lmit ans.
Les hommes, quelquefois bien dans leur extrême jeunesse, sont affligés de bonne heure de mille infir¬
mités et sont vieillards avant d’avoir atteint l’àge mûr. Les difformes, borgnes, boiteux ou autres, sont
si nombreux, dans les villes surtout, qu’ils y forment le quart peut-être de la population. A quoi attri¬
buer une laideur et une décrépitude à ce point générales et excessives? Est-ce à une malpropreté ex¬
trême, à une hygiène défectueuse , à des mariages prématurés et entre proches ? La nourriture est insuf¬
fisante chez les pauvres, immodérée et composée uniquement de viandes chez les riches. Tout le monde
fait un usage démesuré d’alcool; on en boit en mangeant et entre les repas; un litre par jour est la
moyenne d’un grand nombre (1). Les femmes mêmes en prennent plus ou moins. Le samedi surtout, on
en absorbe une quantité prodigieuse : il faut en avaler assez au déjeuner pour dormir ensuite d’un trait
jusqu’à la prière de 4 heures. Le Juif marche peu , ne se promène point ; il ne sort du mellah que pour
aller à la ville vaquer à ses affaires et ne voyage que pour un motif grave. S’il n’est obligé de gagner sa vie
par un travail assidu, il se couche à 11 heures, se lève à 10, et fait souvent la sieste dans la journée. On
se marie entre aussi proches parents que l’on peut. Un Israélite qui a des neveux dont l’age convient à ce¬
lui de ses filles ferait injure à son frère et tort à lui-même en ne les demandant pas comme gendres.
Les unions sont d’une précocité presque incroyable, surtout dans les villes de l’intérieur; les jeunes
filles, ou plutôt les petites filles, s’y marient entre six et huit ans, les garçons vers quatorze ans. A qui
demande la cause d’un tel usage, on répond qu’un homme de quatorze ans a besoin de se marier et
que, pour lui appareiller sa compagne, il faut la prendre très jeune ; d’ailleurs, pour les filles c’est
chose indifférente : qu’est-ce qu’une femme? « Kerch, chouïa djeld itmetted. » Si la manière de vivre
des Juifs est peu propre à leur conserver la santé, malades ils se soignent d’une façon déplorable. J’ai
vu régner à Fàs une épidémie de rougeole qui, dans le seul mellah, enlevait quatre et cinq enfants
par jour. On ne séparait pas les enfants sains des malades ; tous étaient atteints les uns après les autres.
On les nourrissait de melons et de pastèques : puisqu’ils avaient la fièvre, il fallait les rafraîchir. Heu¬
reusement, point de remèdes. J’en vis pourtant administrer quelquefois. Un jour, à Dcmnât, un pau¬
vre Israélite avait ses cinq enfants malades, il était inquiet, la fièvre était ardente; à tout prix, il fallait
tenter de la calmer. 11 possédait dans une vieille caisse divers paquets contenant des remèdes variés de
provenance européene ; ils étaient de dix ou douze sortes; il sortit ces médicaments, prit un peu de
chacun , mêla le tout, en fit cinq parts égales et les distribua à ses enfants. Ils n’en sont pas morts !
Les Israélites, qui, aux yeux des Musulmans, ne sont pas des hommes, à qui les chevaux, les armes
sont interdits , ne peuvent être qu’artisans ou commerçants. Les Juifs pauvres exercent divers mé¬
tiers; ils sont surtout orfèvres et cordonniers; ils travaillent aussi le fer et le cuivre, sont marchands
forains, crieurs publics, changeurs, domestiques dans le mellah. Les riches sont commerçants, et
surtout usuriers. En ce pays troublé , les routes sont peu sûres , le commerce présente bien des risques ;
ceux qui s’y livrent n’y aventurent qu'une portion de leur fortune. Les Israélites préfèrent en abandon¬
ner aux Musulmans les chances, les travaux et les gains, et se contentent pour eux des bénéfices sûrs
et faciles que donne l’usure. Ici ni peine ni incertitude. Capitaux et intérêts rentrent toujours.
Un débiteur est-il lent à payer? On saisit ses biens. N’cst-cc pas assez? On le met en prison. Meurt-il?
On y jette son frère. Il suffit pour cela de posséder les bonnes grâces du qaïd ; elles s’acquièrent
aisément : donnez un léger cadeau de temps en temps, fournissez à vil prix les lapis, les étoffes dont
a besoin le magistrat, peu de chose en somme, et faites toutes les réclamations, fondées ou non ; vous
êtes écouté sur l’heure. Il ne reste alors qu’à prendre le titre de rebbi , à demeurer longtemps au lit et
longtemps à table, et à encaisser tranquillement l’argent des (joui , en rendant grâce au Dieu d’Israël.
(I) l.es Juirs fabriquent eux-mêmes cette eau-de-vie, qu’ils appellent maliia; ils la font, dans le nord, de cire ou de raisins secs;
dans la montagne, de ligues; dans le Sahara, de dattes. Dans les villes, la maliia s’achète par caralesau marché; dans les campagnes,
chaque maison distille tous les jeudis ce qu’il lui faut pour la semaine.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
3!>K
Les Juil's do blad el makhzen dépendent des seuls gouverneurs du sultan et leur paient un impôt.
Ceux qui ont quelque fortune sont sous la protection d’une puissance européenne ; les uns l’obtiennent
par un séjour vrai ou Actif en Algérie, la plupart l’achètent des agents indigènes que les nations possè¬
dent dans les villes de l’intérieur. Ces agents, peu ou point soldés, se font souvent de gros revenus par
de mauvais moyens.
Les Israélites du Maroc parlent l’arabe. Dans les contrées où le tamazirt est en usage, ils le savent aussi ;
en certains points le tamazirt leur est plus familier que l’arabe, mais nulle part ce dernier idiome ne
leur est inconnu. Tous les Juifs lisent et écrivent les caractères hébreux ; ils ne connaissent point la lan¬
gue, épellent leurs prières sans les comprendre, et écrivent de l’arabe avec les lettres hébraïques. Les
rabbins seuls ont appris la grammaire et le sens des mots et, en lisant, entendent plus ou moins. Les
rabbins sont nombreux; sur cinq ou six Juifs, il y en a un. Ils se distinguent par leur coiffure : ils s’envelop¬
pent la tête d’un long mouchoir bleu qui encadre leur figure et dont la poin te retombe sur leurs épaules.
Le titre de rabbin équivaut à celui de bachelier; sur dix rabbins, un à peine peut ofücier; le rab¬
bin ofüciant, ou rabbin sacrificateur , a pour principal service d’égorger suivant le rite les animaux
destinés à la nourriture des üdèles; puis il dit les prières à la synagogue , apprend à lire aux enfants,
dresse les actes. On lui donne une légère rétribution et des morceaux déterminés des animaux qu’il tue.
Les villes renferment plusieurs synagogues et de nombreux officiants. Il n’est pas de village ayant six ou
sept familles israélites qui n’ait sa synagogue et son rabbin. Les Juifs qui n'ont point de sacrilicateur
sont soumis à diverses privations, telles que celle de ne pouvoir manger de viande. Ceux qui vont isolé¬
ment trafiquer parmi les Musulmans s’en passent parfois durant six ou huit mois. Les Israélites du Maroc
observent avec la dernière rigueur les pratiques extérieures du culte. Mais, comme nous l’avons dit, ils
ne se conforment en rien aux devoirs de morale que prescrit leur religion : non seulement ils ne les sui¬
vent pas , mais ils les nient. Ils appellent sagesse la ruse , le mensonge , la violation des serments ; jus¬
tice la vengeance, la haine, la calomnie; prudence l’avarice et la lâcheté; la paresse, la gourmandise,
l’ivrognerie sont d’heureuses facultés données par Dieu aux mortels pour leur faire supporter les peines
de la vie. Les Juifs sont les enfants bien-aimés du Seigneur : qu'ils lui rendent les hommages dus, qu’ils
prient, qu’ils jeûnent, qu’ils observent le sabbat et les fêtes, qu’ils mangent seulement la nourriture licite,
qu’ils se lavent et se baignent quand il faut, et ils seront toujours chéris de Dieu ; ils peuvent, pour les
autres choses, se permettre ce qui leur plaît. Haï soit le reste des hommes ! Il est maudit pour l’éternité.
Le jour n’est pas loin où le Messie, tant de fois annoncé, viendra et mettra le monde sous les pieds du
peuple d’Israël. Que dis-je? Le voici peut-être. Rebbi Abnir , grand rabbin de Fâs, a reçu des lettres d’ɬ
gypte : le prétendu ma'hdi , annoncent-elles, n’est point musulman, mais juif; c’est le Messie ; il chasse
les chrétiens comme l'aquilon dissipe la pluie. « Qu’ainsi périssent, ô Seigneur, tous vos ennemis :
mais que ceux qui vous aiment brillent comme le soleil lorsque ses rayons éclatent au matin. »
II. — Israélites de blad es sîba.
Tout Juif de blad es siba appartient corps et biens à son seigneur, son sid. Si sa famille est établie
depuis longtemps dans le pays, il lui est échu par héritage, comme une partie de son avoir, suivant les
règles du droit musulman ou les coutumes imaziren. Si lui-même est venu se fixer au lieu qu’il occupe,
il a dû , aussitôt arrivé, se constituer le Juif de quelqu'un : son hommage rendu , il est lié pour toujours,
lui et sa postérité, à celui qu’il a choisi. Le sid protège son Juif contre les étrangers comme chacun dé¬
fend son bien. Il use de lui comme il gère son patrimoine, suivant son propre caractère. Le Musulman
est-il sage, économe? Il ménage son Juif, il ne prend que le revenu de ce capital; une redevance an¬
nuelle, calculée d après les gains de la saison, est touL ce qu’il lui demande; il se garde d’exiger trop, il
ne veut pas appauvrir son homme ; il lui facilite au contraire le chemin de la fortune : plus le Juif sera
riche, plus il rapportera. Il ne le moleste pas dans sa famille, ne lui prend ni sa femme ni sa fille, alin
LES ISRAELITES AU MAROC.
R 00
qu'il ne cherche pas à échapper à la servitude par la fuite. Ainsi le bien du sid s’accroît de jour en jour,
comme une ferme sagement administrée. Mais que le seigneur soit emporté , prodigue , il mange son Juif
comme on gaspille un héritage: il lui demande des sommes excessives; le Juif dit ne pas les avoir; le
sid prend sa femme en otage, la garde chez lui jusqu’à ce qu’il ait payé. Bientôt c’est un nouvel ordre
et une nouvelle violence ; le Juif mène la vie la plus pauvre et la plus misérable, il ne peut gagner un
liard qui ne lui soit arraché, on lui enlève ses enfants. Finalement , on le conduit lui-même sur le mar¬
ché, on le met aux enchères et on le vend, ainsi que cela se fait en certaines localités du Sahara, mais
non partout; ou bien on pille et on détruit sa maison et on le chasse nu avec les siens. On voit des vil¬
lages dont tout un quartier est désert. Le passant étonné apprend qu’il y avait là un mellah et qu’un jour
les sids, d’un commun accord, ont tout pris à leurs Juifs et les ont expulsés. Rien au monde ne protège
un Israélite contre son seigneur; il est à sa merci. Veut-il s'absenter, il lui faut son autorisation. Elle
ne lui est pas refusée, parce que les voyages du Juif sont nécessaires à son commerce; mais sous aucun
prétexte il n’emmènera sa femme ni ses enfants ; sa famille doit rester auprès du sid pour répondre de
son retour. Veut-il unir sa fdle à un étranger qui la conduira dans son pays, force est au fiancé de la
racheter du seigneur au prix qu’il plaira à ce dernier de fixer; la rançon varie suivant la fortune du
jeune homme et la beauté delà jeune fille. J’ai vu à Tikirt une jolie Juive qui venait de l’Ouarzazât;
pour l’emmener, son mari avait payé 400 francs, grosse somme en un mellah où l’homme le plus riche
possède en tout 1 500 francs. Le Juif, tout enchaîné qu'il est, peut s’affranchir et quitter le pays, si son
sid l’autorise à se racheter; le plus souvent celui-ci repousse sa requête; si parfois il consent, c’est
lorsque le Juif, par suite d’opérations commerciales, a la majeure partie de safortune hors de son atteinte.
Il fixe alors le prix du rachat, soit en bloc pour toute la famille, soit pour chaque membre en parti¬
culier : la somme exigée est la plus grande partie de la fortune présumée du Juif. Le marché conclu, la
rançon payée, le Juif est libre ; il déménage avec les siens sans être inquiété et va s’établir où bon lui
semble. S’il ne veut ou ne peut donner ce qu’on lui demande, si toute proposition est rejetée de
parti pris, et s’il a la ferme volonté de s’en aller coûte que coûte, il ne lui reste qu’un moyen, la fuite.
Il la prépare d’avance , l’exécute dans le plus grand secret. Une nuit sombre, il sort à pas de loup suivi
de sa famille; tout dort : on ne l’a pas vu. Il arrive à la porte du village. Des bêles de somme, une es¬
corte de Musulmans étrangers l’attendent. On monte, on part, on fuit à toute vitesse. Courant la nuit, se
cachant le jour, évitant les lieux habités, choisissant les chemins détournés et déserts, on gagne d’un
pas rapide la limite du blad el makhzen; là enfin on respire : on n'est en sûreté complète qu’arrivé dans
une grande ville. Le Juif qui se sauve est en danger mortel. Son seigneur, dès qu’il apprend son départ,
se jette à sa poursuite; s’il le rejoint, il le tue comme un voleur qui lui emporte son bien. Lorsque la
fuite a réussi, le Juif évitera, lui el ses descendants, pendant plusieurs générations, d'approcher même
de loin de son ancienne résidence; il s’en tiendra au moins à trois ou quatre journées, et là même il
sera inquiet. J’ai vu des Israélites de plus de cinquante ans, dont le père s’était enfui de Mhamid el
Rozlân avant leur naissance, regarder comme périlleux de passer à Tanzida et à Mrimima, où ils pou¬
vaient, disaiënt-ils, rencontrer des Berâber et être pris par eux. En quelque endroit qu’un sid retrouve
son Juif ou un rejeton de celui-ci, il met la main sur lui. 11 est des exemples d'Israélites dont l'aïeul
s’était sauvé et qui , à plus de quatre-vingts ans de distance, ont été ramenés enchaînés au pays de leurs
ancêtres par le descendant de leur seigneur. Ce droit permet parfois d’étranges choses. Un jour arri¬
vèrent au Dàdes deux rabbins quêteurs de Jérusalem. Comme ils passaient sur un marché , un Musulman
leur saute à la gorge : « Ce sont mes Juifs, s’écrie-t-il. Je les reconnais. 11 y a quarante ans , tout jeunes
encore, ils s'enfuirent avec leur père. Enfin Dieu me les rend ! Qu’il soit loué ! » Les pauvres rabbins
de se récrier : depuis dix générations leurs familles habitaient Jérusalem. Jamais eux-mêmes n’avaient
quitté la ville sainte avant cette année, et plût au ciel qu’ils n’en fussent jamais sortis ! « Que Dieu mau¬
disse votre voleur de père! Je jure que je vous reconnais et que vous êtes mes Juifs. » Et il les emmène
chez lui. Il ne leur rendit la liberté qu’au prix de 800 francs, que paya pour eux la communauté de Tiilil.
'(00
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Dans les tribus dont l’organisation est démocratique, chez les Berâber par exemple, chaque Israélite
a un seigneur différent. Dans celles qui sont gouvernées par un chef absolu, comme le Mezgîta, le Ta-
zeroualt, les Juifs appartiennent tous au chikh et n'ont pas d’autre sid que lui. Aux lieux où le chikh
existe, mais avec une autorité limitée, à Tazenakht, chez les Zenàga, le Juif lui doit un tribut annuel,
ne peut déménager sans se racheter de lui, mais n’en appartient pas moins à un seigneur particulier qui
a sur lui les droits ordinaires.
La contrée où j'ai vu les Israélites les plus maltraités et les plus misérables est la vallée de l’Ouad el
Abid, d’Ouaouizert à Tabia. J’y ai trouvé des Juives enfermées depuis trois mois chez leur seigneur
parce que le mari ne pouvait payer certaine somme. Là les coutumes fixent à 30 francs l'amende du Mu¬
sulman qui a tué un Juif. 11 les doit au sid du mort, et n’a d’autre peine ni d’autre dommage. Dans cette
région, les Israélites ne font point de commerce : dès qu’ils possèdent quelque chose, on le leur arrache ;
ils ne peuvent être orfèvres : l'argent manque; tous sont cordonniers. Traités comme des brutes, le
malheur en a fait des êtres sauvages el féroces ; ils se battent, se blessent, se tuent journellement; à Ait ou
Akeddir, j’ai vu un matin entrer à la synagogue un homme qui venait d’égorger son neveu dans une
querelle et s’en vantait; personne ne lui lit de reproche, la chose était commune. Moi-même, j’ai, deux
fois en quinze jours, failli être assassiné dans cette contrée, par des Juifs d’Ouaouizert entre ce village
et Qaçba Béni Mellal, par des Juifs d’Aït ou Akeddir dans leur mellah même. La première fois, j’étais
parti avec un zetat musulman et une caravane d'Israélites d’Ouaouizert. Bientôt je vis mon Musulman
donner des signes d'inquiétude; il me prit à part et me rapporta que les Juifs tenaient entre eux des
propos inquiétants et semblaient comploter; ils s’obstinaient, malgré lui, à vouloir prendre un chemin
désert qui ne pouvait nous conduire qu’à une embuscade. Tout à coup se profila, au sommet d’une
croupe, la silhouette de plusieurs cavaliers. « Ce sont des Ait Seri ennemis de ma tribu ! Les Juifs nous ont
trahis. » Je tourne bride. Les Israélites veulent me retenir. Mais ils n'osent employer la force en pré¬
sence de mon Musulman. Je reprends à toute vitesse, avec lui, la direction de Qaçba Béni Mellal.
A peine étais-je dans la bourgade, que j’appris, par des parents de mon zetat, que les Juifs de la caravane
avaient fait pacte la veille avec des Ait Seri : ceux-ci devaient attaquer et tuer le zetat., pendant qu’eux-
mêmes m’égorgeraient et me pilleraient. Je ne partis que plus tard de Qaçba Béni Mellal , avec une
escorte de Musulmans, el sans Juifs du pays. La seconde fois, on s’ameuta contre moi à Ail ou Akeddir,
et la majorité du mellah demanda à grands cris ma tête. Une scène tumultueuse eut lieu à la synago¬
gue, on jura que je ne sortirais pas vivant du lieu. Le sang-froid et la fermeté de mon hôte me sauvè¬
rent. Il se montra prêt à me défendre les armes à la main et empêcha les violences immédiates. Il y
eut encore des scènes orageuses dans la journée : on me croyait chargé d'or et il semblait que ma mort
dût enrichir le mellah entier; cette idée affolait tous ces misérables. Mon hôte me fit évader le lende¬
main avant le jour avec un Musulman de confiance. Ce ne fut qu’en ces deux points, à Bou cl Djad et à
Tatta, que les Israélites me firent courir de graves dangers. A Bou cl Djad et à Tatta, ils me devinèrent,
me trahirent et excitèrent contre moi les Musulmans, par flatterie pour ces derniers, sans me mena¬
cer eux-mêmes. Sur l'Ouad el Abid, ils n’avaient pas soupçonné ma religion ; j'étais un frère étranger et
riche qu’ils voulaient faire disparaître pour prendre son bien. Il n’y a aucune peine ni pour le meurtre
ni pour le vol. Une nuit que j’étais à Quaouizert, couché à la synagogue (t) avec dix ou douze autres
personnes, un voleur m’éveilla en fouillant dans mon bagage, je parvins à le saisir, on apporta de la
lumière; je demandai ce qu’on allait faire du prisonnier : « Le lâcher ; » puis on alluma les lampes et
l’on chanta des prières pour se tenir éveillé. Dans ces pays, les Juifs d’un village ont-ils une querelle
avec ceux d'un autre, on s’arme des deux côtés, on prend rendez-vous et on se livre bataille.
(t) Dans tout te Maroc, les grandes villes exceptées, les synagogues servent d'auberge : on y dort, on y mange, on s’v enivre,
m y tue des poulets, on y lait la cuisine; on y trafique cl on y vend comme au marché.
LES ISRAÉLITES AU MAROC.
îOI
III. — Répartition des Juifs au Maroc.
Les Juifs sont répartis d’une manière inégale dans les diverses parties du Maroc. Ils semblent être
cantonnés surtout, d'une part dans les ports et les grandes villes du blad el makhzen, de l'autre dans
le massif du Grand Atlas et sur les cours d'eau qui descendent du versant méridional de cette chaîne.
Il y a très peu d' Israélites dans le Rif; ils y étaient nombreux autrefois; de mauvais traitements
les ont chassés dans ce siècle, les uns vers Fâs, les autres vers Tlemsen et Debdou. Les deux prin¬
cipaux mellahs du Rif sont à cette heure ceux de Tafersit et de Ghechaouen.
De Tanger à. Agadir lrir, point déport sur l'Océan où les Juifs ne forment une partie importante
de la population.
Sur les divers cours d’eau qui se jettent dans l'Atlantique au nord du Sebou, un seul mellah, ce¬
lui d’El Qçar.
Bassin de l’Ouad Sebou. — Il n’y existe d’Israélites qu'en cinq points, à Fàs (800 familles), à Meknâs
400 familles), à Sfrou (350 familles), àTàza (50 familles), àQaçba Miknâsa (15 familles). Dans les gran
des tribus qui occupent le cours supérieur du fleuve et de ses affluents, Béni M tir , Béni Mgild, Ait
loussi, BeniOuaraïn, il n'y en a point.
Bassin de l’Ouad Boa Regreg. — 11 ne renferme aucun mellah. Pas de Juifs, ni chez les Zaïan , ni
chez les Zemmour Chellaha, ni chez les Zaïr.
Ait Atab
Ait Aiad
1
Itou Harazen..
Deinnàt.
Zemràn .
Glaoua .
î Tagmout. .
I Zarakten..
( Enzel. . .
30 fam.
15
20
Mesfioua.
Riraïa. . .
Gentafa .
(gant)
Bassin de l’Ouad Oumrn er Rebia. — Très peu d'établissements israélites sur la rive droite du fleuve :
un grand nombre sur les affluents de gauche qui prennent leur source dans le Grand Atlas. Les princi¬
paux sont :
/ Bou el Djad . 50 fam.
Tàdla . Qaçba Tâdla . 30
( Qaçba Béni Mellal .... 75
^ Takiout . 20
Doukkala . , , OA
I El Arbaa . 20
Ait Atta d Amalou. — Ouaouizert . 35
Ait ou Akeddir . 50
I I ad Ait Atab . 20
f Ikadousen . 30
. 20
Djemaaa Entifa . 50
Bezzou . 20
Entifa . { Tisoukennatin (1) . 15
Desra (2) . 10
'l’abia . 10
Ait b Ououlli. — Ait Brahim . 30
B Ougemmez. — Ait Ouriad . 15
Ait Abbes . 30
j Ait Tagella . 20
( Bou Harazen . 20
I Deinnàt . 250
\ Idili . 30
I Ait Mazzen . 20
\ El Hamedna (3) . 20
Srarna. — El Qlaa . 120
( Zaouïa Sidi Reliai . 25
( Oulad Mancour . 15
Bassin de l’Ouad Tensifl. — Les Juifs y ont peu
de centres sur la rive droite, mais ils en possèdent
sur les affluents de gauche du fleuve. Voici quel¬
ques-uns d’entre eux :
Merrâkech .
Rhamna. — Tamellalt .
Tasremout (Ait Ta,
Tamazzens. . .
IgnisNeïn.. .
Debra .
Tahennaout . .
'l'assellount. . .
El Gentafi.
adirt el Boni
a
20
30
40
30
30
16
20
100
30
20
Sous. — Les bords de ce fleuve
sont une des contrées du Maroc où les Israélites
sont les plus nombreux. Sur ses affluents de droite
il s'en trouve aussi, mais moins. Il n’en existe à
Gergoura.
Amsmiz. —
\ Dar
I Ta]
- Eres.
Amsmiz.
Tisgin. — Tisgin
Asif el Mal .
Bassin de l'Ouad
600 fam.
20
30
95
(1) Village situé au pied du Grand Allas à l heure el demie de Tnbia. Dans mon itinéraire je l'ai laissé à main gauelie.
(3) Petit village entre Bezzou et Taliia.
(3) Village silué au pied du Grand Allas, entre Idili et Dcmuât.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
51
RECONNAISSANCE AU MAROC.
402
peu près point sur les affluents de gauche. Voici
la plupart des mellahs de ce bassin :
Ait Tameldou.
Iouzioun. . . .
Aït Tedrart .
Ait Oubial . .
Ait Otman.-
Zagmouzen .
Aït Ialiia.
Seketàna
Rhala
Menâba.
Indaouzal .
Ouaounzourt .
10
Mezgemmat .
. . 10
Asareg .
Amzarko .
. . 40
Igidi .
10
Arled .
. . 10
Aït Ouartasat ....
2
Tamjerjt .
. . 20
Aït Tougda .
. . 3
lgourdan .
4
Araben .
. . 3
Innraraklit .
. . 20
Ait Leti .
. . 15
Idergan .
. . 20
Tabia .
. . 10
Aoullous .
. . 5
Tamalout .
2
Ait Sin .
. . 3
Tagouïamt .
. . 4
gmout .
. . 8
Iril n Oro .
. . 50
Taourirt .
. . 10
Taourirt el Ilad . . .
. . 10
Arfaman .
. . 12
Argoummi .
. . 2
Imi n Ougni .
. . 10
Timasinin .
. . 2
Timersit .
0
Aoulouz .
. . 30
Amerli .
. . 20
Igedad .
. . 4
Aderdour .
. . 20
Aït Oumbarek ....
2
Aït Ioub ......
. . 15
Oulad Hasen .
. . 15
Oulad Brahil .
. . 15
Souatat .
. . 5
Oulad Bralrim. . . .
. . 4
Agedal .
. . 10
Ida Gouilal .
. . 10
Igli .
. . 40
IdaouQaïs. . . .
Tinzert .
. . 20
Tamast . . .
. . 10
Aït n Ougeïda. .
. . 5
Asseïn .
Louleiza. . . .
. . 15
Timdouin ....
Arazan .
. . 20
Oulad Bou Ris. . . .
Oulad labia. . .
Ait Semmeg (Ouadel Amdad). — Touloua.
Ouneïn. — Adouz . . 20
Taroudant . 300
Sahel Marocain. — Peu de Juifs. Ils sont groupés
en quelques points clairsemés dont voici les prin
paux :
Chtouka .
j Dar Ben Dleïmi
( Tamaliht. . . .
Zarar Ida Oultit. — Ouizzân. . .
Tazeroualt. — Ilir .
Ouad Noun .
30
60
50
70
40
Bassin de iOuad Dra. — Les Israélites sont en
grand nombre dans la vallée du fleuve et dans
celles de ses affluents supérieurs^ il y en a peu
dans le reste du bassin. Voici la plupart des mel¬
lahs :
Assaka (Ouad Iounil).
Irris. .
Timsal.
Angelz.
8
20
30
Tizgi (Ouad Iounil). — Tizgi . 25
2
8
12
10
2
. 20
6
1
Tabougoumt . 20
Aït Zaïneb.
Telouet.
Tazleft .
Aït Aïssa .
Tadoula .
Imzouren .
El Mel'lah .
Tikirt .
Aït Hammou ou Ali.
Aït Baddou .
Tidili.
muni
Ikhzaina. . .
Aït Touaïa.
Aït Marlif. . .
Ouarzazàt. . .
Imaounin .
Timjoujt .
Sour .
Dir .
Igadaïn .
Ilrman .
Timzrit .
Asell .
Iril .
Tagnit .
Afella Isli .
Taskoukt .
i Tourtit .
l Amasin .
Taoura .
I Almid .
| Tagdourt n Touda.
/ Tamasint .
i Zaouïa Sidi Otman.
\ Tabount .
< Tigemmi Djedid. .
Taourirt .
Tenmasla .
Aït Kedif .
15
15
10
8
6
5
2
3
8
2
6
5
2
8
2
15
7
18
5
6
2
15
20
10
LES ISRAÉLITES AU MAROC.
m
Aït Amer
Zenâga
Tazenakht. . .
Aït Ali ou Ious
Aït Mesri . . .
Tamarouft. . .
Azdif .
Tammasin. — Enzel
Irels. — Irels.. . .
Dâdes
Imgoun
j Tiilit .
I Aït ou Ez Zin.. . .
i Tirremt Izouralen
\ Hammou ou Iahia.
( , Iberrousen .
Imerrân
iTarganada. .
Igli Aït Zarar
Timicha. . .
\ Tindout. . .
Mezgîta
Rebat .
Asellim Agdz. .
Agdz .
Tamnougalt. .
Asellim. . . .
Aït Seddrât. — El Hara
Ait Zeri. — Timesla. . .
Tinzoulin
Ternata
Qaçba el Makhzen .
Rebat .
Akhellouf .
Béni Zouli .
Tarrelil .
Astour. ......
El Maneouria. . . .
El Aroumiat. . . .
Fezouâta. — Amzrou. .
Qtaoua
Béni Haïoun
Béni Sbih . .
Mhamid el Rozlàn. — Oulad Hamed..
Alougoum. — Tirremt .
Zgid. — El Mhamid .
Aït
55
o
25
19
18
2
2
60
20
15
8
10
8
4
40
G
6
20
40
10
3
8
30
20
10
20
10
15
30
20
20
40
50
40
6
2
Tatta. — Tintazart . 14
Aqqa. — Tagadirt . 12
Tamanart. — Agerd . 20
Bassin de l'Ouad Ziz. — Voici l’énumération des
principaux mellahs qui s’y trouvent :
Tiallalin. — Qcira el lhoud . 30
Qçar es Souq. — Qçar es Souq . G0
Reteb (un mellah) . 30
Tizimi (2 mellahs) . 45
Tafilelt (5 mellahs) . 200
Zaouïa Sidi Hamza (Ouad Zaouïa Sidi Ham-
za) .
I Asfalou. . .
\ Taourirt. . .
Aït Ourjedal.
Tinrir. . . .
Ferkla. — Asrir
Reris .
Bou Tnefit
Gelmima .
Taderoucht. — El Hara
100
30
10
30
50
12
30
20
Haut bassin de l'Ouad Gir. — On y rencontre
quelques Juifs :
Tit n Ali . 25
Tizgi n Gerrama . 30
Béni Tzit . 20
Bassin de l’Ouad Mlouïa. — Très peu d’Israélites;
il n’y en a qu’aux six endroits suivants :
Bou Zmella .
Outat Ait Izdeg..
( Ait Otman ou Mousa .
Qçàbi ech Cheurfa. — El Qçâbi .
Misour. — Oulad Bou Jejia .
Outat Oulad el Hadj. — Mellah el lhoud.
Debdou. — Debdou .
30
80
60
10
30
300
Entre le bassin de la Mlouïa et la frontière algé¬
rienne , un seul mellah, celui d'Oudjda.
LISTE
DES
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
FAITES AU MAROC AU COURS DU VOYAGE
(Juin 1883- Mai 1884)
ET
TABLEAU DES LATITUDES ET LONGITUDES
DES POINTS DÉTERMINÉS ASTRONOMIQUEMENT PAR CES OBSERVATIONS.
I. Liste des Observations.
Tétouan. — 24 juin 1883 , 5 h. soir.
Maison de Jacob Danan (mellah). Angle lior. du soleil.
Chronomètre : 4h 19m 20s Hauteur : 53° 48' 00"
21 02 53 07 10
22 31 52 30 00
24 01 51 55 40
25 35 51 18 20
Erreur instrumentale : bord supérieur -f- 0° 31' 50"
bord inférieur — 0 31 00
Tétouan. — 24 juin, 10 h. soir.
Maison de Jacob Danan. Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : 9h 29“ Hauteur : 69° 18' 30"
42 69 25 10
55 69 32 00
Tétouan. — 25 juin, 7 h. 1/4 matin.
Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 6h 45"1 54s Hauteur : 57° 20' 40''
48 19 58 19 30
50 02 59 01 00
51 36 59 38 10
53 33 60 25 50
Tétouan. — 26 juin, 7 h. matin.
Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : O11 38” 43s
Hauteur
: 54° 25'
40
40 30
55 07
30
41 50
55 40
10
43 09
56 1 1
20
44 41
56 48
20
Tétouan. — 26 juin
, 5 h. 1/2
soir.
Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 4h 51 m 51 s
Hauteur
: 40° 55'
40'
53 41
40 12
30
55 07
39 38
40
56 35
39 04
10
58 10
38 27
20
Tétouan. — 27 juin ,
7 h. 1/2 matin.
Maison de Jacob Danan. An
gle horaire du soleil.
( ’hronomètre : 6'“ 52,u 36s
Hauteur :
: 59". 53'
30"
54 42
60 47
30
56 16
61 25
50
58 09
62 09
00
59 35
62 44
00
RECONNAISSANCE AU MAROC.
40G
Tétouan. — 27 juin, 5 h. soir.
Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 4h 29“ lls Hauteur : 49° 51' 50"
30 53 49 11 20
32 18 48 30 40
33 40 48 04 30
35 18 47 20 00
Tétouan. — 1er juillet, 7 h. 1/2 matin.
Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 7h 01 m 50s Hauteur : 03° 21' 40"
03
37
04
05
40
05
15
04
44
20
00
40
05
21
30
08
45
66
10
00
12
39
07
45
05
14
14
08
23
00
15
32
68
55
10
17
05
09
32
00
18
19
70
03
00
Fas. — 28 juillet, 8 h. 1/4 matin.
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : Gh 48m 41 s Hauteur : 83° 27' 00"
51
39
84
42
00
54
20
85
47
20
50
31
80
43
20
58
39
87
34
30
Fas. — 28 juillet, 4 h. 1/2 soir.
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 2h 46“ 54s
Hauteur : 57°
32'
00'
49
35
50
25
50
52
04
55
24
30
50
22
53
30
45
Taza. — 1er août, arrêt du chronomètre.
Taza. — 5 août, 3 h. matin.
Maison de Bou Douma (mellah). Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : lh 34 111 Hauteur : 71° 02' 30"
40 71 04 30
2h 00 71 07 00
Tétouan. — 1er juillet, 4 h. 1/2 soir.
Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.
Chronomètre :
3h 40“
23s
Hauteur : 06°
54'
40'
48
51
05
54
50
50
54
05
00
00
52
34
04
25
10
53
43
03
56
40
58
43
01
55
50
4h 00
00
61
24
30
01
33
00
47
40
03
10
60
09
30
04
19
59
41
20
Tétouan. -
2 juillet, arrêt du chronomètre.
Fas.
— 20 juillet, 7 h. matin.
Maison de Samuel Ben Simhoun (mellah). Ang
le h.
du
Chronomètre :
5h 14“ 45s
Hauteur : 45°
04'
20'
10
32
45
47
20
18
00
40
23
50
20
29
47
24
40
22
42
48
20
00
25
20
49
26
40
Fas.
— 27 juillet
,4h. 1/2 soir.
Maison de S. Ben Simhoun.
Angle horaire du soleil
Chronomètre :
3h 02“
31s
Hauteur : 51°
21'
50'
03
55
50
40
10
05
14
50
14
45
06
40
49
30
40
08
33
48
52
40
10
22
48
08
50
11
27
47
40
40
Erreur instrumentais
: +
0° 31' 45"
—
0° 3) 00
Fas. — 12 août, 7 h. 3/4 matin.
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : Gh 10'“ 40s Hauteur : 70° 20' 40"
12 37 70 43 10
14 08 71 20 15
16 09 72 11 50
17 28 72 43 00
18 38 73 12 50
Fas. — 13 août, 8 h. 1/4 matin.
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
04“
21s
Hauteur : 07°
12'
40'
05
49
67
49
50
07
54
08
41
50
09
34
69
24
10
11
15
70
04
10
12
52
70
39
40
14
23
71
23
00
15
38
71
53
20
10
56
72
25
15
18
18
72
59
50
Erreur instrumentale : -f- 0° 32' 00"
— 0" 31 30
Fas. — 13 août, 4 h. 1/4 soir.
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
37“
15s
Hauteur : 50°
42'
55'
39
21
49
49
40
41
26
48
59
00
42
39
48
28
30
44
00
47
54
30
45
41
47
12
30
46
54
40
43
05
49
55
45
28
00
51
27
44
50
40
52
58
44
12
05
LISTE DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
10
Fas. — 19 août, 8 h. 1/4 matin.
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 6h 05m 45s
Hauteur : 00°
42'
30
07
48
67
35
30
09
21
08
13
40
11
07
08
57
40
12
52
09
41
20
10
09
71
01
50
21
11
73
04
10
22
41
73
42
40
23
55
74
10
50
24
59
74
39
00
20
45
75
21
00
Chronomètre : 4h 20“ 35s Hauteur :
08°
43'
40'
29
00
09
45
20
29
59
70
07
10
30
52
70
28
50
31
54
70
53
40
34
33
71
59
00
35
43
72
27
10
30
49
72
54
30
37
52
73
19
30
Erreur instrumentale
: + 0° 32' 00"
— 0° 31 30
Fas. — 2 2 août, 3 h. 1/2 soir.
Fas. — 19 août, 3 h. 1/2 soir.
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 2h 00“ 385 Hauteur :
62°
58'
40"
02
48
02
02
10
04
14
61
29
20
05
45
00
49
40
07
31
00
10
00
08
40
59
39
10
10
03
59
03
30
11
12
58
33
30
12
41
57
50
50
14
06
57
23
00
15
46
56
41
50
Erreur instrumentale
: + 0° 31' 55"
— 0° 31 20
Sfrou. —
20 août, 4 h. soir
Maison de David Aoulil. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : lh 50m 08s Hauteur :
04°
03'
10"
57
42
03
24
10
58
50
02
50
20
2 11 00
05
02
24
30
01
10
01
58
20
02
13
01
33
00
03
30
01
00
30
04
21
00
39
20
Erreur instrumentale : + *1° 32' 00"
— 0° 31 30
Fas. — 21 août, arrêt du chronomètre.
Fas. — 22 août, 7 h. 3/4 matin.
Maison de S. Ben Simhoun.
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 4h 10“
IB
Hauteur : 02°
01'
10"
11
09
02
24
30
12
10
02
49
40
13
17
03
17
20
14
42
03
52
40
10
15
04
30
30
17
14
04
54
40
18
11
05
18
10
19
50
05
58
10
23
38
07
27
30
24
31
07
53
40
25
28
08
10
50
Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llh 57 IU
25*
Hauteur : 68°
38'
30'
58
40
08
08
00
59
40
07
43
00
12h 00
28
67
23
40
01
33
00
50
20
05
32
05
18
40
00
37
64
52
00
07
41
04
20
00
08
38
04
02
10
10
12
03
23
40
11
37
02
48
40
12
53
02
17
20
13
52
01
53
00
15
43
01
07
15
16
35
00
45
50
18
09
00
07
10
19
14
59
40
30
20
40
59
05
10
21
33
58
43
00
22
18
58
24
20
23
15
58
00
50
Ûulmess. — 2 septembre, arrêt du chronomètre.
Bou ei. Djad. — 7 septembre, 9 h. matin.
Maison de Mousi Alloun. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : lh
35 1,1
55*
Hauteur
: 78°
13'
05"
37
58
79
02
10
39
31
79
38
10
41
07
80
14
20
42
14
80
41
IO
44
00
81
22
50
Bou el Djad.
— 7
septembre, 3 h.
1/2
soir.
Maison de Mousi
Alloun.
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 8U
10“ 04 s
Hauteur :
: 07°
43'
05"
17
32
07
07
00
18
38
00
40
50
19
57
00
08
35
21
10
05
30
20
Erreur instrumentale : -f- 0° 32' 00"
— 0" 31 40
RECONNAISSANCE AU MAROC.
408
Bou el Djad. — 0 septembre, 1 h. matin.
Maison de Mousi Alloua. Hauteur de la Polaire.
Zaouia Si ni Rehal. — 9 octobre.
Synagogue. Hauteurs circumméridiennes du soleil.
5h 1 1 m
Hauteur : 67°
58'
20"
( hronomètre : 2h 25“
14*
Hauteur : 103° 21'
30"
22
08
02
00 •
20
30
24
40
30
08
04
30
27
30
27
20
40
68
08
30
29
12
30
20
0h 02
08
10
30
30
40
33
40
15
68
12
10
31
59
35
30
29
68
13
30
32
52
30
50
Bou el Djad. — 12 septembre, 8 h. 1/4 matin.
Maison de Mousi Alloua. Angle horaire du soleil.
10“
40 s
Hauteur : 66°
59'
20'
11
58
07
30
00
13
11
07
59
00
14
22
68
27
35
15
30
68
53
40
10
57
69
29
00
Erreur instrumentale : + 0° 32' 00"
— 0° 31 25
Bou eu Djaü. — 12 septembre, 3 h. 1/2 soir.
Maison de Mousi Alloua. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 8h 31“
04 s
Hauteur : 58°
22'
10'
32
01
57
58
45
33
14
57
29
20
35
09
50
43
00
36
45
56
06
30
laouizert. — 29 septembre,
arrêt du chronomètr
Déminât. — 5 octobre
, 3 h. 3/4 soir.
Grande synagogue,
. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : Gh 28“
29s
Hauteur : 49°
55'
30'
30
13
49
10
50
31
06
48
56
00
32
12
48
30
00
33
20
48
03
10
Erreur instrumentale
: + 0°
32' 20"
— 0°
31 40
Demnat. — 7 octobre, 3 h. 1/2 soir.
Grande synagogue.
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 6h 10m
00*
Hauteur : 53°
28'
10'
17
11
53
01
15
18
38
52
28
40
19
30
52
00
20
20
45
51
39
30
22
05
51
08
4.)
23
24
50
39
00
Zaouia Sioi Rehal. — 9 octobre, 9 h. 1/4 matin.
Synagogue. Angle horaire du soleil.
11'1 53“ 43* Hauteur
: 09°
41'
00'
50
08
70
30
25
57
10
70
51
50
58
11
71
12
20
59
15
71
33
55
12“ 01
19
72
15
50
02
18
72
35
30
33 48
30 25
39 30
40 17
49 40
51 2!
37
41
50
00
42 35
)
40
41
36
32
29
Tagmout (Glaoua). — 10 octobre, 3 h. soir.
Synagogue. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 5h 52m 50* Hauteur : 01° 00'
54 05 60 32
15
00
10
30
50"
30
54
55
00
14
15
50
18
59
43
50
57
34
59
15
50
59
05
58
41
40
Gh 00
18
58
14
40
01
17
57
52
40
Erreur instrumentale
: + 0° 32' 30"
—
0° 32 00
Tagmout
. -
12 octobre.
Synagogue. Hauteurs circumméridiennes du soleil.
Chronomètre : 2h 26“
23*
Hauteur : 101°
37'
40'
27
47»
40
35
29
24
43
35
31
04
45
50
32
57
48
35
34
20
49
55
37
38
51
25
40
25
51
10
41
38
50
30
43
07
49
15
44
27
48
20
45
42
47
00
40
51
45
10
48
10
43
30
49
48
40
10
51
28
36
05
52
58
32
40
54
18
29
10
Tikirt (Aït Zaïneb)
. — 19 octobre.
Maison de Mousi Animer. Haut1* circummérid. du s,
Chronomètre : 2h 15“
28*
Hauteur : 97°
00'
55'
17
40
14
15
19
34
18
50
21
32
23
50
23
18
27
50
LISTE DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
409
Chronomètre : 2U 26m
12s Hauteur : 97°
32'
35'
29
10
36
10
32
55
39
00
37
35
38
50
40
28
36
30
42
48
35
00
44
22
32
20
45
48
29
40
47
14
27
20
49
36
21
50
52
03
15
20
53
52
08
50
Erreur instrumentale
: + 0° 32'
35"
— 0° 32
10
Tikirt. — 19 octobre, 2 h. 3/4 soir.
Maison de Mousi Ammer. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 5U 35 1,1
43s Hauteur : 61°
27'
55'
37
09
60
56
55
38
32
60
28
40
40
08
59
54
40
41
41
59
21
30
Tikirt. — 24 octobre, 9 h. 1/4 matin.
Maison de Mousi Ammer. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llk 59m 00s
12h 00 07
01 19
02 48
03 43
04 43
05 48
Hauteur : 06° 28' 50"
66 49 20
67 12 25
67 39 40
67 56 00
68 14 10
68 35 00
Tazenakht. — 28 octobre, 9 h. matin.
Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Angle horaire du s.
Chronomètre : 12h 04m 04s Hauteur : 66° 36' 10"
05
16
66 57
55
06
58
67 28
45
08
06
67 49
05
09
23
68 12
10
10
28
68 31
00
18
27
70 49
25
20
01
71 16
40
21
38
71 44
25
22
51
72 04
45
24
16
72 28
10
25
11
72 43
40
26
25
73 04
05
Tazenakht. — 28 octobre, 8 h. soir.
Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Hauteur de la Polaire
Chronomètre : 10h 49m
Hauteur : 63° 07'
30"
llh 02
12
55
16
19
10
31
25
10
46
30
30
59
34
30
12h 17
39
20
36
reconnaissance au
MAROC.
43
00
Tazenakht. — 29 octobre, 9
h. 1/4 matin.
Maison d’Abraham Ben
Oukhkha.
Angle horaire du
Chronomètre : llh 55m 16s Hauteur : 63°
27'
00'
56
43
63
53
50
57
40
64
11
35
58
44
64
31
40
59
33
64
47
20
12h 00
32
65
05
05
01
42
65
26
40
02
35
65
42
15
03
18
65
55
45
04
05
66
09
40
05
48
66
40
25
07
33
67
12
35
08
22
67
27
20
09
35
67
48
30
11
05
68
15
05'
12
20
68
36
55
13
21
68
55
15
Erreur instrumentale : + 0° 32' 30"
— 0» 32 05
Tazenakht. — 29 octobre.
Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Hautrs circum. du s.
Chronomètre : 2h 25m 07s Hauteur : 91° 24' 25"
27
42
25
55
31
28
28
10
33
10
28
10
34
05
28
10
35
32
27
30
37
36
26
10
39
18
24
15
40
35
23
00
41
23
21
55
Tazenakht. — 30 octobre, 9 h. matin.
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llh 59m 08s Hauteur
: 64°
11'
40'
12h 00
40
64
40
00
03
01
65 '
23
00
04
44
65
53
55
06
32
66
26
00
07
15
66
CG
00
50
08
35
67
02
30
09
43
67
22
30
11
00
67
45
00
11
42
67
57
40
14
19
68
42
45
16
33
69
21
05
17
20
69
34
45
Tazenakht. — 31 octobre, 9 h.
matin.
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 12h 01 m
03s Hauteur
: 64°
20'
10
02
46
64
51
25
03
36
65
06
55
04
36
65
24
50
05
54
65
47
50
07
05
66
08
15
52
410
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Chronomètre : 12h
08 m
26*
Hauteur : 66°
32'
30"
09
21
66
48
50
10
42
67
12
45
11
32
67
26
30
12
36
67
45
15
13
39
68
03
00
14
43
68
22
00
15
53
68
42
00
16
40
68
55
10
17
32
69
10
00
19
03
69
35
40
Tazenakht. -
1er
novembre, 9 h. matin.
Maison d’A. Ben Oukhkha. .
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 1111
57m
35*
Hauteur : 62°
50'
10"
59
15
63
20
00
59
58
63
33
15
12h 00
55
63
50
50
02
47
64
24
10
03
41
64
40
35
04
40
64
58
35
05
22
65
11
25
06
16
65
27
30
07
03
65
41
05
07
43
65
53
00
08
26
66
05
10
09
35
66
25
20
10
17
66
37
45
12
04
67
08
00
12
52
67
22
10
Tazenakht. — 5 novembre, 9 h. 1/2 matin.
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 12h 00m
45s Hauteur
: 62°
00'
20'
01
50
62
19
00
02
42
62
34
30
03
42
62
52
30
04
52
63
13
05
05
55
63
30
10
07
08
63
53
05
08
13
64
10
45
09
06
64
26
20
10
09
64
44
40
10
57
64
58
10
12
25
65
22
40
13
32
65
42
20
14
34
66
01
00
15
49
66
18
50
16
49
66
30
00
18
08
66
54
50
20
03
67
29
30
21
13
07
48
40
22
08
08
04
20
23
22
08
24
00
24
30
08
41
10
25
35
08
58
30
26
30
69
13
50
27
50
69
34
00
Tazenakht. — 9 novembre, 9 h. 1/2 matin.
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 12l1 12m 23s
Hauteur : 63°
31'
20"
14
13
64
01
30
16
06
64
31
30
17
18
64
50
50
18
22
65
09
00
19
48
65
31
40
21
13
65
53
45
22
35
66
15
55
24
06
66
39
50
25
22
66
59
50
26
56
67
24
05
28
20
67
44
20
29
50
68
07
20
31
16
68
28
35
32
35
68
49
00
34
40
69
20
20
36
19
69
43
50
37
31
70
00
55
Agadir Tisint. — 15 novembre, 2 h. 1/2 soir.
Maison dite Dar ez Zenâgi.
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 4h 52m
20s
Hauteur : 62°
26'
20"
53
17
62
10
20
54
30
61
50
10
55
35
61
32
00
56
36
61
14
35
57
30
60
59
25
Tintazart (Tatta). —
20 novembre, 10 h. matin.
Maison de Nessim Abi Serour (mellah). Angle hor. du s.
Chronomètre : 12h 21® 03s
Hauteur : 61°
58'
20"
22
57
62
27
35
24
23
62
49
45
25
31
63
07
15
26
49
63
27
05
27
55
63
43
35
29
30
64
07
30
31
18
64
33
20
32
17
64
48
15
33
15
65
02
45
34
31
65
21
10
Erreur instrumentale
: +
0° 32' 45"
— O" 32 20
Tintazart. — 20 novembre.
Maison de N. Abi Serour. Ilautrs circummérid. du s.
Chronomètre : 2h 25m
55s
Hauteur : 80° 44'
35"
28
20
46
25
30
27
47
50
31
43
48
55
33
20
49
20
34
35
49
20
36
35
48
05
38
10
47
10
39
15
45
50
40
38
44
45
41
45
43
05
43
17
41
30
LISTE DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
411
Tintazart. — 20 novembre, 2 h. soir.
Maison de N. Abi Serour.
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 4U 40m
50s
Hauteur : 64°
23'
10"
42
50
63
53
00
44
12
63
32
00
45
17
63
15
20
46
16
62
59
55
47
12
62
45
00
48
11
62
29
50
49
40
62
06
05
50
50
61
47
20
51
47
61
31
40
53
01
61
11
50
Mader Soultan. —
26 novembre, 2 h. matin.
Hauteur
de la Polaire.
Chronomètre : 4h 57m
Hauteur : 59°
19'
50"
5h 13
59
10
20
24
59
0.3
20
Tintazart. — 30 novembre, 3 h. soir.
Maison de N. Abi Serour. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 5h 55m 17s Hauteur : 39° 41' 20"
56 23 39 20 05
57 1 1 39 04 00
58 06 38 45 30
59 16 38 22 40
6 00 14 38 03 35
Erreur instrumentale : + 0° 32' 40"
— 0° 32 05
Agadir Tisint. — 19 décembre, 9 h. 1/2 soir.
Maison de Hadj Iselman. Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : llh 44m
Hauteur : 62°
12'
40"
57
62
09
00
12h 16
62
03
00
36
61
54
50
49 30“
61
48
40
lu 02
61
42
30
17
61
35
00
Agadir Tisint. — 20 décembre, 10 h. 3/4 matin.
Maison de Hadj Iselman. An
tgle horaire du
soleil.
Chronomètre : lh 17m 22s
Hauteur : 66°
11'
30"
18 50
66
25
55
19 55
66
35
35
21 09
66
47
05
24 32
67
18
30
25 28
67
27
15
26 20
67
34
55
27 28
67
44
35
33 25
68
33
20
34 23
68
41
05
35 32
68
49
50
36 26
68
56
30
37 28
69
04
40
38 52
69
14
40
Erreur instrumentale : -f- 0° 32' 50"
— 0» 32 20
Agadir Tisint. — 20 décembre, 1 h. 1/4 soir.
Maison de Hadj Iselman. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 3h 39m
.33“
Hauteur : 69°
46'
35"
42
41
69
21
30
43
28
69
14
40
44
21
69
09
00
46
13
68
51
35
4h 03
13
66
11
30
04
50
65
53
10
05
36
65
45
35
06
35
65
35
15
07
50
65
22
50
08
40
65
11
45
09
28
65
03
35
Agadir Tisint. — 25
décembre ,
10 h. 1/2
matin.
Maison de Hadj Iselman.
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : lk 10m
48“
Hauteur : 64°
51'
40"
12
32
05
09
40
14
35
65
30
45
15
34
05
40
30
16
46
65
52
50
17
35
66
01
00
18
42
66
11
30
Agadir Tisint. —
■ 25
décembre, 2 h. soir.
Maison de Hadj Iselman.
Angle
horaire du soleil.
Chronomètre : 4h 31 m 10“
Hauteur : 64
J 05'
50"
33
15
60
39
00
34
13
60
25
35
35
20
60
11
00
35
56
60
02
45
36
46
59
51
30
37
55
59
37
10
38
55
59
22
10
39
44
59
11
00
Afikouraiien (llalen). — 18 janvier 1884, 10 h. matin
Maison de Mohammed ou Addi. Angle horaire du soleil
Chronomètre : 12h 45m 15s
Hauteur :
61°
05'
45"
46 43
61
27
50
47 40
61
41
50
49 00
62
01
30
50 29
62
23
05
56 36
63
39
25
58 11
64
11
: 55
59 15
64
26
50
lh 00 42
64
56
35
Erreur instrumentale : + 6
« 33' 00"
— 0
> 32 25
Afikouraiien. —
18 janvier
Maison de M. ou Addi. Hautrs
circummérid. du
soleil
Chronomètre : 2h 32“ 26“
Hauteur :
77°
4P
30"
34 04
77
46
05
36 08
77
51
10
38 08
77
55
25
40 15
77
59
20
42 39
78
02
30
RECONNAISSANCE AU MAROC.
m
Chronomètre : 2h 45“
14*
Hauteur : 78°
05'
40"
47
40
78
07
25
49
49
78
09
15
52
55
78
09
45
55
30
78
08
35
57
57
78
07
05
00
35
78
05
10
02
25
78
02
25
05
33
77
57
40
08
38
77
51
10
13
34
77
38
50
15
12
77
33
50
17
12
77
27
00
Afikourahen. —
- 18
janvier, 2 h. soir.
Maison de M. ou Addi. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 4h 50“
48*
Hauteur : 04°
22'
351
52
03
64
04
15
53
03
63
50
40
54
22
63
31
35
55
31
63
15
10
50
32
63
00
25
57
42
62
43
30
58
45
62
27
30
59
58
62
09
20
5h 01
27
61
47
20
02
17
61
34
40
03
20
61
17
20
04
47
60
56
15
Mogador. — 30 janvier, 9 h. 1/4 matin.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 12h 41“ 32s Hauteur : 61° 39' 20"
oiiroiiumtîir e .
42
43
IlclULCUI .
01
OJ
57
iC\J
55
44
23
62
23
15
45
33
62
41
55
46
55
63
02
50
48
39
63
29
30
49
50
63
47
35
50
55
64
03
55
52
06
64
21
40
53
25
64
40
45
Mogador. — 7 février, 9 h. 3/4 matin.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.
Chronomètre
20“
45s
Hauteur : 59°
44'
10
22
30
60
14
50
26
43
61
29
30
28
54
62
07
50
31
28
62
51
25
32
48
63
14
40
33
52
63
32
15
34
48
63
47
45
36
24
64
14
45
37
39
64
35
40
39
36
65
07
45
41
21
65
30
30
42
28
65
54
45
Chronomètre : 12h 45“
30*
Hauteur : 66°
42'
40
47
25
67
13
50
48
28
67
30
30
49
48
67
51
20
51
02
68
10
45
Erreur instrumentale : + 0° 32' 40"
— 0° 32 15
Mogador. — 7 février, 2 h. 1/4 soir.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.
Chronomètre
4h
59“
08s Hauteur :
: 69°
46'
20"
5h
02
30
68
53
50
05
04
68
14
05
06
46
67
47
10
09
36
67
01
35
11
33
66
29
00
14
05
65
47
40
16
18
65
10
35
19
30
64
16
20
23
21
63
11
00
Mogador. — 13 février, 9 h. 1/4 matin.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 12*1 09“ 22*
Hauteur : 59°
31'
45"
10
48
59
58
40
12
00
60
20
55
13
05
60
41
35
14
30
61
08
30
15
57
61
35
25
17
07
61
56
50
18
05
62
15
00
19
23
62
38
30
21
13
63
11
55
23
01
63
45
00
25
59
64
38
05
27
15
65
00
40
28
19
65
19
55
29
45
65
45
05
31
12
66
10
25
Erreur instrumentale
: + 0°
32' 40"
— 0n
32 30
Mogador. — 13 février, 2 h. 1/2 soir
.
Hôtel Sadia. An
gle horaire du soleil.
Chronomètre : 5U 17“
08*
Hauteur : 67°
49'
05"
18
26
67
27
35
19
43
67
04
45
20
55
66
43
05
22
19
66
18
30
23
32
65
57
30
25
08
65
28
30
26
18
65
06
15
27
32
64
45
00
32
25
63
14
55
33
36
62
52
55
34
40
62
33
20
36
05
62
06
50
37
18
61
44
10
LISTE DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
513
Mogador. — 25 février, 9 h. matin.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 12h 05“ 48s Hauteur : 65° 46' 55”
07 24 66 19 00
08 42 66 45 00
09 56 67 09 30
15 32 68 58 15
17 17 69 31 15
18 16 69 51 20
19 11 70 08 45
Agadir Tisint. — 5 avril, 9 h. matin.
Maison de Hadj Bou Rhim. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 4h 08“ 31 5 Hauteur : 87° 00' 00”
09 51 87 32 30
10 48 87 55 00
11 50 88 19 45
12 50 88 44 20
14 00 89 12 00
Agadir Tisint. — 5 avril, 2 h. 1/2 soir.
Mogador. — 25 février, 3 h. soir.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 5h 58“
20s
Hauteur : 59°
54'
20”
59
46
59
23
25
6k 01
09
58
54
20
02
40
58
22
10
08
01
56
26
50
09
01
56
05
45
10
30
55
33
25
11
51
55
04
20
Mogador. —
9 mars, 9 h. matin.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil
Chronomètre : 12h 08'
u 00s
Hauteur : 75°
24'
40"
09
45
76
00
35
11
28
76
35
40
13
30
77
17
25
15
19
77
54
55
17
04
78
29
50
18
20
78
55
25
20
40
79
42
45
Mogador. — 9 mars
, 3 h. 1/2 soir.
Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil
Chronomètre : 5h 58“
58s
Hauteur : 64°
42'
45"
6 00
35
64
08
40
01
41
63
42
40
03
00
63
13
10
04
48
62
31
00
06
11
62
01
25
07
57
61
20
40
09
33
60
43
10
Mogador. — 10 mars, arrêt du chronomètre.
Agadir Tisint. -
— 2 avril, 8 h. matin
Maison de Iladj Bou Rhim. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 3h 17“
21s
Hauteur : 63°
57'
45”
18
42
64
32
00
19
40
64
56
10
20
35
65
19
20
21
40
65
47
05
Maison de Hadj Bou Rhim. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 9h 40“
22s Hauteur
: 90°
56'
25”
41
32
90
29
30
42
35
90
04
05
43
40
89
37
35
45
35
88
50
35
46
45
88
22
40
47
45
87
57
55
48
52
87
31
30
Tazenakht. —
9 avril , 4 h. 3/4 soir.
Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Angle horaire du s
Chronomètre : llu 45“ 41s Hauteur
: 38°
35'
45"
46
49
38
07
05
47
49
37
40
55
49
00
37
10
20
50
02
36
43
25
51
05
36
16
20
Tazenakht. — 10 avril, 7 h. 1/2 matin.
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 2 11 45“ 54s Hauteur
47
48
49
50
51
21
27
35
34
43
66°
55
56
56
57
57
21' 05"
58 20
26
55
20
50
40
50
50
10
Tazenakiit. — 10 avril , 4 h. 1/2 soir.
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
17“
23s
Hauteur : 50°
54'
25
18
51
50
16
55
19
43
49
54
55
21
06
49
19
10
21
57
48
57
10
22
49
48
35
00
Tazenakht. — 12 avril, 7 h. 3/4 matin.
Agadir Tisint. — 2 avril, 5 h. soir.
Maison de Iladj Bou Rhim. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llh 23“
40"
Hauteur : 47°
12'
25"
24
41
46
45
40
25
41
46
19
50
26
27
46
01
05
27
41
45
28
45
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 2h 55“ 21s Hauteur : 60° 30' 40"
56 30 60 59 40
57 11 61 17 30
57 45 61 32 40
58 20 61 47 15
59 11 62 08 20
414
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Tazenakht. — 12 avril, 4 h. 3/4 soir.
Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llh 25™ 58s Hauteur : 47° 34' OU"
27 11 47 02 40
27 55 46 44 20
28 43 46 23 20
20 23 46 06 05
30 18 45 42 45
Tamnougalt (Mezgîta). — 15 avril, 5 h. 1/4 soir.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llh 40™ 23s Hauteur : 36° 35' 50"
50 23 36 10 40
50 58 35 55 35
51 58 35 20 30
52 36 35 13 40
Tamnougalt. — 18 avril, 1 h. 1/4 matin.
Mellah. Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : 8h 00™ Hauteur : 50° 00' 50"
08 50 04 10
17 50 07 35
23 50 00 40
20 50 1 1 40
35 50 13 45
Tamnougalt. — 18 avril, 7 h. 1/2 matin.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 2k 48™ 13s Hauteur : 62° 02' 40"
40 00 62 26 55
50 02 62 40 50
50 45 63 08 15
51 45 63 33 25
52 30 63 53 20
Tamnougalt. — 18 avril, 5 h. soir.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 1 lh 36™ 44s Hauteur
: 42°
31'
00"
37 48
42
03
20
38 34
41
43
30
30 26
41
21
30
40 04
41
04
30
40 48
40
46
10
41 30
40
28
15
Erreur instrumentale : -f- 0° 32' 00"
— 0° 31 45
Tamnougalt. — 20 avril , 7 h.
matin.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 2h 11™ 20s Hauteur
: 47°
14'
40"
12 01
47
32
15
12 37
47
47
50
13 11
48
02
10
13 47
48
18
00
14 23
48
32
35
Tiilit (Dâdes). — 23 avril, 4 h. 1/2 soir.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llh 13™ 37s Hauteur : 52° 30'
15"
14
27
52
17
40
15
16
51
56
40
15
59
21
38
25
16
37
51
22
10
17
22
51
02
55
Tiilit (Dâdes). -
- 24 avril ,
7 h. matin.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 2h 13™
55s Hauteur : 50° 48'
20"
14
40
51
07
45
15
15
51
22
45
15
49
51
37
15
16
19
51
49
50
16
53
52
04
30
Taourirt (Todra). -
- 27 avril ,
3 h. 1/2 matin.
Mellah. Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : 10h 011
a 00s Hauteur : 61°
59'
40"
08
30
62
05
45
17
30
62
11
20
26
00
62
16
50
33
00
62
22
00
43
30
62
29
00
Taourirt (Todra).
— 27 avril, 8 h. matin.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 3h 05™
05s Hauteur : 74°
49'
20"
07
07
75
41
00
07
55
76
01
10
08
50
76
24
10
09
52
76
50
30
10
45
77
12
50
11
47
77
38
55
Erreur instrumentale
: + 0° 32'
15"
— 0» 31
35
Taourirt (Todra).
— 27 avril , 4 h. 1/2
soir.
Mellah. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 111* 13*
“ 31s Hauteur : 52°
28'
30"
14
32
52
03
05
15
23
51
41
00
16
05
51
23
20
16
45
51
07
40
17
29
50
47
45
18
09
50
30
50
Asrir (Ferkla). -
- 30 avril ,
7 h. matin.
Mellah. Angh
3 horaire du soleil.
Chronomètre : 2h 14™
55s Hauteur : 55°
30'
50"
16
22
56
08
15
17
06
56
26
30
17
45
56
43
20
18
19
56
58
20
19
25
57
25
40
LISTE DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
415
Gelmima (Reris). — 30 avril, 5 h. 1/2 soir.
Mellah. Angle lioraire du soleil.
Chronomètre : 12h 08™ 26s Hauteur :
: 28°
49'
35"
10
03
28
08
20
10
46
27
50
25
12
56
26
56
40
14
09
26
25
50
15
14
25
58
35
Gelmima (Reris). — 30 avril, 10 h. soir.
Mellah. Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : 4h 43m 00s Hauteur : 60° 40' 40"
54 30 49 30
5h 09 00 48 50
18 30 48 40
30 00 48 00
Mellah Tiallalin. — 4 mai, 5 h. 1/4 soir.
Angle horaire du soleil.
Chronomètre : 1 1 h 49“ 35s Hauteur : 36° 40' 00"
50 25 36 19 10
51 26 35 53 45
52 15 35 33 40
52 53 35 17 05
Mei.laii Tiallalin. — 5 mai, 3 h. 1/2 matin.
Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : 10h 18™ 00s Hauteur : 64° 03' 05"
26 30 08 45
50 00 24 05
Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa). — 6 mai, 5 h. s.
Maison du qaïd. Angle horaire du soleil.
Chronomètre : llh 20™ 42s Hauteur : 49° 16' 25"
21 45 48 49 50
22 19 48 35 50
22 51 48 22 25
23 24 48 09 10
Qaçiîa el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa). — 7 mai, 3 h.m.
Maison du qaïd. Hauteur de la Polaire.
Chronomètre : 9h
34™
305
Hauteur
: 64°
49'
30"
43
30
64
56
15
51
30
65
01
05
59
00
65
06
00
m
06
30
65
11
10
16
30
65
18
10
OüTAT OULAD El
. Hadj. -
- 11 mai,
3 h. matin.
Mellah.
Hauteur
de la Polaire.
Chronomètre : 9h
32™
■ 30s
Hauteur
: 66°
02'
10"
39
30
07
05
44
30
09
45
52
30
15
25
10h
03
00
23
20
12
30
29
50
II. — Tableau des latitudes et longitudes.
NOMS DES LIEUX.
LATITUDE NORD.
LONGITUDE OUEST.
Tétouan .
35»
34'
12"
Tâza .
34
12
54
Sfrou .
7»
04'
30"
Demnât .
9
11
15
Zaouïa Sidi Rehal .
31»
38'
45"
9
33
45
Tagmout (Glaoua) .
31
25
07
O
25
0(1
Tikirt (Ait Zaïneb) .
30
57
00
9
09
45
Tazenakht .
30
34
40
9
18
45
Agadir Tisint .
29
54
08
9
28
30
Tintazart (Tatta) .
29
38
12
9
58
30
Mader Soultân .
29
22
16
Afikourahen (Ilalen) .
30
04
50
11»
17'
30"
Tamnougalt (Mezgîta) .
30
40
43
8
26
00
Taourirt (Todra) .
31
32
00
7
33
00
Gelmima (Reris) .
31
41
05
6
58
00
Mellah Tiallalin .
32
15
06
6
24
45
Qacba el Makhzen (Qcàbi ech Cheurfa) .
32
50
14
6
27
30
Outat Oulad el Hadj .
33
21
28
Les latitudes et longitudes de ce tableau ont été calculées par M. de Villedeuil, calculateur du mi¬
nistère de la guerre, qui a bien voulu me rendre ce service.
416
R ^CONNAISSANCE AU MAROC.
Les observations astronomiques faites au cours du voyage ont été exécutées avec un sextant, un
horizon à huile et un chronomètre. Le sextant avait été construit par M. Lorieux; l’erreur instrumen¬
tale, insignifiante au départ, ne varia pas sensiblement. Le chronomètre était de M. Bréguet; la mar¬
che en demeura régulière, les résultats qu’il fournit furent bons; mais sa délicatesse même le rendait
fragile : des mouvements violents de ma montre l’arrêtèrent plusieurs fois.
TABLEAU
DES
FAITES AU MAROC AU COURS DU VOYAGE
(Juin 1883- Mai 1884).
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Port de Gibraltar (pont du pa-
quebot).
10 Juin 1883
5Ü S
7G3.1
Qui
Tanger.
21
9“ M
21 "7
pur.
0
De Tanger à Tétouan.
0
3h33"‘ S
703.7
(1) 2
U
0
4“ 15
7G3.1
5
»
»
4h48
758.2
63
»
»
5»
739.9
42
»
»
5n33
755
98
0
0
6“
759
33
»
»
6h20
756
88
»
0
6U33
755
99
«
0
7b20
756.2
85
0
0
7'‘40
700
H
0
-2~2
4"30 M
734.8
114
0
0
3"03
733
133
»
0
5h37
743
260
Fondoq.
«
0
5b45
741.3
240
(1) Les altitudes ont été calculées par M. Raymond, à qui je dois de vifs remerciements pour ce travail. Voici, sur la manière dont il a pro¬
cédé, les éléments qui lui ont servi et l’approximation obtenue, une note qu’il a composée.
« Pour la détermination des altitudes, on a fait usage d’im petit baromètre anéroïde construit avec soin et compensé des variations de la
« température. Cet instrument a été considéré comme exact au départ, mais il est résulté de comparaisons faites par le voyageur, avec deux
« autres baromètres, que vers le milieu d’août 1883 il a éprouvé un dérangement qui lui a fait marquer 2mm en plus; cette erreur instrumentale
« s’est conservée jusqu’à la fin du voyage. On a tenu compte de cette correction , ainsi que de celle due à l’oscillation diurne du baromètre, que
« l’on a supposée être de 2mm, dans les régions explorées.
« Les calculs des altitudes ont été faits en employant la formule de Laplace et en négligeant les décimales peu importantes.
« La détermination de la pression au niveau de la mer, à chacune des observations, a constitué une des difficultés principales pour l’exac-
« titudc des calculs. Pour avoir les hauteurs du baromètre au niveau de la mer, on a fait usage des observations relatées dans le Bulletin
« météorologique du gouvernement de l’Algérie et dans le Bulletin météorologique international.
« Tant que le voyageur a été dans le voisinage des eûtes, les données des Bulletins ont pu être utilisées avec profit, mais dans l’intérieur du
« Maroc la tâche a été plus difficile et les valeurs obtenues pour certains jours se sont peut-être éloignées de la vérité de plusieurs milli-
« mètres. Du rêste, quelques altitudes ont pu être vérifiées et, dans les localités où le voyageur a passé plusieurs fois, on a pris des moyennes
« qui, dans certains cas, ont servi à corriger les hauteurs des points voisins qui ont paru défectueuses.
« Nous ferons aussi remarquer que, pendant le cours de ce voyage, la pression au niveau de la mer a presque toujours été bien au-dessus
« de 7G2m“, nombre admis pour la hauteur barométrique de ce pays au niveau de la mer.
« Nous pensons que les erreurs principales proviendront de la difficulté de se rendre compte de la pression atmosphérique au niveau de la
« mer, et de la correction ■ ^ 2 (t -f- l') de la formule de Laplace, qui a été laissée le plus souvent à l’appréciation du calculateur, la tempéra-
« ture n’ayant pu être notée aussi souvent que les hauteurs barométriques. »
Les observations de température ont été faites avec des thermomètres fronde et des thermomètres à minima construits parM. Tonnelet.
53
Kt'CONN V1SSANCE AU MAROC.
418
R UGONNAISS ANCU AU MAROC.
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES .
CIEL.
NUAGES.
De Tanger à Tétouan (suite).
2-2 Juin 1883
G"06m M
735
355“
)>
D
6"15
739.7
2!)2
»
»
7“ 1-2
755
114
»
»
7h55
7G0
60
»
»
8"35
7G1
50
»
»
9h03
705
10
»
»
10"-20
705.3
10
Tétouan (mellali ; 1er étage).
»
1" S
759.4
GO
23»8
nébuleux.
4
»
»
6h
759.2
»
21»5
nébuleux.
9
»>
23
nuit.
»
19" Min.
»
»
9h M
759.4
n
20°7
nébuleux.
10
»
»
1" S
759.2
»
2-2»
nébuleux.
10
»
»
6“
758.5
»
21°
nébuleux.
7
-24
nuit.
»»
19° Min.
»
»
9" M
757.8
•
20°7
nébuleux.
10
"
»
1" S
757
»
23°3
pur.
3
0
6"30m
756.9
»
21°3
pur.
0.5
“
2.*>
nuit.
»
16"2 Min.
»
X'
9" M
758.-2
»
25»
pur.
0
»
»
1" S
757.6
»
29°5
pur.
0
»
»
71,30m
757 . 4
»
22°5
pur.
0
»
20
nuit.
.
14° Min.
»
»
11" M
757 . 5
.
31»
pur.
0
*
»
1" S
757 . 2
»
32°
pur.
0
»
Gh
757 . 4
»
26»
pur.
0
»
27
nuit.
.
13°5 Min.
»
»
9" M
758.-2
.
26"3
pur.
0
»
1" S
758 . 4
«
27»6
pur.
0
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»>
G"
758.-2
»
25°
pur.
0
»
28
nuit.
.
14° Min.
w
»
9" M
758.7
»
26°
pur.
0
»
»
l"30m S
757.9
»
26»5
pur.
0
»
6h
757.9
»
23»
pur.
0
»
20
nuit.
h
14» Min.
»
-
9"30“ M
759.1
»
24"3
pur.
0
»
»
1" S
759
»
27°2
pur.
0
"
"
6“
759.1
»
23»
pur.
0
»
30
nuit.
»
14» Min.
■
»
9" M
700
28°
pur.
0
*
»
1" S
759
31°
pur.
0
•
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»
25»G
pur.
0
*
1er Juillet.
n uit.
»
19°2 Min.
•
"
5" M
»
couvert.
10
»
»
9"
758.7
•
24»5
assez pur.
3
"
“
1" S
757. G
»
25°
assez pur.
0.5
■
*
G"
750.5
1»
21 °2
pur.
0
*
2
nuit.
»
19» Min.
»
8
5" M
»
couvert.
10
•
•
6"30“
755.8
21 °2
De Tétouan à Checliaouen.
■
8"3om
76-2
5
pur.
0
■
•
9»-25
750.2
129
■
8
10"25
734.2
317
»
8
11"13
745. G
185
"
8
11 "4-2
738
273
»
■
t-2"39 S
74-2
-2-26
*
8
çjli
725.8
4-21
pur.
0
»
8
-2,,:,o
700.4
657
»
-
4"03
702
713
•
■
4" 10
707
051
*
8
4"55
708.5
634
OBSERVATIONS.
Col du Fondoq.
Pont de l’Ouad Bou Çfiha.
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
419
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
De Tétouan à Chechaouen
(suite).
2 Juillet 1883
5"
s
712
591 m
B
B
5"50m
712
591
B
»
6"35
721.8
468
pur.
0
De Chechaouen à Tétouan.
3
6" 10
M
709.6
620
pur.
0
»
a
6"30
705
684
>
»
7"35
738.7
279
B
»
8h30
738
288
B
a
8"53
736.6
304
■
a
10"
723.3
468
pur.
0
Pont de l’Ouad Bou çfiha (déjà
De Tétouan à Et Qçar.
4
10"50
M
762.3
10
pur.
0
1 passé).
•
2"34
s
734.2
355
Col du Fondoq (déjà passé).
■
»
3"
740.6
260
Fondoq (déjà rencontré).
1)
G11
pur.
0
Même lieu. Température de
la source du Fondoq : 17°.
»
5
3" 45
M
740.3
»
16°1
couvert.
10
Même lieu.
»
5"24
754.8
96
•
5h45
747
190
18°5
assez pur.
0
B
»
0"33
753.2
120
H
7 "43
759
60
»
0"10
762
28
■
a
9"53
762.3
25
B
.
11 "05
754
120
n
B
12"08
s
762.8
20
.
lh
764.1
B
B
1"15
762
28
B
»
1 "57
762.3
25
B
3"02
756.2
90
-
3 "45
756.8
80
assez pur.
7
G
5"03
M
758
65
B
6"30
756.1
90
B
7 "57
760.4
40
«
9"
759
60
B
10"10
762.3
20
22°8
pur.
3
»
B
11"15
763.8
6
■
a
12"50
s
760.9
35
27°
pur.
4
a
.
1"45
762.9
10
B
a
2"55
761.3
30
El Qçar (centre delà ville ; rez-
de-chaussée).
•
5"
762.4
20
pur.
0
»
7
11 "30
M
761.6
»
pur.
0
»
4"
s
760.9
«
pur.
0
10"30
763.7
B
8
4h
M
762
»
D’El Qçar à Fàs.
5"20
763.2
9
0"l0
761.3
29
7" 40
756
90
■
8" 10
755
100
8"40
755.6
95
28°5
très pur.
0
10"2J
753
125
11 "07
750.7
150
Température d’une source :
23°.
12"45
s
755
100
33"5
pur.
0
1"45
756.8
80
3" 10
754
108
Chemmaha.
7"
.
25°3
pur.
0
Id.
0
4"
M
754.8
B
18°7
Id.
4"45
759.6
40
5"40
758
67
5"55
760.1
43
C"30
756
90
27°
pur.
9.5
RECONNAISSANCE AU MAROC.
420
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
o:
H
P
O*
5
H
vM
O
£
M
w
H
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
D’El Qçar à Fis (suite).
9 Juillet 1883
7h25ra
M
752.3
130“
B
»
8"43
7G2.1
20
»
n
9"30
758.2
65
»
1 1 "20
756
90
».
»
1"35
S
761
30
»
»
2"05
760.2
35
35»
très pur.
8
Douar près de l'Ouad Ouerra.
»
»
8"
B
24°8
pur.
8
id.
»
10
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M
762
»
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10
Même lieu. Pluie fine.
»
»
5" 40
760.7
45
La pluie cesse.
»
»
G" 18
754.8
110
pur.
6
».
»
7 "25
753.3
123
»
»»
7"40
757
81
»
»
9"10
756
92
»
»
9"45
753.8
118
27°2
pur.
9
»»
»
10"34
757.8
71
»
»
12"30
s
743
242
»
»
1"05
752
129
31 "2
pur.
5
»»
»
01142
752.5
133
n
»»
3"27
756
92
>»
»
3"47
758.1
68
»
»
4"04
757.7
70
Douar sur l’Ouad Sebou.
»•
• »,
7 h
»
26°3
pur.
2
Id.
»
11
4"30
M
759.1
»
19°5
10
ld.
»»
»»
5" 15
755
108
,»
»
G" 10
749.7
170
P
P
G"42
745.8
217
»
»
7 "30
732.3
379
n
P
7"57
725.3
•461
»
P
8"38
734.8
349
»
9" 45
733
369
25°
assez pur.
0
»
»
11 "08
720
526
»
»>
11 "37
705.3
712
.
P
12"15
s
718.7
546
B
•
1"05
735.!)
331
pur.
0
»
P
1"30
726.7
440
P
»
1"40
730
387
Fàs (centre du niellait ;
1er étage).
1"30
S
727.1
390
très pur.
0
■
13
1"
s
»
très pur.
0
»
14
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M
731 . 4
très pur.
0
»
»
7h
S
731
p
»
13
8"15
M
731
P
pur.
0
»
»
9"
s
731.7
B
très pur.
0
"
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nuit.
P
22°5
Min.
»
»
7h
M
732
.
très pur.
0
»
P
i"
s
731 .2
B
35°S
très pur.
0
»
P
9h
732.9
B
très pur.
0
»
17
nuit.
.
22°9
Min.
»
»
9"
M
733.3
B
2!)°3
très pur.
0
"
*
1"
s
732
B
35°3
très pur.
0
*
»
7"
731
«
33°3
très pur.
0
"
18
nuit.
23“3
Min.
■
7'1
M
731 . 4
28°3
très pur.
0
" /
»
1h
s
730.3
35°2
très pur.
0
"
»
5h
728.7
»
33»
très pur.
0
•
19
nuit.
21 "7
Min.
»
7"
M
729.2
»
26°5
très pur.
0
*
*
11"
727.3
30°2
très pur.
0
*
•
1"
S
726.3
34"1
très pur.
0
"
»
5h
725. 6
P
30°8
très pur.
0
*
»
10"
727.8
P
25"
très pur.
0
m
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
CO
W
tD
O*
5
va
2
o
2
H
m
H
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Fâs (centre du niellai] ;
1" étage) (suite).
20 Juillet 1883
nuit.
390"'
18"3
Min.
a
7h
M
728.7
B
21°
très pur.
0
»
a
il»
728.7
.
26°2
pur.
0
»
B
1»
S
728.2
»
29°
très pur.
0
a
»
5"
727.9
B
28°4
très pur.
0
a
2t
nuit.
B
1 8'6
Min.
a
a
7"
M
730.8
.
22°3
très pur.
0
»
a
lh
s
729.9
B
29°1
très pur.
0
»
B
5h
730.1
B
279
très pur.
0.5
•
»
9"
732.2
.
très pur.
0
»
22
nuit.
B
18"9
Min.
«
B
7"
M
733.1
B
20"
nébuleux.
10
»
U
10"
733.2
»
22°3
assez pur.
3
.
.
2i»
s
732
.
05
c
&
pur.
0
»
5"
731.2
»
25°8
pur. .
0
23
nuit.
. •
I8°l
Min.
B
7h
M
732.9
19°1
nébuleux.
10
B
10"
732.8
»
21°2
pur.
0
»
1"
S
730.6
»
2G°5
très pur.
0
Température d’Aïn et Touta
B
(source) : 18°5.
a
B
S"
729.2
B
26°2
très pur.
0
a
21
7h
M
B
très pur.
0
»
i»
S
très pur.
2
»
»
5"
»
très pur.
0
25
10"
M
728
26°3
pur.
0
1»
S
727.3
33 "5
pur.
3
»
5"
727.1
33»2
pur.
7
„
9h
729.4
»
28° 1
pur.
2
2 f>
nuit.
B
22°8
Min.
G"30
M
728.8
B
27"
un peu nébuleux.
2
B
a
10"
729.6
B
32»
assez nébuleux.
6
B
a
1"
s
729
B
36»
nébuleux.
?>
B
5"
736
32°
nébuleux.
10
»
27
nuit.
23°2
Min.
B
a
10"
M
730.8
B
32°5
nébuleux.
1
B
a
1"
S
730
B
37»
nébuleux.
4
B
B
5"
729
B
35»
un peu nébuleux.
1.5
B
»
9h
731.4
B
32°
pur.
0
B
28
nuit.
B
25»
Min.
B
»
6"30
M
731.3
B
20°5
très pur.
2
B
B
10"
731.8
B
29°7
très pur.
0
B
1"
s
731
B
33°5
pur.
2
.
5h
730.3
B
31 "4
pur.
6
B
9h
731.9
B
26°3
pur.
2
20
0"30
M
731
B
1 8"5
très pur.
0
De Fâs à Tâza.
7"1S
736.8
318
B
8"15
748.2
180
Pont de l’Ouad Sebou.
B
10"
719.5
526
B
11 "20
731.4
380
12"
s
738.7
293
très pur.
0
12"25
737
313
1"50
7 44 . 7
217
3"55
713
235
4"55
741
257
très pur.
0
Cite.
B
30
5"
M
741
»
très pur.
0
id.
a
5"18
742
245
B
5"S0
731
366
B
9h
738
283
a
Il "30
733.2
340
422
RECONNAISSANCE AU MAROC.
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
De Fàs à Tâza (suite).
30 Juillell883
12»25“
s
712.3
600m
P
P
12»55
720.4
420
»
»
1»25
720.0
418
»
,
2»51
709.8
623
»
»
3hlS
713.8
573
assez pur.
10
»
>
3»25
716
548
»
»
4h
709.2
631
Tâza (mellali; 1er étage).
.
6"
710
020
assez pur.
10
»
31
7h
M
P
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2
»
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.
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*
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S
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*
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»
»
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0
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M
•
assez pur.
10
•
«
10»
»
assez pur.
5
,
»
1"
s
»
assez pur.
8
*
p
5h
.
assez pur.
10
«
»
10»
P
assez pur.
10
3
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M
»
pur.
6
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10»
P
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»
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0
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»
très pur.
0
»
4
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M
»
très pur.
0
»
1»
S
»
très pur.
0
P
0»
»
très pur.
0
»
5
7»
M
»
très pur.
0
p
1»
S
712.5
»
très pur.
0
»
p
0»
P
très pur.
0
»
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û»30
M
713.4
P
très pur.
0
De Tâza à Fâs.
p
11»25
729
401
»
1»
S
P
très pur.
0
p
6»
P
très pur.
0
»
7
4M2
M
728
413
»
«
5»30
7.32
365
»
»
6»36
712
008
»
n
8»01
703.2
720
»
p
8»39
720
437
»
»
8»37
721.2
497
»
»
2»23
s
710.5
559
»
»
2»51
720.3
436
»
»
3»15
725
449
»
D
3»53
730
317
p
»
5hos
724.3
461
p
P
5»39
736
317
P
»
0»08
720
436
»
»
6» 17
730
389
P
6»23
726
437
»
■
7»
»
très pur.
0
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8
4»08
M
713
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Fâs (centre du mellali;
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»
1»30
s
730.2
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pur.
0
P
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6»30
730.2
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assez pur.
0
»
9
nuit.
»
21°3
Min.
»
»
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M
730
p
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0
*
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s
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»
34°3
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0
■
»
5»
727
»
33°3
pur.
0
•
9h
728.2
p
28°3
un peu nébuleux.
2
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
423
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
ai
«
Cf
5
H
va
o
«
a
K
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CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Fàs (centre du mellah;
tor étage) (suite).
10 Août 1883
nuit.
390"'
22°
Min.
-
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7"
M
727.7
»
25°
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10"
726.5
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29°
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0
■
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1»
S
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»
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nuit.
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Min.
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M
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0
•
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10
»
•
3"
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»
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8
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»
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0
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0
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Min.
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0
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De Fàs à Sfrou.
•
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M
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330
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424
RECONNAISSANCE AU MAROC
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
De Fâs à Sfrou (suite).
20 Août 1883
4"58m M
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»
»
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*
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0
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»
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De Sfrou à Fâs.
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0
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1er clage).
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•
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1er étage).
■
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nuit.
»
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B
»
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»
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»
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chaussée).
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0
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nuit.
»
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»
»
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»
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nuit.
»
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»
7"30 M
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»
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1
•
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»
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légèr' nébuleux.
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»
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■
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nuit.
»
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*
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De Meknâs à Dou cl Djâd.
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nébuleux.
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721.6 |
■ 1
1
Id.
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1881,
125
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
De Meknàsà Bon eIDjàd (suite).
"28 Août 1883
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»
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1
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10"18
074
1.108
10"43
078
1.057
11 "23
070.3
1.100
D
1"1.3
s
078
1 .0*57
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2"20
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0
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Min.
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0
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•
32 '3
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0
RECONNAISSANCE AU MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
426
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQ UES .
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Bouel Djàd (mellali ; 1"' étage)
(suite).
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1
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2
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Min.
*
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M
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13
nuit.
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»
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nuit.
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Min.
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»
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»
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10
»
»
4"
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10
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M
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22**3
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0
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2
»
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»
5**20
712.2
673
»
»
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»
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OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
427
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DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
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MECONNAISSANCE AU MAROC.
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DATES.
HEURES.
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BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOM ETRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
De Ouaouizert à Demnât (suite).
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1.334
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
429
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
T HElt MOM ÉTRIQUÉS.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
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BAROMÉTRIQUES.
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CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
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nébuleux.
8
De 3 à 3" 1/2, pluie abondante.
1
Pendant la soirée, il tombe de
»
»
7h
»
nébuleux.
10
temps en temps quelques
gouttes de pluie.
»
»
n"
»
nébuleux.
10
»
28
2" M
642.8
»
très nébuleux.
10
Quelques gouttes de pluie.
»
»
nuit.
»
13"8 Min.
»
»
7 "30
643.8
17"
nébuleux.
10
»
»
1h S
643
»
22°5
très nébuleux.
10
»
»
5h
042. 4
t»
20°2
nébuleux.
3
»
»
9"30
643
»
pur.
0
»
20
nuit.
»
8» Min.
»
»
7 " M
642.5
»
12°
pur.
0
»
»
1" S
041.7
»
23"!
assez pur.
fi
»
»
5h
641
»
19°2
assez pur.
5
»
»
9h
641 .3
»
pur.
1
»
30
nuit.
»
11»7 Min.
»
»
7" M
639.9
»
12"8
assez pur.
O
»
»
9"
639.6
»
nébuleux.
8
»
»
lh S
038.8
»
21 "2
légèr* nébuleux.
5
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1881,
431
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Tazenakht (mellali ; 2° étage)
De 3 à 5“, quelques gouttes de
(suite).
30 Oet. 1883
5U S
038.6
1 . 502"*
17°2
nébuleux.
8
pluie.
»
»
9»
039
»
nébuleux.
0
»
31
nuit.
»
11°6 Min.
»
7“ M
639
»
12"0
assez nébuleux.
9
Quelques gouttes de pluie de
temps a autre.
»
»
9“
038.8
»
17°
assez pur.
')
»
1“ S
»
assez pur.
»
»
5"
636.7
»
16°
légèr' nébuleux.
»
»
91*
638.4
»
nébuleux.
8
De O11 à 711 1/2, forte pluie.
>*
1 Novembre.
nuit.
»
8"5 Min.
»
»
7“ M
038.4
»
10°5
pur.
1
0
9“
038.7
»
très pur.
1
Vers l'V quelques coups de
"
lü S
636 . 7
w
17"8
assez pur.
7
tonnerre.
»
»
5“
638.2
»
ii»
nébuleux.
10
De 4" 30m à 511 30m, pluie line.
»
»
9h
639.1
»
assez pur.
3
»
nuit.
»
6°4 Min.
»
»
7 11 M
638.7
»
9°8
assez nébuleux.
4
»
»
9»
638.9
U
légèr1 nébuleux.
9
»
»
1“ S
636.8
»
101’
assez nébuleux.
10
»
»
?>U
»
15°3
légèr1 nébuleux.
7
»
W
9Ü
V
nébuleux.
8
Très forte pluie de 1“ 1/2
*
3
nuit.
»
7°3 Min.
à 2“ 1/4 M.
■
•
7l1 M
637.6
■
1 0°2
très pur.
0
»
9“
638
»
très pur.
1
-
•
l1' s
636.6
»
17 “7
assez nébuleux.
7
»
■
3"
636 . 1
»
13’8
nébuleux.
10
Petite averse de 5 11 à 5“ 1/4.
•
■
9“
630.4
»
assez nébuleux.
4
.
4
nuit.
»
9» Min.
-
■
7“ M
637.3
»
ti’i
très nébuleux.
9
Pluie fine de 1» à 8" M.
»
»
1“ S
»
très nébuleux.
8
De 1 à 5h, plusieurs courtes
*
*
5"
038.1
»
Il “3
très nébuleux.
8
averses avec quelques grêlons.
Pluie fine de 5" à 9h ; fréquentes
»
*
9"
039.3
•
très nébuleux.
10
et fortes averses.
•
î;
nuit.
»
5°5 Min.
Pluie abondante de 10h S à 10u M.
•
*
7" M
042.5
.
7"3
très pur.
0
■
*
9“
»
très pur.
0
•
•
lu s
642.7
»
17°
pur.
6
»
»
5h
»
très pur.
1
»
»
9h
643
»
très pur.
0
»
6
nuit.
»
7l,8 Min.
n
»
7* M
042.5
»
9"t
très nébuleux.
10
Pluie fine.
Pluie fine: n’a pas cessé de-
•
»
9“
644.3
’
très nébuleux.
10
puis le matin.
.
»
1“ S
643
•
1 *°3
très nébuleux.
10
La pluie a cessé à 1111.
De 1" à 6", pluie fine avec li é-
•
•
6“
042.2
.
très nébuleux.
10
quentes interruptions et re-
prises.
•
.
9"
64 1 . 7
»
nébuleux.
10
-
7
nuit.
»
9°9 Min.
-
»
7 11 M
641.3
>>
Il»
assez nébuleux.
10
»
»
9“
»
assez nébuleux.
10
»
»
1“ s
640.7
•
1 4" 4
assez nébuleux.
10
.
»
?;»
640
,
11°7
très nébuleux.
10
Pluie line depuis 5“ du soir.
«
»
9“
640. 4
»
très nébuleux.
10
Forte pluie depuis K“.
8
nuit.
7 "9 Min.
Forte pluie de ü‘‘ du S à 3Ü M.
«
*
7 11 M
640.3
9°4
pur.
5
RECONNAISSANCE AC MAROC.
432
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Tazenakht (mellah;2“ étage)
(suite).
8 Nov. 1883
9"
M
641
1.502'"
12°
très pur.
3
•
»
»
1"
s
639.3
»
16°8
pur.
4
»
»
5“
G40.7
»
I4°8
très pur.
0.5
»
»
9h
641.3
»
très pur.
0
»
9
nuit.
»
8°3
Mil).
»
»
7 11
M
64-2.7
»
10°5
pur.
1.5
»
»
9"30'“
pur.
2
»
i»
S
G41 . 4
»
17o
pur.
3
-
-
5»
641.4
»
16°2
très pur.
0.5
•
•
9h
.
très pur.
0
-
10
nuit.
»
9°
Min.
•
•
7"
M
643.2
»
U°5
nébuleux.
9
»
•
1“
s
64-2.1
.
16°
assez pur.
5
»
»
5»
64-2.8
»
14°7
pur.
2
»
»
9»
642.9
»
pur.
0.5
»
11
nuit.
»
G°
Min.
»
*
7“
M
643.8
•
9»
assez pur.
1
"
»
9"
644.3
»
très pur.
1
*
■
1"
S
G 43 . 4
»
16°9
pur.
3
»
»
5"
643
1 4°8
assez pur.
<2
»
'
9h
644.2
»
pur.
i
»
1-2
nuit.
»
6°
Min.
■
■
7"
M
64-2.7
»
7°5
très pur.
4
»
»
10"
643.2
>.
assez pur.
5
De Tazenakht à Tisint.
»
11"15
641
1.511
»
»
11"45
640.2
1.524
»
»
1 1 "55
642
1.498
■
*
12"08
S
640.3
1 .523
*
*
1"55
640
1.527
assez pur.
5
*
3"38
637.5
1.550
Tamarouft.
»
•
5"
»
assez pur.
5
id.
*
*
9"
»
très pur.
0
Id.
*
13
7“
M
636.3
»
pur.
i
Ul.
»
»
8"07
G35.7
1 . 5o5
»
»
8"45
634.9
1.568
■
■
9"35
<«1.7
1.608
»
»
9"50
626.7
1.674
»
>
12"15
s
670.9
1 . 104
»
•
l11
Iégèr* nébuleux.
5
-
"
4"4S
680.5
979
“
■
7 "33
698
770
pur.
0
"
*
11 "4.3
704
665
très pur.
0
Tanzida
•
l 4
7"
M
705.5
»
pur.
0
Id.
»
»
9"
709.1
614
Niveau de l’Ouad Tisint.
Tisint (Agadir; 1er étage).
•
9"55
709.1
(il 4
»
•
1"
s
»
pur.
0
»
*
4“
707.7
»
iégèr* nébuleux.
7
»
*
7h
»
assez nébuleux.
G
»
15
7 h
M
■
pur.
0
»
Oh
s
708.5
»
pur.
2
»
$h
708
»
19"4
assez nébuleux.
5
»
9"
709.9
»
19°
assez nébuleux.
10
*
i o
nuit.
.
1 4°8
Min.
•
7"
M
709
.
15"3
assez nébuleux.
10
•
9"30
710.9
»
nébuleux.
10
De Tisint à Tatla.
10"
708
626
-
io"2S
706.7
(>38
*
10"35
709.5
602
■
1"2»17
S
704.7
661
•
1"08
703.7
673
très nébuleux.
10
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
433
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
m
W
cb
<1
OBSERVATIONS.
l)o Tisint à Talta (suite).
10 Nov. 1883
lh27n
s
701 .7
720m
Qaçba el Djoua.
»
»
5h
»
très nébuleux.
10
Id.
»
17
4h
M
»
très nébuleux.
10
Id. Pluie fine de 3"30m à 5" M.
.
»
7“
702
»
pur.
0
Même lieu.
•
»
lh
s
700.7
»
très pur.
0
Id.
»
8h
très pur.
0
Id.
»
18
5"30
M
703.4
»
pur.
0
Id.
»
»
5"50
703.4
»
Id.
.
»
6"05
703.8
707
»
»
7h
702.3
718
-
»
7 11 55
695.8
803
»
»
8"45
703
694
•
»
9"15
706.5
670
pur.
0
»
»
11 "09
703
718
»
»
ll"53
697.5
778
»
»
12h40
s
697
790
•
.
1»14
695
815
pur.
0
»
»
1"34
093.2
844
Col Aqqa Izen.
»
»
1"44
695.2
815
Ligne de partage des eaux.
•
»
3"35
680
924
»
4"25
702.5
718
«
»
4"50
707
671
Tatta (Tintazart; mellali;
1" étage).
«
5"20
709
025
pur.
0
.
»
y*
709.7
»
pur.
0
>»
11)
7"
M
712.1
»
13°5
assez pur.
1
»
»
9"30
714
»
assez pur.
0
•
.
1"
S
712.5
»
21 "4
pur.
0
»
»
5»
712.3
»
19"
pur.
0
-
■
9“
713.8
»
pur.
1
»
20
nuit.
»
9"
Min.
»
»
7"
M
715.8
»
11"
très pur.
0
»
0
10"
710.7
»
très pur.
0
.
»
1"
s
714.6
»
21°2
très pur.
0
-
»
5"
714.6
))
18°6
très pur.
0
»
»
9“
710.1
»
très pur.
0
.
-21
nuit.
»
9°
Min.
»
»
7"
M
715.1
»
10°5
très pur.
0
»
.
10"
716.3
»
très pur.
0
»
»
1"
S
715.1
»
21"
très pur.
0
»
»
5"
714
»
très pur.
0
-
«
9"
715.2
»
très pur.
0
*
22
nuit.
»
10°
Min.
.
»
7"
M
715.7
•
12"7
très pur.
0
De Tintazart à Adis et retour.
K
9"20
714.6
651
•
»
9" 46
713.9
663
Tatta (Tintazart; mellali;
l*r étage).
»
4"
s
714.8
625
.
»
s"
714.2
•
I7"0
pur.
0
»
23
nuit.
»
10"
Min.
•
»
7"
M
714.7
»
12"
assez pur.
3
.
»
10"
715.7
»
nébuleux.
9
•
•
1"
s
713
»
19°3
nébuleux.
9
•
-
5"
712.3
»
assez nébuleux.
6
-
24
nuit.
»
10°
Min.
•
•
7h
M
712.7
»
12°
nébuleux.
8
•
»
i"
s
»
nébuleux.
10
•
■
51*
•
assez pur.
2
»
•
9“
»
assez pur.
0
-
23
nuit.
*
10*2
Min.
■
»
7"
M
711 .7
•
12°
nébuleux.
0
RECONNAISSANCE AU MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
43 î
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Talta (Tintazart; mellali ;
1er étage) (suite).
25 Nov. 1883
H‘3S"M
711 .7
025m
assez pur.
8
De Tatta au Mûder et retour.
»
H "58
712.5
6.30
»
»
12' "28 S
714
615
•
»
12"35
71G.fi
578
»
-
2"00
710.7
544
assez pur.
8
»
*
2h40
721.4
520
«
»
2"58
721.7
516
»
»
4"55
725.2
472
pur.
0
»
»
9"
très pur.
0
»
20
2" »I
très pur.
0
»
6h
720.1
423
très pur.
0
»
»
(ih22
730
416
»
»
8"30
720.8
420
»
11 "12
720.3
430
très pur.
0
Tatta (Tintazart; mellali;
V étage).
»
5"50 S
710.4
025
assez pur.
9
»
»
9"
»
assez nébuleux.
9
n
27
7" M
713.3
*
assez nébuleux.
10
»
»
10"
715
»
assez nébuleux.
9
De Talta à Aqqa et retour.
»
2"15 S
712.4
625
»
2"4S
713.3
613
>1
*
2h*)2
714.0
002
»
»
3"02
712.8
025
»
»
3" Il
714.0
005
»
»
3"27
713. G
610
»
»
4"17
716.7
577
»
»
5" 10
718.2
501
Ouad Talta.
»
»
9“
très pur.
0
»
28
2" M
léger1 nébuleux.
8
-
»
7h
716.7
570
nébuleux.
10
Aqqa.
»
»
8"02
718.2
555
»
»
8"50
720.5
524
•
»
11 "4.3
716.5
573
nébuleux.
10
»
»
1" S
720
530
nébuleux.
10
2"02
717.8
501
! Ouad Tatta, au même point
que hier.
Tatta (Tintazart; mellali;
1" étage).
.
5"ss
711.1
025
nébuleux.
10
»
K
9h
712
n
assez nébuleux.
0
»
20
7" M
712.8
»
assez nébuleux.
3
»
0
10"
713.7
»
assez nébuleux.
7
»
1)
1" S
712.7
»
20° 4
nébuleux.
10
»
»
5ll
712.8
»
nébuleux.
8
■
»
0"
714
.
pur.
0
»
3n
nuit.
»
11»5 Min.
»
»
7" M
715.3
»
1 4°7
pur.
S
»
»
1h S
714.6
»
20°4
pur.
3
.
•
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713.5
»
18°6
pur.
3
»
•
9“
714.3
•
pur.
1
•
1 Décembre
nuit.
»
0° Min.
■
»
7" M
715.0
»
10 2
pur.
0
»
»
1» S
714.2
»
22°
très pur.
0
■
»
fi"
713.7
»
très pur.
0
2
nuit.
»
8"7 Min.
»
»
7" M
712
»
10"
assez pur.
0
»
1" S
708.3
n
assez nébuleux.
0
»
5 ii
700.8
»
assez nébuleux.
2
3
7" M
711.0
.
assez nébuleux.
0
»
1" S
710.7
•
assez pur.
0
•
713.8
•
assez pur.
0
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
435
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÊTRIQUES.
CIEL.
m
w
0
<1
«
OBSERVATIONS.
Tatta (Tintazart ; mellal);
1er étage) (suite).
4 Déc. 1883
7" M
715.8
0-25"'
assez pur.
0
N
»
1“ S
713.9
»
pur.
0
1 »
»
5»
714.4
pur.
0
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5
7" M
713.9
»
pur.
0
*
»
1" S
713.4
»
très pur.
0
»
»
5“
71-2.8
•
très pur.
0
*
6
7 11 M
71-2.8
»
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très pur.
0
»
»
101'
71-2
»
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0
1
»
1" S
711.8
»
19°5
assez nébuleux.
10
■
■
5"
711
.
nébuleux.
10
■
7" M
709.7
«
9°5
assez pur.
0
l *
•
11"
708.7
•
légèr' nébuleux.
1
»
•
1" S
706.5
»
pur.
0
»
5"
700.3
-
pur.
0
»
8
7“ M
»
nébuleux.
9
»
»
!" S
705
»
nébuleux.
9
»
»
5"
»
assez pur.
0
-
9
7" M
712.7
»
pur.
0
•
10"
71-2. -2
»
1 1"8
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0
-
1" S
711.-2
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0
*
3"
710. \
»
pur.
0
Tatta (Toug er Kilt ; l01, étage).
-
4**12"i
707
665
»
6“
*
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0
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7" M
71-2.3
»
assez nébuleux.
5
»
1" S
711.5
»
nébuleux.
9
•
5h
711.3
»
assez nébuleux.
6
»
9h
71-2. -2
.
nébuleux.
9
11
nuit.
»
7“ Min.
«
7" M
71-2.6
»
7°2
pur.
0
•
10"
713.8
»
n"
pur.
0
«
1" S
71-2.3
»
13°4
pur.
0
»
*
51.
71-2.1
»
l-2"7
pur.
0
»
»
9h
713.3
•
10"3
pur.
0
»
1-2
nuit.
»
7 “G Min.
7" M
714
»
8"
très pur.
0
»
11“
714.-2
»
13°
pur.
0
»
1" S
713
«
assez pur.
3
•
5"
71-2.3
13"3
assez pur.
3
0"
713
»
assez nébuleux.
8
13
nuit.
»
9°5 Min.
-
7" M
713.3
»
9°9
assez pur.
6
»
10"
714.3
»
13°4
léger' nébuleux.
3
»
1" S
71-2.4
»
15°4
assez nébuleux.
7
-
5"
711.5
13°4
nébuleux.
8
«
9“
71-2. -2
1 1°8
assez nébuleux.
\
14
nuit.
10»4 Min.
•
7" M
7 1-2. -2
U"8
nébuleux.
10
•
10"
713. -2
1 4°7
nébuleux.
10
»
1" S
711.5
10"2
nébuleux.
10
»
711.7
nébuleux.
10
•
»
9“
71-2. -2
15°
nébuleux.
10
15
nuit.
»
11" Min.
*
-
7" M
71-2.3
1-2°
nébuleux.
10
•
1“ S
711.3
18'»
nébuleux.
10
•
5"
71-2.1
M
10"4
nébuleux.
10
10
nuit.
•
1-2» Min.
»
7" M
710. 1
■
13»
nébuleux.
10
.
10"
710.3
1 8°-2
assez nébuleux.
10
»
1" S
708
-20
assez nébuleux.
10
>
5"
707
18"
assez nébuleux.
10
I
liKCONNAISSANCE AU MAROC.
436
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
Tatta (Toug er Rih; 1er étage)
(suite).
17
Déc. 1883
7 h
M
703
665m
nébuleux.
10
De Tatta à Tisint.
»
7"53'“
700.7
047
»
»
8 "20
704
082
»
»
9" 10
702.7
695
•
■
11"13
697
767
•
»
12"22
S
092.0
813
»
*
12"33
090.3
8 44
»
18
12"30
S
693.7
720
*
•
2"03
097.3
674
»
»
9"
697.4
»
12°
très nébuleux.
10
Tisint (Agadir; 1er étage).
19
11 "30
M
703.3
014
»
»
1"
S
703.4
1)
-12°5
nébuleux.
7
•
■
3"
704.3
«
10"8
assez pur.
2
»
«
9"
703.3
»
pur.
0
»
20
nuit.
»
5°6
Min.
»
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7"
M
706.0
»
6°
pur.
2
■
»
10"
700.3
•
11°6
pur.
3
»
»
1Ü
S
703.4
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13°1
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5
»
»
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703.9
»
11°S
pur.
3
»
21
nuit.
»
6°6
Min.
■
»
7"
M
707.3
»
6° 7
très pur.
0
»
»
10"
708.7
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très pur.
2
»
»
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s
707.5
>*
13°4
pur.
8
»
>
5"
707.2
»
12"8
pur.
3
-
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nuit.
»
8°
Min.
•
»
7"
M
709.2
•
8-0
légèr1 nébuleux.
6
»
«
1"
s
709
»
13°3
assez pur.
6
»
»
3"
711.1
»
12*5
pur.
3
-
23
nuit.
»
8°
Min.
-
»
7"
M
711.2
•
8"5
très pur.
0.5
»
»
10"
712.7
»
11 <'5
pur.
4
•
-
1"
S
711.4
»
14°3
pur.
2
*
»
3"
711.9
14°4
assez pur.
9
•
nuit.
»
9°
Min.
»
»
7h
M
713.9
>»
9"8
assez pur.
2
»
10"
714.1
•
13°2
légèr1 nébuleux.
7
»
»
1"
S
712.7
»
15°8
assez nébuleux.
9
»
»
5"
712.8
»
15°5
assez nébuleux.
8
»
»
9"
713.6
»
assez nébuleux.
9
-
23
nuit.
»
9°6
Min.
»
»
7 u
M
713.3
»
10°5
pur.
3
-
»
n"
713.5
»
15°3
très pur.
1
»
»
<£h
s
744.6
»
15°7
très pur.
2
»
»
5h
714.7
»
15°2
très pur.
2
»
»
u"
715
»
très pur.
0
»
2 6
7 11
M
710.8
»
très pur.
0
De Tisint à Mrimima.
»
9"30
718
600
•
»
10"02
719.4
584
■
»
11 "22
718.8
598
.
.
12"10
s
719.7
584
»
»
12"18
716.9
621
»
»
12"33
710
704
»
»
12"32
721.4
563
Mrimima (rez-de-chaussée).
■
2"03
722.3
508
très pur.
0
»
27
7"
M
723
»
très pur
0
OBSERVATIONS.
Ligne de partage des eaux
(passée déjà le 18 Novembre).
Col Aqqa Izen (passé déjà
le 18 Novembre).
Qaçba el Djoua. Une pluie fine
tombe sans cesse depuis 8" M
Tril. La pluie fine continue
jusqu’à 2" S; à 2", elle se
change en pluie abondante.
Même lieu.
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1881.
137
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERHOHÉTIi IQUES .
CIEL.
NUAGES.
27 Déc. 1883
lh S
722.1
508“
très pur.
0
•
5h
721
»
très pur.
0
»
9"
721.2
»
très pur.
0
28
7» M
721.9
.
très pur
0
»
1" S
720.9
»
assez pur.
0
*
fi»
721.2
»
assez pur.
3
29
7» M
722.2
.
assez pur.
9
»
1» S
720.3
assez pur.
7
»
fi»
720.2
»
légèr* nébuleux.
9
»
9»
720.9
»
pur.
0
30
7» M
720.4
»
très pur.
0
»
10»
721 .3
très pur.
0
»
1» S
718.8
••
pur.
0
»
fi»
718.3
»
assez pur.
9
31
7» M
721.3
»
assez nébuleux.
9
.
1» S
720.5
»
assez nébuleux.
10
•
5h
721.0
”
nébuleux.
10
1 Janv. 1884
7» M
723.9
■
assez pur.
9
a
10»
724.1
a
très pur.
0
»
1» S
722.8
»
très pur:
0
.
5“
722.5
-
très pur.
0
'i
7» M
725
»
assez pur.
7
»
1» S
723.3
»
pur.
0
fi»
722.9
»
pur.
0
3
7» M
723.8
»
pur.
0
10»
723.3
»
assez pur.
5
»
1» S
722.2
■
pur.
3
fi»
722.2
»
18°7
pur.
1
\
8» M
724.2
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11°
assez pur.
8
2»15™ S
713.7
014
O'1
715.3
»
pur.
0
\\
7» M
»
très pur.
0
1» S
-
pur.
4
11»
716.4
»
assez nébuleux.
9
o
7» I\1
719
nébuleux.
10
1» S
710
légèr1 nébuleux.
8
fi»
716.7
»
17°1
nébuleux.
10
9»
717
»
nébuleux.
10
7
7» M
710.7
-
assez pur.
5
»
1» S
715.7
»
17»
assez pur.
8
.
JJIl
715.4
.
16»5
assez pur.
10
8
8» M
710.9
-
assez pur.
4
1“ S
715
.
18»
pur.
2
fi»
714.8
»
17°
pur.
0
10»
715.4
-
assez nébuleux.
9
9
nuit.
»
il» Min.
8» M
710
»
11°9
nébuleux.
10
1» S
715.2
17°
assez nébuleux.
10
■
5"
714.7
■
15“8
nébuleux.
10
9»
10»
10
7» M
nébuleux.
10
# •
9»
nébuleux.
10
NOMS DES LIEUX.
Miïmima
(suite).
(rez-de-chaussée)
Tisint (Agadir; 1
ez-de-chaussée).
De Tisint à Alikouralicn.
OBSERVATIONS.
^ Quelques gouttes de pluie
f tombent depuis midi 1/2.
| Pluie violente depuis 2» S.
, La pluie a duré toute la soirée
' d’hier et toute la nuit jusqu’à
/ 0" 1/2 M.
Une pluie fine commence et
dure jusqu’à 10“ S.
La pluie fine se change en
pluie violente, qui dure jus¬
qu’à 3" M.
La pluie, qui avaitccssé depuis
3h M, reprend, mais légère.
La pluie cesse.
438
RECONNAISSANCE AU MAROC.
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THER5IOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
DeTisintà Alikouralien (suite).
10 Janv. 1881
1"
s
assez pur.
3
»
»
5h
assez pur.
0
!
»
7h
assez pur.
0
Tarla.
*
11
9h
M
712.7
675*»
légèr1 nébuleux.
10
id.
-
*
1“
S
710.1
»
assez pur.
0
Id.
■
■
k h
710.7
.
pur.
0
Id.
»
1-2
8"
M
712.5
»
très pur.
0
Id.
»
-
1"
S
711.7
»
pur.
0
Id.
»
»
5"
711.4
»
pur.
5
Kl.
«
»
7 '‘30™
711.3
»
Id.
»
»
9"55
709
700
très pur.
0
»
«
10"50
704.5
742
»
13
12"
M
093.8
874
»
12"20
695
862
»
»
1»
692.2
897
»
»
l'-OO
091.3
907
»
**
1"35
093.0
871
»
»
2"25
695
803
»
»
6h55
689.8
923
»
»
7h
très pur.
0
»
»
8"20
081
1.040
Lieu d’une halte.
»
»
12" 15
S
679.8
»
très pur.
0
51ême lieu.
»
«
1"
681
1.034
-
»
2h25
059.2
1 .319
»
»
3"20
008.8
1 .182
:
»
4"25
670
1.094
»
*
4"37
676
1.094
»
•
5"30
682
1.021
très pur.
0
»
»
0"50
680
1.043
Tizgi Ida ou Baloul.
»
14
9“
M
681 .2
»
9°
très pur.
0
Id.
»
-
1“
s
079.8
»
13”4
très pur.
0
Id.
*
»
5"
079.3
»
12°
très pur.
0
Id.
*
13
7"
M
680.2
»
5°6
assez pur.
9
Id.
-
»
10"20
681.2
1 .070
»
»
l"-25
S
008
1 .230
!
»
3"25
654
1 . 400
,
>*
3h43
650
1 . 448
Tidgar.
i
"
5h
»
pur.
3
Id.
»
10
7"
51
649.9
»
pur.
1
Id.
•
*
10"
617 3
1.873
•
»
10"30
621
1.833
»
»
H "55
021 . 1
1.819
•>
»
12 "20
S
618.9
1.860
>
*
12"46
644.7
1.912
très pur.
0
“
1"52
625
1 .772
-
»
3"03
634.9
1.037
»
>•
3"32
038.2
1 .580
Azararad.
•
*
5h
»
très pur.
0
Id.
»
17
7"
51
639.4
»
4°6
très pur.
0
Id.
»
»
8"10
640.5
1.543
•
•
8"3’>
645
1 . 194
-
8"43
643
1.510
.
»
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884. 439
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Afikourahen (rr étage) (suite).
18 Janv. 1881
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•
8"3 Min
RECONNAISSANCE AU MAROC
440
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
HAUTEURS
THERMOMÉTRIQUES.
CIEL.
NUAGES.
OBSERVATIONS.
Mogador(l" étage) (suite).
30 Janv. 1884
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OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES AU MAROC EN 1883-1884.
441
NOMS DES LIEUX.
DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
ALTITUDES.
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matinée.
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DATES.
HEURES.
HAUTEURS
BAROMÉTRIQUES.
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ALTITUDES.
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HAUTEURS
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KICCONN MSSWi: VI M\l(Of
NOTE
SUR L K S M YTÉR1AUX QUI OU SERVI A DRESSER L'ITINÉRAIRE
DU VOYAGE.
Les matériaux qui oui servi à tracer l'itinéraire de mon voyage sont :
1" Les positions de Tanger, d’Agadir Irir et de Mogador, données par les cartes marines; la position
d'Ll Orar, déterminée astronomiquement par M M. François et de La Porte ; la position de Fàs, déterminée
astronomiquement par Ali Bey et vérifiée par MM. François et de La Porte ; la position d’Oudjda, fournie
par la carte de l'Algérie dressée en France, en 187(1, au Dépôt de la Guerre; la longitude de Tétouan,
donnée par Tofina.
2° Les points dont j’ai moi-même déterminé astronomiquement les positions, savoir :
En latitude et en longitude : Zaouïa Sidi Reliai, Tagmout (Glaoua), Tikirt, Tazenakhl, Agadir Tisint,
Tintazart, Afikourahen , Tamnougalt, Taourirt (Todra), Gelmima, Ocira el lhoud (Tiallalin), Qaçba el
Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa). En latitude : Tétouan, Tâza, Mader Soultân, Outat Oulad el Hadj. En
longitude : Sfrou et Demnât.
3° Mon cheminement et mes tours d’horizon faits à la boussole. (Tout mon itinéraire a été relevé à
la boussole.)
Sur deux points, je suis en désaccord avec les observations faites avant moi. Je n'admets ni la latitude
de Tétouan proposée par Tofina, ni la position de Tâza donnée par Ali Bey.
J’adopte pour Tétouan la latitude fournie par mes observations astronomiques, latitude qui concorde
avec mon levé à la boussole et avec ceux de M. Tissot.
Pour Tâza, la longitude déterminée astronomiquement par Ali Bey place, selon moi, la ville trop à
l’est; elle la met à une distance de Fàs qui me parait exagérée et inadmissible. L’erreur me sembla évi¬
dente dès mon arrivée à Tâza; j’y pris plusieurs angles horaires du soleil, dans l’espoir de la corriger;
malheureusement, des arrêts du chronomètre rendirent ces observations inutiles. De retour, la construc¬
tion de mon itinéraire montra que je ne m’étais pas trompé : Tâza d’Ali Bey était trop vers l’est ; jamais,
placée ainsi, je n’eusse pu y parvenir dans le temps que je mis. En relisant Ali Bey, je vis que sa lon¬
gitude avait été observée dans des conditions peu favorables, le même jour qu’une latitude où il recon¬
nut dans la suite une erreur de 2F. En outre, l’erreur (pie je crois exister dans la longitude de Tâza a
été trouvée, égale et de même sens, dans celle d’Oudjda, qu’Ali Bey détermina quelques jours plus lard.
Je rejette donc cette longitude et j’adopte provisoirement celle que fournit mon levé.
Ali Bey détermina aussi la latitude de Tâza. 11 y fit, à peu de distance, deux observations qui présen¬
tent un écart de 2F. Cette différence jette des doutes sur leur exactitude. J'ai pris à Tâza plusieurs
hauteurs de l’étoile polaire; les résultats qu’elles ont fournis concordent entre eux et avec mon itinéraire
à la boussole. J’adopte comme latitude celle qui ressort de mes observations astronomiques.
INDEX
DES NOMS GÉOGRAPHIQUES
CONTENUS
DANS LE VOLUME ET DANS
L’ATLAS.
Aachoun. 278.
A ban. 324.
Abernous. 288. 290.
Achahod. 277.
Achakski. 320.
Achil Sidi Bou labia. 274.
Achlach.
Achoul Sidi Bou Iaqob. 359.
Adaha. 278.
Aderbaz. 291.
Aderdour (Ida ou Gemmed). 330. 332. .333.
402. !
(Ilalen).
(Imadiden). 329.
Adis (kbeneg). 143. 143. 147. 158. 310.311.
(qçar). 128. 143. 144. 143. 310. 311.
320. 338. 133.
Admcr. 243. 373. 370. 384.
Adnan. 199. 200.
Adouz (Ait Ououlouz). 330.
(Houara).
(Ouneïn). 335. 3.37. 402.
Adrar (oasis du Saliel méridional). 154. 150.
340.
Adrar n Deren. 9.3. 90. 98. 323.
n Iri. 82. 83. 84.
Adreg. 108. 281. 284.
Adres. 304.
Adrer. 320.
Afanour. 353.
Afclilou. 370.
Afella n Asif Vit Ouarrda). 281 .
n Asif (Mezgita). 287.
n Dra. 211. 280. 284. 287.
Cartes.
7. 8
13.
14.
11. 12.
III.
10.
10.
12.
s.
10.
A
■ | Carte
Afella I fri (désert). 277.
Isli. 278. 402.
\fikouraben. 120. 179. 180. 181. 185. 340.
341. 411. 412. 415. 437. 438. 439. 450. J II. 12
Afra (Ilalen). 180. 340. 11. 12
(Mezgita). 21 1 .
(Tatta). 144. 145. 309. 310. 311. 338.
Fouqania. 144. 309.
Oulad es Soultàn. 291. 292.
Aftis. ; 17.
Agadir n Abbou. 332.
Afra. 309.
Ait llaseïn. 331.
Ait Teççaout. 337.
Aqqa Iren. 200.
el Bour. 331*.
Djedid. 328.
el llena. 309.
Iberqaqen Fouqani. 178.314. | 11.
Iberqaqen Tabtani. 31 4. ! II.
n Iblaz. 330. 334.
Ida ou Ska. j 11.
Irir. 22. 28. 99. 100. 120. 179. 184.
185. 293. 339. 340. 401. 450.
n Ousekti. 330.
( )uzrou. 120. 151 . 313.
er Remel. 331 . .332.
Sidi El Hoseïn. 342. 34.3.
Tisint. 117.
120. 121.
120. 127. 128.
134.
137. 158.
159. 105. 171.
200.
201. 202.
203. 300. 300.
307.
310. .315.
316. 317. 318.
320.
343. 410.
41 1. 413. 415.
432. 430.
417. 143.450
12. 21
10.
9. 21.
RECONNAISSANCE AC MAROC.
#
î.y>
Agadir Zagmouzen. A.' 7.
Agaouz (Ouad Tifnout.). 322.
(Qcar es Souq). 331.
Agdal. 282.
Agdour (Aït Marlif). 279.
(Ida ou Gemmed). 330.
Kik. 337.
Agdz (Mezgîta). 212. 284. 285. 287. 288. 291.
403.
(Seketâna). 329.
Aït ou Asrar. 322.
Igouramen. 322.
Agedal. 331. 402.
Agellouz. 310.
Agelmim. 282.
Agendi. 325.
Agent. 300. 304.
Agerd (Aït Ououlouz). 330.
(Tamanart). 310. 317. 403.
(zaouïa). 275.
Aït Zaïneb. 273.
n Oudrer. 320.
n Ougadir. 321. 322. 32.3.
n Oulili. 306.
Oumerri. 273.
n Ouzrou. 200. 201. 207.
n Zarar. 325.
Agergour. 337.
Agersaf. 335.
Agersif. 308. 309. 372. 370. 379. 385. 390.
391.
Agerzaggen. 309. 31 0.
Agilan. 277.
Aginan (district). 305. 300. 320.
(Aït Zaïneb).
Agjgal. 311. 320.
Aglagal (Ouad Aoullous). 320. 330.
(Tattak 311.
Aglou. 344. 345.
Agmour. 304.
Agna.
Agni (Fezouata). 293.
(Id ou Illoun). 320.
(Ouad Agni). 114. 115. 127. 199.304
(col). 100. 1 14. 1 15. 110. 202. 282. 304
n Fad. 333. 334.
Agoubalou. 345.
Agoudal. 329.
Agouidir. 300. 309.
Agoundis. 323. 338.
Agouti. 275.
Agred. 302.
Agroud. ,301 .
Agrour. 292.
Abel Debdou. 249. 375.
Ed Doula. 33.
Cartes.
9.
S.
11.
9. 21.
9. 21.
Abel Ferkla. 350.
Kechchachâ v. Kechcliaclia.
El Mliamid. 302. 304.
el Ouad. 33.
Ouad Iserki. 276.
Rechida. 243. 375. 384. 385.
Refoula. 385.
Sabeq. 62.
Sous. 202.
Tahar. 33.
Tirnest. 384.
Zerberrachi. 262.
Ahouraïn. 261.
Ahansal. 200. 204. 267.
Ahouli. 360. 308. 382.
Aïgou. 310.
Aïlkemt. 27 1 .
Aïnach. 295. 304.
Aït Abbarioül. 304.
Abbes. 76. 260. 205. 401.
Abbou (Ouad Dâdes). 271.
(Seketâna). 329.
Aha. 350.
Alla. 277.
Allioun. 282.
Anter. 120. 151. 312.
Aqqo (Fezouata). 292.
Aqqo ou Ali. 21 1 . 271 .
Alla (fraction des Beràber). 09. 221 . 223.
224. 226. 269. 286. 293.
297. 298. 352. 357. 358.
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Atta (district de FOuad Dâdes). 208.
209.1
Alla d Ainalou. 49. 08. 09. 71. 72. 259.
200. 200. 401.1
Attou. 350.
Azouafid. 346.
\bd Allah (tribu du Sahel). 345.
(Aït Messat). 264. 205.
(Aït Seddràt). 21 1 . 288.
(llalen). 340. 341.
(Menâba).
(Ouad Iriri). 279.
ou Mliind. 334.
ou Mimoun. 290. 290.
A bd en Nour. 202.
Abd el Ouali (fraction). 262.
(village).
Alnl el Ouirt. 328.
Abd es Selam. 262.
Achcha. 355.
Aïach . 303. 377. 381. 382.
Aïad. 49. 73. 74. 265. 401.
Âïcht. 327. 329.
Aïssa (Aït Seddràt). 288.
0.
i.i.
15.
17.
7.
15.
0. 21.
17.
8. 15.
14.
14.
0.
0.
I N U i: X DES NOMS OKOCKAI'IIKJI'KS.
Aït. Aïssa i Aït Zaïneb). 27/. 402.
Cartes. I
S.
Aït Bazmad. 334.
(Menâba). 331. 332.
Bella. 346.
(Ouad Aït Messat). 260.
Ben Ali. 377.
(Ouad El Qabia). 301.
Mancour. 336.
(Tiouant). 378.
Nacer (Ferkla). 356.
Hou llamar. 363. 364. 365.
Nacer (Tatta). 310.
ou Ali. 365.
Ouedfel. 384.
ou Brahim (fraction des Aït Atta).
Saïd. 273.
292. 205. 363.
Bihi. 261.
ou Brahim (qçar). 295.
Blal. 238. 369. 379.
A la. 261.
Bou Allai. 270.
Ali (Aït b Ougemmez). 260.
Achra. 317. 345.
(Ilalen). 340. 341.
Amran (tribu). 342. 344.345.
(qaçba). 287.
8.
Amran (zaouïa). 216. 270.
Bou Mariera. 384.
Amran (zaouïa). 270.
ou Brahim. 363.
Bekr (Aït Semmeg). 335. 336.
ou Haseïn. 289.
Bekr (Aït Seri). 262.
ou labia. 270.
15.
Bekr (Dâdes. Aït llammou). 270.
ou lous. 282. 403.
Bekr (Dâdes. Arba Mia). 271.
ou Iqqo. 347. 348.
Bekr (Dâdes. Arba Mia). 271.
ou Selîman. 263.
Bekr (zaouïa). 270.
Alou ou Brahim. 262.
Daoud (fraction des Aït Atta). 267.
ou El Ilasen. 262.
295. 361. 363. 364.
Alouan. 201. 295. 297. 298. 363.
Daoud (Ilalen).
Amer (confédération). 91 . 106. 111. 114.
Daoud (Tazarin). 364.
280. 282. 303. 319. 403.
8. 0. 21 .
Delai. 268. 269. 274.
(tribu). 106.
Fedaïl. 120. 151. 312.
(fraction des Ait llediddou). 363.
llioualat. 346.
(fraction des Ilalia). 339.
13.
Harazen. 76. 265. 401.
(qçardesAït llediddou). 347. 34s.
Heddou. 270.
(Tiallalin). 350.
17.
labia (tribu). 167. 305. 306. 320.
ou Mancour. 363.
labia (Todra). 355.
Aouda. 349.
lazza. 334.
Arbi. 289.
Iousef. 270.
Arbi (qaçba). 288.
Izzem. .359.
Aritan. 355.
el Khial. 348.
Asem. 356.
Kbtir. 279.
Atab. 49. 73 . 74. 75. 90. 230. 260. 264.
Mariera. 384.
265. 267. 401.
6. 21.
Meshaoul. 273.
b ou Iknifen. 267 . 293. 294. 358. 362.
Mbind. 94. 278.
363. 364.
Ouchchaouen. 379. 384.
b Ougemmez. 76. 260. 261. 264. 401.
Oujjan. 355.
1/ Oulman (fraction des Aït ou Allai).
Oussaouen. 384.
363.
Ouzellif. 347. 1448.
(Aït Zaïneb). 277.
8.
Tahammart. 389.
(Dâdes). 270.
15.
Zid. 49. 69. 71. 72. 73. 74. 90. 260.
(Todra) . 355.
16.
427.
b Oumal. 270. 271.
15.
Boudder. 154.
b Ououlli. 76. 77. 260. 265. 267. 401 .
Boubou. 317. 345.
Ba Haman. 154.
Brahim (tribu du Sahel). 345.
Baddou. 85. 86. 278. 402. 429.
7.
(fraction des Ait llediddou).
Bah a. 355.
363.
Baba ou Bihi.
12.
(fraction des Qetaïa). 261.
Bakhous. 272.
(Aït b Ououlli). 401 .
Baroukh. 378.
(Ait Melrad). 359.
Barra. 355.
(Imiter). 358.
IIEGOXXAISSA.NGE AL' .MAIiOG.
Aït Brahim (Semgat). 359.
(Tiallalin). 350.
Caïb ou Otman. 355.
Caleh (subclivis. des Béni Zemmourj
261
(Tiallalin). 349. 350. 351. 352
353.354. 365. 368. 369. 370
371. 373. 3,74. 3,77. 378
(Todra). 355.
< ’heggout. 346.
Chergouout. 346.
< Ihiama.
Daoud (Aït Abd el Ouali). 262.
(Aït Ouirra). 262.
(Imerrân). 274.
ou Azzi. 358.
ou Bon Hïa. 263.
ou lousef. 263.
Del l ia. 329.
Djama. 334.
Djellal. 120. 151. 312.
Djemel. 346.
Ersal. 283.
El Feqih. 349.
Fers. 277.
El Fersi. 363.
Genad. 355.
Gendou. 273.
Gennoun. 364.
llani. 358.
llaroun (Dàdes). 270. 271.
Isaffen. 314.
llachchou. 223. 363.
el lladj El llasen. 290.
el lladj Saïd. 348.
llahou. 350.
Ilamed (Aït Bella). 346.
(Dàdes). 270.
i Ida ou Blal). 154.
(Ouad Imgoun). 275.
(Ounzin). 306.
ben Am ara.
ou Soliman, 377. 378.
Ilamid. .338.
Ilammi (Aït Seri). 262.
(Todra). 355.
llammou (Dàdes). 269. 270.
(Oulad labia du Dra). 206.
207. 284. 285. 304.
(Tiouant). 378.
Bel llasen. 384.
el lladj. 348.
ou Ali (Imerrân). 276.
ou Ali (Telouet). 278. 102.
ou Fekou. 273.
ou labia. 275.
17.
14.
10.
/.
s.
15.
11.
17.
16.
15.
i Aït llammou ou Maneour. 263.
ou Saïd (AïtSeddràt). 288. 289.
ou Saïd (Aït Seri). 263.
ou Saïd (Ouad Xezala). 232.
Harkat. 47.
Hart. 360.
Ilarz Allah. 154.
El llaseïn (Aït Djemel). 346.
Llaseïn (Aït Tserrouchen). 384.
El llaseïn (Ida ou Blal). 154.
(Dàdes). 270.
El llasen (Aït Djemel). 346.
(Aït labia). 271.
(Aït Seri). 262.
ou Ali. 355.
llasen ou Daoud,
el llazen. 196. 338.
Hebibi. 262.
Heddou (Assaka). 277.
(( )uad Béni Mesri). 365.
(Seketâna). 329.
ou Bel llasen. 384.
Hediddou (fraction des Aït Iafelman).
232. 347. 348. 358. 363.
(district). 347. 353.
lledin. 323.
llelli. 383.
Ijeqqou. 350.
Ilerbil (ld Brahim). 317. 345.
(Tamanart). 316. 317.
Iloseïn. 128. 144. .309. 320.
Iafelman. 220. 276. 347. .349. 352. 353.
3.)/. 362. 363. 3/ /. 381 . 384.
Iahi. 261.
labia (tribu). 327. 328. 334. 337. 402.
(fraction des Aït Iafelman). 353.
363. 381.
(Ouad Dàdes). 215. 216. 268. 269.
27 1 . 272. 275.
(Tiallalin). 350.
(Todra). 355. 358.
ou Aïs>sa. 365.
Ali. 276.
Khalifa (Tiallalin). 350.
Khalifa (Ziz). 348. 349.
Otman. 360.
Iasin (Aït Bella). 346.
(Tatta). 309. 310. 311. 320.
latin. 365.
Iaïcb. 259.
la la. 355.
laqob (Ouad Zaouïa Sidi llamza). 353.
354.
(Reris). 360.
laiioub (Aït Seri). 262.
lazza (fraction des Aït Al ta 1.357. 362. 363.
fartes-.
S.
17.
15.
16.
8. 15.
10. 14. 21.
6.
15. 21.
17.
16.
17.
INDEX DES NOMS CEUDIi AI’IIKJEES.
Vît lazza (fraction des Ait Hediddou). 303.
Cartes.
Aït Kharroub. 348.
Ichcho. 262.
Khebbach. 363.
Iferd. 325. 320.
Khebbas. 363.
Igmad. 271 .
15.
Kheddou. 262.
Iidir (fraction des Ait Seddràt). 286.
Khelfoun. 288. 266.
(Dàdes). 217. 218. 216. 205. 270.
Khelifa. 357. 363.
275. 301. 362. 304. 440.
15. 21.
Khelift. 205.
liggas, 164. 332. 333. 334.
14. 21.
Kliouzoud. 283.
ljja. 311.
Kbozman (qcar). 230. 346. 350.
Ijjou. 355.
(mont).
llloul. 317. 345.
El Khrodj. 287.
llougaïm. 341.
Leti. 323. 320. 402.
lmejjat. 310. 317. 342. 345.
Mafia. 262.
Imi. 66. 261. 277.
21.
Mançour. 305. 306.307.
Ioub (fraction des Ait Melrad). 363.
Maouus. 303.
(Menàba). 331. 334. 402.
Mar! if. 279. 280. 284. 326. 402.
(Semgat). 356.
El Mati. 46. 50. 56. 425.
Ioud. 270.
15.
Mazir. 264.
loudi. 262.
Mazzen. 401.
Ioul. 271.
15.
Mehelli. 266. 286.
lous. 334.
Mejjat. 340.
lousef ou Talil. 280.
Mekraz. 283.
loussa. 168.
Melekt. 288.
loussi (tribu). 10. 20. 21 . 38. 36. 02. 10! .
Melloul (Ouad Aït Tameldou). 324.
237. 205. 366. 307. 377. 378.
(Ouad Igemran). 325.
381. 382. 383. 387. 401.
18. 21 .
Melrad (fraction des Ait Iafelman). 220.
(monts). 36. 383.
4.
223. 224. 226. 266.
Iqqo (Ait Seri). 262.
276. 356. 357. 358.
(Ishil.ien). 272.
358. 361. 363.
Irmad d Imgoun. 275.
(district au-dessus du Semgat).
Irmor (fraction des Ait Tameldou). 323.
358.
(Ouad Aït Semgan). 283.
(district au-dessous du Semgat).
(Ouad Tifnout). 321. 326.
358. 359.
Isaffen. 313.
Meraou. 275.
Isfa ou Daoud. 351.
17.
Merras. 331.
Isfoui. 292. 358. 363.
Merset. 270. 361.
Isbaq (fraction des Ait Seddràt). 286.
Merrar. 275.
(Aït Messat). 260. 264. 265.
Mesaoud (Aït Bella). 340.
(Aït Seri). 203.
(Aït Seri). 262.
(qçar de l’Aït Seddràt). 388.
8. 15.
(Dàdes). 270.
Ismen. 355.
(Ouad lounil). 277.
Issoumour. 264. 260.
ou Ali. 383.
Izdeg. 227. 228. 232. 230. 237. 241 . 243.
Mesri (fraction des Ait Melrad). 303.
347. 346. 350. 351. 353. 354. 303.
(Ait Tameldou). 324.
304. 300. 369. 373. .370. 381. 382.
(Zenàga). 282. 283.336. 403.
385.
17.
Messat. 66. 76. 256. 260. 264. 265. 206.
Jellal (tribu). 60. 132. 144. 150. 162.
267 .
170. 172. 163. 169. 308. 306.
Mezal. 340. 341 .
311. 316. 338.
10. 21.
Mezber. 270.
(El Qcàbi. T al ta). 331 .
Mhammed (Aït Melrad). 303.
Jerrar. 345.
i fraction des Aït Seri) .
Kasi ou Ali. 270.
15.
(village des Aït Seri). 262.
Kedif. 280. 402.
263.
Kerkaït. 261.
(Ida ou Blal). 154.
Kctto. 360.
Mimoun.
Kratikhsen. 363.
El Miskin. 350.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
ï56
Aït Moha ou Ali. 351.
Mohammed (Aït Messat). ‘2li4. 207 .
(Imiter). 358. 15.
(Ouad Béni Mesri). 305.
(Todra). 223. 355. 357. 358.
359. 10.
(zaouïa) v. Cheurfa.
Mouch. 300.
Moult ou Iahia. 300.
Moulei Hamed. 221.358.
Mohammed. 351. J 17.
Mouloud. 48. 49. 425. 5.
Mousa. 261.
Mousa el Hadj. 14.
ou Ali (Aït Djemel). 340.
ou Ali (district du Ziz). 348.
ou Daoud (Id Brahim). 317. 345.
ou Daoud (Ouad Imgoun). 274.
Mousi. 154.
Mrabet. 301.
Msount. 323.
Nbdaz. 279.
Omar. 46. 48. 425.
Otman (tribu). 327. 328. 329. 336.402.!
(Aït Zeri). 290. 303. 304.
(El Kheneg). 348. 349.
351 . 354.
363. 365. 368.
369. 373.
374.
377. 378.
ou Mousa. 376. 377. 403.
Addar. 271 .
Adrim. 341.
Afella (tribu). 236. 237.
241. 366.
372. 373.
376. 381.
382.
Afella (qçar). 376. 382.
Ahman (Adis). 143. 310.
Ahman (Imerrân). 274.
Akeddir. 74. 75. 260. 400. 401. 427.
428.
Alil. 350. 353. 354. 365.
368. 370.
371. 377.
Allai (Aït Atta). 267. 363. 1
364.
(Dâdes). 269. 270.
(Ouad Msount). 323.
A lion. 353. 354.
Alman. 327.
Amoumen. 323.
An sera. 282.
Aoudanous. 7<s.
Azzou. 262.
u.
17. 21.
15.
17. 18.
10.
6.
17.
15.
/ .
llamidi. 106. 301.
Iahian. 378.
Innou. 350.
Iran (Aït ou Mribet). 152. 315.
(Tisint). 120. 121. 128.315. 320. 9.
Isaden. 350.
Curtep.
Aït ou Mribet. 91. 92. 135. 136. 17)0. 151.
152. 154. 167. 168. 172. 297.
298. 299. 313. 315. 316. 317.
320.344. 10.21.
Zgid. 279.
Ez Zin. 270. 403. 15.
Ouadaï. 317. 345.
Ouagrou. 313. 314.
Ouaham. 260. 261. 267.
Ouahi (Semgat). 359.
Ouahou (Ouad Amzarou) . 325.
Ouartasa. 325. 402.
Ouarrda. 281. 282. 336.
Ouasaou (désert). 332..
(Ida ou Gemmed). 330.
Ouassou. 340.
Ouazerf. 347.
Oubial. 106. 282. 327. 328. 336. 402.
Oudinar. 289.
Ouffi. 289.
Ougoudid. 264.
Ougrar. 263.
Ougzi. 288. 289.
Ouirra. 66. 262. 263.
Oujana. 154.
Oujjin.
Oulrass. 341. 342.
Oumazir. 277.
Oumbarek. 330. 331. 402.
Oumendil. 314. 315.
Ounbegi. 153. 363.
Ounir (fraction des Aït Atta). 361.
(Dâdes). 269. 270.
6. 21.
8. 15.
363.
Ououlouz. 330. 333. 334.
Ouriad. 260. 401.
Ourjedal. 222. 355. 403.
Oureld. 321.
Ousaden. 262.
Ousakki. 262.
O usai. 355.
Oussihi. 296.
Outfaou. 276.
Ouzana. 355.
Ouzanif. 106.
Ouzarar. 325.
Qaïd El Amer. 287.
El Qati. 355.
Qedni. 324.
Qlaa. 275.
Er Kami. 27 1 .
Ileba (Qtaoua). 294.
Kehou (Tinzoulin). 290.
Er Iiiban. 359.
Er Riili. 271 .
Iloba (Glaoua). 83.
Kohou (Imadiden). 329.
8. 15.
16.
15.
7.
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIQUES.
457
Ait Rohou (Seketàna proprement dits). 329.
Rouba. 259. 262.
El Rouadi. 66.
Sakt (fraction des Ait Seddràt). 289.
(qçar de l’Aït Seddràt). 288.
Saoun (Ouad Dàdes). 269.
(près du Mezgita). 284.
Sad. 327.
Saïd (fraction des Ait Seri). 66. 263.
(Ait Tserrouchen). 384.
(Chtouka). 182.
(Tazarin). 364.
(Ziz). 348.
(village des Ait Seri). 60. 66. 426.
ou El Hasen. 384.
ou Heddou. 348.
Seddràt (tribu). 24. 90. 92. 136. 164.
165. 211. 213. 214. 215.
216. 269. 286. 289. 293.
(district du Dra). 22. 210. 214.
216. 285. 286. 288.
289. 292. 403.
(district de l'O. Dàdes). 268. 269.
Segmounni. 355.
Seliman (tribu). 106. 326.
(Dàdes). 270.
(Ida ou Gemmed). 330.
(Semgat). 359.
Semgan (district). 106. 283.
(qçar). 284. 285. 295.
Semmeg (tribu. O'1 Ait Seinmeg). 140.
196. 319. 327. 328. 329.
334. 335.
(tribu. 0,lel Aindad). 334. 335.
402.
Senan. 355.
Seri (tribu). 21. 49. 52. 59. 65. 66. 69.
259. 262. 263. 264. 363. 400.
(village des Ait Atab).
Sidi Abd en Nebi. 297. 298.
Aïssa. 277.
Ali (Reris). 360.
(Tisint). 320.
ou Brahim. 47.
ou Haseïn. 260.
Amer (Reris). 360.
(Reris). .360.
El Bordad. 270.
El Houari. 356.
El iïoseïn(Tatta). 128.144. 309. 320.
(Zenâga). v. Sidi El llo-
seïn.
Mhind. 320.
Mohammed ou Iousef. 359.
Mouloud (Dàdes). 271.
(Mezgita). 287.
HIÏCONNUSSVNr.G VU MVROf..
Ait Sidi Msad. 364.
ou Brahim. 355.
Sin. 327. 328. 402.
Sin d Ait Otman. 327.
Skri. 321 . '
Slillo. 270.
Smaïn. 262.
Tagdourt. 279.
Tagella. 401 .
Taggant. 401 .
Tagmout. 312.
Taltmanart. 270.
Tameldou. 279. 321. 322. 323. 324. 325.
326. 327. 336. 402.
Tamzout. 260.
Tarat.
Tasouseklit. 175. 313. 314.
Tazarin. 271.
Tedrarin. 346.
Tedrart. 96. 282. 326. 336. 402.
Temouted. 269. 270.
Tiferrahin. 377.
Tigdi Oucbchen. 105. 106.281.283.303.
Tigga. 283.
Tikkert. 349.
Tizert. 313. 314.
Tots.
Touaïa. 95. 106. 279. 280. 402.
Touf el Azz. 340. 341.
Toufaout. 340. 341 .
Tougda. 325. 402.
Toumert. 274.
Touràst. 377.
Tsegrouchen. v. Ait Tserrouchen.
Tserrouchen. 21. 369. 373. 377. 381.
382. 383. 384. 387. 390.
Taleb. 301. 304.
Zaïa. 350.
Zaïneb. 81. 92. 93. 95. 106. 107. 110.
176. 277. 278. 279. 280. 327. 402.
Zakri (Todra).355.
Zanet. 273.
Zebbour. 348.
Zemroui. 223. 363.
Zeri. 210. 285. 286. 288. 289. 290. 292.
303. 403.
Zerrouq. 276.
Zilal. 355.
Zkri (ld Brahim). 317. 345.
Zouli (subdivision des Ait Seddràt). 269.
289.
(Tatta). 311. 320.
Akboub. 270.
Akchtim (Indaouzal). 334.
(Ouad Tasoukt). 325.
Akebab. 265. 381 .
58
Cartes.
6.
11. 12.21.
6.
8. 15. 21.
8. 15.21.
15.
6. 21.
6.
15.
15.
8. 15.
15.
15.
8. 21.
6.
8.
11.
17. 18. 21.
7. 8. 21.
458
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Akreïch. 337. 338.
Akhellouf. 28G. 290. 292. 296. 403.
Akherrou.
Akhmàs (tribu). 5. 6. 8. 9. 11.
Akhmâs (mont). 9. 11.
Akhsab. 369.
El Akhsas. 345.
Aldoun. 373.
Alemta. 296.
Alibou. 349.
Alla. 337.
Allegou. 329.
Almessa. 326.
Almid. 279.
Almis. 374. 384.
Alonzi. 260.
Alougoum. 106. 301. 302. 304. 403.
Amadar. 290. 296.
Amaliz. 328.
Amalou (Gers). 349.
(Indaouzal). 334.
Amami.
Amara. 106. 281.
Amara (désert).
Amari (Indaouzal). 334.
(Rhala). 331.
Amasin (Aït Ouarrda). 281.
(Ikhzama). 279. 326. 336. 402.
Amazzer (Ouad Maneour). 325.
Amazzer (Ouad El Qabia). 301.
Amdnar. 270.
Amdzgin. 302. 304.
Amellagou. 359.
Amenrirka. 295.
Amerdoul (Ouad Dâdes). 273.
(Ouad Dra). 290.
Aït Imi. 273.
Amerli. 330. 402.
Amerzeggan. 278.
El Amgar. 262.
Amhaouch (monts). 59. 66.
Ammeïn. 306. 328. 329. 338.
Amougger. 359.
Amsensa. 266.
Amsmiz (tribu). 401.
(village). 401.
Amtoz. 360.
Amtrous. 358.
Amzaourou (Ilalen). 340.
(Ouad Tizgi n Mousi). 324.
(Ouad Zagmouzen). 327.
(Todra). 355.
(Zgid). 301.
Amzarko. 321. 402.
Amzou (Houara). 191.
(El Kheneg). 351.
Amzou (Zgid). 301.
Amzoug (col). 99. 277.
(village). 196. 443.
Amzrou. 61. 292. 293. 403.
Anagam. 296.
Anamelloul. 31 1 .
Anamer (Ounzin). 306.
Anammer (Ouad Zagmouzen). 327.
Anbed (plaine). 217. 219. 221. 358. 361.
Anfergal. 353.
Anfoug. 211.
El Angab. 371 . 385.
Angad (plaine). 97. 253. 254. 256. 257. 368.
372. 379. 381. 385. 388 389. 390
(tribu). 253. 388.
Angalf. 283.
Angelz.277. 402.
Anisi. 203. 306.
Ankhessa. 278.
Anmid. 322.
Anmiter. 277.
Anoual . 373. 384. 390.
Anrouz. 325.
Anremer. 89. 95. 96. 277. 278.
Anrerif. 142. 31 1 . 320.
Ansegmir. 377.
Ansekki. 279.
An sera. 281.
Ansig. 303.
Anzi. 335.
Aoufelgach. 302.
Aoufour. 322.
Aouftout. 335.
Aougeddim. 330.
Aougeddimt. 338.
Aougelmim. 318.
Aouirst. 329.
El Aoulad. 263.
Aoullous. 326. 402.
Aoulouz. 330. 332. 333. 334. 335. 338. 402.
Aoumasin. 308.
Aoumselart. 330.
Aounkou. 278.
Aourir (Aït Ououlouz). 330. 333.
(Ida ou Gemmed). 330.
(Taderoucht). 359.
Aourz (Ida ou Gemmed). 330. 332.
(Ouarzazàt). 280.
Aouzrout. 326.
Aqdim. 347. 348.
Aqebt. 290. 296.
Aqqa (oasis). 22. 35. 100. 120. 121. 126.
135. 138. 145. 150. 151. 152.
158. 182. 193. 299. 301. 302.
308. 312. 313. 314. 320. 338.
403. 434.
Cartes.
17.
1. 21.
18.
18.
17.
8.
15.
6. 21.
11. 12.
16.
12.
Cartes.
21.
14.
15. 21.
20. 21.
20. 21.
9.
9. 21.
7.
10.
10. 21.
INDEX DES NOMS GEOli RA l’I HOUES.
459
Cartes.
Cortès
Aqqa (kheneg). 120. 151. 161. 312.
10.
Argemmi (Ouad Tlit). 302.
(col). 151.
10.
Argioun. 287. 296.
(Reris). 360.
Argoummi (Imskal). 306. 329. 402.
(Zgid). 301.
Aria ou Asif. 291 .
v. Triq Aqqa.
Oudrar. 292.
Ait Sidi. 1 17. 138. 299. 304. 305. 306.
Arled. 402.
307. 308.
9.
Armed Zagmouzen. 327.
Igiren. 139. 140. 141. 158. 299. 307.
Aroraï. 358. 359.
308. 309. 317. 320. 340.
10. 21.
Arbar (mont). 336.
Iren. 140. 199. 200. 201. 299. 305.
(qçar). 279.
306. 307. 308. 320.
9. 2).
Arlal. 300. 304.
Izen. 307. 310. 433. 436.
10.
Arlal Fouqani. 290.
Izen (kheneg).
10.
Arled Fouqani. 321. 323.
Izenqad. 143. 305. 310. 31 1. 320.
10.
Tahtani. 322.
ou Chaïb. 151.
10.
Asaou n Ougellid. 266.
Tizgi. 354.
Asaoun. 322.
Aran. 280.
Asareg. 321. 402.
Arazan. 332. 402.
Asbarou. 351.
17.
Arbalou (Mezgîta). 287.
Asdrem (désert). 283.
(Ouad Aït Tameldou). .324.
Kik. 337.
(Ouad Mançour). 325.
Asedmer. 328.
El Arba (Hallaf). 368. 385.
Asell. 278. 402.
Arba Mia. 91. 269. 270. 271.
15.
Asellim (Mezgîta). 273. 287. 403.
8.
El Arbaa (Doukkala). 401.
(Ouad Outat Ait Izdeg). 376. 377.
Arbaa Aït Abd Allah. 341.
Agdz. 287. 403.
8.
Ait Abd Allah ou Mhind. 334.
14.
Tahtani. 287.
Ait b Oumal. 271.
Asemlil Djedid. 300. 304.
Aït liggas.
14.
Qedîm. 300. 304.
Akhellouf. 292.
Asengar. 304.
Ammeïn. 306. 329. 338.
Aserif.
1. 21.
Amzrou. 293.
Aserrin. 270.
15.
Aoulouz. 334.
Asersa. 112. 282.
8. 9.
Bdaoua. 13.
1.
Aserts. 364.
Béni Qoulal. 381 .
Aserrar. 305.
Bou Harazen. 265.
Asfalou (Aït Zaïneb). 277.
8.
Doutourirt. 329.
(Todraj. 272 . 355. 356. 357 . 359.
llamerin. 191.
360. 361 . 362. 403.
Ikadousen. 75.
Asgig. 308.
10.
Imzour. 271.
15.
Asif Adrar n Iri.
7.
Mentaga. 335.
Aït Amer.
13. 21.
Ouaoula. 265.
Aït Bou Zoul.
13. 21.
Oulad Djema. 18.
2. 3.
Aït Mezal. 182. 340. 341.
11. 12.21
Tabaroucht. 265.
n llamerin. 190.
12. 21.
Taleouin. 114.
Ida ou Gelloul. 187.
13. 21.
ez Zemmour. 43.
el Mal. 401.
Areg (Ait Ouarrda). 281.
Marron. 58. 87. 88. 89. 93. 96. 277. 278.
(Telouet). 278.
279. 284.
7.8.21.
Bou Ajaj. 309.
Melloul. 348. 363.
Igni ii lmerraden. 306.
n Mousi.
9.
er Raoui. 153.
Oudad. 142. 158. 310. 311.
10.
Souir. 299. 309.
n Oumaï.
7.
Tamesraout.
9.
n Sous (fleuve). 329.
Aremd. 287. 296.
(district). 323.
Arf el Mamoun. 309.
Tamrakht. 185.
12. 21.
Arfaman (Ait labia). 327. 328. 334.
Zi mer. 326.
(Zagmouzen). 327. 402.
1
Asing. 358.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
4 GO
Cartes.
Cartes.
Askaoun (Ouad Aoullous). 326.
Atlas (Petit). 315. 316. 319. 328. 329. 333.
12. 14. 15.
(Ouad Tifnout). 321.
334. 337.338.340.341. 361.
21.
Asmerdan. 310.
Algérien. 28. 98.
Asouhad. 291.
Marocain. 28. 59. 98. 101. 102.
Asoul. 322.
Tunisien. 28. 98.
Asrir (Ferkla). 224. 356. .357. 403. 414. 446.
16. 21.
Atres. 282.
(Metrara). 352.
Atrs n Ouafil. 305.
9.
Ignaouen. 292.
Attara. 154.
llemsan. 291. 292. 293.
Azagour. 288.
Assa. 345.
Azarar Imi n Tels. 198. 199.
10.
Assaïn. 334. 402.
Sidi Mobammed ou Iaqob. 198.
Assaka (tribu du Sahel). 345.
Azararad. 178. 438.
11.
(Aït Oubial). 327.
Azbed. 276.
(Imerrân). 269. 273.
Azdad. 373. 384.
(Indaouzal). 330. 331.
Azdag. 216. 270. 271.
15.
(Ouad Aït Tigdi Ouchchen). 281.
Azdif. 1 13. 205. 283. 403.
9. 21.
282. 283.
8.
Azegga. 311.
(Ouad Amzarou). 325.
Azegza. 305.
(Ouad El Gloa). 300. 304.
Azemmour. 351 .
17.
(Ouad ldermi). 279.
Azerftin (kheneg). 151.310.
10.
(Ouad Iounil). 92. 95. 277. 280. 402.
7. 21.
Azgaour. 326.
Ourami. 278.
Azger Amrar.
8.
Astour. 291 . 292. 403.
Azgrouz. 338.
Atferkal. 264.
Azrar (tribu). 199. 311.
10. 14. 21.
Atlas. 21. 27. 28. 46. 50. 59. 60. 61. 62. 64.
(col). 100. 196. 197. 199. 308.
10. 21.
66. 71. 73. 74. 75. 76. 78. 86. 92. 97.
Azreg. 279.
98. 138. 188. 227. 234. 268. 335. 363.
Azrou (Imgoun). 275.
365.
(Qçar es Souq). 351 .
Atlas (Grand). 10. 24. 28. 62. 69. 70. 76.
(Todra). 355.
16.
77. 79. 80. 82. 84. 85. 87. 90.
Azzouz (ruines).
8.
93. 95. 96. 98. 99. 100. 102.
103. 112. 120. 126. 1.36. 138.
A
147. 177. 179. 183. 189. 190.
213. 214. 218. 219. 220. 221.
Ababsa. 261.
224. 225. 226. 228. 231. 233.
El Abbarat (mont). 231. 232.
17. 21.
239. 260. 261. 264. 268. 274.
(défilé). 231.232.
17.
275. 276. 277. 278. 319. 321.
Abbari (qçar). 354.
323. 333. 334. 335. 336. 337.
El Abbari (mont). 234. 354. 364.
21.
338. 347. 353. 358. 362. 365.
6. 7. 12. 14.
Adjib ech Cherif. 387.
372. 373. 376. 377. 378. 382.
15. 16. 17.
Moulei El Fedil. 46. 47.
5. 21.
383. 384. 389. 390. 401 .
18.21.
El Aïachi (mont). 99. 102. 231. 233. 234.
(Moyen). 28. 49 . 59. 62. 63. 64. 68.
239. 353. 376. 377. 381.
17. 21.
72. 75. 76. 79. 98. 99. 100.
Aïat. 373. 377. 384.
101 . 102. 179. 235. 238. 239.
El Aïn (Aït Amer). 114. 205.
9.
242. 246. 265. 372. 374. 377.
Ait Hamed. 282.
378. 38.3. 384.
6. 18. 19. 21.
Aïn Amezouar. 278.
(Petit). 28. 81. 82. 95. 96. 98. 100.
Asgig.
10.
101. 102. 106. 112. 114. 115.
el Asid. 331.
116. 117. 121. 126. 138. 140.
( 'haïr. 365. 390.
142. 144. 147. 148. 154. 156.
Chebar. 308.
166. 167. 177. 179. 183. 189.
Delai. 308.
192. 194. 195. 196. 197. 199.
el Eikroun.
1.
204.207. 211.213.218.219.
Gramo.
1.
220. 223. 225. 282. 285. 300.
Gramo.
1.
301. 302. 303. 306. 307. 308.
llammou. 251.
20.
309. 310.311.312. 313. 314.
8. 9. 10. 11.
el llasin.
1.
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIQUES.
Mil
El Aïn Igouramen. v. El Aïn (Aït Amer).
Aïn Imariren. 58. 187.
el Louh. 39. 265.
el Melhaï.
Oufra.
n Ougeïda. 331. 335. 402.
El Aïn Ounzin. 306.
Aïn es Seka. 308.
Skhoun.
Tib.
n Zeggert. 284.
El Aïoun (Ouinm el Bordj).
Aïoun Chikh Mohammed Aqqa Iren. 200.
el Djemaa.
Sidi Abd Allah ou Mhind. 160. 343.
Sidi Mellouk. 254. 255.
et Tin.
El Alam (mont). 9.
Ali d Ait El Hasen. 212. 445.
Ali Ait El Hasen ou Saïd. 273.
Ali ou Mousa. 303.
Alouana. 375. 376.
Amer ou Abd er Rahman. 291.
And Aït Mesaoud. 277.
And Imzilen. 323.
Aqba el Djemel. 18. 26. 27.
Izan.
el Kharroub. 68.
Aqoub es Soultân. 266.
Araben. 325. 327. 402.
El Araïcli (ville). 13. 15.
(province). 4. 13. 15.
Arib. 153. 154. 164. 167.297.298.
El Arich (forêt). 367.
El Aroumiat. 291. 292. 296. 403.
El Ârzan. 244. 369. 371. 374. 385.
A sara. 262.
Asasga. 261.
Atamna. 368. 376. 385.
El Azrar. 294.
Cartes.
10.
10.
9. 10.
14.
9.
4.
8. 15.
/.
4.
6.
18.
19. 21.
B
B Ougemmez. 76. 260. 261. 264. 401.
Bachkoum. 283. 284.
Bani.96 101. 102. 114. 115. 116. 117. 119.
120. 122. 123. 126. 135. 138.
139. 140. 141. 142. 143. 144.
146. 147. 151. 152. 154. 156.
160. 161. 167. 168. 171. 219.
285. 286. 294. 297. 300. 302.
303. 304. .305. 307. 308. .310.
311. 312. 313. 314. 315. 316.
317. 318.
Bardad. 367. 369.
Batnou. 364.
9. 10. 21.
Bdaoua. 13.
Bedaan. 277.
El Behalil (village). 20. 24. 37.
(mont). 20. 39.
Behenni. 154.
Beka Chikh en Nalir. 310.
Bel Lebhan. 299. 300.
Ben Abbou. 331. 332.
Dleïmi. 346. 402.
Sifer. v. Oulad Ben Sifer.
Béni Amir. 49. 259. 262.
Aoun. 262.
Aouzmer. 5.
Bataou. 261.
Bou Ili (fraction des Oulad el Hadi).
385.
(qçard'Outat Oulad el Hadj).
' 371.
Bou Iahi. 251. 386.
Bou labia (tribu). 386.
(monts). 251.
Bou Ialmied. 33.
Qitoun. 33.
Zeggou (tribu). 253. 254. 381 . 389.
(monts). 28. 101. 253.
372. 379. 381. 383.
388. 389.
Brahim. 263.
Chebel. 380. 381.
C'hegdal. 262.
F achat. 375.
Gil. 390.
Renaît. 294.
Hessousen. 47.
Haïoun (Dca). 294. 295. 403.
Haïoun (OuadChegg el Ard). 378. 379.
Hamed. 5.
Hasan (tribu du Rif). 5. 6. 10. II.
(monts). 4. 6. 7. 8. 9.
Hasen. 261.
Hassan (Ouad Chegg el Ard). 378. 379.
(mont). 383.
I ala (tribu). 254.
(monts). 254. 381 .
Iffous. 351 .
Imman. 263.
Iznàten (tribu). 25. 253. 255. 368. 372.
389.
(monts). 253. 257. 368. 372
381 . 388. 389
khallouf. 292.
Klielf. 261.
Khelften . 375. 376. 384.
Khîran. 49. 66. 261.
Mançour. 66. 261.
Matar. 380. 390.
Cartes.
1. 21.
7.
4.
4.
14.
1. 21.
20. 21.
20. 21.
1. 21.
1. 21.
17.
20.
20. 21.
402
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Béni Madan. 49. 262.
Cartes.
5. f>. 21.
Berâber. 362. 363. 365. 381. 382. 384. 399.
Mehelli. 352.
400.
Mellal (fraction des Béni Madan). 64.
Berachona. 261.
68. 70. 259. 262.
Beradia. 262.
(bourgade). 28. 38 . 57. 62. 63.
Beraksa. 66. 261 .
64. 66. 68. 69. 73. 100.
Berda. 277.
400. 401. 426. 427.
6. 21.
Ilerda (Ternata). 291 .
(qcar). 66.
Berrom. 376. 377.
(mont). 59. 69.
6. 21.
Bertat. 373.
Mesri. 365. 384.
Bettal. 283.
Mgild. 10. 21. 39. 44. 46.47.67. 101.
Bettal Aït Bou Daoud.
259. 265. 363. 366. 371.
Aït Saïd.
376. 381. 382 . 383. 401.
El Betha. 295.
Miskin. 49. 67. 259. 262.
Bezzaza. 262.
Mousa. 49. 58. 65. 66. 259. 260. 262.
Bezzou. 76. 260. 266. 401.
Mousi. 352.
Bibaouan. 99. 120.
Mtir (tribu). 47 . 67 . 381. 401.
3. 21.
Bin el Ouidan. 281 .
(monts). 20. 39.
3. 21.
Bir Chat. 291 .
Otman. 292.
el Ksa. 66.
Ouaraïn (tribu). 10. 20. 21. 33. 39.
Bitgan. 327.
372. 382. 383. 384. 387. 401.
21.
lilad Dra. 285.
(monts). 18. 36. 372. 379. 383.
Za. 252. 379.
3N7.
El Bordj (Ait labia). 353.
(Qçar es Souq). 351.
(Ait Melrad). 363.
Ouchgel. 375.
(Ait Tigdi Ouchchen). 104. 105.
Oujjan. 33.
106. 283.
Oujjin. 262.
(Menâba). 331.
Oukil. 254. 368. 369. 372. 376. 381.
(Mezgîta). 287.
385. 386.
(Taderouclit). 359. 360.
Ouriarel. 24.
Bou Arbaïn. 299. 308.
Qoulal (tribu). 380. 381.
Abd Allah. 299.
(qaçba). 379. 380. 381.
Aïach (Aït ou Afella). 373. 382.
Riis. 243. 245. 247. 248. 375. 376. 379.
(Ed Debdou). 375.
384. 385.
19.
Ajaj. 309.
Sbih. 294. 295. 403.
Aqba. 65. 260.
Semgin. 294.
Chaked. 311.
Snassen. 253. 389.
Chiba. 365.
Snous. 101.
Delai. 301.
Sqeten. 263.
el Djad. 19. 40. 42. 49. 50. 51. 52. 53.
Tzit. 365. 384. 403.
54. 55. 56. 57. 58. 63. 66. 77.
Zemmour (tribu). 47. 49. 56. 66. 90.
144. 166. 263. 265. 266. 293.
261. 263. 266.
5. 21.
343. 400. 401. 407. 408. 424.
(qcar). 50. 51. 52. 425.
5. 21.
425. 426.
Zerouâl. 5. 35.
Felfoul. 277. 284.
Zouli. 285. 290. 291. 292. 403.
Gir. 302.
Zrandil. 261 .
Halg. 299.
El Benian.
1.
Hallal.
lient en Nas. 144. 308.
10.
el Hanna. 341.
Berâber. 10. 21. 69. 90. 91. 92. 116. 121.
llarazen. 76. 265. 401.
124. 126. 132. 135. 1.36. 137.
Hennoun. 378.
134. 155. 156. 157. 159. 162.
Idiren. 350.
164. 167. 171. 201. 216. 221.
Igouldan. 279.
223. 224. 225. 226. 228. 256.
Iougi.
264. 266. 269. 276. 286. 289.
Iqba. 273.
292. 293. 294. 295. 297. 319.
Izri. 279.
352. .354. 355. 356. 359. 360.
Jejia. 370.
Cartes.
15.16.17.
7.
9.
9.
21.
20.
8. 21.
5. 21.
1.
17.
18
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIQUES.
R 13
Cartes.
Cartes.
Bou Kenzt. 240. 370. 447.
18.
Cheba. 351 .
17.
Khelal. 291 .
Chechaouen. 5. 6. 8. 9. 26. 31. 38. 64. 401.
Mazir. 335.
418. 419.
1. 21.
Mousi (qçar). 121. 303. 315. 316. 320.
9.
Chedja (tribu de la plaine d'Angad). 252.
(collines). 120. 160. 101.
9.
253. 254. 255. 257. 388. 390.
20. 21.
Nana. 290. 291.
(environs de Fâs). 24.
3.
Nou. 295.
Chegg el Ouad. 369.
17. 18.
Oudi. 310.
Chelkha Djedeïd. 299.
Oulga. 327.
Chemmaha. 15. 419.
2. 21.
Qandil. 230.
17.
Cheradna. 303.
er Rebia. 300. 304.
Cheraga. 5. 15.
2. 21.
Rejouan. 24.
Cherarda. 24.
3. 4.
Ri oui. 299.
Cheurfa Ait Bou Amran. 270.
Sellam. 373. 377.
Mohammed. 273.
Selman. 294. 295.
Taltmanart. 270.
15.
Seroual. 354.
17.
Aqqa. 360.
Taddout. 333.
El Bour. 273.
Terrar. 275.
lifar. 275.
Tizen. 305.
9.
Qouaret. 371.
Tizi. 324.
Taïrza. 356.
Tnefit. 360. 403.
Touggour. 371.
Zergan. 291. 296.
Chiadma (tribu). 188. 339.
Zeroual. 296.
(Mljamid el Rozlàn). 295.
Zmella. 376. 377. 403.
C-hikh Ait Oulcheger.
14.
Bouddeïr. 146. 308.
10.
Amerri. 313. 314.
Bouour. 330. 331. 332.
El Arabi ben Otman. 290. 303. 304.
El Bour (Ouad Béni Mesri). 365.
Ech Chaoui. 250. 252. 254. 380. 381.
20. 21.
(Ouad Ouizert).
18.
Kerroum.
14.
(zaouïa). 273.
Mohammed.
5.
Bousam. 350.
17.
Ould el Hadj lahia. 314.
11. 21.
Brànes (tribu). 387.
( houf Agmar. 364.
(mont). 387.
Cliqarna. 346.
Brasiin. 263.
Chraa. 261.
El Bridja. 239. 240. 244. 246. 367. 368. 369.
Chtouga. 259.
371. 372. 374. 376. 379. 382.
18. 21.
Chtouka. 22. 126. 177. 178. 179. 181. 182.
Briouga. 333.
183. 186. 188. 190. 193. 341. 343.
c
345. 346. 402.
12. 21.
Çahab el Erines. 235.
17.
D
el Geddim. 235.
17.
Dâdes. 22. 78. 91. 95. 99. 100. 101. 158.
Cedouqa. 349.
210. 211. 215. 216. 217 . 222. 223.
Cendouga. 295.
228. 229. 230. 260. 265. 268. 209.
Cenhadja (mont).
4. 21.
270. 271. 274. 361. 363. 399. 403.
15. 21.
Oull;ourri. 113.
Dar Aït lahia. 274.
Ceuta. 97.
Ait Moulei. 274.
Chaouïa. 24. 44. 49. 52. 259. 263.
Beïda. 19. 54. 56. 63.
Charet. 292.
Ben Dieïmi. 346. 402.
Chaanba. 153.
Ech Chaoui. 250. 252. 254. 380. 381.
20. 21.
Chaba Ait Bou Bekr.
15.
Chikh Amerri. 313. 314.
Moulei Bou Fers. 296.
Ech Chaoui. v. Dar Ech Chaoui.
laqob. 296.
El Gentafi. 323. 337. 338. 401.
Ouin s Tlit. 213.
8. 15.
El Glaoui. 85. 278.
Tizza.
18.
Hadj Abd el Malek. 186. 439. 442.
13.
Chat. 356.
Hadj El Arabi. 184.
12.
Chat. v. Bir Chat.
Ibrahim. 72. 427.
6.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
464
Dar Ijadiden.
Cartes.
13.
El Mrabtin. 338.
L) J
Ougadir. 321. 322. 323.
Ould Sidoïn. GG.
Djebaïr. 144. 155. 311.
el Qaïd (Haha).
13.
Djebel Achakski. 326.
(Telouet). 85. 278.
Agendi. 325.
Qaïd Hamada. 254.
Ait Ioussi. 39. 383.
Sidi Abd Allah. 184. 439.
12.
Aït Khozman.
Sidi labia. 442.
Ait Seri. 259.
Ez Zanifi. 10G.
Akhmâs. 9. 11.
Debaïa. 285. 28G. 297. 298.
Aldoun. 373.
Ed Debdou (district). 375. 403.
19. 21.
Alemta. 296.
Debdou (bourgade). 22. 28. 100. 241. 243.
Amhaouch. 59. 66.
244. 245. 24G. 247. 248.
Anfoug. 21 1 .
249. 250. 253. 255. 256.
Anisi. 203.
258. 269. 375. 37G. 379.
Anremer. 89. 95. 96. 277. 278.
380. 381. 384. 385. 38G.
Aougeddimt. 338.
390. 395. 401. 403. 447.
Aqqa Tizgi. 354.
448. 449.
19. 21.
Arbar. 336.
(mont). 100. 239. 243. 247. 251.
Asmerdan. 310.
257. 3G8. 372. 374. 375.
Azegga. 311.
379. 383 . 384 . 388 . 389.
el Abbarat. 231. 232.
390.
19. 21.
El Abbari. 234. 354. 364.
Debra. 401.
El Aïachi. 99. 102. 231. 233. 234.
Demnât (ville). 22. 28. 38. 64. 70. 76. 77.
239. 353. 376. 377. 381.
78. 79. 96. 100. 260. 261.
el Alain. 9.
265. 266. 267. 276. 401 . 408.
Bani. 96. 101. 102. 114. 115. 116.
415. 427. 428. 429. 450.
7. 21.
117. 119. 120. 122. 123. 126.
(province). 76. 77. 401.
7.
135. 138. 139. 140. 141. 142.
Desra. 401 .
143. 144. 146. 147. 151. 152.
Dir (Menâba). 331.
154. 156. 160. 161. 167. 168.
Dir (Tidili). 278. 402..
171. 285. 286. 294. 297. 300.
Dou Ougadir. 321. 322. 323. 338.
302. 303. 304. 305. 307. 308.
Ouzrou. 327.
310. 311. 312. 313. 314. 315.
Ouzrou Zouggar. 333. 334.
316. 317. 318.
Douar (Gers). 349.
El Behalil. 20. 39.
Oumbarek ou Dehen. 189. 193. 194.
Béni Bou Iahi. 251 .
443.
14.
Bon Zeggou. 28. 101. 253. 372.
Sidi Abd Allah. 101.
379. 381 . 383. 388. 389.
Doui Blal. 152. 153. 154. 155.
Hasan. 4. 6. 7. 8. 9.
Mnia (tribu du Dahra). 136.
Hassan. 383.
Mnia (environs de Fâs). 24.
•>
O,
Iala. 254. 381.
Ed Douirat. 285. 290. 296.
Iznâten. 253. 257. 368. 372.
Doukkala. 43. 259. 401.
381 . 388. 389.
Doutourirt (Aginan). 305.
Mellal. 59. 69.
(Aït Semmeg). 328. 329.
Mtir. 20. 39.
Dra (contrée). 22.35.69.81. 109. 121. 123.
Ouaraïn. 18. 36. 372. 379. 387.
162. 164. 166. 167. 168. 169.
Snous. 101.
201. 202. 206. 207. 210. 211.
Bou Qandil. 230.
214. 216. 220. 222. 224. 225.
Bran es. 387.
281. 285. 286. 289. 293. 295.
Cenhadja.
297. 298. 303. 304. 343. 362.
Chouf Agmar. 364.
363. 364.
Debdou. 100. 239. 243. 247. 251 . 257.
(village du Demnât).
7.
368. 372. ::74. 375. 379. 383.
Draoua. 88. 286.
384. 388. 389. 390.
el Feggouçat. 120. 160. 161.
Cartes.
10.
4.
17.
6. 21.
9. 21.
17. 21.
21.
17. 21.
9. 10. 21.
4.
20. 21.
1. 21.
20. 21
0. 21.
21.
17.
4. 21.
19.
9.
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIQUES.
Mi
Cartes.
Cartes.
Djebel Gebgeb. 17. 18. 20. 30.
3. 4. 21.
Djebel Tirnest. 383.
Gelez. 2bl . 372. 386.
Titouga. 336.
Gers. 230. 231.
17.
Tselfat. 16.
2. 21.
Gezennaïa. 386.
T soûl.
4. 21.
Gir. 377.
Tsouqt. 99. 100. 235. 383.
18. 21.
Hamsaïlikh. 120. 160. 161.300.
9.
Zalar. 18. 20. 37. 39.
3. 4. 21
Heçai’a. 48. 50. 51.
5.
Zekkara. 28. 101. 253. 257. 372. 381 .
Heddi. 336.
383. 388. 389.
20. 21.
Ida ou Ziqi. 120. 177.
21.
Zerhoun. 18. 21. 24. 25. 26. 38. 39.
Idikel. 323.
40. 47.
3. 21.
Iklif n Irir. 377.
Djedân. 154.
Kebdana. 368. 372. .386.
Djedida. 188.
Kisan. 209. 212. 296.
8. 15.
Djemaaa Kntifa. 76. 265. 266. 401. 428.
7. 21.
Kourt. 15.
2. 21.
Djema (Mader Ida ou Blal). 299.
Megzer.
1.
Djemaa Amerri. 313. 314.
Mergesboum. 101. 249. 251. 252.
Amzou. 191.
253.372.379. 381. 388.
20. 21.
llouara.
12.
Metalsa. 386.
Ida ou Genadif. 341 .
Mezedjel. 8. 9.
1.
Izalaren. 313.
Mheïjiba. 160. 101. 164. 166. 208.
Oulad Hamid. 385.
300.
9.
Oulad labia.
14.
Miltsin. 99.
Tinzert. 3.34.
14.
Ouichdan. 338.
Tisergat. 292.
Oulad Aïssa. 16.
2
Djemoua. 263.
Ali. 99. 100. 235. 239. 240.
Djerada ech Cheurfa.
14.
246. 383.
21.
El Djerf. 357.
Amer. 379. 380. 381 . 388. 389.
Djerf el Hammam. 310.
Bou Zian.
4.
el Hadj. 383.
I)
Oumm Djeniba. 383.
Ounila. 95.
21.
Dalir er Ramka. 153.
Outita. 39. 40.
3. 21.
Dahra. 28. 99. 100. 147. 253. 372. 373. 378.
Qelaïa. 386. 390.
379. 380. 383. 384. 385. 388 . 389. 390.
Reggou. 100. 246.
21.
Daïa Ifrah. 383.
Riata. 18. 27. 28. 29. 31. 33.30. 101.
102. 251. 368. 372.
E
379. 383. 380. 387.
4. 21.
Saksad. 323.
El Elf. 263.
Sarsar. 13. 15.
1. 21.
Emmigerdan.
10.
Sarro. 100. 211. 212. 213. 214. 215.
Entifa. 49. 75. 76. 77. 230. 260. 264. 265.
217. 218. 219. 220. 223.
266. 401.
6. 7. 21
227. 267. 269. 276. 289.
Entrit. 373. 382.
296. 361. 364.
8. 15. 16.21.
Enzel (Glaoua). 80. 82. 83. 401. 428.
7. 21.
Siroua. 95. 96. 102. 108. 112. 204.
(Ouad Asdrem). 283. 403.
279. 281. 282. 283. 326.
Erhal (Aqqa). 120. 151. 312.
10.
327.
21.
(Ouad el Feïja). 303.
Taïmzour. 114. 115. 116. 117. 137.
Erzagna. 331.
139. 147. 161. 318.
9.
Eufriiu. 310. 31 1 .
10.
Tamatout. 267.
Tarkeddit. 274.
F
Tefraout.
7.
Terrats. 18. 20. 26l. 37. 39.
3. 21.
F as (ville). 1. 4.5. 10. 12. 13. 15. 16. 18. 19.
Teza. 99.
20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 29. 30.
■ Tidili. 95. 96. 278.
7. 21.
32. 33. 34. .35. 36. 37. .38. 39. 40.
Tifernin. 206. 207.
8.
43. 47. 54. 55. 56. 66. 67. 70. 78.
Tiouant. 378.
97. 125. 152. 15.3. 155. 158. 164.
RECON.NUSSVI'ICE AU MAROC.
'<06
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Fàs (ville). 188. 232. 237. 241 . 243. 250. 255.
265. .344. .375. 378. 383. 386. 387.
389. 391. 395. 398. 401 . 406. 407.
419. 420. 421. 422. 423. 424. 450.
(province). 15. 24.
Fedoukkes. 308. 320.
Fedragoum. 280.
El Feggara. 285. 304.
Feggouc (bassin de la Mlouïa). 369. 374. 384.
El Feggouc (Tinzoulin). 290. 291.296.
El Feggouçat. 120. 160. 161. 317.
El Feïja. 115. 116. 117. 118. 127. 138. 139.
140. 154. 156. 201. 202. 297. 300.
301. 302. 303. 304. 305.
Ferarma. 154.
El Ferfar (qçar). 330.
(zaouïa). 330.
Ferkla. 21. 22. 38. 70. 188. 211. 214. 218.
219. 220. 223. 224. 225. 226. 354.
356. 357. 360. 361. 363. 403.
Fezaz. 102. 383.
Fezna. 357.
Fezouata. 210. 285. 286. 291. 292. 293. 294.
295. 363. 403.
Fhama. 379. 385. 386. 387.
Fichtâla (qaçba). 38. 59. 60. 64. 66. 259.263.
(environs de Fâs). 24.
Figig. 157. 158. 169.
Fiirir. 305.
Fint. 283.
Flouch. 375.
Foum Aqqa. 120. 151. 161. 312.
Aserts. 364.
Asgig. 308.
Azerftin. 151.
el Ancer. 60. 62.
el Djir.
.label. 229. 350.
Meskoua. 151.312.338.
el Ouad. 301.
el Qous n Tazoult. 220. 357. 358. 361 .
362.
Riour. 228. 350.
Tangarfa (bassin infér. duDra). 161.
Taqqat. 101. 286. 294.
Tazenakht. 290.
Ténia Tafilelt. 296.
Timeloukka.
Timrart. 120.
Tisint. 117. 137. 138. 304. 306. 316.
Tizi n Dra. 364.
Zgid. 161 . 302.
Founti. 185.
Freija. 332.
F res. 337. 101.
Friata. 262.
Cartes.
3. 4. 21.
19. 21.
9.
9. 21.
16. 21.
6. 21.
19.
10.
10.
10.
6.
20.
17.
10.
19.
15. 16.
17.
9.
9.
9.
9.
9. 21.
12. 21.
14.
6.
G
Gafaï. 348.
Gaouz. 352.
Gaouz Aït Sidi Amer. 360.
El Gara. 370.
Gardmit. 356. 357.
Gada Debdou. 247. 248 . 249. 390.
Gebdôur. 370.
Gebgeb. 17. 18. 20. 24. 36.
El Geddara. 300.
Gelez. 251. 372. 386.
Gelmima. 226. 360. 403. 415. 446. 450.
El Gelob (près de l’Ouad Za). 251.
(au sud du Bani). 147. 161. 308.
Gelob Mrimima. 161.
El Gelob es Srir. 161.
Genadiz. 261.
Gentafa. 337. 401.
El Gentafî. 323. 337. 338. 401.
El Geraan. 364. 365.
Geraga. 339.
Geraïat. 261.
El Gerdan. 191.
Gergoura. 401.
Geri Ourgaz. 352.
Gerouân. 40. 42.
Gers (district). 230. 236. 347. 349. 365. 368.
369. 370. 371. 373. 374. 377. 378.
(monts). 230. 231.
( iersif. 368. 369. 372. 376. 379. 385. 390. 391 .
Géryville. 254.
El Gerzim. 308.
Gerzima. 308.
Gezennaïa (tribu). 379.
(monts). 386.
Gezoula (famille). 88. 318. 319. 320. 328.
329.
(tribu). 319. 329. 336.
Gigo. 100.
Gir (district). 364. 365.
(mont). 377.
Glaoua. 77. 81. 85. 92. 99. 109. 110. 124.
233. 280. 401.
Glerclia.
El Gloa. 300. 304.
Gouffa. 261 .
Gounin. 329.
Griourin. 286.
Gro. 373.
Il
llaïndaken. 278.
Ilamouziin (subdivision des Oulad el Hadj).
243! 248.
Cartes.
19. 21.
3. 4. 21.
16. 21.
20. 21.
10. 21.
9. 21.
9. 21
3. 21.
17. 21.
17.
7. 21.
12. 14. 21.
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIQUES.
167
El Hamouziin (qcar d’Outat Oulad el Hadj).
Cartes.
Hamdaoua. 263.
371. 385.
El Hamedna. 401.
Hamsaïlikh. 120. 160. 161. 300.
9.
Hamerin. 190. 191.
Haouz Dcbdou. 375.
Hamian. 24.
El Haroun. 363.
El llara (Ait labia. Ouad Dàdes). 271.
Haskoura. 70. 96. 260. 274. 276.
(Aït Seddrât). 288. 403.
Hejaoua. 15.
2. 21.
(Dàdes). 270.
Hiaïna. 21. 25. 33. 34. 36. 387.391.
4. 21.
(Mezgita). 287.
llierk. 336.
(Taderoucht). 359. 403.
Houara (Mlouïa). 33. 368. 372. 376. 379. 381 .
(Ternata). 291.
385. 386. 387. 388.
(Tinzoulin). 290.
(Sous). 22. 189. 190. 191. 193. 194.
12. 14. 21.
(Todra). 355. 356. 358. 359. 360.
Houara Angad. 388.
(Ziz). 348.
Houasen. 261 .
llara Agdz. 287.
H
Aqlal. 38.
Imroudas. 275.
Imziouan. 355.
El Hachia. 66.
el Khoubz. 291.
El Had (Aït Atab). 75. 401.
6.
Mrabtin. 355.
El Had (Aït Seddrât). 288.
Tamkasselt. 288.
Had Agdz. 288.
El Harar (fraction des Oulad el Hadj). 385.
Ait Atab. 75. 261. 267. 401.
6.
(qcar). 371. 385.
Ait Hou Zid . 71. 427.
6.
El Haratîn. 351 .
Aït Mezal.
11. 12.
El llarsa. 370.
Ait ou Alil. 350.
Haselfa. 377.
Aoulouz. 334.
El Hasen Mohammed. 311.
Asrir. 357.
Hasi El Hasen Mohammed. 311.
Astour. 292.
Hebbaren. 47.
Béni Haïoun. 295.
Hebib. 280.
Béni Sbih. 295.
Heçaïa. 48. 50. 51.
Gersif. 385.
lleddi. 336.
Ida ou Isaren.
13.
lledeb Bou Naïla. 299.
Igli. 334.
14.
Helloul. 355.
Ilir. 342.
Heloud. 321.
Imasin. 274.
Helouqt. 283.
Imtaoun. 306.
El Heri. 364.
Menizela. 191.
El Hibous. 352.
Seketàna. 306.
El Hoch.
Tamjerjt. 327.
El Houaïdj Imersi. 306. 309.
Taourirt. 151.
El Hout. 275.
Tirikiou. 329.
El Haddan. 299.
1
Hadj Abd el Malek. 186 . 4.39. 442.
13.
Hadj El Arabi. 184.
12.
lannout. 154.
Hadjra ecb Cherifa. 17. 18. 387.
2.21.
Iattasen. 270.
El Hadjra El Kahela.
4-
ladouan. 355. 330.
Hafaïa. 191.
laraben. 273.
Haha. 22. 24. 28. 58. 73. 98. 153. 155. 170.
Ibabahen. 354.
177. 181. 182. 184. 185. 186. 187. 188.
Ibakellioun. 261.
189. 190. 339. 313.
12. 13. 21.
Ibarahen. 27 1 .
llaïan. 142. 152. 154. 155. 159.
Ibararen. 264.
Haïan el Bali. 154.
tbergnat. 322.
El Haïn. 349.
Iberqaqen (tribu). 91. 174. 176. 177. 180.
Haliaf. 368. 372. 376. 381. 385. 386. 388.
182. 313. 314. 316.
Hallaf proprement dits. 385.
(col). 100. 177.
Hamada. 119. 142. 154. 297.
Iberroussen. 275. 403.
C:irte*.
15.
H.
15.
8. 15.
H).
15.
IG.
11. 21.
11. 21.
il 18
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Iberziz. 338.
Ibousas. 287.
Ibzazen. 348.
Ichakoukf. 322.
Ichqern. 21. 40. 49. 51. 52. 07. 259. 203.
205. 303.
Icht (qçar). 138. 152. 315. 310. 317. 318.
(kheneg). 315. 318.
Ichtouken. v. Chtouka.
Id Brahim. 310. 317. 318. 345.
Marmouch. 324.
ou Illoun. 320. 330.
Ida Ali ou Hammou. 325.
Ida El Hasen Ali. 325.
Khennioun. 304.
ou Amrar. 324.
Aïssi. 339.
Baaqil. 342.
. 91
. 92. 108. 110
.111
. 110.
121.
12
3. 124.
120.
127.
128.
130.
131.
132.
135.
130.
137.
139.
140.
141.
142.
143.
144.
145.
140.
147.
149.
150.
152.
153.
154.
155.
150.
157.
158.
159.
100.
101.
102.
163.
107.
108.
172.
173.
193.
200.
250.
297.
298.
303.
305.
300.
307.
309.
311.
320.
362.
Zia
. 339.
Garsmouk. 342.
Gelloul. 339.
Gemmed. 330. 331. 333 . 334.
Genad. 208. 285.
Genadif. 340. 341.
Gert. 180. IN7. 339.
Gouilal. 331. 332. 402.
Isaren. 339.
Kensous. 309. 311. 312. 313. 319.
Klielf. 339.
Leggan. 317. 345.
Mada. 339.
Mhammed. 183.
Qaïs. 331. 332. 335. 402.
Sexnlal. 310. 345.
Ska (fraction des llalen). 178. 340.
Ska (autre fraction des llalen, sur
TO. lkhoullan). 340.
Tazert. 277.
Tift. 330. 333. 334.
Tints. 313. 314.
Tromma. 339.
Zeddar. 336.
Zenzen. 339.
Ziqi. 120. 177.
Zkri. 311. 312. 313.
Cartes.
8.
9. 10. 21.
13. 21.
12. 21.
14. 21.
11.
IdaOulstan. 140.
üultit. v. Zarar Ida Oultit.
Idderb. 290.
Idergan. 322. 402.
lder. 84. 200.
Idgich. 315.
Idikel (district). 323.
(mont). 323.
(village), v. Tizi n Idikel.
Idili (Demnât). 401.
(Sarro). 211.
Idrar. 283.
Idroumen. 139. 318.
Ifenouan (qçar). 282.
(désert du bassin du Sous). 324.
325. 327.
(désert du bassin de l’Ouad Ait
Tigdi Ouchchen). 302. 304.
Iferd Aginan. 305.
n Khalifa. 331. 332.
Ifergan (Ouad Saksad). 323.
Iferran (Id ou Illoun). 320.
[ferres. 264. 207.
Ifertioun. 271.
1 flilt. 278.
Ifni. 344.
Ifrah. 383.
Ifran (tribu). 310. 317. 345.
(Imskal). 329.
Ali ou Relio. 273.
Ifri (Dàdes). 270.
(El Kheneg). 351.
(Todra). 355.
Imadiden. 329.
Madida. 307.
Ifriouin. 289. 290. 291. 296.
Ifsahen. 300.
Ifsfes. 82.
Igadaïn. 278. 402.
lgdaoun. 290.
Igdi (Ouad Tizounin). 315. 317.
jlgedad (Ida ou Gemmed). 330. 402.
(Ida ou Tift). 331 .
i lgedman. 358.
igelmouz. 270.
Igeinran. 325.
Iger n Kouris. 337.
n Znar. 335. 337.
Igerda. 305.
Igernan. 270.
Igertat. 154.
Igezoulen. v. Gezoula.
Igidar Ait Ioub. v. Tlâta Menâba.
Igidar et Tlàta. v. Tlâta Menâba.
Igidat.
Igidi (Ouad Tifnout). 402.
Cartes.
9. 10.
/.
9.
9.
15.
17.
10.
14.
12.
INUliX DUS NOMS (1 FOGBAPtIIQUES.
469
Igicli (kheneg). 161.
n Oumaliz. 328.
Igisel (Ouad Agoundis). 338.
(désert). 324. 336.
Igjgan. 282.
Igli (Ait llediddou). 347. 348 . 349. 35.3.
(Glaoua).
(Menâba). 189. 331. 332. 333. 334. 335.
336. 402.
(Mlouïa). 367. 368. 369. 370. 376. 377.
Ait Khelifa. 357. 363.
Aït Zarar. 276. 403.
Igmoden. 287.
Ignan n Ikis. 202. 305.
Ignaouen (fraction des Aït Atta). 221. 292.
293. 294. 295.
362. 363.
(qçar du Todra). 356.
(qçar du Tazarin). 364.
Igni n Imerraden (désert). 306.
Igni s Neïn. 401.
Igoudar. 331. 332.
Igouïaz. 316. 317. 318.
Igouramen (Imgoun). 275.
Igourdan. 325. 402.
Igourzan. 324.
Igrikan. 272.
Ihoukern. 329.
Ihahan. 170. 339.
Ihebaren. 263.
lhedzamen. 355.
Ihenneïn. 337.
Ihouzin. 335.
lifar. 275.
Ijdouin. 304.
Ijjoukak. 338.
Ikadousen. 75. 265. 401.
Ikandoul. 276.
Ikazzour. 271.
Ikeddaren. 271 .
Ikenafen. 339.
Ikerouan. 327.
Ikis (district). .323.
(qçar sur l’Ouad Ignan n Ikis). 20.3.
305.
(désert). 302. .304.
Ikouchoden. 324.
Ikounka.
Ikhba. 355.
Ikhchouan. 294.
Ikher Imzioun. 376. 377.
Ikhf n Irir. 377.
Iklif n Orri. 364.
Ikhfri. 330.
Ikhoullan. 179. 180. 340.
Ikhzama. 170. 279. 280. 283. 326. 336. 402.
Cartes.
9.
14. 21.
18.
15.
9.
12.
16.
11. 12.
Ikhzamen. 170.
Ilala. 170.
Ilalen. 22. 91. 120. 170. 174. 177. 178. 180.
181. 182. 185. 186. 188. 190. 199.
313. 340. 341.
Ilerasan (fraction des Ait Atta). 292. 294.
363.
(qçar du Sarro). 361. 362.
(qçar du Fezouata). 292.
Ilemsen (Ouad Mançour). 325.
|| llir (Ouad S. Mohammed ou Iaqob). 22. 91.
194. 198. 199. 200. 308.
309. 319. 443.
(Oulad labia) . 30.3.
(Tazerouait) . 100. 342. 343. 402.
Iliz.
Ilouahen. 271.
Ilougan. 355.
Iloukous. 325.
Ilrman. 278. 402.
jlmadiden. .306. 307. 328. 329. 337.
Imaouen. 172. 312. 313.
dmaounin. 81. 85. 92. 107. 278. 402.
Imaraten. 303.
| ïmariren (Gentafa). 337.
(Haha). 187.
Imasin (Imerrân). 269. 273. 274. 276.
Imazan (Tiallalin). 350.
Imazzen (ruines dans la Feïja). 202.
Imchisen. 150.
| Imdras. 268.
Jjlmdrer Fouqani. 281. 336.
Tahtani. 281. 336.
(Imejjat. .331.
Imel'il. 321.322.
Imelouan (Ait llediddou). 348.
(Semgat). 359.
Imentagen. v. Mentaga.
Imerrân (tribu). 58. 92. 21 1 . 213. 269. 272.
274. 276. 403.
(district de l’O. Dâdes). 211. 268.
269. 272. 273. 274. 276.
289. 403.
Imerraoun. 337.
Imgdal. 337.
Imgoun (Ouad Imgoun). 275. 403.
(Seketàna). 329.
Imhaouchen. 262.
Imi n Amoumen. 321. 322. 32.3.
el Aïn (Indaouzal). 334.
el Aïn (Ounzin). 306. 307.
n Dra.
n Msount. 323.
n ou Aqqa. 310. 338.
Asif. 335.
Ougadir (qçar). 310.
Cartes.
11. 12. 21.
10. 21.
11.
16.
10. 11. 21.
13.
17.
9.
8. 15. 21.
21.
8.
470
MECONNAISSANCE AlT MAROC.
Cartes.
Imi Ougadir (kheneg). 310.
Intliten. 287.
n Ougni (Iinskal). 329. 402.
loulioul. 300.
(Ouad Zagmouzen). 327.
lounilen. 95. 170. 277.
Ougni (Ternata). 290.
lounzioun. 300.
n Tels. 198. 199.
Iouriken. 208. 284. 285. 288. 293.
n Tlit. 302. 303.
Iourtcgin. 209. 270.
n Zgi. 278.
louzioun. 321. 322. 324. 320. 327. 402.
Imidel. 337.
Imider. 327.
Iqoubban. 291.
Irazin. 335.
Imilan. 330.
Irbiben. 303.
Imini. 95. 278. 279. 280. 402.
8.
Ir errer. 300.
Imirgel. 327. 328.
Irezd. 348.
Imirleïn. 281.
Irf n Irir. v. Iklif n Irir.
Imirren. 90. 277. 278.
lrf n Isli. 284.
Iraiteq. 172. 173. 313.
10. 11. 21.
Irf Ouzelag. 142.
Imiter (Ouad Imiter). 218. 210. 220. 221.
Irirer. 287. 288.
205. 357 . 358. 359.
Irk. 330.
301. 302. 303.
15. 21.
Irounan. 277.
(Semgat). 359.
Irsig. 288. 289. 290.
Imjdoudar (fraction). 289.
Irzi. 327.
(qcar). 288.
8. 15.
Irai n Rbar. 338.
Imjijouin. 327.
Iranim. 300.
Imougar (fraction des Aït Isfoul). 358.
Iranimin. 330.
(qçar). 358.
Irara. 304.
Imoula (Ouad Mançour). 325.
Irels. 103. 104. 100. 108.280.283.300.403.
(Ounzin). 300. 309.
Irer (Ilalen). 340.
Imoulaten. 153. 154.
Irerdaïn. 291.
Imousas. 355.
10.
Irerm Amellal. 274.
Imraden.
8. 15.
17.
n Cberif. 359.
Imri. 350.
n Igran. 270.
Imreld. 281.
n Imzil. 270.
Imrid. 329.
Melloul. 270.
Imseggin. 189. 190. 191. 193. 194.
12. 21.
n Tizi. 274.
Imskal (fraction des Seketâna). 300. 328.
Irerman Azdar. 302. 364.
329. 337.
Iril (Imini). 278. 402.
(Aït Tameldou). 325.
(Ouad Aginan).305.
Imsouffa. 292. 303.
(Ouad Aït Tameldou). 324.
Imtaoun. 300. 307. 320.
el Abian. 278.
Imtfian. 311. 320.
Mechtiggil. 327. 337.
Imtras. 347.
n Oïttôb. 100. 211.
Imzdouder (pour Imjdoudar). 289.
n Oro. 320. 327. 328. 332. 333. 337.
Imzid Iberqaqen.
11.
402.
Imzil. 328.
nOuaman. 329.
Imzour (Dàdes). 210. 270. 271.
15. 21.
n Tefraout. 329.
Imzouren. 92. 94. 100. 277. 278. 279. 402.
8.
Irir (Glaoua).
In Timmelt. 340.
(Imiter). 358.
Incheï. 280.
(Tamanart). 310. 317. 318.
Indaouzal. 194. 190. 319. 330. 331. 333.
n Azeggar. 287. 288.
334. 402.
14. 21.
el Hadj. 284.
Indiout. 283.
Igidi. 310.
Ingbi. 351.
Menougar.
Inisi (Ounzin). 300. 307.
frrem Aqdim. 273.
Inkto. 265.
n Ououl. 279.
Inmarakht. 323. 402.
Irri (Imskal). 300. 328. 329. 330.
Inmezzen. 324.
Irris. 277. 402.
Insrad. 294.
|l salle n (tribu). 22. 91. 92. 170. 172. 174.
Cartes.
7.
15.
8. 15.
8. 21.
15.
8. 15.
7.
15.
8. 15.
8. 15.
INDEX DES NOMS UEOGRAI'lllOUES.
Isaffen (tribu). 175. 170. 177. 180. 182. 809.
Cartes.
Kebdana (monts). 308. 372.380.
312. 313. 314. 310.
11. 21.
Kechchacha. 371 . 378. 379. 385.
(Tiallalin). 350.
17.
Keddouclia. 304.
Isbabaten. 153.311. 320.
El Kefifat. 191.
Isbouïa. 345.
Kenadsa. 371. 373. 383.
Isektàn. 170.
Kerarma. 250. 252. 380. 381. 385. 389.
Iseldeï. 283.
8.
Kerazba Tleuh. 303.
Iselouan. 380. 390.
Kerkda. 282.
Isemdaï.
7.
Kerrando. 229. 230. 349. 308. 370. 371 . 373.
Isendalen. 340.
374. 377. 378.
Iserdan. 350.
17.
Ketàma. 35.
Islierin. 323. 324.
Kik. 337. 338.
Ishihen. 208. 209. 272.
15. 21.
Kiriout. 305.
Isidan. 285.
Kisan. 209. 212. 290.
Isil. 282.
9.
lvoudia Bou Mousi. 120. 100. 101.
Ismarin. 355.
Bou Tizen. 305.
Issin Imariren. 270.
Khodra. 257.
Itelouan. 277.
8.
El Mezarreb. 308.
Itkhisen (Zenàga). 282.
Mrimima. 100.
Izabouben. 350.
17.
Oulad labia. 209.
Izakenniouen. 292.
Kouilal. 334.
Izebban. 348.
Koulat. 330.
Izelf Aït Melrad. 357.
Kourt. 15.
Izerouan. 200.
Krazza. 262.
Izerrahen. 350.
17.
Krifat. 202.
Izerran (Mlouïa). 300. 308.
El Kseat. .377. 378.
(Tatta). 145.
10.
Ksima. 182. 184. 188. 189. 191. 193. 194.
Izezgir. 284.
345.
Izgern. 324.
K II
Izgrouzen. 323.
Izilal. v. Triq Izilal.
Khanifra. 47. 203.
Izknasen. 270. 303.
15.
El Kharbt. 282.
Izligen (fraction des Ait Atta). 292.293.303.
KlielaAdnan. 199. 200.
(qçar). 292. 293. 294.
Afella Ifri. 277.
Izloufa. 353.
Aït Ouasaou. 332.
Iznàgen. 170.
Amara.
Izoukennan. 323.
Angad. 253. 254. 250. 257. 308. 372.
Izouralen Aït Hammou. 275. 403.
»
379. 381. 385. 388. 389. 390.
Izourar (plaine). 207.
Aounkou. 278.
(col). 200. 207.
Asdrem. 283.
(qçar). 348.
Assaka. 279.
J
Assaka Ourami. 278.
Azger Ainrar.
.label. 229. 350.
17.
Aïn n Zcggert. 284.
Jakana. v. Tajakant.
Bachkoum. 283. 284.
Jell. 308. 372. 379. 385. 380. 387.
Bou Igouldan. 279.
K
Bou Izri. 279.
Bou Selman. 294. 295.
El Kaf. 384.
Bou Zeroual. 290.
Kandoula. 270.
Dou Ouzrou Zouggar. 333. 334.
El Kaouka. 204.
Ifenouan (bassinde l'Ouad Aït Tigdi
El Kaba (Oulad labial. 30.3.
Ouchchen). 302. 304.
(Ternata). 291. 290.
Ifenouan (bassin de l'Ouad Sous).
El Kebbaba (Aqqa). 120. 150. 151. 152.313.
10.
324. 325. 327.
(Mezgita). 287.
Iger n Znar. 335. 337.
Kebdana (tribu). 308. 372. 391.
Igidi n Oumaliz. 328.
Cartes.
20.
9.
17.
8. 15.
9.
20.
8. 15.
2. 21.
12. 21.
9.
10.
8
20. 21.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
Cartes.
Cartes.
Khela Jgisel. 324. 336.
Khemis Béni Zouli. 292.
Igni n Imerraden. 300.
Debdou. 375.
Igrikan. 272.
Enzel. 81.
Ikis. 302. 304.
Gersif. 385.
Imaouen. 172. 312. 313.
10. 11. 21.
Iril n Oro. 328.
Imi n Tels. 199.
Isaffen. 314.
Irf n Isli. 284.
Oui ad Dahou. 191.
Irir el I.ladj. 284.
Qaçba Qedîma. 352.
Iseldeï. 283.
8.
Rebat. 290.
Isidan. 285.
Sidi Bou Abd Allah. 352.
Izezgir. 284.
Sidi Bou labia. 217. 270. 271. 275.
15.
Jell. 368. 372. 379. 385. 386. 387.
Sidi Mohammed ou Iaqob. 335.
el Klieneg. 292. 294.
Sidi Otman. 280.
Manouïl.
8.
Sidi ou Aziz. 335.
Mlouïa. 366.
Tamnougalt. 288.
Ouaourmest. 284.
Tazenakht. 108. 109. 110. 280.
Ouichdan. 337. 338.
Tidsi. 340.
Ouirrân.
8.
Tinrir. 356.
Raret. 368. 372. 386. 387. 390.
Zaouïa Sidi Bou Qil. 349.
Ta n Amelloul. 281. 282. 336.
El Kheneg (Ouad Arlal). 300.
Tafràta. 101. 250. 251. 368. 372.
(Ouad Dra). 286. 292. 294.
375. 388.
19. 20. 21.
(Ouad Ziz). 229. 347. 350. 351.
17. 21.
Tala. 284.
Kheneg Adis. 143. 145. 147. 158. 310. 311.
10.
Talart Imadid. 306. 328.
Aqqa Izen. 307.
10.
Tamrart. 279.
Azerftin. 151. 310.
10.
Tamzernit. 323. 324.
el Abbarat. 231. 232.
17.
Taqqat Nezala. 354.
Bent en Nas. 144. 308.
10.
Taria. 284.
el Gerzim. 308.
Tarouni. 300.
Gro. 373.
Tasminert. 296.
Icht. 315. 318.
Tasrirt. 281. 282. 305. 306. 328.
Imi n ou Aqqa. 310. 338.
336. 337.
9.
Imi n ou Asif. 335.
Tazga Asdrem. 283.
Imi Ougadir. 316.
Taznout. 306.
Jabel. 229. 350.
Teddref. 326. 336.
Merder Djeld.
9.
Tiddes. 325.
Tarea. 268. 285. 286. 287. 295.
8.
Tifergin. 327.
Tarq. 353.
Tifernin. 284.
Tesatift. 305. 306. 307. 310.
9.
Tilqit. 211.
et Teurfa. 140. 141. 147. 154.307.
Tilzir. 284.
308.
10. 21.
Timasinin. 276.
Zrorha. 146». 308.
10.
Timezgida n Izrar. 332.
Kbeouïa (collines). 299. 311.
10.
Timikirt. 280. 281.
El Kbeouïa (Ouad Zgid). 301. 303.
Timoures. 325.
El Kheroua. 308.
Tougdin. 306.
Kherraza (Reris). 360.
Khelil. 360.
El Kherraza (Ternata). 291.
Khemis Adis. 145.
Kberzouza. 349.
Aït Ali. 341.
Khesasra. 263.
Amer. 106.
El Khlet (Ida ou Blal). 154.
labia ou Otman. 360.
El Khlot (Cbaouïa). 263.
Khelift. 265.
El Kborb (Béni Oukil). 368. 369. 386.
ou Alil. 350.
El Khorbat (Ferkla). 356. 357. 361.
Aqdiin. 348.
Khrouf. 299. 308.
Asrir. 357.
Klisa (fraction des Oulad labia). 297. 298.
Béni Haïoun. 295.
303.
Béni Sbih. 295.
(qçar). 297. 303.
INDEX D K S NOMS < 1K(3GUA I *1 1 loi i:S.
Car Lus.
Lalla Marnia. 10. 97. 202. 250. 257. 258.
309. 370. 379. 380. 381. 380.
388. 390. 391.
Lebbou.
Lebdia. 299.
Lemdint. 305.
Lemta. 24.
Louleïza. 330. 331. 402.
21.
17.
M
Madida. 307.
Maggaman. 300.
Mançour. 325.
Mançouria. 285. 286. 291. 292. 403.
Manouïl (désert).
Maroc (ville). 1.
Masa (Béni Khîran). 00.
Massa. 342. 345.
Mast. 342. 345.
Mazagan. 21. 188.
Mader Aqqa. 140. 152. 298. 299. 300. 312.
Icht. 140. 298. 300. 315. 310.
Ida ou Blal. 140. 150. 152.298.299.
300. 308.
Imi Ougadir. 140. 298. 300. 310.
Soultàn. 140. 147.411.415.434.450.
Tafràta Tahtani.
Tatta. 140. 152. 298. 299. 309. 312.
Tizgi. 140. 298. 300. 314. 310.
Madna. 201.
El Maïach. 271.
El Maïder. 153.
Mdahi. 154.
Mechra el Bacha.
Mechra Hadjra ecli Cherifa. 17.
Medafra. 308. 385.
Medarra (Chaouïa). 204.
Medeiles. 140. 147. 149. 302. 308.
El Médina (Imini). 278.
Mediouna (Chaouïa). 204.
(Metrara). 352.
El Megarba. 292.
Megdoul. 307. 308. 374. 370. 377.379.382.
Mehdia. 291. 292.
El Mehenni. 351.
El Mehagen. 308.
Meknàs. 1. 19. 22. 24. 25. 37. 39. 40. 42.
43. 40. 50. 07. 73. 75. 252.
250. 395. 401. 424. 425.
Mekrez. 131. 142. 17>4. 155.
Mekrez el Hadjer. 154.
El Mektoufa. 309.
10.
Kl.
19. 20.
15.
2.
2. 21.
10.
3. 21.
Mekhtara Ait Abbou. 227.
Mêlai. 291. 292. 303.
Melilla. 250. 390. 391.
El Mellah (Ait Zaïneb). 94. 278. 402.
El Mellah (Outat Oulad el II ad j ) . 242. 371.
3.74. 378. 379. 403. 44s.
Mellah el Ilioud (Outat Oulad el Iladj). v.
El Mellah.
Qçar es Souq. 351.
Tiallalin. v. Qcîra el Ilioud.
Mellah a. 304.
Mellab Ait Iazza. 357.
Menâba. 22. 99. 100. 189. 193. 194. 329.
330. 331. 332. 333. 334. 335. 330.
402.
Menizela. 191.
Mentaga. 334. 335.
El Meqatra. 291. 292. 290.
Mergeshoum. 101. 249. 251. 252. 253. 372.
379. 381. 388.
Meris el Biod. 00.
El Merja. 300. 304.
Mermoucha. 383.
Merrâkecli. 1. 21. 22. 24. 54. 50. 03. 05. 00.
70. 78. 79. 82. 96. 98. 107. I 14.
125. 120. 134. 145. 153. 155. 150.
188. 250. 205. 323. 335. 337. 338.
342. 344. 373. 401.
Merder Djeld. 100.
El Mesalla. 375.
Meslioua. 90. 401.
Mesgoug. 273. 274.
Meskis. 17>4.
Meskoua. 151.
Messaout.
Messoun. 379. 385. 380. 387. 390. 391.
Metalsa. 380.
Metrara. 227. 232. 293. 343. 347. 352.
Mezaouir. 388.
Mezarcha. 308. 385.
El Mezarreb. 308.
Mezdaggen. 340.
Mezedjel. 8. 9.
Mezgemmat. 321. 402.
Mezgida (Béni Zemmour). 00.
Mezgita. 22. 81. 91. 107. 110. 158. 159. 201.
200. 208. 209. 210. 211. 212. 210.
284 . 285. 286. 287. 288. 292. 301.
400. 403.
Mezizelt. 348. 349.
Mfasis. 261.
Mhaïa (tribu de la plaine d’Angad). 253.
380. 388. 390.
(environs de Fâs). 24.
El Mhamid (Dra). 295.
(Zgid). 301. 302. 403.
10.
8.
18.
Carte
21
19
14. 21
20.
/.
9.
19
21.
10.
G. ’
17.
20.
3.
21
IlliCONNAISSANf.K VU MAROC-
CCI
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Mhamid el Rozlân. 159. 210. 211. 268. 283.
286. 293. 293. 297. 298.
299. 304. 399. 403.
El Ml.iara (Oulad Iahia). 332.
Mharir. 262.
El Mharoug. 301.
El Mharza. 295.
Mhaser.
El Mhazel. 297.
Mheïjiba. 160. 161. 164. 166. 208. 300.
Mhinch (Zgid). 301. 302.
Mi'al. 324.
Miggar el Hedid. 328.
Miknâsa (tribu). 25. 33. 387.
(qaçba). 32. 391. 401 .
Miltsin. 99.
El Mirna. 275.
Misour. 22. 35. 99. 231. 238 . 239. 240. 241.
242. 243. 244 . 365. 366 . 367. 368.
369 . 370. 372. 374 . 377 . 378. 379.
380. 383. 384. 403. 447.
El Mkhater (entre le Ferkla et le Reris).
22(3. 361.
El Mkhatir (Menâba). 334.
Mlouïa (désert). 366.
(plaine). 239. 240. 372.
Mnia. 263.
Mogador. 1.21.22. 79. 98.99. 122. 126. 152.
153. 156. 166. 169. 170. 177. 180.
181. 182. 184. 185. 186. 187. 188.
199. 200. 293. 314. 342. 412. 413.
439. 440. 441. 442. 443. 450.
Mogger. 364. 365.
Mouali el Ouad. 262.
Mouâzen Sidi Bel Khîr. 390. 391.
Moui. 359. 360.
Moulei Abd Allah. 352.
Abd el Oualiad (douar). 425.
Abd el Qader. 331 .
Abd er Rahman. 33. 35.
Abd es Selam.
Ali. 330.
Bakkan.
Bou Azza Amer Trab. 65.
Bou Fers. 296.
Bou Iazza. 47. 66. 266.
Brahim. 358.
Edris. 24. 25. 389.
El Fedil (adjib). 46. 47.
Iaqob (ravin). 296.
Iaqob ben Selîman. 367.
lousef d Ait Ba El Hasen. 273.
Ismaïl (qaçba). 250. 251.252. 379.
380. 381. 390. 449.
Ez Zaqi (douar). 425.
Mounialou. 321.
Mouskellal. 351.
El Mqadra. 291 .
Mrabten. 262.
Mrabtin Ait Sidi Mouloud. 287.
Hamirin.298.
Sidi Ech Chergi. 287.
Mrimima. 128. 153. 154. 159. 160. 161. 163.
164. 165. 166. 167. 168. 169. 189.
201. 297. 300. 301. 302. 303. 304.
306. 315. 316. 317 . 318. 339. 342.
343. 399. 436. 437.
Msamsa. 263.
Mzab. 263. 264.
Mzi. 322. 323. 324.
N
Negert. 34.
Nekeb Fouqani. 281.
Tahtani. 281.
Nesasda. 298. 303.
Nesoula. 303.
Nezala. 232. 354. .368. 369. 373. 377. 447.
Nkheïla. 301 .
Nouaser. 261.
O
j Ofra. 309.
Ofran. 316.
Ou Allai. 348.
Rijimt. 99. 277.
Ouad Achakski. 324. 326.
Adis. 143. 145. 150. 158. 310. 311.
Adrar n Iri. 83. 266.
Adres. 304.
Agennoun.
Aginan. 117. 156. 202.304. 305.306.
Agmour. 304.
Agni. 115. 116. 304.
Agni Ouremd. 296.
Agoundis. 337. 338.
Agraz.
Ait Aïach. 363. 377. 382.
Aïssa. 37.3.
Aïssa ou Daoud. 296.
Amer. 186. 189.
Bou Zoul. 187.
Hamed. 274.
el Hazen. 196. 338.
Iahia. 353.
Mançour. 156.
Meraou. 275.
Mesri. 324.
Messat. 72. 260. 264. 267.
Mezal. 182. 340. 341.
Cartes.
/.
9.
18. 21.
16.
13. 21.
4. 21.
4. 21.
1.
18.
20. 21.
Caries.
9. 21.
17. 21.
21
10
7.
5.
9.
9.
8. 15.
10. 14. 21
6. 21.
11. 12. 21
INDEX DES NOMS (iGOGIlAPIllOUES.
Ouad Aït Otman. 327.
Oualiam. 260.
Oubial. 327.
Ouzanif. 281.
Semgan. 283. 284.
Semmeg (aff‘ de l'Od. Zagmouzen).
307. 328. 337. 338.
Tameldou. 321. 324. 325. 326.
Tedrart. 326. 336.
Tigdi Ouchchen. 103. 105. 112.
206. 281. 283.
Tougda. 325. 326.
Akhdeur. 77. 260.
Alemta (inférieur). 296.
(supérieur). 296.
Alougoum. 301.
Amaliz. 328. 329.
Amasin. 279. 336.
el Amdad. 196. 335. 337.
Amelloul. 27. 37.
el Amgaz. 50.
Amoumen. 322. 323. 326.
Amsensa. 266.
Amzarou. 324. 325. 326.
Anbed Tesatift. 305.
Aoullous. 324. 326.
Aqqa. 151. 152. 172. 173. 174. 175.
188. 300. 312. 313. 314. 316.
Aqqa Igiren. 141. 142. 307. 308.
Iren. 300. 305. 306.
Izen. 141. 307.
el Medfa. 211. 274.
n Ourellaï. 211. 215.
el Arba. 386. 387.
Arezaz. 6. 9.
Arlal. 300. 301.
Asdrem. 283.
Asengar. 304.
Asgig. 146. 147. 308.
Asmerdan. 310.
Azerftin. 151 . 310.
Azgemerzi. 108. 112. 281. 282. 283.
304.
Azrar. 197.
Abd Allah. 296.
Âbdi. 296.
el Abid. 54. 65. 68. 69. 70. 72. 73. 74.
75. 76. 100. 102. 259. 260.
264. 266. 267. 400. 427.
el Adam. 423. 424.
Aïciia. 13.
Aïn es Seka. 308.
el Aououdj. 381.
el Arous. 260. 265. 267.
el Asel. 196.
b Ougeminez. 260. 261 . 264. 267. 277.
Cnrtes.
8.
8. 21.
7.
14. 21.
4.
Ouad Bachkoum. 283.
Beht. 42. 43. 46.
Béni Mellal. 63.
Mesri. 365.
Mhammed. 192.
Riis. 247 . 248 . 376. 379.
el Benian.
lient en Nas. 299. 307. 308. 309.
El Betha el Beïda. 296.
Ilou el Aouam.
Çfiha. 3. 418. 419.
Chaked. 31 1 .
el Djerf. 386. 387.
Fekran.
Felfoul. 277.
Cierba. 34.
Herhour. 31 1 .
Helou. 387.
Igouldan. 279.
Lougeïn. 296.
Rdim. 258.
9.
10. 11. 21.
10.
9.
10.
Regreg. 48. 50. 401.
Rzab.
Srioul. 193. 335. 336.
Tamat. 299. 307.
Zemlal. 387.
el Bouir. 308. 309.
Charef. 380. 381.
Chechaouen.
Chegg el Ard. 243. 244. 246. 367. 371 .
377. 378.
Carte®.
3. 21.
12. 21,
19. 21.
1. 21.
1.
1. 21.
20.
19.
14. 21.
1.
18. 21.
15.
10.
10.
8. 9.
10. 14. 21.
6. 21.
Q
O,
1. 21.
14.
ech Cheurfa.
Chlouk. 391.
Dâdes. 21. 70. 211. 213. 214. 215.
216. 217. 218. 219. 224. 266.
268. 269. 270. 271. 272. 273.
274. 275. 276 . 277. 280. 285.
289. 293. .362. 363.
Daï. 259.
Debdou. 249. 250. 251. 375.
Defalia. 313.
Derna. 59. 60. 63. 259.
Dra. 10. 21 . 24. 28. 61. 62. 70. 86. 87.
88. 95. 98. 99. 100. 101. 102.
108. 1 15. ! 19. 124. 135. 138. 1 K».
141. 143. 144. 145. 146. 147. 148.
149. 152. 153. 154. 157. 160. 161.
168. 177. 188.200.205.206.207.
1.
15. 21.
19.
lu.
6. 21.
209. 210. 211. 212. 213.214. 215.
216. 224. 227.228. 230. 260. 268.
277. 280. 281 . 282. 284. 285. 286.
288. 289. 290. 292. 293. 294. 295.
297. 298. 299. 300. 302. 303. 307.
308. 309. 312. 314.315. 316. 317.
318. 319. 328. 336. .343. 344. 346.
362. 402.
8. 10. 15. 21
\ 7 ( )
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Unîtes.
Cartes.
Ouad Djebaïr. 310. 311.
Ouad Imiter. 219 . 220. 221. 223. 357. 358.
15. 10. 21
Djedari. 308.
In Timmelt. 340. 341 .
Djedida. 40.
3. 21.
Inmarakht. 322. 323. 326.
Parer (affluent du Dra). 200.
Innaouen. 25. 20. 27. 29. 30. 31. 33.
Parer (affluent du Sous).
14.
30. 37. 97. 386. 387.
4. 21.
Pas. '
3.
Iounil. 58. 87. 88. 89. 90. 94. 95. 108.
el Pe'ija (affluent du Dra). 290.
214. 277. 278. 279. 284. 337.
7. 8. 21.
(affluentde l’Ouad Zgid). 302.
louzioun. 321.
303.
n I ri. v. Ouad Adrar n Iri.
Ferkla. 354.
Iriri. 87. 94. 277. 278. 279. 283. 284.
Fichtâla. 00.
0.
320. .336.
8. 21.
el Pondoq.
1.
Irels. 105. 283.
8.
Poum el Ancer. 00. 03.
0.
Isaflen. 312. 319.
Meskoua. v. Ouad Meskaou.
Iserki. 274. 270.
El G en ta fi. 336. 337.
Isli. 257. 258.
20. 21.
Gir. 21. 99. 102. 108. 233. 302 . 303.
Isoumaten.
1. 21.
304. 365. 384. 389. 390. 403.
Izgern. 324.
El Gloa. 300. 303.
Izgrouzen. 322. 323. 326. .338.
Grenzar. 290.
Izourzen. 158. 310. 311.
10.
Grou. 48. 50. 200.
5. 21.
Kebbaba. 120. 151. 152. 313.
10.
Hamsaïlikh. 299. 300.
el Kerm.
18.
el lladar. 387.
el Khel. 33.
el llamerin. 190.
12.
Ksiksou. 48.
5. 21.
el Hechaïch. 8. 9.
1.
el Kharroub(entre Tanger et Fâs). 13.
1. 21.
llenina. 299. 307.
(entre Meknâs et Oul-
el Hericha. 13.
1. 21.
mess) .
O.
Ibakellioun. 200. 201.
Kheneget Teurfa. 141. 140. 147. 149.
lberqaqen. 175. 170. 178.312.313.314.
11. 21.
298. 299. 307. 308.
10.
Icht. 300. 315. 310. 318.
Zrorha. 147. 308.
10.
Id ou Illoun. 326. 3.30.
Kheouïa. 311.
Ida ou Gert. 187.
13. 21.
Kholkhal.
5.
ou Isaren. 187.
13.
Landra.
i.
ou Tromma.
13.21.
Eeben. 387.
Idermi. 94 . 95. 103. 105. 112 . 208.
Mancour. 324. 325. 326.
277. 279. 280. 281. 284. 285. 293.
8. 21.
Medfa Keddou. 370. 378.
Idikel. 322. 323. 320.
Mehdouina. 40.
♦»
Idili. 290.
Mebadjra. 4. 5. 7.
i.
Ifenouan. 282.
el Melh (Asif Marren). 87. 90. 277.
7.
Ifraden. 82.
7.
(bassin de l'Ouad Dàdes).
Igemran. 324. 325. 320.
276.
Ignan n Ikis. 202. 305.
9.
(affluent de l’Ouad Rdàt).
7.
Ijariren. 187.
Melillo. 372. 370. 379.
ljja. 311.
Mentaga. 335.
Ikis (bassin du Dra). 202. 203. 204.
Merah. 2.
I. 21.
(bassin du Sous). 322. 323. 320.
Mergou. 290.
Iklioullan. 178. 179. 340. 341.
11. 12.
Mesegmar. 253. 254. 367 . 308. 381.
Ilir. 198. 199. 308.
389.
20.
Imariren. 187.
Meskaou. 151. 299. 312. 310.
10.
Imgoun. 271. 274. 275. 270. 277.
15. 21 .
Messoun. 58. 370. 379. 385. 386.387.
Imi n ou Aqqa. 158. 310. 311.
10.
Mctlili. 254.
20.
Ougadir. 300. 310. 317.
Mezarreb. .308.
n Tels. 198.
10.
Mgerouel.
1.
hnider. 295.
Mbit. 290.
[mini. 87. 88. 89. 94. 95. 90. 277. 278.
Mial. 326.
279.
el Miet (affluent de droite du Dra).
Imiteq. 173. 313.
10.
296.
INDEX DES NOMS GEOfiRAPlIlOUES.
Ouad
el Miet (affluent de gauche du Dra).
Cartes.
Ouad Samsa.
290.
Saksad. 323. 320.
el Mkhâzen. 14.
1. 21.
Sebou. 10. 12. 17. 21. 24. 20. 27. 39.
Mlouïa. 10. 21. 33. 58. 97. 99. 100.
97. 100. 101. 102. 250. 380.
101. 102. 147. 223. 234. 235.
.387. 401. 420. 421.
336. 338. 339. 240. 242. 243.
Semnara. 191.
244. 246. 247. 251. 252. 258.
Sfrou .
254. 259. 349. 363. 306. 367.
Sidi Ben Sasi. 65.
368. 369. 370. 371. 372. 373.
Bon Iahia. v. Achil Sidi Bou labia.
374. 375. 370. 377. 378. 379.
Hamza.v. OuadZaouïaS. Hamza.
380. 381. 382. 383. 384. 385.
Haseïn. 328. 329. 330.
380. 387. 388. 389. 390. 403.
17.18.19.21.
Mohammed el Hadj.
Mrira.
1.
Mohammed ou Iaqob. 22. 197.
Msount. 323. 324. 326.
199. 200. 308. 309.
en Nekhla. 0. 7. 11.
1. 21.
Nacer. 310.
Nezala. 231. 232. 234. 354.
17. 21.
Rejjou.
Nfid. 290.
Siroua. 281 .
Nfis. 335. 337. 338.
Souf ech Cherg. 240. 242. 307. 308.
Noun (district). 35. 70. 91. 101. 123.
370. 370. 377.
138. 150. 317. 318.
Souir.
344. 345. 346. 402.
Sous. 22. 24. 28. 81.88. 95. 99. 100.
Nza. 40.
3. 21.
102. 108. 124. 138. 140. 100. 177.
El Ouaar. 192.
14.
179. 181. 183. 184. 188. 189.
Ouaouizert. 70. 71.
0.
190. 191. 192. 193. 194. 195.
Ouarour.
1. 21.
196. 199. 232. 282. 293. 300.
Ouerra. 16. 17. 420.
2. 21.
307. 309. 316. 317. 318. 319.
Ouinjgal. 301.
321. 322. 320. 327. 328. 329.
Ouizert. 240. 373. 376. 377. 382.
18. 21.
330. 332. 333. 334. 335. 336.
Oulad Ali. 373.
341. 343. 344. 345. 340. 401.
Oulad Djouat.
14.
Ta n Amelloul. 281. 330.
Oulad Otman. 248. 379.
Tafna. 253. 388.
Oulrass. 340. 341. 342. 344. 345.
Tagmout (affluent de P0<1 Rdât). v.
Oumm cr Rebia. 21. 24. 49. 54. 57.
Ouad Adrar n Iri.
58. 59. 00. 63. 70. 79.
(affluent de PO'1 Dàdes). 21 1. 274.
100. 102. 259. 200. 205.
Taïfi.
200. 277. 401.
0. 21.
Talkjount. 193. 335. 330.
Guneïn. 335.
T aman art. 316.
Ourjelim. 44.
3. 21.
Tamanat. 90. 279.
Ouseddan.
20.
Tamdakht. 277.
Ousillin. 40.
O
• >.
Tamellalt. 290.
Ousreït. 290.
Tamtsift. 207. 208. 285. 288. 295.
Outat Aït Izdeg. 30.3. 360. 308. 371.
Tanamrout. 172. 173.
370. 377. 382.
Tangarfa (affluent du Dra moyen).
Ouzanif. 100.
213. 290.
El Qabia. 300. 301.
(affluent du Dra inférieur).
Qaçba el Djoua. 118. 138. 139. 304.
300.
305.
9.
(affluent du Sous). 195.
el Qceb (bassin de la Mlouïa). 254.
Tansikht. 290.
370. 381.
20.
Tanzida. 116. 117. 118. 304. .305.
e 1 Q c ib ( af fl u e n t d u D r a) . 299 . 307 . 308 .
Tanzit. 211.
el Qous. 14. 15.
1. 21.
Tara Melloul. 296.
Rdàt (entre Tanger et Fâs). 10.
2. 21.
Targant (affluent de l'Ouad Kheneg
(entre Demnât et Merràkech).
et Teurfa). 141. 305. 300. 307. .308.
58. KO. 82. 86. 94. 90. 200.
7. 21.
309.
Reris. 225. 227 . 354. 357 . 358. 359.
Targant (affluent de l’Ouad Qaçba el
300. 301 . 303.
10. 21.
Djoua). 1.39.
Cartes.
î.
2. 4. 21.
12. 21.
4.
1.
10. 21.
9.
18. 21.
1.
12. 14. 21.
1.
14. 21.
8.
8. 1.').
14.
9.
10.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
178
Ouad Tarza. 227.
Tasminert. 290.
Tasoukt. 325. 320.
Tasrirt. 281 .
Tatta. 58. 143. 150. 171. 299.
311. 312.
Tàza. 29. 30. 31. 32. 387.
Tazarin. 304.
Tazenakht. 103. 105. 100.
112. 200. 281. 282.
Tazeroualt. 342.
Tazioukt. 335. 337.
Tazouli. 307.
Tazrout Timeloukka. 101.
Teçcaout. 05. 70. 100. 259.
Teccaout Fouqia. 77. 200.
309.
338.
108.
283.
310.
434.
109.
204.
200.
205.
205.
204
200.
206.
207.
327
.338,
Merràkech. 200.
Tahtia. 79. 260. 200.
Temgissin. 302. 303.
et Tenîn.
Tensift. 05. 79. 81. 102. 401.
Tesatift. 141. 307.
'l'étouan. 4. 7.
Tichka. 96. 278.
Tiddarin. 370. 378.
Tidili. 93. 94. 278.
Tidsi. 187.
Tifnout. 321. 322. 323. 324. 320.
332. 330.
Timjijt. 106. 112. 205. 282.
Tiouant. 376. 378.
Tiouiin. 112. 205. 282.
Tira n Imin. 232.
Tiranekht.
Tirrernt. 31 1 .
4'isint. 58. 117. 118. 120. 101.
302.303.304. 300.
Titoula. 83.
Tittal. 324.
Tizert. 175. 313. 314.
Tizgi. 325. 320.
Tizgi el Baratin. 300. 314. 315.
Iriren. 314.
n Mousi.323. 324. 320.
Tizi Aït Imi. 200.
Aqqa.
Tizounin. 315.
Tlit. 302. 303.
Todra. 219. 220. 221. 222. 223. 224.
225. 228. 207. 353. 354. 355. 350.
357. 358. 301.
Toufasour. 140. 147. 308.
Toug er Rih. 143. 158. 310. 311.
Tourza Ait Sekri. 274.
100.
432.
310,
Carto
0. 17
7. 21
I. 21.
21.
21.
10.
21.
21.
5. 21.
9.
9.
11. 21.
10.
10
10
. 21.
Ouad Triq Targant. 139. 305.
Za. 250. 251. 252. 253. 367. 374. 370.
379. 380. 381. 385. 388. 390.
Zagmouzen. 321. 322. 320. 327. 328.
329. 332. 335. 330. 337
ZaouïaSidi JIamza.347.353. 354. 403.
Zerri. 290.
Zfal (zaouïa). 271.
Zgid. 161. 100.298.299. 300.301. 302.
303. 300.
Ziad. 193.
Ziz. 10. 21. 24. 28. 02. 82. 88. 99.
RIO. 101. 102. 121. 153. 158. 188.
209. 21 1 . 218. 221. 222. 223. 220
227. 228. 229. 230. 231. 232. 234.
256. 347. 348. 349. 350. 351. 352.
353. 354. 357. 302. 403.
Zrorha. v. Ouad Kheneg Zrorha.
Ouagginekht. 301.
Ouaouizert (village). 28. 68. 09. 70. 71. 72.
90. 99. 100. 259. 200.
264. 206. 207. 400. 401.
408. 427. 428.
(col). 08. 100.
Ouaoula. 265.
Ouaounsemt. 277.
Ouaounzourt. 321. 322. 323. 402.
Ouaourmest. 284.
Ouaouzgert. 325.
Ouarsdik. 275.
Ouarzazât. 81 . 270. 279. 280. 281 . 283. 284.
303. 399. 402.
Ouarzazât proprement dit. 280.
Ouazen. 271.
Ouazzân. 2. 53. 103. 100. 293. 343.
Ouchchan. 303.
Oudjda. 230. 250. 253. 256. 257. 258. 369.
370 . 379. 380. 381 . 388. 389. 390.
391 . 403. 448. 449. 450.
Ougdour. 279. 324. 330.
Ougemmez. v. B Ougemmez.
Ougins. 283.
Ouichdan. 99. 337. 338.
Ouin s Tlit. 213.
Ouinjgal. 301.
Ouirgan. 337.
Ouirrân (désert).
Ouizert. 377 . 382.
Ouizil. 337. 338.
Ouizzàn. 342. 345.
Oujjân. 342.
Oui Itgir. 351.
Touroug. 357.
< )ulad Abbad. 370.
Abbou. 377.
Admer. 243.
Cort
402
358. 301. 303.
375. 384. 385.
9.
20.
9.
14
21.
17. 21
21.
21.
20. 21.
8
18
I.).
. 21.
INDEX DES NOMS (JEüüHAI'llIQUES.
470
Cartes.
1
Oulad Assoun. 262.
Oulad Brahil. 331. 402.
Abd Allah (Béni Amir). 259. 262.
Brahim (Béni Mousa). 262.
(Ida ou Blal). 154.
(Béni Zemmour). 261.
Abd el Kerim. 243. 385.
(Fezouata.) 292. 293. 29 ».
Abd el Malek. 371. 385.
(Menàba). 331 . 402.
Adim. 300.
(Ourdirra). 261.
El Agid. 291.
Chaïb. 263.
Aïssa (tribu). 15. 17.
2. 21.
Ohaouf. 298. 303.
(monts). 16.
2
Dahou.(£jous). 191.
(Oulad labia). 303.
Daoud. 384.
(Smâla). 261.
Dehou (Ouizert). 377.
Ali (Béni Amir). 262.
(Tikoutamin). 377.
(Ouad Chegg el Ard). 374. 378.
Deleïm. 157. 346.
379.
Doudoun. 154.
(mont) . 99. 100.235. 239. 240. 241 .
Dris (El Mhamid). 295.
246. 393.
21.
(vallée du Sous). 193. 333.
ben Telha. 388.
Djema (tribu). 18. 24. 387.
A marna. 263.
(Zgid). 301.
Amer (tribu). 380. 381.
20.
Djerrar (Zgid). 301. 302. 304.
(monts) . 379. 380. 38 1 . 388. 389.
Djouat.
Arif. 262.
El Fedil. 371. 385.
Arzin. 369.
Fennan. 66. 261.
El Asri. 263.
Fers. 263.
Azzouz (Ourdirra). 261.
Fteta. 66.
El Baclia (fraction des BeniOukil).
Gaouch. 261.
368. 369. 386.
el Hadj (tribu). 10. 34. 35. 136. 241.
(qçar). 291.
243. 244. 245. 247. 248.
Bechili. 303.
367. 368. 371. 374. 375.
El Bekri (fraction des Oulad el Hadj).
378 . 379. 381. .‘182. 383.
384.
384. 385. 388.
El Bekri (localité d’Outat Oulad el
(environs de Fàs). 24.
Hadj). 371.
(mont) . 383.
Bel Qas. 302.
(Metrara). 352.
Bella. 154.
(Ternata). 291.
Ben el lloul. 247. 248. 379. Ils.
19. 21.
llamed (El Mffiunid). 295. 403.
Sifer. 332.
14. 21.
llamid (fraction des Oulad el Hadj).
Bhar el Kebar. 261.
384.
Bhar es Srar. 261 .
(localité sur la Mlouïa). 243.
Bou Aïta. 346.
367. 368. 369. 372. 374.
Arif. 263.
384. 385.
Bekr (Béni Mellal). 259.
Hamida (Zgid). 301.
(Chaouïa). 263.
Hammou (Ouad Arlal). 300.
Hafra. 370.
(Zgicl). 301.
Herira. 294.
Hammou ou Mousa (fraction des
IJerrou. 262.
Houara). 368. 385.
laoud. 262.
Hammou ou Mousa (qacba). 368. 385.
lous. 292.
Haris. 264.
Jejia. 370. 403.
18.
Hasen (Béni Amir). 262.
Qaïs. 384.
(Menàba). 331/332. 335. 336. 402.
Qdir. 301.
El Hasen (Mlouïa). 367. 369.
Radi. 66. 261.
llelial. 301. 302. 304.
Rilas. 378. 379.
labia (tribu du Dra). 116. 121. 124.
Ris. 332. 402.
126. 135. 136. 154. 159. 160. 162.
fîb. 370.
163. 167. 171. 201. 206. 207. 285.
Ziân (monts). 36.
4.
286. 290. 292. 293. 297. 298. 300.
Zi ri. 263.
301. 302. 303. 309. 319. 320.
8. 9. 21.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
'■80
Oulad Iahia (tribu du Sous). 194. 319. 330.
Cartes. 1
Oulad Sereïr (Ouad Sous). 190. 191. 192.
331. 332. 333. 334. 402.
14. 21.
194. 442.
(collines). 209.
8. 15.
Serir (Angad). 388.
laïc-h (Béni Madan). 262.
Sidi Aïssa (Chaouïa). 264.
Iaqoub. 262.
Aïssa (Tiissaf). 374 . 384.
Ioub (Ternata). 291.
Ali Bou Chnafa. 390.
(zaouïa). 291.
Amer. 298.
lous. 377.
Bel Qasem. 264.
Iousef (Béni Madan). 262.
Ben Abd Allah. 373.
A
(Béni Zemmour). 261.
Aïada. 367. 369. 374.
Izenqad. 346.
Daoud. 263.
Jellal (tribu), v. Ait Jellal.
Bou el Alam. 370.
Jerrar (fraction des Oulad el Hadj).
Amran. 66.
’ 384.
Iaqob. 367 . 368. 369. 376.
(localité sur la Mlouïa). 367.
Chikh (environs de Fâs). 24.
369. 374.
El Houari. 357.
Kerzab. 303.
el Hadj. 264.
Khaoua. 237. 238. 240. 241 . 243. 246.
Hamed ben Abd eç Çadoq. 355.
366. 367. 377. 381. 382. 384. 385.
17. 18.
Iaqob. 374.
Mahdi. 368. 385.
Mhammed bel lloseïn. 368. 385.
Mançour. 401.
7.
Mhammed ben Hamed. 390.
Mammer (Béni Madan). 262.
Smaïn. 262.
(Ferkla). 356. 357. 361.
Smida. 262.
Mellouk(frac. des Oulad el Hadj). 385.
Smir. 261.
(localité d’Outat Oulad el
Taoubbalt. 346.
Hadj). 371.
18. 19.
et Teïma. 191.
Merah (Béni Mousa). 262.
Teïr. 369.
(Ouad Zgid). 301.
Zahra. 262.
Mesad. 290. 296.
Zian (Béni Amir). 262.
Mesaoud. 368. 385.
(Chaouïa). 264.
Mhiia. 295.
Zireg. 263.
Mhammed. 263.
Zmam. 262.
El’ Midi. 380. 381.
Ould Fatma Ilaminou. 306. 309.
Mnisf. 263.
Sidi Malek. 331. 334.
Moulât. 153. 154.
Sidoïn. 66.
Moulei Ali ben Amer (Ait Tserrou-
Oulmess. 28. 46. 48. 101. 102. 383. 407.
chen). 373. 383.
Oumbarek ou Dehen. 189. 193. 194. 443.
(Anoual). 373.
Oumm el Aleg. 152. 313. 317.
Moulei Iaqob. 371.
el Bordj. 144.
Mousa. 290.
Djeniba. 383.
Nabr. 261.
el Lefa. 367.
Nedja. 262.
er Remrnan. 274.
Otman. 379.
19.
Oumsedikht. 339.
Ousa. 291. 292.
Ouneïn. 335. 337. 338. 402.
Rehou. 368. 376. 385.
Ounila. 95. 170. 277.
Rejia. 262.
Ounzin. 156. 196. 305. 306. 307. 309. 319. 320.
Saïd (Béni Madan). 262.
Ourdirra. 49. 261.
(Chaouïa) . 263.
Ourika. 208. 276. 285. 286. 287 . 288. 290.
(Houara).
12. 21.
291. 294. 295. 296. 297.
(Ouad Chegg el Ard). 378. 379.
Ouriz. 209. 276 . 285. 287 . 288. 290. 291.
Se.lira. 368. 385.
294. 295. 297.
Seliman (Hallaf). 368. 369. 385.
Ouriz Oulad Megeddem. 290.
(Misour). 370.
Ourti. 279.
Senjej. 263.
Ousreït. 212.
Segeïr. v. Oulad Sereïr.
Oussikis. 70. 96.260.261. 266.267.269. 361.
Sereïr (Misour). 370.
363.
Cartes.
12. 21.
1(3.
5. 21
14.
10.
10.
21.
8.
S.
G.
INDEX DES NOMS liEUGRADlllQlJKS.
48 1
Outoura. 227 . 326.
Outa Aftis.
Anbed. 217. 219. 221. 358. 301.
Angad. 97. 253. 254. 250. 257. 308.
372. 379. 381. 385. 388. 389. 390.
Azbed. 270.
Bou lougi.
Bouddeïr. 140. 308.
I ferres. 264. 267.
Izourar. 267.
Jell. 368. 372. 379. 385. 380. 387.
Mlouïa. 372.
Raret. 368. 372. 380. 387. 390.
n Sema. 305.
Tafrâta. 101. 250. 251. 368. 372. 375.
388.
Tiallalin. 229. 231.
El Outat (pour Outat Oulad el Hadj). 371.
Outat Ait Izdeg. 100. 376. 377. 382. 403.
Oulad el Hadj. 22. 240. 241. 242. 243.
244. 240. 307. 309. 371.
372. 374. 376. 378. 379.
384. 385. 403. 415. 448.
450.
Outita. 39. 40.
Ouzdiin. 284. 304.
Ouzzàn. 342.
()
X.
El Qabia. 301. 304.
El Qaçba (Ait, Ououlouz). 330.
(Aqqa). 120. 151.
(Tidsi). 339.
Qaçba Ait Ali. 287.
Arbi. 288.
Herbil. 310. 317.
el Aïoun. 22. 250. 253. 254. 255. 256.
257. 369. 379. 380. 381. 388.
391. 449.
Aïoun Sidi Mellouk. v. Qaçba el
Aïoun.
Ali ou Mousa. 303.
Bel Kouch. 63.
Béni Mellal. 28. 57. 60. 02. 03. 04.
60. 08. 09. 73. 100. 400.
401. 426. 427.
Qoulal. 379. 380. 381.
Cherarda. 24.
Chikh Ould el Hadj Ialpia. 314.
Debdou. 249. 375. 370.
Djedida. 352.
el Djoua. 91. 128. 137. 138. 139. 140.
141. 145. 150.200.299.304.
305. 300. 307. 310. 312. 315.
318. 319. 320. 433. 430.
Cartes.
17.
15. 21.
20. 21.
17.
Qaçba Eoum el Ouad.
Eichtàla. .38. 59. 00. 04. 00. 259. 203.
Foum Tazenakht. 290.
Iselouan. 386. 390.
el Kaba. 290.
el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa).
2.33. 2.35. 236. 237. 238. 308.
309. 373. 377. 415. 447. 450.
(Tatta). 143. 145. 309.
310.
19. 20. 21.
17. 21.
(Tinzoulin). 290. 403.
Mcssoun. 379. 385. 380. 387. 390. 391 .
Miknâsa. 32. 391. 401.
Moulei Ismaïl. 250. 251. 252. 379.
380. 381. 390. 449.
Oulad Ilammou ou Mousa. 368. 385.
Qedîma. 352.
Ras el Aïn Béni Matar. 379. 380. 390.
er Renda. 294.
Tàdla. 53. 57. 58. 00. 03. 04. 00. 252.
259. 203. 401. 420.
Tadoula.
18. 19. 21.
3. 21.
10.
8.
El Qaçbat. 311.
Qaïd Faraji.
Saïd ould Bel Aid.
El Qantra. 260.
(Ouad Sidi Ben Sasi). 05.
El Qçâbi (pour Qcàbi ecb Cheurfa).
(localité de Qçâbi ecb Cheurfa).
238. 239. 241. 243. 309.
373. 377. 382. 403.
(Tatta). 311.
Qcàbi ecb Cheurfa. 10. 22. 39. 47. 02. 70.
99. 100. 147. 210. 228.
231.232.235.230.237.
238. 240. 241 . 243. 244.
20. 21.
0. 21.
11. 21.
19.
9. 21.
205.305.306.368.369.
373.374.382.383.384.
403. 447. 448.
Izligen. 292. 293. 294.
Oulad Bou llerira. 294.
El Qçar (ville). 4. 5. 13. 14. 15. 10. 18.22.
31. 257. 401. 419. 420. 450.
Qçar Ait Brahim. 359.
Béni Mellal. 60.
Béni Zemmour. 50. 51. 52. 425.
Berrani. 352.
Chair. 299.
Dekldani. 352.
Djedid (Metrara). 352.
(Qçâbi ech Cheurfa). 369.
(Ternata). 291.
Ait Ilammou. 351. 352.
El Qçar el Kebir (ville), v. El Qçar.
(Semgat). 359.
(Tiallalin). 350.
Cartes.
19.
0. 21.
17. 18. 21.
10.
20. 21.
0. 21.
8.
12.
12. 14.
17. 18.
17. 18. 21.
1. 21.
5. 21.
i /.
01
RECONNAISSANCE VU MAROC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
'(82
Qçar Kebir Ait Brahim. 359.
Khsa. 297. 303.
el Mallemin. 374.
Oulad Moulei El Hasen. 377.
Ousebri. 377.
el Qdour. 305.
es Souq (district). 99. 191. 218. 220.
221. 220. 227. 228.
229. 230. 232. 347.
351. 352. 40.3.
(qçar) .219. 223. 226. 229. 348.
351.353.334.305.309.
373.374.377.403.440.
Toual. 377.
Zida. 270.
El Qcîba. 142. 145.
Qcîba Ait Aqqo. 292.
Aïssa ou Brahim. 295.
Bou Daoud. 304.
Moha ou Ali. 351.
Moulei Hamed. 221. .358.
Tarat.
Berda. 291.
Chiadma. 293.
Cbikli El Arabi ben Otman. 290.
303. 304.
Ignaouen. 304.
ci Ilioud. v. Qcîra el Ihoud.
Imougar. 358.
Moulei Brahim. 358.
el Mqadra. 291.
Oulad El Agid. 291 .
Oulad El Bacha. 291.
Oulad Ousa. 291.
Sidi Üumbarek. 291.
Sidi Zaoui. 295.
El Qcîbat (Ida ou Blal). 154.
El Qcîbat (Tatta). 311.
Qcîbat Ilemsan. 301. 302.
Qcîr ech Cherif. 350.
Sidi Omar. 350.
Qcira Ait Aha. 350.
Attou. 377.
Aouda. 349'.
Hamed ou Selîman. 377. 378.
Alibou. 349.
ech Cheurfa (Aïat). 377.
ech Cheurfa (Bou Sellam). 377.
el Ilioud (Tiallalin). 230. 348. 349. 350.
3.>1 . 352. 353. 354
303. 365. 308. 309.
371. 373.377. 403.
415.440.447.450.
El Mehcnni. 351.
ou Ba El Hasen. 354.
Sidi Ben Hachem. 377.
Qcîra Sidi Mohammed bel Bacliir. 377.
Tizi n Isekfan.
Qcîrat Sidi AM Allah ou Ali . 359.
Qçour Asif Melloul. 348.
Beïdin. 140. 320.
Qebala. 349.
Qelaïa (tribu). 390. 391.
(monts). 386. 390.
Qeradma. 304.
Qetaïa. 49. 59. 00. 259. 201 . 203.
Qioud. 302.
El Qlaa (ville). 200. 200. 401.
(Imgoun). 275.
(zaouïa). 291. 292. 293.
Qouaret. 371.
Qoubba Moulei Iaqob ben Selîman. 307.
Moulei Ismaïl. 120. 121.
Sidi Abd Allah ou Djafer.
Abd el Ouahad. 307.
Aïad (Ait Iiggas).
Aïad (Menâba).
Ali bel Qasem.
Ali ben Djebira. 143. 144. 310.
Ali ou Azza. 307.
Amara. 300. 312.
Bou el Alain.
labia. 270. 274.
Reja. 332. 333. 338.
Sekri.
Daoud. 280.
Daoud Tagoummast.
Haseïn (Ouad Sidi Haseïn).
328.
El Hasen Ali. 281.
El Hoseïn (Tatta). 144. 299.
309.
Ismaïl. v. Qoubba Moulei Is¬
maïl .
Mançour ou Hamed. 278.
Mcllouk. 255.
Mohammed d Aït Hoseïn. 144.
309.
ou Bel Qasem.
el Hadj.
ou Dris.
Mousa n Hamerin.
Saïd.
Selîman. 00.
Tarourt. 295.
Qoubbouin. 375.
Qtaoua. 210. 285. 280. 293. 294. 295. 302.
303. 304. 403.
Er Rahba (Qçar es Souq). 351.
Rahba (Tatta). 31 1 .
Cartes
8. 15.
9. 10.
5. 6. 21.
7.
18.
9.
8.
14.
14.
19.
10.
18.
15.
13.
10.
10.
20.
8. 15
1.
8.
12.
12.
19.
Cartes.
19. 21.
17. 21.
17. 21.
10.
8. 15.
10.
17.
17.
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIQUES.
'<83
Rahôna. 5.
Cnrtcs.
Riour. 228. 350.
Ras el Aïn Béni Matai*. 379. 380. 381. 390.
Riraïa. 401.
Dra. 286. 287.
Romera (Rif). 25.
Irir. 311.
10. 21.
(environs de Fâs). 24.
Mezgîta. 287.
El Rouan em. 301.
el Ouad. 155. 166. 170. 189. 193. 317.
El Rrouch. 352.
329. 333. 334. 335.
14 21.
Rekkam. 239. 246.
19.
S
Ternata. 289. 290. 292.
Rebat (port de mer). 19. 21.
Safi. 339.
' (Mezgîta). 286. 287. 295. 403.
Sahel. 22. 24. 82. 123. 124. 126. 148. 152.
(Tinzoulin). 290. 403.
154. 155. 158. 162. 166. 167. 168.
Aït Mimoun. 296.
169. 182. 188. 293. 297. 299. 316.
el Hadjer. 291. 296. 303.
317. 318. 319. 328. 333. 339. 342.
Rechida. 243. 247. 251. 375. 376. 384.
19.
343. 345. 346. 402.
Refoula. 367. 368. 385.
Sais. 20. 24. 37. 39. 40.
Regba. 294.
Saksad. 323.
lleggou (groupe de qçars). 369. 374.
19. 21.
Sama (Menûba). 331.
(mont). 100. 246.
21.
Sarsar. 13. 15.
Regibat. 157. 346.
Sarro. 100. 211. 212.213. 214. 215. 217. 218.
Er Reken (Ouad Imgoun). 275.
219. 220. 223. 227. 2G7. 269. 276. 289.
Reken (Ouad Sidi Mohammed ou Iaqob).
296. 361. 364.
308. 320.
Saïda. 369. 384.
Rekkam. 147 . 239. 240. 242. 243. 244. 246.
Sebdou. 390.
247. 372. 374. 382. 384. 389.
18. 19. 21.
Es Sebt (Indaouzal). 334.
Rerraba. 382. 383.
Sebt el Gerdan. 191.
Reteb. 21. 227. 347. 353. 363. 403.
el Kefifat. 191.
Rb al a. 329. 330. 332. 333. 334. 335. 402.
Tamegrout. 293.
Rhamna. 79. 259. 401.
21.
Sefala (Mezgîta). 287.
Rich. 348. 349.
Sefalat (Fezouata). 292.
Rif. 4. 5. 8. 12. 24. 25. 35. 136. 251 . 379. 386.
Seketàna (famille). 88. 318. 319. 320. 328.
387. 401.
329.
Rist Djcdeïd. 147. 148. 150. 156. 299. 307.
(tribu). 167. 170. 282. 306. 307.
308.
10.
319. 328. 329. 336. 337. 402.
Rol.ia. 286. 292. 293.
proprement dits (fraction de la
Rouased. 261.
tribu). 329. 337.
Roudat. 287.
Sellaout. 375.
Sema (plaine). 365.
U
Semgat (district). 358. 359.
Raba el Arich. 367.
18.
Semget. 66. 261.
Ida ou Gert. 186. 187.
13. 21.
Seinlal. 354.
Oumrn el Lefa. 367.
Semmoura. 376.
Sidi Abd el Ouabad. 367.
18.
Semrir. 269.
Ralil (district). 280.
Sénégal. 124.
(qçar). 280. 284.
Seroub (Ouad Iriri). 279.
Rarb. 15. 43.
2. 21.
(Ouad Tlit). 302.
Raret. 368 . 372. 386. 387. 390.
Serrin. 351.
Rarm el Alain. 66.
Serrina (Qcour Beïdin). 140.
Reris. 21. 99. 100. 101. 211. 218. 219. 220.
(Tatta). 31 1 .
224. 225. 226. 228. 230. 239. 242.
Sermer. 66.
349. 358. 360. 361. 363. 403.
16. 21.
Sfrou. 10. 18. 19. 20. 21. 24. 28. 35. 37. 38.
Riata (tribu). 25. 29. 31. 32. 33. 34 . 35. 36.
39. 60. 64. 78. 101. 237. 265. 382.
65. 248. 383. 387.
4. 21.
383. 387. 395. 401. 407. 415. 423.
(monts). 18. 27. 28.29. 31. 33. 36. 101 .
424. 450.
102. 251. 368. 372. 379. 383.
Siaïda. 264.
.386. 387.
4. 21.
Sidi Abd Allah. 184. 439.
48 '(
RECONNAISSANCE AU MAROC.
Sidi Abd Allah (douar), loi.
Cartes.
Sidi Ilaseïn (Ouad Sidi Ilaseïn). 328.
ou Ali. 359.
Ilaseïn ou Mhind.
ou Djafer.
8.
El Hasen Ali. 28L
ou Mhind (Ait Amer). 114.
El Hoseïn (Tatta). 144. 299. 309.
282.
9.
(Tazeroualt). 341. 342. 343.
ou Mhind (Tisint). 121. 100.
(Zenâga). 282.
104. 343.
9.
lahia (village).
Oumbarek (Aqqa). 151.
(Dar). 442.
Oumbarek (Mrimima). 159.
lous. 330.
100. 107. 30.3.
9.
Ismaïl.
Abd el Ali (Qtaoua). 294.
Malek. 331. 334.
(Todra). 355.
Maneour ou Ilamed. 278.
Abd el Ouahad (qoubba). 367.
El Medaoui. 311.
(forêt). 307.
18.
Mellouk. 255.
(zaouïa). 371.
Merri. 302.
Abd er Rahman. v. Moulei Abd cr Rah-
Mhind ou Iaqob. 331.
man.
ou Ouchchen. 442.
Abd er Rahman (Tamessoult). 203.
9.
Mohammed d Aït Hoseïn. 144. 309.
Aïad (Aït Iiggas).
14.
bel Qasem. 62. 6.3.
Aïad (Menâba).
14.
cl Hadj.
Ali bel Qasem.
19.
ou Abd Allah. 287.
ben Abd er Rahman d Admer. 374.
ou Bel Qasem.
375.
ou Bou Bekr (Tisint). 121.
ben Djebira. 143. 144 . 310.
10.
ou Dris.
ben Samah d Oulad Amer. 374.
ou El Hasen. 300.
ech Chergi.
8. 15.
ou Iaqob (Ouad S. Moham¬
ou Abd er Rahman. 121. 303.
med ou Iaqob). 198.
ou Azza. .307.
308. 309.
Amara. 300. 312.
ou Iaqob (Ouad el Amdad).
lien Abd Allah. 373.
09*7
. >.>.).
Nacer (Tamegrout). 292. 30.3.
Mouloud (zaouïa).
Nacer (Ternata). 291.
Mousa. 335.
Sasi. 65.
Mousa n Hamerin.
niai. 301.
Omar (Ida ou Gemmed). 330.
Bou Abbed. 00. 200.
(Tiallalin). 350.
Abd Allah. 352.
Otman. 280. 402.
el Alam.
18.
ou Aziz. 335.
Bekr.
5.
Oumbarek (Outat Oulad el Hadj). 371.
lahia. 127. 270. 271. 274. 275.
15.
(Tâdla). 266.
Nega. 336.
(Ternata). 291.
Nou. 293.
Reliai. 22. 70. 79. 80. 81. 82. 99. 266.
Qil. 348. 349. 303.
401 . 408. 415. 428. 450.
Iteja. 3.32. 333. 338.
El Razi. 153.
Sekri.
13.
Saïd.
Caleh. 294.
Selîman. 66.
Daoud. 280.
Zaoui. 295.
Daoud Tagoummast.
10.
Siroua.95. 96. 102. 108. 112. 204. 279. 281.
Dris (Ait Seddrât,). 288. 296.
282. 283. 326. 327.
(Dâdes). 211. 271.
15.
Smala. 49. 66. 90. 261.
Felah. 209.
Smira. .300. 301 . .302. 304.
El Houari. 226. 301 .
10.
Soual. 261.
el Hadj Amer. 355.
Soualcb. 154.
Hamed (Aït Zaïneb). 278.
8.
Sou a ta t. .331. 402.
liamed ou Mousa. 100. 108. 109. 311.
Souekh. 299. 312.
342. 343.
Souir. 299. 309.
ilamza. 353. 354. 40.3.
Soukkan. 154.
Cartes.
13. 21.
10.
9.
9.
20.
13.
6.
8. 15.
8. 15.
15.
12.
17.
7. 21.
12.
21.
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIOUES.
w:>
Sountat. 347 .
Souq ol Arbaa Aït Iiggas.
Bdaoua. 13.
Béni Qoulal. 381.
Oulad Djema. 18.
ol Djemaa Houara.
Oulad Hamid. 385.
Oulad Iahia.
el I lad Ait Atab. 75. 261. 267. 401.
Aït Bou Zid. 71 . 427.
Ait Mezal.
Ida ou Isaren.
el Mouloud. 168. 169. 342.
Mrimima. 168. 169. 342.
S. Hamed ou Mousa. 168. 169. 342.
et Tenin Ida ou Mhammed. 183.
Kerarma. 250. 252. 381.
Oulad et Teïma. 191.
Todra. 224. 356.
Touf el Azz. 178. 341.
Tiallalin. 349.
et Tlâta Iliaïna. 35. 36. 43.
Ksima. 184.
Oulad Hamid. 385.
ez Zemmour. 42. 43. 424.
et Todra. 224. 356.
ez Za. 250. 252. 381.
Sour. 278. 402.
Sous. 24. 70. 96. 109. 110. 120. 124. 126.
145. 148. 155. 166. 169. 170. 181. 189.
190. 192. 19.3. 194. 196. 256. 316. 317.
.328. .3.3.3. 342. 343. 346.
Soussia. 298.
Srarna. 4*9. 76. 77. 79. 259. 260. 266. 401.
Stella. 299.
Cnrto-i.
2. 3.
12.
14.
6.
6.
11. 12.
20
12
16
3. 21.
16.
20.
7. 21.
T
Ta n Amelloul (Mezgîta). 211.
n Amelloul (désert). 281. 282. 336.
Bou Abd Allah. 299.
Taadadats. 358.
Taagnit. 321.
Taaqilt. 288. 289. 290. 296.
Tabadrieht. 329.
Tabaouchit. 275.
Tabarkaït. 348.
Tabarkhast. 275.
Tabaroueht. 265.
Tabcrracht. 347. 348.
Tabia (Aït Tameldou). 321. 322.
(Iouzioun). 322. 324. 402.
(Ouad el Abid). 75. 76. 400. 401.
(Todra). 355.
(Zagmouzen). 327.
(Ziz). 34s.
6. 21.
Tabia Aqqa Iren. 200.
n Boro (Ouad Zagmouzen). 327.
n Boro (Ouad Zgicl). 302.
Djedida. 302.
n Imaoun. 334.
en Nkheïla. 302.
Tabnattout. 376.
Tabouarbit. 353.
I Tabougoumt. 278. 284. 402.
Tabount. 280. 402.
Tabouraht. 277.
[ Tachbacht Aït Isfoul. 356.
Tachdirt.
Tadafals. 223. 446.
Tadakoucht. 152.
Tadaout (Tiallalin). 350.
Taddart. 276.
Tadellast. 278.
Tademricht. 280.
Taderost (pour Taderoucht).
Taderoucht. 227. 358. 359. 360. 363. 403.
Tàdla (contrée). 19. 40. 42. 46. 47. 48. 49.
50. 51. 52. 53. 56. 57. 59.
62. 63. 64. 65. 66. 67. 68.
69. 70. 72. 74. 100. 181.
2.30. 259. 261. 263. 264.
265. 266. 278. 383. 401 .
(qaçba). 53. 57. 58. 60. 63. 64. 66. 252.
259. 263. 401. 426.
Tadmamt. 326.
Tadoula. 92. 106. 278. 402.
Tadja. 280.
Tafellount. 195. 331 .
Tafergalt. 287.
Tafersit. 401.
Tafilelt. 20. 21. 22. 39. 47. 153. 154. 156.
157. 167. 168. 169. 227. 2.32. 286.
293. 297. 347. 353. 357. 363. 369.
40.3.
Tafoudeït. 44. 45. 48.
Tafounent. 105. 106. 283.
Tafraout.
Tafraout n Iraden.
Tafrâta. 101. 250. 251. 368. 372. 375. 388.
Tafrent (Aït Abd el Ouirt). 328.
Tafrent (Aït Ouarrda). 281.
Tafrouqt. 302.
Tafroust. 290. 296.
Tafrout. v. Triq Tafrout.
Tagadirt (Aqqa). 120. 151. 403.
(Imseggin).
(Ouad Mançour). 325.
(Ouad Tlit). 302.
Aït Atto. 281.
Aït Daoud. 281.
Ait Hamed ou Hoummou. 330.
Cartes.
8.
16.
14.
16.
17.
16. 21.
5. 6. 21.
6. 21.
8.
14. 21.
8.
14.
9.
19. 20. 21.
10.
12.
MECONNAISSANCE AU MAROC,
W(1
Tagadirt el Bour. 337. 338. 401.
n Ouonddiz. 331 . 332.
n Tafoakt. 330.
Tagdielt Ait Bou Daoud. 361.
Tagdourt n Touda. 270. 284. 402.
Tagemt. 300.
Tagendout. 330.
Tagendouzt. 277.
Tagentout (Ouad Aït Tigdi Ouchclien). 106.
283.
Tagentaft. 337.
Tagenza (Dâdes). 270.
(Dahra). 373. 384.
(Ida ou Gemmod). 330. 334.
(Ouad Zagmouzen). 327. 328. 320.
Tagenzalt. 103. 104. 284. 430.
Tagergint. 301.
Tagergoust (Aït Ououlouz). 330.
(Zagmouzen). 327.
Tagerra. 105.
Tagersift. 348. 340. 353. 354.
Tagherot. 00.
Tagjdit. 327.
Taglaout. 320.
Tagmadart. 202. 203.
Tagmout (Aït Otman). 327. 328. 320. 402.
(Glaoua). 80. 82. 83. 84. 206. 401.
408. 415. 420. 450.
(Isaffen).
(Ouad Tatta). 300. 310. 31 1. 312.
310.
Tagnit (Imini). 278. 402.
(Qçar es Souq). 351.
Aït Moho. 271.
Ba llammou d Aït Taleb. 271. 274.
Tagouïamt (Aït Oubial). 327. 402.
(Ouad Iriri). 270.
Tagoulemt. 335.
Tagoummast. 355.
Tagounsa. 355.
Tagoust. 331.
Tagrioualt. 325.
Tagrirt. 304.
Tagzart. 211.
Tagzirt. 50. 04. 08. 250.
Tahennaout. 401 .
Tahalla. 3.30.
Tahamdount. 350.
Taïfst (Aït Zaïneb). 277.
(Ounzin). 300. 307.
Taïmzour. 114. 115. 110. 117. 137. 130. 147.
101. 318.
Taïrza. 350.
ïaïssa. 321. 322. 324. 320.
Tajakant. 144. 153. 107. 188. 297.
Tajegjit. 277.
Cartes.
8.
15.
8. 21.
14.
7. 21.
17.
15.
15.
0
14.
0.
/.
Takatert (rive droite du Dra). 272. 287. 204.
205.
Aït Ikhelf (rive gauche du Dra).
287.
Takatirt (Reris). .360.
Takclitamt. 327.
Cartes.
8.
8. 15.
Takdicht. 204. 205 . 444.
Takemmou. 335.
Takerrat. 277.
Takiout. 401 .
I Taksit.
Takhelil. 291.
Takherri (Gentafa). 337.
(Ouad Tifnout). 322.
Takhoualt. 305.
iTala. 284.
Tala Moumen. 337.
j Talalt. 350.
Talart Imadid. 300. 328.
Talat (Ouad El Qabia). 301.
Aït labia (Mezgîta). 287. 200.
n As. 337.
n Ig. 323. 326.
n Ougnal. 324.
n Tanout (Imerrân). 273.
n Tiout. 330.
Talatin n Ouadil. 200.
Taldnount. 145. 311. 320.
Taleint Bou lleddou. 273.
[ Talella. 338. '
Talemart. 00.
Talemt.
Taleouin (Mezgîta). 287. 290.
(Ouneïn). 335. 337. 338.
(Zagmouzen). 327.
(Zenàga). 114. 283.
Talesmant.
Talet. 280.
Talet Tefraout.
Talharit. 304. 365.
Talilt. 301.
Talkjount. 193. 333. 335. 330.
Tallent Sidi Hachem. 342.
Talmest. 200.
Talmist.
Talmodat (Ouad Timjijt). 282.
Talmoudat (Ouad Tizgi). 325.
Talmout. 275.
Talmzit. 287.
Taloust (Aït Amer). 282.
(Aït Ouarrda). 281.
Talsit. 373. 384. 390.
0.
7.
7.
10. 14.
8.
8.
8.
14. 21.
20.
8.
Taltgmout el Haratîn. .305. 300.
Taltnezourt. 327.
Tamagourt. 348. 349.
Tamaïoust. 104. 283.
8.
INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES.
487
Tamakoucht. 277.
Tamalalt. 334.
Tamaliht. 341. 402.
Tamalout (Ouad Aoullous). 326. 402.
Aït Amer ou Ali. 326.
Tamanart. 152. 316. 317. 318. 345. 403.
Tamanat (col). 95. 96. 99.
Tamararsent. 322.
Tamarouft. 112. 282. 336. 337. 403. 432.
Tamasint (Ouarzazât). 280. 402.
(Todra). 355.
Tamast. 331 . 332. 334. 402.
Tamatout. 267.
Tamazirt (Ouad Asdrem). 283.
(Ternata). 291.
Tamazount. 350.
Tamazzens. 401.
Tamda (Tazarin). 364.
Aïtbir. 306. 307.
Tamdafelt (Mlouïa). 366. 382.
(Tiallalin). 350.
Tamdakht (Aït Seddrât):
(Aït Zaïneb). 89. 277. 27 N.
Tamdrart (Aït Ououlouz). 330.
(Ounzin). 305. 306.
Tamdroust. 337.
Tamedint.
Tamegrout. 101. 138. 153. 160. 166. 285.
286. 287. 292. 293. 303. 335. 343.
Tamejjout. 99. 323. 338.
Tamellakout (Ouad Asdrem). 283.
(Ounzin). 306.
Tamellalt. 401 .
Tamerrakecht. 229. 348. 349. 351 . 352. 363.
369. 370.
Tamerranist. 278.
Tamerzast. 280.
Tamesraout. 269. 273.
Tamesraout (plaine).
Tamessoult (Adis). 143. 145. 158. 310.
(Ouad Ignan n Ikis). 128. 202.
203. 305.
Tametkal. 277.
Tamgout. 330.
Tamjerjt (Aït Ouarrda). 281.
(Ouad Igemran). 325. 326. 327.
402.
(Ouad Tanzida). 304.
(Ounzin). 306.
Tamkasselt. 288. 296.
Tamkasselt el Hara. v. Ilara Tamkasselt.
Tammarouin. 324.
Tammasin (district). 100.280.283. 2H4. 403.
Tammast (Ouarzazât). 277. 280.
(Tatta). 311.
Tammenout. 327.
Cartep.
7. 8.
7. 21.
9. 21.
16.
17.
17.
8. 15.
8.
10.
17. 21.
9.
10.
9. 21.
7.
8. 15.
Tamnougalt. 210. 212. 272. 273. 285. 286.
287. 288. 289. 290. 291. 293.
294. 295. 296. 297. 403. 414.
415. 444. 445-. 446. 450.
Tamrart. 279.
Tamsellount. 337.
Tamskourt. 329.
Tamskrat.
Tamsoult (Ouad Aqqa). 175.
(Ouad Aqqa).
Tamzaourout. 301 .
; Tamzernit. 323. 324.
Tamzerra. 281.
Tamzout. 291.
Tanagamt. 291.
Tanamrout (col). 172. 173.
(Mezgîta). 287.
Tanfekht. 329.
Tan fit. 335. 337.
Tangarfa. v. Fomn Tangarfa.
Tanger (ville). 1. 2. 4. 11. 15. 16. 19. 20.
21.22.36. 46.122. 191.401.
417. 418. 450.
(province). 4. 15.
j Tanrerift. 353.
Tansikht. 288.
Tansita Fouqania. 303.
Tanslemt (qçar). 365. 373. 384.
(col). 99.
Tanzida. 116. 117. .300. 302. 303. 304. 320.
399. 432.
Tanzita (Ternata). 291.
Tanzmout (Aït Seddrât). 288. 289.
(Glaoua). 266.
Taouahit. 350.
Taouahmant. 358.
Taouarsout. 322.
Taouinekht. 301.
Taoura (Aït Tserrouchen). 384.
(Ouad Iriri). 279. 402.
Taourart. 332.
Taourbart. 338.
Taourirt (Aït labia. Ouad Dâdes). 216. 271.
(Aqqa). 120. 151 .
(Azrar).
(Imini). 278.
(Indaouzal).
(Metrara). 352.
(Ouad Mançour). 325.
(Ouad Za). 250. 251. 252. 379. 380.
38 1 . 390. 449.
(Ouarzazât). 280. 402.
(Seketàna). 329.
(Tazenakht). 281.
(Todra). 220. 221. 222. 223. 265.
272. 273. 355. 356. 357. |
Carte.'.
8. 21.
11.
11.
1. 21.
9. 21.
l /.
15.
15.
10.
10. 14.
14.
20. 21.
MECONNAISSANCE AU MAROC.
MSH
Car tes.
Taourirt (Todra). 358. 359. 300. 301. 362.
Tarzout (Qcàbi ech Cheurfa). 369.
364. 403. 414. 415. 450.
16. 21.
(Qcar es Souq). 351.
(Zagmouzen). 327. 400.
(Ternata). 291. 296.
el H ad. 327. 333. 402.
Imerrân. 269. 273.
Ibousas (Mezgîta). 287.
8. 15.
Tasdmit. 340.
n Imakkeren. 85.
7.
Tasdremt (AïtOuoulouz). 328. 339. 333. 335.
Izknasen. 279.
15.
Taselmant. 106. 277.
el Mrabtin. 334.
Taserga. 327.
ou Selîman. 182. 184. 439.
12.
Taserlit. 330. 331.
n Ouzenag. 302.
Tasga. 278.
n Tilles. 302.
Tasgedlt. 93. 94.
Taqqat. 101.286.294.
Tasgelt.
'I’aqqat Nezala. 354.
Tashmoumt. 330.
Taqtrant. 332.
Tasiset. 348.
Tarea. 268. 285. 286. 287. 295.
8.
Taskoukt. 93. 94. 278. 493.
'l’areddout. 281.
Tasla Aït Braliim. 106. 206. 208. 285. 295.
Targa (Qçar es Souq). 351. 352.
Tasminert. 296.
Aït Irat. 337.
Tasoult. 321.
n Mimoun. 327.
Tasremout. 401.
Targanada. 276. 40.3.
Tasrekht. 279.
Targant. 307. 308. 309.
Tasrent. 328.
Targant Ida ou Oert. 186. 187.
13. 21.
Tasrirt. 281. 282. 395. 396. 328. 336. 337.
n Ououdmim. 183.
12. 21.
Tassellount. 401.
Tarhamt. 263.
Tassoumat. 330. 331. 334.
Taria (désert). 284.
Tassourt. 287.
Aït Ali ou Moha. 272.
Tastift (Ouad El Qabia). 301.
Aït Amer. 272.
(Ouad Zagmouzen). 327.
Aït Meraou. 275.
Tatta (oasis). 22. 35. 91. 120. 121. 126. 137.
alasagia Imerrân. 272.
128. 130. 132. 135. 137. 138.
Ben Sekri. 272.
141. 142. 143. 144. 145. 148.
Ilcmsan. 356.
16.
150. 151. 153. 154. 156. 158.
'l’arir n Imiter.
15.
160. 168. 170. 171. 173. 174.
Tarjijt. 318.
180. 193. 256. 293. 297. 298.
Tarkeddit. 99. 274. 277.
21.
302. 308. 309. 310. 311. 312.
Tarmast. 287.
315. 318. 319. 320. 337. 338.
Tarmoucht. 279.
15.
340. 343. 400. 403 . 432. 433.
Tarneouin. 322.
434. 435. 436.
Tarokht. 285.
(kheneg). 151 . 161 .
Taroudant. 22. 99. 190. 192. 193. 199.313.
Tatteouin. 376. 377.
329. 331. .332. 333. 334. 335.
Tâza. 19. 25. 26. 29. 30. 31. 32. 33. 35. 38.
340. 402.
14. 21.
69. 64. 241. 249. 375.376. 378.
Tarouni. 301.
379. 385. 387. 390.395. 401. 406.
Tarourt. 295.
415. 421. 422. 450.
Tarq. 353.
Tazalart (Ilalen). 340.
Tarribant. 347. 348.
(Ouad Nezala). 354.
Tarza. 227.
16. 17. 21.
Tazarin (district). 22.288. 362. 363. 364.
Tareroucht. 335.
(Aït labia). 353.
Tarilast. 278.
(Ouad Zagmouzen). 327.
Taria. 171. 172. 173. 309. 319. 438.
10.
Tazdert Eouqani. 327.
Tarlemt. 339.
Tahtani. 327.
Tarramt. 280.
Tazeggert. 279.
Tarrat. 322.
Tazenag. 106.
Tarrelil. 403.
Tazenagt (Metrara). 352.
Tarrout (Mezgîta). 286. 287.
Tazenakht (district). 196. 281.
(col). 99.
(village). 22. 62. 81. 92. 96. 103
Tarzout (Ouad Aït Sennneg). 328.
105. 105. 197. 198. 199.
Cartes.
8.
h.
8. ai.
9.
10. 21.
10.
4. 21.
8. 9.
INDEX
DES NOMS
GEOGRAPHIQUES.
Cartes.
Cartes
Tazenakht (village). 1 10. 111. 113. 114. 1 '24.
Temgissin. 303.
135. 138. 171. 181. 190.
Temouddat. 281.
199. 202. 203. 205. 20G.
Temsasar. 281.
216. 280. 281 . 284. 285.
Temrarerin.
9.
288. 300. 301. 304. 327.
Tenîn Ait Bou Bekr. 335.
336. 395. 400. 403. 409.
Aït Iahia ou Otman. 360.
410. 413. 414. 415. 430.
Ait Sin. 328.
431 . 432. 443. 444. 445.
Aït. Tout el Azz. 178. 341.
11.
450.
8. 21.
Aqdim. 348.
(Ouad Dra). 296.
Fl Aroumiat. 292.
Tazentout. 89. 94. 277.
8.
Ida ou Mhammed. 183.
12. 21
Tazeroualt (district du Sahel). 70. 107. 168.
Ilougaïm. 341.
293. 316. 341. 342. 343.
Kerarma. 250. 252. 381.
20.
344. 345. 400. 402.
Oulad et Teïma. 191.
12.
(village).
6.
Qaçba Qedima. 352.
Tazga (Imadiden). 329.
Rebat. 290.
Asdrem. 283.
Sidi Bou Ahd Allah. 352.
Tazgelt. 340.
Smira. 302.
Taziat. 359.
Taourirt el 1 lad. 328.
Tazioukt. 335.
Telouet. 81.
’l'azleft. 277. 278. 402.
8.
Timdouin. 335.
Taznout (Tisint). 120. 121. 320.
9.
Tinrir. 224. 356.
16.
(désert). 306.
Todra. v. Tenîn Tinrir.
Tazouli. 306. 307. 320.
Touf el Azz. 178. 341.
11. 21
Tazoulit. 311.
ez Za. v. Tenîn Kerarma.
Tazoult (Imskal). 329.
Zaouïa Sidi Bou Qil. 349.
(Ouad Ait Taineldou). 324.
Tenmasla. 280. 284. 402.
(Ouad Amzarou). 325.
Terboula. 267.
(Tatta) . 310.
10.
Terga. 282.
9.
(Zenâga). 282. 283.
9.
Ternata. 158. 159. 210. 212. 285. 286. 289.
Tazouqa. 351.
17.
290. 292. 293. 303. 363. 403.
Tazrouft. 353. 354.
Terrats. 18. 20. 26. 37. 39.
3. 21.
Tazrout (Aït Ouarrda). 281.
Tertara.
5.
(Ouarzazât). 280.
Terrisin. 267.
(Tazenakht). 281. '
8.
Tesakoust. 279. 284. 336.
(Fezouâta). 293.
Tesaouant. 207. 276. 284. 285. 287. 289.
Fouqania (Imgoun). 275.
290. 291. 293. 294. 295. 297.
Tahtania (Imgoun). 275.
304. 414.
8. 21.
Timeloukka. 161.
9.
Tesatift. 305. 306. 307. 310.
9.
Taztout el Qatli.
5.
Tesfrout. 100.
n Sarro.
15.
4’esla Ait Braliim. v. Tasla Aït Brahim.
Tecçaïout. 93. 277. 278.
8.
Tétouan (ville). 1. 3. 4. 5. 6. 7. 9. 10. II.
Teççaouit. 376.
13. 15. 22. 23. 24. 25. 26.
Teççaout Ait Mazzen.
7.
34. 70. 405. 406. 415. 417.
Teddref. 326. 336.
418. 419. 450.
1. 21.
Tefraout (mont).
7.
(province). 4. 15.
(désert).
8.
Teza (mont). 99.
Tegafeït (Ouad Za). 379. 380. 381.
Tezzart. 332.
Tclouet (district). 70. 81. 85. 86. 94. 107.
Ti n Iargouten. 338.
108. 109. 266. 276. 278.
' n Iourkan. 362. 364.
280. 284. 326. 327. 336.
’l iallalin (district). 228. 229. 230. 232. 233.
402.
7. 21.
236. 347. 349. 350. 365.
(col). 82. 84. 85. 95. 96. 99. 233.
7. 21.
403. 446. 447.
17. 21
Tel rem t (col). 28. 99. 147. 228. 231. 232.
(plaine). 229. 231.
17. 21
233. 231. 328. 373.
17. 21.
Tichgach.
11.
Temdaouzgez. 112. 282. 302. 304.
9.
Tichka. 95. 96. 99. 278.
7. 21.
02
m
H ISCOiN NAISSANCE U MVllOC.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
400
Tichki. 325.
Tiddes. 325.
Tidgar. 176. 314. 438.
Tidili (district sur l'Ouad Imini). 278. 279.
280. 402.
(mont). 05. 93. 278.
Tidirmit. 323.
Tidnes. 334.
Tidrest. 274.
Tidsi (district). 339. 340.
(village du Tidsi). 339. 340.
(Ternata). 291.
Tifergin. 327.
Tifernin (mont). 200 . 207.
(col). 100. 207.
(désert). 284.
Tiferoui. 277.
Tiffitra. 354.
Tiffoultout. 280.
Tifirt n Zarakten.
Tiflit (Ouad Iserki). 274.
(Ouad Sous). 330.
Tifourt (Zagmouzen). 327.
(Seketàna. v. Tizi). 329.
Tifrest. 311.
Tigexnmi Djedid. 280. 402.
n Talart. 330.
Tazouggart Ait El Haseïn. 273.
Tigert. 277.
Tiggint. 290.
Tigider. 330. 331.
Tigiselt. 143. 309. 310. 320.
Tigit (Mezgîta). 287.
Aït b Oulman. 291. 292.
Oulad Chaouf. 291.
Tigouramin. 337.
Tigzit. 337.
Tigzmert. 311.
Tiidrin (Amtrous). 358.
Tiidrin (Todra). 222. 355.
Tiiggan. 150. 309. 310. 317. 338.
Tiiggan Qedîm. 145.
Tiilit. 215. 210. 217. 270. 275. 301. 3)2.
399. 403. 414. 445. 440.
Tiissaf. 244. 374. 384.
Tiiti. 143. 158. 171.309.310.311.315. 320.
Tikirt. 88. 89. 92. 93. 94. 95. 103. 108. 1 10.
274. 277. 278. 279. 280. 284. 399.
402. 408. 409. 415. 428. 429. 430. 450.
Tikoutamin. 377. 382.
Tikoutar. 355.
Tikhf'ar. 200.
Tilioua. 329.
Tillougit. 200.
Tilmiouin. 270.
Tilouin (Ouad Todra). 220. 227. 357.
Cartes.
il
7. 21.
8.
8. 21.
7.
17.
7.
7. 8.
10.
10.
10.
10.
15. 21.
19. 21.
10.
8. 21.
Tilouin Ait Isfoul. 358.
Tilqit. 211. 322.
Tilseklit. 282.
Tilzir (qçar). 284.
(désert). 284.
iTimasinin (Imskal). 329. 402.
(désert). 270.
Timatreouin Ignaouen. 219. 220. 221. 205.
357. 358. 301. 304.
Timbouktou. 123. 126. 127. 154. 150. 157.
169. 188. 346. 362.
Timdouin. 332. 333. 334. 335. 402.
jTimekkit.
| Timellilt (Ouad lounil). 277.
(Ouad Zagmouzen). 327.
Timeloukka.
Tiinersit. 329. 402.
Timesla. 289. 290. 290. 303. 403.
Timezgida n Izrar. 332.
Timgdal. 325.
Timi Ourrt. 200.
Timicha (Imerrân). 270. 403.
Timichcba (Aït labia). 215. 271. 445.
(Ouad Aït Semmeg). 328.
Timicht. 327. 328.
Timidert. 287.
Timikert (Ida ou Tift). 330. 331.
Timikirt (désert). 280. 281.
Timiter (Ouad Mançour). 325.
(Ouad Tifnout). 322. 323. 324.
Timjdout. 278. 279. 402.
Timjijt. 282.
Timkist. 278.
Timmi. 153.
Timoula. 358.
Timountout Fouqia. 278.
Tahtia. 278.
Timoures. 325.
Timrart. 120.
' Timrirt. 350.
Timsal. 277. 402.
Timskalt. 290. 296.
Timstiggit. 275.
jTimtedit. 274.
Timtig. 292. 293.
Timzgit. 359.
Timzourin. 351.
Timzourit. 305.
| Timzrit. 278. 402.
Tindouf. 70. 126. 128. 144. 145. 152. 155.
157. 182. 188. 297. 310.
Tindout. 270. 403.
Cartes.
10.
15. 10.
10. 21.
7.
9.
15. 21.
8. 15
8. 9.
9.
17.
’inegdid. 291.
’inegza. 290.
infat. 300. 328. 329. 330.
'infou. 293.
INDEX UES NOMS GEOGHAPIIK )LTES.
V.ll
Tingaï. 299. 300. 302. 307.
Tingbit. 331.
Tiniril. 211. 287. 293.
Tinksif. 322. 328.
Tinmekkoul. 321. 322. 327. 328. 329. 330.
332. 333. 337.
Tinnikt. 330. 332.
Tinrir. 272. 273. 355. 350. 357. 359. 330.
403.
Tintazart. 141. 142. 143. 144. 145. 140. 148.
150. 152. 153. 155. 158. 100. 104.
108. 297. 299. 310. 319. 320. 338.
403. 410. 411. 415. 433. 434. 435.
450.
Tinzalin. 283.
Tinzats.
Tinzer. 321. 322.
Tinzert (Id ou Illoun). 320.
(Menàba) . 331. 332. 334. 402.
Tinzoulin. 22. 159. 100. 103. 104. 105. 210.
211. 212. 285. 280. 288. 289. 290.
292. 303. 304. 403.
Tiouaïouit.
Tiouanin. 300.
Tiouant (district). 374. 378.
(mont). 378.
Tiouiin. 282.
Tiourassin. 89. 277.
Tiourza. 330.
Tiout. 333.
Tiouzzagin. 304. 305.
Tir. 330. 332.
Tirdouin. 350.
Tirest. 327.
Tirezdet. 348.
Tirga.
Tirigiout. 271.
Tirikiou. 329. 337.
Tirikht.
Tirit.
Tirkt. 331 . 332.
Tirnest (groupe de qcars). 374. 384.
(mont). 383.
Tirza (Ouad Béni Mesri). 305.
(Ouad Iounil). 277.
Tirl'ert. 35(7.
Tirilasin (Gers). 349.
Qedim. 349.
Tiriourin. 351.
Tirmert. 318.
Tirrematin Ait n Aglou. 272.
Ait Aïssa ou Braliim. 350.
Igelmouz. 270.
Tirremt (Ouad El Qabia). 301. 403.
(El Qçàbi. Tatta). 311.
(Tatta). 311. 320.
Carte®.
10. 21.
10. 21.
20.
11.
14.
15.
11.
14.
19. 21.
Tirremt (Todra). 222. 355.
Ait Assa. 273.
Ait Alxl Allah. 273. 274.
Ait Ali ou labia. 270.
Ait b ou Iknifen. 350.
Ait Braliim. 272 . 273.
Ait Haddou ou Amr. 273.
Ait El Hasen (Ait labia). 271.
Ait Hasen ou Daoud.
Ait Heddou. 272.
Ait Heddou ou Saïd. 272.
Ait Iazza. 350.
Ait Iddi Ikniouin. 273.
Ait Kelb ou Ouchchen. 273.
Ait el Mallem. 272.
Ait Merset. 270.
Ait Mezber. 270.
Ait Mohammed. 273.
Ait ou Aggoun. 273.
Ait ou Ben Ali. 272.
Ait Oujjin.
Ait Sidi Ali. 272.
Ait Temoudout. 272. 273.
Azarif. 273.
Aaraben. 273.
Ali d Ait El Hasen. 212. 445.
Ali Heddou. 272.
Ben Zizi. 272.
Bou Ouchchan. 273.
Bou Tezouerin. 273.
Fouqania. 350.
Hamed. 270.
Hammou d Ait Ali. 273.
Ioub. 272.
El Hasen dAït Isso. 273.
Heddou Nzaha (d Ait lsso). 272.
Ibarahen. 272.
Ibarahen Tahtia. 272.
Iderdar. 273.
Idir Ait Temoudout. 273.
Ifertioun. 271.
Uni n Ichil. 273.
Isso ou Hamed. 272.
Isso ou Mhammed. 272.
Issoun ben Touda. 272.
Izeggaren. 273.
Izouralen Ait Hammou. 275. 403
Moulei Es Srir. 273.
Ou Tmakecht. 273.
Ouazen. 271.
Ousfla. 272.
Qasi. 270.
Saïd d Ait Ealla. 273.
Tahtania. 350.
Taria ala sagia Imerràn. 272.
I Tirrist. 207.
Carte.®.
10.
15.
8. 15.
15.
15.
8. 15.
8. 15.
l.).
RECONNAISSANCE AU MAROC.
V.)-2
Cartes.
Cartes.
Tirzert.291 .
Tizgi n Ouhakki. 325.
Tisana. 377.
n Ouzaiim. 278.
Tisenna s Amin. 200. 307. 308. 309.
10.
es Selam. 152.
Tisergat (Mezgîta).
8. 15.
n Taqqaïn. 321. 322.
Tisergat (Ternata). 291. 292.
Tizgzaouin. 92. 94. 106. 277. 278.
8.
Tisfrioui. 306. 307. 309.
Tizi (Aït Amer). 282.
Tisgedlt (Metrara). 352.
Agni. 100. 114. 1 15. 1 16. 202. 282. 285.
(Qçar es Souq). 351.
304.
9. 21.
Tisgin (tribu). 401.
Aït Imi. 99. 261. 277.
21.
(village). 401 .
n Amzoug. 99. 277.
21.
Tisili. 284.
Aqqa. 151.
10.
Tisint (oasis). 22. 35. 81. 91. 96. 100. 110.
Azrar. 100. 196. 197. 199. 308.
10. 21.
113. 114. 115. 117. 119. 120.
n Baroukh. 285.
121. 122. 123. 125. 126. 127.
n Dra. 364.
128. 130. 132. 134. 137. 138.
n Glaoui. 28. 62. 80. 82. 84. 95. 96 98.
139. 141. 142. 145. 146. 148.
99. 233. 263.
7. 21.
151. 152. 154. 156. 158. 159.
n Glouli (village). 338.
161. 164. 165. 166. 168. 170.
n Haroun. 100. 202. 204. 285. 305.
9. 21.
171. 174. 181. 184. 188. 193.
el II ad.
11. 12.
196. 200. 201. 202. 256. 285.
Iberqaqen. 100. 177.
11. 21.
293. 298. 299. 301. 302. 303.
n Idikel (village). 338.
304. 305. 306. 307. 308. 315.
Igidi. 161.
9.
317. 318. 319. 320. 339. 432.
n Isekan (qçar). 288.
8. 15.
433 .436. 437. 438. 442. 443.
Izourar. 260. 267.
444.
9. 21.
n Omrad. 207.
8.
(klieneg). 117. 137. 138. 304. 306.
■
Ou Rijimt. 99. 277.
21.
316.
9.
Ouaouizert. 68. 100.
6. 21.
Tiskmoudin. 140.
9. 10.
n Ougdour. 279. 324. 336.
Tislit Aït Tigdi Ouchchen. 105. 106. 206.
n Ouichdan. 99.
283.
8. 21.
n Ououlli.
17.
Tammasin. 283. 284.
n Sous. 333. 334. 338.
Tisoukennatin. 401.
n Taddart. 276.
Tisreïn. 379. 380.
n Tamanat. 95. 96. 99.
7. 21.
Tissouit. 376.
n Tamejjout. 99. 323. 338.
Tit n Ali. 364. 403.
Tanamrout. 172. 173.
11.
Titouga. 336.
n Tanslemt. 99.
Titoula Fouqia. 83. 84.
7.
n Tarkeddit. 99. 277.
21.
Tabtia. 83.
7.
Tarrout. 99.
Tittal. 324. 3.36.
n Telouet. 82. 84. 85. 95. 96. 99. 233.
7. 21.
Tizeggarin. 358.
n Telremt. 28. 99. 147. 228. 231. 232.
Tizert. 313. 314.
233. 234. 236. 373.
17. 21.
Tizgelt.
11.
n Terboula. 267.
Tizgi (.Mezgîta). 286. 287.
n Terrisin. 267.
(Ouad Iounil. District). 87. 91. 92.
n Tichka. 95. 96. 99. 278.
7. 21.
277. 280. 402.
7. 21.
Tifernin. 100.207.
8. 21.
(Ouad Iounil. Village). 87.88.89. 274.
n Tifourt. 329.
277. 402. 429.
7.
n Tirrist. 267.'
(Ouad Tizgi). 325.
n Tzgert. 142. 338.
10.
(Seketâna). 329. 337.
Triq I ri 1 n Oïttôb. 100.
8. 15. 21
(Todra). 355. 356. 359.
Tizinii. 227. 347. 353. 40.3.
n Gerrama. .364.. 40.3.
Tizimout.
6. 21.
elHaratîn. 138. 152.314.315.317, 318.
Tiznit. 344. 345.
Ida ou Baloul. 171. 173. 174. 175. 181.
Tizounin. 126. 135. 152. 182.314. 315.317.
10. 21.
182.312. 313. 318. 438.
11. 21.
Tizourin. 321 .
Iriren. 315.
Tizza (ruisseau), v. ( baba.
n Mousi. 324.
Tlâta A Ira. 145.
INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES.
493
Tlâta Aït Aïad. 265.
Aït Ioub. 334.
Ait ou Alil. 350.
Ait Toufaout. 341.
Erljal. 151. 152.
Hiaïna. 35. 36. 43.
Ilafaïa. 191.
Imgoun. 275.
Ksima. 184.
Menâba. 334.
Mentaga. 335.
Ouizzàn. 342.
Oulad Hamid. 385.
Sidi Mellouk. 255.
Tabia. 324.
Tanzmout. 289.
ez Zemmour. 42. 43. 424.
T le ha. 295.
Tlemkaïa. 335. 337.
Tlemsen (Algérie). 28. 32. 97. 101 . 249. 250.
255. 258. 401.
(Ouad Bon Igouldan). 279.
Tlit. 106. 1 13. 302. 303. 304.
Tloussa. 330. 331.
Tlzoui. 325.
Todra (oasis). 21. 22. 70. 78. 99. 188. 211.
214. 216. 217. 218. 219. 220.
221. 222. 223. 224. 228. 239.
242. 265. 267. 354. 355. 357.
358. 361.363.364. 403. 445.
446.
(tribu). 354. 355. 356.
proprement dit. 221. 354. 355.
Torch. 261 .
Torora. 277.
Touat. 35. 123. 154.
Toudma. 283.
Tout' el Azz (fraction). 340.
(village). 178. 341.
Toufasour. 308.
4'oug el Khîr (Gentafa). 337.
(Iberqaqen). 176.
(louzioun). 322.
Tahtani. 322.
Toug er Bill. 142. 143. 144. 145. 153. 155.
158. 308. 310. 311. 320. 435. 436.
Tougdin. 306.
Touggour (village isolé). 242. 367. 369. 376.
378.
(Outat, Oulad el Hadj). 371.
Toukhribin. 337.
Tou! al. 364.
Toulgdit. 347. 348.
Toullist. 353. 354.
Touloua. 335. 402.
Toumjoujt. 278.
Cartes.
1 4 21.
4. 21.
12.
14. 21.
3. 21.
21.
16. 21.
11.
11. 21.
10.
18.
Toumlilin. 358.
Tounfid. 363.
Touroug. 357. 358. 361. 363.
Tourtit. 279. 284. 402.
Tourza (Reris). 360.
Ait Sekri. 274. 275. 276.
Trit. 128. 139. 299. 305. 306. 307. .308. 310.
316. 320. 340. 343. 436.
4'sabit. 153.
Tselfat. 16.
Tsoul. 25. 33. 387.
Tsouqt. 99. 100. 235. 383.
Tzgert. 142. .338.
Cartes.
9.
2. 21.
4. 21.
18. 21.
10.
Taddart (Imadiden). 329.
Taddart n Oumira. 361.
Talat n Tarfaqt.
Tegaga. 15.
Terf ed Del. 302.
Et Teurfa. 140. 141. 147. 154. 307. 308.
Tiba Marnia. 299.
'i'itaf. 352.
Toual. 243. 384.
Triq Anfoug. 211.
Aqqa. 267.
hlili. 200.
Iril n Oïttob. 100. 211.
Izilal. 267.
Tafrout. 267.
Tagzart. 211.
Tilqit. 21 1 .
13.
1. 2. 21.
10. 21.
8. 15. 21.
Z
Za. 250. 252. 254. 367. 369. 372. 379. 391.
Zagmouzen. 306. 319. 327. 328. 329. 102.
Zaïah. 10. 19. 21. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 65.
66. 67. 90. 101. 191. 259. 263. 264.
265. 266. 381. 401.
Zalar. 18. 20. 37. 39.
Zania. 261.
Ez Zaouïa (Ait el Hazen).
(Aqqa). 120. 151.312.
(Assaka).
(Mlouïa). 367 . 369.
(Ouad Zagmouzen). 327.
(Tammasin). 283.
(Tatta).
(Tazeroualt). 342. 343.
(Tidsi). 340.
(Tisint). 117. 121. 128. 160. 166.
184. 316. 320. 339.
(Tizgi).
Zaouïa Agerd. 275.
20.
3. 4. 21.
14.
10.
Kl.
9.
7.
RECONNAISSANCE AU MAROC.
V.li
Zaouïa Ahansal. 200. 264. 2G7.
Aïnach. 295. 504.
Ait Ben Xacer (Ferkla). 350.
(Mezgîta). 287.
(Tatta). 310.
Aït Bou Amran. 270.
Ait Bou Bekr. 270.
Aït Haroun Isaffen. 314.
Aït El Miskin. 356.
Ait Ouaham. 260. 207.
Aït El Rouadi. 06.
Aït Sidi Ali ou Haseïn. 200.
Aït Sidi El Bordad. 270.
Aït Sidi El Hoseïn. v. Zaouïa S. El
Hoseïn.
Aït Sidi Mouloud. 271.
Aït Zerrouq. 270.
Alonzi. 200.
Amadar. 290. 290.
Ankhessa. 278.
Anoual. 373. 384. 390.
Amer ou Abd er Rahman. 291.
el Baraka.' 291. 292. 290.
Ben Abbou. 331. 332.
el Berrania. 294. 295.
Bou Felf^ll. 277. 284.
el Feggouç. 290. 291. 29. ».
el Ferfar. 330.
Fouqania Sidi Dris.
el Ftah. 291. 295.
Griourin. 280.
Igouramen (Aït Touaïa). 279.
(Ouad Iounil. Assaka).
277.
(Ouad Iounil. Tizgi) . 277 .
Ihezdamen. 355.
El Kaouka. 204.
El Mati. 153.
.Moulei Abd Allah. 352.
Abd el Qader. 331.
Abd er Rahman. 33. 35.
Abd es Selam.
Ali. 330.
Bakkan.
Edris (Fàs). 25. 389.
(Zerhoun). 24. 25.
Mrabtin Sidi Ech Chergi. 287.
Ouad Zfal. 271.
Oulad loub. 291.
Sidi Aïssa. 204.
Bel Qasem. 264.
Ben Aïada. 307. 309.
374.
Cartes.
15.
IL
10.
15.
14.
/.
7.
4. 21.
4. 21
1.
Bou Amran. 06.
Bou Iaqob. 307. 308.
309. 370.
Zaouïa Oulad Sidi el Hadj. 204.
Hamed ben Abd eç Ça-
doq. 335.
Ouzdiin. 284.
Qeradma. 264.
el Qlaa. 291. 292. 293.
es Sagia. 287.
Sidi Abd Allah ou Mbind (A. Amer).
114. 282.
(Tisint).
121. 100. 104.
Abd Allah Oumbarek (Aqqa).
151.
(Mrimima).
159. 100. 107. 303.
Abd el Ali (Qtaoua). 294.
(Todra). 355.
Abd el Ouabad. 371.
Abd er Rahman. v. Zaouïa Mou¬
lei Abd er Rahman.
Abd er Rahman. (Tamessoult).
203. 305.
Aï ad.
Ali ou Abd er Rahman. 121. 303.
Ali ech Chergi.
Ben Xacer (Tamegrout). 292.
303.
(Ternata). 291.
Ben Sasi. 05.
Blal. 301.
Bou Bekr (Mezgîta). 280.
Bou Xega. 330.
Bou Xou. 293.
Bou Qil. 348. 349. 303.
Çaleh. 294.
Dris (Aït Seddrât). 288. 290.
(Dàdes). 211. 271.
Felah. 209.
El Houari (Ferkla).
(entre Ferkla el
Reris). 220. 361.
el Hadj Amer. 355.
Hamed (Aït Zaïneb). 278.
Ilamed ou Mousa. 160. 108
109. 341. 342. 343
Hamza. 353. 354. 403.
Haseïn ou Mbind.
El Hasen el Ioussi. 38.
El Hoseïn (Tazeroualt) . 341.
342. 343.
(Zenâga). 282.
Ious. 330.
Merri. 302.
Mhind ou Iaqob. 331.
Mbind ou Ouchchen. 442.
Mohammed bel Qasem. 02. 03.
Cartes.
16.
9.
9
9.
14.
8. 15.
15
10.
10.
8.
13. 21.
9.
13
0.
INDEX DES NOMS GEOGRAPHIQUES.
V.)
Zaouïa Sidi Mohammed ou Abd Allah. 287.
Mohammed ou Iaqob. 198. 308.
309.
Mouloud Fouqania.
Mouloud Tahtania.
Otman. 280. 402.
Üumbarek. 371.
Rehal. 22. 70. 79. 80. 81 . 82. 99.
2130. 401. 408. 413. 428. 450.
es Souq. 287.
Tamkasselt. 288.
Tanzita. 291.
Zarakten. 80. 82. 83. 96. 266. 401.
Zarar Ida Oultit. 341. 342. 402.
Z air (tribu). 21. 46. 47. 49. 66. 67. 264. 401.
(qçar). 297. 298.
Zbar. 299.
Zebzat. 373. 382.
Zegoura. 293. 296.
Zekak. 287.
Zekkara (tribu). 389.
(monts). 28. 101. 253. 257. 372
381. 383. 388. 389.
Zemmour Chellaha. 19. 21. 40. 42. 43. 44.
45. 46. 47. 48. 49. 07. 401.
Zemràn. 77. 79. 81. 401.
Zenàga. 22. 90. 91. 107. 108. 109. 110. 111.
112. 113. 114. 115. 121. 126. 127.
134. 135. 170. 203. 204. 205. 280.
282. 303. 304. 305. 307. 308. 319
400. 403.
Zenata. 264.
Zenba. 359.
Zergan (llouara). 368. 385.
(Ternata). 290.
Zerhoun. 18. 21. 24. 25. 26. 38. 39. 40. 47.
|Zerrara. 360.
| Zerzaïa. 367. 369.
Zgid (oasis). 135, 138. 161. 202. 290. 301.
302. 303. 304. 403.
(kheneg). 161. 302.
Zida. 270.
Zidania. 259.
! Ziz (district). 99. 347. 348. 349. 353. 363.
j Zizouan. 66.
Zouaïa. 299.
|Zouaïr. 262.
Zouaïzel. 161.
jZouaoui. 287.
I Zrabia. 331.
! Zriouila. 373. 384.
jlzrorha. 146. 308.
Cartes.
8. 15.
15.
15.
7. 21.
8.
8. 15.
7. 21.
20. 21.
3. 5. 21
7. 21.
Cartes.
9. 21.
9. 21.
10.
TABLE DES MATIERES
Tagcs.
Rapport fait à la Société de Géographie de Paris par M. Henri Duveyrier sur le voyage du Vicomte
Charles de Foucauld au Maroc . vu
PREMIÈRE PARTIE.
Voyage.
Avant-propos . xm
I. De Tanger à Meknâs . 1
II. De Meknâs à Qaçba Béni Mellal . 42
III. De Qaçba Béni Mellal à Tikirt . 08
IV. De Tikirt à Tisint . 103
V. Séjour dans le Sahara . 119
VI. De Tisint à Mogador . 170
VII. De Mogador à Tisint . 188
VIII. De Tisint au Dàdes . 202
IX. Du Dàdes à Qçàbi ech Cheurfa . 218
X. De Qçàbi ech Cheurfa à Lalla Marnia . 238
SECONDE PARTIE.
Renseignements.
I. Bassin de l'Ouad Oumm er Rebia . 259
II. Bassin de l’Ouad Dra . 268
III. Bassin de l’Ouad Sous . 321
IV. Sahel . 339
V. Bassin de l’Ouad Ziz . 347
VI. Bassin de l’Ouad Mlouïa . 366
APPENDICE.
Les Israélites au Maroc . 395
Liste des observations astronomiques faites au Maroc au cours du voyage et tableau des latitudes et
longitudes déterminées astronomiquement par ces observations . 405
Tableau des observations météorologiques faites au Maroc au cours du voyage . 417
Note sur les matériaux qui ont servi à dresser l’itinéraire du voyage . . 450
Index des noms géographiques contenus dans le volume et dans l’atlas . 451
[Photogravures.]
Tikirt. — Demeure du chikh . I
Chechaouen . 8
Tigert (Ouad Iounil) . 86
Vallée de l’Ouad Dra. — Vue prise de Tamnougalt . 210
FIN.
ERRATA
TEXTE.
Page 70, lor croquis. Au lieu de Ouad el Abip, lisez Ouad el Abid.
Page 78, ligne 30. Au lieu de Ben Ali ou El aMhsoub, lisez Ben Ali ou El Mahsoub.
Page 134, lignes 22 et 23. Au lieu de Imi n Tels, lisez Tisenna s Amin.
Page 144, lignes 13, 14 et 15. Au lieu de Ait Haseïn, lisez Ait Hoseïn.
Page 175, ligne 4. Au lieu de Tinzert, lisez Tizert.
Page 211 , ligne 15. Au lieu de Tanzit el Aqqa n Ourellaï, lisez Tanzit et Aqqa n Ourellaï.
Page 211 , ligne 20. Au lieu de Ait Aqqa ou Ali, lisez Ait Aqqo ou Ali.
Page 264, ligne 31. Au lieu de Iferres, lisez Iferres.
Page 267, ligne 4. Au lieu de Ait Bou Iknifen, lisez Ait b ou Iknifen.
Page 267, ligne 17. Au lieu de Iferres, lisez Iferres.
Page 270, ligne 44. Au lieu de Ait Ouzzin , lisez Ait ou Ez Zin.
Page 278, ligne 5. Au lieu de Adhaa, lisez Adaha.
Page 278, ligne 40. Au lieu de Sidi Ahmed, lisez Sidi Hamed.
Page 287, lignes 46 et 47. Au lieu de Irerm Azeggar, lisez Irir n Azeggar.
Page 287, ligne 24. Au lieu de Ras Dras, lisez Ras Dra.
Page 290 , ligne 40. Au lieu de Bou Nan , lisez Bou Nana.
Page 291 , ligne 30. Au lieu de Zaouïa Amrou ou Abd er Rahman, lisez Zaouïa Amer ou Abd er Rahman.
Page 293, ligne 2. Au lieu de Ait Bou Iknifen, lisez Ait b ou Iknifen.
Page 294, lignes 19 et 21. Au lieu de Ait Bou Iknifen, lisez Ait b ou Iknifen.
Page 299, ligne 15. Au lieu de Chebka Djedeïd, lisez Chelkha Djedeïd.
Page 306, ligne 21. Au lieu de Tamjejrt, lisez Tamjerjt.
Page 307, lignes 38 et 41. Au lieu de Tisennasamin, lisez Tisenna s Amin.
Page 308, ligne 4. Au lieu de Tisennasamin, lisez Tisenna s Amin.
Page 309, ligne 18. Au lieu de Tisennasamin, lisez Tisenna s Amin.
Page 324, ligne 29. Au lieu de Inmerzen, lisez Inmezzen.
Page 326, ligne 17. Au lieu de Iferran, lisez Iferran.
Page 329, ligne 16. Au lieu de Tiliona, lisez Tilioua.
Page 330, ligne 23. Au lieu de Igedda, lisez Igedad.
Page 334, ligne 37. Au lieu de Assoumat, lisez Tassoumat.
Page 337, ligne 32. Au lieu de Targa, Aït Irat, lisez Targa Ait Irat.
Page 339, ligne 19. Au lieu de Aït Amir, lisez Ait Amer.
Page 355, ligne 46. Au lieu de Ikhb, lisez Ikhba.
Page 402, ligne 9. Au lieu de Aït Ouartasat, lisez Ait Ouartasa.
Page 402, ligne 42. Au lieu de Ida Gouilal, lisez Ida ou Gouilal.
Page 402, ligne 47. Au lieu de Ait n Ougeïda, lisez Aïn n Ougeïda.
Page 402, ligne 30. Au lieu de Timjoujt, lisez Timjdout.
ATLAS.
Feuille 14. Au lieu de Aït Tiggas , lisez Aït Iiggas.
Feuille 14. Au lieu de Ouad Bou Seroual, lisez Ouad Bou Srioul.